Xavier Niel, président et fondateur du groupe Free-Iliad et actionnaire du journal Le Monde, est l'invité du Grand Entretien. Il évoque la création d'un laboratoire dédié à l'intelligence artificielle à Paris, pour tenter de faire de la France un leader mondial dans ce domaine. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien-du-mercredi-22-novembre-2023-7948340
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00:00 Et avec Léa Salamé, nous recevons ce matin l'un des plus grands entrepreneurs français,
00:04 fondateur de Free Iliad, mais aussi patron de presse, actionnaire du groupe Le Monde.
00:08 Il a également fondé Station F, qui est le plus grand campus de start-up au monde.
00:13 Question/réaction, amis auditeurs, au 01 45 24 7000 et sur l'application de France Inter.
00:20 Xavier Niel, bonjour !
00:21 Bonjour !
00:22 Et bienvenue sur Inter ! Xavier Niel, votre parole est rare, très rare, rarissime dans
00:27 les médias et on vous remercie d'avoir choisi l'antenne d'Inter pour vous exprimer sur
00:31 un projet colossal qui vous tient à cœur.
00:34 Vous venez de lancer avec Rodolphe Saadé, le PDG de CMA-CGM, et Eric Schmidt, l'ancien
00:40 PDG de Google, un laboratoire dédié à l'intelligence artificielle, appelé Kyutai, ça veut dire
00:47 sphère en japonais.
00:48 Ce laboratoire est basé à Paris.
00:51 Vous dites que vous voulez en faire un géant de l'IA et que la France peut être un leader
00:57 mondial de l'intelligence artificielle.
00:58 Alors on peut saluer l'ambition, Xavier Niel, mais au vu du retard pris par l'Europe, n'êtes-vous
01:03 pas un peu trop optimiste ?
01:05 Je vais vous faire votre phrase préférée, j'ai fait ma carrière sur le pessimisme des autres.
01:09 Donc ça, voilà, comme ça c'est fait.
01:11 Non, le sujet c'est quoi ? C'est qu'on a une tendance lourde qui va être l'émergence
01:17 de l'intelligence artificielle partout dans nos vies.
01:19 C'est-à-dire que tout ce que l'on fait, tout ce que l'on utilise va être basé sur des algorithmes.
01:23 Ces algorithmes aujourd'hui, ils sont créés principalement aux Etats-Unis et en Chine.
01:27 Et l'idée c'est de se dire, est-ce qu'on est capable de créer en France, en Europe,
01:31 quelque chose qui va permettre à des chercheurs d'être là et de mettre en place des algorithmes
01:36 qui vont correspondre à nos particularités européennes, à notre civilisation, à ce
01:40 que l'on est.
01:41 Voilà, c'est assez simple.
01:42 Mais sur la philosophie du projet, pourquoi faut-il forcément un laboratoire européen
01:45 ou un laboratoire français, alors qu'il y en a déjà, comme vous dites, aux Etats-Unis
01:49 et en Chine ? Vous assumez qu'il faut être patriote sur la question de l'intelligence
01:53 artificielle ?
01:54 Je ne sais pas si c'est du patriotisme, je sais juste que l'on a des règles de fonctionnement
01:56 en Europe qui sont différentes des règles américaines et que je n'ai pas envie que
01:59 nos enfants dépendent d'algorithmes qui ne sont pas faits ici.
02:01 C'est simplement ça le sujet.
02:03 Et envie que ce que l'on produit soit fait en ce qu'on appelle en Open Science.
02:07 Donc cet organisme-là, dans lequel avec Rodolphe Saadet et Eric Schmidt, on finance à hauteur
02:13 de 300 millions d'euros, la volonté ce n'est pas quelque chose de profitable.
02:17 C'est quelque chose dans lequel on va produire l'intelligence qui soit ouverte.
02:20 C'est un but non lucratif dites-vous ?
02:21 Un but non lucratif.
02:22 Vous avez mis 300 millions, vous le dites ce matin, avec Rodolphe Saadet, mais comparé
02:26 et vous connaissez la question, comparé aux milliards de Meta ou de Microsoft, est-ce
02:30 que c'est assez 300 millions ?
02:31 Donc je vais vous redire que j'ai fait ma carrière sur le pessimisme.
02:34 On ne va pas faire toute l'histoire.
02:36 Je vais le ressortir toute la soirée.
02:39 Oui c'est assez.
02:40 Si vous prenez OpenAI, je suis sûr que vous allez m'en parler, si vous prenez OpenAI,
02:44 le fonctionnement d'OpenAI, le lancement d'OpenAI, la création de chaque JPT, c'est
02:48 fait à la fois avec une infrastructure aidée à un nombre d'humains qui correspond d'êtres
02:53 humains, qui correspond exactement à ce que l'on met en place ici.
