Pour le premier numéro de Sports Stream en 2025, Lucien Jahan reçoit le multiple médaillé olympique de fleuret : Maxime Pauty ! L'occasion de revenir en détail sur les JO de Paris 2024 où il s'est paré de Bronze avec l'équipe de France.
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00:00:00Salut tout le monde, bonne année 2025 à toutes et à tous, la santé, plein d'autres choses,
00:00:13plein de merveilleuses choses.
00:00:14Vous connaissez le concept, chaque semaine dans le canap, un athlète pour une discussion
00:00:18en tête à tête.
00:00:19Ils volent comme un papillon, piquent comme une abeille, les supporters des Lakers le
00:00:23détestent bien évidemment, certains l'appellent Maxime Poli, Maxime Poti, mais non, il s'appelle
00:00:28Maxime Poti et il est double médaillé olympique de fleuret, c'est mon invité ce soir.
00:00:33Ça va Maxime, tu vas bien ?
00:00:35Ouais, ça va nickel.
00:00:36Finn, Finn, Finn.
00:00:37Travis Scott ?
00:00:38Eh oui.
00:00:39La musique que tu as choisi pour la célébration c'est ça ?
00:00:43Ouais, quand on devait célébrer un plan d'urgence, on a dit il faut que vous choisissiez
00:00:46une musique au Club France avec les supporters et tout, et en fait les gars ils ne se sont
00:00:50pas prononcés, j'ai dit Finn, Travis Scott, je me voyais bien jumper et tout.
00:00:53Je sens qu'Enzo Lefort m'a suivi dans le délire, Maximilien Chastain et Julien Mertine
00:00:57c'est plus dubitatif mais c'est un peu notre chant, notre musique de célébration.
00:01:03D'accord, c'est une musique que tu écoutes aussi souvent avant les compètes pour te
00:01:05motiver ?
00:01:06Avant les compètes ça m'arrive un petit peu, mais c'est vraiment pour marquer la
00:01:09célébration des Jeux que j'ai vraiment choisi celle-là.
00:01:11Bon, j'ai taillé un peu les collègues mais je vais t'appeler par ton bon nom, Maxime
00:01:16Poti.
00:01:17Merci.
00:01:18T'es pro parce que quand ils t'appellent par ton mauvais nom, tu réponds quand même,
00:01:22bien, classe.
00:01:23Le Maxime Poli, moi je suis loin, je suis en train de rentrer sur le plateau donc je
00:01:26fais « Ah, Maxime Poli ». Et le Maxime Potier, en fait, c'est en direct sur France 2, il
00:01:30passe vite le micro mais on me voit faire un truc comme ça.
00:01:34C'est vrai que l'image d'un est sympa.
00:01:35Bon, après pour la défense de Mohamed Bouhafdi, en l'occurrence, c'est pas facile.
00:01:38Ah non, mais c'est clair.
00:01:39Il y avait un boucan de fous.
00:01:40Enfin, je lui ai dit mon nom.
00:01:41Il faut le dire aux gens aussi, quand on est journaliste pendant les Jeux, on interviewe
00:01:44mais je sais pas, 100, 150, 200 athlètes donc bon, forcément parfois on peut se tromper
00:01:49mais moi j'ai la chance de t'avoir seulement toi ce soir donc je me trompe pas, c'est
00:01:52déjà ça.
00:01:53Comment ça va Maxime ?
00:01:54Ça va très bien.
00:01:55Ça va très bien.
00:01:56Une bonne année 2025, j'espère.
00:01:57En tout cas, 2024 a été riche en émotions.
00:01:58C'est clair.
00:01:59Ça va être dur de dépasser même en termes d'émotions, 2024 ça reste…
00:02:02Ouais, ouais, c'était top.
00:02:03Après, je sais pas pourquoi, je suis quelqu'un d'optimiste, j'ai toujours cette conviction
00:02:07que demain sera meilleur qu'hier donc c'est aussi pour ça, voilà, j'ai 31 ans, c'est
00:02:10pour ça que je continue ma carrière.
00:02:11J'ai fait deux fois les Jeux Olympiques par équipe, j'ai eu la médaille de bronze
00:02:14donc en soi, je pourrais me dire, la boucle, elle est un peu bouclée et en fait, je sais
00:02:17pas, au fond de moi, je suis convaincu que je peux encore être meilleur et que demain
00:02:20sera mieux qu'hier donc c'est un peu ma mentalité.
00:02:22Les résolutions pour 2025 ? Toi, t'en as noté quelques-unes, t'es ce genre de
00:02:26gars, toi, qui te fait des résolutions un peu listées ?
00:02:28Non, j'ai plus de résolution et j'ai beaucoup plus de lâcher prise en vieillissant
00:02:31parce que j'ai appris qu'en fait, il n'y a pas de règles et que je pense que le propre
00:02:35du champion ou de la championne, c'est justement de s'adapter tout le temps à l'instant
00:02:39T, à la situation et qu'il faut être capable de lâcher prise aussi.
00:02:42Bon, vous le voyez, il y a un Maxime très à l'aise en interview, très à l'aise
00:02:45devant une caméra.
00:02:47Vous avez fait une école à l'INSEP de journaliste et communication, c'est ça
00:02:50Maxime ?
00:02:51Oui, j'ai fait une école qui s'appelle Sportcom, qui est un partenaire entre l'INSEP
00:02:53et le CFJ et voilà, ça s'est bien passé, j'ai eu ma licence en cinq ans par contre
00:02:59parce que j'ai fait une année de césure et une année pour mes stages et voilà.
00:03:03Je peux presque dire que t'es un grand frère, t'interviens sur RMC, pour Stephen
00:03:07Brunch.
00:03:08Oui, j'ai la chance, l'honneur, le plaisir de me régaler à peu près deux dimanches
00:03:11par mois, de 13h à 15h sur RMC, à retrouver en podcast, je ne sais pas regarder la caméra,
00:03:16à retrouver en podcast sur le podcast de RMC, Stephen Brunch, 13h à 15h tous les
00:03:19dimanches, Benoît Boutron, Jimmy Brun, on a la prod, voilà, je ne peux pas faire mieux
00:03:23de la promo.
00:03:24Par contre, t'es obligé pour la prochaine de faire aussi de la promo de Sport en France.
00:03:27Oui, Sport en France, voilà, ok, je le fais sur RMC, c'est ça ?
00:03:30Ah oui, sur RMC, quand même, attends.
00:03:32Non mais Maxime qui pourrait être à ma place, quasiment, qui pourrait présenter une émission
00:03:36et j'ai un peu fouillé, il y a peut-être encore un peu de boulot, regardez cette petite
00:03:39vidéo.
00:03:40Salut tout le monde, petite vidéo suite à la diffusion du teaser du documentaire à
00:03:44La Croisée des Rêves, diffusé sur Eurosport le 27 décembre à 21h, diffusé sur Eurosport
00:03:49inter...
00:03:50Maxime.
00:03:51Ah, libérez-moi.
00:03:52La diffusion du documentaire.
00:03:55Moi, je trouve que je perds ma nature, j'ai envie de raconter des choses.
00:04:04C'est un documentaire d'environ 50 minutes.
00:04:06Loki.
00:04:07Loki, sort !
00:04:08Il devient fou !
00:04:12Loki le chat, évidemment, de Maxime, ce n'est pas facile à faire, mais c'est très drôle
00:04:17par contre d'avoir laissé les coulisses à Eurosport à copublier avec toi, c'est très
00:04:20marrant.
00:04:21En fait, la caméra, ça ne me dérange pas, mais moi, j'ai un truc avec les réseaux sociaux
00:04:24où le fait de, moi, parler, voilà, j'avais tenté un truc, j'avais vu un copain journaliste
00:04:30faire une vidéo comme ça où il posait la caméra et en fait, je n'y arrivais pas,
00:04:33je trouvais ça nul et je me suis dit, je vais montrer qui je suis vraiment et voilà,
00:04:37j'ai mis ces extraits-là et les gens ont plutôt apprécié, je trouve que c'est drôle
00:04:40et au final, ça faisait la promo du documentaire à la croisée des rêves qui sort sur Eurosport.
00:04:44Le documentaire qui est super, à la croisée des rêves, je vous invite tous à aller le
00:04:47regarder, on va nous aussi revenir sur les Jeux avec toi, évidemment, on va parler aussi
00:04:50de l'actu, parce qu'il y a pas mal d'actu qui te concernent, Maxime, avec le challenge
00:04:54Mazard, mais avant ça, moi, j'aimerais savoir, je reçois souvent des athlètes ici pour
00:04:57qui l'après-jeu, c'est un peu difficile, il y en a, voilà, ça, c'est un clan et l'autre
00:05:02clan, c'est plus une libération, un soulagement, tu te ranges un peu de quel côté, toi, Maxime ?
00:05:07Moi, je suis reconnaissant de fou de ce que j'ai vécu avec les Jeux, même avec
00:05:11Avant Tout, mais quand ça s'est fini, j'étais content, j'ai dit merci, vraiment, même
00:05:17symboliquement, j'ai regardé l'univers, j'ai dit merci, j'ai vécu un truc de fou
00:05:20et j'étais content de passer à autre chose parce que, c'est vrai qu'en fait, nous,
00:05:24les Jeux, on y pense tout le temps, pendant un an, deux ans, trois ans avant, mais aussi
00:05:28les gens, quand on les voit, on incarne les Jeux à la maison, les Jeux à Paris, il y
00:05:32avait plus d'attentes que d'habitude et du coup, voilà, quand on croise les gens
00:05:36dans la rue, on a envie de penser à autre chose, on a fini l'entraînement et puis
00:05:38les gens disent « Alors, les Jeux, ça en est où ? »
00:05:40Nous aussi, les journalistes, les journalistes manquent le truc.
00:05:42Donc, on a beaucoup de rappels et donc, en fait, c'est un peu une prison dorée, voilà,
00:05:46ça fait partie du jeu, c'est pas très grave, mais quand ça s'est fini, voilà,
00:05:50j'étais content que ça s'arrête aussi et de passer à autre chose et d'avoir d'autres
00:05:52projets.
00:05:53Tu te refais des fois, tu te revisionnes un peu ce qui s'est passé pendant les Jeux,
00:05:56tu te refais des kiffes comme ça, à rematter, je sais pas, le match face aux États-Unis
00:06:00pour le bronze ?
00:06:01Déjà, c'est pas si facile de retrouver des vrais extraits parce qu'il y a les droits
00:06:06de télé, donc c'est pas super facile.
00:06:08Non, dans le documentaire « La croisée des rêves » justement qui est sorti sur
00:06:12Eurosport et qui est disponible sur Max pour ceux qui veulent le revoir, en fait, moi,
00:06:16comme j'ai aidé à la production, à la réalisation, en fait, j'avais tout le
00:06:20temps un regard très pro dessus, ça, c'est bien, ça, c'est pas bien et tout et quand
00:06:24il est sorti, du coup, j'ai eu les retours de mes coéquipiers qui m'ont dit « Wouah,
00:06:28à la fin, j'avais les larmes aux yeux et tout » et en fait, le dernier en date,
00:06:32c'est Enzo qui m'a dit ça et Enzo, c'est pas quelqu'un de très émotif.
00:06:35Enzo Lefort.
00:06:36Voilà et quand il m'a dit ça, je me suis dit « Non, mais en fait, je l'ai peut-être
00:06:39pas regardé, je l'ai peut-être regardé trop sérieusement le doc » et donc, je
00:06:42me le suis refait juste la fin parce que je l'avais trop vu, je me suis refait juste
00:06:45la fin et j'ai dit « Maintenant, t'arrêtes de juger » et là, j'ai re-regardé, j'ai
00:06:48profité, j'ai eu ma petite émotion, c'était la première fois en 10, 15 visionnages qu'en
00:06:52fait, j'ai vraiment regardé avec…
00:06:53Sorti du regard pro et tu te dis « Allez, je me mets dans un… »
00:06:54Ouais, voilà et là, j'ai profité et je me suis dit « Wouah, en fait, c'est cool,
00:06:57c'est comme un… » au-delà du fait qu'il est sorti, c'est plus un… de se dire c'est
00:07:00comme un film de vacances, si je regardais un film de vacances qui retrace quelque chose
00:07:03avec des copains, avec des amis et ça, c'est… voilà, j'ai profité là-dessus.
00:07:06Ouais, mais c'est super d'avoir eu ça, c'est… comment ça s'est fait en fait
00:07:09avec Eurosport là, de faire un documentaire sur toi et sur… revenir sur les Jeux comme
00:07:13ça ?
00:07:14Je pense que d'abord, je remercie ma collaboratrice Sarah Boutabla qui a pris refus sur refus
00:07:19à un an des Jeux quand elle a dit « Il y a un Eskrimer, vous allez en entendre parler
00:07:23» et puis en fait, nous, ce qu'on voulait, c'était vraiment montrer l'aspect collectif
00:07:27de l'Eskrim parce qu'on est tout le temps focus sur un athlète, un champion, une championne
00:07:31et nous, on voulait élargir et comme moi, je savais que j'avais une place importante
00:07:34dans l'équipe aussi, au-delà de l'individu, je voulais ouvrir ces portes-là et montrer
00:07:38ça et on a pris plein de refus, plein de refus et il y a David Pagé avec sa boîte
00:07:42de production 92 qui est une boîte ICN, je viens d'Issy-Mouineau et on s'est rencontré
00:07:49à l'occasion d'un meeting avec le Boss Club qui est une association d'entrepreneurs
00:07:52et il m'a dit « Moi, je suis chaud pour, je crois au projet » mais on est parti avec
00:07:55rien, ils sont venus au début sur le challenge international de Paris, le challenge Mazars,
00:07:59ils nous ont filmé un week-end, ça s'est bien passé.
00:08:01Du coup, il a cru au projet, à titre d'exemple, ils viennent nous filmer à Washington, c'est
00:08:05moi qui ai avancé les frais pour qu'ils puissent venir, c'est la ville d'Issy-Mouineau
00:08:09avec Issy Média qui a remboursé les frais, c'est un parcours du combattant un peu qu'on
00:08:13a mené entre nous et on est hyper fiers qu'après, Eurosport ait accepté de reprendre ce documentaire
00:08:18pour le diffuser.
00:08:19En tout cas, le rendu est top, je vous invite vraiment tous à aller le visionner.
00:08:21Tu t'es pris quelques jours de repos après les Jeux ? Un bon 2-3 mois de repos ?
00:08:26J'ai pris 3 mois, mais en fait, le truc c'est que mon vrai repos pour moi, je l'ai pris
00:08:30sur le mois d'octobre où je suis parti deux semaines avec ma chérie en Indonésie parce
00:08:35que j'ai eu 10 jours de vacances en août, mais après, on a joué le jeu des sollicitations
00:08:41médiatiques avec les partenaires aussi et le retour en septembre aussi, c'est un peu
00:08:45le moment où tout le monde rentre de vacances et tout le monde dit « ça y est, on veut
00:08:47voir les champions, on veut voir les médaillés ». Donc en fait, on a plein de sollicitations
00:08:51et j'étais plus fatigué fin septembre que fin août quasiment après les Jeux.
00:08:55Donc en octobre, c'est vraiment là où j'ai pris mes vraies vacances, mais oui, au niveau
00:08:58du sport, j'ai coupé pendant 3 mois.
