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Découvrez la plénière "Comment les marques protègent les écosystèmes naturels ?" de la seconde édition de Beauty For Good. Vous y retrouverez le regard croisé de Karine Cottin, consultante stratégie auprès de la fondatrice de GRAINE DE PASTEL et Stéphanie Gastaldin, fondatrice et présidente de LINAÉ. Ainsi que la keynote de Stéphane Hallaire, fondateur et président de REFOREST’ACTION.
Transcription
00:00Comment sauvegarder les écosystèmes naturels ? On poursuit avec Stéphanie Gastaldin, fondatrice
00:17et présidente de l'INAE, qui nous vient de Normandie, et Karine Cotin, conseillère
00:22stratégique auprès de la présidente, fondatrice de Graines de Pastel, qui nous vient d'Occitanie.
00:29Bonjour à toutes les deux, je peux les accueillir ?
00:36Alors, bonjour à toutes les deux, est-ce que vous pouvez déjà nous expliquer quelques
00:41actions, nous donner quelques exemples que vous faites chacune, pour vos marques de cosmétiques,
00:48de préservation des ressources naturelles ?
00:51Avec plaisir, bonjour à toutes et à tous, alors chez l'INAE ça passe d'abord par la
00:57charte de formulation, c'est vrai qu'on va soumettre une charte très exigeante à
01:03nos laboratoires, donc ça fait partie du deal, on est un petit peu la marque casse-pieds
01:08mais pour la bonne cause, et c'est vrai que la priorité c'est de privilégier les ingrédients
01:14naturels, biologiques, origines France.
01:17Sachant qu'on peut rappeler que l'INAE, comme son nom l'indique, pour ceux qui ne connaissaient
01:21pas, c'est de la culture de lin ?
01:24Exactement, les extraits de lin bio, donc ça fait partie effectivement des matières
01:28chouchous, comme d'autres huiles végétales, des cellules végétales également.
01:32De Normandie ?
01:33Exactement, c'est ça, tout à fait, donc on a pu faire certifier tous nos soins origines
01:39France garanties en ayant fait ces choix justement, en privilégiant ces matières, et surtout
01:46dans le cahier des charges, c'est surtout une liste, c'est-à-dire qu'on va être vraiment
01:50très exigeant, dès qu'il y a un doute, il n'y a pas de doute, on ne le met pas, donc
01:54des matières premières qui vont être décriées, qui vont avoir des effets néfastes sur l'environnement,
02:01le côté toxique sur les organismes, tout ça on va vraiment les sortir de notre charte
02:08de naturalité bien sûr, donc ça c'est la première étape, ça c'est le démarrage
02:13au moment de la co-création avec le laboratoire, et ensuite c'est plus dans la démarche justement,
02:20d'un nouveau modèle cosmétique, en se disant, créer une routine minimaliste, et en faisant
02:26justement cette construction de routine minimaliste, on va jouer sur le multi-action, le deux en
02:31un, techniquement l'exemple qu'on nous cite c'est le contour des yeux, alors je l'ai acheté
02:35quand ? Ce contour des yeux, il est resté au fond du tiroir, à mince, il y a peut-être
02:40deux ans qu'il est là, et je ne l'ai pas utilisé, et bien nous on a par exemple développé
02:45un soin visage et contour des yeux, et en plus en couplant cela avec un système airless,
02:50on a une très belle restitution de produits, donc moins de gaspillage également, on va
02:54justement limiter cette problématique de ressources, alors système airless, qu'est-ce
02:59que c'est ? Ça va être vraiment des emballages spécifiques qui vont éviter la contamination
03:06de l'air, et permettre une vraie belle restitution de produits à plus de 97%, donc typiquement
03:13nous on va avoir un tube airless et des flacons verts airless dans nos gammes de soin visage,
03:18donc ça c'est vraiment aussi dans la manière de construire nos gammes, et aussi pour finir
03:24c'est aussi un challenge dans l'utilisation de l'eau, c'est-à-dire que, après Stéphanie
03:29ne dévoilez pas tout, je ne dévoile pas tout, promis promis, non c'est plus dire à l'utilisation
03:34effectivement, se dire par exemple mon démaquillant, je profite d'être sous la douche, je l'utilise
03:40aux doigts, je me rince, j'en profite pour me démaquiller, comme ça je limite la consommation
03:46de l'eau. Merci beaucoup Stéphanie, Karine de votre côté, alors quelles actions graines
03:51de pastèles met-elle en place pour préserver les écosystèmes naturels ? Pareil, il y
03:57a plein d'exemples. Oui, il y a beaucoup d'exemples, je vais juste peut-être poser un petit peu
04:02pour que tout le monde se rende compte de ce qu'est la marque graines de pastèles, c'est
04:05une marque à base de pastèles, c'est une plante médicinale qui est cultivée dans le
04:09sud ouest de la France. Du côté de Toulouse je crois. Exactement, cultivée dans le Gers
04:14et l'entreprise est à Toulouse et la particularité de l'entreprise, c'est que sa fondatrice
04:20Carole Garcia, donc que je représente aujourd'hui, est aussi agricultrice et donc en fait elle
04:25a acheté des terres dans le Gers et donc le pastèle est cultivé dans le Gers où
04:30il fait aussi très bon vivre et on voit aussi des gens heureux comme les gens qu'on a évoqué
04:35tout à l'heure et donc en fait, voilà je vous dis ça pour que vous compreniez bien
04:39la suite parce que je vais vous parler d'agriculture effectivement, c'est peut-être un peu étonnant
04:42par rapport au sujet de... Oui et puis les graines de pastèles, peut-être expliquer
04:47que la pastèle c'était une variété très ancienne, qui sont des fleurs jaunes très
04:52vives mais qui sont connues à la base pour quoi ? Alors des propriétés teintoriales
04:57en fait, tant qu'on n'avait pas l'indigo en Europe et bien c'était le pastèle ce qui
05:01a fait le fameux pays de cocagne parce qu'on utilisait des fleurs, des feuilles séchées
05:06d'où on extrayait cette teinture bleue. Bleue alors que c'est des fleurs jaunes mais c'était
05:12bien avec ces fleurs là. C'était les feuilles. D'où le bleu pastel que vous connaissez tous.