02:55 Donc on est capable de créer quelque chose d'équivalent avec ces moyens.
02:59 Fabrice Appleboyne qui est prof à Sciences Po, spécialiste des questions numériques,
03:03 a cette formule "La Californie joue en Ligue 1, nous autres Européens sommes en troisième
03:07 division".
03:08 Vous pensez vraiment qu'on peut passer en quelques mois en Ligue 1 ?
03:10 Pour la première fois, on a seulement quelques mois de retard.
03:12 On s'y met, on y met des moyens et on fonce.
03:16 Donc oui, je pense qu'on peut jouer là-dessus.
03:17 Ce qu'il faut voir, c'est qu'on a les écoles qui forment sur ces sujets les meilleurs
03:20 talents.
03:21 Vous alliez chez OpenAI, Microsoft ou n'importe qui, ou Google, les meilleurs talents viennent
03:26 de France, viennent de Polytechnique, viennent de Cachan et ils sont là.
03:29 Et donc il y a parti à ce moment-là.
03:31 Il y a une spécificité française là-dessus.
03:34 Les Français sont bons en intelligence artificielle.
03:36 Ils sont bons en intelligence artificielle, ils sont partis ailleurs.
03:39 L'idée c'est de les faire revenir.
03:40 C'est pas mal de partir ailleurs, ça permet de multiplier les expériences, de se croiser.
03:45 Mais revenir, c'est encore plus important et conserver nos talents, c'est génial aussi.
03:48 Et vous allez les faire revenir, vous le dites très simplement, en les payant aussi bien
03:53 qu'ailleurs, mais aussi en leur donnant la possibilité de se servir d'un supercalculateur
04:01 et de faire de la recherche comme ils le souhaitent.
04:04 La liberté de la recherche, absolue.
04:05 Ça suffit ça ?
04:06 En fait, ce qu'on a fait, c'est qu'aujourd'hui, pour faire de l'intelligence artificielle,
04:09 on a besoin de deux choses, de chercheurs et de puissance de calcul.
04:12 Qu'est-ce que l'on fait ?
04:13 On a investi dans la puissance de calcul, on a créé en France l'ordinateur, le cinquième
04:17 plus puissant au monde pour faire de la recherche en intelligence artificielle.
04:20 Les quatre premiers sont aux US, il y en a peut-être en Chine, on ne le sait pas.
04:23 On a les chercheurs et on va les réunir en leur laissant la liberté de recherche et
04:28 de publication.
04:29 Elle n'existe pas ailleurs cette liberté-là ? Elle est bureaucratisée, je ne sais pas,
04:33 chez Facebook ou chez Microsoft ?
04:34 Chez Facebook, ça va plutôt bien, mais quand vous êtes une société commerciale, votre
04:38 objectif, c'est de protéger ce que vous avez créé et vous avez inventé.
04:40 Et on pense que ces sujets sont tellement importants qu'ils doivent être ouverts,
04:44 lisibles, pour pouvoir comprendre comment ils fonctionnent.
04:46 Comment vous expliquez cette spécificité française que les meilleurs cerveaux sur
04:50 l'intelligence artificielle sont français ? Yann Lequin, d'ailleurs, que je crois
04:54 vous avez attiré, qui est considéré un peu comme le grand-père de l'intelligence
04:58 artificielle, on l'avait fait en interview l'année dernière, et lui disait clairement
05:01 qu'il restait aux Etats-Unis, ça fait 30 ans qu'il est aux Etats-Unis, parce qu'il
05:04 n'était pas bien payé en France.
05:05 Il le disait de manière américaine, il l'assumait à l'américaine.
05:09 Il y a Arthur Mensch qui dirige Mistral AI aussi.
05:14 Pourquoi la France ? Parce qu'on a des bonnes universités.
05:17 En mathématiques, pour le top du top, parce que peut-être que plutôt, on a d'autres
05:22 sujets sur les mathématiques.
05:23 Oui, on a d'autres sujets sur les mathématiques au collège et au lycée.
05:27 Mais aujourd'hui, on a des écoles qui forment sur ces sujets le mieux, polytechnique, des
05:32 masters spécialisés.
05:33 Et donc, on a des talents.
05:34 Je ne sais pas si on est bon dans notre ADN en mathématiques, je ne suis pas sûr de
05:38 cela, mais on a eu des écoles qui ont formé ces grands talents que l'on retrouve partout
05:41 dans le monde.
05:42 Donc, on a besoin qu'ils ne s'en aillent plus pour des raisons financières.