00:08:59Mais tu as assez coupé pour te dire à ton retour à l'entraînement « ok, là j'ai
00:09:03envie, c'est bon, je repars pour une nouvelle saison avec de la motivation, du plaisir
00:09:07».
00:09:08Je pense.
00:09:09En tout cas, moi, c'est comme ça que je le vis.
00:09:10La preuve, c'est que trois semaines après la reprise, j'ai fait ma première Coupe
00:09:11du Monde et j'ai fait top 16 alors que j'avais très peu d'entraînement parce que j'avais
00:09:15cette envie, parce que physiquement, j'étais encore affûté.
00:09:17Donc non, la motive, elle est là, franchement, la coupure a fait du bien, mais c'était
00:09:21bon.
00:09:22On va parler de l'actu avant de revenir sur les Jeux.
00:09:23Il y a eu le challenge de Mazars, tu en as un peu parlé, qui est votre Roland-Garros
00:09:26à vous.
00:09:27Oui, c'est ça.
00:09:29Juste avant de parler du résultat, décris-moi un peu l'ambiance parce que je suis tombé
00:09:32sur une petite photo, si on peut l'afficher en régie, qui m'a un peu rappelé les Jeux
00:09:35et le Grand Palais avec ces têtes géantes là où on voit ta tête sur l'affiche.
00:09:39C'est super ça.
00:09:40Finalement, il y a un peu un prolongement aussi des Jeux Olympiques.
00:09:42Oui, c'est cool.
00:09:43Ils ont fait venir des membres du Club France à titrer des Jeux.
00:09:47Ce qui est marrant avec cette tête, ce qui me fait marrer, c'est que c'est une photo
00:09:49je crois qui doit dater de 2020, on est en plein Covid, on s'entraînait un peu, c'était
00:09:52avant les Jeux de Tokyo.
00:09:53C'est le genre de truc où on vous dit « venez, on va faire un shooting photo France Olympique
00:09:57» et puis on dit oui.
00:09:58Je ne suis pas rasé, j'ai une grosse touffe.
00:10:00Tu n'avais pas l'air.
00:10:01Non, je suis en galère et au final, tu te retrouves cinq ans plus tard avec ta tronche
00:10:05sur un truc comme ça.
00:10:07Ça me fait marrer.
00:10:08Non, c'était une belle ambiance.
00:10:09C'est une compétition qui suffit à elle-même même si le rapprochement avec les Jeux a
00:10:12beaucoup été fait.
00:10:13Moi, c'est la compétition, quand j'avais 6 ans, je suis allé la voir et je me suis
00:10:17dit pour la première fois, je peux faire de l'escrime et faire du haut niveau avec
00:10:21une belle compétition.
00:10:22Je pensais que toute la coupe du monde était comme ça.
00:10:24En fait, ce n'est pas le cas.
00:10:25C'est la plus belle coupe du monde.
00:10:26C'est celle que tous les Français ont envie de gagner, mais même celle que tous les étrangers
00:10:29ont envie de gagner.
00:10:30Donc, c'est la plus belle et elle est cool.
00:10:32En termes de résultat, il y a un peu de déception au maximum ou pas forcément ?
00:10:35J'aurais voulu faire plus en individuel.
00:10:37Je perds en 16e de finale, tableau de 32.
00:10:39Maintenant, notre sport, c'est 15 touches, 3 fois 3 minutes et là, en l'occurrence,
00:10:44ça n'a même pas fait 2 fois 3 minutes.
00:10:45Donc, ça va très vite.
00:10:47Le niveau est serré.
00:10:48Ce n'est pas comme au tennis où on a 3-7, c'est souvent le plus fort qui gagne.
00:10:51Là, il y a vraiment cet effet de surprise ou pas d'ailleurs, mais en tout cas, c'est
00:10:54très serré et on peut perdre sur tout le monde.
00:10:58Ce jour-là, je perds sur quelqu'un qui en 15 touches a été plus fort que moi.
00:11:00Mais je n'ai pas de regrets en tout cas sur ce que j'ai produit.
00:11:04J'étais fier de mon niveau escrime, de mon niveau physique, même de mon attitude.
00:11:08Par équipe, on fait 4e et on n'est pas loin de battre l'Italie en demi.
00:11:13Après pour le match pour la troisième place, l'entraîneur m'a mis sur le banc au début
00:11:17parce qu'il voulait que les jeunes prennent de l'expérience sur des matchs à enjeu
00:11:21sur une piste podium.
00:11:22Vu que moi, j'en ai beaucoup.
00:11:23Donc, on aurait préféré faire 3e, mais ça ne change pas beaucoup au niveau du classement
00:11:28mondial.
00:11:29C'est pour ça qu'il fallait aussi tester des choses avec les plus jeunes.
00:11:32Je me suis fait quelques articles et votre coach Emerick Close disait qu'il fallait
00:11:35passer un cap mental pour battre les Etats-Unis et les Italiens.
00:11:38Tu es d'accord avec lui là-dessus ?
00:11:39Honnêtement, au jeu, on fait 3, mais notre place, c'est 3 ou 4 pour l'instant.
00:11:46Donc, en effet, on arrive sur un gros coup, on peut battre l'Italie une fois, sur un
00:11:49gros coup, on peut battre les Etats-Unis une fois.
00:11:51C'est dans la tête ou c'est vraiment en termes d'escrime pur ?
00:11:53Pour moi, il y a forcément… Les scrims, c'est des équipes très fortes, mais il
00:11:57y a forcément du mental.
00:11:58À titre d'exemple, en demi-finale, quand on perd sur l'Italie, on doit recoller au
00:12:03score au moins 4 ou 5 fois dans le match, on revient à égalité et puis on en reprend
00:12:06deux.
00:12:07Du coup, on court au score.
00:12:09C'est un peu ce qui se passe, mais on a 4 ans pour préparer le jeu et on a une équipe
00:12:15qui est encore jeune aussi, je pense.
00:12:16Oui, et puis voilà, c'est une nouvelle saison aussi qui démarre pour toi.
00:12:19Tu as la sensation de n'avoir jamais été aussi fort, je parle physiquement, mentalement ?
00:12:23Oui, honnêtement, oui.
00:12:25Je me sens… Physiquement, je me sens… Je sais qu'en tout cas, à cette période
00:12:28de l'année, j'en parlais avec le préparateur physique, je n'ai jamais été aussi fort
00:12:31physiquement.
00:12:32Escrimement parlant, j'ai l'impression que j'ai atteint la maturité mentale qui
00:12:36me permet aussi d'avoir un niveau à peu près stable et j'ai beaucoup travaillé
00:12:40avant les jeux.
00:12:41C'est comme si je n'avais pas foutu tout ça en l'air et que ce que j'avais mis
00:12:46en place pour les jeux, je pouvais encore l'utiliser aujourd'hui pour progresser.
00:12:49Après, le danger de l'escrime, c'est que c'est un sport tellement de détails
00:12:53et de sensations qu'il y a des jours où on se sent le maître du monde et le lendemain,
00:12:56on est très mauvais.
00:12:57À titre d'exemple, avant le challenge Mazars, on a eu beaucoup de séances d'assaut pour
00:13:01rattraper les fêtes de Noël.
00:13:03Et sur cinq séances, il y en a une, je pense que c'est ma plus belle séance depuis un
00:13:06an et il y en a deux, je pense que c'est les pires séances depuis un an.
00:13:10Et en fait, quand je suis rentré chez moi à l'approche de la compétition, j'ai fini
00:13:13bien évidemment sur les deux plus mauvaises et je me suis dit « Ok, arrête de penser
00:13:16aux mauvaises que tu as faites, dis-toi que dans le lot de ces cinq entraînements, qui
00:13:20étaient durs parce que j'étais fatigué, il y avait de la fatigue et tout ça, il y
00:13:22en a une qui était exceptionnelle, ça veut dire que tu l'as en toi et que maintenant,
00:13:25il va falloir sortir sur la complète.
00:13:27Ça a tendance à te miner un peu ou pas quand tu sors de mauvaises séances comme ça, tu
00:13:30arrives facilement à switcher et te dire « Bon, allez, c'est qu'un passage, ça va revenir
00:13:34ou alors ça te met mal ? »
00:13:35Maintenant, avec l'expérience, j'arrive un petit peu à prendre du recul, mais en
00:13:40vrai, déjà je rentre le soir, je n'arrive pas à marcher.
00:13:42En fait, c'est plus ma compagne qui prend un peu les peaux cassées parce qu'elle me
00:13:45voit rentrer, j'ai du mal à marcher parce que l'escrime, ça fait mal physiquement
00:13:50quand on fait des grosses séances.
00:13:51Et puis en fait, elle voit qu'elle prend un peu mes humeurs où je suis un peu moins
00:13:55bien.
00:13:56Avec du recul, j'arrive à relativiser, mais c'est vrai que quand il y a l'émotion juste
00:13:59au moment où je rentre le soir, ça ne dure pas non plus très longtemps.
00:14:03– Elle a un rapport avec l'escrime, ta copine ?
00:14:05– Non, rien à voir.
00:14:06– C'est bien ça, non ?
00:14:07– Oui, c'est très bien.
00:14:08La première fois qu'elle a mis les pieds dans un gymnase pour un événement sportif,
00:14:12c'était au Challenge Mazard.
00:14:13Donc, je lui fais découvrir un peu le monde du sport et elle me fait découvrir d'autres
00:14:16univers, c'est très bien.
00:14:17– Je pense que c'est sympa et important aussi parce que nous, on vous place très
00:14:23haut tout le temps et je pense que quand tu es un peu extérieur à ça, ça te désacralise
00:14:26aussi un peu.
00:14:27Ça te remet un peu les pieds sur terre parfois.
00:14:28– Oui, je suis d'accord.
00:14:29Je sais qu'il y a ce truc où, quand on s'est rencontrés en plus, il y a un moment,
00:14:33mais quand on s'est rencontrés, on trouvait déjà mon nom sur Wikipédia, et je sais
00:14:37qu'elle, ça ne l'a pas du tout impressionnée ou quoi, qu'elle n'en avait rien à faire
00:14:40et voilà.
00:14:41– Oui, c'est mieux comme ça, je trouve.
00:14:44– Oui, moi, ça me va très bien en ce temps.
00:14:45– Après, si tu es champion olympique individuel à Los Angeles, peut-être que là, c'est
00:14:50pas encore…
00:14:51– Mais elle est très contente et elle a appris à apprécier.
00:14:53Elle était au Grand Palais, elle a vibré, elle a adoré ça aussi.
00:14:55Je lui fais découvrir mon monde et elle, elle me fait découvrir le sien et c'est
00:14:59très bien.
00:15:00– Parce que je sais que, là, on parle de la saison qui redémarre, donc après les
00:15:03Jeux olympiques de Paris.
00:15:04Tu vas me dire si je me trompe, mais il me semble qu'après les Jeux de Tokyo, tu as
00:15:06une saison difficile, peut-être même l'une des pires de ta carrière.
00:15:08Tu as changé des choses ? Alors, ce n'est pas le même contexte, évidemment, mais est-ce
00:15:12que tu as fait évoluer des choses pour pas justement que ça se reproduise en année
00:15:16juste après les Jeux comme ça ?
00:15:17– En fait, ce qui se passe après les Jeux de Tokyo, c'est que déjà, il faut revenir.
00:15:20Comme là, je disais, j'ai récupéré aussi les bénéfices de ma préparation pour les
00:15:25Jeux de Paris.
00:15:26Et en fait, Tokyo, je fais une année, déjà l'année avant les Jeux, elle est catastrophique
00:15:29parce que c'est l'année Covid.
00:15:30Moi, quand il n'y a pas de compétition, je n'arrivais pas à me motiver.
00:15:32Physiquement, j'étais dans le dur.
00:15:35En fait, Tokyo, je ne les ai pas vécues et je les ai mal préparées.
00:15:38Et donc, en fait, je suis retourné tout de suite à l'entraînement après.
00:15:40Je n'ai pas fait le deuil de ma contreperf, je dirais individuelle.
00:15:43On est champion olympique par équipe, mais moi, en termes individuels, je trouvais que
00:15:46je n'avais pas fait les performances que je voulais, ne serait-ce que, enfin, juste
00:15:50en termes de performances sur la piste, je parle.
00:15:51Et du coup, je reviens trop vite, je ne coupe pas.
00:15:53Et là, je fais une saison terrible où je n'arrive pas à être dans le vrai physiquement
00:15:57et mentalement.
00:15:58Et je me rappelle justement qu'à la fin de cette saison, quand je perds à la dernière
00:16:02Coupe du Monde et que je sais que je n'irai pas aux championnats d'Europe, aux championnats
00:16:05du monde, mon premier truc, c'est de me dire ça y est, je suis libre, je vais avoir du
00:16:08temps pour moi.
00:16:09Il y avait vraiment un trop-plein.
00:16:10Oui, j'en pouvais plus.
00:16:11Et voilà.
00:16:12Et j'ai fait ce que je vois des meubles de basket, j'ai fait un petit délire justement
00:16:16où j'ai dit au coach, je resterais pour m'entraîner, pour préparer ceux des championnats
00:16:20d'Europe, des championnats du monde.
00:16:21Parce qu'en fait, à l'INSEP, on est 12-13, il n'y en a que 4 qui font les championnats
00:16:24d'Europe, des championnats du monde.
00:16:25Donc, le deal, c'est un peu les autres qui ne sont pas sélectionnés, on reste pour
00:16:28entraîner les copains.
00:16:29Donc, quand c'est moi qui suis sélectionné, les gars, ils restent.
00:16:31Donc là, j'ai dit, il est hors de question que je rate ça.
00:16:33J'ai besoin de couper, mais je serai là pour toutes les séances d'assaut pour entraîner
00:16:35les copains.
00:16:36Je leur ai dit par contre, je vous demande 5 jours, si Boston va jouer les finales NBA,
00:16:41je pars à Boston.
00:16:42Tu es parti à Boston.
00:16:43Je suis parti à Boston.
00:16:44Ça a été mon pèlerinage de liberté.
00:16:45Première fois ?
00:16:46Pas la première fois à Boston, pas le premier match NBA, mais la première fois à Boston
00:16:52pour une finale NBA.
00:16:53Enfin, pour des finales NBA, c'était fou.
00:16:54En fait, j'ai vécu le match 3 en arrivant le jour même dans un bar, j'ai pris l'atmosphère
00:16:59de la ville vraiment, et le match 4 au stade, incroyable.
00:17:02On y reviendra un peu, mais vu que tu en parles, je te pose la question tout de suite, elle
00:17:05vient d'où cette passion pour les Boston Celtics ?
00:17:07Elle vient du fait que j'ai des origines bretonnes, un peu de sang irlandais j'imagine.
00:17:15Quand j'ai vu le logo, déjà, ça m'a attiré.
00:17:18Et en plus, quand j'ai commencé à suivre la NBA, c'était 2007-2008 et c'est l'année
00:17:22où Boston gagne avec Rajon Rondo, Paul Pierce, Kevin Garnett, Ray Allen.
00:17:26C'est une équipe qui m'a appris à comprendre le basket parce qu'ils avaient vraiment des
00:17:31joueurs qui respectaient un peu l'archétype du poste.