05:17Exactement. Et donc c'est la même plante utilisée pour vos produits cosmétiques.
05:22Voilà et effectivement donc Carole, il y a plus de 20 ans, a décidé de réhabiliter
05:27en quelque sorte cette plante puisqu'elle n'avait plus de vertu teintoriale, ce n'était
05:32plus son but et donc a décidé de réintégrer des cultures, donc a récupéré des graines
05:40au conservatoire botanique de Midi-la-forêt et donc de remettre en culture cette plante
05:47et de travailler sur tout, sur sa valorisation R&D et de voir toutes les vertus. Rechercher
05:53et développement. Rechercher et développement, pardon. Maintenant il y a 4 brevets autour
05:59de cette plante avec des vertus anti-âge, protectrice. Et donc vous le disiez effectivement,
06:06Carole est une agricultrice et donc elle a une approche forcément assez proche des sols
06:13et des écosystèmes sur place. Exactement. Qu'a-t-elle mis en place alors ? Alors déjà
06:18d'une façon globale, ce qui est très important c'est que cette protection des écosystèmes
06:22elle est native de l'entreprise, par l'histoire que je viens de vous raconter. L'idée, et
06:29ça c'est on va dire la raison d'être de l'entreprise aujourd'hui, puisque cette raison
06:35d'être, cette mission on va l'inscrire dans les statuts en mai prochain, devenir société
06:39à mission. Donc il s'agit de redonner vie à un patrimoine végétal du sud-ouest de
06:45la France, par l'alliance de la science et du travail des sols et donc avec pour
06:52but bien sûr la santé de la peau. Et donc quand vous voyez que c'est la mission de
06:56l'entreprise de redonner vie à ce patrimoine végétal, et bien vous comprenez que toutes
07:01les actions, pourquoi les personnes de l'entreprise se lèvent tous les jours, c'est pour ça.
07:06Et donc par exemple, pour honorer en fait cette mission, il y a une chose fondamentale
07:12qui est le bio. Et c'est vrai que ça me tient à cœur d'en parler aujourd'hui parce que
07:17c'est vrai qu'on sait que le bio est chahuté. Et malgré tout, on croit fondamentalement
07:22que c'est une solution pour la santé durable des sols et la santé durable des individus
07:29également. Et donc nous, le seul intrant qui est utilisé, c'est du fumier local.
07:34Après, il y a aussi tout le travail sur la rotation des sols, effectivement, pour que
07:40les sols restent riches. Je parle de 60 hectares, c'est le même chiffre, c'est amusant, donc
07:4760 hectares de terre qui sont là dans le Gers. Et bien, en rotation avec la culture
07:53du pastel, il y a aussi du blé ancien et des pois chiches, par exemple.
07:57Oui, alors pour ceux qui ne connaissent pas ce principe de rotation en agriculture, pour
08:01ne pas épuiser les sols, effectivement, on change d'une année sur l'autre les cultures
08:06pour éviter d'épuiser les sols. Et ça permet d'enrichir et de garder justement un taux
08:12très riche de fertilisation de ces sols-là. On ne pourrait pas cultiver la même variété
08:19tout le temps sur les mêmes sols. Donc, on fait ces principes de rotation. Et donc, c'est
08:23ce que vous faites vous.
08:25Exactement. Et en partenariat avec une coopérative bio locale, on a parlé tout à l'heure des
08:31ravages des monocultures. Donc, en fait, l'idée, c'est de travailler ça. Il y a également
08:37le principe de jachère active avec la plantation de luzerne pour mieux capter l'azote dans
08:44les sols et donc les rendre aussi plus fertiles et amener la matière pour la croissance des
08:49plantes. On a également, pardon, des actions sur là qui vont arriver, on va dire 2025.
09:02C'est un nouveau projet. Vous parliez, Stéphane, de haies tout à l'heure. Donc, l'idée, c'est
09:07de planter des haies forestières. Justement, alors, il y a déjà des haies sur les parcelles,
09:13mais d'en rajouter à peu près 2 km linéaires pour éviter effectivement le dessèchement,
09:20ce côté brise-vent et donc protéger les cultures, pour stabiliser aussi les sols autour
09:26des parcelles et puis également pour favoriser la pollinisation. Et d'ailleurs, on a un
09:32partenariat avec un apiculteur qui vient poser ses ruches sur les parcelles au printemps.
