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À 8h20, David Lisnard, maire de Cannes, président de l’AMF, est l'invité du Grand Entretien. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien-du-mercredi-29-janvier-2025-7247804

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00:00Et avec Léa Salamé, nous recevons ce matin le maire LR de la ville de Cannes, président
00:05donc de l'AMF, l'Association des maires de France, et fondateur du parti Nouvelle Énergie.
00:11Questions, réactions au 01 45 24 7000 et sur l'application de Radio France.
00:18David Lissnar, bonjour ! Et bienvenue sur Inter, on veut vous entendre sur vos ambitions
00:24nationales, puisque vous faites partie de ceux dont on dit qu'ils pourraient incarner
00:28la droite en 2027, mais on va d'abord évoquer l'explosion en France du narcotrafic, ce
00:36fléau que vous avez dénoncé comme président de l'AMF, qui touche désormais toutes les
00:43villes de France, des petites aux plus grandes.
00:45François Mollins, l'ancien procureur de Paris, a eu des mots forts hier, le narcotrafic
00:51constitue une menace peut-être plus importante que le terrorisme, il n'y a pas un département
00:59qui ne soit pas touché aujourd'hui, disait Mollins, vous partagez son constat ?
01:04Je suis heureux qu'il le partage et que ce soit enfin partagé à l'échelle nationale
01:09et de façon transpartisane, parce que ce constat nous le faisons depuis malheureusement
01:13trop longtemps.
01:14J'ai vu à la fois dans des communes, des villages où je suis allé, que j'ai connu
01:18quand j'étais gamin, où je suis retourné comme président de l'AMF, des points de
01:21deal dans des centres-bourgs, des trucs qui étaient impensables il y a quinze ans.
01:24Par exemple, décrivez.
01:25Par exemple, j'arrive dans un village de l'Allier ou de la Loire et vous avez des
01:31endroits avec des commerces fermés, des tables et des chaises à l'entrée du quartier
01:37et des gens qui font du deal de façon ouverte.
01:41Alors, les points de deal peuvent être physiques, ils sont aussi de plus en plus désormais
01:45numériques et en livraison, ce qu'on appelle uber cheat dans notre langage.
01:49Dans ma commune, hier, il y a eu une très grosse opération de police, il y a eu cinq
01:52dealers présumés qui ont été interpellés.
01:55Il y a deux semaines, on a eu un mort à Cannes-la-Boca entre deux règlements de compte.
01:59Ça se traduit donc par des filtres dans les quartiers.
02:03Un ordre, c'est tout le paradoxe, c'est que parfois les dealers font régner un ordre.
02:07C'est extrêmement violent, règlement de compte, mais tiennent le quartier ou tiennent
02:12le centre-bourg, etc.
02:14Quand vous dites un filtre dans les quartiers, c'est quoi ?
02:16Par exemple, il y a une tour d'un quartier de Cannes où on a intervenu hier, je sais
02:20qu'à partir du huitième étage, il y a quelqu'un en bas au palier qui vous demande
02:26à quel étage vous allez.
02:27Très souvent, ils mettent l'ascenseur en panne, donc l'immense majorité des gens
02:30qui vivent là sont des gens bien, ils bâtissent déjà de cela.
02:32Et on vous demande où vous allez, qui vous allez voir, il y a des contrôles d'identité,
02:35etc.
02:36Alors, nous, on les fait péter, on y arrive, mais c'est très prégnant.
02:40Et donc, à partir du huitième étage de cette tour, c'est les points de deal ?
02:43C'est pas que des points de deal, il y a aussi des vrais habitants, mais vous n'y
02:46allez pas sans avoir été filtré.
02:48Voilà, c'est des réalités.
02:49Ça se retrouve dans les rues.
02:51Moi, j'ai vu, moi je sais, j'habite dans un quartier qui s'appelle le quartier République
02:54où j'ai grandi à Cannes, qui est un quartier que j'adore, qui est un quartier très mixte,
02:59très populaire.
