Bienvenue dans le cinquième et dernier épisode du podcast intitulé "Mon Père, ce macro" en collaboration avec Cyriel Mercier. Le podcast "Mon père ce macro" est né suite à une interview que nous avons faite avec Cyriel.
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Dans cet episode, Cyriel vous parle de la fin de cette histoire, de ce chapitre si particulier de sa vie, avec la fermeture des établissements de mon père et les conséquences qui ont suivi. À travers ses derniers jours, sa disparition, et le poids de l'héritage qu'il lui a laissé, elle a dû trouver un chemin pour transformer cette expérience en force. Elle nous partage comment elle a appris à assumer pleinement cette partie de son histoire, à dépasser la honte, et à enfin s’approprier qui elle est, en laissant derrière elle les préjugés et les regards des autres.
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Dans cet episode, Cyriel vous parle de la fin de cette histoire, de ce chapitre si particulier de sa vie, avec la fermeture des établissements de mon père et les conséquences qui ont suivi. À travers ses derniers jours, sa disparition, et le poids de l'héritage qu'il lui a laissé, elle a dû trouver un chemin pour transformer cette expérience en force. Elle nous partage comment elle a appris à assumer pleinement cette partie de son histoire, à dépasser la honte, et à enfin s’approprier qui elle est, en laissant derrière elle les préjugés et les regards des autres.
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00:00Nouvel épisode pour parler de la fin de l'énigme. Qu'est-ce qui s'est passé après la fin de ces établissements ?
00:07La fin de l'énigme, disons qu'elle a pris fin parce que même si mon père était déjà dans une démarche de vouloir tout faire du mieux qu'il pouvait,
00:18c'est pas pour autant que les gens qui vous entourent sont des gens bienveillants.
00:24Donc là il se retrouve face à plusieurs démons, il est dans un excès qui sont tous les excès de la nuit qu'on peut connaître
00:41et ça le mène clairement à sa perte et de fait il doit partir pour calmer un peu le jeu en cavale.
00:55Pour l'instant là j'ai 19 ans, je suis au conservatoire et là je commence un peu à comprendre que les affaires c'est loin d'être cuicui les petits oiseaux.
01:11Même si lui veut que ce soit dans les règles de l'art etc, je comprends qu'il y a quand même parfois une menace qui peut potentiellement planer.
01:25Et un jour, je suis dans mon cote à Bruxelles, un cote à Bruxelles c'est une colocation quoi,
01:32et mon téléphone sonne et c'est le jardinier on va dire de mon père qui m'appelle en me disant
01:44on doit te voir, on a quelque chose pour toi.
01:49Et là moi je me méfie quand même, je me dis tiens c'est bizarre et je pose un peu des questions,
01:56il me dit non non on ne peut pas te parler, à quelle heure tu arrives ?
01:59Parce qu'en fait j'étais à Bruxelles la semaine et je rentrais à Tournai le week-end,
02:07une petite ville belge entre la France et la Flandre.
02:11Et là j'appelle ma mère et j'écoute, je ne sais pas trop ce qu'il se passe,
02:16mais j'arrive à telle heure, à 18h36 ou 19h36, c'était en hiver, à la gare,
02:25viens me chercher, tu vas voir je sortirai de la voiture, j'irai de la gare, je rentrerai dans une voiture,
02:32on doit me donner quelque chose de la part de papa apparemment.
02:37Mais veille au grain.
02:39Ma mère ne prend pas ça spécialement, elle le prend au sérieux mais sans drama quoi.
02:46Et là je rentre dans la voiture et on me donne une boîte avec un téléphone et une puce
02:52et là on me dit bah voilà ton père est parti en cabane, il ne sait pas plus,
02:56il nous a demandé de te donner ce téléphone, t'es sur écoute,
03:02donc ça veut dire que toutes les personnes qui t'ont appelé sont potentiellement sur écoute
03:06et donc ne dit rien au téléphone et ce téléphone tu n'appelles que ton père.
