Manuel Bompard, coordinateur de La France insoumise et député des Bouches-du-Rhône était l'invité du Face-à-Face d’Apolline de Malherbe ce mercredi 22 janvier 2025. Il a notamment été interrogé sur le financement des retraites ou encore la situation du Nouveau front populaire.
Catégorie
📺
TVTranscription
00:00Il est 8h32 et vous êtes bien sur RMC et BFM TV, bonjour Manuel Bompard.
00:04Merci de répondre à mes questions ce matin.
00:06Vous êtes le coordinateur de la France Insoumise, vous êtes député des Bouches-du-Rhône,
00:09on va parler retraite, on va parler emploi, on va parler politique.
00:12Évidemment ce gouvernement qui à vos yeux n'est qu'en sursis,
00:15et vous l'avez dit, la censure finira par tomber, on va voir quand.
00:19Retraite d'abord, qui doit payer ?
00:21Qui doit payer pour les retraites ?
00:23L'effort il faut faire peser sur qui ? Sur les salariés ?
00:25Sur les entreprises ?
00:27Voir sur les retraités eux-mêmes ?
00:29D'abord si on veut, comme je le souhaite, abroger la réforme des retraites de Mme Borne,
00:34c'est-à-dire revenir dans un premier temps au moins à l'âge de départ à la retraite à 62 ans,
00:38il faut effectivement des financements supplémentaires.
00:41Et je crois que ces financements, en tout cas c'est les propositions que nous avions faites dans le débat parlementaire,
00:45ils peuvent passer par exemple, en tout cas c'est ce que nous avions proposé,
00:49par une légère surcotisation pour les plus hauts revenus,
00:52les gens qui gagnent plus de 8000 euros par mois,
00:54qui pourraient payer une légère surcotisation
00:56qui permettrait de financer l'abrogation de la réforme des retraites.
00:59Et puis on peut aussi financer le régime des retraites
01:02en organisant le retour à l'emploi d'un certain nombre de personnes.
01:05Vous savez qu'à chaque fois qu'une personne travaille,
01:07elle paye des cotisations et donc elle contribue au financement du régime de retraite.
01:10Et on va le voir sur le front local, en ce moment c'est plutôt fragile justement.
01:12Et je vous donne un dernier exemple,
01:14si vous avez des mesures volontaristes et contraignantes
01:17pour l'égalité salariale entre les femmes et les hommes,
01:19vous pouvez générer 10 milliards d'euros de recettes supplémentaires pour notre régime de retraite.
01:23Donc il y a plein de manières de pouvoir financer le régime des retraites.
01:26Mais puisque votre question fait référence à la proposition qui a été faite hier par la ministre du Travail,
01:31qui propose je crois...
01:33Elle propose de taxer davantage les retraités qui, je cite,
01:36peuvent se le permettre et elle fixe à autour de 2000 voire 2500 euros par mois
01:42de retraite, de pension de retraite, ceux qui pourraient être taxés davantage.
01:47D'abord je trouve ça scandaleux d'un point de vue démocratique
01:49puisque c'est précisément la même logique que celle qui était dans le projet de loi de finances de la Sécurité Sociale de M. Barnier.
01:55Vous savez quand il proposait de reporter la revalorisation des pensions de retraite au 1er janvier,
02:00et finalement il proposait de les reporter au 1er juillet,
02:03et puis dans un deuxième temps il proposait de ne pas revaloriser les pensions de retraite
02:06pour ce qu'il considérait comme étant les retraités les plus aisés.
02:09Mais en fait cette mesure elle a été censurée.
02:11C'est-à-dire qu'il y a une majorité parlementaire qui a fait tomber le gouvernement de M. Barnier
02:16précisément en particulier sur cette mesure.
02:18Donc si cette mesure a été chassée, ce n'est pas pour qu'elle revienne deux jours après par rapport.
02:22Mais alors si je vous suis dans cette logique-là,
02:24ça veut dire que rien de ce qu'il y avait dans le budget avant la censure ne devrait être repris ?
02:28Non, je dis que les points qui ont été manifestement,
02:32les points qui ont conduit à la censure du gouvernement de M. Barnier,
02:36d'un point de vue démocratique, on peut quand même considérer qu'il ne s'agit pas aujourd'hui de venir les ramener.
