Sébastien Chenu, député du Nord et vice-président du Rassemblement national, le 13 février 2025 dans franceinfo soir.
Catégorie
🗞
NewsTranscription
00:00France Info Soir, l'invité, Aurélie Herbemont.
00:06Bonsoir Sébastien Chenu.
00:08Bonsoir Madame.
00:09Vous êtes député du Nord, vice-président du Rassemblement National.
00:13La France Insoumise dénonce un scandale d'Etat à propos des violences sexuelles dans l'établissement catholique de Notre-Dame de Bétarame
00:20et accuse le Premier ministre d'avoir été au courant, ce qu'il conteste.
00:24Est-ce que la gauche a raison ou est-ce que c'est une polémique artificielle comme le dit François Bayrou ?
00:29Dans cette affaire, qu'est-ce qu'on a ? On a des faits présumés de violences, d'agressions sexuelles sur des mineurs dans un cadre éducatif
00:39qui doivent évidemment nous interpeller puisqu'a priori, d'après ce que nous en savons de l'extérieur,
00:46François Bayrou, dans les fonctions qui étaient les siennes il y a quelques années,
00:51aurait été informé et aurait rencontré un juge d'instruction qui confirme ou qui explique qu'il lui a expliqué la situation
01:00qui était évidemment à dénoncer à l'époque et que cela n'aurait pas été fait par François Bayrou.
01:06Alors, je ne connais pas le dossier, comme d'ailleurs la plupart des gens qui aujourd'hui le regardent,
01:12mais j'allais dire d'une façon un peu triviale, ça ne sent pas très bon cette affaire-là.
01:16Ça semble être quand même un dossier difficile dans le sens où des agressions sexuelles sur mineurs, c'est tout de même très grave
01:25et François Bayrou ne nous semble pas très à l'aise.
01:27Vous n'avez pas été convaincu par sa défense hier et avant-hier devant les députés ?
01:31Je l'ai senti assez mal à l'aise, peu convaincant et surtout je vois des témoignages, notamment ceux de juges d'instruction
01:38qui ont l'air très, si ce n'est objectifs, en tous les cas très documentés.
01:43J'ose espérer que le Premier ministre n'a pas menti devant la représentation nationale et qu'il ne sera pas mis face à des contradictions.
01:51Sinon ?
01:52Sinon, ce sera quand même compliqué pour François Bayrou de continuer à dérouler avec la même sérénité son mandat,
02:01en tout cas ses fonctions de Premier ministre.
02:04Mais à ce stade, pour le Rassemblement national, il n'y a pas matière, comme on peut l'entendre à gauche, à demander la démission du Premier ministre ?
02:10Non, il faut attendre que l'enquête suive son cours, avoir les éléments.
02:14Mais on sent François Bayrou peu à l'aise, on sent des faits d'une extrême gravité.
02:21Et l'idée que François Bayrou n'ait pas été au courant m'interpelle.
02:28Sincèrement, durant toutes ces années, les témoignages qui remontent, il n'y a pas de raison que tous ces gens se liguent aujourd'hui pour inventer tout cela.
02:39Je sens un Premier ministre mal à l'aise.
02:41Et nous avec, parce que voir le Premier ministre de la France mal à l'aise sur ce genre d'affaires,
02:47ça fait peser une suspicion sur le gouvernement de la France, au-delà de la personnalité de François Bayrou, dont nous n'avons pas besoin.
02:56Donc j'ose espérer que François Bayrou nous apportera des éléments qui nous permettront de croire ce qu'il dit.
03:03Je n'ai pas de raison de lui faire un procès d'intention, mais pour l'instant je ne le sens pas à l'aise.
03:06Sébastien Chenu, l'Assemblée nationale a adopté ce matin la proposition de loi de Gabriel Attal pour durcir la justice des mineurs.
03:13Le Rassemblement national l'a votée. Est-ce que ça veut dire que vous êtes en phase avec la politique menée par les macronistes ?
03:19Non, mais c'est une petite loi.
03:21Mais que vous avez votée !
