Aujourd'hui, dans « Les 4 V », Julien Arnaud revient sur les questions qui font l’actualité avec Gérard Larcher, président du Sénat.
Catégorie
📺
TVTranscription
00:00Bonjour Monsieur le Président du Sénat, Gérard Larcher, merci d'être avec nous ce matin, c'est vrai que votre parole est rare,
00:05et elle est particulièrement attendue ce matin parce qu'il y a beaucoup de rendez-vous, journée cruciale, la commission mixte paritaire se réunit sur le budget,
00:127 députés, 7 sénateurs, dans un contexte tendu à la suite des propos du Premier Ministre sur la submersion migratoire, d'abord est-ce que ces propos, vous, ils vous ont choqué ou pas ?
00:21Écoutez, moi je ne vais pas m'arrêter au mot, la réalité est-ce que nous avons une politique migratoire maîtrisée ? La réponse est non.
00:29On regarde en 20 ans, on est passé de 50 000 demandes d'asile à plus de 130 000 en 2023, de 150 000 titres de séjour demandés à 350 000 en 2023,
00:44on a le baromètre de l'aide médicale, et puis on voit l'échec de l'intégration, donc il nous faut une politique migratoire.
00:51Mais donc vous dites que la submersion elle est factuelle ?
00:54Écoutez, elle existe quand vous parlez de maillotte, mais ce n'est pas un mot qui résume la réalité, la réalité c'est qu'aujourd'hui nous ne maîtrisons plus notre politique migratoire, nous ne la choisissons plus.
01:06Donc vous donnez plutôt raison à François Bayrou ?
01:08Bien sûr qu'il a raison, d'ailleurs les Français ne s'y trompent pas.
01:11Et quand on lit aujourd'hui Le Figaro, on peut lire le directeur de l'observatoire de l'immigration qui dit il est factuellement vrai d'affirmer qu'il n'y a jamais eu autant d'immigration en France qu'aujourd'hui,
01:20c'est un constat que vous faites aujourd'hui, est-ce qu'il y a une partie de la classe politique qui refuse de voir ces choses d'après vous ?
01:25Je pense qu'il faut en parler, qu'il faut en parler pour éviter que ça soit appréhendé par d'autres qui n'ont pas les mêmes valeurs liées à la démocratie, au respect des droits de l'homme.
01:35Je pense qu'il faut traiter les sujets, j'étais la semaine dernière avec la présidente social-démocrate du Sénat allemand, et nous parlions de la montée de l'AFD en Allemagne,
01:46parce que les sujets n'ont pas été traités, qu'aujourd'hui il y a des risques dans les urnes.
01:52Mais la présidente de l'Assemblée, votre homologue, elle, elle est choquée par ces propos.
01:55Et bien moi pas !
01:55Oui d'accord, et elle, elle pense, à contrario de vous, que c'est employer ces propos qu'il faut contraire le jeu du Rassemblement national.
02:01Je ne pense pas, je pense qu'il faut traiter les sujets. Voilà pourquoi au Sénat, vous aurez bientôt le dépôt de deux propositions de loi qui s'inscrivent dans la continuité de la loi sur l'immigration
02:12qui avait été votée fin 2023, et qui avait été pour partie annulée par le Conseil constitutionnel, mais pour des raisons uniquement de procédure, et que nous examinerons.
02:24Par exemple, comment on gère les centres de rétention administrative, comment les contributions sociales, des aides sociales non-contributives, je pense au RSA et l'APL, dans quelles conditions elles sont attribuées.
02:38Est-ce que vous redoutez que cette polémique, elle l'empêche Bruno Rotailleau, que vous connaissez bien, de mener à bien la politique qu'il souhaite mener ?
02:46Non, je pense que Bruno Rotailleau a la volonté de l'amener.
02:49Oui, mais est-ce qu'il aura les moyens de l'amener ?
02:51Écoutez, en tous les cas, le Premier ministre a dit des choses, maintenant il faut mettre en œuvre la politique, il faut le faire, j'allais dire, avec détermination, avec une forme de sérénité,
03:01car ce sont des sujets qui sont aussi des sujets humains, qu'il faut traiter, mais qu'il faut les traiter avec courage.
