Invité mardi dans franceinfo soir, le député estime que "ce n'est pas grave" si le sujet est séparé en deux textes, comme le souhaite François Bayrou, "à la condition que ce ne soit pas la procrastination sur le sujet du droit de mourir dans la dignité".
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00:00France Info Soir, l'invité, Aurélie Herbemont.
00:05Bonsoir Emmanuel Grégoire, vous êtes député socialiste et candidat à la Mairie de Paris.
00:11Candidat comme le socialiste Rémi Féraud, soutenu par Anne Hidalgo, le communiste Yann Brossard
00:16et depuis hier comme l'écologiste Yannick Jadot. Ça fait pas un peu trop de candidats à gauche tout ça ?
00:22Non c'est bien, c'est un moment démocratique qui va connaître plusieurs étapes avant les élections municipales elles-mêmes
00:28et c'est le cas à chaque fois, c'est le cas à chaque fois.
00:30Il y a des étapes intermédiaires d'investiture par les formations politiques, des dynamiques de rassemblement pour le premier tour.
00:37De tous les noms que vous avez cités et qui sont tous de qualité, à la fin il ne restera probablement qu'un ou deux.
00:42Et donc c'est un processus qui va s'engager et je trouve qu'il est sain.
00:45Il est sain pour redynamiser le projet de gauche pour 2026, pour engager une dynamique de rassemblement à gauche.
00:53Et je connais toutes les personnes que vous avez citées et je me réjouis à l'avance de travailler avec elles.
00:56Travailler avec elles, mais avant il y aura sans doute des affrontements.
00:59Yannick Jadot, le dernier candidat en date, estime qu'il faudrait un maire écologiste.
01:04Est-ce que les socialistes seraient prêts à inverser les rôles dans l'alliance PS-Ecolo, eux devant et vous derrière ?
01:10Ce n'est pas à moi de dire ça, c'est aux électeurs parisiennes et parisiens.
01:13Il faut se présenter chacun sous ses couleurs au premier tour ?
01:16Je ne sais pas. On est dans une majorité avec les écologistes depuis 2001.
01:21Les deux mandats de Bertrand Dalleneuil et les deux mandats d'Anne Hidalgo.
01:25Je crois que la logique est donc que nous puissions discuter pour voir si on a vocation à se rassembler au premier tour.
01:32Parce que traditionnellement, redisons-le à nos auditeurs, il y a des listes séparées PS et écologistes au premier tour.
01:37On a toujours été séparés au premier tour et toujours réunis au deuxième tour.
01:40Ça peut être l'une des options que nous remettons en place.
01:43Mais je pense qu'il serait dommage de se priver d'un dialogue.
01:47Parce que d'abord ça permet de travailler ensemble à un projet, une vision pour Paris.
01:51Qu'elle se concrétise au premier tour ou au deuxième tour, après on verra.
01:54Et deuxièmement, je crois qu'il y a une grande maturité de travail.
01:58On a travaillé tellement souvent ensemble, je le considère tellement bien,
02:02que c'est en tout cas une piste que j'explorerai dans les mois prochains.
02:05Pas tellement avec Yannick Jadot, qui est un nouveau venu dans la galaxie parisienne.
02:09Vous n'avez pas d'habitude de travail avec ce nouveau candidat écologiste.
02:13Alors non, il est lui nouveau dans l'équation municipale.
02:16Ce sera un élément de la crédibilité de sa candidature.
02:18C'est évidemment le sujet de la connaissance des dossiers parisiens, etc.
02:22Mais moi j'ai beaucoup de respect pour Yannick Jadot.
02:25Il est l'un des candidats verts à l'investiture des verts.
02:28Il y a au moins quatre autres candidats chez les écologistes.
02:31Et je le dis avec beaucoup de respect et d'amitié pour eux.
02:34Je n'ai pas à m'immiscer dans leur débat interne et je respecterai leur choix.
02:38Ils nous discuteront avec la ou le candidat qu'ils auront désigné.
02:41Pourquoi vous considérez que cette fois, il faudrait peut-être faire une alliance,
02:44éventuellement dès le premier tour ? Vous avez peur de Rachida Dati ?
02:47Non, je n'ai pas peur de personne.
02:50Mais c'est simplement la cohérence politique.
02:52La cohérence politique, c'est quand on a si longtemps travaillé ensemble,
02:56je pense qu'on ne doit pas s'interdire de discuter.
02:58Ça ne veut pas dire que ça aboutit.
