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Pilule, stérilet, implant… Depuis des décennies, ce sont les femmes qui gèrent, souvent seules, les moyens de contraception lorsque dans leur couple, il n’y a pas de désir d’enfant. Mais quand est-il des méthodes de contraception masculine¿? Une évolution est-elle en cours¿? Vasectomie ou encore slip chauffant, la contraception masculine est-elle vraiment en train de se développer ou reste-t-elle encore très marginale¿? Enfin, que se passe-t-il avec la pilule¿prise par les femmes ? Pourquoi est-elle en perte de vitesse¿? Rebecca Fitoussi et ses invités ouvrent le débat. Année de Production :

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Transcription
00:00La révolution du caleçon, signé Océane le Rouge, un film très instructif sur une contraception masculine en mouvement, on l'aura compris,
00:10mais jusqu'à quel point ça fait partie des questions qu'on va se poser avec nos invités.
00:14Bernard Jomier, bienvenue, vous êtes sénateur socialiste de Paris, vice-président de la commission des affaires sociales,
00:19membre de la mission d'évaluation et de contrôle de la sécurité sociale, président de la commission d'enquête sur la situation de l'hôpital et le système de santé en France,
00:26et médecin de formation, c'est très utile pour ce débat.
00:29Daniel Godry, bienvenue à vous également, vous êtes gynécologue, obstétricienne et militante du planning familial.
00:35Cécile Thomé, bienvenue, sociologue chargée de recherche au CNRS, spécialiste des questions liées à la santé, à la sexualité, au genre, aux techniques et aux numériques.
00:43Vous avez récemment publié « Des corps disponibles, comment la contraception façonne la sexualité hétérosexuelle » aux éditions de La Découverte.
00:51Stéphane Jourdain, bienvenue à vous également.
00:53Merci.
00:54Journaliste, rédacteur en chef numérique à France Inter, co-auteur avec Guillaume Dodin de « L'arnaque des Nouveaux Pères », enquête sur une révolution manquée aux éditions Glénat,
01:02et d'un autre roman graphique justement intitulé « Les Contraceptés », un mot qui va beaucoup nous intéresser aujourd'hui, aux éditions Steinkies.
01:09Merci à tous les quatre.
01:11Peut-être un mot d'abord du film et de la thèse qu'il défend, par un jeu de mots assez amusant,
01:16la réalisatrice lui donne comme titre « La révolution du caleçon », la révolution.
01:21Cécile Thaumé, sommes-nous vraiment face à une révolution en marche ?
01:24Une révolution, il va falloir attendre un petit peu pour le dire.
01:27Par contre, ce qu'on voit, c'est qu'il y a aujourd'hui des questions qui se posent concernant le partage du travail contraceptive et de la charge contraceptive de manière plus large.
01:35Donc ça, c'est vraiment quelque chose d'intéressant, parce qu'en fait, si on remonte un petit peu dans le temps,
01:39on voit que jusqu'aux années 60, c'était plutôt une charge, mais aussi une prérogative masculine,
01:45parce qu'on a beaucoup oublié que le retrait était la méthode la plus pratiquée,
01:49et qu'en fait, c'était quelque chose qui était principalement géré par les hommes,
01:53même si les femmes avaient des connaissances, par exemple, médicinales, des plantes, des choses comme ça.
01:59Et à partir de l'arrivée de la pilule et du stérilet...
02:03C'est devenu un sujet de femme.
02:04C'est devenu un sujet de femme, et on le voit très bien dans le documentaire, d'ailleurs, une affaire de femme.
02:08Et en fait, ce qu'on voit aujourd'hui, c'est qu'avec les remises en cause dont on pourra reparler de la pilule, notamment,
02:13et puis les remises en cause plus larges du travail, qui représentent la contraception,
02:17et qu'on a invisibilisé très longtemps, parce que c'est quand même pénible de prendre un médicament tous les jours quand on n'est pas malade,
02:22du coup, se pose ce partage de cette charge contraceptive, et ça va avec un questionnement des relations hommes-femmes.
02:28Donc il y a des choses qui se passent, et ça, c'est vraiment quelque chose de récent,
02:33et on peut espérer qu'on aille vers plus d'équité.
02:35Mais peut-être que le mot révolution est donc un peu trop fort, vous êtes d'accord, Danielle Gaudry ?
02:39Vous le voyez, vous, au quotidien, c'est pas vraiment une révolution, encore ?
02:43Alors, j'allais dire, le documentaire est très intéressant, parce qu'il pose un certain nombre, effectivement, comme vous l'avez dit, de questions.
02:53Et alors, par contre, en pratique, c'est vrai qu'on est dans un monde où le sexisme existe encore énormément,
03:02et on le voit, nous, aussi bien dans nos permanences d'accueil que dans les séances à l'école,
03:09quand on a des groupes garçons-filles, on voit bien les termes employés par certains garçons.
03:14Donc, j'allais dire, ce documentaire touche un certain milieu,
03:19mais peut-être qu'il y a encore beaucoup, beaucoup de travail à faire pour que ça diffuse dans la société.
03:27Nous ne sommes pas encore dans une société où l'égalité entre les hommes et les femmes est idéale,
03:33donc il y a encore beaucoup de travail à faire.
03:35Donc, révolution, je ne sais pas non plus.
03:38Oui, c'est difficile de répondre à cette question. Stéphane Jourdain, vous voyez quelque chose en marche, en tout cas ?