05:44 Qui vous ramène là, concrètement ? Quels sont les grands chercheurs ? Yann Lequin,
05:47 il revient en France ?
05:48 Non, Yann Lequin nous aide.
05:49 Il reste chez Facebook, chez Meta, mais il est dans notre comité stratégique, parce
05:53 qu'il a la même idée, la même volonté.
05:55 On est allé chercher six talents, c'est un peu les Avengers de l'AI.
05:59 On leur a demandé de venir.
06:01 Ils viennent de chez Meta, ils viennent de chez Apple, ils viennent de chez Google.
06:04 Et ils rejoignent parce que, qu'est-ce qu'on leur dit ? On leur dit que vous allez pouvoir
06:07 publier dans ces entreprises, ils ne peuvent pas publier.
06:09 Et puis, à côté de ce travail de publication, on va vous donner la puissance de calcul vous
06:13 permettant de le faire et on va vous permettre de publiquement dire ce que vous faites et
06:17 comment vous avancez.
06:18 Il y a sans doute beaucoup d'étudiants qui nous écoutent.
06:21 Qui va pouvoir utiliser le supercalculateur, Xavier Daniel ? Les chercheurs, les labos
06:26 publics, les entreprises, les ingénieurs d'Iliade ? Selon quels critères ? Donnez-nous
06:31 le mode d'emploi pour avoir accès à la bête.
06:33 On en a plusieurs et on les multiplie.
06:36 Et puis, ce sont les chercheurs.
06:37 Et à côté de ça, on a une activité commerciale qui n'a rien à voir, qui est sur ces supercalculateurs.
06:42 Mais aujourd'hui, c'est quelque chose d'ouvert.
06:44 Mais ce qu'on pense, c'est qu'on a besoin de cette puissance de calcul en Europe.
06:47 Quel est le but de Cute Eye ?
06:51 Cute Eye, c'est ça ?
06:53 Oui.
06:54 Est-ce qu'il y a un jeu de mots avec Cute Eye ?
06:55 Je me demande si à la fin, il n'y a pas un jeu de mots avec le mot.
06:57 Il y a un petit jeu de mots, ça veut dire les yeux mignons.
06:59 Quel est le but à la fin ?
07:03 Et c'est là où j'en viens à la question de Sam Altman et d'OpenAI.
07:06 Parce que c'est un peu incompréhensible ce qui se passe aux Etats-Unis depuis une
07:11 semaine sur OpenAI.
07:12 Et juste jeudi, pour nos auditeurs, c'est les fondateurs de ChatGPT.
07:14 Donc, c'est vraiment les précurseurs.
07:16 Et le grand patron Sam Altman a été débarqué.
07:20 Il a été débarqué il y a quelques jours.
07:23 Et là, on vient d'apprendre là.
07:24 Il y a quelques minutes qu'il serait rétabli dans ses fonctions.
07:27 OpenAI annonce le retour de Sam Altman à sa tête.
07:31 Qu'est-ce qui se passe ?
07:32 Vous avez compris ?
07:33 Oui, simplement, vous aviez une fondation qui avait un but non commercial, qui a créé
07:37 une société.
07:38 Cette fondation non commercial a créé une société commerciale.
07:41 Cette société commerciale a créé un produit, ChatGPT, qui a un succès mondial.
07:45 On n'a jamais vu une startup progresser aussi vite.
07:48 Et puis, vous avez la fondation qui dit mais ce que vous faites, c'est très commercial.
07:51 Et Sam Altman assume de faire du business ?
07:54 Il assume dans cette entreprise-là d'avoir créé un produit commercial incroyable.
07:59 Et il a créé une équipe qui a une finalité commerciale.
08:03 Et le board pensait que ce n'allait pas dans le bon sens.
08:06 Donc, le débarque.
08:07 Sauf que le produit est incroyable.
08:09 Vous avez des actionnaires comme Microsoft qui a mis 13 milliards de dollars et d'autres
08:12 qui ont mis de l'argent et qui disent "attendez, nous on investit dans un projet commercial".
08:15 C'est bien que la fondation ait créé quelque chose de différent.
08:18 Vous avez eu un conflit à un instant de raison.
08:21 Tout le monde a démissionné.
08:23 Chez OpenEA, 90% des salariés ont démissionné.
08:25 On dit "on s'en va".
08:26 On s'en va si vous virez Sam Altman.
08:27 S'il ne revient pas, il revient à la fin.
08:29 Oui, mais à la fin, c'est le but lucratif qui a gagné.
08:32 Vous avez un produit commercial.
08:34 Le ChatGPT est un produit commercial.
08:36 Justement, Qtie, ça va être quoi ?
08:37 Ça n'a pas de but commercial.
