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00:00Europe 1, la France bouge, la pépite.
00:04Inès, vous avez un master en psychologie appliqué aux ressources humaines.
00:10Ça fait 20 ans que vous travaillez sur ces sujets de prévention, de discrimination, de mixité.
00:16Je vous voyais écouter attentivement Madame la Ministre ce soir sur Europe 1.
00:21Vous vous avez fait quasiment que ça dans votre carrière professionnelle.
00:26Vous avez passé près de 12 ans à salarier dans une association.
00:31Qu'est-ce qui fait que vous avez voulu monter votre boîte ?
00:35Au bout d'un certain nombre d'années, j'ai passé dans l'association qui s'appelait IMS Entreprendre pour la Cité,
00:41qui était à l'initiative de toutes les politiques de diversité dans les entreprises en France.
00:47J'ai voulu changer d'air et j'ai quitté l'association pour me mettre à mon compte.
00:53Avec l'envie, en fait, ça faisait une quinzaine d'années que j'accompagnais les entreprises sur la mise en place de ces politiques,
00:59et j'avais envie de travailler sur un outil de responsabilisation individuelle.
01:03Parce qu'en fait, tous ces sujets, que ce soit la prévention des discriminations, la prévention du sexisme ou la diversité,
01:08ne fonctionnent qu'à partir du moment où on a d'un côté un cadre favorable qui est posé,
01:13ça c'est l'engagement des pouvoirs publics, l'engagement de l'entreprise, donc c'est vraiment le cadre qu'on pose.
01:18Et le deuxième pan qui est absolument nécessaire, c'est le fait que chacun et chacune soit acteur de ces sujets au quotidien.
01:24Et donc je trouvais qu'il manquait en fait un outil qui permette individuellement aux salariés hommes et femmes
01:29de se poser un certain nombre de questions sur le rapport qu'ils entretiennent à la question du sexisme,
01:33mais aussi à la question...
01:34À l'intérieur même de l'entreprise.
01:35Voilà, à l'intérieur même de l'entreprise, de se dire est-ce que potentiellement je pourrais être auteur ou autrice,
01:40est-ce que quand j'assiste à des situations où je suis témoin passif, et on travaille beaucoup sur cette notion de témoin passif...
01:45Alors justement, pour qu'on comprenne ce que c'est, vous savez qu'il y a un petit rituel dans la France Bouche qui s'appelle le pitch.
01:49Donc pendant une minute, vous allez nous dire exactement ce qu'est Me and You Too,
01:53et puis après on se retrouve pour vous poser toutes les questions.
01:56Vous êtes prête ?
01:57Je suis prête.
01:58Allez c'est à vous Inès, on vous écoute.
01:59Donc chez Me and You Too, on accompagne les entreprises et les organisations sur la mise en place de leurs politiques de diversité et de prévention du sexisme,
02:06et notamment en proposant un outil d'auto-diagnostic qui est 100% anonyme,
02:10et qui est un outil donc passé par les salariés auxquels ils répondent,
02:14et sur la base d'un certain nombre de mises en situation,
02:16ça leur permet de découvrir quel est le rapport qu'ils entretiennent à ces différents sujets,
02:21et d'identifier des pistes d'action et d'amélioration individuelles.
02:25Ben voilà, moins d'une minute mais au moins c'est très très clair.
02:27C'est concis.
02:28Non mais c'est concis.
02:29Ce qui signifie que si par exemple, ça va me permettre de me positionner,
02:33si par exemple je suis témoin d'une situation que je trouve peut-être un peu bizarre,
02:36vous grâce à votre questionnaire, je vais pouvoir y mettre des mots ?
02:40Alors ça va me permettre d'identifier sur la base de ces situations,
02:43que cette blague n'était pas vraiment une blague,
02:46mais qu'on est typiquement dans des formes d'humour qui vont être dégradantes.
02:49Ça peut être quoi par exemple ?
02:50Alors ça va être, je suis à la machine à café,
02:53et puis j'entends une blague qui peut aller d'une blague sur les blondes,
02:57j'ai une de mes collègues qui fait une intervention,
03:00et puis à la fin de son intervention,
03:01quelqu'un lui dit que c'était aussi agréable pour les yeux que pour les oreilles,
03:04ça peut être des commentaires sur l'apparence physique,
03:07sur la tenue vestimentaire,
03:08ça peut être tout un tas de mises en situation,
03:11on a une grosse base de données avec 150 mises en situation qui sont proposées.