03:13Et donc tout de suite quand j'ai mis la puce, j'ai appelé mon père,
03:17il est parti quelque temps là-bas, ça n'a pas duré très longtemps,
03:20mais ça lui a permis de se poser et de se dire bah je vais peut-être revoir mes affaires
03:31et c'est comme ça que s'en est d'abord un premier, mais c'est comme ça que l'énigme a fermé.
03:38Donc tout ce qui était bar à champagne de nuit, fermé.
03:43Et là on arrive sur des bars de jour qui vraient à 10h et fermés à 2h du matin,
03:52où l'alcool est plus que limité, où le client a sa coupe gratuite
03:59et s'il veut en donner une il peut,
04:02où c'était beaucoup plus, disons que l'énigme ça ouvrait le soir,
04:08donc ça fermait très très tôt le matin.
04:10Et il revient de ces 7 jours là, la première décision qu'il prend c'est la fermeture de l'énigme.
04:15Oui.
04:16Pour information il avait combien de...
04:18Il en a ouvert un premier, un deuxième et jusqu'à la fin de sa vie il en a eu trois.
04:22En fait il voyait plus ça comme des maisons, des instituts de massage...
04:29Voilà.
04:30Donc pour toi cette cavale là où tu es confronté pour on va dire la première fois à un semblant de criminalité,
04:37où tu es sur écoute, où tu dois gruger et ruser pour appeler ton père,
04:43c'est un peu trop pour toi.
04:45Complètement, parce que là je me dis wow ça va trop loin, je sais pas trop comment faire,
04:55je me dis là il faut que je trouve une solution et j'ai demandé à partir en fait.
05:03Et là au début mon père a refusé parce que malheureusement ma maman avait eu des problèmes de santé,
05:11donc ça a retardé d'un an.
05:15Et qui voulait que je sois proche d'elle.
05:18Et puis après je suis partie à Paris et c'est là qu'une nouvelle vie s'est offerte à moi
05:22parce que je me suis autorisé des choses que je ne m'étais jamais autorisé.
05:27Exemple mettre des rouges à lèvres rouges, mettre des hauts talons.
05:31En fait l'excentricité que j'avais quand même, entre guillemets une excentricité,
05:35mais le look que je m'étais créé,
05:39il y a des choses que je m'interdisais tout en gardant mon look,
05:42mais là j'ai osé beaucoup plus de choses.
05:51C'est à dire que même en étant à Bruxelles, il y avait beaucoup de gens de ma ville qui étudiaient à Bruxelles,
05:56donc du coup quoi qu'il arrive, même si je montais, ça allait me rattraper
06:01parce que si ces gens là se rencontraient, j'allais être prise au piège.
06:04Donc là à Paris, personne ne me connaissait et puis là je me suis dit allez, là c'est une nouvelle vie quoi.
06:10Pour bien comprendre, les crises d'épilepsie, elles sont intervenues à l'énigme ?
06:14Il y avait l'énigme et puis ça a continué puisque l'épilepsie, je l'ai encore maintenant.
06:25Les fois où j'ai vraiment fait les crises dans CEBA, c'était dans un des instituts.
06:32Donc l'énigme a été fermée.
06:35Mais ça a continué parce que les crises en fait, c'était un peu vicieux
06:41dans le sens où c'était devenu un moyen de communication pour montrer mon mécontentement.
06:46Donc tu l'extériorisais par la crise, donc ton corps te faisait comprendre
06:52que l'environnement auquel tu faisais face ne te convenait plus.
06:57Et puis quelque part, c'est bizarre de dire ça, mais j'étais comme addicte à ça.
07:03Dès qu'il y avait quelque chose qui ne me plaisait pas,
07:06je disais de toute façon, c'est pas grave, je vais faire une crise.
07:08Sauf que vous êtes très vite pris à votre propre piège
07:12parce qu'au final, c'est vous qui souffrez vu que c'est votre corps.
07:16Une crise, c'est très fatigant, vous avez des douleurs, vous avez des courbatures.
07:21La chute peut être... elle n'a pas été fatale, mais j'ai eu...
07:27Ça peut être n'importe où.
07:28Ça peut être n'importe où, ça peut être fatal d'ailleurs, mais heureusement non.