00:17:34Je me suis mis à m'enseigner sur la ville de Boston qui est une ville aussi qui me correspond
00:17:39énormément, une ville de sport.
00:17:41J'aime bien aussi, c'est une ville d'érudit, d'université, plein d'histoire.
00:17:44Je me suis mis à me passionner pour Boston.
00:17:46Et maintenant, toutes les équipes de sport de Boston ou de la Nouvelle-Angleterre.
00:17:51En NFL, je suis les New England Patriots.
00:17:54En ce moment, c'est critique, mais je me suis bien gavé avec les six bagues de Tom
00:18:00et les brunts de hockey.
00:18:04Je me dis que je peux suivre à la rigueur, ce n'est pas grave si je regarde des matchs
00:18:10la nuit et tout, mais quand tu es athlète de haut niveau, tu as une grosse rigueur dans
00:18:14les entraînements, dans le cycle du sommeil, etc.
00:18:17Tu peux quand même suivre les matchs ? Tu les regardes en direct le lendemain ?
00:18:19L'NFL, vu qu'on est au hockey sur glace, je n'ai pas trop suivi de ça.
00:18:23L'NFL, vu que les New England sont très mauvais, je suis de très très loin.
00:18:27Je salue les amis de Touchdown Actu, ce sont des petits sites qui font vivre la fanbase.
00:18:34Pour l'NBA, il y a plein de médias, First Team, Trash Talk.
00:18:40Tu ne regardes pas forcément tous les matchs.
00:18:43Non, mais j'ai pris le League Pass aussi, les copains de Beansport que je suis venu aussi.
00:18:47Et puis, bien sûr, le League Pass, quand je veux voir un match ou un truc, j'ai le
00:18:51League Pass.
00:18:52En fait, je ne l'avais que pour les playoffs d'habitude, et comme cette année, je bosse
00:18:56pour Stephen Brunch, et qu'il y a Victor Wembanyama qu'il faut suivre un petit peu
00:19:01quand même.
00:19:02Du coup, là, j'ai pris le League Pass.
00:19:03Tu joues un peu ?
00:19:04Je jouais quand j'avais entre 15 et 20 ans, comme un mec qui n'a jamais joué au basket
00:19:10et qui allait faire du basket avec ses copains sur les playgrounds.
00:19:13Tu as bien fait de rester à l'escrime, en tout cas, ton palmarès parle pour toi, on
00:19:17l'a dit.
00:19:18Tu viens d'écrocher à Paris une médaille de bronze par équipe, tu avais décroché
00:19:20l'or à Tokyo.
00:19:21Petite question sur les Jeux de Tokyo, parce que quand on pense aux Jeux Olympiques, c'est
00:19:25tout un ensemble.
00:19:26C'est ce qui se passe sur la piste, sur la compétition, mais aussi les à-côtés, l'ambiance
00:19:30du village olympique, la communion avec le public.
00:19:33À Tokyo, vous avez été privé d'une partie, voire de la totalité de ce que sont vraiment
00:19:37les Jeux, mais tu as quand même une médaille d'or.
00:19:39Est-ce que tu les as quand même vécu intensément ? Est-ce que ça reste une expérience de
00:19:43dingue ou est-ce que quand ils repensent, je ne vais pas dire un mauvais souvenir, ça
00:19:46serait un peu fort, mais un souvenir contrasté ?
00:19:48En fait, Tokyo et Paris, c'est différent, c'est-à-dire que Tokyo, la médaille d'or,
00:19:53je ne les change pour rien au monde, parce que champion olympique, c'est le graal de
00:19:57ton sport.
00:19:58Maintenant, en effet, sur ce qui est des moments vécus, en fait, Tokyo, c'est des petits trucs,
00:20:02je me rappelle à 43, parce que la match d'escrime va en 45, quand Erwann Lepechoum est là à
00:20:0844e, on se regarde avec Julien Mertin, les larmes aux yeux.
00:20:11C'est ces moments-là, en fait, entre nous et le périple, parce que nous, le Covid est
00:20:17annoncé.
00:20:18En fait, on est à Los Angeles pour notre dernière épreuve de sélection pour les Jeux,
00:20:23et la sélection, elle était tellement difficile.
00:20:24On était quatre, et en fait, il n'y en a que trois qui font l'indie vers un quatrième
00:20:27équipe.
00:20:28Donc, avec Erwann Lepechoum, Enzo Lefort, Julien Mertin et moi, et la sélection était
00:20:31vraiment très, très dure à faire pour savoir qui des quatre n'irait pas en individuel.
00:20:34On savait qu'on ferait tous les quatre les Jeux, et il y avait une énorme pression.
00:20:38Et donc, en fait, on arrive à Los Angeles, c'est notre dernière compétition sélective.
00:20:41On sait qu'après cette compétition, au moins, les alléages actuelles, les dés seront
00:20:46jetés, et on saura quelle sera la sélection.
00:20:48Et puis, en fait, le Covid, il arrive là, et on repart pour un an.
00:20:52Avec le stress de la sélection, avec une compète l'année d'après à Doha, mais c'est la
00:20:56seule compète.
00:20:57Donc, en fait, on passe un an à préparer la compète.
00:20:59Ensuite, il y a la compète, la sélection sort, et puis là, pendant trois, quatre mois,
00:21:03on se bâtit un petit cocon.
00:21:04Les gens, ils revivent après le Covid parce que là, les bars, ils commencent à rouvrir,
00:21:08les restaurants.
00:21:09Et nous, si on attrape le Covid, en fait, tu avais une quarantaine pour tout l'entraînement.
00:21:13Ça fait une pression constante.
00:21:15C'était terrible.
00:21:16Il y a des gens au Jeux.
00:21:17Il y a un Américain, par exemple, il a été 14 jours avant l'épreuve, jusqu'à l'épreuve
00:21:21en quarantaine parce qu'en fait, il s'était mis en business pour justement limiter les
00:21:26risques.
00:21:27Et le mec derrière lui, en business, avait le Covid.
00:21:28Et donc, dans le doute, ils l'ont mis en quarantaine tout seul pendant 14 jours avant
00:21:31les Jeux.
00:21:32Donc, il y avait cette pression-là.
00:21:33Donc, en fait, les Jeux de Tokyo, je ne les ai pas vécus, mais la fierté collective
00:21:37d'être allé au bout de ce rêve et d'être champion olympique, il est incroyable.
00:21:39Après, pour ce qui est des émotions pures, les Jeux de Paris, même s'il n'y a pas le
00:21:42titre.
00:21:43Là, je les ai vécus pleinement.
00:21:44Oui, et puis trois ans qui séparent les Jeux de Tokyo.
00:21:47En 2021, tu l'as dit, ils ont été reportés.
00:21:51Qu'est-ce qui a changé entre le maximum de 2021 et le maximum de 2024, de Paris 2024 ?
00:21:59Dans l'esprit, mais même en dehors.
00:22:00Non, non, mais je ne sais pas.
00:22:01Ah oui, c'est ça.
00:22:02Non, mais un truc qui a changé, c'est en fait, le fait d'être champion olympique,
00:22:06c'était tellement une obsession que je considérais que ma vie d'athlète, si elle se passait
00:22:10bien, ma vie d'homme allait être heureuse.
00:22:12Et en fait, j'ai vu que déjà, je pouvais être champion olympique et sur le moment
00:22:16ne pas être le plus heureux des hommes, même si je ne change pas, je ne change pas ce titre,
00:22:20mais je n'étais pas très heureux, notamment l'année d'après, c'était l'année avant
00:22:24les Jeux et après les Jeux, en tant qu'homme, c'est mes pires années, je pense, de vie.
00:22:28Et du coup, en fait, je me suis dit, je vais inverser le processus et je vais d'abord
00:22:32me concentrer sur être heureux et épanoui en tant qu'homme et le sportif, il suivra
00:22:36après.
00:22:37J'ai inversé et ça, ça m'a rendu très heureux honnêtement et du coup, les performances,
00:22:41elles ont suivi.
00:22:42J'ai fait mes, en cumulé, c'est mes, avant les Jeux de Paris, c'est mes deux meilleures
00:22:45saisons.
00:22:46Si on prend, on va dire, la saison régulière de l'année d'avant et la fin de saison de
00:22:51l'année des Jeux, c'est mes deux meilleures saisons de ma vie.
00:22:54Et tu parles des pires années à Tokyo et avant Tokyo, pourquoi ? C'est pas trop personnel.
00:23:00Non, non, mais parce que, encore une fois, l'année Covid, moi, m'a fait…
00:23:05Contexte.
00:23:06En fait, j'étais drogué à la compétition, on va dire, et le fait d'avoir un an sans
00:23:10compétition, en plus avec le stress des Jeux, j'ai vraiment eu une perte de sens.
00:23:13Et puis, il y avait ce truc aussi, c'était une période où on se demandait qu'est-ce
00:23:17qui était utile et pas utile, quels magasins on pouvait ouvrir, quels étaient ceux qui
00:23:22n'étaient pas indispensables.
00:23:23Et à ce moment-là, j'ai vraiment perdu le sens du sport, même pendant un moment,
00:23:28vu qu'on n'a pas vécu les Jeux, en plus avec tout l'engouement, où on disait « mais
00:23:32pourquoi ils ont le droit de faire du sport et non on ne peut pas sortir ? ». Il y avait
00:23:34ce truc-là.
00:23:35Et puis, les Jeux de Paris, en tout cas, m'ont bien réconcilié avec ça et la place du
00:23:38sport dans la société, ça, ça va.
00:23:40Tu m'étonnes.
00:23:41Et puis, les Jeux de Paris, alors pour toi, vraiment à la maison, tu es né à Clamart,
00:23:44c'est ça ?
00:23:45Je suis né à Clamart, mais j'ai grandi à Essimone, enfin, vraiment à côté.
00:23:49Donc, pour toi, c'était vraiment les Jeux à la maison.
00:23:51Tu l'as ressenti comment ? Est-ce que c'était presque une… les termes sont peut-être
00:23:55un peu exagérés, mais une mission, un devoir de performer à domicile chez toi ?
00:24:00La pression, je ne l'ai pas ressorti de l'extérieur, c'est plus une pression vis-à-vis
00:24:06de moi-même.
00:24:08En fait, une fois que la sélection est sortie, j'étais tranquille, je me suis dit, maintenant,
00:24:12tu t'entraînes.
00:24:13Par contre, je me suis entraîné comme une brute, mais tu vas profiter de chaque seconde
00:24:16et de chaque instant.
00:24:17J'étais OK avec ça.
00:24:19Donc, la pression extérieure, je ne l'ai pas trop… j'étais plus excité.
00:24:22Par contre, c'est la qualification ou c'est l'événement d'une vie, on ne va pas se
00:24:26mentir, en tout cas, sportivement.
00:24:28Il y a un événement où tu ne vivras qu'une seule fois dans ta vie, c'est sûr.
00:24:31Les Jeux, c'est tous les 4 ans, les Jeux à Paris, c'est tous les 100 ans.
00:24:35Et il y avait ce truc aussi où, en fait, moi, j'ai commencé le sport, les scrims
00:24:40et le foot en ayant rêvé avec la génération France 98.
00:24:43Et donc, j'avais ce rêve de faire un événement sportif grandiose en France comme je pouvais
00:24:49avoir les images du Stade de France pour le foot.
00:24:52Et en fait, j'ai senti que j'avais une pression personnelle que je m'étais mise
00:24:55vis-à-vis de l'enfant que j'étais, comme si je me disais que je n'avais pas le droit
00:24:58de ne pas les faire parce que ça venait récompenser tous les sacrifices que j'avais fait en tant
00:25:02qu'enfant, en tant qu'ado, en tant que jeune homme.
00:25:04Et je sentais que je m'étais mis, moi-même, une pression vis-à-vis du petit Maxime.
00:25:08Et ça, c'est quelque chose où j'étais… C'est pour ça aussi peut-être qu'après
00:25:13les Jeux, j'étais soulagé parce que j'avais ce sentiment d'avoir fait…
00:25:15Ouais, c'est coché, c'est… Voilà.
00:25:17Même symboliquement, j'ai dit à l'enfant que j'étais, je lui ai dit « c'est bon,
00:25:21je t'ai rendu ce que tu m'as donné, maintenant laisse-moi tranquille et je vais vivre ma
00:25:24vie d'homme ». Il y avait un peu de ça, il y avait un peu cette pression-là.
00:25:27Mais je trouve que tu l'as plutôt bien négocié, parce qu'on reviendra sur ton
00:25:29parcours en détail.
00:25:30Mais pendant les Jeux, en individuel, tu sors en quart, mais tu fais quand même… En
00:25:34huitième, tu sors, on y reviendra en détail, mais le numéro 1 mondial, champion d'Europe
00:25:37en titre, champion du monde en titre, en équipe, vous faites une médaille de bronze.
00:25:41Donc finalement, ça ne t'a pas bouffé, tu as réussi à prendre le dessus sur ça et…
00:25:45Mais parce que je vivais mon rêve d'enfant et en fait, c'est comme si depuis que j'avais
00:25:495 ans, j'étais préparé à vivre ça.
00:25:51Je sais que mon coach… Programmé un peu.
00:25:52Ouais, et mon coach, il n'était pas stressé pour moi.
00:25:54En fait, justement, je l'ai entendu le dire à des journalistes, dire « Maxime, je savais
00:26:00que ça le nourrit, il adore ça ». Après, on se dit ça et puis il y a des jours où
00:26:05ça ne passe pas.
00:26:06Tu aimes bien ça ? La pression, c'est quelque chose que tu as…
00:26:09Mais ce n'est pas la pression.
00:26:10Moi, je ne le vis pas comme la pression, je le vis comme un privilège en fait.
00:26:12Je suis dans un stade, au milieu de tout le monde, il y a 8 000 personnes qui viennent
00:26:15pour me voir faire ma passion, mon sport, qui m'encouragent en plus.
00:26:18Ou même s'ils ne m'encourageaient pas en fait, c'est un privilège.
00:26:21J'existe et je suis sur cette terre pour vivre des choses, pas pour rester sur mon
00:26:26canapé à attendre.
00:26:28Je suis là et c'est pour en profiter.
00:26:30Après, je gagne, je perds, je n'ai pas le contrôle total là-dessus.
00:26:33C'est la vie.
00:26:34Tu te rappelles de tout les Jeux de Paris ou c'est juste des flashs qui arrivent un
00:26:37peu comme ça ?
00:26:38C'est beaucoup de flashs.
00:26:39Quand on me rappelle des trucs, je dis « ah ouais, c'est vrai ».
00:26:41En fait, mes plus gros souvenirs des Jeux de Paris, c'est ce que j'ai vécu avec
00:26:45les copains parce qu'on vit H24 ensemble, on vit dans un appart.
00:26:48C'est des trucs tout cons, mais je me rappelle de regarder du sport à la télé pendant
00:26:52une semaine.
00:26:53Ce qui fait qu'en fait, la deuxième semaine des Jeux, je n'ai rien suivi.
00:26:56Mais non, j'en pouvais plus parce qu'en fait, on passait notre temps nous à s'entraîner,
00:27:00à entendre parler de nous au jeu.
00:27:02Et du coup, le reste du temps, on attend.