03:42C'est pas encore une révolution au sens sociétal, dans la mesure où on parle de 0,1% des hommes,
03:47ou 1% si on intègre la vasectomie, donc c'est une ultra-minorité.
03:51Après, c'est une révolution à l'échelle du couple hétérosexuel,
03:54quand les hommes et les femmes remettent à plat la charge contraceptive,
03:58et que les hommes en parlent, et qu'ils prennent leur fardeau.
04:01Donc, un certain milieu ? Pas tous les couples ?
04:04Pas forcément, parce que quand vous allez dans les ateliers de slips chauffants,
04:08où on fabrique ces slips, vous voyez des gens qui viennent de tous milieux,
04:12où l'idéologie n'est pas aussi présente qu'on peut l'imaginer.
04:15C'est pas forcément des gens très politisés, pas autant qu'on pouvait le penser,
04:19ou pas autant que dans les années 70 ou 80.
04:21Mais c'est une révolution aussi individuelle pour les hommes,
04:24c'est-à-dire que je pense que la révolution, elle est là,
04:26et c'est pour ça qu'on parle de la révolution du caleçon,
04:28c'est que pour les hommes qui s'investissent là-dedans, il y a un vrai changement,
04:31c'est-à-dire que c'est une porte d'entrée pour un changement qui est beaucoup plus profond,
04:35et pour être quelqu'un de plus, j'allais dire, de plus doux,
04:39avec une relation qui est peut-être plus honnête avec sa partenaire, etc.
04:43Plus apesée, plus sereine, Bernard Jomier, ça veut dire qu'il y a un vrai travail d'éducation,
04:47d'information, et j'allais dire donc politique à faire pour que cette révolution continue, se développe ?
04:52Quand on regarde ces couples, parce que ce sont des couples,
04:56ce sont des couples visiblement très soudés, on voit un discours qui est très politique,
05:02d'ailleurs qui est en avance même sur la technique,
05:04c'est-à-dire qu'ils sont là, on les voit, ils bricolent, ils fabriquent leurs jockstraps, etc.
05:09Oui, ils sont particuliers ces ateliers, ils sont originaux.
05:12Vous avez employé le terme militant, moi je vois des militants politiques
05:16qui disent qu'on veut penser autrement le partage de la contraception dans le couple.
05:22Et ça, ça survient, toute technique, toute utilisation technique,
05:26elle survient bien sur un contexte politique.
05:28Vous l'avez rappelé, la contraception, ça a été la maîtrise,
05:31pardon, la fertilité a été maîtrisée par les hommes pendant très longtemps,
05:35puis depuis la pilule est arrivée, les femmes ont pris en quelque sorte le contrôle,
05:41mais les hommes ont pris des bénéfices aussi, on en reparlera peut-être.
05:44Et là, s'ouvre quelque chose de nouveau, qui peut être la meilleure ou la pire des choses,
05:50c'est-à-dire les hommes qui reprennent le contrôle,
05:54si c'est en partage avec les femmes quand on le voit dans des couples constitués,
05:59très bien, et belles valeurs politiques,
06:02mais on vit une époque de montée du masculinisme, de remontée,
06:06et si on pense la contraception masculine et cet outil dans ce contexte politique-là,
06:11alors c'est une autre affaire.
06:14En tout cas, voir des hommes qui choisissent le tissu de leur slip chauffant,
06:18qui choisissent un léopard, moi j'en ai vu qui choisissaient de la dentelle,
06:21et qui discutent entre eux du type de tissu qu'ils vont mettre,
06:24c'est une révolution et c'est génial,
06:26et ça va terroriser certains mecs, et tant mieux si ça les terrorise.
06:30Oui, c'est le cas, je pense que ça va susciter des réactions fortes.
06:32C'est quand même extraordinaire de voir ça.
06:34Mais est-ce qu'il faudrait que ça se suive politiquement,
06:36et j'allais même dire aussi au niveau de la recherche,
06:38parce qu'à un moment donné, il y a ce passage dans le documentaire
06:40où il dit que les chercheurs, ce sont des hommes qui font pour les hommes,
06:42donc c'est encore le mâle blanc qui décide, en gros, si je comprends bien.
06:45Est-ce que c'est caricatural de dire ça ? Est-ce que c'est vrai ?
06:47Non, parce que ça a été assez vrai, enfin c'est assez vrai,
06:50c'est-à-dire que du point de vue des laboratoires pharmaceutiques,
06:52il n'y a pas du tout eu de volonté de développer une contraception masculine,
06:56ne serait-ce que parce que si on réfléchit à l'échelle de la France,
06:59la pilule, c'est encore une fois un médicament qu'il faut racheter tous les trois mois,
07:02donc c'est aussi une manne financière importante.
07:04Et ce qui est intéressant, quand on regarde les hommes
07:06qui vont vers ces méthodes de contraception thermique,
07:09notamment, qui sont les plus développées en France pour les hommes,
07:12enfin après la vasectomie, dont on pourra reparler,
07:15c'est que quand on regarde un peu, qu'on interroge les personnes dans ces ateliers-là,
07:19alors il y a quelques hommes qui viennent là par militantisme,
07:21qui peuvent être célibataires, qui sont vraiment intéressés,
07:23mais souvent, ce sont des couples, comme vous l'avez fait remarquer,
07:26qui sont dans des parcours d'impasse contraceptive,
07:28d'errance contraceptive d'abord, où les femmes ont tout essayé,
07:30et c'est le cas d'ailleurs dans le documentaire.
07:32En fait, les pilules, ça ne marche pas, le stérilet, ce n'était pas possible pour moi.