08:39 Si Qtie a l'intelligence un jour de créer un produit commercial, je suis sûr que les
08:43 gens qui sponsorisent cette fondation aujourd'hui seront contents d'aider commercialement
08:48 la société commerciale qui en découlera.
08:49 Donc aujourd'hui, Qtie, c'est vraiment pour faire avancer la science, pour faire avancer
08:52 la médecine, pour faire avancer l'intelligence artificielle, pour qu'on soit à nouveau au
08:56 top français, qu'on devienne un leader mondial, un géant mondial.
09:01 Il n'y a pas d'objectif de faire de l'argent ?
09:03 Aucun.
09:04 Avec Ronald, ça veut dire que je crois qu'on a des activités.
09:06 Avec MACGM, on a des activités à côté dont la finalité est de faire de l'argent.
09:10 Oui, mais c'est différent.
09:11 Là, la volonté ici, c'est d'aider.
09:12 C'est de se dire comment.
09:13 On est dans un pays qui aime les révolutions, mais souvent, on ne se rend pas aux mains.
09:17 Donc avec Rodolphe et avec d'autres, on a décidé de se prendre en main pour créer
09:20 quelque chose qui va participer à cette révolution et pour participer à cette révolution, d'être
09:25 capable de réattirer des talents en leur créant toute l'infrastructure nécessaire
09:30 pour avancer.
09:31 Je n'ai pas totalement tort quand je dis qu'il y a quelque chose de patriotique dans ce projet.
09:35 Complètement patriotique.
09:36 Je ne sais pas s'il est pour la France ou pour l'Europe, mais avec une vision du patriotisme.
09:41 Xavier Niel, ce matin, des millions d'auditeurs vous écoutent et ils ont peut-être peur
09:45 de l'intelligence artificielle, au-delà de la peur, il y a des mots aussi, supercalculateur,
09:50 open source, il y a générative, machine learning, etc.
09:54 Comment les rassurer ? Quels mots trouver pour dire que vous n'êtes pas en train de
09:58 créer un monstre ? Emmett Shear de OpenAI disait de l'intelligence artificielle, c'est
10:04 comme si quelqu'un avait inventé un moyen de fabriquer une bombe atomique dix fois plus
10:08 puissante avec du sable et de l'eau de Javel.
10:11 C'est un putain de gros problème.
10:13 Vous comprenez cette peur ? Je comprends cette peur parce qu'il faut
10:19 simplifier ou expliquer ce que c'est que l'intelligence artificielle.
10:21 Vous allez me donner plein de données, je vais les traiter, je vais les analyser.
10:25 Quand vous allez me poser une question sur la base de ces données, je vais vous donner
10:30 la meilleure réponse.
10:31 C'est ça l'intelligence artificielle.
10:32 Et parfois, ce que les gens comprennent, c'est un cerveau tout seul qui se promène, qui
10:35 est capable d'inventer et de faire des choses.
10:36 Ce n'est pas une réalité.
10:37 Peut-être que ça le sera dans 10 ans, dans 20 ans, dans 30 ans, mais ce n'est pas la
10:40 réalité aujourd'hui.
10:41 Je vais prendre la totalité de ce que vous avez dit au cours des 30 dernières années
10:44 sur ce plateau, je vais l'agréger.
10:47 Et puis au bout de ça, quand vous allez me poser une question, je vais mélanger tout
10:49 ça et je vais essayer d'apporter la meilleure réponse.
10:51 C'est ça.
10:52 Mais en même temps, Yann Lequin, qui était à Necro l'an dernier, disait que dans un
10:55 futur proche, dans 10 ans, dans 15 ans, on se promènera tous, non plus avec un smartphone
10:58 dans notre poche, mais avec des lunettes connectées qui seront notre assistant virtuel, qui seront,
11:04 dit-il, comme notre meilleur ami en plus intelligent.
11:07 Vous comprenez que cette phrase-là, elle ait fait flipper pas mal de gens.
11:11 Parce que vous le voyez, le monde de dans 15 ans, on sera tous avec notre meilleur ami
11:16 en lunettes.
11:17 Je vous aurais dit qu'il y a 20 ans, vous auriez eu dans votre poche un truc qui allait
11:20 répondre à toutes vos questions et que ça s'appelle Google.
11:22 Vous m'auriez mis ce garçon en brache sur la tête.
11:24 C'est juste une évolution de la société.
11:26 Ce qui est important, c'est est-ce que l'on garde notre cerveau et son fonctionnement ?
11:31 Est-ce qu'on continue d'avoir besoin de lui ? Et aujourd'hui, pour les 10, 15, 20, 30 ans
11:34 qui viennent, oui.