07:33Et donc ouais, je me suis ouverte.
07:36J'ai dû aller beaucoup de fois chez le docteur me faire beaucoup de trucs.
07:40En étant à Paris, tout change, tu oses plus de choses.
07:43Et comment ça se libère concrètement au quotidien, outre les aspects esthétiques ?
07:50Ça se libère dans le sens où je sais que mon mensonge n'y risque pas de se faire savoir.
07:58La distance fait que...
08:01Et puis du coup, je disais que mon père était cascadeur, homme d'affaires,
08:09tenancier de bar à champagne.
08:12Je disais qu'il avait des bars à champagne et du coup, les Français ne comprenaient pas.
08:15Ils disaient « Ah d'accord, donc en fait, c'est un bar avec plusieurs sortes de champagnes différentes ? »
08:18Ouais, c'est un peu ça, ouais.
08:21Et du coup, ça m'amusait au début.
08:24Ça m'amusait, mais ça ne m'a pas amusée longtemps.
08:28Parce que quand ça ne va pas,
08:32quand vous avez un petit coup de blouse, etc.,
08:36quelque part, vous avez menti à tout le monde.
08:39Donc si vous avez un coup de blouse, on va vous demander pourquoi.
08:42Et si vous dites la vraie raison que personne ne sait,
08:46ça peut être complexe.
08:49Et au final, je m'étais fait des amis, il y a encore aujourd'hui,
08:54et du coup, on peut venir chez ton père.
08:57Non, chez mon père, on ne peut pas venir.
09:00Et du coup, il y a une espèce de confiance qui est compliquée.
09:06Parce qu'il peut y avoir, à un moment donné, des sujets de conversation
09:12et aussi, ça vous rattrape, comme je l'avais eu au conservatoire,
09:16où parfois, on entend parler de prostitution, de clichés, de trucs.
09:21Et vous, vous avez envie de dire « Ah ouais, mais attends, ça ne se passe pas comme ça. »
09:26Mais en fait, non, parce que vous n'avez pas dit.
09:28Donc ça vous rattrape toujours.
09:30Et ça, c'est relativement emmerdant.
09:35Et d'ailleurs, un jour, j'avais eu un date,
09:39et là, le mec, un peu le malin,
09:42il me dit « Moi, mon rêve, c'est d'avoir des bordels. »
09:46Je dis « Ah ouais ? »
09:48C'est drôle.
09:49Je dis « Ah ouais ? C'est intéressant. Mais tu sais comment ça marche ? »
09:54« Ouais, c'est facile. On recrute des meufs. Et puis, voilà, quoi. »
10:01« Ah ouais. Je sais, c'est intéressant. Mais tu penses vraiment que ça fonctionne comme ça ?
10:05Tu penses vraiment qu'il y a juste à faire ça ?
10:08Qu'il n'y a rien d'autre ? »
10:09« Bah non, non. Tu sais quoi ? »
10:12« T'as la fille d'un proxénète en face de toi. »
10:15Et là, le mec qui faisait un peu le « Voilà. »
10:23Je ne sais pas s'il a fini son plat.
10:26Et du coup, il ne savait plus quoi dire.
10:31Au lieu de me poser des questions, etc.,
10:35« Bah non, parce que je l'avais pris, entre guillemets, en flag. »
10:40Clairement, il y a souvent des clichés de « Ouais, alors, je peux les essayer. »
10:46Non, en fait, ça ne se passe pas comme ça.
10:50Non.
10:51C'est une drôle de façon de faire un date.
10:53Ils vont les tenir des bordels.
10:55Ouais, ouais, ouais. Bah oui, pourtant, il ne savait pas du tout.
10:59C'est une drôle de façon. Je suis bien d'accord avec toi.
11:02On ne s'est pas revus.
11:04Je ne m'étonne pas.
11:05Tu arrives à Paris. Tu trouves un nouvel cercle d'amis.
11:10Tu te dis que tu peux trouver une épaule à qui te confier et être toi-même malgré ces mensonges qui s'accumulent.