00:27:05Donc, on est dans l'appart à regarder le judo.
00:27:07La veille de notre épreuve individuelle, c'est quand les judokas font médaille d'or
00:27:10par équipe.
00:27:11Mais Enzo, il perdait à côté de moi.
00:27:13Il était là, il criait comme un mâle.
00:27:15Garde ton énergie pour demain.
00:27:17C'est ces moments-là avec les copains, quand on a fait la fête après.
00:27:22En fait, on nous avait dit qu'on pouvait garder nos chambres au village.
00:27:27Et en fait, pas du tout.
00:27:28On avait le droit d'avoir accès à une autre chambre, à un hôtel.
00:27:31Mais il fallait libérer nos chambres pour d'autres athlètes.
00:27:33Et en fait, on fait une soirée.
00:27:34Bien évidemment, moi, je rentre à 5.
00:27:37Julien et Shasta ne sont pas sortis, mais Julien rentre à 7 ou quelque chose comme ça.
00:27:43Et en fait, les gars, moi, je me lève un peu plus tôt.
00:27:45Et il y a un gars du CNOSF qui vient toquer.
00:27:48Il couvre la porte.
00:27:49Interview.
00:27:50Non, on savait qu'on partait pour France Télé, les interviews.
00:27:53Mais il dit, par contre, il faut rendre la chambre.
00:27:54Je dis, mais là, notre chambre, elle est en bordel.
00:27:56Ce n'est pas possible.
00:27:57Et voilà, c'est ces petites anecdotes-là où je réveille les copains.
00:27:59Et je leur dis, là, les gars, il faut ranger.
00:28:01Il faut récupérer nos affaires.
00:28:02Et ensuite, on fait la journée média.
00:28:03Et voilà, c'est des petits souvenirs comme ça.
00:28:05C'est super, ces moments de vie comme ça.
00:28:06Mais c'est vrai que ça ne doit pas être facile à gérer.
00:28:07Je me mets un peu à votre place.
00:28:08Mais quand, par exemple, tu as les judokas qui reviennent après au village,
00:28:11est-ce que toi ou des autres gars de l'équipe,
00:28:14vous allez leur poser des questions sur comment c'était ?
00:28:16Tu vois l'ambiance, le truc ?
00:28:17Ou tu restes vraiment dans ta bulle et tu dis, je verrai de moi-même ?
00:28:19Non, mais on les félicite.
00:28:20On partage leurs joies.
00:28:21N'essaye pas un peu de prendre des infos de comment tu as géré l'ambiance.
00:28:27Non, en fait, là, c'est un peu…
00:28:31Mais vraiment, il y a ce truc.
00:28:32Quand j'ai mis les pieds au village,
00:28:34j'ai dit, c'est déjà écrit.
00:28:36J'ai fait ce que j'avais à faire.
00:28:38Maintenant, je lâche prise et on verra ce qui se passe.
00:28:40C'est cool de pouvoir agir comme ça.
00:28:42De toute façon, ce ne sont pas mes trois jours avant les Jeux qui vont changer.
00:28:45C'est clair.
00:28:46Après, il y a toujours des choses qu'on ne maîtrise pas,
00:28:49mais on s'adapte après.
00:28:50On se fait confiance dans sa capacité d'adaptation.
00:28:52Mais le travail, il avait été fait avant.
00:28:54Moi, je profitais vraiment.
00:28:55Je profitais en étant sérieux, mais je profitais à fond.
00:28:57C'est cool.
00:28:58Tu parles de Flash.
00:28:59Il y a une chose, je me dis que tu dois bien te rappeler, évidemment.
00:29:02C'est le Grand Palais.
00:29:03C'est un cadre magnifique.
00:29:04Quelques mois avant les Jeux, Maxime et Ouzan étaient venus te rendre visite
00:29:07dans les Pépites de Maxou diffusées sur Sport en France.
00:29:09Tu avais dit ça.
00:29:10On va regarder.
00:29:15Si je perds, ils niquent mon plaisir.
00:29:18Parce que j'ai envie de continuer à tirer toute la journée dans cette salle.
00:29:21C'est cette mentalité-là que j'ai envie d'avoir.
00:29:23Que ce soit en LV, que ce soit par équipe.
00:29:25C'est de se dire que c'est tellement un plaisir.
00:29:27On a tellement travaillé pour tirer une compétition au Grand Palais
00:29:30aux Jeux Olympiques à Paris.
00:29:31Je veux que ça s'arrête le plus tard possible avec la plus belle des médailles.
00:29:34Mon premier adversaire, je veux juste survivre.
00:29:37Après, il y en aura un autre.
00:29:38Je ne veux pas que ça t'arrête mon plaisir.
00:29:40C'est énorme.
00:29:41C'est hyper cool.
00:29:42Sur le papier.
00:29:43Après, le jour J, t'es là, t'arrives.
00:29:45Je ne sais pas comment ça va se passer.
00:29:47En tout cas, c'est ça que j'ai envie de mettre en place.
00:29:50C'est sur l'attitude que je vais me concentrer avant tout.
00:29:56On voit la tête d'après-entraînement.
00:29:58Je suis marqué et j'étais content.
00:30:01Il n'y avait pas de maquillage.
00:30:02J'avais dit que je voulais qu'on me voit comme ça
00:30:03parce que c'est la vraie tête après l'entraînement.
00:30:05Je suis un peu déphasé.
00:30:06Il est intéressant cet extrait parce que tu précises bien
00:30:09que c'est sur le papier.
00:30:10On verra comment ça se passe pendant les Jeux.
00:30:12Est-ce qu'avec un peu de recul, t'as réussi à l'appliquer ?
00:30:14T'as réussi à arriver sur la piste avec cet état d'esprit ?
00:30:17Oui.
00:30:18Je perds une touche en quarts de finale.
00:30:20À une touche près, je suis en demi.
00:30:22J'ai trois heures de pause.
00:30:23Je ne sais pas.
00:30:24Je suis là en train de raconter mon titre de champion olympique individuel.
00:30:26Avec Dessy, on refait le monde.
00:30:27Notre sport ne joue vraiment à pas grand-chose.
00:30:29Je n'ai aucun regret sur l'attitude que j'ai eue,
00:30:32sur le courage que j'ai eu d'assumer
00:30:34qui j'étais en tant qu'escrimeur ce jour-là.
00:30:36Ça ne joue à pas grand-chose.
00:30:37Il y a des facteurs internes, des facteurs externes.
00:30:39C'est le sport.
00:30:40Et ça, c'était une stratégie, un mindset
00:30:43que tu t'étais imposé à toi-même
00:30:45ou c'est ton préparateur, ta préparatrice mentale
00:30:47qui t'avait donné un peu l'idée ?
00:30:49J'ai travaillé.
00:30:52On a fait une petite pause après les Jeux.
00:30:54On s'est laissé tranquille.
00:30:55Ça doit faire six ans que je travaille avec Anaël Malherbe
00:30:58qui est préparatrice mentale à l'INSEP,
00:31:00qui a été notamment préparatrice mentale pour la Coupe Davis.
00:31:03Je crois que c'est quand il gagne avec Yannick Noah.
00:31:07Pendant six ans, on a travaillé plein de choses ensemble.
00:31:09L'une des choses qu'on travaille dans le sport,
00:31:12c'est se concentrer sur ce qu'on maîtrise.
00:31:15C'est le stoïsme de base,
00:31:17mais c'est vraiment ce que je maîtrise.
00:31:19Quand je suis sur la piche,
00:31:20je ne vais pas maîtriser ce que fait l'adversaire.
00:31:21Je ne vais pas maîtriser l'interprétation de l'arbitre.
00:31:23Je vais encore moins maîtriser le public.
00:31:24En fait, je ne vais même pas maîtriser ce que j'arrive à faire
00:31:27parce qu'il y a des jours où ça sort et des jours où ça ne sort pas.
00:31:29Par contre, je peux maîtriser mon attitude.
00:31:30Quelle attitude je vais avoir sur la piste ?
00:31:32Comment je vais m'engager ?
00:31:34Comment je vais assumer ce que je fais ?
00:31:36Il en reste après.
00:31:37Il y a des choses que je ne maîtrise pas.
00:31:38On a reçu Manon Apiti Brunet, championne olympique,
00:31:41sur ce plateau.
00:31:42Je lui ai demandé à quoi on pensait
00:31:43quand on descend les marges du Grand Palais.
00:31:45Elle m'a dit à ne pas tomber.
00:31:46Il y a un peu de ça, c'est vrai.
00:31:47Toi, tu pensais à quoi, Maxime ?
00:31:48Quand j'ai descendu les marges du Grand Palais,
00:31:50je me suis dit profite.
00:31:51Encore une fois, dans ce truc de profiter.
00:31:56En fait, quand j'ai fait ça avec les copains,
00:31:59on s'était dit, au moins déjà, on aura fait ça
00:32:01parce qu'il fallait arriver jusqu'en demi.
00:32:03Si on perd en quart, en individuel, j'ai perdu en quart.
00:32:05Je n'ai pas vécu les grandes marches.
00:32:07L'arrivée sur les grandes marches,
00:32:08l'arrivée royale presque.
00:32:10Elle était trop classe.
00:32:11C'était magnifique.
00:32:12Avant de le faire,
00:32:13parce qu'on se raconte aussi des conneries
00:32:14pour se détendre avant d'y aller,
00:32:17malgré l'enjeu,
00:32:18on se disait, au moins, on va vivre ça.
00:32:20Et l'autre truc qu'on se disait,
00:32:21c'est après, la prochaine étape,
00:32:22c'est si on fait bien les deux bons,
00:32:23on va vivre le Club France avec le côté festif.
00:32:25Je me rappelle, encore, je profite des marches
00:32:27parce que je suis très tendu.
00:32:29Et c'est quand on arrive sur la piste podium,
00:32:32je marche, je suis très concentré,
00:32:33je suis très stressé.
00:32:34Il y a un bruit de malade.
00:32:36Je crois que c'est Enzo qui me fait comme ça.
00:32:38Il me fait, Max, Max, regarde le tifo.
00:32:40Comme un enfant.
00:32:41Du coup, je regarde
00:32:42et on voit un énorme tifo avec nos têtes, le bruit.
00:32:44Et là, c'est à ce moment-là que je me suis dit,
00:32:45en fait, j'ai pas envie de perdre.
00:32:46Franchement, ça m'a vraiment mis le...
00:32:48Parce que les Américains,
00:32:49on ne les avait pas battus depuis cinq ans.
00:32:50Donc, c'était compliqué.
00:32:51Et là, vraiment, je me suis dit,
00:32:52là, avec ce bruit-là, cette tendance-là,
00:32:54ça me ferait chier de perdre
00:32:55et ça m'a motivé de fou.
00:32:57Et c'est énorme d'avoir réussi
00:32:58à kiffer autant l'événement
00:32:59et en même temps, performer.
00:33:00Parce qu'on va parler du par équipe.
00:33:02Je voudrais quand même revenir avec toi
00:33:03sur l'individuel et ce huitième de finale.
00:33:05Je suppose que tu en as énormément parlé.
00:33:07C'était un truc de dingue.
00:33:08Je me rappelle l'avoir regardé.
00:33:09Tu vois, entre deux interviews,
00:33:10l'avoir regardé, ça, c'était complètement fou.
00:33:12Contre l'Italien Tommaso Marini,
00:33:13numéro un mondial, champion d'Europe...
00:33:15Oui, champion d'Europe en titre,
00:33:16champion du monde en titre,
00:33:17qui était grandissime favori de ses Jeux.
00:33:19Ça démarre très, très mal pour toi.
00:33:21T'es mené 10-2.
00:33:22Ouais, 9-2, 10-3, je crois.
00:33:24Un truc comme ça, ouais.
00:33:25Voilà, enfin...
00:33:26Ouais, ouais, ouais, ouais.
00:33:27Justement, à ce moment-là, tu penses à quoi ?
00:33:28Tu te dis, c'est un peu le vide,
00:33:30la peur de décevoir,
00:33:32de passer complètement à côté ?
00:33:33Déjà, j'en ai rien à faire du public,
00:33:35dans le bon sens.
00:33:36C'est-à-dire que je ne suis pas en train de me dire,
00:33:38je prends une rouste devant tout le monde.
00:33:40Ok.
00:33:41C'est juste toi et toi-même.
00:33:42Ouais, c'est moi et moi-même.
00:33:43Et en fait, c'est là où je parle de l'entraînement.
00:33:45C'est que pendant 4 mois à l'entraînement,
00:33:48j'étais...
00:33:49Parce qu'il y a des jours meilleurs que d'autres.
00:33:51Il y a des bonnes séances,
00:33:52il y a des mauvaises séances.
00:33:53Il y a des bons matchs, il y a des mauvais matchs.
00:33:55Et en fait, j'avais réussi à avoir ce mindset
00:33:58de la prochaine touche.
00:34:00D'accord.
00:34:01Une après l'autre.
00:34:02Une après l'autre.
00:34:03Le score, la prochaine touche, la prochaine touche.
00:34:05Et donc, en fait, je suis mené 9-2, 9-3.
00:34:07Et là, je me dis, il faut que je change de tactique
00:34:09parce que là, je prends une rouste.
00:34:11Je change de tactique, mais en me disant,
00:34:13déjà, je vais essayer de mettre la quatrième.
00:34:15Je mets la quatrième,
00:34:16déjà, je vais essayer de mettre la cinquième,
00:34:18et ainsi de suite.
00:34:19Et en fait, le goût du sang, entre guillemets,
00:34:21je le sens à 14-11.
00:34:22D'accord.
00:34:23Ou à 14-11, je me dis,
00:34:24ok, il lui en reste une à mettre.
00:34:26Mais moi, en fait, si j'en mets 4, je fais un truc.
00:34:29Et c'est à ce moment-là, en fait.
00:34:30Avant, j'étais que dans la touche.
00:34:31Là, je me dis, là, je peux lui faire mal.
00:34:33Et on voit que j'ai une détermination
00:34:34sur les quatre dernières qui est...
00:34:36Justement, pour moi,
00:34:38la plus grande vertu, c'est le courage.
00:34:41Et à ce moment-là, en fait,
00:34:42je suis concentré sur soit courageux sur la douzième,
00:34:44soit courageux sur la treizième,
00:34:45soit courageux et ainsi de suite.
00:34:46Et tu le sens dans son attitude,
00:34:48dans sa façon de bouger,
00:34:50qui se décompose un peu,
00:34:51que tu prends l'ascendant sur lui ?
00:34:52Oui, je le sens.
00:34:53En fait, il y a un truc aussi,
00:34:55c'est qu'il demande des juges de main.
00:34:57C'est parce que pour des fautes de combat,
00:34:58je crois qu'il y a 5-1 ou 6-2 pour lui.
00:35:01On est dans ces eaux-là.
00:35:02Et je me rappelle qu'il demande les juges de main.
00:35:03Donc, en escrime,
00:35:04il y a quatre pistes qui tirent en même temps.
00:35:06Et en même temps que moi,
00:35:07il y avait Enzo, justement, qui tirait.
00:35:08Donc, le public était un peu partagé.
00:35:10Et il demande les juges de main.
00:35:11Au jeu, c'est assez rare.
00:35:12Il y a la vidéo, il y a de l'espace.