07:35Ce n'était pas confortable.
07:36Non, ce n'était pas confortable.
07:37Le préservatif, il y a un moment, peut-être qu'on peut en avoir marre.
07:40Il y a des couples à qui ça convient très bien, au Japon,
07:42c'est la méthode la plus utilisée, le préservatif.
07:44En France, ce n'est pas le cas, et culturellement, chez nous,
07:46c'est associé au début de relation.
07:48Qu'est-ce qui nous reste, en fait ?
07:50Et donc, à partir de là, il va y avoir des hommes qui vont chercher des solutions,
07:53certains qui se retrouvent dans ces ateliers,
07:55et ça, on voit aussi des hommes très mal à l'aise
07:57avec cette nouvelle image de la masculinité qui peut être charriée par ces ateliers.
08:01Et ce qu'on voit dans le documentaire aussi,
08:03c'est le développement de l'andro-switch,
08:05qui va aussi avec tout un discours sur le partage de la charge contraceptive,
08:09mais l'andro-switch, c'est un clic sur Internet,
08:11à l'époque où c'était vendu, c'est un clic sur Internet,
08:14et on reçoit un anneau chez soi, et finalement,
08:16c'est moins engageant en termes politiques,
08:18que peut l'être le fait de devoir aller plusieurs fois...
08:21Oui, donc c'est aussi plus discret, et ça peut moins effrayer les hommes.
08:25Un mot quand même de la vasectomie,
08:28on apprend dans le film qu'un pour cent des hommes y ont recours en France,
08:31qu'au Québec, c'est un tiers des hommes de moins de 50 ans,
08:34et je lisais qu'aux Etats-Unis, c'était le moyen de contraception d'un couple sur six,
08:38tous ces chiffres sont réels, et qu'est-ce qui fait que nous, on utilise si peu ?
08:41Alors, il y a quand même une évolution par rapport à la vasectomie.
08:44Je rappelle que la contraception définitive
08:47n'apparaît dans la loi que le 4 juillet 2001.
08:50Exactement.
08:51C'était considéré comme une mutilation dans la loi française.
08:54Et c'était interdit, sauf raison médicale.
08:56Ce sont les urologues qui s'en occupent,
08:58et pour eux, c'est une nouveauté.
09:01Ils découvrent qu'on peut effectivement faire des vasectomies,
09:05mais il fallait demander l'accord de la partenaire.
09:08Enfin, il y avait tout un ensemble de conditions qui étaient...
09:13Je vais rappeler les conditions...
09:15Et qui compliquaient la démarche, vous voulez dire ?
09:17Actuellement, c'est toujours compliqué.
09:19C'est toujours compliqué ?
09:20C'est toujours compliqué, parce que d'abord, il faut faire une première demande,
09:23donc ça peut être auprès du médecin généraliste.
09:26Ensuite, il faut attendre 4 mois.
09:28Ça fait aussi bien pour la contraception définitive féminine et masculine.
09:33Ensuite, prendre contact avec le chirurgien
09:37qui va procéder à la vasectomie.
09:40Et ça, c'est quand on en trouve un, le médecin ?
09:42Absolument.
09:43Parce qu'on a un protagoniste qui nous dit
09:44« J'en ai fait 3 ou 4, avant d'en trouver un qui a accès à me le faire. »
09:46Absolument, parce qu'un certain nombre de praticiens
09:49exigent des conditions qui ne sont pas inscrites dans la loi.
09:53Je précise, il n'y en a pas dans la loi.
09:55Mais ils ne veulent pas de célibataires, ils ne veulent pas de jeunes,
09:58ils ne veulent pas...
09:59Il faut avoir tant d'enfants.
10:00Enfin, je caricature un peu.
10:02Mais vraiment, c'est pas facile.
10:05Alors que cette intervention est très simple, je dirais.
10:09Elle se fait en ambulatoire, sous le cal.
10:12Elle n'entraîne pas de...
10:15Alors que pour la femme, c'est beaucoup plus compliqué,
10:18puisqu'il faut une anesthésie générale, une cellulose.
10:21Quand vous parlez de la ligature des trompes ?
10:23Oui, c'est ça.
10:24Maintenant, on pose des clips, on ne fait plus de petits nœuds.
10:27Et puis, la vasectomie, disons-le, ça touche aussi, chez les hommes,
10:30à quelque chose de psychologique, ça touche à leur virilité.
10:33Enfin, Stéphane Jourdain, c'est un vrai sujet quand même,
10:35la vasectomie, c'est radical pour eux.
10:36Oui, c'est sûr que dans les testicules des hommes,
10:39il y a évidemment, ça charrie tout un univers,
10:42et un sacré lot de fantasmes.
10:44D'ailleurs, je suis persuadé qu'il y a encore beaucoup d'hommes
10:46qui ne comprennent pas très bien en quoi ça consiste, la vasectomie.
10:48Et s'ils le savaient, la vasectomie, plus on en parle, plus il y en a.
10:51Il y en avait 2 000 en 2010.
10:54Aujourd'hui, il n'y en a qu'un fois plus.
10:56Et chaque année, quasiment, ça multiplie par deux.
10:58D'accord.
10:59Donc, il y a un vrai phénomène.
11:00Donc là, pour le coup, il y aura une révolution, peut-être ?
11:03Oui, sur la vasectomie, si ça continue,
11:06on est sur une tendance à l'anglo-saxonne,
11:08et les courbes sont parallèles.