11:18Quand je suis rentrée, je suis allée dans une école.
11:21Et là, j'ai rencontré quelqu'un.
11:23Au début, on est amis.
11:26Et puis, au fur et à mesure, je trouve quelqu'un relativement à l'écoute.
11:35Et on se confie, en fait.
11:38Il me confie sur sa vie.
11:39Moi, je me confie sur la mienne.
11:41Et arrive le moment où je dis ce que mon père sait vraiment.
11:45Et là, il me dit, ouais, alors, c'est quoi le problème ?
11:48Alors, je dis, ouais, c'est vrai. C'est pas le problème.
11:51Et ses parents étaient assez intelligents.
11:55Et ils le sont toujours.
11:57Et son père était un très grand avocat.
12:02Et je sais pas, j'ai repensé à mon prof de théâtre qui me disait, les gens intelligents sauront que...
12:13Et là, je me suis dit, ah ouais, c'est vrai.
12:15Et en fait, ils se sont même rencontrés avec mon père et tout ça.
12:20Et le courant est super bien passé.
12:24Mon ex de l'époque adorait mon père.
12:27Quand il est décédé, ça a été un des premiers à venir à l'empèrement et tout ça.
12:37Le personnage plaisait.
12:40C'était un personnage qui plaisait, qui pouvait être détesté comme adoré, en fait.
12:47Et pour la petite anecdote, il n'y a pas de fin de temps, je parlais avec ma mère, on était en train de dîner.
12:55Et elle a recroisé quelqu'un qui avait connu mes parents quand ils étaient encore ensemble.
13:02Je venais de naître, où j'avais un manche, un truc comme ça.
13:05Et ce monsieur a été coiffeur.
13:09Et du coup, mon père aimait bien ce mec.
13:13Et c'est vrai que quand mon père aimait bien quelqu'un, il était très généreux.
13:19Et ils s'appréciaient tous les deux.
13:21Et ce monsieur voulait à tout prix une voiture Camriolet.
13:28Et mon père s'était démené pour lui trouver la voiture Camriolet dans son budget.
13:36Il voulait lui faire plaisir.
13:38Et donc, il était enchanté de cette voiture et tout ça.
13:43Et il avait vu ma mère et il avait quand même vu le caractère de mon père.
13:48Il lui a dit, vous avez du courage, c'est un sacré phénomène quand même.
13:59Et du coup, ils se sont retrouvés avec ma mère et ils racontaient que quand il a appris sa mort,
14:08il a appris où est-ce qu'il était enterré, etc.
14:11Et en fait, il avait des membres de sa famille qui sont enterrés dans le même cimetière que mon père.
14:20Et chaque fois qu'il va voir les membres de sa famille, il passe devant la tombe de mon père et il pleure.
14:26Tu disais que ton père pouvait être adoré ou détesté.
14:31Mais tu disais aussi qu'il était capable de vendre du sable dans le désert.
14:38C'est ça l'expression.
14:39Est-ce que tu penses que son pouvoir de persuasion, là-dessus,
14:43a fait traîner aujourd'hui encore une forme de réputation qui le suit et qui le détache complètement de son métier ?
14:53Il y a toujours ce truc après le décès de quelqu'un, c'était quelqu'un de formidable.
14:58Et puis comme il est décédé très jeune dans un accident de voiture,
15:02toute sa mort est à son image.
15:07C'est une surprise quelque part parce qu'il était cascadeur, il avait frôlé la mort partout.
15:14Là, il quitte un de ses bars, il veut rentrer chez lui.
15:17Paf ! Il meurt dans une embardée, on ne sait pas comment, ni quoi, ni qu'est-ce.
15:24On le retrouve 20 heures plus tard, encastré dans cinq arbres,
15:28parce que sa voiture était vers anglais et que c'était en plein été
15:32et qu'il était encastré dans du feuillage, donc on ne le voyait pas.
15:37On l'a cherché, on ne comprend pas l'accident, on ne sait pas ce qui s'est passé.
15:45On n'a jamais trop compris, les traces de freinage sur la route restent très très floues.