00:35:14Donc, les juges de main,
00:35:15ils sont en train de bouffer à la cafété
00:35:16ou je ne sais pas ce qu'ils font.
00:35:17Ça met du temps.
00:35:18Et je me rappelle me dire,
00:35:19tu es en train de faire une connerie
00:35:28Il se prenait une énergie de fou.
00:35:31Et presque à la fin,
00:35:32bien sûr, il aurait préféré gagner.
00:35:34Mais dans tous les cas,
00:35:35quand le match est fini,
00:35:36j'ai vu un soulagement presque en lui
00:35:38que le match s'arrête.
00:35:39Il aurait préféré mettre la dernière, je pense.
00:35:41Mais je sentais qu'à un moment,
00:35:42il en avait marre d'être sur la piste presque.
00:35:44Tu t'imposes 15-14.
00:35:46Tu peux me décrire un peu cette ultime touche-là ?
00:35:48Il se passe quoi dans ta tête ?
00:35:49Est-ce que tu ne penses plus à rien ?
00:35:51Tu es juste focalisé sur la touche ?
00:35:53Ou alors, il y a plein de pensées qui s'entrenaient ?
00:35:55Je m'en souviens très bien de cette touche
00:35:57parce que je ne pense qu'à l'escrime.
00:35:59Donc je peux dire,
00:36:00même si ça ne va pas forcément aider les gens,
00:36:01je sais que je rentre en faisant des petites marches
00:36:04de manière très agressive.
00:36:06Ma thématique, c'est je ne bouge pas ma main.
00:36:08S'il m'attaque, je fais une parade riposte.
00:36:10S'il recule, j'envoie tout.
00:36:13Et c'est ça qui se passe,
00:36:14c'est que je rentre petit,
00:36:15il se bloque, il hésite.
00:36:16Et là, j'envoie.
00:36:17Et avec ma vitesse, j'envoie tout.
00:36:19C'est sympa que tu t'expliques ça comme ça
00:36:21parce que nous, d'un regard extérieur,
00:36:23on a toujours la sensation,
00:36:24quand tu es sur une piste avec un grand palais rempli,
00:36:26à qui à ta cause,
00:36:27que tu es porté par le public,
00:36:28que c'est un peu grâce au public aussi
00:36:30que tu arrives à revenir et à t'imposer.
00:36:32Mais quand je t'entends parler,
00:36:33alors le public t'a soutenu évidemment
00:36:35et a joué un rôle.
00:36:36Mais tu ne pensais pas du tout au public.
00:36:38Tu es focus vraiment sur toi
00:36:39et limite, tu ne l'entends pas.
00:36:40Non, je n'y pensais pas.
00:36:41Mais là où le public m'aide,
00:36:43c'est qu'en fait, on fait un sport
00:36:44où on crie beaucoup
00:36:45pour extérioriser l'énergie.
00:36:46Et en fait, comme le public crie énormément,
00:36:49déjà, ça a joué sur lui.
00:36:50Ça, j'en suis persuadé.
00:36:51Donc déjà, voilà.
00:36:52Et que moi, en fait,
00:36:53je n'avais pas besoin de crier
00:36:54parce que les gens criaient pour moi.
00:36:56Et donc, quand je mettais une touche,
00:36:57au fond de moi, il y avait une flamme
00:36:59et les gens criaient.
00:37:00C'est comme si j'avais crié aussi.
00:37:01Donc non, ça a joué.
00:37:02C'est juste qu'il y a un côté très sang-froid
00:37:05où je suis concentré.
00:37:06Je sens que ça brûle à l'intérieur,
00:37:08mais je suis concentré sur mes trucs.
00:37:09Et d'ailleurs, on voit sur la dernière,
00:37:11quand je la mets,
00:37:12en fait, je n'exulte pas
00:37:13parce que un, l'arbitre n'a pas déclaré encore.
00:37:15L'arbitre n'a pas déclaré encore.
00:37:16Il est obligé à 14h30 d'aller voir la vidéo.
00:37:17Donc il n'a pas déclaré ma victoire.
00:37:18Donc en fait, je suis toujours là
00:37:19en train de me dire si je dois y retourner.
00:37:20J'y retourne.
00:37:21Et puis en fait, dès qu'il annonce,
00:37:22j'ai le temps de me dire
00:37:23le prochain match, en fait,
00:37:24ce n'est pas fini.
00:37:25Et à ce moment-là,
00:37:26quand tu bats le numéro 1 mondial
00:37:27et grandissime favori de ces Jeux,
00:37:28tu te dis quoi ?
00:37:29Tu te dis OK,
00:37:30là, je suis capable de tout.
00:37:31Je ne peux pas aller vraiment loin.
00:37:32Je ne peux pas aller chercher l'or.
00:37:33Mais pour moi, avant,
00:37:34j'étais déjà capable de tout.
00:37:37Ça te redonne encore plus l'imité.
00:37:39Je suis à un match d'être dans les 4 déjà.
00:37:41Je suis très vite concentré dans le quart.
00:37:43Et le quart, il joue à 15-14.
00:37:45Il ne joue pas grand-chose non plus.
00:37:46Enfin voilà,
00:37:47j'aurais pu perdre d'une touche avant
00:37:48ou de dix touches même.
00:37:49Mais tu n'arrives pas trop
00:37:50à tomber dans l'euphorie
00:37:51après ce huitième de finale ?
00:37:52Non, je suis concentré tout de suite
00:37:54dans mon quart
00:37:55puisque le but, en plus, des Jeux,
00:37:57c'est…
00:37:58Moi, je n'y vais dans ma tête pas
00:37:59pour faire une médaille,
00:38:00j'y vais pour gagner.
00:38:01Donc en fait, je suis juste en quart,
00:38:02entre guillemets.
00:38:04Ça a dû être dur, en plus,
00:38:06de vivre l'extase,
00:38:08vraiment la joie
00:38:09de mettre cette dernière touche
00:38:10face à l'Italien
00:38:11et puis de perdre
00:38:12à la dernière touche
00:38:13face au Japonais,
00:38:14Kazuki Nimura.
00:38:15En plus, c'est un peu…
00:38:16Le scénario est un peu différent
00:38:17mais tu es quand même mené
00:38:18au début de l'assaut,
00:38:19tu reviens
00:38:20et ça ne joue à rien.
00:38:22Je sais qu'il y a une décision arbitrale
00:38:23un peu controversée
00:38:24où ça t'agace un peu.
00:38:26Mais voilà,
00:38:27ça a dû être dur à encaisser,
00:38:29de se dire
00:38:30j'aurais pu faire deux fois
00:38:31un truc de dingue
00:38:32et me hisser en demi-finale
00:38:34et finalement,
00:38:35ça passe à quelques centimètres.
00:38:37Avec des siens,
00:38:38on refait le monde.
00:38:39Non, mais en fait,
00:38:40le truc de l'arbitrage,
00:38:41c'est qu'il y a une touche,
00:38:43du coup,
00:38:44il y a beaucoup de préalés.
00:38:45Moi, j'ai un jeu très agressif
00:38:46et le Japonais,
00:38:47il n'avait pas envie
00:38:48de subir non plus
00:38:49parce que c'est un peu
00:38:50celui qu'attaquait
00:38:51qui touchait.
00:38:52Je suis mené 14-10
00:38:53et je commence une remontée.
00:38:54Je reviens jusqu'à 14.
00:38:55Et en fait,
00:38:56à 14-12 pour lui,
00:38:57il y a une touche
00:38:58où l'arbitre remet en garde
00:38:59au préalé
00:39:00parce que je suis sûr
00:39:01qu'elle est pour moi.
00:39:02Il hésite,
00:39:03mais il ne me la donne pas.
00:39:04Et cette touche
00:39:05qu'il ne me donne pas,
00:39:06en fait,
00:39:07elle change un tout petit peu
00:39:08ma façon de faire mon préalé
00:39:09après.
00:39:10Et la dernière touche,
00:39:11en fait,
00:39:12entre guillemets,
00:39:13pas l'erreur que je fais,
00:39:14mais ce que je veux amener,
00:39:15en fait,
00:39:16si j'avais respecté le plan
00:39:17que j'avais mis à 14-12,
00:39:18j'aurais sûrement mis la touche.
00:39:19Mais du coup,
00:39:20j'ai dû changer ma tactique
00:39:21par rapport à la décision
00:39:22d'arbitrage avant.
00:39:23Mais c'est aussi
00:39:24ce qui est passionnant
00:39:25dans notre sport,
00:39:26avec l'adversaire
00:39:27mais aussi avec l'arbitre
00:39:28parce que c'est un sport
00:39:29d'interprétation.
00:39:30Donc je ne lui en veux pas,
00:39:31c'est frustrant,
00:39:32mais c'est le jeu.
00:39:33Lui, il fait de son mieux
00:39:34comme moi,
00:39:35je fais de mon mieux
00:39:36sur la piste.
00:39:37Mais voilà,
00:39:38ça ne se joue à pas grand-chose.
00:39:39De toute façon,
00:39:40j'ai passé l'âge
00:39:41de refaire l'histoire.
00:39:42Non, mais c'est super
00:39:43de réagir comme ça
00:39:44et d'avoir cette lucidité
00:39:45aussi de te dire
00:39:46que c'est vrai
00:39:47qu'avec Dessy,
00:39:48on refait le monde
00:39:49et ça s'est passé
00:39:50comme ça s'est passé.
00:39:51Après, bon,
00:39:53tu revisionnes
00:39:54ou tu ne regardes pas ?
00:39:55Non, non, non.
00:39:56Tu ne peux pas le regarder ?
00:39:57Non, non, non.
00:39:58Mais j'ai...
00:39:59Après, c'est ma personnalité
00:40:00mais moi, le soir,
00:40:01j'ai dit merci aussi
00:40:02parce que j'ai vécu
00:40:03mes jeux pleinement.
00:40:04J'aurais voulu faire une médaille
00:40:05mais à Tokyo,
00:40:06je me suis pointé
00:40:07au premier tour.
00:40:08J'ai pris 15-6
00:40:09à 4h du mat
00:40:10sur France Télé en France
00:40:11sans public.
00:40:12Là, t'as fait vibrer
00:40:13tout le monde.
00:40:14Oui, oui, mais moi,
00:40:15j'ai vibré aussi.
00:40:16Et je sors de là
00:40:17vraiment en me disant
00:40:18merci, j'ai vécu mes jeux
00:40:19en Inde.
00:40:20Et j'ai dit merci
00:40:21pour ce que j'ai eu
00:40:22et j'aurais aimé plus
00:40:23mais peut-être
00:40:24que j'y retournerais,
00:40:25peut-être pas.
00:40:26Mais en tout cas,
00:40:27j'étais tellement reconnaissant
00:40:28de ce que j'avais vécu aussi.
00:40:29Moi, c'est ma mentalité.
00:40:30Mais c'est super.
00:40:31Je pense que c'est la mentalité
00:40:32qu'il faut avoir
00:40:33de toute façon.
00:40:34Non, mais là, par exemple,
00:40:35tu fais une bonne interview,
00:40:36c'est sympa,
00:40:37je vais descendre dans la rue,
00:40:38je vais croiser quelqu'un
00:40:39qui vit dans la rue
00:40:40sur un matelas.
00:40:41Enfin, je ne sais pas,
00:40:42je n'ai pas le droit
00:40:43de me plaindre.
00:40:44C'est ma conception.
00:40:45Je vois ce que tu veux dire
00:40:47à conserver de ce parcours
00:40:48en individuel.
00:40:49Il y a une petite séquence
00:40:50que je voudrais qu'on regarde
00:40:51qui est assez sympa.
00:40:52Je te poserai
00:40:53quelques questions dessus ensuite.
00:40:54Mais Enzo Lefort
00:40:55qui se fait aussi éliminer
00:40:56en quart sur un scénario similaire
00:40:57sur La Dernière Touche,
00:40:58vous vous retrouvez
00:40:59tous les deux
00:41:00dans la chambre.
00:41:01Il est 23h30 minuit
00:41:02et il se passe ça.
00:41:03Regardez.
00:41:09Tu as du mal à dormir ?
00:41:12Je veux finir mon muffin.
00:41:13Moi, je n'aime pas
00:41:14manger dans la chambre.
00:41:16Il est minuit.
00:41:17Minuit.
00:41:1823h30.
00:41:19Voilà.
00:41:20Les deux ont perdu en quart
00:41:21des jeux.
00:41:23Et bonne nuit.
00:41:25La bise.
00:41:26La bise.
00:41:27Je trouve ça génial
00:41:28cette petite vidéo.
00:41:29Vous ne dites pas grand-chose
00:41:30mais déjà je trouve ça génial
00:41:31que tu montres ça
00:41:32sur tes réseaux.
00:41:33C'est assez rare
00:41:34d'avoir des athlètes
00:41:35qui montrent aussi
00:41:36les moments un peu de dépris.
00:41:37Mais on sent un peu de dépris
00:41:38mais en même temps
00:41:39on sent un peu de...
00:41:40Vous êtes quand même fier
00:41:41de ce que vous avez fait.
00:41:42Ça ne se joue à rien
00:41:43mais en même temps
00:41:44on est un peu triste
00:41:45et c'est un peu bizarre
00:41:46comme sentiment.
00:41:47En fait, c'était
00:41:48une vidéo zapping
00:41:49que j'avais faite
00:41:50pour la nouvelle année.
00:41:51Pour résumer l'année 2004,
00:41:53j'ai fait mon zapping
00:41:54des jeux,
00:41:55des images
00:41:56que je n'avais pas montrées.
00:41:57Et en fait,
00:41:58il y a plein d'images
00:41:59très drôles,
00:42:00il y a plein d'images
00:42:01très festives
00:42:02et pourtant,
00:42:03c'est mon image préférée
00:42:04parce qu'elle montre
00:42:05un vrai moment.
00:42:06Justement,
00:42:07quand je l'ai filmé,
00:42:08je me suis dit
00:42:09au moins,
00:42:10je m'en souviendrai
00:42:11de ce truc.
00:42:12Et c'est la simplicité
00:42:13du truc.
00:42:14La vie continue.
00:42:15Oui, c'est ça.
00:42:16Et je me rappelle,
00:42:17c'était au championnat d'Europe,
00:42:18pas cette année-là,
00:42:19l'année d'avant,
00:42:20il y avait une sabreuse
00:42:21qui avait perdu
00:42:22et moi,
00:42:23je crois que j'avais perdu,
00:42:24je ne sais plus.
00:42:25Enfin, moi,
00:42:26j'avais pris une rouste.
00:42:27Et elle me dit
00:42:28mais comment tu fais
00:42:29pour…
00:42:30On était le soir,
00:42:31comment tu fais
00:42:32pour passer à autre chose
00:42:33et tout ?
00:42:34Je lui dis
00:42:35mais est-ce que j'ai le choix en fait ?
00:42:36La vie, elle continue
00:42:37et ça,
00:42:38c'est quelque chose
00:42:39avec Enzo,
00:42:40même avec Julien et Shasta
00:42:41qui sont aussi très comme ça
00:42:42où on a ce côté
00:42:43où on peut,
00:42:44encore une fois,
00:42:45se contrôler sur ce qu'on maîtrise.
