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00:00Bonsoir à toutes et à tous, comment se portent les grands magasins ? Les commerces ont-ils
00:08retrouvé leurs clients, notamment étrangers qui avaient déserté depuis le Covid ? Question
00:13posée ce soir à Frédéric Merlin, bonsoir.
00:16Bonsoir, merci de me recevoir.
00:17Invité Echo de France Info, ce soir vous êtes à la tête du groupe SGM pour Société
00:22des grands magasins, vous possédez et exploitez 11 centres commerciaux en France, 7 magasins
00:28Galerie Lafayette, le BHV également, avant d'entrer dans le détail, vous venez de publier
00:34vos résultats pour l'année dernière, est-ce que ça y est, vous avez l'impression que
00:37le pire est passé, que les Français et les étrangers reviennent durablement dans les
00:41centres commerciaux et dans les grands magasins ?
00:43Ce que je crois c'est que le commerce physique a encore un très bel annéeur devant lui,
00:47si le e-commerce a vraiment fragilisé le modèle, vraiment interrogé en tout cas avant
00:51le Covid, je crois qu'il est devenu aujourd'hui un véritable vecteur de développement du
00:54commerce physique.
00:55Le groupe que je développe a un prisme assez large sur le commerce puisqu'on exploite
00:59des centres commerciaux avec un positionnement qui est assez populaire, on est en centre-ville
01:03de villes moyennes, des villes d'au moins 100 000 habitants, on est à Mulhouse, on
01:06est à Roubaix, on est à Saint-Nazaire, et dans ces villes-là on est propriétaire
01:11de centres commerciaux qui sont en hyper-centre-ville, on les a rachetés il y a maintenant plus
01:15de 6 ans, ils étaient en perdition, en déshérence complète, avec des espaces vides, vides
01:20pratiquement à moitié et aujourd'hui ils sont pleins à 95%.
01:24Excusez-moi Frédéric Merlin mais c'est assez contre-intuitif parce que nous dans
01:28l'actualité on voit des commerces de textile, des commerces d'habillement, de chaussures
01:32qui ne se portent quand même pas très bien.
01:34Ce qu'il ne faut pas nier c'est que le commerce évolue, le commerce est une matière
01:36vivante, aujourd'hui il est certain que si l'appétence des Français est un peu
01:40moins sur le textile, elle est davantage sur le loisir, sur la restauration et sur
01:43le divertissement.
01:44Et donc dans nos centres commerciaux on ne vient plus que pour acheter des fringues,
01:48on vient aussi pour aller au cinéma, on vient aussi pour faire un bowling, on vient
01:51pour passer un bon moment dans l'un de nos food courts.
01:54Et donc ça veut dire que vous avez renouvelé les baux dans vos centres commerciaux ?
01:59Oui, on a vraiment fait évoluer l'offre de nos centres commerciaux, comme je vous
02:02le disais, vers un commerce qui est davantage expérientiel et on est aujourd'hui très
02:06satisfait des résultats, on a des taux de fréquentation dans nos centres commerciaux
02:08qui sont en progression entre 5 et 11%.
02:11Le positionnement dont je vous parlais qui est plutôt populaire est malheureusement
02:15ou bienheureusement porté par les enjeux inflationnistes du moment et il y a tous les
02:19jours des nouveaux clients qui veulent aller fréquenter les magasins Action, des magasins
02:23Primark ou des magasins Leclerc.
02:24Et ça vous les avez dans vos centres commerciaux ?
02:25Et on les a dans nos centres commerciaux.
02:26Mais la contre-vérité, c'est aussi de se dire que nos grands magasins qui peuvent…
02:29Alors justement, ma question, je voulais vous poser une question sur les galeries Lafayette
02:34avec un résultat avant impôt de 15,5 millions d'euros pour ces magasins que vous exploitez
02:39notamment à Dijon, au Mans, à Angers.
02:42Là aussi vous avez revu les enseignes des nouveaux concepts ?
02:46On a repris 7 grands magasins affiliés galeries Lafayette.
02:48On est propriétaire des murs et des fonds de commerce.
02:50On les a repris il y a maintenant 3 ans.
02:51Là aussi on a fait un très gros travail de retournement.
02:54D'abord sur la gestion de fonds.
