Category
🗞
NewsTranscription
00:00Il est 18h30, on est sur CNews et sur Europe 1. On évoque Jean-Marie Le Pen, qui est décédée ce matin, au début de la journée, à l'âge de 86 ans.
00:09On va écouter Marine Le Pen qui l'évoquait, qui évoquait à la fois son père et son enfance bercée par la politique, bercée par les meetings.
00:17L'attentat aussi dans l'appartement familial. Écoutez ce qu'elle disait à l'époque.
00:22Du plus loin que mes souvenirs me portent, la politique fait partie de mon existence.
00:30Un père pris dans le tourbillon des engagements que je voyais trop rarement.
00:36Une famille un peu particulière, où les idées, l'action, le combat politique rythmaient la vie.
00:45J'ai l'habitude de dire que j'ai escaladé la politique par la face nord.
00:50Très vite, j'ai connu la violence politique quand j'étais petite fille à l'école. On m'a fait payer l'engagement de mon père.
00:58Des persécutions que l'esprit d'une enfant insouciante ne peut pas vraiment comprendre.
01:07Des persécutions qui me font honnir aujourd'hui toute idée de discrimination.
01:13J'en mesure l'injustice, j'en connais la souffrance.
01:18Petrine, là-dessus, Marine Le Pen, c'est indéniable, elle a souffert.
01:21Elle a souffert. D'abord, il y a eu un attentat. Leur appartement était plastique et elles auraient pu être gravement blessées, sinon tuées.
01:29Et puis, vivre avec Le Pen tous les jours, c'était quand même difficile.
01:33Et donc, je crois qu'étudiante, elle était très mal vue, par exemple, à la fac de droit par les gens de droite classiques.
01:40Et donc, elle a toujours détesté la droite et que c'est une femme qui n'a jamais cherché à s'allier avec la droite.
01:45Ça, c'était plutôt une anarde gauche.
01:48Et c'est vrai que lorsqu'elle a succédé à son père, à cause de ce tropisme anti-droite classique, la droite versaillaise, tout ce qu'elle détestait,
01:57elle s'est donnée pour mentor un chevennementiste, Florian Philippot, qui faisait le beau temps et le mauvais temps au parti, qu'elle écoutait religieusement,
02:07et qui a fait un programme de gauche, dont La Retraite à 60 ans, qui n'était absolument pas dans le programme du père,
02:13qui voulait La Retraite à 65 ans depuis toujours, qui trouvait que La Retraite à 60 ans de Mitterrand était une aberration et qu'il fallait que les gens travaillent.
02:20Et donc, il y a eu une sorte de fâcherie. Et puis, en plus, elle allait sur la tombe du général de Gaulle comme si c'était son grand-père.
02:26Et tout ça a un peu excité Jean-Marie Le Pen, qui, amontre tout, a ressorti des phrases un peu pour lui nuire, parce qu'il pensait qu'elle allait vers un mauvais chemin.
02:37Mais quand même, cette famille Le Pen, qui aujourd'hui est dans un grand chagrin, ça a quand même été à la fois les attrides,
02:44elle s'est fâchée avec son père, elle l'a exclue du parti, il a fait trois procès avant de gagner le droit d'avoir au moins être président d'honneur,
02:53mais la fille Marie-Caroline a soutenu Maigret en 2002, et le père ne lui a pas parlé pendant 20 ans, ils se sont réconciliés pour les 90 ans.
03:04Il y a la mère qui est partie en 1984, dont on n'a plus eu de nouvelles pendant 15 ans.
03:09Donc tout ça, pour les enfants, ça a été une vie très très dure, avec beaucoup de chagrin, beaucoup de trucs,
03:16mais comme me disait Le Pen, que j'avais vu il y a un an, il m'avait dit, mais c'est la famille, il n'y a rien de mieux, on s'entend toujours, on se déteste, mais finalement on s'aime.
03:24Voyez, il était très déçu par Marion Maréchal, il lui avait dit d'aller se présenter, elle avait un avenir, elle est partie pour faire une université,
03:30alors il dit, mais avec quelles compétences ? Enfin, il ne comprenait pas, il disait, mais qu'est-ce que vous voulez, ce sont des Le Pen, ce sont des femmes qui n'ont aucun caractère,
03:40il était dépassé par sa progéniture.
03:43Je me souviens très bien de l'extrait que vous venez de diffuser de Marine Le Pen, c'est le jour où Éric Zemmour fait un meeting comme elle, quelques heures avant,
03:51et à une salle beaucoup plus fournie que la sienne, et elle trouve cette astuce, cette parade géniale, pour qu'à la fin elle soit donnée gagnante de la séquence
03:57en se confiant sur son passé.