03:00On a vu des établissements apparaître il y a une quinzaine d'années, tout d'un coup,
03:03c'était des kebabs, puis ça a été des pizzerias, il y a eu des salons de coiffure
03:09ou des barbiers.
03:10On ne peut pas dire que tous les kebabs, les pizzerias, les barbiers sont des dealers,
03:12c'est une influence minoritaire, mais on sait qu'ils déclarent des chiffres d'affaires
03:15très importants alors qu'ils sont vides, parce que ça fait partie d'un réseau de
03:18blanchiment.
03:19Et ça, c'est presque artisanal.
03:20Le blanchiment est bien plus structuré maintenant, et bien plus dématérialisé, bien plus international,
03:26avec des plateformes à Dubaï, etc.
03:28Donc, c'est une vraie gangrène, parce que ça crée de la violence, du désordre.
03:32Ça déstructure la société dans le sens où ça éloigne du travail, du sens du travail,
03:38du sens de la rémunération légitime, du mérite.
03:41Parce qu'ils gagnent tellement d'argent facilement.
03:43Oui, et ils finissent mal, c'est ce qu'il faut dire aux gamins.
03:46Mais un gamin de 14-15 ans, il ne faut pas qu'on oublie comment on était à 14-15 ans,
03:50on est éruptif, ils leur proposent 300€ pour faire le chouche, pour surveiller, etc.
03:58C'est dramatique sur le plan humain, sur le plan sécuritaire, sur le plan social,
04:03et ça déstructure des économies locales.
04:07Et ça touche toutes les villes, la capitale, les grandes villes, des villes comme Cannes,
04:11mais aussi Mâcon, Moray, Besançon, Le Creusot, partout.
04:14Et ça met en place des systèmes de corruption aussi, il faut faire très attention,
04:16on le voit très bien dans le milieu carcéral,
04:18je pense qu'on le verra de plus en plus dans la magistrature, dans la police, même dans la politique.
04:23Il faut faire très attention à cette gangrène très très fortunée du trafic de stupéfiants.
04:27Mais quand vous entendez certains dire que la France est en train de devenir un arco-État,
04:31c'est une mexicanisation de la France, c'est exagéré là ?
04:35Je crois que ça fait partie de ces débats sémantiques qui peuvent éloigner de l'action,
04:39mais ce qui est sûr c'est qu'il y a une dérive potentielle.
04:42Quand on commence à avoir des enlèvements, des pressions,
04:47ça ressemble à ce qui a été constaté dans des pays d'Amérique latine.
04:52On a quand même un État qui reste indépendant, honnête, enfin il ne faut pas non plus...
04:57Mais les secrets ne le font pas attaquer !
05:00On n'a pas perdu la guerre !
05:02Ça commence à être attaqué par la corruption, notamment dans le milieu carcéral.
05:06Mais non, on n'a pas perdu la guerre.
05:08Ce qu'a fait Étienne Blanc avec son collègue socialiste, ses transpartisans, est très pertinent.
05:12Et puis il faut bien comprendre que ce combat doit être judiciaire,
05:17mais il doit mobiliser non seulement Beauvau et la place Vendôme,
05:24mais aussi le ministère des Affaires étrangères, mais aussi le ministère des Finances.
05:28Le blanchiment c'est fondamental.
05:30Quand on signale, nous mères, des établissements dont on sait que c'est du blanchiment,
05:34il faut que derrière il y ait...
05:35Moi j'ai été commerçant, j'ai eu des boutiques,
05:37j'avais sans arrêt, surtout quand j'ai été élu après, des contrôles fiscaux, des contrôles URSAF.
05:41Et donc il faut que cette sévérité, elle s'applique aux établissements qu'on signale.
05:45Or on n'a aucun retour là-dessus.
05:46Très rapidement, on sait qu'il y a des grands flux.
05:49Moi je l'ai vécu, je l'ai vu quand je suis allé en Guyane ou aux Antilles,
05:53on voit que la cocaïne entre sur le territoire national depuis l'Amérique latine
05:58part dans nos départements français ultramarins dans cette zone-là du monde.
