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00:00Il est 7h21.
00:027h-9h, Europe 1 Matin et place à l'édito éco, Dimitri Pavlenko.
00:07Bonjour Olivier Babaud.
00:08Bonjour Dimitri, bonjour Anissa, bonjour à tous.
00:10Bonjour Olivier.
00:11Olivier, vous nous expliquez ce matin pourquoi la situation d'attentisme concernant le budget
00:16est économiquement catastrophique.
00:18Oui Dimitri, il est utile de faire un peu de pédagogie des mécanismes économiques
00:22visiblement méconnus par nos politiques.
00:24S'il est urgent que la France soit en fin d'un budget,
00:26ce n'est pas seulement pour des raisons de crédibilité internationale
00:28ou de bon fonctionnement de l'Etat,
00:30c'est aussi parce que cette attente a un effet économique désastreux.
00:33En vertu d'un phénomène psychologique étonnant,
00:35pour les acteurs économiques, l'incertitude est pire qu'une mauvaise nouvelle.
00:39Alors ça c'est assez contre-intuitif parce que théoriquement Olivier,
00:42l'incertitude laisse la possibilité d'une bonne nouvelle quand même.
00:45Oui c'est contre-intuitif, mais une expérience réalisée par les psychologues
00:48Tzerski et Shafir en 1992 l'a montré très clairement.
00:52Dans cette expérience, les participants doivent prendre une décision financière
00:56après avoir joué à un jeu de hasard.
00:58Dans un premier scénario, on leur dit qu'ils viennent de gagner 10 dollars
01:01en jouant sur le rouge à la roulette.
01:03Et on leur demande s'ils veulent rejouer.
01:05La plupart disent oui, car de toute façon ils ont déjà gagné.
01:08Ensuite on leur dit, vous venez de perdre 10 dollars,
01:10est-ce que vous rejouez ? Là encore, la plupart acceptent de rejouer
01:13parce qu'ils pensent se refaire.
01:15Donc vous comprenez bien, qu'ils perdent ou qu'ils gagnent,
01:17les participants décident de rejouer majoritairement.
01:20Mais vient alors le troisième scénario.
01:22On leur dit qu'ils ont misé 10 dollars, mais on ne sait pas encore
01:25s'ils ont gagné ou perdu.
01:27Et bien, figurez-vous que dans ce cas, l'écrasante majorité refuse de rejouer.
01:31C'est intéressant, en quoi ça éclaire le problème qui est posé
01:33par cette attente d'un budget, cette attente qui n'en finit plus ?
01:36Les acteurs économiques sont comme les participants dans le troisième scénario.
01:40Ils ne savent pas à quelle sauce ils vont être mangés.
01:42Ils s'attendent à des hausses d'impôts,
01:44des prélèvements nouveaux qui seront du propre aveu de nos politiques créatifs.
01:48Ils y sont résignés, mais rien n'est encore certain.
01:51Cette incertitude, plus que l'impôt lui-même ronge,
01:54être dans l'expectative empêche d'établir un plan de route pour l'année.
01:58Ça bloque les investissements des entreprises et même des ménages.
02:01Et dans le doute, chacun s'abstient.
02:03On ne fait pas de projet, on attend.
02:05Et c'est dramatique, en particulier pour nos PME
02:07qui ont un volant d'affaires moins large que les grands groupes.
02:10Mais d'ailleurs, la prévision de croissance de 2025,
02:12elle est dégradée par l'absence de budget, Olivier.
02:15C'est exact. L'activité perdue ne se retrouvera pas.
02:18Il n'y aura pas de rattrapage.
02:20Pour le président de la CPME, François Asselin,
02:22la France a perdu un trimestre de croissance
02:24en raison des incertitudes générées par la dissolution.
02:27Or, moins il y a de croissance, moins il y aura de recettes fiscales.
02:31Plus les objectifs de déficit seront difficiles à atteindre.
02:34On comprend que la crise politique et économique
02:37se répondent et s'amplifient mutuellement
02:39dans un redoutable cercle vicieux.
02:41L'attentisme, né de la difficulté à boucler le budget,
02:45dégrade l'activité, ce qui rend le budget plus difficile à boucler.
02:48Autrement dit, plus on attend,
02:50plus on est découragé par la distance à parcourir,
02:52plus la distance à parcourir sera grande.
02:54Conclusion, il est vraiment, vraiment urgent
02:57que la France se dote d'un budget bon ou mauvais.
03:00Signature Europe 1, Olivier Babaud.
03:02Merci beaucoup, Olivier.