09:38Oui, aussi, puis ce sont des abris, les haies, formidables pour les oiseaux notamment et
09:43autres espèces. Exactement. Et en plus, on va planter en équipe ces haies avec un partenaire
09:48qui est Arbray Paysages dans le Gers. Et c'est une belle façon aussi de mobiliser l'équipe
09:55autour de la biodiversité. Et donc, pareil, on suit du coup des cercles très vertueux
10:00parce que plus il y a d'abeilles, plus les espèces vont polliniser, etc. Et tout est
10:06un cercle très positif. Parlons d'eau maintenant, Stéphanie, ça y est, c'est le moment. Alors,
10:12expliquez-nous, en Normandie, Stéphanie, vous ne manquez pas d'eau, je crois.
10:16Effectivement, de ce côté-là, tout va bien. Il y a déjà beaucoup de points communs.
10:20C'est vrai qu'il y a des graines de pastels et c'est vraiment hyper intéressant de pouvoir
10:24échanger là-dessus. Nous, ça va être le lin, la plante normande, donc très attachée
10:29à cette culture puisque je suis fille et petite-fille de cultivateur de lin en Normandie.
10:34Et au-delà de l'histoire de famille, c'est une plante absolument extraordinaire parce
10:39qu'elle va avoir plein de bienfaits pour la peau, mais surtout, c'est vraiment le
10:43volet environnemental. C'est-à-dire que déjà, c'est une culture française par excellence
10:49et surtout, tout va se valoriser dans la plante. On va absolument tout utiliser, que ce soit
10:55la fibre longue, la fibre courte, les graines ou bien les copeaux de bois. Et donc, c'est
10:59une culture qui ne va pas demander d'irrigation. On sait souvent le parallèle avec le coton.
11:04On peut avoir besoin de jusqu'à 10 000 litres d'eau pour un kilo de coton. Effectivement,
11:09en Normandie, elle prend l'eau de pluie et ça suffit pour avoir un lin de très belle
11:14qualité, vraiment, que ce soit pour la voie textile ou bien pour le lin au lagineux, pour
11:19la graine. Donc, c'est pour toutes ces raisons qu'on a mis à l'honneur, bien sûr, le
11:23lin d'une autre marque. Nous, c'est vrai qu'une fois que le lin est récolté, c'est
11:28un travail mécanique qui est fait sur la fibre. Donc, il n'y a absolument pas d'utilisation
11:33d'eau ni de solvents.
11:34C'est ça, c'est la pression à froid, c'est ça ?
11:35Donc là, ça va être pour la graine, effectivement, où on va être sur un principe de pression
11:39à froid avec une huilerie partenaire pour avoir notre propre huile de lin bio. Et pour
11:44la partie fibre, puisque nous avons également des accessoires en lin pour justement arrêter
11:49les cotons jetables, notamment des carrés lavables à base de lin. Eh bien, pour obtenir
11:54cette fibre de lin, c'est un travail mécanique. C'est l'homme et la machine. Il n'y a absolument
11:59pas d'eau, pas de solvents. C'est vraiment le savoir-faire français pour obtenir cette
12:03fibre longue. Donc, c'est aussi une des raisons pour lesquelles on veut utiliser vraiment
12:07le lin dans tous ses états, dans la marque Linae.
12:10Merci beaucoup. Karine, alors vous, quelle est l'utilisation de l'eau en Occitanie vers
12:16chez vous ? Il y a un petit peu moins d'eau vers chez vous ?
12:18Il y a un petit peu moins d'eau. Alors, ce qui est la nature étant bien faite, le pastel
12:23est une plante rustique et donc est très économe en eau. Donc, à partir de là, ça
12:30nous a quand même joué des tours parce qu'en fait, suite à la, quand Carole Garcia a racheté
12:35les terres en 2022, finalement, elle a décidé de ne pas arroser. Et au moment du semis,
12:41notamment, il y a eu un manque d'eau. Comme quoi, il y a des aléas. Et donc, la levée
12:47a été partielle et la culture catastrophique. Donc, de cette expérience est né un projet
12:54d'irrigation. Mais l'idée, c'est de faire de l'irrigation raisonnée. Et donc, en plus,
13:00il y a un lac sur le domaine agricole. Et donc, d'utiliser l'eau vraiment dans des moments
13:05stratégiques et notamment au moment du semis, mais à minima.
13:10Voilà, parce que pour le moment, vous n'utilisez pas d'eau. C'est vrai que c'est un projet,
13:14mais actuellement, la plante est quand même très résistante par chez vous. Et vous avez
13:18déjà des produits cosmétiques qui justifient et qui prouvent que la plante se porte déjà
13:24très bien, mais qu'elle aura besoin, notamment au moment des semis, d'avoir quand même une
13:29petite aide.
13:30Un peu d'eau sécurisée parce qu'effectivement, c'est le principe actif de tous les produits
13:34de la marque. Donc, il faut, voilà, de façon toujours pareille, raisonner, mais sécuriser.
13:39Et puis après, l'eau, comme vous tous ici, vous savez que l'eau, elle est aussi dans
13:45les produits. 60 à 85% des produits cosmétiques sont quand même composés d'eau. Et donc,
13:52on utilise tout simplement l'eau municipale de Toulouse, qui est filtrée directement
13:58dans notre usine de Toulouse et puis également dans certains produits, l'eau du Gers. Et
14:06d'ailleurs, comme je disais tout à l'heure, à Toulouse, en plus, la tarification d'eau
14:10a été en test avec une facturation plus élevée l'été que l'hiver. Et donc, ça sensibilise
14:18aussi les citoyens, mais aussi les entreprises sur ces consommations d'eau à faire attention
14:25à l'utilisation de cette ressource. Merci beaucoup Stéphanie. Alors vous, ce qui est
14:31intéressant aussi, c'est que vous utilisez la multiplication cellulaire, alors expliquez-nous
14:37ce que c'est, pour préserver les ressources. Parce qu'a priori, on peut se dire quel rapport
14:42avec la choucroute. C'est vrai que dit comme ça, ça peut être un peu abstrait. L'idée,
14:47c'est que dans nos soins visage jour et nuit, on va associer toujours le lin à des cellules
14:53végétales. Donc, en fait, avec le laboratoire Partonia, on s'est beaucoup intéressé à
14:57vraiment ce qui peut être innovant en France et justement qui préserve les ressources.