15:50Mon grand-père qui était dans les voitures,
15:53tous ceux de notre famille qui étaient dans les voitures ont analysé ces traces de freinage
15:57et ne les ont jamais compris.
16:02Donc quelque part, on ne m'a pas dit je détestais ton père,
16:06je pense qu'il y en a beaucoup qui le détestaient.
16:09Et c'est vrai que c'est plus des gens qui venaient me voir en me disant
16:14je l'aimais beaucoup.
16:15Ou alors on sait qu'il avait un caractère, mais c'était un bon gars.
16:22En fait c'est souvent ça.
16:23Et la dernière fois, mon père parlait très souvent de la mort, bizarrement.
16:31C'est très marrant parce que quand il parlait de la mort,
16:34il disait que de toute façon il n'y aura personne à mon enterrement.
16:36Et résultat, il y a eu énormément de monde.
16:38Je n'ai pas pu voir tout le monde et tout ça.
16:42Mais il n'y avait aucune fille qui travaillait chez mon père qui est venue.
16:50Et j'ai appris récemment qu'elles n'ont pas osé venir.
16:55Et ça, ça m'a fait de la peine.
16:58Parce qu'elles étaient tout à fait légitimes de venir.
17:03Et elles ont fait un mini enterrement entre elles.
17:06Une mini cérémonie entre elles.
17:11Et j'ai trouvé ça hyper touchant.
17:13Il disait à quelqu'un qui était très proche de lui,
17:17le jour où il m'arrive quelque chose, tu prendras soin de ma fille.
17:21Et je pense qu'il l'a dit à plusieurs personnes.
17:23Il y en a plein qui ne l'ont pas fait, mais il y en a un qui l'a fait.
17:27Et récemment, pareil, il parlait avec ma mère.
17:30Il a commencé à parler de lui et il a commencé à pleurer.
17:35Il disait qu'il avait une relation très forte avec lui.
17:38Et même ma mère, quand il est mort au début,
17:41elle avait énormément de mal à pleurer.
17:44Et j'étais en colère.
17:46Et je lui demandais pourquoi elle ne pleurait pas.
17:48Et elle m'a dit parce que j'ai perdu mon meilleur ami.
17:50Il disait que plein d'hypothèses sont possibles.
17:54On parle d'un flou autour de sa mort, qu'on ne comprend pas.
17:59Est-ce que tu entends quelque chose ?
18:03Non, c'est un point d'interrogation.
18:05C'est-à-dire que tout peut arriver.
18:08Tout a pu arriver à ce moment-là.
18:10Est-ce que la voiture a eu un problème ?
18:17Est-ce qu'il y a eu une moto fantôme ?
18:20Est-ce qu'il y a eu une voiture fantôme ?
18:22Est-ce qu'il a eu un arrêt cardiaque ?
18:26Donc c'est un coup du lapin ?
18:28Oui.
18:31Le compteur roulait vite, ça c'est sûr.
18:35Pourquoi il a piqué une pointe ?
18:37Est-ce que c'était pour tester sa voiture ou pas ?
18:40Je ne sais pas.
18:42Je n'ai pas la réponse.
18:44Mais toutes les hypothèses sont ouvertes.
18:47Dans le sens où aucune autopsie a été réalisée.
18:54Parce qu'il est mort seul.
18:56Donc apparemment on ne fait pas d'autopsie quand quelqu'un meurt seul.
18:58Moi je voulais ouvrir une autopsie mais ça ne s'est pas fait.
19:02Donc voilà, trois petits points pour l'interrogation.
19:06Mais ça lui va très très bien.
19:08Comment tu l'as découvert cette mort ?
19:10Ce n'était pas drôle.
19:13Même si une mort n'est jamais agréable.
19:18Je l'ai appris sur Facebook.
19:20Et c'était traumatisant parce que nous étions quand même très proches.
19:24Vu qu'on s'appelait tous les jours.
19:26Et ce jour-là, la veille j'étais sortie.
19:30Et je sentais un truc.
19:32Le lendemain je vais travailler.
19:34J'essaye de l'appeler.