03:00Mais je vois les vertus d'engager ce dialogue de rassemblement de la gauche.
03:04Et la deuxième chose, c'est qu'on ne peut pas, même dans des élections locales,
03:08s'abstraire d'un contexte national, d'un contexte international,
03:12même on en dira sans doute quelques mots, qui pèse.
03:15Et dans lequel je crois qu'il y a une demande de rassemblement,
03:18il y a une demande d'unité, mais pas, contre, pas au détriment de la cohérence.
03:22Donc il faudra voir si ce travail, qui nous conduira jusqu'en mars 26,
03:25permet d'avoir de la cohérence et de la force ensemble,
03:27ou si, tout en s'entendant très bien ensemble,
03:29on décide de partir séparément au premier tour.
03:31Mais au second tour, il faudra rassembler toute la gauche jusqu'aux insoumis ?
03:35Non, je réponds déjà très clairement à cette question plusieurs fois.
03:38Je ne le souhaite pas au niveau local, et j'ai la chance d'observer
03:42qu'il ne le souhaite pas non plus.
03:44C'est un contexte très différent au Paris.
03:46Vous êtes quand même allié au sein du nouveau Front Populaire ?
03:48Oui, mais ça n'a rien à voir.
03:49On parle d'une campagne municipale, pas d'une campagne nationale
03:52dans laquelle l'extrême droite menaçait d'arriver au pouvoir.
03:55Et j'ai toujours dit que, sur le projet municipal,
03:59la coalition que je veux essayer de mettre en place,
04:02c'est une coalition qui associera les communistes, les écologistes,
04:05place publique, il y a aussi des nouvelles forces associatives et militantes
04:11qui se dégagent à Paris.
04:13Évidemment, parce que c'est mon parti, le Parti Socialiste,
04:17mais je considère qu'il n'y aurait pas de cohérence
04:19à faire un accord de premier tour et de deuxième tour
04:21avec la France Insoumise.
04:22J'observe qu'il ne le souhaite pas.
04:24Et enfin, je l'ai déjà dit, parce que j'ai eu maintes fois
04:27à me confronter à eux sur ces sujets-là,
04:29je considère qu'il y a un problème de valeur et de clarification
04:33qui ne me conduit pas à travailler avec eux sur un plan municipal.
04:36Sur le plan municipal, au niveau du Parti Socialiste,
04:39il faudra déjà vous départager.
04:41Vous, Emmanuel Grégoire et Rémi Féraud,
04:44qui est soutenu par Anne Hidalgo,
04:46est-ce que vous pensez pouvoir l'emporter devant les militants socialistes
04:49malgré le soutien de la maire à votre adversaire ?
04:52Écoutez, d'abord, qu'il y ait plusieurs candidats me paraît sain.
04:55C'est quand même la vertu du Parti Socialiste
04:58d'avoir toujours fondé la légitimité de ses élus
05:01et de ceux qu'il présente au suffrage des électeurs
05:03de procéder d'une légitimité qui vient des militants.
05:06Et moi, je suis militant depuis très longtemps au Parti Socialiste
05:10et je sais tout ce que je leur dois
05:12dans les moments difficiles, dans les moments plus heureux.
05:15Ma légitimité, elle procède de ce collectif militant.
05:18Anne Hidalgo ne tient pas les militants PS parisiens ?
05:21Ce concept de tenir est insultant vis-à-vis des militants.
05:24Un militant, il est précisément un exercice de souveraineté,
05:28d'expression libre et indépendante.
05:31Vous savez très bien qu'Anne Hidalgo m'a soutenu pendant de longues années
05:34dans cette ambition.
05:35Et là, maintenant, c'est un peu plus froid.
05:37Elle a changé d'avis. Je le regrette.
05:39J'en prends acte et je mène mon chemin.
05:42C'est une candidature de liberté.
05:44C'est une candidature de fidélité aussi à l'histoire de la gauche à Paris.
05:48D'abord avec Bertrand Delannoy et au cours des deux mandats
05:52d'Anne Hidalgo avec laquelle j'ai beaucoup travaillé.
05:55J'ai été dix ans son adjoint, six ans son premier adjoint.
05:57Je n'en garde que de bons souvenirs.
05:59Et maintenant, une page se tourne et nous devons la proposer.
06:02Ce n'est pas forcément partagé des deux côtés, manifestement.
06:04Je le partage deux fois plus pour que ce soit parfaitement égalitaire.
