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00:00Europe 1 Soir, 19h21, Pierre de Villeneuve.
00:05Et je salue mes camarades du soir, bonsoir Philippe Guibert, bonsoir Pierre, bonsoir Mathieu Bockcôté, bonsoir,
00:10et nous avons le plaisir de recevoir Edouard Tétrault, bonsoir, bonsoir, vous êtes essayiste conseiller de dirigeant d'entreprise,
00:16chroniqueur dans le Figaro et les Echos, et ce matin dans le Figaro, vous nous dites tout simplement,
00:21ils nous font un Elon Musk parce que la situation économique du pays est tellement grave,
00:27et on l'a vu tout à l'heure d'ailleurs avec les explications de Raymond Sauby qui était en ligne avec nous à 19h15,
00:32qu'il faut tailler dans la dépense publique, et quoi de mieux que quelqu'un comme Elon Musk qui taille dans la dépense publique ?
00:40C'est possible en France ?
00:42Oui, c'est possible si on part du bon point de départ.
00:47Musk, la proposition Musk, c'est pas on va couper dans la dépense publique, point, c'est pas occupez-vous de ma dette.
00:55Il s'est mis à un objectif ?
00:57Oui, mais en fait c'est plus profond, le phénomène Musk qui est mondial, qui vient chez nous,
01:04un, il est profondément américain, mais aussi très universel, qu'est-ce que c'est ?
01:10En fait Musk, c'est une confiance illimitée dans les capacités des êtres humains,
01:16par rapport aux capacités et aux bridages des institutions et des normes.
01:22Faites-nous confiance, laissez-nous faire, et nous allons envoyer des fusées sur Mars.
01:29C'est pas la NASA qui envoie des fusées sur Mars, c'est un entrepreneur privé qui est passé à deux doigts de la faillite en 2017 et en 2018.
01:40Je vous invite à relire en 2018, Elon Musk est en pleine dépression, nerveuse,
01:46il se confie au New York Times, il dit j'y arrive plus, je travaille 120 heures par semaine,
01:52j'ai raté le mariage de mon frère, j'ai failli mon anniversaire, j'ai passé au bureau.
01:58Il a eu une situation familiale compliquée avec un de ses fils également qui le renie,
02:03et puis il y a dans ces années-là, je parle sous votre contrôle,
02:07la bourse américaine qui est très très méfiante à son sujet,
02:13et curieusement, plus tard, quand il arrive à lancer ses différents projets, c'est la première capitalisation boursière,
02:19mais quelques mois auparavant, c'était très frileux, il manquait d'investisseurs.
02:23Absolument, et on a failli le remplacer, en disant écoutez, merci, c'est bien, mais là, vos méthodes de management, c'est plus possible.
02:29Mais c'est l'être humain qui va jusqu'au bout, c'est la prise de risque plutôt que le principe de précaution,
02:37et c'est effectivement, si vous dévoluez le pouvoir au bon endroit,
02:43c'est-à-dire sur le terrain, les hommes et les femmes, les entreprises,
02:48plutôt que là-haut, à Washington ou à Paris, on va y arriver.
02:52Mais quel rapport avec la France, Edward Tetreault ?
02:54Comment est-ce que vous voulez transposer le logiciel américain en France,
02:59qui est, j'allais dire, presque sur le dogme, très très différent ?
03:04Mais, il fut un temps, pas si lointain que cela, où nous étions, où notre nation célébrait les musques,
03:11célébrait les entrepreneurs, je double, les entrepreneurs ingénieurs,
03:17capables de prendre des risques, qui font le choix de la vie, du risque et du mouvement,
03:22plutôt que le principe de précaution, qui est aujourd'hui un des nombreux tueurs,
03:27logé dans notre constitution, avec d'autres dispositions mortifères,
03:31c'est pas le sujet de ce soir, mais le principe de précaution, il date de 12 ans, c'est Hollande,
03:39mais c'est un tueur, c'est un tueur, c'est au nom du principe de précaution,
03:43alors attendez, il ne faut pas faire ça, il y a un chiffre que j'ai entendu au déjeuner...
03:48Vous voulez dire qu'on s'interdit beaucoup de choses, alors qu'on pourrait aller de l'avant ?
03:51On s'interdit, et puis, à force d'alourdir l'état de fausses prérogatives, d'autorités...
03:58En 15 ans, nous avons créé...
04:03Non, en 30 ans, nous avons créé, l'état a créé 1000 autorités administratives indépendantes.