02:40Mais Emmanuel Mompad, vous dites qu'il faut faire à un moment contribuer les plus aisés.
02:45Quand la ministre du Travail dit qu'il faut faire contribuer les retraités les plus aisés,
02:49vous dites que ce n'est pas ce qu'on veut ?
02:51Mais franchement, Apolline de Malherbe, un retraité qui gagne 2 000 ou 2 500 euros par mois,
02:56ce n'est pas parmi les pourcentages de la population les plus aisés dans notre pays.
03:01Ce n'est pas vrai.
03:02Vous n'en sortez pas si bien que ça aujourd'hui avec une portion de retraite de 2 000 ou 2 500 euros par mois.
03:07Donc si on veut organiser, parce qu'effectivement moi je suis favorable au partage de la richesse,
03:11à une plus grande solidarité.
03:13On a des outils fiscaux pour le faire.
03:15C'est par exemple une réforme fiscale qui permet de rendre plus progressif l'impôt sur le revenu
03:20pour que les très hautes fortunes contribuent davantage.
03:23Par exemple, dans le débat budgétaire, nous avons proposé une taxe sur le patrimoine,
03:27par exemple de 1 % sur le patrimoine des milliardaires.
03:31Ça par exemple, vous voyez, ça concernait 147 personnes
03:34et ça permettait de faire rentrer dans les caisses de l'État 14 milliards d'euros.
03:37Donc on ne touche pas, Emmanuel Mompad, aux retraités ?
03:39Non, je pense qu'on a des règles.
03:41On a la revalorisation des portions de retraite chaque année, ça concerne tous les retraités.
03:45Et ensuite, si on veut renforcer la justice fiscale dans notre pays,
03:48et moi j'y suis favorable, ça passe par l'impôt sur le revenu.
03:50Par exemple, on crée 14 tranches d'impôt sur le revenu
03:53pour que les 1 % des plus riches, les 0,1 % des plus riches,
03:56payent effectivement à proportion de leur revenu, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui.
04:00C'est important quand on sent bien que ça tourne quand même autour de cette idée,
04:04à un moment ou à un autre, de taxer davantage les retraités.
04:07Il y a eu cette proposition de la ministre du Travail hier,
04:10alors le gouvernement a immédiatement dit qu'elle parlait en son nom propre,
04:13et donc ce n'était pas forcément la position du gouvernement.
04:15Mais du côté, on le voit bien, du Medef par exemple,
04:18il suggère de supprimer l'abattement de 10 % sur l'impôt sur le revenu des retraités.
04:24Tout cela, vous êtes contre ?
04:26Vous dites qu'on ne touche pas aux pensions des retraités ?
04:28Moi j'essaye de défendre une position qui est cohérente.
04:30Et une position cohérente, c'est une position qui, pour financer et pour lutter contre le déficit,
04:35parce qu'on a effectivement une difficulté de déficit aujourd'hui,
04:38met à contribution les plus riches en France.
04:41Et les plus riches en France, ce n'est pas les retraités qui gagnent 2 000 ou 2 500 euros par mois.
04:45C'est les 1 % les plus riches, c'est les 0,1 % les plus riches,
04:48c'est les grandes entreprises qui font des bénéfices et des profits extraordinaires,
04:53qui versent des dividendes records, et eux, ils peuvent être mis davantage à contribution.
04:57Mais essayer de faire croire que c'est une mesure de justice fiscale
04:59d'aller s'en prendre aux retraités qui gagnent 2 000 euros par mois,
05:01ça me paraît vraiment très malhonnête.
05:03– Sur la réforme de la réforme des retraites,
05:05le conclave des partenaires sociaux devrait commencer à se mettre en place,
05:09il y a eu une première réunion la semaine dernière, vous êtes toujours contre ?
05:12– Mais en fait, il y a un piège grossier dans ce conclave,
05:15et d'ailleurs ce piège grossier, il a été confirmé encore hier
05:18par la ministre du Travail à l'Assemblée nationale.
05:21En réponse à une question d'une de mes collègues écologistes,
05:24elle a dit les choses franchement, elle a dit,
05:26soit l'ensemble des personnes qui sont dans ce conclave se mettent d'accord,
05:29et alors il y aura une proposition qui sera débattue à l'Assemblée nationale
05:32sur la base de leur accord, et s'ils ne se mettent pas d'accord,
05:35alors il n'y aura… – On reviendra.