00:42:46Une fois qu'on a perdu,
00:42:47on a perdu
00:42:48et la vie, elle continue.
00:42:49Et je voulais montrer ce moment-là
00:42:50où, oui,
00:42:51on ne faisait pas des galipettes
00:42:52dans la chambre
00:42:53mais en vrai…
00:42:54Et dans ta voix,
00:42:55on sent quand même
00:42:56que ce n'est pas…
00:42:57Tu n'es pas complètement abîmé non plus.
00:42:58On en rit.
00:42:59Oui, il y a un petit sourire.
00:43:00Oui, on en rit.
00:43:01En fait,
00:43:02on n'a pas eu de casque 14
00:43:03dans la carte finale.
00:43:04On s'est préparé pendant 3 ans
00:43:05mais la vie est belle
00:43:06et on espère aller faire
00:43:07à ce moment-là
00:43:08quelque chose par équipe
00:43:10parce que ça permet en plus
00:43:11de switcher,
00:43:12de se remobiliser
00:43:13beaucoup plus facilement
00:43:14par équipe, je suppose.
00:43:15Oui, il y a eu…
00:43:16En fait,
00:43:17on avait fait notre playbook,
00:43:18notre plan de jeu
00:43:19avec le coach,
00:43:20Aymeric Clot
00:43:21et la préparatrice montable
00:43:22justement
00:43:23quelques mois avant.
00:43:24On avait des deals
00:43:25et le deal,
00:43:26c'était après l'individuel,
00:43:27on a 36 heures à nous.
00:43:28D'accord.
00:43:29Donc, en gros,
00:43:30typiquement,
00:43:31Julien Mertine,
00:43:32il retournait dormir
00:43:33chez lui avec ses enfants,
00:43:34sa femme.
00:43:35D'accord, c'est génial ça.
00:43:36Voilà.
00:43:37Tu fais quoi toi ?
00:43:38Je n'ai jamais dormi.
00:43:39Je suis allé déjeuner
00:43:40et dîner chez moi
00:43:41avec ma conjointe,
00:43:42mais je n'ai pas voulu dormir,
00:43:43j'ai voulu rester dans le…
00:43:44D'accord,
00:43:45pour rester un peu dans le jeu.
00:43:46Voilà.
00:43:47Enzo a fait pareil,
00:43:48il est retourné voir
00:43:49sa famille,
00:43:50Shasta aussi.
00:43:51Et en fait,
00:43:52nous, on s'est retrouvés
00:43:53le soir même
00:43:54qui est le lendemain de ça
00:43:55et Julien,
00:43:56on l'a retrouvé
00:43:5736 heures après.
00:43:58C'était un peu le truc,
00:43:59chacun vivait son deuil
00:44:00comme il voulait.
00:44:01Je crois que
00:44:02Shasta et Enzo,
00:44:03ils sont allés faire
00:44:04les cakes
00:44:05chez le coiffeur après
00:44:06ou un truc comme ça
00:44:07et puis on a chacun
00:44:08vécu nos trucs.
00:44:09C'est trop bien
00:44:10d'avoir pris un peu de temps
00:44:11aussi pour vous,
00:44:12vous ressourcer,
00:44:13repartir avec d'autres bases,
00:44:14d'autres intentions.
00:44:15C'est ça.
00:44:16Et les coachs,
00:44:17on ne les a pas vus
00:44:18pendant 36 heures,
00:44:19c'était le deal.
00:44:20C'était le deal
00:44:21pendant 36 heures.
00:44:22Chacun vit sa vie,
00:44:23on fait le deuil
00:44:24qu'on ait gagné
00:44:25ou qu'on ait perdu d'ailleurs
00:44:26et on passe à autre chose.
00:44:27C'est vrai que dans la vie
00:44:28d'un athlète de haut niveau,
00:44:29souvent faire le deuil,
00:44:30ça prend du temps.
00:44:31Vous, vous êtes obligé
00:44:32de faire le deuil
00:44:33ultra rapidement.
00:44:34Oui,
00:44:35et de pouvoir se dire
00:44:36j'ai une autre chance
00:44:37dans cinq jours.
00:44:38Moi, c'est comme ça
00:44:39que je le vis en fait.
00:44:40Chaque fois qu'il y a
00:44:41les équipes,
00:44:42je me dis
00:44:43j'ai quand même de la chance.
00:44:44Quand ça se passe bien,
00:44:45on se dit on a envie
00:44:46de continuer le plaisir
00:44:47et quand ça se passe mal,
00:44:48en fait j'ai trop de chance,
00:44:49j'ai une autre chance.
00:44:50Alors là,
00:44:51il ne faut pas se planter
00:44:52par contre pour le paréquipe.
00:44:53On va afficher d'ailleurs,
00:44:54on a fait un petit visuel
00:44:55avec votre parcours
00:44:56pendant le paréquipe.
00:44:57Il y a eu trois matchs,
00:44:58ce quart de finale
00:44:59contre la Chine,
00:45:00vous vous imposez 45-35
00:45:01mais le quart de finale,
00:45:03si tu gagnes par contre,
00:45:04ça donne deux possibilités
00:45:05finalement derrière
00:45:06de décrocher une médaille.
00:45:07Nous, ça va très vite,
00:45:08il n'y a que huit équipes qualifiées.
00:45:09En effet, la boule au ventre
00:45:10sur le quart,
00:45:11c'est le pire
00:45:12parce que là vraiment,
00:45:13c'est comme tu as dit,
00:45:14tu perds, tu fais le cake
00:45:15pendant deux matchs
00:45:16de classement au Grand Palais,
00:45:17c'est nul.
00:45:18C'est nul, c'est fini
00:45:19et par contre,
00:45:20tu gagnes,
00:45:21tu sais que tu n'as que
00:45:22des matchs à enjeu
00:45:23et en plus les Chinois
00:45:24nous avaient battus
00:45:25en quart de finale
00:45:26des champions du monde
00:45:27l'année d'avant
00:45:28et ils avaient fait
00:45:29vice champion du monde.
00:45:33Tu commences en plus, non ?
00:45:34Oui, la pression est énorme
00:45:36parce que là,
00:45:37je sais que si je prends une rousse
00:45:38sur le premier relais,
00:45:39on va courir après le score.
00:45:40Pour moi,
00:45:41je me rappelle rentrer
00:45:42et me dire
00:45:43le premier relais
00:45:44que tu es en train de faire,
00:45:45il est peut-être plus important
00:45:46que le dernier
00:45:47et je pense que
00:45:48le dernier relais
00:45:49est toujours plus important
00:45:50parce que si on ne met pas
00:45:51la dernière touche,
00:45:52on ne peut pas gagner
00:45:53mais je crois qu'Enzo
00:45:54a plus 10 sur le dernier relais
00:45:55donc il a de la pression
00:45:56mais le premier relais,
00:45:57tu es à 0-0
00:45:58et si tu perds 5-1, 5-2,
00:45:59les copains doivent
00:46:00rattraper le score.
00:46:01Mais la personne en face,
00:46:02elle est en confiance
00:46:03et ça change tout
00:46:04et c'est exactement
00:46:05ce qui se passe sur la demi
00:46:06sur les japonais.
00:46:07Je perds 5-3,
00:46:08je crois,
00:46:09le premier relais
00:46:10et en fait,
00:46:11on n'arrive jamais
00:46:12à recoller,
00:46:13à se relever.
00:46:14Donc du coup,
00:46:15le quart de finale,
00:46:16c'est peut-être
00:46:17le moment le plus dur.
00:46:18C'est que la peur de perdre.
00:46:19Ce n'est pas le plus dur
00:46:20parce que tu fais 4e,
00:46:21c'est horrible aussi
00:46:22mais pour revenir
00:46:23sur ce que j'avais dit
00:46:24à Maxime
00:46:25dans les Pépites de Maxfou,
00:46:26dans une séquence
00:46:27où on fait 4e,
00:46:28au moins on a
00:46:29pris du plaisir
00:46:30jusqu'à la fin
00:46:31alors que là,
00:46:32si tu perds en quart,
00:46:33tu ne prends plus de plaisir
00:46:34et tu refais deux matchs.
00:46:35Donc là,
00:46:36le terme que j'avais utilisé,
00:46:37il nique mon plaisir.
00:46:38Là, c'est vraiment en quart,
00:46:39je n'ai pas envie
00:46:40que mon plaisir soit perdu.
00:46:41Tu m'étonnes.
00:46:42Mais non,
00:46:43du coup,
00:46:44ton plaisir n'a pas été niqué
00:46:45comme tu le dis
00:46:46puisque vous vous qualifiez
00:46:47en demi face aux japonais,
00:46:48une défaite.
00:46:49Ce qui est assez intéressant,
00:46:50c'est que tu parlais
00:46:51tout à l'heure
00:46:52de Tokyo,
00:46:53de ce sacre olympique
00:46:54par équipe
00:46:55avec Erwann Lepechou
00:46:56qui est coach
00:46:57de cette équipe
00:46:58japonaise
00:46:59qui est allée au bout
00:47:00en plus
00:47:01et qui a décroché
00:47:02la médaille d'or.
00:47:03Erwann qui s'était porté
00:47:04candidat
00:47:05pour devenir coach
00:47:06de votre équipe.
00:47:07La FED
00:47:08n'avait pas vraiment accepté,
00:47:09avait jugé qu'il était
00:47:10peut-être un peu
00:47:11trop inexpérimenté.
00:47:12Est-ce que vous vous êtes
00:47:13consultés dans ces moments-là
00:47:14vous les athlètes
00:47:15ou pas du tout ?
00:47:16Non, si on en parle.
00:47:17Après avec Erwann,
00:47:18on est très proches.
00:47:19Maintenant,
00:47:20on est liés à la vie aussi.
00:47:21Je sais quand est-ce
00:47:22qu'il...
00:47:23Enfin,
00:47:24pas toujours dans les détails
00:47:25mais en gros,
00:47:26quand il est contacté
00:47:28pourquoi il reste,
00:47:29pourquoi il ne reste pas.
00:47:30C'est surtout qu'on en parle
00:47:31après.
00:47:32Mais vous n'avez pas un pouvoir
00:47:33disons que si vous dites
00:47:34tous...
00:47:35Non, parce que
00:47:36je vais dire très clairement
00:47:37le nerf de la guerre
00:47:38comme dans
00:47:39beaucoup de sports
00:47:40mais encore plus
00:47:41dans un sport comme
00:47:42les scrims,
00:47:43c'est aussi l'argent.
00:47:44C'est aussi que
00:47:45aujourd'hui,
00:47:46je n'ai pas les sommes
00:47:47mais je pense que
00:47:48l'entraîneur chef
00:47:49au Japon,
00:47:50il gagne
00:47:513 à 4 fois plus
00:47:52que l'entraîneur français.
00:47:53Alors Erwann,
00:47:54il n'était pas chef
00:47:56je ne sais pas ses contrats
00:47:57exactement
00:47:58mais je sais que
00:47:59financièrement,
00:48:00c'est un moment,
00:48:01c'est...
00:48:02En France,
00:48:03il y a le poste qu'on propose
00:48:04mais il y a aussi
00:48:05le salaire qui va avec
00:48:06et qu'aujourd'hui,
00:48:07l'entraîneur du champion
00:48:08olympique individuel
00:48:09hongkongais,
00:48:10il est français.
00:48:11L'entraîneur principal
00:48:12du Japon,
00:48:13il est français.
00:48:14Erwann était
00:48:15son adjoint,
00:48:16on va dire,
00:48:17il est français.
00:48:18Les Français,
00:48:19ils s'exportent très bien
00:48:20parce qu'on a des
00:48:21super entraîneurs.
00:48:22Nous, on a la chance
00:48:23d'avoir gardé
00:48:24des coachs prisés,
00:48:25je dirais
00:48:26mais l'aspect financier,
00:48:27il est important
00:48:28et aujourd'hui,
00:48:29en France,
00:48:30le système français,
00:48:31ça allait un peu mieux
00:48:32avant les Jeux de Paris
00:48:33parce qu'il y avait aussi
00:48:34plus d'argent,
00:48:35il y avait des contrats
00:48:36un peu développés et tout
00:48:37mais c'est ça aussi
00:48:38le problème,
00:48:39c'est que le sport français
00:48:40ne paye pas très bien.
00:48:41Je pense que ça a fait
00:48:42la différence,
00:48:43Erwann,
00:48:44coach des Japonais,
00:48:45il vous connaît par cœur,
00:48:46vous êtes ses potes.
00:48:47Moi, non.
00:48:48Non ?
00:48:49Non, parce qu'ils nous
00:48:50connaissent par cœur,
00:48:51on les connaît par cœur,
00:48:52c'est tout le temps
00:48:53qu'on se connaît.
00:48:54Non, après,
00:48:55il a bien fait son travail,
00:48:56ils ont gagné
00:48:57son championnat.
00:48:58Et après,
00:48:59cette défaite ?
00:49:00Pardon,
00:49:01juste pour Erwann,
00:49:02parce que là,
00:49:03ça me fait penser à un truc.
00:49:04C'est piège
00:49:05parce que Erwann,
00:49:06à un moment,
00:49:07je suis sur le Japonais,
00:49:08je suis en train de faire
00:49:09une remontée un peu
00:49:10par équipe
00:49:11et je le vois sur le préallé
00:49:12et je le vois dire au Japonais
00:49:13arrête,
00:49:14arrête d'aller au préallé.
00:49:15Donc celle d'après,
00:49:16je me dis,
00:49:17le Japonais,
00:49:18il ne va pas aller au préallé,
00:49:19j'y vais plus gentiment
00:49:20et je me fais surprendre
00:49:21au préallé
00:49:22et c'est ce que je lui avais dit.
00:49:23Parfois,
00:49:24il ne faut pas se concentrer
00:49:25sur le quotidien.
00:49:26Donc après,
00:49:27tu perds en demi,
00:49:28tu prends une petite claque
00:49:29mais il y a encore
00:49:30moyen de faire une médaille.
00:49:31Entre la demi
00:49:32et le match pour le bronze
00:49:33face aux Etats-Unis,
00:49:34vous faites quoi ?
00:49:35Vous restez en groupe ?
00:49:36Vous allez chacun
00:49:37un peu de votre côté
00:49:38pour vous ressourcer
00:49:39et retrouver un peu de…
00:49:40On a quatre heures
00:49:41à peu près.
00:49:42Quatre heures.
00:49:43Moi,
00:49:44je suis resté très seul.
00:49:45Je pense que j'ai eu
00:49:46une heure et demie,
00:49:47deux heures
00:49:48où j'ai dû avoir
00:49:49les larmes aux yeux.
00:49:50J'étais encore
00:49:51à l'hôpital
00:49:52et après,
00:49:53j'ai eu deux heures
00:49:54où je me suis reboosté
00:49:55une heure
00:49:56et une heure
00:49:57après avec l'équipe.
00:49:58Chasta,
00:49:59il a vu la psy.
00:50:00Maximilien Chastaner.
00:50:01Je crois qu'il a vu la psy
00:50:02qui était avec nous.
00:50:03Julien Mertine,
00:50:04il était sorti
00:50:05donc il ne pouvait plus rentrer.
