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Découvrez le regarde croisés entre Audrey Bourolleau, fondatrice d’HECTAR et Gabin Rey, agriculteur de l'ASSOCIATION AGROÉCOLOGIE ET COMMERCE ÉQUITABLE, ainsi que la conversation entre Masami Charlotte Lavault, floricultrice et ambassadrice de KENZO PARFUMS et Jean-Charles Lhommet, directeur biodiversité et ingrédients durables chez L’OCCITANE EN PROVENCE, autour du thème "Quelles sont les vertus de l'agriculture régénératrice ?"
Transcription
00:00On a beaucoup parlé d'agroécologie, on a beaucoup parlé d'agriculture régénératrice.
00:18Qu'est-ce que c'est ? Parlons-en tout de suite avec Audrey Bourreau, fondatrice d'Hectare
00:23et Gabinere, qui est administrateur de l'association agroécologie et commerce équitable. On peut
00:29les applaudir. Bonjour à tous les deux. Vous avez un point commun, vous êtes agriculteur,
00:41tous les deux. Audrey, quelle est votre définition à vous de l'agriculture régénératrice ?
00:47Bonjour à tous. Ça a été très bien dit tout à l'heure, je suis agricultrice et
00:53mon capital, c'est ma terre. Et régénérer les sols, c'est comme régénérer sa peau,
00:59c'est un peu mettre notre crème de jour sur nos terres agricoles. Et donc on doit mettre
01:03en place de la couverture des sols, jamais laisser nos sols à nu. Et pour ça, on doit,
01:08grâce à des systèmes et des pratiques de couverture de nos sols, c'est plein de petites
01:11semences qu'on choisit, avant de semer, après, toujours couvrir nos sols. On doit, ça a
01:18été dit tout à l'heure, limiter le travail du sol, donc ne pas utiliser la charrue parce
01:24qu'on a hérité effectivement de ces pratiques-là. Et c'est comme si vous griffiez votre peau,
01:28vous arrachiez la vie de la terre en fait. Et donc on doit aussi changer ses pratiques.
01:33Comme ça, on pourrait se dire, ça paraît finalement assez facile. Oui, du bon sens.
01:37Moi, pour ma part, j'ai remis aussi un élevage pâturant. Je suis à la tête d'une ferme
01:41en céréales, élevage et floriculture. Et on a aussi l'animal, parce que les déjections
01:46de l'animal fertilisent nos sols et ça nous permet de boucler nos cycles. Ça paraît
01:51super évident. Alors, pourquoi on ne le fait pas plus ? Il y a deux raisons à ça. En
01:57tant qu'agricultrice ayant la quarantaine passée, finalement, il me reste peut-être
02:0140 essais. Je sème une fois par an, je moissonne une fois par an. Et le message que j'ai à
02:06passer, c'est le rapport au temps et à la prise de risque. On l'a vu, on a une chance.
02:10On a deux chances formidables. Quand je regarde notre pays, la France, la moitié de la surface
02:15de notre pays, ce sont des terres agricoles. Donc on va faire partie de la solution pour
02:19lutter contre le changement climatique, parce que quand on fait ces pratiques-là d'agriculture
02:24régénératrice, elles stockent du carbone et donc ça lutte contre le réchauffement
02:27climatique. Sauf que pour faire ça sur une ferme céréalière classique, je prends cet
02:32exemple-là parce que les fermes céréalières en France, c'est 13 millions d'hectares sur
02:37les 26 millions. Donc on voit qu'on a un bon potentiel de faire basculer les choses. Il
02:41faut 150 euros à l'hectare. Et que si derrière, quand on met notre grain de blé, aujourd'hui,
02:46quand on se met du blé, qui est le composant de notre baguette de pain, c'est un marché
02:50coté en bourse, que je couvre ma peau ou mets ça à l'avant, en fait, il s'en fiche
02:55un petit peu le marché. Donc ce qu'on a besoin, c'est d'engager, c'est pour ça que je suis
02:58venue aussi, des entreprises, de l'aval de la chaîne de valeur, on a vu plein de marques
03:03qui ont envie aussi d'aller dans cette démarche, pour nous sécuriser économiquement dans cette
03:07transition. Donc ça, c'est le premier point. Un agriculteur, c'est un entrepreneur, il
03:12peut prendre son risque, mais il faut en faire ce qu'il est aussi un débouché économique.
03:15Et puis après, il y a une question d'accompagnement des pratiques. Avec Hectar, c'est une association
03:21que j'ai fondée, on accompagne la prise d'exploitation et on a des savoirs qui sont à transmettre
03:27et dans la RSE, il y a environnement, mais il y a social, compétence. Donc il faut changer
03:31son parc matériel, il faut rassurer ses salariés. Donc on a aussi un grand bouleversement des
03:36compétences pour dire il faut aussi qu'on change ça. Donc c'est ces deux choses à accompagner,
03:39l'économie et les hommes. C'est une ferme expérimentale fondée en 2019. On n'était
03:47pas loin du Covid, il me semble, dont vous avez investi statut particulier associatif,
03:56avec un certain Xavier Niel qui a mis aussi un petit peu d'argent dans ce projet là,
04:01avec cet objectif de quoi ? De tester des nouvelles pratiques agricoles. Quelle était
04:06la mission d'Hectar avec un H ? Aujourd'hui, le deuxième défi, c'est qu'il y a 160 000
04:11fermes à reprendre dans les 3 ans et si j'avais commencé cette conférence en vous demandant
04:15le nom et prénom d'un agriculteur que vous voyez comme un entrepreneur à succès, souvent
04:20j'ai un grand silence. On n'a pas eu notre top chef, on allait mourir dans le pré, je
04:23suis désolée. Et donc on n'a pas de rôle de modèle, on ne s'est pas inspiré. Je me
04:27suis dit c'est quand même dingue, on a des salons de la tech où il y a 100 000 visiteurs,
04:30nous le salon de l'agriculture c'est 700 000 visiteurs et comment on va attirer des jeunes
04:34à aller vers ces métiers-là ? C'est des métiers où il faut être plutôt le premier
04:36de la classe, il faut être super bon en alliance avec le vivant et il faut trouver des modèles
04:40économiques. Donc je me suis associée effectivement à Xavier Niel parce qu'il a attiré des jeunes
04:44dans d'autres métiers, ceux de la tech, que je n'ai pas hérité de la terre de mes parents
04:48et que pour des nouveaux entrants, financer l'achat de terre agricole, salarier des personnes,
04:54trouver des modèles gagnants, je peux vous dire que les banques ne suivent pas comme ça.
04:57Donc on va aussi avoir une question du financement de tout ça. Et puis moi j'ai fait ça après
05:01plein d'autres choses dans ma vie parce que j'avais envie de transmettre. Donc on a trois
05:04métiers chez Echtar. Vous l'aurez compris, on modélise ces choses-là et c'est pour
05:08ça que j'y reviendrai, on fait aussi des fleurs. On les teste quand on peut sur notre
05:11ferme en Ile-de-France et on transmet à des repreneurs de fermes, à des entreprises les
05:15savoirs modestement qu'on a pu expérimenter nous-mêmes. Et la tech, parce que c'est quelque
05:21chose qui a peut-être été absent, moi je n'oppose pas la tech et l'environnement, je
05:25suis une chef d'entreprise, je pense que la plupart d'entre vous ont dans leur poche ou
05:29dans leur sac un téléphone. Moi j'ai tout à l'heure communiqué sur Slack avec mes
05:33salariés, on a parlé beaucoup de biodiversité. Aujourd'hui on a des outils sur notre ferme,
05:39c'est des petits boîtiers qu'on met aux arbres qui enregistrent le son des oiseaux et qui
05:43me permettent par un algorithme de savoir le nombre d'espèces que j'ai. Parce qu'il y a
05:48trois ans j'ai commencé avec le muséum d'histoire naturelle avec des jeunes qui sont venus les
05:51compter. Je peux vous dire que nous on l'a fait parce qu'on est à côté de Paris et
05:55qu'économiquement ça n'a aucune réalité. À Lévis, c'est un nom dans les Yvelines.