05:37– On revient, et c'est la réforme actuelle, c'est-à-dire la réforme de Mme Borne,
05:40passée en force par 49.3 qui va continuer à s'appliquer.
05:42– Mais pourquoi vous imaginez qu'ils ne se mettent pas d'accord ?
05:44– Mais parce que précisément…
05:45– Pourquoi vous partez du principe qu'ils ne se mettent pas d'accord ?
05:46– Mais parce que précisément sur la question centrale
05:48qui est la question de l'âge de départ à la retraite,
05:50puisque c'est le sujet qui a mobilisé les Françaises et les Français,
05:54le MEDEF a toujours pris position pour l'âge de départ à 64 ans
05:59et n'a jamais envisagé de revenir sur cette mesure.
06:01Et donc M. Bayrou a donné dans cette discussion un droit de veto au MEDEF
06:05qui peut tout simplement bloquer toute disposition sur ce sujet.
06:08– Ce matin, mes conclaves de Paris Match croient savoir qu'Emmanuel Macron…
06:12– Oui.
06:13– J'ai bien compris que vous alliez parler du PS, ne vous inquiétez pas,
06:15j'ai bien entendu le « ceux qui ont cru ».
06:17Mais Paris Match croit savoir…
06:18– Je ne parlais pas spécialement du Parti socialiste, mais…
06:20– Qui font partie de ceux qui ont cru peut-être à ce conclave.
06:22Mais écoutez ça, Paris Match croit savoir qu'Emmanuel Macron serait, je cite,
06:26« ouvert à une modification de l'âge légal de départ à la retraite »
06:30avec une petite astérisque, ce qui est « si le coût du travail n'est pas touché ».
06:33Mais imaginons, parce qu'effectivement vous partez du principe que personne ne se mette d'accord,
06:37mais imaginons d'abord que les partenaires sociaux se mettent éventuellement d'accord
06:40et aboutissent dans leur discussion,
06:41imaginons aussi qu'un Emmanuel Macron finalement lâche du lest autour de la question de l'âge
06:45et qu'à la fin il se retrouve avec peut-être pour tout le monde un an de gagné,
06:49qu'on se trouve aller entre vos 62 ans et les 64 ans actuels à 63 ans.
06:54Est-ce que vous ne vous dites pas, et est-ce que les Français ne se diront pas,
06:56ça s'est fait sans vous ?
06:58– Mais imaginons que vous gagnez au loto demain, je serai content pour vous.
07:02– On n'est quand même pas dans du hasard pur, on n'est pas dans un jeu de hasard.
07:06– On n'est pas dans du hasard pur, mais à un moment, je veux dire,
07:07il faut prendre les gens au sérieux sur les positions qu'ils ont exprimées.
07:10Je veux dire, le Medef et le Patronat ont toujours eu une position très claire
07:14sur le refus de revenir sur la réforme de Mme Borne.
07:17Donc si demain ils ont une révélation, c'est très bien, j'en serai très heureux,
07:21je vais vous dire franchement les choses.
07:22Si demain ils ont une révélation et qu'on peut revenir
07:24et abroger la réforme des retraites, j'en serai très heureux.
07:26Mais quand même, dans notre démocratie, il y aurait quand même un principe de base,
07:29c'est qu'on devrait pouvoir avoir au moins le droit de pouvoir en débattre
07:33à l'Assemblée nationale et de pouvoir voter sur le sujet.
07:36– Mais vous ne trouvez pas ça bien, c'est les partenaires sociaux en débat ?
07:38– Mais évidemment que je n'ai pas de problème avec le fait
07:40que les partenaires sociaux en débattent, ce n'est pas le sujet.
07:42Le problème, c'est qu'à la fin, si les partenaires sociaux ne sont pas d'accord,
07:45alors c'est la démocratie parlementaire qui devrait trancher sur le sujet.
07:48Or on sait très bien qu'à l'Assemblée nationale,
07:50il y a une majorité pour abroger la réforme des retraites.