06:02Donc il faut un travail diplomatique très puissant contre les états d'émission.
06:06Le Maroc est un allié de la France, on l'a vu récemment.
06:10Il faut arrêter l'hypocrisie.
06:11Le cannabis qui pousse au Maroc, ce n'est pas pour les besoins thérapeutiques du Maroc.
06:15Donc il faut arrêter là aussi les hypocrisies.
06:18Il faut s'attaquer, il faut le dire, il faut qu'on se fasse beaucoup plus s'entendre.
06:23Bruno Retailleau, ce que fait Gérald Darmanin, les annonces,
06:26construction d'une grande prison fermée à la manière du terrorisme pour enfermer les dealers,
06:32la proposition de loi transpartisane dont vous parliez,
06:36tout ça va dans le bon sens ? Il y a une prise en compte de l'État, ça bouge ?
06:40Le fait qu'on en parle sur vos ondes, c'est très important que la population ait bien conscience de l'enjeu.
06:45Mais ça nécessitera, et là ça renvoie à des débats plus politiques,
06:48mais une réorganisation complète de l'État et une performance.
06:51Un État qui est sur-endetté, sur-fiscalisé face à des phénomènes ne peut pas...
06:54Juste dernier point, il y a quelque chose qui n'est pas encore dans les écrans radars politiques et médiatiques,
06:59ce sont les drogues de synthèse.
07:00Moi j'ai été frappé dans les saisies que fait la police municipale,
07:04qui n'a pas l'autorité judiciaire, mais on fait de la flagrance,
07:06il y a toujours eu du shit, enfin des rivets du cannabis.
07:09Maintenant il y a de la cocaïne quasiment tout le temps.
07:11C'est-à-dire que la démocratisation, j'allais dire, de la cocaïne,
07:14mais ce qu'on a du mal à identifier sont les drogues de synthèse.
07:17Ces drogues de synthèse qui viennent...
07:19Il y a des labos qui se créent maintenant dans des villages en France,
07:22ça je l'ai vu, il y en a beaucoup qui viennent du Benelux,
07:25ça crame les cerveaux.
07:26Ce sont des drogues extrêmement destructrices,
07:29et là il va falloir qu'on s'arme pour identifier ces drogues et vraiment les sanctionner,
07:33parce que ça va faire d'énormes dégâts quand vous voyez San Francisco aux Etats-Unis.
07:36Il ne faudrait pas qu'on ait San Francisco en France.
07:38San Francisco, pour ceux qui n'ont pas la référence,
07:41aujourd'hui San Francisco c'est des quartiers de zombies,
07:44où on voit des gens drogués qui sortent partout dans les rues.
07:48Exactement, et qui sont des zombies, et avant cela ils sont violents.
07:51David Lysnard, venons-en au budget, la France n'en a toujours pas.
07:56Le projet de François Bayrou arrive jeudi en commission mixte paritaire à l'Assemblée Nationale.
08:02Un effort est demandé aux plus riches et aux entreprises qui font des profits.
08:07Il y a une baisse du budget de la recherche,
08:09il n'y aura pas de suppression de postes à l'éducation nationale,
08:12ni de mise à contribution des retraités comme cela avait été à un moment imaginé.
08:18Ce budget, vous dites quoi maintenant ?
08:21Il faut le voter ? Vous appelez la gauche, la droite à prendre leurs responsabilités ? Allez-y ?
08:25Alors moi, je n'ai pas cette prétention-là.
08:28Et puis je me méfie du mantra, vous savez, en responsabilité, stabilité.
08:35Il ne faudrait pas que le terme stabilité soit le nouveau mantra d'un n'importe quoi qui l'en coûte.
08:40Ce que je veux dire, c'est que la stabilité, moi, dans la médiocrité et dans l'échec, ça ne m'intéresse pas.
08:44Oui d'accord, mais là, vous voyez quoi sur la table ? C'est médiocre et...
08:48C'est-à-dire que quand vous augmentez...