05:58À 35 kilomètres d'ici. Et que si demain j'ai une technologie abordable qui me permet
06:03de rendre compte à des partenaires de la cosmétique, de l'alimentation, de plein d'autres filières
06:07que je suis une bonne élève sur ma ferme dans la biodiversité, j'aurais tort de me
06:11priver d'outils de mon temps. Donc pour moi la tech elle facilite l'organisation, la charge
06:16mentale pour communiquer avec nos équipes, pour faire face à des déserts d'emplois.
06:20Moi j'ai remis un élevage à 35 kilomètres d'ici, le premier véto qui s'occupe de vaches
06:25il est à 2h30, on est en train de perdre des savoirs. J'ai relancé de la floriculture
06:29en Ile-de-France. On a des experts qui sont très très loin. Donc on le fait par FaceTime,
06:34par vidéo. On peut aller chercher de l'expertise où elle est disponible. Et donc la tech n'est
06:38pas opposée à la transition, c'est un facilitateur comme dans tous les métiers.
06:42Merci beaucoup Audrey. Alors Gabin direction le Puy-Saint-Tréparade où vous cultivez
06:48des plantes aromatiques depuis 6 ans. Alors vous, vous êtes un peu tombé dans la marmite
06:54pas comme Audrey de l'agriculture parce que je crois que vous avez un petit peu de famille
06:58qui exerce dans cette profession. Oui ça a commencé on va dire depuis mes grands-parents.
07:05Après mes parents ont pris un cursus différent, sont revenus et moi après par la suite je me
07:10suis intéressé à l'agricole et je me suis lancé en achetant mes premières terres.
07:14Voilà donc il y a 6 ans et vous avez réalisé et constaté plusieurs choses en cultivant les
07:21espèces que vous cultivez vers Aix-en-Provence en effet. Et donc vous êtes rapproché d'une
07:26association qui s'appelle agroécologie et commerce équitable qui a été créée en 2021. Pareil,
07:34on n'était pas trop loin du Covid après. Avec quelle intention, quel but ? L'intention de
07:39l'association dans laquelle je suis membre c'est dans un premier lieu de produire sain et de
07:46valoriser les matières. Donc c'est une association qui regroupe des agriculteurs, des industriels,
07:53des coopératives, des transformateurs. Et en fait le but c'est de monter des projets,
07:59donc des G.I.2.E pour pallier à des problématiques. Qu'est-ce que c'est G.I.2.E ? C'est un groupement
08:06d'intérêts environnemental et économique. Et en fait le but de ces projets c'est de
08:19pouvoir du coup pallier à des problématiques. Assèchement des sols, problématique de l'eau
08:25dans certains endroits, problématique des maladies, problématique du changement climatique on va dire
08:32dans sa globalité. Oui parce qu'il n'y a pas de solution en fait à ces problèmes provoqués par
08:38le réchauffement climatique dans les champs et dans les parcelles. Donc vous vous partagez
08:42en fait des bonnes pratiques, vous testez des choses, vous l'avez fait vous aussi. Et vous
08:47êtes accompagné par notamment des entreprises de cosmétiques. C'est ça exactement, on est
08:53accompagné en l'occurrence par l'Occitane. Et en fait à travers ces pratiques, parce que dans
08:58l'association ce qui est assez enrichissant c'est qu'on est des agriculteurs biologiques,
09:04des agriculteurs conventionnels ou en transition. Et avec des tailles d'exploitation qui sont
09:09relativement différentes. Et en fait à travers ça, ça permet d'échanger les solutions qui ont
09:16pu fonctionner pour nous, voir si c'est adaptable chez certains, vice versa pour essayer d'avancer
09:21dans de bonnes conditions et de ne pas tourner en rond finalement. Parce que le problème du
09:26changement climatique est un problème qui impacte tout le monde mais qui est assez on va dire typique
09:34à un environnement. Celui où on cultive les problématiques que je peux avoir sur mes plantes
09:39ne va pas être les problématiques que mes confrères peuvent avoir même à 500 mètres de chez moi. Voilà
09:45c'est ce qu'on se disait avec les marques qui ont témoigné avant. Effectivement en fonction de la région,
09:50du type de sol, du type de terre, on n'a absolument pas du tout les mêmes climats, les mêmes enjeux,
09:55les mêmes problématiques. Et donc l'idée c'est d'essayer de se partager tout ça comme bonne
10:01pratique. Et donc vous travaillez notamment avec des entreprises de cosmétiques. Vous l'avez
10:08dit, qui vous aident du coup de quelle manière ? Ils nous aident déjà de pouvoir participer à des
10:16événements comme celui-ci. Pour partager un peu, expliquer ce que vous faites. Si je parle
10:21personnellement, je suis seul dans mes terres finalement. Donc ça permet aussi de pouvoir
10:25communiquer ce qui se passe sur le terrain au public. Et ça permet aussi de pouvoir rencontrer
10:31différentes personnes pour des formations en l'occurrence. Ça permet aussi de se rencontrer
10:37entre agriculteurs, d'avoir pu faire le lien entre nous tous. Donc ça permet beaucoup de choses.
10:44Beaucoup de réseaux et d'échanges effectivement de bonnes pratiques. Audrey, alors quel résultat
10:50vous observez de vos pratiques d'agriculture régénératrice mises en place il y a quatre ans ?
10:57Alors le changement c'est long. Je disais pas de temps du vivant. On dit qu'il nous faut à peu
11:02près dix ans pour arriver à restaurer des parcelles endommagées. Moi j'ai vraiment eu une ferme
11:07à l'image de ce qui a été dit tout à l'heure. On avait à peu près 25% de la surface sur 300 hectares.
11:11Ce qui est une grande ferme qui était vraiment dégradée, c'est-à-dire quasiment plus en
11:14capacité de produire. On s'est lancé vraiment en faisant ce que peu d'autres agriculteurs ont
11:20la chance de faire. J'ai fait vraiment 300 hectares d'un coup. J'ai plein d'agriculteurs qui ne peuvent
11:24pas le faire économiquement et qui font hectare par hectare. Il y a eu deux. Après les réussites, il y a
11:29aussi, il faut se rendre compte, la perception du changement. Moi je suis à la tête d'une ferme et
11:34donc le regard des voisins, de l'écosystème. Moi je viens pas, lointainement comme tout le monde,
11:40j'ai eu des grands-parents agriculteurs mais j'ai fait plein de choses avant. Quand vous êtes fille
11:44ou fille d'agriculteur et que vous changez vos pratiques, je peux vous dire que pour l'avoir
11:47vécu, le poids du regard des autres, c'est aussi quelque chose qui est très lourd dans votre métier.
11:51Donc même moi j'ai fait des changements drastiques, je me suis coupé tout le parc matériel, je suis
11:57passée en location. Tout ça, il faut l'emmener cette conduite du changement. C'est pour ça que
12:00je me dis qu'on a la réassurance d'un débouché sécurisé, nous on peut se mettre en mouvement.
12:04Aujourd'hui on a eu des très bons résultats, donc on suit toutes les analyses de sol. Donc on
12:09retrouve la matière organique, de la portance. La portance, c'est pouvoir rentrer dans les champs.