07:52Mais quand nous, nous avons inscrit ce texte à l'ordre du jour,
07:54c'était dans notre niche parlementaire il y a à peu près un mois et demi,
07:57les députés du Modem, c'est-à-dire de M. François Bayrou,
08:01ont pourri la discussion, ont l'empêché d'aller à son terme
08:04en déposant des amendements d'obstruction.
08:06– Donc vous pensez qu'ils ne sont pas honnêtes ?
08:08– Je pense que c'est un piège, que François Bayrou gagne du temps,
08:11qu'il espère comme ça pendant trois mois ne pas être censuré,
08:15mais qu'à la fin ça ne conduira pas.
08:17Malheureusement, je le regrette à l'abrogation de la réforme des retraites.
08:20Et encore une fois, ça a été encore confirmé hier,
08:23parce que vous ne pouvez pas essayer de faire croire aux gens
08:25des choses qui ne correspondent pas à la réalité.
08:27La vérité c'est que s'il n'y a pas d'accord de tout le monde dans ce conclave,
08:30c'est-à-dire que toutes les gens qui sont autour de la table
08:32ne se mettent d'accord, alors s'il n'y a pas d'accord,
08:34alors c'est la réforme actuelle qui continuera à s'appliquer.
08:36Donc je vous le dis franchement, je ne crois pas que ce conclave
08:38aboutira sur un miracle.
08:40– Vous n'y croyez pas du tout à ce conclave, est-ce que ceux qui y croient,
08:44c'est-à-dire la CFDT, la CGT réserve pour l'instant, mais ne dit pas non,
08:49mais réserve encore un peu son idée de participation.
08:53Et puis du côté des politiques, le Parti Socialiste,
08:56est-ce que ça veut dire que pour vous,
08:58ils sont en train de se faire complètement avoir ?
09:00– D'abord, moi je n'ai pas à commenter les décisions des organisations syndicales,
09:04elles font leur choix, je comprends que certaines se disent
09:06il y a peut-être un endroit dans lequel on peut bien acheter des choses,
09:09et je comprends, et en même temps, je crois que les réflexions
09:12elles existent aussi dans les organisations syndicales,
09:14dans les communiqués qu'elles ont produits,
09:16qui dénoncent le caractère vicié du processus,
09:19à la fois pour les raisons que je viens de vous indiquer,
09:21– On les sent au minimum vigilantes.
09:22– Et à la fois pour les prévisions budgétaires complètement loufoques
09:24qui ont été mises sur la table par François Bayrou,
09:26puisqu'il a intégré dans le calcul du déficit du régime de retraite,
09:30le fait que l'État verse chaque année les retraites des fonctionnaires.
09:33Je veux dire, ce n'est pas sérieux, ce n'est pas honnête,
09:35c'est une manière de présenter les choses qui est tout à fait biaisée.
09:38Donc ça, c'est leur choix.
09:40Moi, après, je ne reproche pas à des gens de croire ou de ne pas croire
09:42à la possibilité d'y parvenir.
09:44Par contre, je reproche à des gens de dire quelque chose
09:46qui ne corresponde pas à la réalité.
09:48Quand, encore il y a quelques jours, je voyais Olivier Faure dire
09:51« en tout état de cause, à la fin, c'est l'Assemblée nationale
09:54qui votera sur le sujet », ce n'est pas vrai,
09:56ça ne corresponde pas à la réalité de ce qui est sur la table aujourd'hui.
09:58– Donc il n'est pas juste en train de se faire avoir,
10:00il est en train de participer, pour vous, à une forme de mascarade.
10:02– Soit il est naïf, soit il essaye de justifier en quelque sorte
10:06sa décision de non-censure.
10:08Et pour ça, il tord un peu la réalité des faits.
10:10– Je vais y venir dans un instant à la question aussi du Nouveau Front Populaire.
10:12Mais quand vous dites « ce n'est pas très honnête la manière
10:14dont les choses sont présentées »,
10:16est-ce que le rapport de la Cour des Comptes,
10:18vous estimez qu'il sera honnête ?
10:20Est-ce que vous faites confiance à la Cour des Comptes ?
10:22– En fait, il n'y a pas besoin d'un rapport de la Cour des Comptes.
10:24À Pauline de Malherbe, il y a déjà quelque chose
10:26qui s'appelle le Conseil d'orientation des retraites
10:28et qui dit par exemple que ces trois dernières années,
10:30le régime de retraite, il a été excédentaire en France.