03:07Sur l'aide médicale d'État, par exemple, Bruno Rotailleau, il dit on va toucher à l'AME, et les socialistes disent si on touche à l'AME, censure.
03:13Écoutez, dans le texte qui va être examiné aujourd'hui, qui est le texte du Sénat, dans le cadre du projet de loi de finances, le sujet de l'aide médicale d'État est abordé,
03:22au travers de la réduction de son enveloppe, car il ne caractérise pas ce que nous souhaitons, bien entendu les soins d'urgence, les grossesses, la prévention, les vaccins,
03:33tout ceci est maintenu, et nous réduisons l'enveloppe de l'aide médicale d'État, et nous mettons sous condition d'avis médical un certain nombre d'interventions.
03:44Sur la justice des mineurs, il y a aussi eu des mots forts Bruno Rotailleau, ici même, dans l'EKDV, en préconisant des peines de prison courtes,
03:51dès les premiers délits importants commis par des mineurs, là-dessus il a raison ?
03:55Oui, et puis le sujet du code de justice des mineurs, le code pénal, c'est un sujet aussi lié à la manière dont sont examinés les faits.
04:06Il y a une forme de césure entre, j'allais dire, l'audience de culpabilité et la décision.
04:13Vous voyez dans le drame absolu qui est l'assassinat d'Elias, qu'il y avait huit mois, nous pensons qu'il faut renforcer la comparution immédiate,
04:23et en tous les cas, une même audience, culpabilité et décision, c'est indispensable.
04:31En même temps, il faut que les mesures éducatives soient suivies, et que si elles ne sont pas suivies, le ministre de la justice le disait hier au Sénat, elles doivent être sanctionnées.
04:40C'est ce qui était le cas dans cette affaire, elle n'était pas suivie, effectivement, on lit tout ça en détail dans le Figaro ce matin, sur le projet de budget.
04:45Il est donc discuté aujourd'hui en commission mixte, et on voit qu'il y a de plus en plus de mécontents.
04:49Qu'en pensez-vous, vous, de ce projet de budget ? Vous nous avez dit que c'est la version des sénateurs qui allait être étudiée, mais le gouvernement va revenir sur un certain nombre de votes des sénateurs.
04:56Le gouvernement n'est pas en commission mixte paritaire.
04:58Donc aujourd'hui, c'est sept députés, sept sénateurs, qui vont examiner le projet de budget, qui sort d'un travail du Sénat, un travail approfondi.
05:09Vous vous dites qu'il ne faut pas le changer, il faut rester là-dessus.
05:11Attendez, ça va être leur débat aujourd'hui.
05:13On a, dans ce budget, on s'est fixé une trajectoire, une trajectoire qui doit nous ramener à l'équilibre d'ici 2029.
05:22L'équilibre, ce n'est pas tout à fait le mot.
05:24Plus personne n'y croit, vous avez vu le Haut conseil des finances publiques qui dit que ça n'y croit pas beaucoup, Charles de Courson non plus.
05:28Écoutez, Charles de Courson, c'est bien, mais lui, il n'a pas travaillé le budget au fond.
05:32La différence, c'est que le rapporteur général Husson du Sénat et le président de la commission des finances socialistes du Sénat, ils ont examiné l'ensemble du budget.
05:42Et ça, aujourd'hui, c'est ce qui va être examiné.
05:46Objectif, retour progressif à l'équilibre d'ici 2029.
05:50De toute façon, les marchés ne nous laisseront pas faire et l'Europe ne nous laissera pas faire.
05:55Donc, objectif 5,4.
05:57Que pensez-vous de l'attitude des socialistes qui rejettent cette version et qui mettent la pression ?
06:01Écoutez, les socialistes, il faut qu'ils mesurent leur responsabilité vis-à-vis du pays.
06:07Est-ce qu'on peut continuer à être sans budget avec les conséquences que ça a au quotidien pour les citoyens, pour les collectivités territoriales, pour le monde économique ?