03:23Oui, mais parce qu'il y a des petites améliorations.
03:26Donc ça va dans le bon sens. Vous savez, en Macronie, en matière de sécurité, on fait des pas qui se font à la vitesse d'une fourmi,
03:37qui sont millimétrés, qui sont tout petits, là où il y a des urgences à entreprendre.
03:43Donc oui, on les pousse, on fait en sorte de durcir les textes.
03:47Les députés du Rassemblement national étaient nombreux.
03:49Et d'ailleurs, heureusement qu'il y avait les députés du Rassemblement national pour faire passer ce texte,
03:53qui est encore une fois un petit texte, une toute petite amélioration.
03:57Le groupe de Gabriel Attal était mobilisé.
03:59Mais ils ont tellement peur. Ils sont tellement timides.
04:02Ils osent tellement peu avancer sur ces sujets de sécurité.
04:07Alors qu'on sait qu'il y a une surreprésentation des mineurs dans la délinquance, dans l'effet délinquance, dans la récidive.
04:13Et qu'il y a des propositions.
04:15Le ministre de la Justice, justement, Gérald Darmanin, veut durcir la copie au Sénat.
04:19Il propose un couvre-feu pour les mineurs délinquants.
04:21Des sanctions quand les mesures éducatives ne sont pas respectées.
04:23Ou encore davantage de recours aux bracelets électroniques pour les 16-18 ans.
04:27Est-ce que tout ça, ça va dans le bon sens pour vous ?
04:30Oui, ça va dans le bon sens.
04:31Ça fait 7 ans qu'ils sont là.
04:33Ça fait 7 ans qu'on leur dit qu'il faut sacraliser l'intégrité physique.
04:36Qu'il faut faire baisser l'âge de la majorité pénale.
04:39Qu'il faut faire des peines adaptées, courtes, immédiates, dans des endroits dédiés aux mineurs.
04:46Qu'il faut revoir l'audience de culpabilité et l'audience de peine.
04:50Qui sont deux audiences séparées.
04:51Qu'il faut les rapprocher.
04:52Qu'il faut revoir aussi les statistiques.
04:53Qu'il faut revoir le problème des mineurs non accompagnés.
04:55Ça fait 7 ans.
04:57Alors, nous, on sait ce qu'il faut faire.
04:59On le propose.
05:00D'ailleurs, ils votent contre en général.
05:02Et là, ils font des petits pas.
05:03Tant mieux s'ils ouvrent les yeux.
05:05Tant mieux.
05:06Mais le temps perdu, c'est du temps de mise en danger des Français.
05:09Vous ne vous faites pas crouper l'herbe sous le pied au Rassemblement National
05:11quand le gouvernement avance sur ces sujets-là ?
05:13Ce sont des faucheurs un peu lents.
05:15Parce qu'en 7 ans, nous couper l'herbe sous le pied avec cette vitesse-là,
05:19elle a le temps de repousser 100 fois.
05:21Non, nous, nous disons que nous avons proposé des solutions.
05:24Qu'on sera toujours là pour protéger les Français.
05:26Mais qu'eux, chaque jour qu'ils ont perdu,
05:29est un jour de perdu pour la sécurité des Français.
05:32Et quand vous entendez Gérald Darmanin en matière d'immigration
05:35qui s'avance sur l'abrogation du droit du sol,
05:38est-ce que ça crédibilise le discours du Rassemblement National ?
05:40Mais Madame, nous le proposons depuis des années.
05:43Il va falloir qu'il convainque d'abord Monsieur Lombard, ministre des Finances,
05:46Madame Borne, une partie des députés macronistes.
05:49S'ils ne savent pas faire, qu'ils nous donnent les clés.
05:53C'est justement pour ne pas vous donner les clés
05:55qu'ils s'aventurent sur ces sujets manifestement.
05:57Oui, qu'ils s'y aventurent tout doucement,
05:59qu'ils osent à peine ouvrir la porte,
06:01tâter du doigt, essayer de convaincre leurs propres amis.
06:04Sincèrement, que de temps perdu.