10:32Donc après, à plus long terme…
10:34– À plus long terme, ils estiment que ça ne sera plus le cas.
10:36– Voilà.
10:38Bon, mais souvent, ils ne prennent pas en compte,
10:40par ailleurs, les effets induits par le report
10:42de l'âge de départ à la retraite,
10:44pour que les gens qui nous écoutent le comprennent.
10:46Si vous reportez l'âge de départ à la retraite,
10:48ça veut dire que vous avez des gens qui, d'habitude,
10:50étaient à la retraite, qui finalement vont être sans emploi,
10:52donc ils vont devoir être indemnisés parce qu'ils sont au chômage par exemple.
10:54– Donc pour vous, ça ne sert à rien de demander à la Cour des Comptes ?
10:56– Non, je pense qu'on a déjà les chiffres, on a déjà les données.
10:58– Mais je vous repose la question, puisque la Cour des Comptes
11:00va faire ce rapport, est-ce que par avance, malgré tout,
11:02vous faites confiance à la Cour des Comptes ?
11:04Est-ce que vous pensez que la démarche de la Cour des Comptes
11:06est une démarche neutre, honnête ?
11:08– Évidemment que la Cour des Comptes, par principe,
11:10est une instance qui, j'espère en tout cas,
11:12essaye de formuler les choses de manière honnête.
11:14Maintenant, je dis que les hypothèses de départ
11:16peuvent influer sur le calcul de fin.
11:18Parce que quand François Bayrou vient dans son discours
11:20de politique générale et dit
11:22il manque 50 milliards d'euros dans les caisses de retraite,
11:24je vous le disais tout à l'heure,
11:26il intègre l'argent versé par l'État
11:28pour payer les retraites des fonctionnaires,
11:30c'est une manière malhonnête de présenter les choses.
11:32Donc j'attendrai de voir quels sont les documents
11:34de la Cour des Comptes, mais on a déjà toutes les données
11:36sur ce sujet, on a déjà toutes les données
11:38et il est tout à fait possible aujourd'hui
11:40de financer, d'abord dans un premier temps
11:42le retour à l'âge de départ à la retraite à 62 ans,
11:44c'est-à-dire l'abrogation de la réforme des retraites
11:46et ensuite d'aller plus loin, parce que pour ma part,
11:48je suis pour aller plus loin, je suis pour revenir à la retraite
11:50à 60 ans, je ne m'en suis pas caché,
11:52nous avons défendu cette proposition pendant les élections législatives
11:54et je vous rappelle que les Françaises et les Français
11:56ont mis le nouveau Front Populaire en tête
11:58en termes de nombre de députés à l'Assemblée Nationale.
12:00– Il y serait encore en tête là, si les élections avaient lieu demain ?
12:02– Je n'en sais rien, vous savez, par définition,
12:04vous ne pouvez pas savoir le résultat
12:06des élections avant qu'elles aient lieu.
12:08– Vous le savez bien, il y a eu ces élections
12:10partielles le week-end dernier en Isère,
12:12c'était un siège que vous aviez gagné,
12:14que vous avez donc perdu,
12:16est-ce que ceux qui votent
12:18pas pour vous, c'est des bourgeois fascistes ?
12:20– D'abord je vais vous dire,
12:22il y a eu effectivement une élection législative partielle,
12:24c'est une circonscription assez particulière,
12:26c'est une circonscription que nous avions,
12:28en quelque sorte, arrachée à la droite
12:30en triangulaire au mois de juillet dernier,
12:32c'est une circonscription historiquement de droite,
12:34elle a été 5 ans socialiste pendant
12:36le quinquennat de François Hollande.
12:38Nous avions réussi à la gagner et si nous avions réussi à la gagner,
12:40c'est notamment parce qu'il y avait eu une participation
12:42très importante, il y avait eu 70% de participation,
12:44il y avait eu une mobilisation.
12:46– Et là la participation a été moindre comme toujours dans les élections partielles.
12:48– Là la participation a été de 35%.
12:50– J'entends qu'on en parle maintenant, mais j'aurais bien aimé qu'on en parle avant.
12:52– C'est ce matin que vous êtes avec moi.