00:50:06Donc lui,
00:50:07il jouait le rôle
00:50:08un peu de grand frère
00:50:09qui nous laissait tranquille
00:50:10mais qui donnait la bonne énergie
00:50:11et qui demandait
00:50:12si on avait besoin
00:50:13de quelque chose.
00:50:14Et Enzo
00:50:15qui était un peu dans le dur
00:50:16sur la demi,
00:50:17il a fait l'échauffement
00:50:18de sa vie.
00:50:19Il s'est mis dans un état
00:50:20où il y avait Amir
00:50:21qu'on voit lever les bras.
00:50:22Là, ça c'est Amir.
00:50:23Et Amir lui a fait
00:50:24une leçon de psychopathe
00:50:25pendant une demi-heure.
00:50:26Il a fait plus d'escrime
00:50:27à la leçon
00:50:28que sur toute la compète réunie.
00:50:29Incroyable.
00:50:30Et je me rappelle
00:50:31qu'on a à peu près
00:50:32trois heures
00:50:33où chacun s'approprie le moment
00:50:34donc faire le deuil,
00:50:35se réchauffer,
00:50:36se préparer.
00:50:37Et après,
00:50:38la phase terminale,
00:50:39la dernière heure
00:50:40où on se réchauffe ensemble
00:50:41et après,
00:50:42on a les chambres d'appel et tout,
00:50:43je me rappelle avoir réuni les gars
00:50:44et leur avoir dit…
00:50:45Vraiment pendant trois heures
00:50:46presque,
00:50:48et le moment où on se reconnecte
00:50:49où on va se réchauffer ensemble,
00:50:50je me rappelle leur avoir dit
00:50:51maintenant,
00:50:52quoi qu'il se passe sur la piste,
00:50:53ça ne changera rien au fait
00:50:54qu'on s'aime,
00:50:55qu'on est amis,
00:50:56qu'on a vécu des super trucs
00:50:57et qu'on va vivre des super trucs ensemble.
00:50:58Et maintenant,
00:50:59on y va pour nous et pour kiffer
00:51:00et ça a marché apparemment.
00:51:01Ça a bien marché
00:51:02et puis il y a eu aussi
00:51:03un changement tactique énorme
00:51:04de la part d'Emerick Clot.
00:51:05Enzo Lefort
00:51:06qui était un peu en difficulté,
00:51:07qui est d'habitude fini,
00:51:08qui est finisseur.
00:51:09Là, c'est toi
00:51:10qui passes finisseur.
00:51:11Et la France à Emerick
00:51:12qui te le dit
00:51:13quelques heures avant ?
00:51:14On vient de perdre
00:51:15sur les Japonais
00:51:16donc on est à H-3h30
00:51:18je pense à peu près
00:51:19du match pour la 3ème place
00:51:21et en fait,
00:51:22il vient me voir,
00:51:23il me dit
00:51:24là je sens qu'Enzo
00:51:25est dans le dur
00:51:26et en plus de ça,
00:51:27le finisseur américain
00:51:28à Masialas,
00:51:29je pense que c'est
00:51:30le tireur qu'Enzo
00:51:31tire le moins bien au monde.
00:51:32C'est vraiment
00:51:33sa bêtement un peu.
00:51:34Il a déjà réussi
00:51:35des bons relais sur lui et tout
00:51:36mais déjà en individuel,
00:51:37il ne l'a jamais battu.
00:51:38La dernière fois
00:51:39qu'il l'a battu une fois,
00:51:40il ne l'a jamais battu
00:51:41et c'est vraiment
00:51:42un tireur compliqué pour lui.
00:51:43Enfin pour tout le monde
00:51:44mais particulièrement pour lui.
00:51:45Et donc en fait,
00:51:46Emerick vient me voir,
00:51:47il me dit
00:51:48tu le sens comment Masialas ?
00:51:49Là je comprends très bien
00:51:50où il veut en venir
00:51:51et je lui dis cette phrase.
00:51:52Tu t'y attends un peu ?
00:51:53Avant qu'il vienne te voir,
00:51:54tu t'y attends ?
00:51:55Non, pas du tout.
00:51:56Et quand il me dit
00:51:57tu me tires comment Masialas ?
00:51:58Là je comprends très bien
00:51:59et je lui réponds cette phrase.
00:52:00Je ne lui dis même pas
00:52:01je le tire bien,
00:52:02je lui dis
00:52:03je le tire mieux qu'Enzo.
00:52:04Comme ça,
00:52:05pas sous-entendu qu'Enzo
00:52:06est mauvais,
00:52:07je le tire mieux qu'Enzo,
00:52:08je lui dis
00:52:09je vais finir s'il faut finir.
00:52:12Et donc après,
00:52:13il est allé voir Enzo
00:52:14et il lui en a parlé.
00:52:15Enzo lui a dit
00:52:16ok, on fait ça.
00:52:17Il m'a dit
00:52:18tu as trois heures pour te préparer.
00:52:19Mais coaching gagnant
00:52:20parce qu'Enzo,
00:52:21ça l'a libéré aussi d'un poids.
00:52:22En fait,
00:52:23on avait besoin de son scoring
00:52:25et que moi,
00:52:26je prenne la responsabilité
00:52:27du finisseur
00:52:28parce que c'est un gros stress.
00:52:29Je rate mon premier relais
00:52:30sur les Etats-Unis,
00:52:31je perds 5-3
00:52:32mais franchement,
00:52:33je passe à côté
00:52:34je trouve dans mon escrime
00:52:35parce que je ne suis encore
00:52:36pas totalement tétanisé
00:52:37mais je suis très stressé
00:52:38et je suis déjà
00:52:39en train de penser
00:52:40au dernier relais.
00:52:41Il n'y a que le dernier relais
00:52:42qui m'obsède.
00:52:43Je me dis
00:52:44si on est à plus 2,
00:52:45plus 1,
00:52:46enfin je ne sais pas.
00:52:47Bref,
00:52:48le dernier relais m'obsède
00:52:49et j'ai l'impression
00:52:50que je passe à côté
00:52:51un peu de mon premier match.
00:52:52Ça revient après
00:52:53mais du coup,
00:52:54voilà,
00:52:55Enzo,
00:52:56ça l'a peut-être plus libéré
00:52:57et ça lui a permis
00:52:58de faire un 8-2
00:52:59sur les Américains
00:53:00son match pour la troisième place
00:53:01qui nous donne l'avance
00:53:02et qui après,
00:53:03on a fait le boulot.
00:53:04D'ailleurs,
00:53:05tu es avec tes copains.
00:53:06Tu te places comment ?
00:53:07Ça dépend des périodes.
00:53:08Je suis souvent
00:53:09en avance
00:53:10sur des matchs
00:53:11comme au charge-Mazard
00:53:12ou des trucs comme ça.
00:53:13Je viens un peu être le…
00:53:14Enfin, ça dépend aussi
00:53:15de la dynamique de l'équipe.
00:53:16Là, pour le Grand Palais,
00:53:17je ne disais rien.
00:53:18J'étais concentré sur moi.
00:53:19Il y a 8000 personnes
00:53:20qui crient.
00:53:21Je laisse les coachs,
00:53:22j'ai confiance au coach
00:53:23pour faire les infos.
00:53:24Le bruit, il est là
00:53:25donc en fait,
00:53:26je reste focus
00:53:27et encore plus
00:53:28le dernier, le finisseur.
00:53:29Ceux d'avant,
00:53:30quand ils finissent vraiment
00:53:31leur dernier relais,
00:53:32là, ils transmettent de l'énergie.
00:53:35Je ne tirais pas
00:53:36parce que j'étais remplaçant,
00:53:37j'étais sorti.
00:53:38Là, par contre,
00:53:39il n'y avait pas de spectateur
00:53:40donc il n'y avait que moi
00:53:41dans les tribunes qui criaient.
00:53:42Là, j'avais un rôle d'énergie.
00:53:43Là, quand je suis le finisseur,
00:53:44je ne parlais pas beaucoup,
00:53:45j'étais concentré,
00:53:46je restais dans ma bulle.
00:53:47Puis, il y a un finisseur
00:53:48placé dans un fauteuil
00:53:49parce que tu prends
00:53:50avec 10 touches d'avance
00:53:51mais ce n'est pas facile
00:53:52dans cette position
00:53:53parce que nous,
00:53:54on s'attend tous,
00:53:55on se dit c'est bon,
00:53:56il va finir tranquille.
00:53:57Par contre, si tu ne finis pas,
00:53:59Franchement,
00:54:01inconsciemment,
00:54:04mentalement,
00:54:05tu préfères être à 40-38 contre
00:54:06que presque 10.
00:54:08En effet, tu rentres,
00:54:09tu te dis
00:54:10je ne peux que gagner
00:54:11sinon je passe pour le clown.
00:54:12Ça te traverse l'esprit
00:54:13quand tu rentres ?
00:54:14Tu te dis
00:54:15je peux passer pour un con.
00:54:16Tu sais qu'il y a la pression
00:54:17que tout le monde
00:54:18commence à fêter le truc.
00:54:19Toi, tu te dis
00:54:20ce n'est pas fini,
00:54:21tu le répètes.
00:54:22C'est pour ça que je rentre
00:54:23dans le match
00:54:24où je lui mets les deux premières
00:54:25et je ne me dis pas
00:54:26je vais attendre qu'ils viennent.
00:54:27J'impose un truc
00:54:28et c'est ce qui m'a libéré aussi
00:54:29c'est que je mets les deux premières
00:54:30et au final, je gagne 5-2
00:54:31je crois le relais.
00:54:32Donc, mettre les deux premières
00:54:33ça m'a fait du bien.
00:54:34La première, j'arrive
00:54:35je lui fais une feinte,
00:54:36il m'attaque,
00:54:37pas de riposte,
00:54:381-0,
00:54:39plus que 4.
00:54:40Ça m'a fait un peu cet effet-là.
00:54:41En plus, ce n'est pas facile
00:54:42parce qu'il y a une
00:54:43si je me rappelle bien,
00:54:44il y a une marseillaise.
00:54:45Je mets la première,
00:54:46je suis très concentré,
00:54:47je suis dans mon truc
00:54:48et là, il chante la marseillaise
00:54:49et je me rappelle me dire
00:54:51ce n'est pas fini
00:54:58Comment ?
00:54:59Tu fais chanter la marseillaise ?
00:55:00Non, mais on travaillait
00:55:01avec des écouteurs
00:55:02et il y avait du bruit
00:55:03et on se projetait
00:55:04sur des situations
00:55:05et on travaillait comme ça.
00:55:06C'est magnifique ça.
00:55:07Ça va bien payer en tout cas.
00:55:08On a une photo aussi
00:55:09qui est magique,
00:55:10qui est très très belle
00:55:11où tu mets cette dernière touche
00:55:13et puis les larmes évidemment.
00:55:15Alors des larmes,
00:55:16pas de tristesse
00:55:17mais de joie,
00:55:18de soulagement,
00:55:19de libération.
00:55:20Ça est belle cette image
00:55:21même quand tu la revois
00:55:22quelques mois après,
00:55:23je suppose que ça te fait quelque chose
00:55:24Maxime ?
00:55:25Moi, je ne l'aime pas
00:55:26mais c'est à titre perso
00:55:27parce que
00:55:28alors je sais que même
00:55:29ma copine,
00:55:30quand je lui dis
00:55:31je n'aime pas,
00:55:32elle me dit
00:55:33Monsieur, moi c'est mon…
00:55:34Tu aurais voulu ne pas pleurer ?
00:55:35Non, ce n'est pas que
00:55:36je n'aurais pas voulu pleurer,
00:55:37c'est que moi je sais
00:55:38ce que c'est comme larmes
00:55:39et ce n'est pas des larmes
00:55:40de joie,
00:55:41c'est des larmes d'épuisement
00:55:42parce qu'on en a chié
00:55:43par équipe,
00:55:44on en a vraiment chié
00:55:45pendant trois ans.
00:55:46Je pense que 50%
00:55:47de mes réunions
00:55:48avec les coachs,
00:55:49c'était pour parler
00:55:50de l'équipe
00:55:51et pas de moi.
00:55:53Je sais que l'équipe,
00:55:54ça m'a pris beaucoup d'énergie,
00:55:55ça nous a pris
00:55:56beaucoup d'énergie
00:55:57qu'autant Tokyo,
00:55:58on sentait…
00:55:59Alors, il y a eu du stress
00:56:00mais on montait en puissance,
00:56:01on était un peu
00:56:02la meilleure équipe
00:56:03je pense du moment.
00:56:04Autant Paris,
00:56:05on sentait qu'on courait
00:56:06pour rattraper du retard,
00:56:07rattraper quelque chose
00:56:08et en fait,
00:56:09là c'est les larmes
00:56:10de j'en peux plus.
00:56:11C'est bon, je suis fatigué.
00:56:12Mais ça a duré juste
00:56:13le temps de la célébration
00:56:14et puis dès qu'on a fait
00:56:15le podium et tout,
00:56:16là j'ai profité.
00:56:17C'est intéressant
00:56:18parce qu'une journaliste
00:56:19de notre rédaction
00:56:22m'a posé un sujet sur vous
00:56:23il n'y a pas longtemps
00:56:24avant le challenge Mazars
00:56:25et Emery Clau est en interview
00:56:26et il lui dit
00:56:27après la médaille de bronze,
00:56:28je me suis assis
00:56:29en fait sur des marches
00:56:30et je suis resté figé.
00:56:31Je ne savais plus
00:56:32où j'étais en fait
00:56:33et on a dû me relever
00:56:34en me disant
00:56:35félicitations pour que
00:56:36je reprenne un peu.
00:56:37Oui, on est sonné.
00:56:38Je pense qu'à ce moment-là,
00:56:39on est sonné
00:56:40et encore une fois,
00:56:41ce n'est pas la médaille
00:56:42d'or olympique.
00:56:43Là, il y a quand même
00:56:44la peur de faire 4e.
00:56:45C'est-à-dire que si tu fais 4,
00:56:46tu as préparé ces Jeux-là
00:56:47pour rien,
00:56:48enfin pas pour rien,
00:56:49mais pour finir
00:56:50sans médaille
00:56:51et de quoi il y a…
00:56:52Celle-là, j'ai kiffé.
00:56:53Là, j'ai kiffé.
00:56:54Ah oui, là, oui.
00:56:55Là, on voit la joie.
00:56:56Là, j'ai kiffé.
00:56:57Celle-là, j'ai kiffé.
00:56:58Après, il y a un petit temps
00:56:59où c'est des larmes
00:57:00que les deux moments
00:57:01de larmes que j'ai…
00:57:02Là, j'ai profité aussi.
00:57:03Mais les deux larmes
00:57:04que les deux moments
00:57:05où on me voit pleurer
00:57:06et tout,
00:57:07ce n'est pas les larmes
00:57:08que j'aurais voulu avoir.
00:57:09Là, on crie justement.
00:57:10Là, on se dit
00:57:12Parce qu'on était content
00:57:13d'aller faire la fête.
00:57:14C'est clair.
00:57:15Aller au Club France,
00:57:16c'est vrai que c'est
00:57:17une sacrée expérience aussi.
00:57:18L'endroit où il y a
00:57:19tous les médias,
00:57:20où aussi les médaillés
00:57:21viennent fêter leurs médailles,
00:57:22bien fêter leurs médailles.