11:11Donc, ça peut finir en situation à la québécoise,
11:14ou à la canadienne, ou à la nord-américaine.
11:17Dans le même temps, le recours à la pilule
11:19a été divisé par deux en 15 ans.
11:21Donc, on voit bien qu'il se passe quelque chose.
11:23Les courbes se croisent.
11:24Et en même temps, c'est radical.
11:25Bernard Jomier, la vasectomie, ça a été encadré par la loi,
11:27on l'a dit, jusqu'en 2001.
11:29Interdit, interdit en France.
11:30Vous avez été rappelé, effectivement,
11:32c'était une méthode qui était interdite.
11:34Il ne faut pas perdre de vue, quand même,
11:35que c'est une méthode qui est définitive.
11:37C'est-à-dire qu'on ne peut plus concevoir de façon,
11:40par un rapport sexuel,
11:41une fois qu'on a fait une vasectomie.
11:43Alors, on peut aller prélever des spermatozoïdes,
11:45mais on entre dans une PMA,
11:47c'est-à-dire un parcours de procréation médicalement assistée.
11:50Moi, ce que je constate,
11:52c'est que ce qu'on voit à travers ce reportage,
11:54notamment, c'est que, en fait,
11:57la société qui était peut-être unipolaire
12:01à la contraception et à la pilule,
12:03toutes les femmes prenaient la pilule, point.
12:05Puis les hommes ne se posaient pas la question.
12:07Voilà.
12:08Ce n'était pas leur problème.
12:09Ce n'était pas leur problème.
12:11Là, on est dans une société,
12:13et c'est général,
12:14ça ne concerne pas que la sexualité,
12:16qui réclame des réponses beaucoup plus polymorphes,
12:20beaucoup plus adaptées à chaque situation.
12:22Évidemment, on ne va pas faire une vasectomie
12:24à un jeune garçon de 25 ans.
12:26Je ne sais pas s'il voudra avoir des enfants ou pas plus tard.
12:28Ce serait déraisonnable,
12:30comme peuvent l'être parfois les sociétés nord-américaines.
12:32Ça, c'est encadré.
12:33Comme peuvent l'être parfois les sociétés nord-américaines.
12:35En France, ce n'est pas possible.
12:36Mais c'est toujours possible.
12:38Mais ça a été rappelé.
12:39Il y a des conditions.
12:40Mais ça n'est pas interdit, effectivement.
12:42Mais ça n'a quasiment jamais lieu.
12:44Il y a une pluralité de méthodes.
12:47La contraception masculine,
12:48je ne sais pas si ce sera une révolution.
12:50Je suis incapable de vous le dire aujourd'hui.
12:52Parce que ça va dépendre de la façon
12:54dont le corps social va s'emparer de cette question.
12:57Donc, des segments, des personnes,
12:59des situations vont s'en emparer.
13:01D'autres, non.
13:02Ce qui est très bien,
13:03c'est qu'on ne soit plus dans un automatisme de la pensée
13:05qui serait
13:06Contraception égale, madame prend la pilule.
13:08Qu'on ait le choix.
13:09Exactement.
13:10Plus adaptée aux situations.
13:11Au-delà de la contraception masculine
13:13et de l'envie de partager la charge dans le couple,
13:15on comprend dans ce film que la pilule
13:17n'a plus vraiment le vent en poupe chez les femmes.
13:19Une tendance qui peut surprendre
13:21quand on se rappelle à quel point
13:23elle a été vécue comme une libération
13:25au moment où elle a été autorisée en 1967 en France.
13:27Et cette femme dans le film le dit très bien.
13:29Écoutez.
13:31À l'époque, quand j'avais 10 ans,
13:33j'ai connu des copines de 18 ans
13:35qui se sont retrouvées enceintes.
13:37Et c'était quoi la solution ?
13:39On organisait le mariage.
13:41La honte dans la famille.
13:43Tu te rends compte, ça y est, elle a fauté.
13:45Il y a le mariage, ils se sont précipités.
13:47Et nous, on est là.
13:49Et toi, t'as pas intérêt à ce que ça t'arrive.
13:51Et on vivait avec cette hantise-là.
13:54Donc forcément, le jour où moi, à 18 ans,
13:58je savais que la pilule existait,
14:00mais c'était un rêve.
14:03C'est-à-dire qu'on pouvait aimer les garçons,
14:05on pouvait faire nos expériences
14:07sans ce truc sur la tête.
14:09Et en plus, c'était autorisé, c'était validé.
14:13Daniel Gaudry, qu'est-ce qui s'est-il passé
14:15entre cette période où la pilule fut vraiment vécue
14:17comme une libération, une révolution pour les femmes,
14:20et cette perte de vitesse qu'on observe aujourd'hui ?
14:23Alors, j'allais dire, c'est vrai que
14:25le témoignage est tout à fait partagé
14:28par de très, très nombreuses femmes de l'époque.
14:32Et cette contraception hormonale,
14:39j'allais dire, nous a changé la vie.
14:42Mais pas que la vie sexuelle, du reste.
14:44La vie de tous les jours.
14:46La vie de nos familles, la vie professionnelle.
14:49Enfin, je veux dire, c'était...
14:51Là, c'était vraiment une révolution.
14:54Une révolution, tout à fait.
14:56Et effectivement, vers les années 2012,
15:02il y a eu cette remise en question,
15:05après la crise de la pilule,
15:08où tout d'un coup, le grand public
15:11découvrait qu'il y avait des contre-indications
15:14et éventuellement certaines complications.