04:10Leur budget total, c'est 80 milliards d'euros.
04:1480 milliards d'euros, c'est plus que la Défense, je crois qu'on est...
04:18C'est deux fois l'impôt sur le revenu.
04:22Les équipes de Louis de Raguenel dans le JD News ont fait un grand article sur toutes ces agences
04:31qui coûtent énormément d'argent à l'État.
04:34Je ne veux pas être trop long, qui coûtent énormément et qui ne servent à rien.
04:38La proposition...
04:40On peut peut-être garder l'autorité des marchés financiers, mais sinon, la revue de détails...
04:46Même aux Etats-Unis, il y a la SEC qui les vend, la MF...
04:50Le principe, c'est faites confiance aux Français, aux terrains, aux entrepreneurs.
04:57Ce n'est pas couper dans la dépense publique, on ne mobilise personne, mais faites leur confiance.
05:03Edouard Tetreault, Philippe Guybert voudrait vous interroger.
05:06J'avais une remarque, qui est que ce pays s'est construit sur un État.
05:09C'est l'État qui a construit la France.
05:11Et donc, l'ADN historique et idéologique de la France ne peut pas être en osmose
05:17ou retrouver des affinités avec un Elon Musk qui est un libertarien, fondamentalement.
05:22Et qui lutte contre l'État, me semble-t-il.
05:25Et puis, à ce moment-là, il y a une deuxième différence.
05:28C'est que l'État, en France, est devenu surtout un État social, et c'est ça nos gros budgets.
05:33Ce qui n'est pas exactement le cas des États-Unis.
05:35Et puis, une troisième remarque.
05:37Les agences, on les a beaucoup développées dans une logique libérale
05:40de limiter le pouvoir de l'administration et du politique
05:42pour opposer des contre-pouvoirs aux politiques.
05:45On a sans doute fait des erreurs et on est allé beaucoup trop loin.
05:49Mais on a trouvé l'argent au même endroit.
05:52Je ne suis pas sûr que ce soit de là que vienne la progression de nos dépenses publiques depuis 30 ans.
05:58Je trouve vos remarques très justes.
06:01Je mets un bémol quand même sur l'État.
06:05Ce n'est pas un discours anti-État que nous avons.
06:09Aujourd'hui, l'État est impuissant.
06:12L'État est devenu impuissant à force qu'on lui greffe des autorités administratives indépendantes
06:19qui ne rendent plus de compte à une hiérarchie verticale.
06:22Et on a grevé, vous avez raison de le dire, on a grevé l'État de mission sociale
06:29les unes sur les autres, qui fait qu'il a perdu de sa pertinence et de sa puissance.
06:36Je ne sais pas si je suis un libéral, un économiste de marché, etc.
06:40Ce que je sais, c'est que l'État, pour être un acteur agile et performant en France,
06:45doit être recentré sur ses missions essentielles.
06:48Et tout ce que le terrain, les gens, les Français, le local, le régional,
06:53peuvent faire mieux que l'État, allons-y !
06:55Dévolution massive des pouvoirs !
06:57Commençons par l'éducation nationale.
06:59Peut-être après les Chinois, l'un des plus grands bureaux tracés au monde.
07:03Ça va être la plus dure à attaquer, j'allais dire.
07:06Mathieu Bock-Côté.
07:07Vous faites référence à Mosque, mais Mosque n'arrive pas dans le vide.
07:10C'est-à-dire qu'il y a toute une réflexion dans le conservatisme américain depuis 15 à 20 ans environ,
07:15sinon davantage, sur ce qu'ils appellent l'État administratif.
07:18C'est-à-dire à quel point l'extension de la bureaucratie a changé la nature même du régime américain,
07:23comment l'extension infinie de la bureaucratie change la nature même de notre régime politique.
07:27Et de ce point de vue, c'est peut-être la force des Américains, au-delà du génie spécifique de Mosque,
07:31de traiter aujourd'hui l'État social, non pas comme une option politique parmi d'autres,
07:36mais comme un régime à déconstruire, non pas contre le social, mais contre le contrôle social qui l'accompagne.
07:42C'est vrai qu'il n'y a rien de plus anti-américain.
07:46Les États-Unis, sous Biden, même sous Obama, se sont tellement éloignés de la promesse initiale
07:54de la déclaration d'indépendance et de la Constitution.
07:57C'est effectivement, je crois qu'il y a un phénomène intéressant, qui n'est pas sans risque.
