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Dans ses interviews, Sophie de Menthon, présidente du mouvement patronal Ethic, se met dans la peau des patrons...

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00:00Bonjour Nicolas Chaban. Bonjour. Très heureuse de vous accueillir parce que quand même, dans Patron en question, vous avez une entreprise, on peut dire ça comme ça, qui s'appelle C'est qui le patron ?
00:12Vous êtes à votre place. Alors je suis très intriguée par C'est qui le patron. Il y a plein de gens qui connaissent, c'est une marque de distribution, c'est une marque qui finalement va de l'agriculteur au consommateur.
00:28Et alors, comment est-ce que vous avez eu cette idée incroyable ? Et surtout, c'est complètement en faveur des consommateurs.
00:36Oui, d'abord en faveur des producteurs et par nature, comme c'est quand même une famille de gens qui nous nourrissent tous les jours, nous les consommateurs, s'il n'y a pas de producteurs, on a quand même du mal à faire nos journées.
00:47En les protégeant, on se protège nous-mêmes. C'est ça le principe de C'est qui le patron. Comment est venue l'idée ? C'est très émotionnel, c'est très loin des business plan.
00:53Il n'y en a jamais eu. On a eu un directeur financier au bout de trois ans et demi pour vous donner une idée. En tant que consommateur, on ne comprenait pas comment, en achetant notre lait, on ne pouvait être que dans un seul scénario.
01:03J'achète mon lait et à l'autre bout, il y a quelqu'un qui fait ce lait et qui est en grande souffrance. On a posé une question simple. Combien il manque sur un litre de lait ?
01:10La réponse était 8 centimes pour que le producteur retrouve le sourire. Combien on boit de litres par an et par habitant ? 50 litres. Et là apparaît les 4 euros.
01:20Si on rajoute 4 euros par an sur nos achats de lait, on sauve les producteurs. Personne n'a voulu faire cette démarche.
01:27Je vous arrête parce que c'est génial, sauf qu'entre dans les tables l'agriculteur qui produit le lait et ma bouteille bleue sur le patron, il y avait des intermédiaires avant ?
01:48Il y a une laiterie, elle y est toujours.
01:50Il y a toujours une laiterie, donc la laiterie qui recueille le lait, etc. Il y a un intermédiaire ?
01:55Non, après il y a la laiterie qui vend au magasin. En tant que consommateur, je suis au milieu des consommateurs. Je ne suis pas de la génération des entreprises qui se dit je vais faire un produit pour que les consommateurs achètent.
02:12Je me pose déjà la question à moi-même, est-ce que j'ai envie d'acheter ce produit ou pas ? Une fois qu'on a fait ce chemin-là, on n'a pas besoin de recréer des intermédiaires. On laisse en place un système.
02:21J'ai bien compris, mais pourquoi vous, vous avez gagné de l'argent sans qu'il y ait une nouvelle structure, sans qu'il n'y ait rien d'autre du tout ? Ça passe de la vache à la bouteille bleue, mais c'était le cas avant.
02:30Je comprends. Parce que nous, les consommateurs, on a créé notre marque, C'est qui le patron, en coopérative avec deux structures qui épaulent. Il n'y a pas de dividende, il n'y a pas de circuit d'argent.
02:41Il y a une coopérative.
02:42Il n'y a pas d'argent qui sort en fin d'année vers des actionnaires, des banques, tout revient au producteur.
02:48Quand vous êtes dans cette logique-là, en fait, on a créé l'équivalent d'une licence, si on doit le retraduire. On crée des cahiers d'échange.
02:55C'est quand même une marque, c'est qui le patron.
02:56Oui, c'est une marque, bien sûr.
02:57Parce que ça a de la valeur, d'ailleurs. Imaginons que vous ayez envie de revendre votre marque.
03:00Récemment, j'ai fait l'inverse. J'ai amené l'ensemble de mes actions, je les ai cédées à titre gratuit dans une fondation actionnaire.
03:10Et on m'a dit que ça valait à peu près 30 millions d'euros parce que cette marque, elle est devenue...
03:16Elle existe, oui.
03:17Plus que ça, c'est 126 millions d'euros par an d'échanges.