08:50Dans le pays qui a les plus gros prélèvements obligatoires, impôts et charges,
08:54lorsque vous pensez que c'est l'augmentation des prélèvements obligatoires
08:57qui va vous permettre de rétablir les comptes publics,
08:59non seulement vous ne rétablirez pas les comptes publics,
09:01vous continuerez à détruire la compétitivité de la France au sein de la zone euro.
09:06Je rappelle que la zone euro est excédentaire avec le reste du monde,
09:09contrairement à tout ce qu'on croit souvent,
09:11et que nous, on est le pays déficitaire que la zone euro. Pourquoi ?
09:13Parce qu'on taxe plus la création, le travail, l'innovation, l'investissement qu'ailleurs.
09:18Donc, je le dis très clairement, dans ce budget qui est un budget d'apnée, d'urgence,
09:26il y a des mesures qui sont des mesures qui vont amplifier les problèmes de la France.
09:30C'est des mesures récessives.
09:32Donc il ne faut pas les voter parce que vous êtes LR ?
09:36Votre parti participe à ce gouvernement,
09:38vous n'êtes pas député donc vous votez pas,
09:40mais qu'est-ce que vous feriez si vous étiez député ?
09:42Moi, je ne voterais pas un budget
09:44qui augmente les prélèvements et qui va faire perdre en compétitivité,
09:48qui fait que l'année prochaine, les comptes publics seront dégradés.
09:51C'est une conviction très forte chez moi.
09:53Donc vous ne le voteriez pas ?
09:55Moi, je ne le voterais pas. En l'état.
09:58Mais on va voir ce qui sort de la CMP si vous voulez,
10:01de la commission grise paritaire, bien sûr qu'il faut un budget pour la France,
10:04et je ne veux pas ajouter de la bordélisation au chaos.
10:07Là, d'une certaine manière, en disant qu'on ne vote pas ce texte alors que ça fait 5 mois qu'on attend un budget.
10:13Oui, mais si c'est un budget qui fait que vous aurez moins de recettes l'année prochaine sur l'IS,
10:18parce que vous allez alimenter un effet de...
10:22Si suffisait d'augmenter les impôts pour avoir des comptes publics équilibrés,
10:28la France serait un pays de cocagne.
10:30Or, il faut bien comprendre que les entreprises sont mobiles,
10:34que les investisseurs ne sont pas stupides,
10:36et que les pays qui arrivent à alimenter leur service public bien,
10:40à avoir des bons services publics,
10:42sont les pays qui se débureaucratisent,
10:45sont les pays qui n'alimentent pas un système, un puissant fond.
10:49Or là, ce qu'on nous dit, voilà un système qui ne fonctionne pas,
10:51voilà un système qui bride l'activité économique.
10:54Vous avez un moteur, une voiture, le réservoir est percé,
10:58le moteur est bridé,
11:00et au lieu de boucher le réservoir et de débrider le moteur,
11:04vous allez encore plus brider le moteur de la création de richesse, de la création de valeur.
11:07Donc vous comprenez Bernard Arnault qui, hier lors de ses voeux,
11:10a fait une menace en disant « moi je rentre des Etats-Unis,
11:14il y a un vent d'optimisme, de libéralisme, on rentre en France,
11:17on est taxés, surtaxés,
11:19Donald Trump il nous dit « venez investir chez nous,
11:22moi je pense à délocaliser mes ateliers aux Etats-Unis ».
11:25Vous comprenez qu'il dise ça ?
11:27Je comprends toutes les chers entreprises que je rencontre partout,
11:30et qui aiment la France,
11:32qui investissent en France,
11:34et y compris les grands groupes, comme Denis Grosbien,
11:36mais oui bien sûr je comprends ce qu'il dit.
11:38Bernard Arnault il dit jamais rien, je pense qu'il est tellement puissant,
11:40que c'est rare qu'on l'entende parler.
11:43Et il faut faire très très attention,
11:46c'est-à-dire que quand vous entendez le patron de Michelin aussi,
11:48ce sont des patrons qui ont développé leurs entreprises en France,
11:51qui ont créé de l'emploi, qui ont créé de la richesse,
11:53qui ont créé de la valeur.