06:19À un moment où la question de la remontée du chômage est une réalité, à un moment où nous voyons que la croissance est au mieux à 0,9 dans l'année.
06:30Elle a été en baisse sur le dernier trimestre.
06:32Est-ce qu'on peut continuer à jouer de cette manière ?
06:35Je pense que les socialistes sont des gens responsables et qu'à un moment ou un autre, ils marqueront clairement qu'ils ne sont pas d'accord avec ce budget.
06:42L'idée de censurer à nouveau le gouvernement m'apparaît être une idée irresponsable.
06:48Il y en a un autre qui n'est pas d'accord avec ce budget et qui a tonné il y a quelques heures.
06:52C'est Bernard Arnault. Il parle de la surtaxe pour les très grandes entreprises.
06:55Il dit que c'est la meilleure façon de les pousser à délocaliser.
06:58Il a raison. Vous lui donnez le poids ou pas ?
07:00Écoutez, nous avons, nous, admis cette surtaxe à condition qu'elle soit, pour une année, temporaire.
07:06Mais lui n'y croit pas du tout.
07:07Pardonnez-moi, ça dépend du Parlement.
07:09Et donc, moi, personnellement, je serai extrêmement attentif pour le budget 2026 à ce que cette surtaxe ne soit que temporaire.
07:18Parce qu'il faut que tout le monde participe à l'effort collectif.
07:21Mais en même temps, je mesure ce que ça veut dire.
07:24Pour les grandes entreprises, la réalité, par exemple, de la diminution des exonérations de charges patronales, c'est une réalité.
07:33La baisse, notamment pour les grandes entreprises, du soutien à l'apprentissage, c'est une réalité.
07:39La suspension de la baisse de ce qui a remplacé la taxe professionnelle, ce qu'on appelle la CVAE, c'est une réalité.
07:45C'est vrai qu'il y a un effort demandé aux entreprises.
07:48Il faut qu'on y soit très attentif.
07:50Je pense aussi au crédit impôt recherche.
07:52Et c'est au Sénat, pour nous, une préoccupation.
07:54On voit cette situation politique très compliquée dont vous nous avez parlé.
07:57Comment tout ça peut-il durer bien longtemps ?
07:59Est-ce que vous pensez, comme l'a dit Marine Le Pen hier, qu'une dissolution l'été prochain est inéluctable ?
08:04Non.
08:05D'abord, le pays a besoin d'un budget, d'un gouvernement.
08:09Vous savez, le 20 décembre, comme président du Sénat, j'étais dans une situation singulière.
08:15Zéro gouvernement, zéro budget.
08:18Pas de majorité à l'Assemblée nationale.
08:20Vous avez vu que le Sénat a joué pleinement sa responsabilité en reprenant le budget.
08:25Moi, j'appelle les uns et les autres à être responsables.
08:28Notre pays a besoin d'un budget.
08:29Il a besoin d'être gouverné.
08:31Et puis ensuite, le moment venu, il y aura les choix démocratiques.
08:34Et pensez-vous, comme Edouard Philippe, que toute grande réforme d'ici la fin du quinquennat est impossible ?
08:38En tous les cas, très difficile.
08:40Parce que le risque d'embolisation à l'Assemblée nationale est un risque élevé.
08:46Il y a aussi l'approche réglementaire sur laquelle nous pouvons travailler.
08:50Et puis, on travaille aussi au travers de propositions de loi.
08:54C'est ce que nous allons faire.
08:55J'ai évoqué la question des politiques migratoires.
08:59Il y en a bien d'autres.
09:00Un point oui ou non.
09:01D'accord pour une première à droite ou pas ?
09:03Écoutez, ce n'est pas le sujet aujourd'hui.
09:05On donne un budget.
09:06On essaie de refonder ma famille, les Républicains.
09:09Et derrière, on verra.
09:10Pour le casting, on verra plus tard.
09:11Merci beaucoup, cher Larcher, pour avoir fait votre rentrée ce matin dans les Canevés.