15:01Et je suis tombée justement sur une entreprise française qui développe justement ce procédé
15:06de cellules végétales. Donc, c'est vraiment une biotechnologie très particulière, un
15:10vrai savoir-faire français. Donc ça, ça nous va bien par rapport à la certification
15:14Origine France Garantie. Et ce qui est très intéressant, c'est qu'en fait, vous allez
15:19prendre un tout petit bout de plante et ensuite, c'est de la reproduction cellulaire en laboratoire,
15:24ce qui permet d'avoir vraiment le potentiel actif de la plante. Donc, on va, en fonction
15:28des produits, avoir un type de plante bien particulier. Et surtout, il n'y a pas de
15:33monopolisation de parcelles, c'est à dire qu'on n'a pas besoin de faire de la culture
15:37intensive, pas de déforestation. C'est vraiment un petit bout de plante. Et ensuite, on vient
15:43faire cette reproduction cellulaire en laboratoire en France. Donc, c'est complètement illimité
15:48avec les aléas climatiques également. En plus, c'est vrai qu'on n'a pas ce stress
15:52de dire que potentiellement, peut-être que dans un an, je n'aurai pas mon stock de matière.
15:57Et surtout au niveau de l'eau, c'est un procédé vraiment très vertueux, puisque pour faire
16:03un kilo de cellules, il faut un peu plus d'un litre d'eau. Contrairement à d'autres méthodes
16:10d'extraction qui peuvent demander 1000 à 5000 litres d'eau pour un kilo. Donc là, c'est
16:15vraiment imbattable. C'est un savoir-faire français et ça a vraiment la possibilité
16:20justement de piocher vraiment le potentiel actif de chaque plante sans nuire à l'environnement.
16:26C'est ce qu'on appelle la chimie verte. Oui, c'est ça, exactement. Et donc, on soutient
16:30vraiment ce partenaire. C'est un vrai partenaire depuis les débuts. Depuis 2019, on travaille
16:35avec eux. Et là, pour les prochaines gammes de 2025, bien évidemment, on trouvera des
16:39cellules végétales dans les gammes. Merci beaucoup, Karine. Alors vous, c'est pareil.
16:43On a envie de savoir quel est le rapport entre vos pratiques de biotech et la préservation
16:49des ressources naturelles. Et pourtant, il y a bien un rapport. Expliquez-nous. Oui,
16:52alors c'est vrai que ça peut paraître contre-intuitif parce que même dans la tête des consommateurs,
16:58le mot biotech peut faire peur, fait penser à de la chimie, à des graines trafiquées.
17:04Qu'est-ce que la biotech déjà pour commencer ? Je ne saurais pas. Je ne vais pas vous donner
17:11la définition, mais c'est vrai que c'est l'utilisation des technologies, j'allais
17:15dire, pour améliorer le vivant, finalement. Donc là, l'idée, c'est qu'au final, quand
17:24vous dites pourquoi ça va rendre service à la biodiversité, aux écosystèmes, parce
17:32qu'en fait, ça va contribuer à éviter la surexploitation des terres. Et ça, c'est
17:39un sujet qui monte de plus en plus. On entend de plus en plus parler sur l'industrie cosmétique.
17:46Le fait que l'industrie cosmétique utilise de plus en plus de ressources naturelles commence
17:50à inquiéter, y compris dans le grand public, sur est-ce qu'on ne va pas mobiliser trop
17:55de terres pour ces actifs cosmétiques ? Et donc, l'idée, c'est qu'avec la biotech,
18:01en partant d'un ingrédient naturel, on peut hyper concentrer des actifs. Alors que si
18:09on travaille en récolte, par exemple, notre actif historique est l'huile. Comme vous,
18:16on presse les graines pour faire de l'huile. Bon, je les avais amenées, mais avec le micro,
18:22ce n'est pas facile. Donc, en fait, par exemple, là, on a ce qu'on appelle des siliques dans
18:27lesquels sont les graines. Eh bien, en fait, il faut une tonne de silique comme ceci, donc
18:33un hectare cultivé pour 40 litres d'huile de pastels. Donc, vous voyez qu'effectivement,
18:39ça mobilise des ressources de sol et donc, il faut trouver le bon équilibre. Et en fait,
18:45ce qu'on se dit, c'est que l'idée, c'est d'utiliser au mieux tous les moyens à notre
18:50disposition, dont la biotech. Et d'ailleurs, il y a trois brevets déposés sur les protéines,
18:57les bioflavonoïdes et les polyphénols de pastels. En dehors de cet extrait huile, tous
19:03les moyens à notre disposition pour préserver à la fois la santé des sols et être efficace
19:09pour la santé de la peau. Merci beaucoup. Alors, j'ai des petites questions que les
19:14lectrices et lecteurs de marée claire nous avaient envoyées en amont de la conférence
19:20à toutes les deux. Alors, qui demande, comment est-ce que vous arrivez à être transparent
19:27dans l'utilisation de vos ressources auprès de vos consommateurs, consommatrices ?