11:55Et ça a baissé énormément ces sept dernières années.
11:57Là c'est une taxe, qui est une taxe d'un an,
11:59d'un surplus taxe pour des entreprises qui font des profits,
12:03plusieurs milliards de profits.
12:05Est-ce qu'il y a une idée de solidarité nationale sur un an,
12:09étant en date pour vous ou non ?
12:11Je souhaite qu'il y ait le maximum de profits en France,
12:13qu'on ait une flat taxe,
12:15qui a été une des meilleures mesures qu'avait prise Emmanuel Macron,
12:17et qui s'applique, et qui soit compétitive.
12:19Je rappelle que les impôts de production en France aujourd'hui
12:21sont toujours les plus élevés de la zone euro.
12:23Donc si on veut créer du revenu, du pouvoir d'achat,
12:29notamment pour les salariés les plus modestes,
12:31il faut créer du revenu.
12:33En France, on pense que la distribution
12:35précède la création.
12:37On pense que la consommation
12:39doit précéder la production.
12:41C'est le contraire.
12:43Donc si vous voulez plus de rentrées fiscales,
12:45il faut qu'il y ait plus de création de richesses.
12:47On va brider un peu plus la création de richesses.
12:49Il y avait plus de rentrées fiscales en France
12:51il y a 5-6 ans
12:53qu'aujourd'hui. Pourquoi ? Parce qu'on est sur
12:55une phase descendante de la courbe de l'affaire,
12:57trop d'impôts tuent l'impôt, et on est en plein dedans.
12:59Donc c'est mauvais pour le pays.
13:01Ce sont des mesures de posture morale,
13:03mais ce ne sont pas des mesures efficaces.
13:05Mais sauf que les autres pays sont plus compétitifs.
13:07Sauf qu'aujourd'hui,
13:11pour parler clair, les prélèvements obligatoires
13:13aujourd'hui en France, impôts et charges,
13:15sont les plus élevés du monde. C'est 46%.
13:17Les prélèvements obligatoires n'ont pas diminué
13:19en France par rapport à la richesse produite.
13:21Plus vous réduisez le moteur de la richesse,
13:23plus le pourcentage de prélèvements obligatoires
13:25est élevé, et plus les rentrées fiscales diminuent.
13:27Alors c'est contre-intuitif, mais c'est pourtant une réalité.
13:29David Lissnard, Eric Ciotti,
13:31l'ancien patron de votre parti,
13:33a dit sa fascination
13:35pour le président argentin
13:37Javier Milei,
13:39et son projet de tailler dans les dépenses
13:41publiques à la tronçonneuse
13:43suppression d'une centaine
13:45d'agences de l'État,
13:47au ministère de la Culture,
13:49de l'Éducation aussi,
13:51baisse de 120 milliards
13:53de dépenses publiques.
13:55Ces politiques-là, ce libéralisme-là,
13:57il faudrait qu'on s'en inspire,
13:59selon vous ?
14:01Je crois qu'on a notre propre voix à inventer.
14:03Ça fait des années,
14:05je comprends que ce que je dis puisse heurter,
14:07mais ça fait des années que je crois profondément
14:09que la seule voie
14:11d'avenir et d'espérance pour la France,
14:13pour notre jeunesse, c'est de
14:15libéraliser le pays, de le libérer, de le déréglementer.
14:17Si on veut plus
14:19d'enseignants, moi je veux qu'il y ait plus d'enseignants,
14:21je veux qu'on mise sur le savoir, qu'il y ait plus de culture,
14:23qu'il y ait plus de soignants,
14:25mieux payés, plus de magistrats,
14:27il faut qu'il y ait moins de bureaucrates.
14:29Aujourd'hui,
14:31il y a 35% des agents
14:33de la fonction publique qui sont
14:35affectés en France, et c'est sourcé,
14:37on l'a vu pendant le Covid sur l'hôpital, uniquement à des tâches
14:39administratives, et il en faut des tâches administratives,
14:41mais c'est comme le cholestérol, il en faut pas trop, là il y en a trop.