15:16Ces complications, je veux dire,
15:19et les contre-indications, on les connaissait.
15:22C'était pas caché.
15:24Mais c'était, j'allais dire,
15:26rester à l'intérieur du corps médical.
15:29Alors que là, ça a été rendu grand public.
15:33Et c'est vrai qu'il y a eu ce point sur les complications.
15:39Et il y a eu également le courant écologique
15:43sur le retour à la nature.
15:46Je veux sentir mon corps, ce qui se passe dans mon corps.
15:50Je veux pas le freiner artificiellement.
15:53Voilà, tout à fait.
15:55Lucille Thomé ?
15:56Je voulais juste revenir sur ce terme de révolution culturelle
15:58liée à la pilule, parce que ce qui est intéressant,
16:00c'est que la femme qui parle, à l'époque du documentaire,
16:02a 62 ans.
16:03Donc elle, elle a pas vécu l'arrivée de la pilule.
16:04Elle le dit très bien, d'ailleurs.
16:05La pilule existe déjà.
16:06Et en fait, c'est une reconstitution a posteriori
16:08de ce qu'a été la pilule.
16:09Parce que quand la pilule arrive,
16:11elle est vraiment mise sur le marché autorisé, légalisé,
16:14pour permettre l'harmonie conjugale.
16:16C'est pas du tout pensé comme une contraception
16:18de libération sexuelle.
16:19C'est pensé comme une contraception permettant
16:21aux hommes et aux femmes mariées
16:23d'avoir plus de plaisir et moins de frustration
16:26dans le cadre de la sexualité conjugale.
16:28C'est pas une révolution féministe au départ.
16:30Non, c'est pas du tout une révolution féministe au départ.
16:33C'est porté par des gens qui vraiment veulent
16:35que ça se passe bien dans les couples.
16:37Et ce qui est intéressant, c'est qu'en 10 ans,
16:39la pilule va progressivement devenir une contraception
16:41de jeunes femmes.
16:42Et donc, a posteriori, on va l'associer
16:44aux luttes pour l'IVG qu'il y a eu au cours de la décennie 70.
16:46Et ça devient, voilà, cette idée de révolution féministe
16:50avec la pilule.
16:51Mais s'il y a une révolution pour les femmes
16:54au cours de ces années, il faut voir que c'est aussi
16:56parce que les femmes ont le droit d'ouvrir un compte en banque,
16:58les femmes ont le droit de faire des études,
16:59les femmes ont le droit de travailler.
17:00Donc c'est plein de choses, la pilule y participe,
17:02mais le fait qu'elle soit légalisée,
17:04ça répond aussi au fait que la sexualité conjugale,
17:06c'est devenu un truc important et qu'on ne peut plus
17:08juste dire aux gens, allez voir aux hommes en particulier,
17:11allez voir ailleurs si vous voulez aller jusqu'au bout,
17:13prenez d'autres partenaires.
17:14Et donc, pour répondre à ça, il faut trouver une méthode
17:16et c'est là qu'on va se dire, il faut quelque chose.
17:18C'était juste sur cette question de révolution,
17:20c'est intéressant du point de vue historiographique.
17:22Après, sur la période actuelle, vous l'avez très bien rappelé,
17:25on a cette crise des pilules en France en 2012-2013
17:28avec une lanceuse d'alerte, le monde qui fait des couvertures,
17:30le déremboursement de certaines pilules.
17:32Et en fait, ce qui est fou d'un point de vue recherche,
17:35c'est que ces pilscares, ces peurs autour de la pilule,
17:39elles existent depuis des décennies aux États-Unis
17:41ou en Angleterre.
17:42La France a été très très longue à ce que ça émerge.
17:45Il y a plusieurs raisons et la première,
17:47c'est que la France est un pays où il y a une profession,
17:50celle de gynécologue médicale,
17:51qui s'est vraiment constituée autour des hormones
17:53et autour de la prescription de pilules.
17:55Donc, il y a des raisons structurelles qui expliquent...
17:57C'est une tradition médicale, vous l'avez dit, chez nous ?
17:59Bien sûr, oui, c'est une tradition médicale.
18:01Il y a à la fois la tradition médicale
18:03et le fait qu'on ait associé la pilule au féminisme.
18:05Et ça, d'ailleurs, dans le documentaire, elle dit
18:07si je questionne la pilule, je trahis le féminisme.
18:10Et ça, c'est très français.
18:11Parce qu'en fait, on peut questionner la pilule
18:13sans pour autant remettre en cause le droit des femmes
18:16à avoir la maîtrise de leur fertilité,
18:18qui est un droit absolument fondamental.
18:20Il n'y a pas le contre du pour et du contre.
18:22C'est pas radical comme ça.
18:24Et donc, comme vous le disiez très bien,
18:26il y a plusieurs choses avec cette remise en cause
18:28de la contraception.
18:29Il y a cette idée de retrouver,
18:31comprendre comment fonctionne son corps,
18:33qui peut être liée avec la montée de l'écologie.
18:35On mange bio, on a des cosmétiques sains.
18:37Pourquoi est-ce qu'on prendrait des hormones de synthèse ?
18:40C'est lié aussi, dans une certaine mesure,
18:42à la montée du développement personnel.
18:43C'est-à-dire, pour comprendre vraiment qui je suis,
18:45il faut que je retrouve mon corps.
18:47Et donc, ça se recoupe à l'état de nature.
18:49Et c'est lié au ras-le-bol de la charge contraceptive.