06:08Emmanuelle Grégoire, vous êtes aussi porte-parole du groupe socialiste à l'Assemblée.
06:12Le Premier ministre compte scinder en deux le texte sur la fin de vie
06:16avec un texte consacré aux soins palliatifs, un autre sur l'aide à mourir.
06:20Est-ce que c'est une bonne idée de couper en deux ce texte ?
06:23D'abord, ce qui est une bonne idée, c'est d'aboutir.
06:25C'est aboutir sur un dossier sur lequel la légitimité populaire est immense.
06:30Toutes les études montrent depuis de nombreuses années
06:33que la question de la dignité, du droit de mourir dans la dignité
06:37est une question qui a une maturité, dans l'opinion, beaucoup plus forte
06:41que le cadre institutionnel.
06:43Je ne dis pas que le débat n'est pas intéressant,
06:47mais il faut sortir du débat et maintenant passer aux actes.
06:49D'abord, je veux dire que je suis un ardent défenseur,
06:51je le suis depuis plusieurs années,
06:53aux côtés de nombreux militants associatifs
06:55et de personnalités politiques aussi engagées sur cette question.
06:58L'important, c'est que nous aboutissions le plus vite possible.
07:00C'est un sujet dont on n'a pas beaucoup parlé,
07:02mais qui était aussi au cœur des discussions
07:04entre le Parti Socialiste et le gouvernement Bayrou.
07:08Après, sur les points de vue techniques,
07:10comme on y arrive...
07:11Ce n'est pas grave si c'est séparé en deux textes ?
07:13Ce n'est pas grave si c'est séparé à la condition
07:15que la séparation en deux ne soit pas la procrastination
07:17sur le sujet du droit de mourir dans la dignité.
07:19Parce que c'est un peu le sujet, tout le monde est d'accord,
07:21mais à chaque fois, on trouve une bonne excuse
07:23de reporter de six mois, de un an, de deux ans.
07:25On est trop confrontés à des cas individuels,
07:29des histoires personnelles, dramatiques,
07:32de gens qu'on enferme dans la souffrance,
07:34qui sont prisonniers de leur propre corps,
07:36qui sont obligés, y compris parfois de façon un peu illégale,
07:39d'aller trouver des procédures à l'étranger
07:41pour se libérer de la souffrance absolue,
07:43qui est le constat de sa propre déchéance, etc.
07:46Évidemment, il faut des garde-fous
07:48pour éviter qu'il y ait des dérives.
07:51Je sais qu'il y a des moyens,
07:53on sait qu'il y a des moyens pour cela.
07:55Le temps est venu d'agir.
07:57La semaine dernière, le Parti Socialiste
07:59n'a pas censuré le gouvernement.
08:01Est-ce que ça veut dire que les députés PS
08:03ne vont pas censurer le gouvernement sur le budget ?
08:05Non, ça ne veut pas dire ça.
08:06D'abord, il faut faire attention avec la censure.
08:08Pourtant, les concessions que vous avez obtenues
08:10sur les jours de carence pour les fonctionnaires,
08:13la non-suppression de 4000 postes d'enseignants,
08:16c'est bien des choses qui dépendent du budget,
08:18pas du discours de politique générale.
08:20Tout à fait, c'est la première étape.
08:22Mais la deuxième étape, c'est de confirmer
08:24dans le détail que ce que nous avons obtenu
08:27se traduit concrètement pour les Françaises et les Français.
08:30Je vais vous donner un exemple,
08:32parce que c'est une bataille que je mène,
08:34qui est la défense de l'école publique.
08:36Et la façon dont, honteusement, on fait peser
08:38sur l'école publique l'ensemble des économies budgétaires
08:40sur un pseudo-argument démographique,
08:42il existe, mais il n'explique pas tout.
08:44Quand le gouvernement nous dit
08:46« je vais renoncer aux 4000 suppressions de postes
08:48chez les enseignants ».
08:50Vous craignez de vous faire rouler ?
08:52Oui, on va surveiller qu'on ne se fait pas rouler.
08:54Parce que si ça ne se traduit pas dans les faits
08:57par une annulation ou une réduction spectaculaire
08:59du nombre de fermetures de classes sur le terrain,
09:02ça aura été un marché de dupe.
09:04Moi-même, aujourd'hui, j'ai été alerté
09:06par un collègue qui est élu d'outre-mer,
09:09député d'outre-mer de mon groupe,
09:11dans lequel on a encore des confirmations
09:14de suppression de postes d'enseignants
09:16qui ne sont pas à l'image.