11:35 Et est-ce qu'on garde nos emplois aussi ? C'est l'autre question qui fait peur avec l'intelligence
11:39 artificielle, c'est qu'on a l'impression que ça va supprimer plein d'emplois.
11:42 Que peut-être dans 15 ans, au lieu de Nicolas et de moi ici, par exemple, ce sera notre
11:47 assistant virtuel qui vous posera des questions.
11:48 Peut-être que vous ne serez même pas là, ce sera le vôtre qui répondra.
11:51 C'est une vue de l'esprit de s'imaginer ça ?
11:55 Je pense que les gens ont besoin d'humains en face d'eux et que l'humain, c'est important.
12:00 Quand on regardait dans les entreprises, quand on a dit maintenant vous allez tous travailler
12:03 de chez vous, les entreprises ont pu fonctionner de la même manière.
12:06 Donc oui, on a besoin de l'humain, il est important.
12:09 On crée des outils pour nous aider.
12:10 On voit quand même une société qui avance dans la robotisation, où il y a de moins
12:14 en moins d'humains qui nous répondent quand on parle au téléphone.
12:16 C'est un robot qui nous répond.
12:17 C'est ça qui angoisse.
12:18 C'est ça cette anxiété que vous n'avez jamais.
12:22 Même quand vous étiez jeune lycéen, vous étiez fasciné déjà par le Minitel, par
12:25 Internet, etc.
12:26 Vous n'avez jamais eu peur des nouvelles technologies ?
12:28 Non, et je vais vous donner un contre-exemple.
12:29 Excusez-moi, chez Free, vous ne voyez pas ça comme un acte de publicité.
12:31 Aujourd'hui, qu'est-ce qu'on est en train de faire pour le support ? On avait du support
12:35 délocalisé à l'étranger.
12:37 Aujourd'hui, on est en train de ramener le support et de le mettre de plus en plus humain
12:40 au coin de la rue.
12:41 C'est-à-dire qu'aujourd'hui, vous habitez à Angers, le support d'Angers est fait à
12:44 Angers.
12:45 Donc, on fait l'inverse parce que nos utilisateurs, nos consommateurs, ils veulent cela.
12:49 Bonjour Olivier.
12:50 Bonjour, bonjour à l'équipe et bonjour à Xavier.
12:53 Je suis super content de vous parler.
12:56 Merci pour ce que vous avez fait pour les télécoms en France.
13:01 Pour faire de l'IA, on a besoin des chipsets de chez Nvidia, donc des puces pour faire
13:07 simple aux auditeurs.
13:08 On sait que les grosses boîtes font une bataille parce qu'il n'y a qu'un seul fournisseur.
13:13 Comment vous avez fait pour mettre la main dessus ? Est-ce que vous allez en avoir suffisamment
13:20 pour pouvoir vous développer comme vous l'annoncez ?
13:22 Merci Olivier pour cette question.
13:26 Chipset Nvidia ! On s'améliore.
13:29 En fait, les supercalculateurs reposent sur des machines ou des composants fabriqués
13:34 par Nvidia et qui les vendent principalement aux GAFAM américains.
13:38 L'idée d'Nvidia, c'est de se dire qu'à un moment, ces GAFAM américains vont eux-mêmes
13:42 créer leur propre puce.
13:43 Et là, en Europe, on a d'autres personnes qui sont prêtes à nous acheter nos équipements.
13:46 Est-ce qu'on n'est pas capable de les servir en priorité ? C'est ça le sujet avec Nvidia.
13:50 C'est ce qu'a fait Nvidia en aidant des nouveaux acteurs à émerger en face des GAFAM.
13:54 On est devenu super techno.
13:55 Oui, on est devenu super techno parce que notre auditeur l'est.
13:58 Il y en a un autre qui l'est aussi.
13:59 Mais on savait qu'il y avait plein de gens qui sont vraiment des passionnés de l'IA.
14:03 Mais il y en a d'autres aussi qui comprennent moins, dont moi.
14:06 Clément, sur l'appli d'Inter, pour la capacité de calcul, le supercalculateur, c'est chouette.
14:10 Mais ensuite, allez-vous bosser avec des clouders européens ?
14:13 Oui, je vous fais simple.
14:16 En fait, une fois qu'on a acheté ces machines, il faut les exploiter.
14:20 Ça fait partie de nos activités.
14:22 Bien évidemment, on les exploite en Europe.
14:24 Hélène, sur l'appli, pourquoi vouloir développer à tout prix l'intelligence artificielle
14:27 alors que les spécialistes des métaux rares disent que dans 30 ans, tout sera quasiment
14:30 terminé car nous n'aurons plus assez de ressources non renouvelables pour produire
14:33 du numérique ?