02:55On a réduit drastiquement les frais de fonctionnement de cette entreprise.
02:58On a réduit aussi la masse salariale, les frais généraux et on a adapté l'offre.
03:02On n'a pas eu peur d'aller fermer jusqu'à 200 marques qui n'étaient pas profitables
03:06dans certains magasins.
03:07Et à côté de ça, en libérant des espaces et des mètres carrés vacants, on a fait
03:10venir de nouvelles enseignes qui, elles, sont vectrices d'un flux nouveau.
03:13Je pense à des Starbucks qu'au moment où on a le seul Starbucks du Mans, ça génère
03:18un flux que nous, nous transformons en tant que commerçants et ça crée en plus de ça
03:20de la valeur immobilière, ce qui est aussi l'un des piliers forts de notre groupe.
03:24Et donc, ce qui est vrai, Frédéric Merlin, pour les centres commerciaux, c'est vrai
03:27aussi pour des magasins plus bourgeois, j'ai envie de dire, de centre-ville ?
03:32Oui, je le crois.
03:33En tout cas, ce qui est certain, c'est qu'il faut adapter son offre.
03:35On ne fait pas le même commerce à Roubaix qu'on le fait à Dijon et on ne fait pas
03:37le même commerce à Dijon qu'on le fait au cœur de Paris, au BHV, par exemple.
03:40Et alors, ce qui m'a intéressé aussi, c'est que j'ai vu que la fréquentation
03:42n'avait pas évolué.
03:44Elle s'était maintenue pour les galeries Lafayette à 8 millions de clients, mais
03:47que le panier était en haut.
03:48C'est-à-dire que les gens sont les mêmes, ils consomment plus.
03:50Je ne sais pas s'ils consomment plus.
03:51Il faut reconnaître qu'il y a un enjeu d'inflation et que le prix moyen de nos
03:54articles a aussi augmenté. Donc oui, le panier moyen a augmenté.
03:58Le panier moyen a augmenté, mais parce que les prix ont augmenté aussi.
04:02Alors, parlons du bazar, de l'hôtel de ville,
04:05le BHV, magasin mythique parisien en face de la mairie de Paris.
04:08Presque 170 ans d'existence.
04:10Vous avez racheté le BHV, là aussi, aux galeries.
04:13Il y a de cela deux ans.
04:14Le bâtiment magasin homme va disparaître.
04:16L'enfant aussi. Qu'est-ce qui se passe ?
04:17Non, il ne va pas disparaître.
04:19Le magasin homme va être rapatrié dans le bâtiment principal.
04:22Ça veut dire que le bâtiment homme va disparaître.
04:24D'un point de vue immobilier, vous avez raison.
04:25D'un point de vue offre pour nos clients,
04:27il y aura toujours une offre de mode homme au BHV.
04:29Elle sera simplement dans le bâtiment principal.
04:32On le fait parce qu'on a un enjeu de densification de l'offre.
04:34On veut que nos parcours clients soient plus agréables pour nos clients.
04:38Le magasin de l'homme n'avait pas été rénové depuis plus de 15 ans.
04:41Et donc, on pense qu'il est plutôt intelligent de l'intégrer dans le bâtiment principal.
04:44Pour ce faire, il faut libérer des espaces.
04:46Et libérer des espaces qui ne sont pas profitables.
04:49À l'instar de ce dont je vous parlais dans nos sept grands magasins Galeries Lafayette.
04:53Certes, le rayon enfant était peut-être apprécié,
04:55mais pas suffisamment, a priori, puisqu'il n'était absolument plus profitable.
04:58Ça veut dire qu'il était trop cher ?
05:00Ah non, ça veut dire que nos clients l'avaient déserté.
05:02Ça ne veut pas dire que les prix étaient trop élevés ?
05:04Je pense qu'il y a une nouvelle concurrence aujourd'hui,
05:05notamment avec Zara sur la mode enfant, le e-commerce.
05:08Et oui, c'est très, très, très challengeant de vendre de la mode enfantine.
05:11En tout cas, on a fait le choix, parce que c'est ce que nos clients réclamaient,
05:14d'abandonner ce marché-là au profit d'un autre.
05:16Alors, vous deviez acheter les murs, d'après ce que j'ai compris.