12:13Quand vous passez devant des parcelles et que vous voyez des genres de grandes, grandes
12:16flaques d'eau au milieu des parcelles, ça veut dire que le sol il est bloqué. Et bien là par
12:20exemple, il y a un mois à peu près, on a eu 100 mm de pluie en deux jours. Normalement c'est une
12:25commune où il fait 700 mm à l'année. Je peux vous dire que quand l'eau s'infiltre, vous respirez
12:30un peu mieux parce qu'il y a quatre ans, quand j'ai repris cette ferme, la même parcelle, elle a
12:34glissé et elle s'est retrouvée au milieu de la route et vous êtes obligé de faire venir les
12:37pompiers parce que vous avez votre sol qui est juste parti. Donc il faut se rendre compte que
12:41quand vous voyez à la télévision tous ces tourrents de boue etc, c'est notre sol agricole,
12:45c'est notre capital sol qui part. Donc on en mesure les résultats. Donc ça c'est important. On mesure
12:50aussi le fait que nos sols captent du carbone. Donc aujourd'hui il y a aussi des stratégies de
12:54compensation qui sont possibles. On peut être rémunéré pour ces bonnes pratiques. La seule
12:59question qui me reste en suspens c'est que moi j'ai pu le faire parce qu'avec Hectare on fait
13:03plein d'activités autres que juste tenir cet actif agricole et c'est ce que j'appelle ce financement
13:08du U. Il n'y a pas un impact à trois ou cinq ans sur les rendements si on s'y prend bien. Mais alors
13:13les trois ans entre la prise de risque, le financement, l'accompagnement, là encore on a
13:18besoin de visibilité économique. Donc moi je crois beaucoup que la transition ne pourra pas reposer
13:22que sur nos épaules. On a besoin de marques, d'industriels qui s'engagent et puis aussi de
13:27consommateurs qui nous suivent dans le temps parce qu'on l'a vu tout à l'heure, ça a été dit sur le
13:31bio, on n'a pas un annulé remplace quoi. Je prends un autre exemple donc on a remis de la
13:35floriculture, on fait du bleuet, on fait de l'huile de camine. Donc bleuet, huile de camine,
13:40aquilée, on a une petite huilerie sur notre ferme pour créer de la valeur ajoutée. Là on va tenter
13:45une plante plutôt pour l'industrie de la teinture végétale. Le Reseda ça sort tous les deux ans.
13:50Je peux vous dire quand il y a six fashion week par an et que moi dans deux ans ça sort, j'espère
13:56qu'il y aura un peu de jaune dans les collections de la mode il y a deux ans, ça nous a été demandé
14:00par un partenaire. Mais voyez je le dis en souriant, moi mon pas de temps dans les champs il doit être
14:04dans la tendance de consommation. Donc c'est pour ça que je ramène souvent ça au temps. Nous on sait
14:09faire, il faut nous faire confiance, il nous faut juste un peu de visibilité et on prendra notre
14:13risque comme tout chef d'entreprise finalement. Merci. Alors Gabin, votre devise est un peu la même
14:20que celle de Gilles Boeuf, changer soi-même avant de changer le monde. Vous nous avez parlé,
14:26enfin non, j'ai parlé des tests que vous avez effectués dans vos sols, sur vos champs
14:32depuis que vous avez commencé. Est-ce que vous pouvez nous donner des exemples de ce que vous
14:36avez constaté ? Parce que je l'ai dit, il n'y a pas vraiment de solution en fait. Vous avancez
14:42en testant, vous aussi Audrey vous l'avez dit. Alors qu'est-ce que vous avez découvert ? Qu'est-ce
14:46que vous avez changé par exemple ? En fait c'est très au jour le jour, pour être simple. Quand je
14:51dis changer soi-même avant de changer le monde, c'est que c'est d'abord un engagement vers soi-même
14:55avant de vouloir aussi engager les autres dans sa démarche. Et au niveau des pratiques, quand
15:02j'ai récupéré les terres, donc c'était des terres nues que j'ai remis en culture, donc avec un travail
15:06très basique au début, donc griffage, c'est-à-dire mécaniser pour essayer de contenir les plantes
15:12qui sont en train de me polluer les parcelles. Le problème c'est que sur une terre nue, quand on
15:17favorise une terre propice au développement d'une plante, elle va se disperser et complètement
15:27polluer toute une terre. Donc en fait je voulais pas de matière d'intrants chimiques et le
15:34désherbage manuel devenait très compliqué. Donc du coup je suis tombé sur des recherches où on
15:40pouvait désherber via des couverts végétaux et du coup j'ai ensemencé mes intrants pour pouvoir
15:49désherber les plantes qui m'envahissaient avec d'autres plantes. Comment vous avez fait pour
15:54désherber en plantant d'autres plantes ? En fait j'ai fait le choix, il y a plein de choix
15:59différents, mais moi j'ai fait le choix propre de trèfle et de luzerne. Donc le trèfle vient
16:05palisser la strate basse du sol, donc crée un tapis d'ombrage, permet aux Adventis ou aux autres
16:12graines déjà présentes dans le sol de ne pas germer. Et après j'ai mis une luzerne pour avoir
16:17une strate plus haute, donc qui va descendre au niveau du système racinaire beaucoup plus bas
16:21pour récupérer l'azote qui est bloqué dans le sol. Donc quand je vais le coucher ça va repartir
16:25dans le sol et cette biomasse que je renvoie au sol, elle me permet de protéger aussi mes
16:34cultures de l'ombrage, me permet également au niveau du système racinaire d'avoir une meilleure
16:39infiltration des sols. Et sur des sols argileux donc très compacts, aujourd'hui je vois au bout
16:45de trois ans de couvert que j'ai un sol qui est beaucoup plus friable. Donc ça veut dire que ça
16:51agit aussi sur la texture du sol et que j'ai un sol vivant qui est en train de se refaire de
16:57manière positive et qui m'a enlevé bien de la peine. Tout ça pour éviter, j'allais dire de
17:06tondre mais ce n'est pas du tout, de désherber quand même, pour éviter de désintrans, aussi
17:12l'utilisation d'intrans, donc comme quoi... Une action peut pallier à beaucoup d'autres problématiques.
17:19On n'imagine pas les efforts que c'est, effectivement le temps long que ça représente en amont.