18:52C'est qu'en fait, la pilule,
18:54les femmes en France la prennent,
18:56mettons, entre 16 et 20 ans,
18:58autour de 17-18 ans.
18:59Et puis, on voit, au début de la vingtaine,
19:01elles sont très contentes parce que ça remplace le préservatif.
19:03Donc, ça permet un script sexuel plus fluide,
19:05sans une interruption pour mettre le préservatif,
19:07enlever le préservatif, etc.
19:09Et puis, au fur et à mesure,
19:11elles commencent à en avoir marré.
19:12Donc, c'est vers la fin de la vingtaine
19:13que les femmes s'interrogent
19:15et qu'elles vont se dire,
19:16en plus, je pourrais comprendre comment fonctionne mon corps.
19:18En plus, voilà.
19:19Mais c'est vraiment lié aussi à une forme de ras-le-bol plus globale.
19:21Et puis, la pilule a arrangé longtemps les hommes aussi,
19:23disons-le, Stéphane Jourdain.
19:24Ah oui, ça a arrangé beaucoup les hommes.
19:26Il faut rappeler aussi qu'une femme,
19:27dans toute sa vie, elle est fertile,
19:29arrêtez-moi si je me trompe,
19:30mais quelques centaines de jours,
19:31un homme est fertile pendant 40 ou 50 ans.
19:34Donc, c'est quand même étonnant
19:35que ce soit la femme qui encaisse 100% de la charge
19:37liée à cette contraception.
19:39Parce que les chiffres sont éloquents.
19:40La pilule, pour les femmes,
19:41reste le moyen de contraception le plus utilisé en France,
19:44d'après ce que j'ai vu.
19:45Donc, un sondage BVA réalisé en 2022,
19:4744% des jeunes femmes de 15 à 24 ans
19:50utilisent la pilule comme moyen de contraception.
19:52Mais en 2016, donc il y a moins de 10 ans,
19:54elles étaient 60%.
19:56On a perdu 16 points en 6 ans.
19:58C'est énorme, Bernard Jaumier.
20:00C'est une vraie perte de vitesse, là.
20:01C'est un changement de comportement.
20:02Ça a été très bien expliqué.
20:05Les outils techniques, quels qu'ils soient,
20:09n'ont de sens que par l'utilisation qui en est faite,
20:13encore une fois, par le corps social.
20:15Et vous l'avez particulièrement bien expliqué.
20:18Donc, la pilule a représenté quelque chose.
20:22Et ce quelque chose est en train de se modifier profondément.
20:25Et donc, aujourd'hui, la question est, encore une fois,
20:28face à cette diversification de l'offre de contraception.
20:33Et on peut penser que la contraception masculine...
20:35Imaginons que demain, les recherches aboutissent
20:37sur un médicament qui bloque la formation d'espermatozoïdes.
20:40Il y a quand même beaucoup de recherches, maintenant,
20:42sur cette question.
20:43Oui, c'est en route, ça ?
20:44Il y a des recherches là-dessus ?
20:45Oui, il y a des recherches.
20:46Je ne dis pas qu'il y a des fonds et...
20:48Oui, c'est ce que j'allais vous dire.
20:49...partiellement importants qui sont contactrés.
20:50Mais il y a une vraie recherche.
20:51Et donc, vous savez, ça finira par arriver.
20:53Quel sera le paysage, à ce moment-là, de la contraception ?
20:57L'offre fera qu'une jeune femme peut décider
21:01de prendre la pilule, de contrôler elle-même sa fertilité,
21:04mais l'homme pourra décider que c'est lui qui décide
21:07s'il produit ou pas des spermatozoïdes.
21:09Et la situation ne sera pas la même, y compris dans le reportage,
21:14parce qu'on voit ces deux couples stables
21:16que l'on suit dans leur pérégrination,
21:18mais dans les réunions, on voit aussi des hommes célibataires
21:21qui sont là et dont on se demande ce qu'ils viennent chercher.
21:26Est-ce qu'ils viennent là par pur altruisme,
21:28parce qu'eux-mêmes veulent partager ou prendre la charge
21:31de la contraception ?
21:33Ou est-ce qu'ils viennent là parce qu'ils veulent maîtriser
21:36la fertilité et donc ils se disent,
21:39tiens, si je porte un slip chauffant,
21:41je produirais pas de spermatozoïdes
21:43et donc je pourrais mener la vie sexuelle que je veux
21:46sans craindre une paternité.
21:49Il va y avoir, et c'est vraiment la marque de notre époque,
21:52ce polymorphisme, encore une fois,
21:55le fait qu'il y a une demande d'écologie,
21:58de nature et d'adaptation à moi,
22:01à mon parcours et à mes conditions de vie.
22:04Stéphane Jourdain, on peut raisonnablement envisager,
22:06vous, vous envisagez raisonnablement
22:08qu'un jour, on parlera de contraception masculine
22:10de façon normale, courante, quotidienne,
22:12que les hommes prendront en charge,
22:14ou vous avez quand même des doutes, vu l'époque qu'on vit ?
22:16Alors nous, quand on a fait notre roman graphique,
22:18on n'arrêtait pas en fonction de nos rencontres,
22:20on passait d'un état d'esprit où on se disait
22:23ça va prendre une génération,
22:24quand on voyait dans les ateliers de slip chauffant
22:26des mecs qui venaient sans motivation politique,
22:29juste parce qu'ils avaient tapé sur YouTube
22:31ma femme ne veut plus prendre la pilule,
22:33qu'est-ce que je peux faire ?