12:54– Je vous entends, mais je ne fais pas le reproche à vous personnellement,
12:56mais je trouve qu'une des difficultés qu'on a
12:58dans ces élections législatives partielles,
13:00c'est qu'elles passent complètement sous les radars médiatiques,
13:02ça ne produit pas de la mobilisation populaire.
13:04– En l'occurrence, quand je vous pose cette question,
13:06c'est aussi parce que les arguments
13:08de certains de vos camarades,
13:10Hercilia Soudé par exemple, c'est pas de dire
13:12qu'il n'y a pas eu de participation, c'est de dire qu'il a perdu
13:14face au bloc, je cite,
13:16le bloc bourgeois zoofasciste.
13:18– Je me demande si ceux qui ne votent pas pour vous sont bourgeois et fascistes.
13:20– Je suis en train de répondre, j'essaye de manière…
13:22– Oui, vous essayez de gagner du temps,
13:24vous êtes finalement comme François Bayou.
13:26– Non, je ne gagne pas du temps, c'est quand même intéressant
13:28de savoir qu'il y a eu 35% de participation,
13:30c'est quand même un argument et un paramètre.
13:32Bon, maintenant pour le reste, vous savez,
13:34il y a quelque chose qui ne m'a pas échappé,
13:36c'est qu'au deuxième tour de cette élection législative partielle,
13:38le Rassemblement national qui a été éliminé du premier tour
13:40a appelé à voter pour la coordinate macroniste,
13:42donc il y a eu effectivement une convergence
13:44entre le bloc d'extrême droite et le bloc macroniste dans cette élection.
13:46Et puis, parce que si vous voulez qu'on fasse le tour
13:48des arguments sur ce sujet,
13:50j'observe qu'à gauche, il y a eu aussi des décisions de division.
13:52Quand M. Glucksmann, à trois jours du premier tour
13:54de cette élection législative partielle,
13:56décide de ne pas soutenir le candidat du Nouveau Front Populaire,
13:58il pose un acte de division
14:00et une des conséquences de cet acte de division,
14:02c'est aussi le résultat.
14:04Maintenant, toutes les élections législatives partielles
14:06sont des élections plus difficiles.
14:08Et s'il devait y avoir des élections demain,
14:10je forme le vœu qu'une mobilisation populaire
14:12pour le Nouveau Front Populaire,
14:14non seulement de finir en tête,
14:16mais d'augmenter encore son avance à l'Assemblée nationale.
14:18– Emmanuel Montparn, il est mort le Nouveau Front Populaire,
14:20en tout cas en ce moment, peut-être ressuscité,
14:22mais pour l'instant il est mort.
14:24– En tout cas, non, il n'est pas mort.
14:26En tout cas, la décision du Parti Socialiste,
14:28en tout cas d'une majorité des députés du Parti Socialiste,
14:30moi je veux saluer les huit députés socialistes
14:32qui ont voté la motion de censure,
14:34avec les députés insoumis, avec les députés écologistes,
14:36avec les députés communistes et ultramarins.
14:38Donc il y a effectivement 58 députés socialistes
14:40dans les engagements qu'ils ont pris devant les électrices et les électeurs.
14:42Vous savez, la première phrase du programme du Nouveau Front Populaire,
14:46c'était le Nouveau Front Populaire réunit des femmes et des hommes
14:49qui veulent construire un projet de rupture avec le macronisme.
14:52Alors quand on a été élu sur la rupture avec le macronisme,
14:55on ne sert pas, en quelque sorte, de force d'appoint
14:58pour garantir la continuité de la politique d'Emmanuel Macron.
15:01– Il y a la question du vote sur la censure,
15:03il y a la question aussi des discussions avec le gouvernement,
15:06les communistes par exemple continuent à discuter,
15:08même par Bruno Retailleau, sur des questions de sécurité il y a quelques jours.
15:11– J'ai vu.
15:12– Vous avez vu, j'imagine que vous avez vu Manuel Bompard.
15:14Je vous repose la question, pour vous, ça ne veut pas dire pour autant
15:17que le Nouveau Front Populaire est mort ?