05:19Rectifiez-moi si je me trompe.
05:20Vous deviez racheter les murs pour 500 millions d'euros.
05:23Sauf que d'après ce que j'ai lu, vous n'avez pas payé le moindre centime.
05:26Est-ce que vous pouvez nous expliquer si ça se passe ?
05:28C'est une opération beaucoup plus complexe
05:31que vous voulez bien la résumer en quelques minutes.
05:33C'est une opération en plusieurs étapes.
05:36On a d'abord repris la partie exploitation.
05:39Et je crois qu'on a investi 58 millions d'euros au capital,
05:42ce qui démontre bien notre capacité, notre volonté de croire en un commerce résilient
05:46et de vouloir faire du BHV d'aujourd'hui, le BHV de demain.
05:48Et on est en phase d'acquisition en plusieurs étapes.
05:51Et nous avons déjà réalisé plusieurs étapes de la partie immobilière.
05:54Et donc, ça veut dire que vous allez bien finir par...
05:56Bien sûr, on conclura l'opération au 30 juin.
05:58Et c'est un accord que nous avons passé avec les Galeries Lafayette.
06:01Nous travaillons en parfait partenariat avec la Galerie Lafayette.
06:04Et donc, ça ne veut pas dire que vous avez eu les yeux plus gros que le ventre, Frédéric Merlin.
06:08Écoutez, l'avenir nous le dira.
06:09En tout cas, ce que je sais, c'est que le BHV perdait 15 millions d'euros l'année dernière.
06:12Le BHV était fermé.
06:14Et aujourd'hui, on réalise 10 millions d'euros d'ébitda avant frais de siège.
06:17C'est juste colossal.
06:18C'est moins 15, plus 10.
06:20Alors, il y a quelques mois, nous avions tourné un reportage sur France Info
06:23avec des enseignes qui n'étaient plus livrées faute d'être payées,
06:26des espaces entiers qui étaient fermés.
06:28Cette période-là, elle est derrière vous aujourd'hui.
06:32Vous payez vos factures, le BHV va mieux.
06:35Le BHV a toujours payé ses factures.
06:36Il y a eu d'immenses rumeurs, on a été très challengés.
06:38Je crois que d'ailleurs, tout ça a été un peu orchestré par des organisations syndicales
06:42un petit peu extrémistes qui sont parfois inaptes aux changements.
06:44Le BHV, c'est une entreprise qui a 168 ans d'âge.
06:47La transformer, ce n'est pas évident.
06:48Les fournisseurs ont toujours été payés.
06:50En revanche, ils ont des délais de paiement.
06:51Les délais de paiement ont été extrêmement importants.
06:52Mais c'est important de le dire, parce que dire que nous ne payons pas nos fournisseurs,
06:54ça ne veut pas dire que nos délais de paiement ne respectent pas la loi
06:57qui, elle, prévoit 45 jours et fin de mois,
06:59alors même que les fournisseurs étaient historiquement payés à 10 jours au BHV.
07:02Et ce que j'affirme et ce que j'assume, c'est que pour transformer le BHV,
07:05pour pouvoir faire du BHV une entreprise rentable,
07:07il faut absolument qu'on puisse se battre avec des armes égales.
07:10Et quand nos concurrents payent à 45 jours, nous paierons à 45 jours.
07:12Et aujourd'hui, en ayant réussi le pari de la profitabilité du BHV,
07:16je crois et je considère qu'on a quand même acquis une certaine crédibilité
07:19vis-à-vis de nos collaborateurs, mais aussi vis-à-vis de nos fournisseurs.
07:21En ayant investi 58 millions d'euros au capital du BHV,
07:25je crois qu'on sait se montrer suffisamment crédible.
07:27Et ça répond peut-être à la question, avez-vous eu les yeux plus gros que le ventre ?
07:29Je pense qu'aujourd'hui, on s'est donné les moyens de réussir le pari.
07:32Et je pense que la route est longue, la route est belle,
07:36mais on arrivera, à mon sens, à faire du BHV le magasin préféré des Parisiens.
07:39Merci beaucoup Frédéric Merlin, président de la Société des grands magasins.
07:43Vous étiez l'invité éco de France Info ce soir.

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