19:36Il ne répond pas.
19:38Je ne m'inquiète pas plus que ça.
19:40Et j'ai ma meilleure amie qui m'appelle.
19:42Vers les coups de 17h.
19:44On l'a retrouvé vers 14h.
19:46Et elle me dit.
19:48Qu'est-ce que tu fais ce soir ?
19:50S'il te plaît passe à la maison.
19:56Je fais oui.
19:59Pour un apéro.
20:01Bref.
20:03Je vais à cet apéro.
20:05Et là.
20:07Ma meilleure amie a des appels incessants.
20:09Au début c'était toutes les 20 minutes.
20:11Puis après c'était toutes les 15 minutes.
20:13Mais parce que l'heure tournait.
20:15A savoir que pendant la journée.
20:17J'avais vu un post Facebook.
20:19Me disant.
20:21Mourir la veille de ses 50 ans c'est très triste.
20:23Et donc je me rends compte.
20:25Que je suis hyper à la bourre.
20:27Prendre le métro ça va me prendre plus de temps.
20:29Donc je décide.
20:31De prendre un taxi.
20:33Et j'avais rien d'autre à faire.
20:35Que j'allais sur Facebook.
20:37Et là.
20:39Je retombe sur ce post.
20:41Et.
20:43En même temps.
20:45Je reçois un message de condoléances.
20:47Mais ce n'était pas le lien.
20:49Je pense vraiment.
20:51Mais par la suite des choses.
20:53Et du coup ça expliquait pas mal de choses.
20:56Que c'était mon grand-père et que du coup.
20:58Mon père n'avait pas pu m'appeler.
21:00Je ne sais pas.
21:02Une chose se mélange dans ma tête au final.
21:04Et je ré-ouvre ce post.
21:06Et là.
21:08Il y en a un qui dit mais qui est.
21:10Et là je vois le nom de mon père.
21:12Je n'y crois pas.
21:16Et là je dis au taxi.
21:18Appuyez sur le champignon.
21:20Il faut aller directement rue Bachelet.
21:22Je me souviens que ce monsieur.
21:24A été adorable.
21:26Il m'a proposé de m'acheter une bouteille d'eau.
21:28J'ai dit non.
21:30Il m'a offert le taxi.
21:32Il me dit mais qu'est-ce qu'il y a ?
21:34Mon père est mort.
21:36Foncez.
21:38Et j'ai voulu le payer.
21:40Il m'a dit non je vous l'offre.
21:42Bon courage à vous.
21:44Et là je sonne.
21:46Et là je pleurais déjà.
21:48Et j'y croyais toujours pas.
21:50En fait.
21:53C'était trop tard.
21:55Quand j'ai vu ma mère.
21:57J'ai tout de suite compris.
22:01C'était très très douloureux.
22:03Parce que c'était très très violent.
22:05D'apprendre ça sur les réseaux.
22:09Pourquoi on ne t'a pas appelé avant ?
22:11Parce qu'on voulait faire les choses bien.
22:13On avait peur que je fasse une crise.
22:15On avait peur de tout ça.
22:17Et pour finir.
22:19Ça en a été autrement.
22:21Et au final.
22:23Quand il est mort.
22:25J'étais immensément triste.
22:27Et je le suis encore.
22:29Mais je me suis dit.
22:31Maintenant je suis libre.
22:33Eh bien non.
22:35Eh bien non.
22:37Parce que cette histoire.
22:39C'est partie de votre vie.
22:41Et.
22:43Et on ne va pas refaire le passé.
22:45Donc.
22:47Je pensais être libéré.
22:50Libéré de quoi ?
22:52Des bordels.
22:54Parce que j'assumais toujours pas.
22:56J'assumais toujours pas qu'il fasse ça.
22:58Même si.
23:00Je savais qu'il avait pour projet d'arrêter.
23:02Parce que ça le fatiguait.
23:04Il avait fait un peu.
23:06Le tour de la question.
23:08Mais.
23:10Mais.
23:12Oui.
23:14J'étais persuadée.
23:16Qu'il y allait avoir une libération.