17:24Vous avez un autre exemple peut-être à nous donner ? Non mais ce qui est formidable dans les couverts
17:29c'est effectivement ce pouvoir de décompacter. Tout à l'heure quand ça a été dit sur la charrue, il faut
17:33savoir qu'en fait quand vous voyez une charrue passer, elle a un phénomène dans notre jargon et
17:37c'est ce qu'on a fait. Nous on a fait des coupes de sol en arrivant et à 50 cm vous tombez, ça
17:41s'appelle une semelle de labour, comme si vous tombiez sur un sol en béton. Et en fait depuis
17:45des années c'est comme si on travaillait superficiellement une couche de 50 cm, d'où quand
17:49il y a beaucoup de pluie, c'est ces plaques là qui partent en fait. Et nous on a fait des essais
17:53effectivement avec des couverts, un sec, c'est un système racinaire de 2 m par exemple. Donc vous
17:58imaginez que ce couvert là, il va permettre d'éclater cette semaine de labour, de repermettre
18:03à l'eau de s'infiltrer, au verre de terre de revenir. Et donc on a le choix de toutes ces variétés mais
18:07chaque année, chaque essai, ce qui est valable une année n'est peut-être pas valable l'autre, donc c'est
18:11en permanence, on doit s'adapter aux conditions météo, aux types de couverts qu'on a. Donc c'est cette
18:15agilité permanente et cette audace. C'est pour ça qu'il n'y a pas un manuel précis de l'agriculture
18:20régénératrice. Chaque agriculteur adapte ses mélanges de couverts des sols à son contexte, ça a été
18:26dit, ce qui est valable chez vous n'est peut-être pas chez moi selon le type de sol. Et puis aussi
18:30selon l'héritage qu'on a. Moi j'espère que, et je le vois déjà, quand je laisserai cette terre à
18:35quelqu'un d'autre plus tard, parce que c'est le sens des choses, j'aurais plutôt reconstitué un
18:39capital sol. Et il y a Sarah Sengla qui était une prionnaire de l'agriculture de régénération des
18:44sols qui disait j'aurais réussi ma carrière d'agricultrice si j'ai laissé plus de terre que
18:48j'en ai finalement prélevé. Donc c'est à nous de reconstituer ces sols. On est face à un défi
18:52sans précédent et donc chacun d'entre nous sont un peu des pionniers dans l'innovation qu'on met en
18:57place. Comment est-ce que vous travaillez Audrey avec les entreprises de cosmétiques, justement
19:02avec ce temps long, avec ces nouvelles pratiques qui demandent du temps, des tests, comment est-ce
19:07que vous collaborez ? On a entendu des témoignages d'entreprises, de marques qui disent c'est des
19:12relations de conscience, de confiance, de conscience aussi certainement, mais comment
19:17est-ce que c'est construit avec vous ? On a trois modalités de participation. Pour certaines d'entre
19:21elles on fait la phase de modélisation, c'est-à-dire qu'on travaille beaucoup avec les équipes achats
19:25recherche pour se dire finalement quelles fleurs on pourrait relocaliser ou quels ingrédients,
19:30tout à l'heure ça a été dit, ça peut être aussi des huiles, sous nos latitudes en France, qui
19:35limitent aussi, ça a été dit, la ressource en eau. On va avoir des terres qui vont demander à être
19:41mobilisées pour plein d'usages, se nourrir, la cosmétique, le bâtiment, les énergies vertes, et
19:49donc on va être face à des arbitrages, je crois, dans les chaînes de valeur, et donc dès qu'on peut
19:53économiser de la ressource ou de l'espace, il faut qu'on soit aussi astucieux là-dessus. Donc nous on a
19:57cette phase de modélisation, c'est pour ça qu'on est parti sur la relocalisation du bleuet en Ile
20:01de France, à la place entre des blés, ça ne demandait pas d'eau et on a réussi. On fait la deuxième
20:07chose, c'est les compétences. Je trouve qu'il y a vraiment un manque d'investissement dans les
20:11compétences. Tous les modèles, quand on les teste, on les teste avec des salariés qui ne viennent pas
20:15du secteur agricole et qui n'ont pas de compétences agronomiques. Pourquoi ? Parce que si je me
20:19considère chef d'entreprise et que je veux avoir une entreprise qui dure dans le temps, je suis
20:24confrontée aux mêmes tensions d'emploi que plein de chefs d'entreprise. Et à 35 minutes de Paris, les
20:28salariés, ils ont le choix de venir travailler dans ma ferme ou de travailler dans d'autres
20:32entreprises autour. Donc qu'est-ce qu'on offre comme confort de travail, comme horaire, comme
20:37acceptabilité du port de charge ? Je peux vous dire que j'ai remis du bleuet. Le bleuet, il n'y a pas de
20:41mécanisation de la récolte. C'est à la main de la capitule au mois d'août. Il y a certaines
20:47températures et degrés où, pour des salariés, il faut qu'on prenne aussi en conscience c'est quoi une
20:51durée de temps acceptable pour une récolte manuelle. Dès qu'il y a de l'innovation, de la robotique
20:55qui permet de récolter, aujourd'hui, on est en train de regarder, parce que moi, le sujet des
20:59compétences, il est hyper oublié dans la transition. Je suis en train de regarder. Alors peut-être que
21:04certains d'entre vous ont déjà vu les robots tondeuses autonomes, vous savez. Aujourd'hui, il y a une
21:08innovation qui est en train d'arriver. C'est la même chose en plus grand. Ça attraque tout outil de
21:123 mètres. Je ne sais pas quel jeune je vais attirer dans 10 ans pour être tractoriste, c'est-à-dire
21:17être dans une cabine de tracteurs où le tracteur fait tout de manière autonome pendant plus de 10
21:21heures. Enfin, il faut penser demain qu'est-ce qu'on offre en fait en tant qu'employeur de notre
21:24territoire. Et souvent, on pense très bien. Donc pour les entreprises, on fait de la modélisation
21:29économique et sociale. On teste des choses. Et puis après, ce qu'on propose, c'est aussi regarder
21:33toute l'innovation sur la santé des sols, comment on la mesure, sur la biodiversité. Et on teste
21:38certaines de ces innovations sur notre ferme. On a à peu près cartographié 2000 start-up dans le
21:44monde. Je pense que c'est intéressant de regarder aussi ce qui se passe ailleurs. Et on a essayé
21:48tout à l'heure, je vous l'ai dit, ce petit boîtier de bioacoustique. Vous avez parlé du Covid. Par
21:53exemple, le PCR. Je pense que tout le monde se rappelle tristement ce qu'était ce petit test PCR.
21:58Ça a légué un héritage qui est de savoir faire de l'ADN environnemental. C'est-à-dire qu'aujourd'hui,
22:03par exemple, si on a des mars, des points d'eau, des sols, je peux envoyer cet échantillon à un coût
22:07très compétitif. Et ça va permettre de voir si j'ai de la faune, si j'ai des pathogènes dans mon sol
22:12et qu'il faut que j'évite de semer quelque chose parce que c'est sûr que si je mets telle culture
22:17dans tel sol, il y aura une maladie qui va apparaître. Et donc, l'innovation va très, très vite. Et nous,
22:22c'est ce qui nous intéresse. C'est vraiment ce transfert de compétences qui soit performant
22:25économiquement et puis facile aussi d'accès pour les agriculteurs. Je ne dirais pas le nom d'une des
22:31start-up qu'on a accéléré récemment et qu'on a testé. Ils nous ont rendu le tableau. Il aurait fallu
22:35faire ingénieur agro et 10 ans d'études pour comprendre le rendu. Donc, je leur ai dit écoutez,
22:39un agriculteur lambda, il a peu de temps. Il faut juste simplifier. En fait, souvent, l'innovation,
22:44elle est pensée par des gens extrêmement brillants. Mais dans le quotidien d'un agriculteur qui a plein
22:48d'autres choses à faire, il faut que ça soit aussi des choses qu'on arrive à intégrer facilement
22:52en termes de coûts, mais aussi d'agilité, de la donnée, de facilité. Donc voilà, on modélise
22:57pour les partenaires de la cosmétique. On teste et on transmet. Merci beaucoup. Et Gabin, vous,
23:02alors les contours de votre partenariat et peut-être un rôle sur l'association. Encore un
23:08petit message sur le rôle de cette association et peut-être un appel largement aux agriculteurs
23:13à poursuivre ces efforts. Après, moi aussi, je dois parler du point de vue plus agricole pour
23:19faire un peu un lancement, c'est de s'informer, d'essayer de se rassembler, de pouvoir travailler
23:24ensemble, de s'écouter entre le monde industriel ou le monde agricole et de pouvoir avancer main
23:33dans la main pour faire des bonnes choses, parce qu'on a tous besoin de tout le monde et un peu
23:37comme le principe d'une fourmilière. Donc, tout le monde a son rôle et travaille finalement pour
23:43la même chose, vivre et correctement. Donc, travaillons ensemble. Merci beaucoup à tous les
23:49deux. J'invite maintenant une autre agricultrice, elle est floricultrice, exactement. C'est ma
24:04amie Charlotte Laveau. Elle est également ambassadrice de Kenzo Parfums et gérée de
24:08Flowers by Kenzo, ainsi que Jean-Charles Lomé, qui est directeur biodiversité et ingrédients
24:13durables de l'Occitane. Et il est aussi fils et petit-fils d'agricultrice et d'agriculteur,
24:19n'est-ce pas ? Et petit-petit-petit-petit-fils. On peut les applaudir. On va vous encadrer, Jean-Charles.
