Avec plus d’un demi-milliard d’utilisateurs, la popularité de PowerPoint est aujourd’hui indéniable. Ce logiciel édité par Microsoft permet de concevoir et de projeter sur écran des présentations plus ou moins sophistiquées allant du simple diaporama de textes et d’images à de véritables animations intégrant vidéos, infographies interactives et réalité virtuelle augmentée. Cela fait de PowerPoint un outil de communication à part entière, capable de combiner la projection sur écran d’un support dont le déroulé suit la parole de l’orateur. Cette association du visuel et du sonore confère à PowerPoint un impact potentiellement nettement supérieur à celui du simple discours derrière un pupitre. [...]
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00:00Avec plus d'un demi milliard d'utilisateurs, la popularité de PowerPoint est indéniable.
00:13Ce logiciel édité par Microsoft permet de concevoir et de projeter sur écran des présentations
00:19plus ou moins sophistiquées allant du simple diaporama de texte et d'image à de véritables
00:24animations intégrant vidéo, infographie, interactive et réalité virtuelle augmentée.
00:30Cela fait de PowerPoint un outil de communication à part entière, capable de combiner la projection
00:36sur écran d'un support dont le déroulé suit la parole de l'orateur.
00:41Cette association du visuel et du sonore confère à PowerPoint un impact potentiellement nettement
00:48supérieur à celui d'un simple discours derrière un pupitre.
00:52Mais un tel avantage passe difficilement inaperçu.
00:55Il est d'ailleurs à l'origine de nombreuses critiques dénonçant certaines de ses dérives.
00:59PowerPoint peut en effet s'avérer un outil idéal pour lyophiliser un projet, ennuyer
01:06un auditoire, feindre la transmission de connaissances et assujettir les consciences à l'esthétique
01:12du simplisme absolu.
01:14Pour ces déconstructeurs, PowerPoint ne doit pas être considéré comme un simple logiciel
01:20dépris de bonnes intentions avec pour objet la connaissance et pour finalité la recherche
01:24de la vérité par le dialogue.
01:26A leurs yeux, PowerPoint est une machine à convaincre, qui impose sa vision du monde
01:31à l'aide d'une rhétorique assistée par ordinateur.
01:34Son usage intensif et extensif contribue à la décimation d'une pensée unique dont
01:41les valeurs cardinales sont la simplicité, la rapidité et la performance.
01:47De telles accusations sont-elles vraiment justifiées ? Faut-il combattre l'usage
01:52de PowerPoint ou bien l'usage qu'en font ses utilisateurs ? En d'autres termes,
01:56faut-il considérer PowerPoint comme un outil inerte, dépourvu de toute intention ou bien
02:02faut-il voir à travers lui un conditionnement des esprits et un formatage de la façon de
02:07penser sa communication ?
02:08Ces questions soulèvent un dilemme philosophique.
02:12Peut-on et faut-il dissocier l'objet de son usage ?
02:15Pour John Stuart Mill, la responsabilité de l'usage que l'on fait d'un objet
02:20incombe principalement à son utilisateur, à l'image d'un couteau qui peut être
02:25un simple objet de cuisine ou une arme blanche capable de tuer.
02:28Mais pour Martin Heidegger, il faut être bien naïf pour croire à la neutralité des
02:33objets, car la nature même influence l'usage que l'on en fait.
02:38A cet égard, la neutralité de PowerPoint est donc discutable, les contraintes d'espace
02:44de caractère associées aux possibilités graphiques incitent à projeter des slogans
02:48ou des punchlines, des histogrammes simplifiés, des images et des clips vidéo spectaculaires,
02:53le tout encourageant des explications sommaires ou métaphoriques.
02:57Mais n'est-il pas excessif de prêter à PowerPoint la capacité de conditionner à
03:03lui seul un résultat ? N'est-ce pas sous-estimer la potentielle capacité critique d'un auditoire
03:10et faire un procès d'intention à son médiateur ?
03:12Cela d'autant plus que les fonctionnalités de PowerPoint peuvent être mises au service
03:17d'une intervention destinée à éveiller les esprits, à susciter le questionnement
03:23et à enrichir l'entendement dans un subtil mélange de paroles, d'images et d'interactions
03:28avec l'audience.
03:29A l'arrivée, si on ne peut pas totalement dissocier l'objet de son usage, il est bien
03:35présomptueux de prêter à l'objet une conscience d'en déplaise aux amateurs d'anthropomorphisme.