22:34Ils arrivaient dans ces trucs, on s'est dit
22:36bon, dans une génération, c'est réglé.
22:38Et puis à d'autres moments, on s'est dit
22:39ça va prendre 300 ans.
22:40Et quand on voit l'actualité...
22:41Pourquoi ?
22:42Parce que, quand on voit les musques, les Trumps,
22:44ce revirement sur l'avortement aux Etats-Unis,
22:47cette espèce de backlash mondial
22:49qui est en train de nous assaillir,
22:51on se dit bon, ben voilà, le combat...
22:53Et les féministes nous avaient prévenus,
22:55les activistes nous avaient prévenus.
22:57Ce combat n'est pas gagné, loin de là.
22:59Il y a des retours de bâtons,
23:00et le retour de bâtons actuel est monstrueux.
23:02Donc comment ça va se terminer ?
23:04Et l'outil peut être détourné.
23:06C'est-à-dire ?
23:07L'outil de...
23:08C'est-à-dire qu'évidemment, l'outil peut être utilisé
23:11non pas, encore une fois, dans une logique de partage,
23:13mais dans une logique d'affirmation
23:15de la possession par l'homme.
23:17Et de contrôle.
23:18On le voit bien dans le documentaire.
23:20Si le modus operandi est plus simple,
23:23et il y a quand même, vous l'avez dit,
23:24pas mal de recherches,
23:25on n'est pas à l'abri d'avoir une bonne surprise
23:27dans les années qui viennent,
23:28on peut imaginer qu'il y ait toute une génération d'hommes
23:30qui recourt à cette opération.
23:31Vous pensez qu'ils prendraient ce médicament ?
23:33Oui, je pense.
23:34Oui, je pense.
23:35Daniel Godry ?
23:36Vraisemblablement, on aura les mêmes arguments
23:39qu'au moment où la contraception féminine est apparue.
23:43C'est-à-dire, les débats, c'était...
23:45Il ne faut pas que les femmes utilisent la contraception,
23:47parce qu'après, elles vont faire n'importe quoi.
23:49Donc, c'est un contrôle du corps des femmes.
23:53Et là, il peut y avoir la contraception masculine,
23:58qui fait que la femme n'aura pas de contraception,
24:02et donc, elle va rester fidèle dans le couple.
24:05Donc, il peut y avoir cette utilisation de l'outil.
24:09L'humanité n'est pas idéale.
24:13Le film montre des couples qui font tout
24:16pour ne pas avoir d'enfants.
24:18C'est réel et flagrant,
24:20ce qui nous amène à nous interroger,
24:22peut-être plus généralement...
24:23Oui ?
24:24Dont une femme qui a 39 ans
24:26et qui veut avoir des enfants.
24:28Là, il y a quelque chose de l'époque aussi.
24:30Mais justement, ça nous amène quand même à réfléchir aussi,
24:34plus généralement, au désir d'enfant.
24:36Alors qu'il fut un temps où avoir un enfant
24:38était un vrai projet de couple,
24:40il semblerait que la parentalité soit moins un projet aujourd'hui.
24:44Pour preuve, cette scène finale qui nous a marquées,
24:47cette scène du film où l'on annonce au champagne
24:50que monsieur a une contraception,
24:53elle est assez étonnante.
24:55Elle fait déjà réagir.
24:56Regardez.
24:57Ouh !
24:58Ouh là !
24:59C'était lui, d'ailleurs, le même.
25:01En plastique.
25:02Quel honneur !
25:03Dis-moi tout.
25:04Avec Emeline, surtout moi,
25:06on a quelque chose à vous annoncer.
25:09J'ai terminé mon parcours contraceptif
25:13et du coup, là, on a eu les résultats
25:17et je suis contracepté officiellement.
25:21Donc, vous n'aurez pas de petits-enfants tout de suite.
25:28Elle est très surprenante, cette scène, Cécile Thaumet.
25:31Qu'est-ce qu'elle dit pour vous, cette séquence ?
25:33D'abord, je ne pense pas que ça veuille dire
25:35qu'on veut moins d'enfants.
25:36Au contraire, le fait de pouvoir mieux maîtriser
25:38le moment où on a des enfants,
25:39ça a toujours été quelque chose qui permet
25:41de choisir le moment où on en a.
25:42C'était déjà ce que disaient les féministes
25:44dans les années 70.
25:45Là, on est dans une démarche qui est semblable.
25:47Après, ce qui est à la fois étonnant
25:48et un peu touchant dans cette scène-là,
25:50c'est qu'on sent que les parents sont un peu déçus.
25:53Oui, on sent même que ça jette un froid.
25:56Je pense qu'ils s'attendent même
25:57à ce qu'on leur annonce l'inverse.
25:59Que Madame est enceinte,
26:00parce qu'il fut un temps où c'est comme ça
26:01qu'on annonçait que Madame était enceinte.
26:03Peut-être pas au Champagne, mais...
26:04Pas si lointain.
26:06Pas si lointain, oui.
26:07Non, c'est ça.
26:08Pour autant, c'est ce qu'on disait.
26:10La vasectomie, une des raisons
26:11pour lesquelles ça met du temps à se développer,
26:12c'est aussi que c'est une méthode définitive.
26:15C'est pour ça que c'est très compliqué actuellement
26:17d'avoir accès, vous le disiez,
26:18à la vasectomie pour les hommes jeunes.
26:20C'est des adresses qui s'échangent.
26:22Alors, comment s'échangeaient
26:23les adresses de faiseuses d'anges
26:24dans les années...