03:22C'est le lait le plus vendu hors MDD en France, les deux Borbios les plus vendus.
03:26Et ça marche avec n'importe quelle laiterie. Donc le lait, ce n'est pas une question de qualité, c'est n'importe quel agriculteur.
03:30Enfin, ils sont tous bons en France.
03:31Tous les producteurs peuvent y participer, mais là, c'est une laiterie qui a elle-même ses producteurs, qui récolte ce lait au cahier des charges avec une précision importante.
03:39C'est le producteur qui décide du prix. Nous, consommateurs, on n'a pas envie que ce soit quelqu'un d'autre.
03:45Il nous donne l'autorisation, à nous consommateurs en organisant cette démarche, de mettre ce lait rémunéré au juste prix son producteur à condition qu'il ait la bonne rémunération, 54 centimes par litre.
03:56Alors, pardonnez-moi, mais vous gagnez de l'argent où ?
03:59La démarche ?
04:00Non, mais où est-ce que vous gagnez de l'argent ?
04:02Vous êtes un patron, vous avez une marque magnifique.
04:04Alors, 5 % des ventes.
04:05C'est qui le patron que vous avez trouvé tout seul en une nuit ?
04:07Oui, c'est le logo qui s'est fait en une nuit. Il n'y a pas d'agence de com'.
04:11Le modèle économique, si on en parle, c'est, on va donc, nous consommateurs, créer un cahier des charges par des votes collectifs.
04:17Tout se fait en ligne. On décide de la façon dont va être produit le lait, la rémunération du producteur, on la valide et on met même le prix voté conseillé sur le produit.
04:26Ce qui est assez incroyable. Ce qui fait qu'aucun distributeur ne s'amuse à le vendre moins cher.
04:31Et comme on a stabilisé ce prix de vente, voté conseillé, les prix sont libres, mais tout le monde le fait, il n'y a plus la pression sur le producteur.
04:39On a sanctuarisé le prix du producteur, on l'a protégé en expliquant à tout le monde, nous consommateurs.
04:43J'ai compris, mais vous, vous gagnez où l'argent ?
04:45Nous, on prend 5 % de toutes les ventes. Ça veut dire qu'il y a 5 % qui reviennent dans la structure initiale.
04:51C'est qui le patron ? Ça représente chaque année 5, 7 millions d'euros. Ça paye l'ensemble des frais de fonctionnement.
04:56Donc sur la transaction entre guillemets, sur l'achat du lait jusqu'à la revente, vous prenez 5 % ?
05:03C'est ça, mais c'est plus simple que ça. Chaque partenaire qui crée un produit, c'est qu'il le vend à la distribution.
05:09C'est quoi un partenaire qui crée un produit ?
05:12C'est ce qu'on appelle un industriel, c'est-à-dire celui qui collecte le lait et qui le vend à la grande distribution, la laiterie LSDH.
05:19C'est notre partenaire à qui on présente un contrat de licence en lui disant, tu nous donneras 5 % des ventes du lait à la grande distribution.
05:29Et il n'y a pas tous les producteurs qui vous courent après ?
05:33Si, c'est bien triste parce que nous, on aimerait aider tout le monde. Aujourd'hui, c'est 3 500 familles aidées.
05:39On a une petite consolation, c'est que comme c'est devenu la brique de lait la plus vendue hors MDD, ça aide toutes les autres laiteries qui ne sont pas ce qu'ils patront.
05:48Pourquoi ? Parce que j'arrive face à un acheteur, depuis 40 ans, l'acheteur dit au producteur à l'autre bout de la France, je ne peux pas te payer ton prix du lait plus haut que ça parce que ça ne se vendra pas.
05:58Et là, il y a une autre carte à jouer, c'est non, regarde, la brique de lait la plus vendue créée par les consommateurs, c'est celle qui rémunère le mieux les producteurs.
06:06Donc on a en plus réussi à faire remonter le prix payé au producteur au-delà de ce qu'il patronte.
06:11On va rester sur cette excellente nouvelle, il en faut, et j'espère que vous allez développer tout ça. Merci infiniment d'être venu.
06:18Merci beaucoup.

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