24:30Alors, ma Samy, quel est votre parcours ? Racontez-nous, parce que votre histoire, elle est quand même
24:35vachement sympa, puisque vous n'êtes pas à la base floricultrice. Expliquez-nous. Bonjour,
24:43merci de m'accueillir ici. Je m'appelle ma Samy et j'étais designer industriel il y a dix ans.
24:51Et que vous designez alors ? Des trucs, vraiment des trucs. J'ai travaillé pour des pièces de voiture,
24:57des pièces de vélo, j'ai fait des cuisines et j'ai designé des sacs. Donc vraiment, j'ai fait un peu
25:02de tout et j'ai trouvé ça horrible, parce que j'étais enfermée dans des studios de design devant
25:08un ordinateur avec un rythme de travail idiot et je ne voyais pas la lumière du soleil. Et surtout,
25:15je contribuais à la création de milliards de trucs qui ne servent à rien ou à très peu de choses et
25:27qui surtout allaient être jetés la saison d'après. Donc vraiment, moi, après des années d'études qui
25:33m'ont coûté très cher, je me suis dit que c'était vraiment pas possible de faire ça. Et du coup,
25:37du jour au lendemain, j'étais freelance à l'époque et j'ai terminé l'émission. J'ai démissionné de ce
25:42que je voulais plus faire et je suis partie travailler dans des fermes. Je n'ai aucun lien
25:47avec le monde agricole d'un point de vue familial, donc ce qu'on appelle une NIMA, donc non issue du
25:52milieu agricole. Ce n'est pas hyper facile de rentrer dans ce monde-là, mais maintenant que ça
26:01fait dix ans que j'y suis, je pense que c'était la meilleure décision de ma vie de tout arrêter
26:07et de partir travailler dans une ferme biodynamique au Maroc. Donc voilà. Et donc vous êtes intéressée
26:13aux fleurs et à l'agriculture aussi régénératrice dont on vient de parler. Donc j'ai travaillé dans
26:20plusieurs fermes biodynamiques au Maroc, en Angleterre, au Pays-de-Galle et ensuite au Japon.
26:26Donc moi, je n'ai jamais travaillé dans une ferme en conventionnel. Donc conventionnel, ça veut dire
26:31qu'on utilise des produits de synthèse notamment. Ça, j'ai jamais vu en fait concrètement. Donc moi,
26:41je ne connais que l'agriculture très vertueuse et c'était incroyable. En fait, c'était un moment
26:49très enchanté pour moi parce que déjà, ça m'a sortie d'un bureau. Et ensuite, j'ai pu voir que
26:54ces endroits où je travaillais, ils étaient hyper beaux en fait. Il y avait de la vie à fond,
27:01les plantes étaient parfois malades, mais globalement, les fermes s'en sortaient. Il y avait
27:06une résilience incroyable du vivant dans ces endroits-là. Et donc, je me suis dit OK, ma fille,
27:13tu vas rentrer à Paris parce que j'étais quand même... Je suis née à Paris, moi je suis vraiment
27:17parisienne et hyper naïvement, je me suis dit pas de problème, je vais trouver du terrain à Paris
27:23et je vais ouvrir une ferme et je vais cultiver des fleurs. Alors pourquoi les fleurs ? Moi,
27:28j'ai travaillé tout d'abord en maraîchage et ça m'a déprimée parce qu'on travaille des mois et des
27:34mois pour un kilo de carottes et personne n'est prêt à payer un kilo de carottes plus de 3 euros.
27:37Ça vaut pas ce prix-là, vraiment, on travaille beaucoup plus que ça. Et donc moi, je me suis dit
27:43le maraîchage serait en concurrence avec Carrefour, ce genre de trucs, moralement,
27:47je survivrais pas. Qu'est-ce qui pourrait être une façon de rester dans l'agriculture et quand
27:53même de pouvoir vivre correctement ? Et je me suis dit, les fleurs, ça reste une des cultures
28:00d'égal qui ont la plus forte valeur ajoutée. Donc ça, c'était mon point d'entrée vers les fleurs.
28:06Après, évidemment, je trouve que les fleurs c'est beau, ça c'est comme tout le monde.
28:09Sachant qu'il y a plusieurs cultures de fleurs, vous me l'avez appris.
28:12Alors oui, moi je cultive des fleurs coupées, donc des fleurs pour les fleuristes, pour faire
28:18des bouquets. Vraiment, c'est comme dans les livres pour enfants. Mais il y a aussi un monde qui n'est
28:23pas le mien qui est la culture de fleurs pour plutôt la parfumerie ou les plantes médicinales,
28:31les pâmes, etc. Ça c'est pas mon métier et c'est assez différent. Moi vraiment, par exemple,
28:37mon obsession quand je récolte c'est que la fleur reste belle, entière, magnifique, qu'il n'y ait
28:42aucune trace sur chacun des pétales. C'est hyper compliqué. J'ai fini par trouver, au bout de
28:49plusieurs années de recherche, une toute petite parcelle dans Paris, dans le 20e arrondissement,
28:54à Belleville. Je crois que c'est la première ferme florale urbaine de France, et donc à Paris,
29:01depuis neuf ans maintenant, huit ans. Et entre temps, j'ai eu d'autres fermes parce que j'avais
29:09envie de faire plus grand, plus fort, avec plus de gens, parce que j'ai beaucoup travaillé seule et
29:14que c'est très difficile. Et donc j'ai eu une ferme dans le Perche aussi, où j'ai été responsable des
29:20fleurs. Et là, je travaille sur une nouvelle ferme dans les Yvelines qui fait cinq hectares,
29:25qui est donc cinquante fois plus grande que ma ferme de Belleville, où je cultive aussi des fleurs
29:30et je produis des fruits et des aromatiques bio. Merci, on verra la suite dans quelques instants,
29:37suspense. Jean-Charles, en tant que fils, petit, petit, petit fils, je crois, d'agricultrice et
29:44d'agriculteur, normand, je crois, vous connaissez bien les enjeux de l'agriculture. Alors vous avez
29:51travaillé, on l'a entendu, avec Gabin, avec l'association d'agroécologie et de commerce
29:56équitable. Expliquez-nous votre travail avec cette association et avec ces agriculteurs et le lien
30:03finalement avec vos produits, avec l'Occitane. Oui, bonjour à toutes et tous. Donc en fait, le lien,
30:10il y a deux mots qui sont pour moi très importants, c'est le bien-être et le vivant. En fait,
30:15à Occitane, on s'accroche à générer des moments de bien-être pour soi, pour les autres. Et pour
30:21faire ça, on va fabriquer des produits cosmétiques à partir de plantes. On a 98% des volumes de
30:28matières premières derrière, c'est des plantes. Et donc, ces plantes-là, elles sont majoritairement
30:33issues de l'agriculture ou de la cueillette. Et du coup, si on s'intéresse au bien-être, au vivant,
30:39on fait beaucoup de recherches sur le fonctionnement de la peau, les cheveux, la relation de la peau
30:44avec le microbiote. Ce que disait Monsieur Boeuf tout à l'heure, c'est exactement pareil. Et quand
30:48on parle d'une plante, on va s'intéresser au comportement de la plante, à sa relation avec le
30:52microbiote du sol. On est toujours sur la notion du vivant. Et donc, quand on parle de l'agriculture,
30:57le problème, c'est que, encore une fois, comme disait Monsieur Boeuf, c'est vraiment très
31:01intéressant, c'est qu'on peut l'avoir de la manière triste. Oui, l'agriculture est responsable du
31:09réchauffement climatique. L'agriculture est responsable de perte d'habitat, etc. Ça, c'est
31:15un constat. Et on n'a plus le temps d'être pessimiste. Et ce qui est génial, parce que ce
31:20qu'ont peut-être pas vécu mes parents ou mes grands-parents, c'est aussi qu'aujourd'hui, on a
31:24un champ des possibles qui est hyper optimiste. Et Gabin en est le meilleur exemple. C'est qu'en
31:30fait, l'agriculture, c'est un des seuls secteurs où, effectivement, il peut y avoir de l'impact.