19:33Ça marche sur deux aspects. Déjà, par les audits que l'on va avoir annuellement, origine
19:44France garantie, qui vont effectivement éplucher toutes nos matières. Donc, ça permet effectivement
19:49de montrer pas de blanche sur l'origine des matières, sur comment ça a été cultivé
19:55et le pourcentage dans chacune des formules et sur effectivement les explications dans
20:00la pédagogie aussi de qu'est-ce qu'on va utiliser. C'est vrai que nos études, ça
20:05peut faire un peu une ordonnance, mais on en est fier d'avoir ce niveau de détail sur
20:09tous nos emballages pour expliquer quelles matières premières on va retrouver, pourquoi
20:14on les utilise et avoir ce relais aussi d'informations sur le site internet.
20:18Merci. Et pour vous, chez Graines de Pastel ?
20:21Là aussi, l'idée, c'est de décortiquer les formules. Déjà, les formules sont bios,
20:26certifiées bio. Donc, effectivement, il y a un certain nombre de contrôles liés à
20:29ça. Mais après, sur notre site internet, en fait, là, on est en train de le refondre
20:36et ça y est, le fichier est terminé, justement, pour chaque formule, d'expliquer à la fois
20:44l'utilité, parce qu'effectivement, l'idée, c'est pas de mettre plein d'ingrédients et
20:49de saturer la peau, mais d'expliquer l'utilité de chacun d'entre eux et sa provenance, sachant
20:54que pour Graines de Pastel, on travaille un maximum en circuit court et avec des actifs
21:02français ou européens. Au maximum, il reste des cas, effectivement, d'exception, puisqu'on
21:06sait bien qu'il y a certains actifs qui doivent venir de plus loin. Mais en tout cas, il y
21:11a la transparence au travers du site, tout simplement.
21:15Merci, alors j'ai une autre question. Est-ce que vous travaillez avec d'autres acteurs
21:21locaux des associations ou des ONG pour préserver les ressources naturelles de vos produits,
21:30liées à vos produits ?
21:31Ça va être vraiment au niveau des cultures en Normandie. Tu parlais tout à l'heure,
21:37des rotations. Ça fait partie des engagements qu'on a de 5 à 7 ans de rotation. C'est vraiment
21:44tout un partenariat avec des cultivateurs locaux, pour justement ne pas appauvrir les
21:49sols. C'est vraiment des contrats faits sur plusieurs années pour s'assurer de bien préserver
21:54les écosystèmes, la qualité des sols, et aussi tout un tissu de cultivateur auprès
21:59d'une coopérative partenaire, aussi, en Aurélie-Loire. Ça permet justement de garantir des contrats
22:05auprès de ces cultivateurs qui puissent se projeter, et nous, derrière, auprès des
22:09consommateurs, d'avoir des produits de qualité.
22:11Qui ont les mêmes exigences que vous, parce que j'imagine que si vous prêtez vos terres
22:15à des agriculteurs, il faut qu'en face, il y ait exactement le même niveau d'exigence.
22:19C'est ça, exactement.
22:20Donc c'est un travail collectif.
22:21Surtout que beaucoup se mettent à la conversion bio. Donc il faut les accompagner, ça prend
22:24du temps. Certains ont été un peu effrayés, parce que beaucoup ont été dissuadés de
22:28se mettre au bio. Donc c'est aussi ce travail fait avec mon père, de les aider, et auprès
22:33du tissu de cultivateur et de coopératif, pour les amener pas à pas vers cette agriculture
22:38biologique.
22:39Merci beaucoup. Karine, comment ça se passe vers Toulouse ?
22:43Là aussi, finalement, on a beaucoup de similitudes. Vous avez bien fait d'organiser cette rencontre.
22:49On n'a pas de signature avec une ONG ou des choses comme ça, mais beaucoup d'associations.
22:56Je parlais d'arbres et paysages. Effectivement, des partenariats de long terme aussi avec d'autres
23:02producteurs, et notamment on travaille forcément avec des producteurs de Pruneau d'Agin, puisqu'il
23:07y a des coproduits là aussi très intéressants. Et c'est ça, c'est l'idée de quelque chose
23:13de long terme aussi, et qu'on se transforme ensemble, et travailler avec la coopérative
23:18aussi locale. Après, on a d'autres types de partenariats de long terme, mais c'est
23:24plus sur l'aspect social. Mais on a vu depuis le début que c'était très, très important
23:29et très lié aussi, puisqu'on travaille avec un atelier de travailleurs en situation
23:36de handicap depuis plus de 20 ans, et ce qui crée plus de 4 emplois à l'année depuis
23:42plus de 20 ans de façon pérenne. On a préféré jouer ces partenariats et ce collectif territorial
23:50plutôt que la voie d'une association ou d'une ONG en particulier.
23:55Oui, avec des acteurs de terrain du coup pour avancer sur vos sujets. J'avais une dernière
24:02question sur comment est-ce que vous vous projetez dans les années qui viennent ?