08:04Quand on fait une confiance totale aux personnes, plutôt qu'aux institutions,
08:09le risque c'est quoi ? C'est de finir avec Darwin.
08:12C'est-à-dire, vous avez les clés, débrouillez-vous, vous n'y arrivez pas too bad.
08:17Le risque c'est le renard libre dans le poulailler libre.
08:20C'est là où un principe de régulation peut intervenir.
08:25Aujourd'hui, redonnons la confiance et le pouvoir au peuple, aux personnes, aux agents.
08:34C'est ce qu'a dit Emmanuel Macron en disant que sur les sujets majeurs, il allait faire intervenir le peuple.
08:41Tout le monde a compris qu'il y aurait des référendums cette année.
08:44Tout le monde l'a espéré.
08:46Philippe Guibert l'a espéré en tout cas.
08:50En vous écoutant, j'étais en train de me dire que le dernier gouvernement, celui de Michel Barnier,
08:55est tombé sur une réduction de dépense.
08:58On l'avait beaucoup critiqué pour avoir augmenté les impôts, ce qui n'était pas entièrement faux,
09:03de proposer d'augmenter les impôts, mais c'était juste une limitation de dépense sociale,
09:08puisqu'il s'agissait de ne pas indexer les pensions de retraite entre le 1er janvier et le 1er juillet,
09:13pour les retraités les plus aisés, même pas pour les retraités les plus pauvres.
09:17Je me dis que dans un pays où un gouvernement est renversé au bout de 62 ans de stabilité gouvernementale,
09:23sur une limitation très mesurée de la dépense sociale,
09:28par rapport à la logique que vous décriviez, on n'est pas au bout de nos peines.
09:32C'est pour ça que je pense que le prochain président de la République,
09:35je ne sais pas s'il est dans l'intérêt du pays que l'on doit attendre 2027, ça je ne sais pas,
09:40mais il faut que le prochain président de la République investit de son mandat.
09:45Il commence par quoi ? Pas des lois, pas des décrets, mais une série de questions,
09:51de référendum.
09:53Vous m'avez donné le pouvoir pour que j'aille beaucoup plus loin,
09:57au fond que nous changions de contrat social, osons les mots,
10:01et bien je ne peux pas le faire sans vous, et une série de questions,
10:05que ça aille de l'immigration à l'état social, aux principes de précaution qu'il va falloir supprimer, etc.
10:11Et là, nous aurons la force de l'amendement.
10:14Mais la force du principe référendaire surtout, c'est qu'il permet de court-circuiter la nomenclatura,
10:20c'est qu'il permet de court-circuiter les élites,
10:22qui d'ailleurs sont très hostiles au principe référendaire,
10:25parce qu'on juge le peuple qui n'a pas les compétences civiques pour cela.
10:28Donc le référendum permet quelquefois de faire sauter cette caste qui s'est constituée,
10:33et qui sinon est indélogeable.
10:35Je ne peux que souscrire à ce que vous venez d'exprimer.
10:41La présidentielle et le référendum, c'est redonner le pouvoir au peuple.
10:47Sinon, on se retrouve comme des lapins ébahis devant les phares d'une nomenclatura...
10:54Mais du coup, il n'y a plus besoin de démocratie représentative,
10:57et on supprime un parlement éventuel, contesté,
11:01qui ne fonctionne pas sous la cinquième république, parce qu'il prend des airs de quatrième,
11:06parce qu'on n'avait pas vu l'angle mort de la cinquième, qui est celui de Trois-Couleurs-de-Nage...
11:11Je trouve que ce n'est pas d'une sixième république dont on a besoin,
11:15ça on laissera ça à M. Mélenchon...
11:17Ce n'est pas ce que j'ai dit...
11:18Oui, oui, c'est de revenir au fondamentaux de la cinquième république.
11:27Le principe référendaire est fondamentalement gaulliste.
11:30Et je crois que c'est là-dessus que nous devons travailler.
11:35Merci beaucoup Édouard Tétrault, on vous lit dans le Figaro, dans les échos.
11:40Pour avoir plus d'informations, de 9h30 à 11h sur Europe 1,
11:44Thomas Hill et toute son équipe vous donne rendez-vous pour Culture Média.
11:47Les invités de demain, Vincent Frèrebeau, président de Victoire de la Musique,
11:52et Cécile de France à l'affiche du film Par Amour, en salles ce mercredi.
11:56Rendez-vous 9h30 demain sur Europe 1, et nous on se retrouve dans un instant.
12:00A tout de suite !