03:14Vous avez la data, dites sexisme, c'est pas mal, moi j'aime bien ça.
03:18Je pense que c'est beaucoup de situations vécues en fait,
03:21qui ont créé la data.
03:22C'est ça, qui nous remontent des entreprises,
03:24donc on propose que des situations qui sont réelles,
03:26et puis les entreprises peuvent en créer aussi,
03:28parce qu'effectivement on déploie notre auto-diagnostic
03:31dans des entreprises industrielles, dans le secteur bancaire, dans le secteur du luxe,
03:35et les manifestations du sexisme sur le terrain,
03:37elles vont pas tout à fait être les mêmes en fonction des environnements.
03:39Alors quel est l'environnement le plus sexiste ?
03:42Alors ce serait compliqué de vous répondre,
03:45dans le sens où il y a différentes manifestations du sexisme,
03:47typiquement quand on est sur des métiers qui vont être très terrain, très industriel,
03:51avec des populations de...
03:52Genre le BTP ?
03:53Voilà, typiquement sur le BTP,
03:54on va pouvoir avoir du langage un peu fleuri,
03:56des discussions à caractère sexuel, etc.
03:59Mais on trouve aussi des environnements extrêmement sexistes
04:01dans les lieux de pouvoir,
04:02notamment dans des niveaux de responsabilité extrêmement importants,
04:06dans lesquels il y a beaucoup de pression,
04:07enfin je pense qu'en politique on n'est pas épargné sur le type de situation.
04:11Il y a beaucoup de sexisme en politique ?
04:13Franchement, il s'exprime moins parce qu'on est plus nombreuses.
04:16Ça ne veut pas forcément dire qu'ils ont tous changé d'avis,
04:18mais c'est plus difficile de le faire
04:20quand dans l'hémicycle de l'Assemblée Nationale
04:22vous avez 40 ou 45% de femmes,
04:24et quand vous en avez 20% bien sûr.
04:25Pour des raisons évidentes, il y a des choses qui sont plus ou moins autorisées,
04:28ce qui est aussi un sujet d'accès justement à des lieux de pouvoir et à de la mixité.
04:33Parce que c'est ça aussi qu'on doit pouvoir garantir,
04:35c'est une mixité qui fait progresser tout le monde,
04:37et je pense que c'est pareil dans les entreprises.
04:39Ce n'est pas la même chose dans une organisation,
04:40quand vous avez, on parlait du BTP, une surreprésentation d'hommes,
04:44donc quand vous avez une femme qui arrive,
04:46forcément c'est beaucoup plus dur pour elle de s'insérer,
04:49et inversement d'ailleurs aussi ça existe.
04:52Bien sûr, oui.
04:54Donc, lieux de pouvoir, évidemment dans l'industrie, BTP, etc.
04:58Aujourd'hui vous avez beaucoup de clients,
05:00Inès Dauvergne pour Myaniotou ?
05:02On travaille à peu près avec 200 entreprises,
05:04donc essentiellement des grandes et des très grandes,
05:06et vraiment c'est hyper varié en termes de secteur d'activité.
05:09Donc comme je disais, ça peut aller de l'industrie à la banque d'assurance,
05:12à la grande distribution, au conseil.
05:15Et puis vous êtes aussi en dehors de la France,
05:16parce que je voyais que vous vous adaptiez aussi au contexte culturel local,
05:21c'est-à-dire que le sexisme en France,
05:23c'est pas le même en Italie ou ailleurs ?
05:26Alors on va toujours être sur des propos qui vont être dégradants,
05:29humiliants, offensants ou stigmatisants.
05:31Maintenant les manifestations, effectivement,
05:33peuvent varier en fonction des cultures.
05:35Ça peut avoir une dimension plus ou moins sexualisée,
05:38ça peut avoir plutôt une dimension de renvoyer la femme, par exemple,
05:41à la sphère familiale et maternelle,
05:43ça peut être d'autres manifestations qui vont être de décrédibiliser
05:46la capacité des femmes à pouvoir exercer un poste d'autorité, par exemple.
05:50Donc ça va se manifester de manière différente,
05:53même si les mécanismes qui le sous-entendent sont toujours les mêmes.