14:43La moyenne européenne, des pays très administrés,
14:45fédéraux comme l'Allemagne, centraux comme le Danemark,
14:47ou la Suède, sont à 24%.
14:49Cet écart de 10 points,
14:51tout est là. C'est-à-dire
14:53que moins vous aurez de bureaucrates,
14:55qui généreront de la dépense, de la norme, de la
14:57contradiction. Il faut vivre ce que l'on vit
14:59quand on est, soit chef d'entreprise, quand on est
15:01maire, n'importe quel maire de gauche ou de droite vous le dira,
15:03pour mener un projet aujourd'hui, vous êtes
15:05obligés d'obtenir 7, 8, 9, 10 autorisations.
15:07Pour réutiliser les eaux usées
15:09traitées, pour faire un acte écologique,
15:11pour préserver le milieu en eau, pour nettoyer la voirie
15:13ou nettoyer des camions poubelles, il faut des
15:15arrêtés, qui nécessitent
15:17des accords de l'ADREAL, Direction Régionale
15:19de l'Environnement, des accords de l'ARS.
15:21On est le seul pays à faire ça. Alors qu'il suffit de mettre une norme
15:23claire, que l'État nous contrôle à posteriori,
15:25mais en faisant péter
15:27cet excès de contraintes inutiles,
15:29on va redonner du sens.
15:31Vous ne payez les fonctionnaires.
15:33Vous assumez une vision libérale que vous avez toujours assumée
15:35David Gisnard, et vous l'assumez encore ce matin.
15:37Vous dites que c'est ça qui sauvera la France.
15:39Ce qui recréera de la valeur et de la justice.
15:41Mais vous tapez où, si j'ose dire ?
15:43Parce que vous nous dites, je veux plus d'enseignants,
15:45plus de policiers, plus de magistrats.
15:47Alors vous allez chercher, vous devez, moi,
15:49dans quelles agences de l'État, il faut
15:51supprimer des agences. Parlons
15:53concret, parce que Trump le fait.
15:55Concrètement, il annonce qu'il veut 10%
15:57de moins de fonctionnaires, et il leur donne
15:59une semaine pour démissionner.
16:01C'est ce qu'il faut faire en France.
16:03Je ne vous parle que concrètement. D'abord, pouvons-nous
16:05admettre qu'il n'y a jamais autant eu
16:07de poids du service public en France.
16:09Et pourtant,
16:11on a des fonctionnaires moins bien payés qu'ailleurs,
16:13et de moins en moins de services de proximité.
16:15Ça, il faut bien l'avoir à l'esprit. Premier élément.
16:17Donc il faut déjà être d'accord sur ce constat.
16:19Ensuite, pouvons-nous admettre
16:21aussi qu'on n'a pas besoin d'avoir
16:238 agences environnementales
16:25payées avec nos impôts
16:27dont chacune
16:29peut vous planter un projet
16:31d'école, d'unité de valorisation des déchets
16:33ou d'usine, mais dont aucune
16:35ne peut à elle seule vous valider
16:37votre projet.
16:39Moi, je sais que dans ma commune,
16:41qui est une commune qui a un taux de pauvreté élevé,
16:43qui a des énormes charges de centralité,
16:45qui a dû digérer les conséquences, y compris
16:47financières, crues et claires d'inondations
16:49dévastatrices, on a baissé la dette
16:51de 76,5 millions d'euros en 10 ans.
16:53On a pratiqué la sobriété
16:55fiscale. Pourquoi ? Parce que
16:57avec les agents, quand il y a un départ à leur tête,
16:59c'est eux qui choisissent. Si on ne
17:01renouvelle pas le collègue de bureau ou de service,
17:03eh bien, ils récupèrent la moitié
17:05de la rémunération de celui qui part.
17:07C'est eux qui choisissent. Et parfois, ils me disent, non, là, on a besoin
17:09de lui. Là, on peut faire nous-mêmes. Et on a gagné
17:11en productivité. Donc, il est temps de
17:13diriger l'État. Il est temps qu'il y ait un DRH
17:15de l'État. Il est temps de redonner du sens aux missions
17:17néfastes. On a une belle fonction publique en France.