31:34Déjà, on peut réduire ces impacts-là. Et en fait, on peut créer de l'impact positif. On peut jardiner
31:40le vivant. On peut créer de la biodiversité. Et donc, quand on parle d'agriculture et quand on
31:44parle de bien-être, on va parler de ces systèmes de production qui vont redonner de la vie. Et il
31:50faut pas oublier les agriculteurs. Parce que si on mange, si on s'habille, c'est les agriculteurs
31:55qui nous donnent ça. S'il n'y a plus d'agriculteurs demain, je vous mets au défi de tenir deux jours.
32:00Aujourd'hui, c'est moins de 3% de la population, voire 2, voire 1, je crois. Et puis, il y a 80% des
32:07gens qui ont plus de 60 ans. Donc, heureusement qu'il y a des jeunes comme Gabin qui relèvent ce
32:11défi-là. Et donc, à partir de ce moment-là, si on se dit OK, on considère que l'agriculture peut être
32:16source de bien-être pour la biodiversité et aussi pour les gens qui sont finalement responsables de
32:21nous donner accès à ça. Agroécologie et commerce équitable sont aussi deux mots très importants.
32:27Donc l'agroécologie, on y reviendra, mais c'est comment on s'inspire de la nature. 250 millions
32:33de R&D. Encore, M. Gilles Boeuf le disait. Une forêt est capable, avec une source d'énergie, de l'eau et des
32:42plantes, sans rien ajouter dedans, en complète circularité, de produire des plantes de plus de
32:4730 mètres, 40 mètres. Donc, à partir de ça, pourquoi on arrive à faire ça ? On recycle tout. On couvre les
32:56sols. Vous ne voyez jamais les sols d'une forêt. Ils sont toujours couverts. Et les plantes, l'arbre,
33:01sont au cœur du système. L'agroécologie, c'est exactement ça. Alors nous, on a besoin de récupérer
33:07de la lavande, de l'immortel, du karité ou burkina. Mais en tout cas, on n'est pas en train de créer
33:13des plantes de 40 mètres. La plupart du temps, elles font 1 mètre, 2 mètres. Donc si on s'inspire
33:18de ça, et qu'en plus, on laisse la place à ces agriculteurs de mettre en place des techniques, de
33:22trouver des solutions, de leur donner du temps, de leur donner de l'argent, parce qu'on en parle
33:28très rarement. Mais en fait, aujourd'hui, les agriculteurs... Et pourquoi, tout à l'heure, la
33:32dame d'Hectare disait que c'est très compliqué. Parce qu'en fait, attirer des jeunes dans ces
33:37métiers-là, il faut pouvoir vivre correctement pour être aussi heureux. Et ça, c'est basique.
33:43Et donc, le commerce équitable, ça donne des prix garantis. Et ça donne aussi la capacité d'investir,
33:51de chercher, de se tromper dans des solutions sur l'agroécologie. Et donc, cette association-là,
33:56on a démarré à une dizaine d'agriculteurs. Ça augmente. Il y a des coopératives qui arrivent.
33:59Et donc, le but, c'est ça. C'est dire qu'on ne peut pas laisser les agriculteurs prendre les
34:03risques tout seuls. On ne peut pas les laisser se dire, allez-y, trouvez. Puis nous, on attend,
34:07chez nous, dans nos fauteuils. Donc, l'Occitane en Provence se mobilise de cette manière-là,
34:13en soutenant quoi ? De manière financière, de manière humaine, en étant sur place aussi ?
34:20Comment ça se matérialise ? Alors non, on a la chance de les côtoyer tous les jours. Pas tous
34:24nos agriculteurs, parce qu'il y a beaucoup de gens. Et ce n'est pas qu'en Provence, il y a dans
34:28différents pays. Mais en tout cas, sur l'ACE, c'est de se dire, OK, on va travailler ensemble. Donc
34:34nous, déjà, on vous sécurise. On va vous acheter votre matière première. On va vous financer la
34:39mise en place des recherches, la mise en place des formations, etc. Ça, c'est pour le début. Et
34:44ensuite, on va vous laisser la main. Ça, c'est très important aussi. On a financé pendant trois ans
34:48le commerce équitable. Chaque kilo de matière première qu'on achète, en fait, il y a une partie
34:53qui est reversée dans l'association. Aujourd'hui, ils sont totalement indépendants. L'Occitane, on est
34:57dans l'association, on n'a pas le droit de vote. Par contre, ce qui est aussi génial, c'est qu'on se
35:01croise souvent, on réfléchit ensemble, on discute ensemble. Et sur des moments comme ça, on valorise
35:06ensemble. Et donc, en fait, l'agroécologie, ça doit devenir vraiment quelque chose qui donne
35:12de l'espoir, qui donne le sourire et qui, du coup, génère du bien-être. Merci beaucoup. Alors Massamy,
35:18on a envie de comprendre parce que vous nous dites, moi, je fais des fleurs coupées. Ça n'a
35:23rien à voir avec l'autre culture de fleurs pour notamment créer des parfums. Mais vous êtes,
35:31il me semble, ambassadrice pour Kenzo Parfums. Alors, on peut se demander comment ça se fait,
35:38comment c'est passé cette rencontre ? Expliquez-nous. Alors, Kenzo Parfums, c'est une marque, je pense
35:44que vous connaissez, qui est japonaise mais parisienne aussi, comme moi. Moi, je suis moitié
35:50japonaise et très parisienne. Leur parfum iconique s'appelle Flower, et donc c'est des fleurs. Et donc
35:57moi, je cultive des fleurs dans Paris et je suis moitié japonaise. Donc là, il y avait juste vraiment
36:00une sorte de proximité d'origine. Au début, moi, j'étais juste fournisseur de fleurs pour certains
36:08événements de la marque. Et puis un jour, on m'a appelée en me disant, on a un nouveau projet
36:11pour toi. Et j'ai dit, bah cool, envoyez-moi un mail. Et en fait, c'était non, non, il faudrait
36:15que tu viennes au bureau, c'est un peu plus compliqué que ça. Et le projet, c'était de
36:19devenir ambassadrice pour la marque. Ambassadrice, ça veut notamment être la dame qui est sur les
36:25photos dans le métro et faire la pub, etc. Donc j'étais, oh là là, mais pourquoi on fait ça ?
36:29Et je me suis dit, mais c'est pas mon métier. Moi, je suis agricultrice, je suis à la ferme,
36:35ça n'a rien à voir avec ma vie. Et ce qui m'a convaincue, c'est que certes, on allait créer
36:41cette image ensemble, mais en plus, la marque s'engageait sur plusieurs années à soutenir
36:47mon projet agricole. Et ça, comme on l'a dit plusieurs fois, effectivement, en fait,
36:53pratiquer l'agriculture de façon très vertueuse, c'est pas super simple aujourd'hui. Il y a des
36:58coûts assez intenses qui sont très difficiles à absorber soi-même. Moi, pendant huit ans,
37:04j'étais solo. Mais d'avoir une grosse marque comme ça, qui est mon partenaire, c'est tellement
37:11rassurant. Et en fait, ça m'a donné des ailes. Très concrètement, ça me finance aussi certaines
37:16choses. Par exemple, le verger que je vais planter dans un mois dans ma nouvelle ferme,
37:23dans les Yvelines, il est notamment financé par la marque et Reforest Action. Donc c'est des choses
37:30comme ça que moi, j'aurais jamais pu faire. J'aurais jamais pu, en première année d'installation dans
37:35cette nouvelle ferme, financer un tel projet de plantation. Et ce genre d'empuissantement qui sont
37:41permis par les marques, par les entreprises, c'est, je pense, une des grosses clés d'un truc très
37:51important. C'est effectivement, notre population agricole est très, très vieillissante en France.