05:56Et effectivement, depuis quelques années,
05:58on s'est déployé à l'international,
05:59avec un certain nombre de nos entreprises clientes,
06:02qui avaient une activité à l'international,
06:04et nous ont dit qu'on aimerait avoir des versions adaptées
06:06pour le Mexique, le Brésil, la Chine.
06:08Donc c'est différent en Chine ?
06:09Moi j'imagine le sexisme en Chine,
06:11est-ce qu'il y a des choses différentes ?
06:13Alors ce qui va être différent, notamment sur la zone asiatique,
06:18c'est le pourcentage de témoins passifs.
06:20C'est-à-dire que plus vous êtes dans des cultures
06:22dans lesquelles il y a une dimension collective qui est importante,
06:25et moins il y a d'individualisme, si vous voulez,
06:27et plus ça va être compliqué en tant que témoin d'intervenir.
06:29Et je vous disais tout à l'heure,
06:30on travaille beaucoup sur cette responsabilisation individuelle,
06:33parce que, comme vous l'évoquiez,
06:35lutter contre le sexisme n'est pas l'unique responsabilité des femmes,
06:39et plus il y aura témoins qui interviendront quand il y a des situations,
06:42que ce soit des hommes ou que ce soit des femmes,
06:44en disant « moi je trouve que là ton propos il n'est pas tout à fait OK,
06:47moi je trouve que cette attitude, en fait, elle est limite,
06:50elle n'est pas acceptable ».
06:51Et plus on ouvre une porte,
06:52déjà parce que les victimes s'autorisent à dire qu'effectivement
06:55elles ont été choquées ou mal à l'aise,
06:57parce qu'en fait c'est très difficile,
06:59quand on est victime de propos ou d'agissements sexistes,
07:01de le dire dans un environnement,
07:03parce qu'on a peur d'être ostracisé,
07:05parce qu'on a peur de passer pour celui ou celle qui n'a pas d'humour.
07:08Donc on compte sur le témoin.
07:10En fait on crée des mécanismes de solidarité
07:12et donc on redéfinit la nouvelle norme de ce qui est acceptable ou pas.
07:15Plus vous avez de gens qui interviennent
07:17et moins les auteurs ou les autrices de ce type d'agissements
07:20vont s'autoriser à le faire.
07:22Donc à travers vos questionnaires, vous sollicitez cette entraide finalement ?
07:26Oui tout à fait, nous on travaille sur cette prise de conscience individuelle
07:29et puis l'entreprise qui a déployé un autodiagnostic,
07:32elle va disposer des statistiques, anonymes évidemment,
07:34parce qu'on ne peut pas nominativement savoir qui a répondu quoi,
07:37qui en fait lui permet d'avoir une photographie
07:39du niveau de maturité de ses salariés sur le sujet
07:41et donc ensuite de pouvoir savoir quels sont les types d'actions
07:43qu'elle va pouvoir mettre en place.
07:45Vous vouliez ajouter Ines Dauverne ?
07:47Je trouve que c'est vraiment hyper intéressant de travailler
07:50spécifiquement avec des collectifs masculins
07:52parce qu'en fait, quand on regarde,
07:54ça fait un certain nombre d'années qu'on parle des stéréotypes de genre
07:56et de l'impact des stéréotypes de genre sur les femmes.
07:58Quel est leur contenu ?
08:00Quelles sont les conséquences que ça peut avoir sur les femmes ?
08:02Et je trouve que le point un peu oublié, l'angle mort,
08:04ça a été d'avoir ce débat-là,
08:06ces discussions-là aussi avec des hommes
08:08sur les conséquences de stéréotypes de genre sur les hommes
08:11de la manière dont ça peut les enfermer
08:13dans un certain nombre d'injonctions
08:15du fait qu'il faut faire carrière,
08:17il faut être puissant, il ne faut pas montrer ses émotions,
08:19il ne faut pas manifester ses vulnérabilités, etc.
08:21Et donc je trouve que c'est vraiment important aussi
08:23que les hommes s'en parlent de cette question.
08:25Qu'on aille voir aussi de ce côté-là,
08:27parce qu'ensemble...
08:29Sur le fait notamment de leur faire passer des messages
08:31sur l'idée qu'il n'y a pas une seule manière
08:33d'être un homme qui serait
08:35être un mâle alpha dominant,
08:37l'archétype de la virilité,
08:39on peut être un homme de plein de manières
08:41au même titre qu'on peut être une femme de plein de manières.
08:43Et on a besoin les uns des autres,
08:45et pas les uns contre les autres.