14:34 Parce que, c'est ce que je vous disais tout à l'heure, c'est quelque chose qui, dans
14:38 tous les cas, va se développer.
14:40 Il faut mieux que ça se développe en Europe et en France.
14:41 Vincent Ligne, vous nous appelez de Blois.
14:44 Bonjour, bienvenue.
14:45 Oui, bonjour Xavier Niel.
14:47 Vous êtes sûrement au courant des propos que Elon Musk a donné à Rishi Sunak, qui
14:55 l'interviewait.
14:56 Elon Musk a déclaré que, tout simplement, l'intelligence artificielle allait détruire
15:05 tous les emplois.
15:06 Tous les emplois.
15:07 Donc, ça détruit la théorie économique de Schumpeter qui est la destruction créatrice
15:14 d'emplois.
15:15 C'est-à-dire que, dans un premier temps, une innovation technologique détruit les
15:19 emplois.
15:20 Et puis, dans un deuxième temps, elle en crée qu'on ne connaît pas encore.
15:23 Mais ça a été démenti par Elon Musk.
15:25 Qu'en pensez-vous ?
15:26 Merci Vincent pour cette question.
15:29 Rishi Sunak, Premier ministre britannique.
15:33 Xavier Niel ?
15:34 Moi, je continue de croire en Schumpeter.
15:36 Et ça a été, encore une fois, un peu ma carrière.
15:38 C'est-à-dire que, quand vous faites une révolution et que vous participez à une
15:40 révolution, c'est créateur d'emplois.
15:41 D'où l'intérêt de faire cette révolution en France plutôt que juste l'utiliser.
15:46 Parce que c'est l'endroit où on va faire ces révolutions qui vont être les endroits
15:49 où on va créer le plus d'emplois.
15:50 Alors, vous avez les félicitations de Broa sur l'appli.
15:53 Bravo à vous pour cet investissement sur l'IA.
15:54 Il ne faut pas laisser les autres pays décider de notre avenir sur des sujets aussi fondamentaux,
15:58 y compris sur nos libertés.
15:59 Bravo.
16:00 Continuez.
16:01 On avait aussi envie de vous poser quelques questions Xavier Niel, sur votre autre casquette
16:04 de patron de presse.
16:05 Car c'est une journée spéciale, portes ouvertes sur l'info sur Radio France.
16:09 Votre regard de grand patron sur la presse, sur l'évolution des médias.
16:13 Mais j'ai aussi une question, si vous le voulez bien, parce qu'on a quand même un
16:16 des grands entrepreneurs français, sur l'économie.
16:18 Il y a trois semaines, Le Monde titrait la chose suivante.
16:22 L'économie de la zone euro est en train de décrocher face aux Etats-Unis.
16:27 Effectivement, elle se contracte.
16:28 Les prévisions pour l'année prochaine ne sont pas bonnes pour l'Union Européenne.
16:31 Pour la France également.
16:32 Les Français, vous le savez, sont déclinistes.
16:34 Quand vous regardez les sondages qui se suivent, ils sont pessimistes pour notre pays.
16:37 Ils ont l'impression d'un déclassement.
16:38 Qu'est-ce que vous dites ? Est-ce que vous avez l'impression que la zone euro décroche
16:41 face aux Etats-Unis ? Est-ce qu'on a des nuages noirs, samoncelles pour l'année prochaine ?
16:46 Ou vous dites comme Bruno Le Maire, non, non, non, stop au pessimisme, stop au déclinisme,
16:49 on va bien ?
16:50 Je ne sais pas vous répondre sur l'Union Européenne.
16:52 Ce que je vois, c'est que l'économie en France ne va pas trop mal.
16:55 Je vais vous recaler ça avec l'intelligence artificielle.
16:58 Je pense qu'on est le deuxième pays au monde dans lequel on a le plus d'investissements
17:01 sur ces sujets et on est probablement le pays sur lequel on a le plus de croissance.
17:06 On crée des emplois, on crée des entreprises.
17:08 Ça se passe plutôt bien ici et on a une économie qui marche plutôt bien en France.
17:13 Après, l'Allemagne a ses un certain nombre de problèmes.
17:16 L'Angleterre est sortie de l'Europe et le Brexit, on le voit, ça fait des migrations
17:20 notamment vers Paris.
17:21 L'Italie, il faut voir, l'Espagne, c'est compliqué.
17:26 Donc au milieu de l'Europe, je le vois.
17:27 En France, c'est parce qu'on a une économie plutôt dynamique qui marche plutôt bien.
17:30 L'idée, c'est comment on arrive à créer des grandes entreprises pour demain.
17:35 On y revient.