15:18– Je pense que toutes celles et ceux qui sont restés fidèles
15:22aux engagements qu'ils ont pris devant les électrices et les électeurs
15:25continuent à répondre à cet espoir, à cette aspiration du rassemblement,
15:30puisque c'était ça le Nouveau Front Populaire,
15:31sur un programme qui est un programme de rupture avec le macronisme.
15:34Et ça, ça va se poursuivre.
15:35Maintenant, je ne vais pas esquiver votre question,
15:37je vais vous dire les choses franchement.
15:38Dans maintenant deux semaines, le budget va revenir à l'Assemblée nationale
15:43et probablement, certainement, que le gouvernement va avoir recours
15:47à l'article 49.3 pour essayer de passer en force son budget.
15:50Dans ce budget, on apprend maintenant depuis plusieurs jours
15:52qu'il va y avoir par exemple plus d'un milliard de coupes
15:55dans le budget de l'écologie, 700 millions de coupes
15:58dans le budget de l'enseignement supérieur et la recherche,
16:00des coupes dans le budget de la culture, dans le budget du sport,
16:02bref, que le parti socialiste s'est gargarisé d'avoir obtenu
16:06la suppression des trois jours de carence, mais que dans le même temps,
16:08le gouvernement, au Sénat...
16:09Et le renoncement aux suppressions des 4000 postes enseignants.
16:12Attendez, et en même temps, je vais y venir si vous voulez,
16:14mais en attendant, parce que c'est quand même important que les gens le sachent,
16:16c'est-à-dire que le gouvernement dit oui, oui,
16:17on ne va pas ajouter les trois jours de carence,
16:19vous savez, c'est pour les arrêts maladie des fonctionnaires,
16:21mais au Sénat, le gouvernement fait voter un amendement
16:23pour réduire l'indemnisation de 100% à 90%.
16:26C'est-à-dire que le gouvernement vient d'accorder le fait
16:29de ne pas prendre finalement 250 millions d'euros aux fonctionnaires,
16:32mais leur impose 800 millions d'euros de prises.
16:36C'est-à-dire qu'ils ont floué les gens.
16:38– Quand vous dites, dans deux semaines, dans trois semaines,
16:40dans un mois ou plus tard, il y aura potentiellement un 49-3 sur le budget,
16:43si à ce moment-là, le Parti socialiste censure,
16:46vous oublierez qu'ils ne l'ont pas fait initialement ?
16:48– Je vais le prendre dans l'autre sens, si vous voulez bien.
16:50C'est-à-dire qu'évidemment que si le Parti socialiste ne censure pas
16:54au moment du vote sur le budget,
16:56alors il confirmera un changement d'alliance.
16:59Et clairement, il se sera mis à dos définitivement du nouveau Front populaire,
17:03ça me paraît être une certitude.
17:04Et moi, je forme le vœu que l'ensemble du nouveau Front populaire
17:07vote la motion de censure et que le gouvernement soit censuré
17:10pour protéger les Français de l'impact de sa politique.
17:13– Il y aura deux candidats de gauche.
17:15C'est François Hollande qui le laisse entendre déjà cette semaine.
17:18Il dit, il y aura deux candidats de gauche.
17:20Et on laisse entendre et on comprend qu'il y aura probablement dans son esprit
17:23Jean-Luc Mélenchon et lui.
17:25– Je ne sais pas si François Hollande sera candidat.
17:28Ce qui me paraît certain, c'est qu'il est bien mal placé
17:31pour représenter la gauche à l'élection présidentielle.
17:33Je vous rappelais que quand François Hollande a fini son quinquennat
17:36de président de la République, il a été dans l'incapacité de se représenter
17:40parce qu'il avait tellement rompu avec les aspirations populaires
17:43que plus personne ne lui faisait confiance.
17:45Le parti socialiste, dans l'élection suivante,
17:47a fait moins de 7% des voix à l'élection présidentielle.
17:49Donc il devrait plutôt s'excuser, François Hollande,
17:51plutôt que de donner des leçons à tout le monde.
17:53– C'est vrai que Jean-Luc Mélenchon cherche déjà les parrainages ?