24:10C'est de travailler encore plus souvent, de plus en plus avec les cultivateurs, essayer
24:15de découvrir encore quelle culture on pourrait mettre à l'honneur en cosmétique, toujours
24:19dans cette optique d'être origine France garantie, et d'aller dénicher d'autres types
24:25de savoir-faire, comme les cellules végétales, qui permettent justement des alternatives
24:29durables, parce que nous, on est vraiment friands de ça. Donc on a déjà trouvé ce
24:33partenaire et voir ce qui peut exister comme autre alternatif pour toujours faire mieux
24:38pour demain.
24:40Merci, Karine.
24:41Je vous parlais d'une étape importante qui est la société à mission. Donc c'est vrai
24:45que là, on va monter un comité de mission et donc poser des nouveaux engagements, parce
24:50que l'idée, c'est de s'engager maintenant sur une vision de long terme.
24:55Qu'est-ce que c'est que l'entreprise à mission, pour celles et ceux qui ne connaissent
24:58pas ? Expliquez-nous.
25:00En fait, c'est une démarche volontaire des entreprises qui fait qu'on va inscrire la
25:06mission, donc celle que j'ai décrite tout à l'heure, et notamment sur le fait de faire
25:11vivre un patrimoine végétal local, dans le statut même de l'entreprise. Et ensuite,
25:16on va monter un comité externe qui va valider chaque année que nos objectifs, enfin les
25:23objectifs qu'on s'impose en lien avec cette mission, donc en ce qui nous concerne, ça
25:27va être effectivement de poursuivre les travaux de recherche de valorisation du Pastel, de
25:34continuer à développer les partenariats et à faire vivre l'écosystème local et travailler
25:38sur les circuits courts, donc encourager aussi le développement territorial et bien sûr
25:44aussi sur notre cœur d'expertise, qui est la formulation de produits naturels et bio
25:49à destination de la santé de la peau. Et donc, en fonction, on mettra ces objectifs
25:55et ils seront donc contrôlés par notre comité de mission chaque année. Et l'idée, pour
26:01aller dans le sens du changement, Gilles Boeuf parlait de changer, c'est d'accompagner aussi
26:09les consommateurs à faire les meilleurs choix pour leur peau, bien sûr, mais pour leur
26:15bien-être en général. Pas forcément consommer plus, mais mieux. On l'entend beaucoup, mais
26:21ça, c'est très important d'avoir les produits les plus efficients et mettre la bonne valeur
26:26dans leur routine de soins pour de l'efficience et en même temps de la qualité. Et c'est
26:32pour ça qu'on défend cette qualité française aussi. Merci beaucoup à toutes les deux pour
26:37vos témoignages. On peut les applaudir. Maintenant, Stéphane Allaire, qui est fondateur
26:44et président de Reforest Action. On vient de parler des forêts. Il va vous parler d'agroforesterie
26:50et vous expliquer le rôle de l'agroforesterie dans l'industrie cosmétique. C'est à vous,
27:01Stéphane. Merci, Émilie. Bonjour à toutes et à tous.
27:07Cher Gilles, très bien. Moi, je vais vous parler de comment agir pour mieux préserver
27:13la nature, ce qui n'est pas un petit sujet quand on sait qu'aujourd'hui, 40% des sols
27:19dans le monde sont profondément dégradés et dégradés par la main de l'homme et par
27:24nos techniques agricoles. Il faut savoir qu'on a hérité de nos techniques agricoles de
27:32la période d'après-guerre, cette période où, finalement, on a cherché à produire
27:36en quantité, rapidement, un certain nombre de produits alimentaires, mais aussi de toutes
27:42sortes et de produits de beauté, comme on l'a vu il y a un instant, à partir de modèles
27:48qui sont profondément destructeurs des écosystèmes, qui font appel à énormément d'intrants,
27:54d'intrants chimiques, que ce soit des pesticides, que ce soit des engrais, et de méthodes de
27:59monoculture, c'est-à-dire associer une seule culture dans des champs à perte de vue et
28:05de détruire ainsi la biodiversité. Et cette méthode de culture, voyez-vous, aujourd'hui
28:13on sait, on sait qu'elle dégrade l'environnement et qu'elle n'est pas pérenne. On sait qu'on
28:19est au bout d'un cycle et que les rendements de culture commencent à baisser un peu partout
28:24dans le monde et qu'il est temps de changer. Et pourtant, aujourd'hui, on ne change pas.
28:31Gilles disait tout à l'heure, il faut changer pour s'adapter, n'est-ce pas ? On ne change
28:36pas, ou pas assez, pas assez vite. Et alors moi je me pose souvent la question, mais pourquoi ?
28:41Pourquoi on ne change pas ? On sait qu'il faut changer, pourquoi on ne le fait pas ?