17:36 C'est comment on arrive à créer des start-up pour que demain, on ait des groupes qui soient
17:40 capables d'être l'équivalent de nos grands groupes français qui nous ont permis d'être
17:43 si bon en économie jusqu'à présent.
17:44 Emmanuel Macron a dit hier aux chefs d'entreprise « Réveillez-vous, on est à 7% de chômage,
17:49 vous le prenez aussi pour vous, réveillez-vous ».
17:51 Je crois qu'on peut tous le prendre pour soi.
17:53 Mais vous savez, moi, je crois à un truc incroyable et super important, c'est l'ascenseur
17:59 social.
18:00 C'est comment dans un pays, on arrive à donner une chance à tout le monde.
18:04 C'est comment on arrive à dire à un jeune, un gamin qui a 18 ans, écoute, ton avenir,
18:09 il n'est pas tout tracé.
18:10 Et l'ascenseur social, en France, aujourd'hui, on est en dernière position de l'OCDE.
18:13 C'est-à-dire que si vous êtes fils d'ouvrier, vous resterez ouvrier.
18:15 Et donc, tout ce que j'ai envie de faire, tout ce que j'ai envie de mettre en œuvre,
18:19 c'est d'être capable de lutter contre ça.
18:21 C'est-à-dire que moi, je suis né à Créteil, je suis né dans une famille moyenne.
18:25 Professionnellement, j'ai réussi à m'en sortir.
18:27 Super, j'ai eu de la chance.
18:28 Oui, de la chance, c'est probablement le principal critère.
18:33 - C'est la chance le critère ?
18:34 - Ça fait partie des critères.
18:35 Parce qu'il faut essayer, il faut tenter.
18:37 Si on ne fait rien, il ne se passe rien.
18:39 Et donc, se réveiller, ce n'est pas se dire « Ok, moi, je suis un jeune, est-ce que j'ai
18:44 le droit d'essayer ? Est-ce que j'ai le droit de tenter ? Est-ce que j'ai le droit de réussir ? »
18:47 Et pour ça, la France, c'est un paradis.
18:48 C'est-à-dire qu'on vous aide à créer votre boîte, vous êtes au chômage, vous êtes
18:51 créateur d'entreprise, vous continuez d'être payé.
18:52 On a des tonnes de choses pour aider des personnes à aller vers la création d'entreprises,
18:58 vers créer leur destin.
18:59 Et ça, c'est un combat pour moi systématique.
19:02 - Vous aviez dit, Xavier Agnel, en 2013, que la France était un paradis fiscal.
19:07 - Pour les entrepreneurs.
19:08 - Voilà, pour les entrepreneurs, c'était à Sciences Po.
19:11 Le pensez-vous toujours, ou dix ans plus tard, face à l'ampleur de la dette et des déficits,
19:18 dites-vous qu'il faut maintenant augmenter les impôts et revoir la fiscalité du pays ?
19:23 - Je ne pense pas qu'il faut revoir la fiscalité du pays, parce qu'il ne faut jamais appeler
19:26 à ça, parce qu'en général, on ne se prend pas pour centant.
19:28 Non, je ne pense pas que ce soit un vrai sujet.
19:32 On a une stabilité fiscale et je pense que c'est la chose la plus importante.
19:35 Parce que connaître les règles, c'est la chose qui permet d'éviter de se poser des
19:40 questions.
19:41 La France n'est pas un enfer fiscal, comme je l'entends souvent.
19:44 - C'est donc, Léa le disait, une journée spéciale, portes ouvertes sur l'info.
19:48 Vous investissez dans la presse et les médias.
19:51 Est-ce qu'un journal, Xavier Agnel, est une entreprise comme une autre ? Quelles règles
19:57 vous fixez-vous quand vous prenez le contrôle d'un titre ou d'un groupe ? Vivendi, hier,
20:02 a finalisé sa prise de contrôle sur La Guerre d'Air, devenant ainsi le leader mondial de
20:08 l'édition.
20:09 Est-ce que vous vous sentez en puissance du groupe Bolloré dans l'édition et les médias
20:11 ? Est-ce quelque chose qui vous inquiète ?
20:14 - Il y a beaucoup de questions.
20:15 Quand je suis investisseur dans les médias, et on peut prendre l'exemple que vous avez
20:19 reçu il n'y a pas longtemps, Mathieu Pigasse, on a un point, c'est que nous on pense qu'on
20:24 est là pour être des investisseurs économiques et ne pas se mêler de la ligne éditoriale
20:28 des journaux dans lesquels nous sommes actionnaires.
20:32 Donc il y a une séparation extrêmement claire entre les deux.