37:56On a un énorme problème. Dans les dix prochaines années, il y aura 50% des fermes qui vont fermer
38:05parce que les gens seront trop vieux. Et du coup, il faut remplacer ces gens. Mais ce métier n'est
38:09pas du tout attractif. Et il sera attractif s'il est reconnu et respecté, beaucoup plus qu'il ne
38:18l'est aujourd'hui. Et je trouve qu'une grande marque de luxe qui se dit, OK, notre image,
38:24maintenant, ce ne sera pas une actrice connue ou une influenceuse connue ou une nana ultra canon,
38:29ce sera une agricultrice qui a vraiment des fermes et qui fait vraiment ça toute la journée. Ça
38:36transmet un message qui est certes une image, mais qui est quand même un message qui est très
38:39concret pour moi, qui est que l'agriculture, la vie agricole, c'est une vie bonne, c'est une vie
38:45qui a du sens et que ça a autant de sens que d'être influenceuse. Ça a autant de sens que d'être riche
38:51et actrice et faire des trucs de fou à Hollywood. Et je pense que redorer un peu, redonner de
38:57l'attractivité à ce métier, c'est ultra important. Il n'y a pas que ça. Après ça, il faut de la
39:03formation. Après ça, il faut aussi des moyens. Mais c'est déjà redonner, réenchanter un peu
39:08ce métier. Et pour moi, c'est clé. Pourquoi c'est clé ? Parce que ce métier, comme on l'a dit à
39:14nouveau, c'est un levier énorme pour la transition. Mais pas si on n'a que des méga fermes de
39:21milliers d'hectares avec que l'agroalimentaire qui est derrière. Il faut des petites fermes quand
39:26même. Il faut de l'agriculture de proximité. C'est ça qui est en train de disparaître en France et
39:31c'est ça qui est dramatique. Parce qu'on est co-responsable des paysages français tels qu'on
39:36les aime. Si vous faites des trajets en France et que vous voyez des jolis bocages, des jolies
39:41forêts sur votre trajet, au lieu de juste voir des énormes champs tout plats avec des énormes
39:45flaques d'eau parce qu'il y a une semelle, c'est ça qui va disparaître si on n'a pas de petites
39:50fermes. Donc il faut absolument que ça survive et je pense que le rôle de plein d'entreprises,
39:56ça peut être de soutenir ce type d'agriculture. Merci beaucoup Jean-Charles. Alors quelles actions,
40:03autres actions, l'Occitane en Provence ? On dit l'Occitane en Provence, je crois, la marque,
40:08ou l'Occitane. L'Occitane en Provence. Parce que tout à l'heure, je vous ai dit ça, vous m'avez
40:12dit on ne fait pas ça qu'en Provence. Je me suis dit si il n'y en a pas. Oui, la marque c'est
40:16l'Occitane en Provence. On est d'accord. Mène-t-elle en agriculture régénératrice et
40:24notamment avec ses fournisseurs ? Alors effectivement, tout à l'heure, je ne disais pas qu'en Provence,
40:30parce que des super matières premières agricoles, il y en a dans le monde entier et une des plus
40:36belles pour moi, c'est le karité. Et pourquoi le karité ? C'est que c'est une plante de cueillette
40:41et donc il n'y a pas besoin d'aller couper l'arbre pour la réculper. Les fruits tombent par terre,
40:46on les récupère. Ça donne une des matières premières, pour moi, les plus nobles et les
40:50plus utiles en cosmétique. Et c'est surtout que ça peut avoir un impact bien plus large. C'est là
40:55où on revient sur si on veut générer du bien-être, comment on travaille ça. Et donc au Burkina,
41:01chez nous, c'est 1200 hectares qui sont mobilisés chaque année, qui sont travaillés par des femmes
41:09pour pouvoir, à la fin, avoir ce karité. Et en fait, on parlait d'agroécologie sur les systèmes
41:18agricoles. Donc comment on va redonner de la vie dans le sol ? Comment on va faire que ces sols-là
41:24stockent du carbone ? Que la diversité des plantes qui sont présentes sur la ferme ramènent de la
41:30vie ? Qu'on ait moins de problèmes d'eau ? Qu'on résiste plus à la sécheresse chez Gabin ? Quand
41:38même, cet été, il y a plus de 10 degrés de différence entre un sol nu et un sol couvert.
41:44Imaginez, vous travaillez à 25 degrés ou à 35 degrés, voire 45 degrés. Vous n'avez pas la même
41:50productivité. On est des êtres vivants aussi. Donc ça, sur la partie agricole, c'est extrêmement.
41:57Sur la partie de cueillette de milieux naturels, sur ces zones de forêts naturelles où il y a
42:03du carité, non seulement c'est le gain-peint des femmes, mais c'est aussi le dernier rempart
42:08contre la désertification dans ces pays-là. C'est-à-dire que si la forêt recule et disparaît,
42:12il y a beaucoup moins de vie. C'est beaucoup plus compliqué. Les populations ont beaucoup
42:16moins de ressources. Et donc là, non seulement on travaille sur un carité qui est bio, en commerce
42:23équitable aussi, pour permettre à ces femmes de vivre correctement et décemment de leur travail,
42:28mais on veut aller plus loin et vraiment travailler avec elles sur comment, au niveau
42:32de l'écosystème de la forêt, on va pouvoir travailler à sa régénération, à sa résilience
42:38par rapport au changement climatique. Et donc ça, on le fait pour le carité. On le fait pour les
42:42plantes en Provence et on veut le faire partout. On est en train de développer cette dynamique
42:48d'agriculture régénératrice, pas seulement sur nos actifs, qui font comme chez Yves Rocher,
42:5210-12% de notre volume. On veut le faire sur 100%. Et donc on est aux Philippines sur 750
42:58hectares de cocotiers et on travaille sur l'agriculture régénératrice. On est sur le
43:03carité au Burkina, au Ghana. Et en fait, on veut vraiment prendre notre part. Et au même titre
43:08qu'on veut prendre notre part avec les agriculteurs en Provence, de dire qu'on ne peut pas les laisser
43:12seuls face à ce challenge de comment on va respecter la vie, le vivant, la biodiversité. Il faut qu'on
43:20puisse le faire sur l'ensemble de nos matières premières. Donc j'en parlerai après. C'est-à-dire
43:24qu'il faut pouvoir savoir d'où ça vient et la traçabilité. Mais en tout cas, cet appui de
43:30l'agriculture régénératrice, du bio, de tout système agricole qui va respecter le vivant,
43:35en fait, doit être systématique et doit devenir systématique dans notre profession.
43:38Vous avez bien compris que l'agriculture régénératrice, ce n'était pas uniquement
43:44limiter ses impacts négatifs, mais c'est vraiment aller au-delà. Effectivement,
43:48vous le dites, ce n'est pas une petite partie des ingrédients qu'on met dans les produits
43:53cosmétiques, c'est l'ensemble des produits et savoir essayer de faire mieux, de planter,
43:57de replanter, de rendre un peu finalement à la nature ce qu'elle nous a généreusement donné.