09:18Donc, en gros, si c'est 4000 suppressions
09:20en moins au national,
09:22mais par la bidouillerie administrative,
09:24ça ne se traduit pas concrètement dans les écoles.
09:26Donc, il faut maintenir la pression jusqu'au bout sur le gouvernement.
09:28Parce que nous avons fait un pari qui est celui
09:30de la stabilité et de la responsabilité.
09:32Et de ne pas jouer avec légèreté,
09:34avec cette arme de la censure.
09:36La censure, pour que chacun comprenne,
09:38soit c'est un pétard mouillé
09:40quand on est dans une situation d'opposition
09:42face à une majorité très importante,
09:44et auquel cas personne n'en parle parce qu'elle n'aboutit jamais,
09:46mais dans la circonstance exceptionnelle
09:48que nous connaissons à l'Assemblée nationale,
09:50cette censure est un immense pouvoir de négociation.
09:54Et la question c'est, est-ce qu'on s'en sert
09:56pour verser toute chose et créer le chaos ?
09:58Ou est-ce qu'on s'en sert
10:00pour être utile au pays ?
10:02Et nous avons fait le pari d'être utile au pays.
10:04C'est le cas à travers les discussions qu'on a engagées
10:06et sur lesquelles nous serons vigilants,
10:08article par article et par déclinaison administrative
10:10à ne pas nous être fait rouler.
10:12Et la deuxième chose,
10:14un autre exemple, nous avons jeudi
10:16la niche parlementaire du Parti Socialiste.
10:18Il y a huit propositions de projet de loi
10:20que vous espérez faire adopter
10:22grâce au Macronisme.
10:24En tout cas, le PS n'y suffira pas seul,
10:26le NFP n'y suffira pas seul,
10:28et donc on va aller chercher des alliés ailleurs
10:30sur des sujets qui sont très concrets.
10:32Le repas Crous à un euro pour tous les étudiants
10:34sur une PPL, sur les ascenseurs,
10:36ça paraît anodin, mais cette PPL...
10:38Une proposition de loi sur les réparations d'ascenseurs.
10:40Sur les réparations d'ascenseurs, les obligations
10:42des bailleurs et des copropriétaires
10:44sur l'entretien des ascenseurs, parce que quand vous êtes
10:46dans une personne en mobilité réduite
10:48ou très haute, ça peut être un problème du quotidien.
10:50On a huit PPL qui correspondent
10:52à des problèmes du quotidien
10:54sur lesquels nous espérons avoir des résultats très concrets.
10:56Le gouvernement cherche
10:58des recettes, notamment peut-être
11:00pour financer les concessions qu'il a accordées au Parti Socialiste.
11:02Aujourd'hui, la ministre du Travail
11:04Astrid Panossian propose que les retraités
11:06les plus aisés, à partir de 2000 ou 2500 euros,
11:08participent au financement
11:10de la protection sociale. Est-ce que ça,
11:12c'est une idée que le PS pourrait soutenir ?
11:14Écoutez, j'en sais rien, parce que c'est ce qui est un peu
11:16surprenant, pour vous dire comme je le ressens.
11:18La ministre
11:20énonce ça, et il faut un peu plus
11:22de détails pour que je vous donne un avis éclairé.
11:242500 euros, on est riches
11:26quand on est retraité ou pas ?
11:28Dans votre question même, vous savez y répondre.
11:30La réponse est non.
11:32Et je trouve que,
11:34dans cette foirefouille
11:36des idées, etc.,
11:38il y a beaucoup de légèreté
11:40et, entre guillemets, de risque sur les messages
11:42qu'on veut adresser. Notre position au Parti Socialiste,
11:44elle est simple. Au cours
11:46des sept dernières années, il y a des entreprises,
11:48il y a des très grandes fortunes
11:50qui ont largement bénéficié
11:52des réductions fiscales.
11:54C'est là qu'il faut aller les chercher. Et je trouve qu'il y a
11:56une incongruité, une injustice flagrante
11:58à vouloir taxer le grand nombre
12:00là où, pendant sept ans, ce sont quelques-uns
12:02simplement qui ont bénéficié
12:04des mesures fiscales qui ont été adoptées.
12:06Donc, la réponse spontanée est non.
12:08Et deuxièmement, évitons de lancer
12:10des idées en l'air comme ça,
12:12parce que ce n'est pas une façon, je trouve,
12:14efficace de travailler.
12:16Merci Grégoire. Merci à vous.