20:33 Ça fait 12 ans que l'on est au Monde, je n'ai jamais entendu un petit bruit, les
20:37 petits faux expats de Dieu, ou moi-même, nous soyons intervenus sur ces sujets.
20:40 Et donc on a mis tous les garde-fous nécessaires pour permettre que ça ne puisse pas exister.
20:45 C'est-à-dire que quand on nomme un directeur de la rédaction, il doit être approuvé
20:49 à 60% par cette même rédaction.
20:50 On ne peut pas le vigirer parce qu'on n'est pas content.
20:54 Ce qui fait, s'il doit partir, il doit y avoir de la même manière un vote conforme
20:58 des rédactions.
20:59 On a créé des dizaines d'outils pour permettre cette liberté éditoriale.
21:04 Et je ne peux ne pas être d'accord, on est avec Mathieu, le contrôlant économique
21:10 du monde diplomatique.
21:11 Je ne suis pas sûr qu'on soit toujours d'accord avec ce qu'écrit le monde diplomatique.
21:13 Mais ils ont le droit de l'écrire.
21:14 Mais ils ont le droit d'écrire.
21:15 Mais Mathieu Pigasse, parce que vous avez entendu son interview ici, disait son inquiétude
21:19 sur la ligne éditoriale du groupe Bolloré.
21:22 Et vous ? Je ne sais pas si...
21:26 Vous savez, vous avez des Français qui votent pour certains partis, qui ne sont pas mes
21:32 partis, qui ne sont pas des gens que je soutienne, et qu'il y ait des médias qui leur correspondent
21:36 ne me choque pas obligatoirement.
21:38 Je trouve que la partie difficile, c'est toujours d'avoir un média qui a une ligne
21:40 éditoriale et de changer cette ligne éditoriale.
21:42 Je pense que le problème, il est là.
21:44 Mais je ne peux pas vous dire que je suis pour la liberté d'expression, mais bloquer
21:48 certaines libertés d'expression.
21:49 Au fond, c'est normal qu'il y ait, comme il y a Fox News aux Etats-Unis, et que chacun
21:52 ait ses médias.
21:53 Ou qu'il y ait une offre.
21:54 Ou qu'il y ait une offre, c'est ce que vous voulez dire.
21:55 C'est le basculement d'un média d'une ligne éditoriale vers une autre, qui par contre
22:00 n'est peut-être pas complètement dans l'esprit de ce que devrait être la presse
22:04 ou la liberté de la presse dans notre pays.
22:05 Il reste une minute et beaucoup de questions très rapides sur l'appli France Inter.
22:08 Je vous les pose, vous répondez en un mot.
22:10 Elon Musk, il vous fascine ou il vous fait peur ?
22:12 Elon Musk, c'est un garçon différent, et donc il vous fascine, il me fascine, il
22:17 me fait peur.
22:18 Fabrice, sur l'appli, avez-vous toujours des vues sur le rachat de M6 ?
22:21 Non.
22:22 Frédéric Depau, pourquoi et comment devient-on milliardaire ?
22:25 Avec de la chance.
22:27 Avec de la chance.
22:28 Mais encore une fois, c'est comme au loto.
22:30 Il faut bosser un peu quand même.
22:31 Mais c'est comme au loto, si on n'essaie pas, on n'a aucune chance.
22:33 Donc il faut tenter.
22:34 Quentin, n'avez-vous pas peur de Terminator ? Je ne sais pas ce que ça veut dire, mais
22:38 je vous la livre.
22:39 J'ai un peu oublié.
22:40 Camille, femme, elle précise, je suis une élève ingénieure, je suis en première année
22:46 d'un cursus généraliste, je choisirai l'IA pour les deux suivantes, comment vous
22:49 rejoindre pour poursuivre ma formation auprès de vous ?
22:52 Je pense qu'il faut qu'elle pousse à tout prix le sujet mathématique et qu'elle
22:56 devienne super bonne en mathématiques.
22:57 Chez Q-Tel, on a un problème, on a six garçons aujourd'hui.
23:00 C'est ce que j'allais vous dire.
23:02 On a besoin de femmes, mec ! J'ai vu ça à la simulation photo !
23:06 Oui, vous avez vu ma tête.
23:07 Vous êtes trois investisseurs hommes et les six experts que vous amenez sont des hommes.
23:12 Alors les investisseurs hommes, j'oublie, parce que ça ne m'arrange pas de juger ça.
23:15 Mais on a six hommes en recherche et on cherche des...
23:19 Des espériments.
23:20 Pas des espériments, on cherche des femmes.
23:22 Parce qu'encore une fois, c'est le mix qui crée des grandes choses.
23:25 Merci.
23:26 Daniel, d'avoir été à notre micro ce matin.