23:18Mon père est mort.
23:20Et il faisait ça.
23:22Sans être jugé.
23:24Et tout ça.
23:26Et en fait.
23:28Pas tant que ça.
23:30Parce que.
23:32J'ai eu plusieurs remarques.
23:34J'étais la fille d'eux.
23:36Donc on ne m'appréciait pas.
23:38Sous prétexte que ton père.
23:40Et c'est ça.
23:42On ne t'aime pas.
23:44Même après qu'il soit mort.
23:47Les macros c'est mieux dans la mer.
23:49Je trouve ça facile.
23:51Je trouve ça très facile.
23:53De faire le procès de quelqu'un.
23:55Déjà qui est mort.
23:57Et en plus de ça.
23:59De le dire.
24:01Face à un membre.
24:03De sa famille.
24:05Qui plus est.
24:07Nier pour rien.
24:09Comment tu l'as pris.
24:11Quand justement.
24:13Ce sont des attaques personnelles.
24:15Qu'est-ce qu'ils avaient à prouver et à jouer.
24:17En voulant te faire du mal à toi.
24:19Je ne sais pas trop.
24:21Honnêtement je ne sais pas trop.
24:23Je n'ai pas cherché.
24:25A savoir le pourquoi du comment.
24:27Après.
24:29Ces gens là.
24:31On trompait leur femme aussi parfois.
24:35Mon père me disait toujours.
24:37Alors.
24:39C'est quoi le pire.
24:41Celui qui va ou celui qui le fait.
24:44Moi je glisse.
24:46Maintenant honnêtement.
24:48Ca glisse sur moi.
24:50Evidemment.
24:52Ca ne me fait jamais plaisir.
24:54Je parlais avec une copine.
24:56Je lui dis.
24:58Mon père il a fait ça.
25:00Et là elle me dit.
25:02Il n'y a pas de honte.
25:04Ton père au moins il donnait du plaisir aux gens.
25:06Moi mon père.
25:08Il était trader.
25:10Et parfois il ruinait les gens.
25:12Et c'est vrai que.
25:14Lors d'un dîner.
25:16C'est plus agréable de dire.
25:18Nous invitons monsieur machin qui est trader.
25:20Que l'on invite.
25:22Celui qui fait jouir les hommes.
25:24Si tu avais pu imaginer.
25:26Une autre fin.
25:28Je ne parle pas de l'accident lui même.
25:30Mais tu dis que la fin de sa vie est triste.
25:32Tu aurais espéré quoi pour ton papa.
25:34Il avait d'autres projets.
25:36Il voulait faire des trucs.
25:38Il croyait beaucoup à internet.
25:41Il avait.
25:43Plus de projets à internet.
25:45Tout ça.
25:47Oui je pense que la cascade ça le fascinait.
25:49Je pense qu'il aurait.
25:51Honnêtement.
25:53Je n'ai pas vraiment de réponse.
25:55Parce qu'il a fait tellement de choses dans sa vie.
25:57Que quand il est décédé.
25:59On avait l'impression qu'il avait 80 ans.
26:01Donc.
26:03Et en fait.
26:05Evidemment j'étais triste.
26:07Je me suis dit.
26:09Mais ça c'est une question.
26:11Chacun vit le deuil comme il l'entend.
26:13Comme il le peut.
26:15Mais quand il est décédé.
26:17Je me suis dit.
26:19Ok.
26:21Je ne le verrai plus.
26:23On n'ira plus au resto ensemble.
26:25Mais on va communiquer d'une autre façon.
26:27C'est une autre façon.
26:29De voir les choses.
26:31Et du coup.
26:33Je lui demande.
26:35Je lui demande des signes.
26:38Un peu dans notre délire.
26:40Mais.
26:42Je me suis dit.
26:44Je vais lui parler d'une autre façon.
26:46On va communiquer d'une autre façon.
26:48Est-ce que tu ressens toujours sa présence.
26:50Malgré le vide qu'il peut laisser.
26:52Est-ce que tu peux te libérer.
26:54De l'amour que tu as.
26:56D'un père.