28:45La première raison, c'est que Dame Nature ne nous envoie jamais la facture de ce que
28:51l'on détruit. Quand vous achetez un produit de beauté qui est produit à l'ancienne,
28:56j'ai envie de vous dire, vous ne payez pas l'impact négatif sur l'environnement dans
29:01le prix du produit, vous ne le payez pas. Et pourtant il existe. Et donc il n'y a pas
29:07cet incentive, le mot en anglais, cette stimulation financière à changer de pratique agricole
29:16parce qu'on ne paye pas ce qu'on appelle les externalités négatives de nos méthodes
29:20de production. Et c'est particulièrement vrai dans les périodes de crise économique
29:24comme on commence à vivre en ce moment, où finalement chacun se recentre sur son coeur
29:29de métier et va chercher à prolonger son savoir-faire historique parce que c'est rassurant
29:34finalement de s'appuyer sur son savoir-faire historique. Et pourtant, on sait qu'il faut
29:43changer, on s'accommode de la situation existante. Et ça, je trouve ça grave. Je pense que je
29:49ne suis pas tout seul dans cette salle à trouver ça éminemment grave. On s'accommode
29:53d'une situation qui détruit l'environnement. On sait aujourd'hui qu'il existe des alternatives
30:01à ces méthodes agricoles issues de la période d'après-guerre. Vous les avez citées tout
30:09à l'heure. On a parlé d'économie régénératrice ou d'agriculture régénératrice, ce qui
30:15consiste finalement à produire des richesses, à produire des huiles essentielles, à produire
30:21de l'argan, etc. Mais tout en restaurant les sols, en restaurant les écosystèmes,
30:28en captant du CO2, en améliorant la biodiversité, en redynamisant les sols, en améliorant l'accès
30:34à l'eau et en ayant une contribution sociale positive. C'est ce qu'on appelle l'économie
30:39régénératrice et c'est particulièrement vrai en agriculture. On parle aussi beaucoup
30:44de bioéconomie. Cette bioéconomie, c'est une économie basée sur le vivant. Le vivant,
30:50c'est tout ce qui évolue. Et cette bioéconomie, elle fait opposition à une économie linéaire.
30:56Finalement, on va extraire des ressources, on va les transformer, on va les consommer,
31:00on va les jeter. La bioéconomie, elle est circulaire puisque, comme l'a dit Gilles
31:05Boeuf tout à l'heure, il n'y a pas de déchets dans le vivant, il n'y a que des matières
31:10premières qui sont recyclées. On parle beaucoup aussi d'agroforesterie, ça a été dit aussi
31:15sur la table ronde précédente. L'agroforesterie, c'est quoi ? C'est planter des arbres sur
31:20les surfaces agricoles en haie, autour des champs, mais aussi dans les champs, ce qu'on
31:25appelle de l'intraparcelaire. On va planter des arbres, mais suffisamment espacés pour
31:29pouvoir associer culture annuelle vivrière et culture des arbres dans la durée.
31:36Tout ça, ça existe. On sait que c'est rentable à moyen et long terme, pas à court
31:44terme, souvent, mais c'est rentable à moyen et long terme. Et on sait que finalement,
31:49le risque de basculer vers cette économie régénératrice, vers cette bioéconomie,
31:53vers l'agroforesterie, c'est pertinent pour les sols et pour le développement humain.
31:59Alors moi, je préside Reforestation. Reforestation, c'est une entreprise qui a 15 ans et qui
32:05a mené plus de 1600 projets agroforestiers dans 47 pays. Et pendant ces 15 ans, ce que
32:12j'ai vu, moi, en plantant des arbres autour des champs et dans les champs, j'ai vu des
32:18oiseaux, des oiseaux revenir, hébergés par ces haies, et qui sont venus aider ce qu'on
32:24appelle les auxiliaires de culture, c'est-à-dire qu'ils vont aller lutter contre les ravageurs
32:27des cultures de façon complètement naturelle. J'ai vu des jeunes veaux s'abriter des
32:33vents derrière les haies et ainsi améliorer les conditions de vie animales dans les zones
32:40de pâturage. J'ai vu des sols nus redevenir fertiles simplement parce qu'on avait planté
32:49le bon arbre au bon endroit. Un sol au Sénégal blanc de sel, suite à la déforestation dans
32:58un delta du Saloum, ce sol blanc, on y a planté un acacia. Cet acacia a rapporté de l'azote
33:05dans les sols, a apporté de l'humus en surface. Eh bien, le sol s'est reconstruit, le sol
33:10blanc est devenu noir et la végétation est revenue. J'ai vu tout ça, j'ai compris tout
33:16ça. Alors ça capte du carbone, évidemment, ça permet de lutter contre l'évolution du
33:22climat, ça améliore la biodiversité. L'agroforesterie, ça sert à tout ça. Mais ce qui m'a le plus
33:29frappé, c'est finalement que quand je vais voir les projets dans les pays du sud, donc
33:38Amérique latine, Afrique, Asie, quand je vais sur les projets dans les zones rurales que
33:44vous avez mentionnés, chez Sisley, chez Yves Rocher, quand on va là-bas, on voit des
33:50gens heureux. Ça, ça m'a frappé parce que dans ces villages où il n'y a ni électricité
33:55ni eau, on voit des gens heureux alors qu'ils n'ont rien. Et j'ai mis beaucoup de temps
34:00à comprendre, voyez-vous, qu'ils n'avaient peut-être rien, mais ils avaient l'essentiel.
34:06Et cet essentiel, c'est à la fois une relation harmonieuse avec leur environnement et une
34:13communauté humaine solide. Ce sont pour moi les deux piliers, finalement, du bonheur
34:19que j'ai pu observer chez ces gens-là. Et ce qu'il est frappant de voir, c'est que
34:27quand on parle d'agriculture régénératrice, quand on parle de bioéconomie, quand on parle
34:31d'agroforesterie, en fait, on va avoir à la fois un impact économique, puisqu'on
34:37va produire sur le long terme, de façon durable, de l'huile d'argan, d'un certain
34:45nombre d'intrants naturels pour les cosmétiques, mais aussi pour notre alimentation. Mais on
34:50va aussi avoir un impact social évident, de premier ordre, et notamment en rééquilibrant
34:56les richesses entre producteurs et acheteurs, distributeurs. Parce que toutes ces filières
35:02économiques dans le secteur de la beauté et de l'alimentation, elles sont parfois mal
35:07comprises. Vous l'avez dit tout à l'heure. On ne connaît pas forcément toute sa filière.