04:01Et Jean-Marie Le Pen, c'est la seule fois où je l'ai rencontrée, c'est quand Marion Maréchal décide de rejoindre Éric Zemmour,
04:08et il est très embêté, parce qu'idéologiquement, il est sur la ligne d'Éric Zemmour, il est sur la ligne de Marion Maréchal, il est pour une réforme des retraites,
04:15il est libéral, il ne pense pas du tout comme sa fille Marine Le Pen, mais alors que les rapports s'étaient un peu calmés en 2022 avec Marine Le Pen,
04:23il décide de dire publiquement que Marion Maréchal fait une erreur en rejoignant Éric Zemmour.
04:29Mais quand vous coupez la caméra, il vous dit « je pense que Marion Maréchal est comme Éric Zemmour »,
04:33donc jusqu'au bout, ça a été compliqué avec Marine Le Pen, avec Marion Maréchal.
04:36Oui, mais il a pensé aussi que Zemmour rendait un grand service à sa fille, parce qu'il la ressentait.
04:41Absolument.
04:43Et d'ailleurs, je pense qu'Éric Zemmour a permis à Marine Le Pen de devenir ce qu'elle est aujourd'hui, en étant, lui, l'extrême droite que tout le monde rejette.
04:49Et on parle de ces ruptures familiales dans la famille Le Pen, entre Marine Le Pen, Jean-Marie Le Pen, Marion Maréchal, Marine Le Pen.
04:56Elle était sur notre plateau le jour où Marion Maréchal a annoncé son ralliement à Éric Zemmour.
05:02C'était même avant.
05:04Et Marine Le Pen était extrêmement touchée, extrêmement atteinte par cette nouvelle trahison.
05:08Non, mais les Le Pen se trouvent tous...
05:10Peut-être comme dans toutes les familles.
05:12Laurent Jacobelli, je vous ai vu sauter quand Catherine Ney a dit que Marine Le Pen était une « anarde gauche ».
05:15Oui, oui, je ne qualifierais pas Marine Le Pen d'anarde gauche.
05:19Je pense que Marine Le Pen est une patriote.
05:21Le fait qu'elle dise qu'elle n'est ni de droite ni de gauche n'en fait pas quelqu'un de gauche absolument.
05:24Non, parce que j'entends parler de la famille.
05:27D'abord, une première remarque, Jean-Marie Le Pen, il a su amener des millions de Français à la politique normale aussi.
05:32Qu'il ait su amener sa famille à la politique, j'allais dire, puisqu'ils étaient les premiers spectateurs et les premiers acteurs de ces débats et des idées qu'il menait.
05:39Dans ce qu'on a vu tout à l'heure, ce qui est quand même terrible, c'est qu'on a quand même traversé des décennies
05:42où, parce qu'on portait le même nom de famille qu'un opposant au régime, on était mal vus à l'école,
05:49on était potentiellement victimes d'attentats, qu'on était exclus d'un certain nombre de sénacles.
05:55Et je trouve ça assez révoltant en fait.
05:57On peut être d'accord ou pas d'accord.
05:59Et c'est le cœur de la démocratie et du débat.
06:02En revanche, refuser de débattre avec Jean-Marie Le Pen,
06:05refuser de mettre des membres du Rassemblement national au bureau de l'Assemblée nationale,
06:09cette exclusion du débat, je crois ne fait pas honneur à ceux qui le font.
06:13Et finalement, c'est utiliser des arguments qu'on reprocherait à Jean-Marie Le Pen.
06:18Je lis aujourd'hui un certain nombre de commentaires.
06:20Vous voyez bien que ce sont des réactions de faiblesse.
06:23Le Front républicain, c'est des réactions de faiblesse.
06:25Le refus de débattre, c'est de la faiblesse.
06:27Tout ça, c'est de la faiblesse.
06:29Il y a des réactions aujourd'hui sur Twitter, qui sont des réactions de haine, qui se félicitent de la mort d'un homme.
06:33D'abord, ce sont des gens inhumains qui écrivent ça.
06:35Parce que, je rappelle, il y a une famille aujourd'hui qui est endeuillée.
06:38Des gens sincères qui se sentent aussi appartenir à une famille et qui sont très tristes.
06:42Et puis, c'est aussi le refus du débat, c'est la pire des faiblesses.
06:45C'est aussi l'aveu que ces idées-là, aujourd'hui, et ces problèmes-là sont au cœur de l'actualité.
06:49Je citais cette phrase de Jean-Marie Le Pen.
06:51« Mort, même l'ennemi a le droit au respect ».
06:53Il évoquait le décès de Jacques Chirac, qu'il a convaincu violemment pendant toute sa carrière.