44:03Et donc, ça prend effectivement du temps, mais c'est sur toute la chaîne de valeurs,
44:08sur tout l'ensemble des ingrédients qui sont pris en compte en amont de la production auprès des
44:14populations qui les cultivent, notamment que ce soit en Provence ou ailleurs. Merci beaucoup.
44:20Massamy, vous partagez la vision positive de Kenzo Parfums pour un monde plus beau. Pour vous,
44:30l'écologie, elle doit être irrésistiblement joyeuse. Qu'est-ce que ça veut dire ?
44:36Ça veut dire que moi, je suis très fière de mon métier et très heureuse de le faire. Et je
44:44pense comme un peu tout le monde ici, des espèces de crises, des co-anxiétés, à des moments où je
44:49commence à continuer à me renseigner sur ce qui se passe, et la dégringolade, l'effondrement du
44:55vivant. Mais je trouve que ce qui me donne le plus d'énergie et ce qui me donne le plus de joie,
45:02en fait, c'est de travailler dans ma ferme, dans mon champ, tranquillos, et d'être vraiment tous les
45:08jours au contact de ce vivant qui ne va pas très bien en ce moment. Et d'avoir les pratiques les
45:13plus douces possibles, de travailler dans le plus grand respect de ce qui m'entoure, c'est ça qui
45:19me rend fonctionnelle, en fait. Et je ne regrette pas une seconde d'être sortie des bureaux et
45:26d'avoir changé de vie. D'ailleurs, si jamais vous avez des questions, allez-y. Il y a vraiment...
45:32Seule l'action libère de la peur, c'est ce que je me dis tout le temps. Et pourtant, c'est pas
45:36facile. Vous le dites, vous le répétez, ma Samy. Vous êtes heureuse, mais tout est difficile.
45:42Je suis heureuse et épuisée, j'en peux plus. J'ai mal au bras, je me suis fait une sorte de
45:46tennis elbow à la ferme, mais je ne vois pas quel autre métier pourrait me donner autant de sens.
45:55Quand je faisais du design ou quand je faisais d'autres jobs avant, je me demandais... Enfin,
46:00la question du comment je vais vivre était plutôt facilement résolue. J'avais mon salaire ou mes
46:06paies, ça allait. La question du pourquoi n'a pas du tout répondu à cette question quand j'étais
46:14designer. En revanche, aujourd'hui, quand je me réveille, pourquoi je fais mon métier,
46:20pourquoi je vis ? Franchement, c'est assez clair pour moi. C'est pour être à la ferme avec mes
46:24fleurs, avec les animaux, et voilà. En revanche, la question du comment, elle est très, très ouverte
46:29en ce moment. Pour moi, c'est toujours un combat assez permanent de... Est-ce que je vais arriver
46:33à sortir assez de revenus de la ferme cette année ? Est-ce que ça, ça va marcher ? Est-ce que les
46:37semis que j'ai faits, ils vont lever ? Est-ce que les plantations que j'ai faites, ça va survivre
46:40au gel de la semaine dernière, etc. Donc le comment reste complexe, mais justement,
46:45les entreprises ont un énorme rôle là-dedans. On peut vraiment nous aider sur le comment. On peut
46:50vraiment nous aider à supporter ce poids que nous ne devrions pas être les seuls à supporter dans
46:55la société. Et tout ça, c'est pas pour être un agriculteur misérabiliste, c'est juste qu'on fait
47:02partie des métiers qui sont vraiment en front, et que tous les métiers du front devraient vraiment
47:09avoir du soutien. Et d'être joyeux. Et d'être joyeux, parce que, encore une fois, vraiment,
47:15l'action, c'est ce qui fait oublier ce qui fait peur. Moi, j'adore ce quotidien tout le temps
47:23dehors, tout le temps avec les plantes. C'est la meilleure thérapie de l'univers, je crois.
47:30Jean-Charles, vous aussi, c'est la meilleure thérapie d'être dehors. Vous travaillez dehors, vous aussi ?
47:37Non, mais moi, je trouve ça génial qu'on passe trois heures à raconter des nouvelles
47:43histoires, des nouveaux récits, et de dire qu'en fait, l'agrologie, oui, c'est compliqué. Mais en fait,
47:48quand on parle avec les agriculteurs, ils ne veulent pas revenir en arnière. Et quand on les voit,
47:52ils sont dans l'action, ils trouvent des solutions. Je trouve ça génial d'être ici chez Marie-Claire,
47:57qui est un organe de presse, de pouvoir raconter ça. Parce qu'en fait, si ça, c'est pas désirable,
48:04si ça, ça ne nous fait pas envie, si souvent, je dis ça en rigolant, mais si le ver de terre et
48:08l'abeille ne sont pas les Beyoncé et les Jay-Z de nos petits-enfants et de nos enfants, en fait,
48:14il n'y aura plus grand-chose qui sera très intéressant. Encore une fois, sans le vivant,
48:17on peut faire tout ce qu'on veut. Il n'y aura pas de vie. On est dans le vivant. On fait partie
48:23de la biodiversité. On est tous face à des challenges quotidiens, etc. Mais chaque action
48:27qu'on prend à notre niveau, dans les entreprises, dans les ONG, dans les fermes, doit nous rapprocher
48:33d'un nouveau récit qui est, oui, on peut vivre avec le vivant sans forcément le détruire.
48:37Et vous voulez nous parler en particulier, je crois, de la façon dont vous mesurez l'impact
48:42de l'oxyctane en Provence. Oui, donc on revient tout de suite à quelque chose de beaucoup plus
48:47sérieux. Juste parce qu'il nous reste 25 secondes. Non, parce que si on veut raconter des histoires,
48:52il faut être consistant. Et comme le disait la personne d'Yves Rocher tout à l'heure, c'est,
48:58en fait, il faut qu'on puisse mesurer, savoir d'où viennent nos impacts quand on sait que
49:03l'agriculteur, il y a des enjeux. On raconte des superbes histoires sur le carité, sur l'immortel,
49:08sur la lavande qui sont vrais. Et Gabin en est là pour le témoigner. On doit aussi savoir
49:13exactement d'où viennent les plantes, dans quel pays, quels sont les risques, les impacts associés
49:20et travailler jour après jour. Et c'est pour ça que la mesure, ce n'est pas le truc le plus marrant.
49:24Mais par contre, c'est ce qui va nous rendre efficace. Et donc, nous, aujourd'hui, on est
49:29capable de dire qu'on a 6000 hectares d'impact dans le monde, dans différents pays, en France,
49:35au Maroc, au Burkina Faso. Et donc, ce qui nous permet aujourd'hui de nous attacher jour après
49:39jour. Et le sujet de la carte bancaire est très important. Et nous, on a la chance d'avoir des
49:43gens à l'Occitane qui la sortent très souvent et qui font des boutiquiers. Je parle des gens qui
49:51ont l'Occitane, pas nos consommateurs. Mais ça, en fait, oui, pourquoi je dis ça? C'est que ça a
49:57un coût, ça a un prix. Et en fait, il faut pouvoir le mettre et ne considérer que le coût de la
50:03pollution, le coût du vivant, etc. On regarde ça de loin et c'est de la philanthropie. Non, c'est au
50:08cœur de nos systèmes, c'est au cœur de nos entreprises. Et donc, ça doit permettre de sortir
50:14des millions et des millions et des millions d'euros pour investir dans le vivant, dans la
50:18biodiversité. Et donc, mesurer nos impacts, c'est être responsable et d'aller travailler en France,
50:23bien sûr, au Burkina Faso, en Indonésie, aux Philippines. Et c'est ce qu'on s'attache à faire,
50:27en tout cas. Et j'espère qu'on va y arriver parce que les chances allaient dans pas très, très
50:31longtemps. En tout cas, vous le faites et vous agissez. Bravo à tous les deux. Merci pour vos témoignages.

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