17:56– Non, ce n'est pas Jean-Luc Mélenchon, c'est vrai que la France Insoumise,
17:59j'ai signé moi-même un courrier, il est signé en mon nom d'ailleurs,
18:01contrairement à ce que j'ai entendu à la télévision,
18:03ce n'est pas Jean-Luc Mélenchon qui a écrit,
18:04c'est moi en tant que coordinateur de la France Insoumise
18:06qui ai effectivement envoyé un courrier,
18:08puisque dans l'hypothèse d'une élection présidentielle anticipée,
18:11on dispose de 35 jours entre la date de la démission du président de la République
18:15et la date de l'élection.
18:16– Vous y demandez quoi ?
18:17– Je leur demande s'ils sont prêts à s'engager à parrainer le candidat
18:20qui sera investi par la France Insoumise.
18:21– Il n'y a pas le nom de Jean-Luc Mélenchon sur votre courrier ?
18:23– Non, vous pouvez retrouver le courrier, vous verrez,
18:25c'est le candidat qui sera investi par la France Insoumise
18:28et c'est quand même bien, je crois, de prendre les devants
18:31parce qu'il n'est pas question pour nous d'être pris de court
18:34dans l'hypothèse d'une élection présidentielle anticipée
18:36et de ne pas pouvoir parrainer les 500 parrainages nécessaires.
18:38– Mais vous aviez parlé avec vos camarades du Parti Socialiste,
18:41du Parti Communiste, d'Europe Écologie Les Verts, de cette initiative ?
18:43– Non, pas du tout, mais écoutez, heureusement que la France Insoumise
18:46peut encore prendre ses dispositions pour pouvoir être en mesure…
18:50– Non, mais je pensais que vous vous parveniez entre vous,
18:52puisque s'il y a, si votre souhait est qu'en cas de présidentielle anticipée,
18:57il y ait un candidat global de tout le monde,
19:00c'est peut-être la moindre des choses d'en parler avec eux.
19:02– Mais non, puisque nous, nous récoltons les parrainages nécessaires
19:05et si d'autres récoltent aussi des parrainages,
19:07à la fin tous ces parrainages iront ensemble.
19:08Mais attendez, vous pardonnez-moi…
19:10– Il y aura une primaire, il y aura une discussion…
19:12– Je ne veux pas mettre en cause votre travail journalistique,
19:14mais je veux juste vous dire, là vous n'avez pas révélé un scoop,
19:16parce qu'en fait, moi j'ai annoncé publiquement que j'avais envoyé un courrier…
19:18– J'ai aucunement l'intention de révéler un scoop,
19:20ce que je veux comprendre, c'est pourquoi est-ce que Fabien Roussel,
19:22par exemple, vous en fait le reproche ?
19:24Il le faisait à ce micro-là la semaine dernière.
19:26– Oui, il mentait.
19:27– Et probablement parce qu'effectivement,
19:29il estime que vous auriez pu appeler vos copains avant.
19:31– Non, parce qu'il voulait polémiquer avec nous,
19:33mais vous savez, d'ailleurs il disait des choses inexactes,
19:36puisqu'il disait Jean-Luc Mélenchon a envoyé un courrier pour demander…
19:38– Tout à fait, c'est pourquoi je vous demandais si son nom était sur la liste.
19:41– Il suffisait de lire le courrier qu'il avait manifestement sous les yeux
19:43pour savoir que ce n'était pas vrai, pour répondre à votre question.
19:46Je pense qu'une force politique comme la France Insoumise,
19:48qui a fait 22% des voix à la dernière élection présidentielle,
19:51qui a organisé le rassemblement, c'était la NUPES puis le NFP,
19:54autour d'un programme très largement inspiré du programme de la France Insoumise,
19:57qui est le groupe parlementaire qui dispose du plus grand nombre de députés à gauche.
20:00Je pense qu'une force politique comme la nôtre,
20:02elle a une responsabilité en cas d'élection présidentielle anticipée,
20:05et cette responsabilité c'est de proposer une candidature
20:07en espérant que ça puisse être une candidature commune.
20:09– Et donc vous faites tout pour y être prêt.
20:11– Nous le ferons, s'il y a une élection présidentielle anticipée,
20:13nous proposerons une candidature et nous discuterons avec les autres formations politiques
20:16en leur proposant de faire candidature commune avec nous.
20:18– Merci Manuel Bompard d'avoir répondu à mes questions ce matin,
20:20coordinateur de la France Insoumise, député des Bouches-du-Rhône, il est 8h52.