17:19Parlez DRH de l'État, vous parlez de Start-Up Nation.
17:21Non, non, pas du tout. Pourquoi ?
17:23Là aussi, c'est de l'association d'idées. Vous croyez
17:25qu'il faut... Il faut gérer l'État comme une entreprise.
17:27Ce n'est pas une start-up. Ce n'est pas mon problème.
17:29Mais c'est évidemment qu'il faut de la performance.
17:31Évidemment que... Moi, j'ai beaucoup
17:33de fonctionnaires qui m'alimentent en note
17:35de réorganisation. Évidemment
17:37qu'il est temps de prendre le taureau par les
17:39cornes. Évidemment que les 434
17:41agents... On ne sait pas s'il y en a 434 ou 1100
17:43selon les sources. Agences ou directions
17:45régionales ou directions de l'État
17:47ou organismes qui ont recruté
17:49480 000 personnes pour
17:51se contredire entre elles. Le Code
17:53de l'Environnement est passé de 100 000 mots en 2012
17:55à un million de mots en 2022.
17:57Personne n'y comprend rien. Et on paye des
17:59cabinets-conseils qui nous coûtent des fortunes.
18:01Personne n'y comprend rien. Donc
18:03oui, il faut mettre un terme à tout ça.
18:05David Lissnard, parlons de vous. Hier, lors de vos
18:07voeux, vous avez déclaré « Cannes
18:09est mon bonheur, la France est mon
18:11devoir ». C'est joli, hein ?
18:13J'étais inspiré. Je ne sais pas
18:15si c'est un alexandrin. Êtes-vous
18:17donc officiellement candidat à
18:19la présidentielle ? Alors, je suis très
18:21officiellement très, très motivé
18:23à faire gagner
18:25une espérance pour
18:27libérer la société, pour diriger
18:29l'État, pour établir l'ordre et pour unir
18:31le pays
18:33par la justice, la culture.
18:35Ça s'appelle être candidat ?
18:37Oui, bien sûr. Vous nous dites à ce micro
18:39« Je suis candidat à la présidentielle ».
18:41La vie, moi, me l'a appris
18:43aussi bien dans le privé que dans le public. Il faut
18:45créer les conditions
18:47d'être efficace. Il ne s'agit pas de tomber dans un récit
18:49narcissique. Vous avez vu, les copains, je suis candidat
18:51à la présidentielle. Ce n'est pas du tout ça.
18:53C'est qu'à un moment donné, de ce que je vois
18:55sur le terrain, de tout ce que
18:57les maires me disent,
18:59de mon expérience,
19:01y compris dans le commerce, il me
19:03semble qu'aujourd'hui, on a la fin d'un cycle. On a
19:05la fin de 40 ans d'un cycle qui
19:07a consisté à toujours engager de la dépense
19:09et à planter nos enfants et nos petits-enfants.
19:11On voit très bien le débat sur les retraites.
19:13C'est-à-dire qu'on crée de l'égoïsme social. On peut en parler
19:15si vous le voulez. Et donc,
19:17qu'on a besoin,
19:19je pense, d'avoir cette proposition.
19:21Moi, je suis pour la démocratie. Je voudrais
19:23qu'il y ait des alternatives fortes.
19:25Nouvelle énergie, ce n'est pas une nuance.
19:27Comme je l'ai dit hier, c'est une couleur
19:29primaire ouverte. C'est-à-dire que c'est...
19:31C'est une radicalité dans le libéralisme.
19:33Oui. C'est pas du tout... Pour éviter
19:35l'extrémisme, qui est une démagogie
19:37absolue, je pense qu'il faut aller à la racine des choses.
19:39Comme l'ont fait De Gaulle, Rueff
19:41en 1958, sauf qu'il n'y a pas De Gaulle. En tout cas,
19:43j'en ai pas le niveau. C'est pas moi. Comme ça a pu
19:45être fait à d'autres moments de l'histoire de France,
19:47il faut aller à la racine des choses. Et d'abord,
19:49le rôle d'un chef de l'État, c'est pas
19:51de cheffer la société. C'est pas de dire aux gens
19:53combien ils doivent bouffer de fruits et légumes par jour.