35:12On ne sait pas quel est le champ qui produit les intrants du soin que l'on va acheter,
35:18que ce soit une crème, un shampoing ou autre chose. Connaître ces filières, c'est particulièrement
35:23important parce que ça permet de rééquilibrer les richesses depuis le producteur jusqu'au
35:27consommateur. Et je voudrais, à titre d'exemple, vous parler d'un projet, là aussi au Maroc,
35:33à Quémissette, qui est à l'est de Rabat. Vous prenez la route, vous allez vers l'est
35:39au Maroc. Et c'est un projet que l'on mène avec un parfumeur français et des producteurs,
35:49des personnes qui plantent des orangées amères qui sont utilisées en cosmétique.
35:58On en fait des huiles essentielles. Ils en font des huiles essentielles. Ils plantent
36:02aussi des fleurs diverses pour l'industrie, la parfumerie. La problématique qu'ils rencontrent,
36:11c'est que dans cette région-là du Maroc, la pluviométrie s'est effondrée ces dernières
36:17années. Les nappes phréatiques ont baissé de façon dramatique, là aussi, et arrive
36:27le problème de l'irrigation. Comment fait-on pour maintenir cette activité durable, à
36:34l'origine, sans eau ? Gilles, tu as dit tout à l'heure, l'eau, c'est la vie. Là-bas,
36:41l'eau manque de plus en plus. Et ça crée une vraie tension au sein des communautés
36:47puisqu'ils se posent beaucoup de questions sur qu'est-ce qu'on va devenir et comment
36:50on va pouvoir pérenniser cette activité qui est essentielle au maintien des populations
36:55dans les villages, au lieu de les amener vers les bidonvilles de Rabat. Le projet agroforestier
37:03que l'on mène consiste à planter différentes essences en agroforesterie, notamment des
37:09acacias d'ailleurs, parce que finalement, ces arbres apportent un grand nombre de bénéfices.
37:15Un des premiers bénéfices, c'est qu'ils vont arrêter les vents qui assèchent les
37:21cultures et les sols. Puisqu'on est sur des terrains qui sont relativement découverts,
37:29et dès que le vent arrive, les vents chauds, vous avez toutes vos plantes qui sèchent,
37:34mais dans la journée. Les sols, s'il y avait un petit peu d'eau, c'est parti le soir.
37:40Ça, c'est le premier bénéfice. Il y a également un bénéfice qui est très important,
37:46qui est que l'acacia va enrichir les sols en azote et donc va enrichir les sols.
37:53Moi, ce qui m'interpelle le plus dans ce projet, vous savez, c'est le fait que ces
38:00arbres vont recréer de l'humus, de la matière organique dans le sol.
38:04Or, cette matière organique peut contenir 20 fois son poids en eau.
38:11Quand vous avez une pluie qui arrive à un moment donné de l'année,
38:16cette pluie va soit ruisseler en surface si les sols sont très secs, très arides,
38:21et donc ça emporte le peu de sol qui reste vers les rivières.
38:25Et donc là, c'est une catastrophe. Mais si vous avez de l'humus,
38:29qui est une éponge finalement, et bien cette eau et des arbres,
38:33évidemment, cette eau va tomber sur les arbres.
38:36Ça va ruisseler le long des arbres, le long des racines.
38:38Ça va venir alimenter les naphréatiques.
38:40Mais ce que ça va faire également, c'est que ça va venir alimenter
38:45cette humus en eau et on va avoir cette éponge qui va gonfler,
38:49qui va libérer l'eau dans la durée par la suite.
38:52C'est ce qu'on appelle l'eau verte, l'eau des sols par opposition à l'eau bleue
38:57qui est l'eau des rivières, des naphréatiques.
39:00Et ça, c'est pas une mince affaire et c'est déjà l'heure.
39:04Et donc, ce que je voudrais simplement dire en conclusion,
39:07c'est que je crois qu'on a besoin de tous d'un nouvel imaginaire,
39:11un imaginaire positif pour pouvoir changer enfin de ces pratiques
39:15qui détruisent l'environnement vers des pratiques régénératrices.
39:19Et cet imaginaire, il est assez simple à aborder puisque finalement,
39:22il repose sur une relation harmonieuse avec son environnement
39:25et avec une communauté humaine qui soit solide.
39:30Ce qu'on peut observer dans les pays dans lesquels on peut intervenir.
39:34Et cet imaginaire, on peut tous y être acteurs.
39:38Gilles l'a dit tout à l'heure, c'est via sa carte bancaire
39:40qu'on construit cet imaginaire.
39:42Je crois qu'il est très important que quand on achète un produit alimentaire
39:47ou un produit de beauté, on s'intéresse à la façon dont il est produit
39:51parce qu'on a vu qu'il y a des initiatives qui existent aujourd'hui
39:54qui permettent d'avoir une production régénératrice des crèmes,
39:58des shampoings, des produits de beauté que l'on peut consommer.
40:02Et tout l'enjeu aujourd'hui, c'est de faire en sorte que cette agriculture
40:06régénératrice devienne la norme et non plus l'exception.
40:10Et je crois qu'avec la carte bancaire, Gilles,
40:13on peut faire rimer beauté et biodiversité. Je vous remercie beaucoup.
40:16Merci beaucoup Stéphane.

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