26:58Aussi facilement que ça.
27:00Non.
27:02Il est toujours très présent.
27:04Evidemment ça s'estompe.
27:06L'amour ne s'estompe pas.
27:08Mais.
27:10Ça fait quand même un petit moment.
27:12Maintenant qu'il est décédé.
27:14Mais.
27:16Parfois je dis.
27:18C'est marrant.
27:20Il y a un petit signe.
27:22Et puis parfois.
27:24J'en parle avec ma mère.
27:26Elle le connaissait très bien.
27:28Elle savait très bien l'imiter.
27:30Parfois quand ça ne va pas trop.
27:32Je me pose une question.
27:35Elle me répond.
27:37Ce qu'il aurait dit papa.
27:39Elle me répond.
27:41Ce qu'il aurait dit.
27:43Du coup.
27:45C'est comme une espèce de conversation.
27:47Que j'ai avec elle.
27:49Que j'ai une conversation avec lui.
27:51Après son décès.
27:53Tu te disais libérer des bordels.
27:55Et aujourd'hui.
27:57J'ai l'impression que.
27:59Tu fais tout pour au final.
28:01Sortir de ce mot de liberté.
28:03J'en avais marre.
28:05D'entendre des choses.
28:07Des clichés.
28:09Des préjugés.
28:11Donc.
28:13C'était le fait que mon père.
28:15A un moment donné dans sa vie.
28:17Pendant une dizaine d'années.
28:19A été un tel poids pour moi.
28:21Que je me suis dit.
28:23En fait.
28:25Je vais prendre le taureau par les cornes.
28:27Et je vais en parler.
28:29Je vais parler de quelque chose.
28:32Et aussi.
28:34J'ai tellement menti.
28:36Que maintenant.
28:38C'est gravé.
28:40Et je ne pourrai plus mentir.
28:42Au final.
28:44Tu te libères de la honte.
28:46Il n'y a plus de honte.
28:48J'assume.
28:50Qu'est-ce que tu disais au début.
28:52Ça t'a plaigné quand même.
28:54Oui.
28:56Ça m'a plaigné.
28:58Évidemment.
29:00J'ai essayé.
29:02D'en faire une force.
29:04Et j'ai essayé.
29:06D'en faire quelque chose.
29:08J'ai tout de suite voulu en parler.
29:10Dès qu'il est mort.
29:12J'ai voulu écrire un bouquin.
29:14Et je voulais déjà l'appeler mon père ce macro.
29:16En 2014.
29:18M-A-C-R-O
29:20Parce que je l'écrivais comme ça.
29:22Parce que c'est l'air texto.
29:26C'est l'air texto.
29:29Ce n'est pas A-U, c'est O.
29:31Et macro.
29:33C'est très long.
29:35Tu as envie de lui redonner la place qu'il avait.
29:37À savoir une personne normale.
29:39Qui n'était pas à l'image
29:41de ce que pouvaient penser les médisants.
29:43C'est un peu plus profond que ça.
29:47La chose aussi que je voulais.
29:49C'est quand vous avez un parent.
29:51Quel qu'il soit.
29:53Qui vous fait honte.
29:55De par son métier.
29:57De par ses actions.
30:01Les enfants en sont souvent.
30:03Les victimes collatérales.
30:05Et on porte ça.
30:07Et je veux juste.
30:09Je voulais juste aussi.
30:11Dire que.
30:13Bah oui évidemment.
30:15C'est dur.
30:17C'est tout ça.
30:19Mais on n'y peut rien quoi.
30:21Et je pense que quand on assume.
30:23Les choses vraiment.
30:26Les gens se permettent de critiquer.
30:28Ouvertement.
30:30Et de vous envoyer des pics.
30:32Quand ils savent que vous ne l'assumez pas.
30:34Quand ils savent que c'est votre time to achieve.
30:38Si ils savent.
30:40Que ça ne vous atteindra pas.
30:42Ils ne vont même pas essayer.
30:44Et depuis que je l'assume pleinement.
30:48Je n'ai plus jamais eu d'attaque.
30:50Plus jamais.