06:06Qu'est-ce qu'on perd comme temps ?
06:08Ne le conteniez pas dans la loi Attal votée hier.
06:11Ce sont de petites mesures.
06:12Je vous ai énuméré des mesures qui étaient nécessaires
06:15pour la sécurité des Français,
06:16mais aussi pour protéger les mineurs
06:19et pour les empêcher de récidiver.
06:21Mais tout cet arsenal que nous proposons,
06:23il n'est pas dans la loi Attal.
06:24On n'est que sur le tout début d'une petite histoire.
06:27Donc pour vous, ça n'empiète pas sur les plates-bandes du RN ?
06:30Non mais on est très loin si vous voulez.
06:32Il n'y a pas photo entre ce qu'on ferait et ce qu'ils font.
06:34Sébastien Chenu, que pensez-vous du fait que le ministre de l'Intérieur
06:37soit en campagne pour prendre la tête du parti LR ?
06:41Écoutez, moi je préférais qu'il s'occupe des Français.
06:44Pour l'instant, Bruno Rotailleau n'a pas de résultat.
06:46Ou en tous les cas, les résultats qu'il a,
06:48par exemple en matière d'immigration, sont nuls.
06:50Donc Bruno Rotailleau parle beaucoup.
06:52Il n'est là que depuis 6 mois ?
06:54Oui, déjà 6 mois.
06:556 mois à l'entendre parler.
06:57Il a perdu les arbitrages sur l'aide médicale d'État.
07:00Je regardais les chiffres sur le financement des réfugiés,
07:03des demandeurs d'asile, etc.
07:05ou des associations qui accompagnent les demandeurs d'asile.
07:08Tout ça est en hausse, des milliards d'euros.
07:10Bruno Rotailleau n'a pas bougé d'asile.
07:12Donc ça fait 6 mois qu'il est là et il pense déjà maintenant à la présidentielle.
07:15Parce que prendre les Républicains, c'est s'engager sur la voie de la présidentielle.
07:19Est-ce qu'on ne peut pas simplement avoir un ministre de l'Intérieur
07:22qui se consacre 100% de son temps et de son énergie
07:26à obtenir des résultats ?
07:27Vous êtes plutôt d'accord avec Laurent Wauquiez alors ?
07:29Bah oui !
07:30Mais ça, ils se débrouilleront entre eux.
07:32Ils ont l'habitude de se faire la guerre chez les Républicains.
07:35Les accords de 68 qui régissent notre relation avec l'Algérie,
07:39est-ce que Bruno Rotailleau, ça ne nécessite pas sa mobilisation pleine et entière ?
07:43Est-ce qu'un référendum sur l'immigration pour lequel il est favorable,
07:46est-ce que ça ne nécessiterait pas qu'il essaye de convaincre
07:49la majorité macroniste qui le soutient jusqu'à aujourd'hui ?
07:53Je veux dire, un moment...
07:54Vous êtes sévère avec Bruno Rotailleau.
07:56C'est qu'il ne vous fait pas parce que vous le critiquez,
07:58mais il a une bonne cote dans l'opinion.
08:00Oui, mais il a une bonne cote parce que je lui donne quitus
08:02d'être un homme de conviction et de vouloir probablement faire bouger les choses.
08:06Là où je ne le suis pas, c'est qu'il s'est mis dans la main des socialistes
08:09et de la macronie, et qu'à partir du moment où il n'a pas les leviers
08:12et qu'il accepte de ne pas avoir les leviers,
08:15il fait croire aux Français qu'il peut changer les choses,
08:18alors qu'en fait il n'a ni les équipes, ni la volonté politique derrière lui
08:22pour faire changer les choses.
08:23Bruno Rotailleau a voulu être ministre de l'Intérieur,
08:25il est ministre de la parole du ministère de l'Intérieur.
08:28Il ne vous fait pas peur, vous mentionniez le fait
08:30qu'il était peut-être tourné vers la présidentielle,
08:32ça ne vous inquiète pas un profil comme ça pour 2027 ?
08:35Non.
08:36Non ?