19:55C'est de cheffer l'État. Voilà.
19:57Donc, vous êtes favorable à une grande primaire
19:59de la droite et du centre ? Oui, par défaut.
20:01Parce qu'il n'y a pas de... Et aujourd'hui, il n'y a pas
20:03de leadership naturel. Mais une grande primaire
20:05de la droite et du centre, qui irait quoi ?
20:07D'Edouard Philippe à
20:09Éric Zemmour ? Ouais, mais de ceux qui
20:11se ressentent là-dedans. C'est pas moi de le dire.
20:13C'est-à-dire que
20:15ce qui est en train de se passer, et c'est peut-être
20:17l'avantage de la période, est intéressant. On voit que dans le
20:19Parti Socialiste, il y a des débats. Peut-être qu'on peut
20:21retrouver une vraie alternative autour de principes
20:23forts, de projets forts, et avec des
20:25personnalités nouvelles. Des gens qui
20:27sont plus dans l'égalitarisme, qui pourraient incarner
20:29une nouvelle gauche. Et moi, je voudrais
20:31être plus dans le foisonnement
20:33de la création par la liberté,
20:35qui, à mon avis, est la source de l'équité
20:37et de la justice. Et donc...
20:39Mais ça pourrait aller jusqu'à Jordan Bardella, votre primaire ?
20:41Sauf qu'ils le feront pas !
20:43D'abord, parce que le Rassemblement National,
20:45comme d'ailleurs,
20:47historiquement, tous les mouvements d'extrême-droite
20:49se disent ni de droite ni de gauche. Vous les écoutez,
20:51il suffit de les entendre.
20:53Ensuite, ces notions de gauche et de droite, c'est vrai qu'elles ont beaucoup
20:55évolué. Elles sont pas forcément opérationnelles, mais au moins,
20:57elles donnent une grille de lecture
20:59compréhensible.
21:01Moi, je dis simplement,
21:03je porte mon projet.
21:05Je pense
21:07qu'il faut surtout pas édulcorer le projet.
21:09Donc, il faut qu'il y ait un leadership,
21:11qu'il y ait un éparpillement de l'offre politique,
21:13aujourd'hui, fort et raisonnable.
21:15Donc, il faut la concentrer.
21:17Et je crois à la compétition.
21:19C'est peut-être pour ça que je suis de droite, d'ailleurs.
21:21Je pense que c'est la source de l'émulation et de la performance.
21:23Et je veux proposer ce projet,
21:25le faire entendre, parce qu'il est pas assez entendu, aujourd'hui.
21:27D'accord. Donc, vous dites que Laurent Wauquiez ne s'impose pas ?
21:29Mais...
21:31C'est pas moi qui le dis.
21:33C'est la réalité. Je pense qu'il en est conscient.
21:35Moi-même, je m'impose pas.
21:37Il y a Bruno Rotailleau, aujourd'hui,
21:39qui est quelqu'un pour qui j'ai beaucoup d'estime, qui a le vent en poupe.
21:41Il ne s'impose pas, non plus ?
21:43Mais pas encore, je ne sais pas. Et peut-être qu'il gagnerait.
21:45Mais voyez, proposons cela.
21:47Et ceux qui se sentent, qui sont capables de dire
21:49« Oui, moi, je veux bien porter un projet de droite »,
21:51ils y vont.
21:53Si Mélenchon le pense, je ne crois pas
21:55qu'il postule, vous voyez ce que je veux dire.
21:57Donc, ce n'est pas à moi de le dire.
21:59Et il faut qu'il soit ouvert.
22:01Il faut que chacun puisse postuler.
22:03Et puis, qu'on confronte enfin les personnalités et les idées.
22:05Et qu'on trouve une vie démocratique
22:07qui soit à la fois respectueuse,
22:09mais qui soit une vie de débat.
22:11De débat et de débat.

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