00:57:23C'était un vrai objectif aussi
00:57:24de vivre l'expérience.
00:57:25Oui, de vivre l'expérience,
00:57:26full expérience au jeu.
00:57:27On a tout vécu au jeu
00:57:28et c'était trop bien.
00:57:29C'est trop cool.
00:57:30Vous avez fêté ça
00:57:31jusque tard le soir ?
00:57:32Jusque tard.
00:57:33Moi, je suis entré vers 5 heures
00:57:34je crois
00:57:35et Julien c'est…
00:57:36Enzo, il est rentré chez lui
00:57:38donc j'ai fait son sac moi le lendemain
00:57:39parce que justement
00:57:40on s'est fait sortir du village.
00:57:42Mais t'as vraiment le temps
00:57:43de savourer ?
00:57:44Parce que je me dis
00:57:45quand vous sortez de l'épreuve,
00:57:46vous vous enchaînez direct quasiment
00:57:47avec le Club France
00:57:48et genre marathon médiatique,
00:57:50les célébrations, les trucs.
00:57:51À partir de quand, tu vois,
00:57:52tu te retrouves un peu
00:57:53seul avec toi-même,
00:57:54avec la médaille
00:57:55où tu te dis
00:57:56putain, c'était bien quoi.
00:57:58Non, mais c'est des moments…
00:58:02Parce que ce moment-là
00:58:03où je suis tout seul
00:58:04avec ma médaille,
00:58:05je m'en fous, c'est fini.
00:58:06Non, mais j'ai envie
00:58:07de partager ça.
00:58:08Je me rappelle Tokyo,
00:58:09le premier moment
00:58:10où je rentre chez moi
00:58:11après l'euphorie
00:58:12où je suis sur mon canapé tout seul.
00:58:13Je me dis, ça y est, c'est fini.
00:58:14Ça y est, voilà.
00:58:15Donc là, Paris,
00:58:16j'ai voulu profiter de tout.
00:58:17Non, c'est les moments
00:58:18où on n'est que tous les quatre.
00:58:19C'est des trucs tout cons
00:58:20parce qu'en fait,
00:58:21à un moment,
00:58:22quand on est à quatre justement,
00:58:23il y a tout le temps
00:58:24des gens avec nous,
00:58:25on parle,
00:58:26on répond à des questions,
00:58:27enfin on profite différemment.
00:58:28Mais je ne sais pas,
00:58:29le taxi tous les quatre
00:58:30du Grand Palais au Club France,
00:58:32là, on n'est que tous les quatre.
00:58:33C'est ces petits moments-là à nous
00:58:34où même quand on a fait la fête,
00:58:37j'ai bien aimé
00:58:38notre première soirée
00:58:39parce que justement,
00:58:40c'était quasiment
00:58:41que des proches
00:58:42de la famille Escrime et tout.
00:58:44Et après, le marathon médiatique,
00:58:46tout seul,
00:58:47je m'ennuierais un peu.
00:58:48Mais là, quand on est tous les quatre,
00:58:49en fait, c'est...
00:58:50Oui, c'est vraiment,
00:58:51tu l'as dit, c'est le terme,
00:58:52c'est une famille en fait.
00:58:53Maximilien Chastanet,
00:58:54Julien Mertinez, Ollefort,
00:58:55vous êtes liés.
00:58:56Là, on est liés à vie
00:58:57et comme on était liés
00:58:58avec Erwann
00:58:59après les Jeux Olympiques.
00:59:00Et ouais,
00:59:01il y a un truc comme ça
00:59:02où...
00:59:03Après, moi,
00:59:04c'est ma conception du sport
00:59:05et de ce que je vis
00:59:06même au quotidien
00:59:07avec les copains.
00:59:08C'est qu'en fait,
00:59:10je vis tout ça
00:59:11pour partager des moments
00:59:12avec eux.
00:59:13Et ce qui reste,
00:59:14parce que j'ai deux médailles
00:59:15olympiques maintenant,
00:59:16j'en ai une en or et tout,
00:59:17mais en fait,
00:59:18quand je les vois en tant que telles,
00:59:19ce que ça symbolise,
00:59:20c'est ce que j'ai partagé
00:59:21avec les gens en fait.
00:59:22Si tu devais retenir
00:59:23un seul moment
00:59:24de tous ces Jeux Olympiques
00:59:25de Paris,
00:59:26juste un seul,
00:59:27ça serait lequel ?
00:59:29Parce que oui,
00:59:30il y a la médaille,
00:59:31il y a le moment.
00:59:32Mais la cérémonie d'ouverture,
00:59:33c'était quelque chose.
00:59:34Ah ouais,
00:59:35de toute façon,
00:59:36on n'en a même pas parlé.
00:59:37Franchement,
00:59:38la cérémonie d'ouverture,
00:59:39pareil,
00:59:40j'étais dans un état
00:59:41où je me suis dit
00:59:42je veux profiter à fond.
00:59:43Et c'est le seul moment,
00:59:44à part quand je dormais
00:59:45et encore,
00:59:46je devais en rêver,
00:59:47mais pendant un an,
00:59:48ça doit être le...
00:59:49Enfin en tout cas,
00:59:50pendant les quatre mois
00:59:51de préparation des Jeux,
00:59:52je pense que la cérémonie
00:59:53d'ouverture,
00:59:54c'est le seul moment
00:59:55où pendant quatre heures,
00:59:56je vivais le truc pleinement
00:59:59et j'ai profité.
01:00:00Je m'étais dit,
01:00:01ah, je vais pleurer.
01:00:02Parce qu'à Tokyo,
01:00:03je n'avais pas vécu la cérémonie.
01:00:06On était juste rentrés
01:00:07dans le stade,
01:00:08un stade vide.
01:00:09On avait fait coucou,
01:00:10on était ressortis.
01:00:11Fierté de faire la cérémonie
01:00:12d'ouverture,
01:00:13mais je ne l'avais pas vécu.
01:00:14C'est là que je me suis dit
01:00:15je veux profiter de chaque seconde.
01:00:16Et aussi Astrid Guyard,
01:00:17donc grande fleurettiste,
01:00:18m'avait dit à Tokyo,
01:00:19c'est important le moment
01:00:20où on allume la flamme
01:00:21parce que souvent,
01:00:22il y a un truc émotionnel
01:00:23qui se passe
01:00:24et il faut lâcher quelque chose.
01:00:25Et en fait,
01:00:26je n'ai pas du tout été pris
01:00:27par l'émotion.
01:00:28Je m'étais dit,
01:00:29au moment de la flamme,
01:00:30je vais être pris par l'émotion.
01:00:31Et je n'ai pas du tout été pris
01:00:32parce que le dernier relais
01:00:33était hyper long,
01:00:34on attendait,
01:00:35puis finalement,
01:00:36c'était une belle flamme.
01:00:37Mais en fait,
01:00:38c'est un ballon.
01:00:39Je ne sais pas,
01:00:40il n'y a pas ce truc.
01:00:41Ce n'est pas comme ça
01:00:42que je l'avais imaginé.
01:00:43Et je me dis,
01:00:44ah mince,
01:00:45j'ai raté mon moment d'émotion
01:00:46et en fait,
01:00:47on est en bas de la tour Eiffel,
01:00:48il y a Céline Dion
01:00:50pendant 4 heures
01:00:51et justement,
01:00:52ne plus penser à l'escrime
01:00:53parce que j'ai beaucoup d'athlètes ici
01:00:54quand je leur parle
01:00:55de la cérémonie d'ouverture
01:00:56qui me disent que c'était génial,
01:00:57grandiose,
01:00:58mais que finalement,
01:00:59ils n'ont pas profité énormément
01:01:00parce que tu as déjà la tête
01:01:01à ta compétition.
01:01:02Ça, c'est peut-être
01:01:03l'expérience d'avoir fait
01:01:04des Jeux de Tokyo
01:01:05et peut-être encore plus
01:01:06d'avoir été champion olympique
01:01:07et d'avoir vu aussi
01:01:08qu'en fait,
01:01:09ce qui reste,
01:01:10c'est les moments
01:01:11et la médaille en soi.
01:01:12Moi, je donne un exemple.
01:01:13Là, on parle beaucoup
01:01:14des médailles de bronze
01:01:15des Jeux de Paris,
01:01:17on m'a proposé de la changer.
01:01:18J'ai dit non
01:01:19alors qu'elle est toute défoncée
01:01:20parce que j'ai dit
01:01:21en fait, c'est celle qu'on m'a offerte.
01:01:22C'est celle que Thomas Bach,
01:01:23président du CEU,
01:01:24ancien escrimeur,
01:01:25m'a donnée,
01:01:26que j'ai méritée,
01:01:27mais il m'a donnée sur le podium
01:01:28et en fait,
01:01:29c'est ça que ça représente
01:01:30avec toutes les éraflures
01:01:31qu'il y a dessus
01:01:32et c'est ces moments-là.
01:01:33Et donc, en fait,
01:01:34le fait d'avoir fait
01:01:35les Jeux de Tokyo,
01:01:36de ne pas les avoir vécus
01:01:37et en plus d'avoir été
01:01:38champion olympique
01:01:39et de voir qu'en fait,
01:01:40ça ne change pas une vie.
01:01:41En fait, maintenant,
01:01:42voilà,
01:01:43vie et profite des moments
01:01:44et je pense que c'est ça
01:01:45qui m'a servi aussi
01:01:46sur ces Jeux.
01:01:47Il y a quelqu'un
01:01:48qui voulait t'adresser
01:01:49un petit message
01:01:50avant qu'on finisse.
01:01:51Si on pourrait parler encore
01:01:52pendant des heures.
01:01:53Maxime, non ?
01:01:54Eh ben non,
01:01:55c'est pas Maxime.
01:01:56On est sur Sport en France
01:01:57mais c'est un collègue,
01:01:58un confrère,
01:01:59mais d'un autre média,
01:02:00on l'écoute.
01:02:01Ok.
01:02:02Salut Maxime,
01:02:03c'est Rémi.
01:02:04J'espère que tout va bien.
01:02:05J'avais, oui,
01:02:06une question à te poser.
01:02:07Je voulais savoir
01:02:08comment il était possible
01:02:09que quelqu'un
01:02:10qui fait preuve de goût
01:02:11habituellement,
01:02:12qui s'habille bien,
01:02:13qui est beau gosse,
01:02:14qui fait un sport noble
01:02:15comme l'escrime,
01:02:16qui réussit en plus
01:02:17plutôt pas trop mal,
01:02:18pouvait avoir décidé
01:02:19de devenir fan
01:02:20des Boston Celtics.
01:02:21C'est un très mauvais choix.
01:02:22Heureusement que j'ai salué
01:02:23les copains de Bainsport
01:02:24tout à l'heure
01:02:25parce que là,
01:02:26ça l'aurait fait mal.
01:02:27Rémi Réverchon,
01:02:28évidemment,
01:02:29journaliste Bainsport,
01:02:30le visage de NBA Extra,
01:02:31de la NBA sur Bainsport.
01:02:32Rémi m'a régalé
01:02:33cette question-là.
01:02:34Il m'a dit
01:02:35qu'il n'avait pas
01:02:36l'intention
01:02:38Rémi m'a régalé
01:02:39parce qu'il est supporter
01:02:40des Lakers,
01:02:41mais en vrai,
01:02:42il kiffe Boston aussi.
01:02:43Il essaye de me régaler
01:02:44quand on est allé
01:02:45aux finales NBA.
01:02:46Il m'a régalé
01:02:47parce que du coup,
01:02:48quand j'ai voulu aller
01:02:49voir les finales NBA
01:02:50à Boston,
01:02:51la personne que j'ai contactée,
01:02:52c'est lui
01:02:53parce qu'on se connaît bien.
01:02:54Du coup, je lui ai dit
01:02:55est-ce que tu penses
01:02:56que pour moi d'Europe,
01:02:57c'est possible
01:02:58d'avoir des places ?
01:02:59Il a même essayé
01:03:00de me choper les places
01:03:01de stars.
01:03:02Il y aurait eu la caméra
01:03:03sur moi
01:03:04et sur l'écran
01:03:05Maxime Potier,
01:03:06le champion de c'est le truc
01:03:07comme les stars d'Hollywood.
01:03:08Il n'a pas réussi à négocier ça,
01:03:09c'était une trop grosse finale,
01:03:10c'était contre Golden State
01:03:11et tout,
01:03:12mais c'était trop sympa.
01:03:13Du coup, j'ai vécu mon truc
01:03:14et là-bas,
01:03:15j'ai eu la chance
01:03:16de m'emmener dîner
01:03:17avec Xavier Vaution,
01:03:18Jacques Monclart.
01:03:19J'ai rencontré
01:03:20aussi Nicolas
01:03:21qui gère,
01:03:22il s'appelle
01:03:23Nikonics
01:03:24sur Instagram,
01:03:25mais qui gère
01:03:26toute la com Europe
01:03:27de la NBA.
01:03:28J'ai rencontré
01:03:29des gens de la NBA aussi,
01:03:30je ne dirais pas,
01:03:31mais assez haut placés.
01:03:32En fait,
01:03:33il m'a fait vivre
01:03:34l'expérience à fond.
01:03:35L'expérience à fond,
01:03:36il m'a ouvert les portes
01:03:37d'un monde
01:03:38dont je n'aurais jamais
01:03:39pensé voir.
01:03:40C'était trop cool.
01:03:41Trop cool.
01:03:42L'interview avec toi
01:03:43était trop cool aussi,
01:03:44Maxime.
01:03:45Je tiens à te le dire,
01:03:46franchement,
01:03:47j'ai passé un super moment.
01:03:48Avec plaisir, merci.
01:03:49C'est passé super vite,
01:03:50mais bon,
01:03:51c'était trop bien.
01:03:52Les prochaines échéances
01:03:53pour toi ?
01:03:54Il y a Turin,
01:03:55on va à un Grand Prix
01:03:56à Turin
01:03:57dans trois semaines maintenant
01:03:58et sinon,
01:03:59nous,
01:04:00c'est notre période
01:04:01de danse de la saison
01:04:02où là,
01:04:03je vais me sélectionner,
01:04:04être sélectionné
01:04:05pour les championnats d'Europe
01:04:06et les championnats du monde
01:04:07qui sont en juin et juillet
01:04:08pour aller chercher
01:04:09d'autres médailles
01:04:10et d'autres titres.
01:04:11On l'espère aussi pour toi,
01:04:12Maxime.
01:04:13On te souhaite plein de bonnes choses
01:04:14et puis merci à tous
01:04:15de nous avoir suivis.
01:04:16On se donne rendez-vous
01:04:17la semaine prochaine
01:04:18avec un nouvel invité,
01:04:19Victor Croix,
01:04:20je peux déjà vous le dire,
01:04:21numéro 1 français de squash
01:04:22et 12e mondial.
01:04:23Et puis,
01:04:24on aura d'ailleurs
01:04:25la semaine d'après
01:04:26Oriane Malot-Breton.
01:04:27Et Oriane.
01:04:28Tu connais un peu,
01:04:29épéiste,
01:04:30et puis on se donne rendez-vous
01:04:31la semaine prochaine.
01:04:32Ils sont là,
01:04:33ils sont beaux.
01:04:34Salut tout le monde,
01:04:35bye bye.