08:37Non, je ne peux pas vous dire l'inverse.
08:38Il n'y a pas de résultat aujourd'hui.
08:40Bruno Rotailleau, non, ne nous fait pas peur.
08:42C'est un libéral conservateur qui a choisi de travailler avec la macronie
08:46et sous la tutelle socialiste.
08:48Ça démontre quand même une absence de courage politique réelle.
08:52Sébastien Chenu, la semaine prochaine, le parti socialiste
08:55va déposer une motion de censure spontanée
08:57pour critiquer la trumpisation du gouvernement
09:00sur les questions migratoires.
09:01Certains s'inquiètent que le RN vote cette motion
09:05juste pour renverser François Bayrou, maintenant que le pays a un budget.
09:08Est-ce que vous avez l'idée, dans l'idée de faire tomber ce gouvernement ?
09:11On n'a pas encore arbitré, mais est-ce qu'on va utiliser
09:13cette motion de censure un peu ridicule du parti socialiste
09:17qui essaye de se redonner une bonne conscience
09:19comme il a permis à François Bayrou de sauver sa tête ?
09:21Vous aviez voté celle contre Michel Barnier
09:23qui dénonçait les viles obsessions de l'extrême droite.
09:26Là, le parti socialiste, ils veulent se redonner une image
09:30vis-à-vis des électeurs de gauche qu'ils ont trahis
09:32en disant, regardez comme on est des opposants.
09:34Ce n'est pas des opposants, ils ont collaboré,
09:36ils collaborent à l'oeuvre de François Bayrou.
09:38Donc c'est un peu ridicule.
09:40Mais est-ce qu'on n'aurait pas envie, effectivement,
09:42de se saisir de leurs textes ridicules pour les ridiculiser
09:45et faire sauter le gouvernement ?
09:46C'est tout le débat qui va nous animer, nous n'avons pas tranché.
09:48Et qu'est-ce qui va faire trancher la balance ?
09:50La question mérite d'être posée.
09:52La question mérite d'être posée.
09:53Il y a un Premier ministre qui, visiblement,
09:55est affaibli par cette affaire d'école.
09:57Un ministre de l'Intérieur qui a la tête ailleurs,
09:59qui n'a plus envie de s'occuper de la sécurité des Français
10:01mais qui a envie de se créer un parcours politique.
10:04Est-ce que tous ces gens peuvent revenir à leurs devoirs
10:07de façon sérieuse pour aider la France
10:09et être au service de la France ?
10:10Ou est-ce qu'ils veulent faire autre chose ?
10:12S'ils veulent faire autre chose, peut-être que ça peut être l'occasion
10:14de leur donner leur bond de sortie.
10:15Donc la menace reste entière de votre côté.
10:17Pourtant, il y a quelques semaines, on avait entendu Jordan Bardella,
10:20le président du Rassemblement National,
10:22qui a demandé plutôt pour de la stabilité jusqu'à l'été,
10:24jusqu'à ce qu'il puisse y avoir une nouvelle dissolution.
10:27Oui, mais je vous ai donné des éléments qui nous montrent
10:29que finalement, entre un Premier ministre
10:31qui a l'air chaque jour d'être empêtré par une affaire
10:34et un ministre de l'Intérieur qui ne veut plus s'occuper
10:36de la sécurité des Français,
10:38chaque jour, les choses sont différentes,
10:40les schémas sont différents.
10:41Nous, on leur dit, occupez-vous des Français à 100%.
10:44Vos petites histoires ou vos histoires sordides
10:47n'intéressent pas les Français.
10:49Mobilisez-vous pour défendre les Français.
10:51Mais visiblement, leur tête est déjà ailleurs.
10:53Mais ce ne serait pas un problème pour l'état du pays
10:56que la semaine prochaine, potentiellement,
10:58il n'y ait à nouveau plus de gouvernement ?
10:59Ils ont visiblement déjà la tête ailleurs.
11:01Merci Sébastien Chenu.
11:03Et merci Aurélie Hervemont.
11:04On se retrouve à 20h pour les informer.