26:25Enfin, avant la loi Veil ?
26:27Sauf que maintenant, c'est sur des forums
26:29et sur Internet.
26:31Mais du coup, moi, j'ai fréquenté ces forums-là
26:33dans le cadre de ma recherche,
26:34et c'est des hommes qui disent
26:35tel médecin, dans tel endroit,
26:36il accepte, même si t'as 25 ans,
26:38si t'es sûr de toi.
26:39Sinon, c'est très compliqué.
26:40Donc, ce qu'on voit, c'est que
26:41on est quand même dans une société
26:42qui pousse...
26:43On a parlé de réarmement démographique
26:45l'année dernière...
26:46Enfin, qui pousse...
26:47Emmanuel Macron ?
26:48Emmanuel Macron.
26:49Politiquement, je veux dire.
26:50Il y a eu des discours politiques
26:51autour de ça.
26:52La question, c'est d'avoir
26:53des politiques publiques
26:54qui suivent derrière,
26:55parce que la question de la garde
26:57des jeunes enfants se pose quand même.
26:59Et puis, il y a tout un climat
27:01très anxiogène qui joue aussi
27:03sur le report de l'envie d'enfant.
27:06Mais moi, je trouve que c'est plutôt
27:07une bonne chose de pouvoir être sûr
27:09du moment où on décide
27:10d'attendre un enfant.
27:11Oui, il n'est que question
27:12de temporalité pour vous,
27:13Stéphane Jourdain.
27:14Cette séquence, elle ne dit pas autre chose.
27:15Et puis, tout le film, d'ailleurs,
27:16est-ce qu'il ne dit pas autre chose
27:17du désir d'enfant ?
27:18Est-ce que le désir d'enfant
27:19est toujours un projet de couple ?
27:21Ah ben là, l'une des grandes révolutions
27:24auxquelles on fait face,
27:25c'est qu'aujourd'hui, vous pouvez faire
27:27des enfants en dehors du couple
27:28et en dehors de la sexualité.
27:30Donc, c'est un changement
27:31de civilisation très fort.
27:33Et cette scène, elle est fascinante
27:34parce que tout est à rebours
27:36de ce qu'on a connu avant.
27:37On sort le champagne pour annoncer
27:38qu'on ne va pas avoir d'enfant.
27:40Emeline elle-même explique
27:41dans le reportage
27:42qu'elle a envie d'avoir des enfants.
27:43Elle a 39 ans.
27:44Enfin, il y a plein de choses
27:45qui se jouent,
27:46qui sont absolument fascinantes
27:47pour des journalistes,
27:48des sociologues.
27:49Daniel Gaudry ?
27:50Enfin, le mouvement
27:54ne pas avoir d'enfant,
27:56quand même, s'amplifie.
27:58Vous, vous le voyez.
27:59Ah oui, tout à fait.
28:00Parmi les couples même
28:04qui sont depuis très longtemps
28:07ensemble, j'allais dire,
28:09il y a cette affirmation
28:11nous ne voulons pas d'enfant.
28:13Alors qu'il est plus ou moins
28:14bien reçu dans les familles,
28:16ça, c'est sûr.
28:17Bien sûr.
28:18Bon, mais c'est-à-dire
28:19la famille n'est plus forcément
28:23avec enfant.
28:24Et on peut...
28:25Enfin, j'ai lu un article, là,
28:27récemment, sur...
28:29Mais est-ce qu'on peut faire
28:30famille même avec un animal ?
28:32Voilà.
28:33Je veux dire, c'est...
28:34Donc, on est dans une autre
28:35révolution, là.
28:36Un changement de paradigme,
28:37un changement d'époque.
28:38On voit des gens qui se mettent
28:39en couple avec une intelligence
28:40artificielle.
28:41Il faut les voir, les entendre
28:42pour le croire.
28:43Vous parliez d'Emmanuel Macron
28:44qui parle de réarmement
28:45démographique et qui n'a pas
28:46d'enfant lui-même.
28:47On est rare, président,
28:48à ne pas avoir une enfant.
28:49Juste quelques chiffres,
28:50quand même, et on poursuit,
28:51évidemment.
28:52Les Français font moins d'enfants.
28:53Les chiffres sont évidents
28:54d'après le dernier bilan
28:55démographique de l'INSEE.
28:56Le nombre de naissances a baissé
28:57de 6,6 % en 2023 par rapport
28:59à 2022.
29:00Il y en a eu 48 000 de moins
29:02que l'an passé.
29:03Depuis 2010, l'INSEE relève
29:05une chute des naissances
29:06de 20 %.
29:07Oui.
29:08Sachant qu'il y a deux limites
29:09à ça.
29:10La première, c'est que
29:11les enfants du baby boom
29:12de l'an 2000 vont commencer
29:13à faire des enfants.
29:14D'accord.
29:15Donc, on devrait avoir quand même
29:16une augmentation des naissances
29:17liée au fait qu'il y a plus
29:18de gens en âge de procréer
29:19qui vont faire des enfants.
29:20Et la deuxième, c'est qu'en
29:22démographie, on peut mesurer
29:24le nombre d'enfants eu par...
29:26C'est pour les femmes
29:27qu'on le mesure,
29:28qu'à la fin de leur vie fertile.
29:29Donc, pour le moment,
29:30des femmes qui ont 35, 36, 37 ans
29:31et qui disent
29:32« je n'aurai pas d'enfants »,
29:33on peut les croire.
29:34D'accord.
29:35Mais d'un point de vue
29:36démographique, on les croira
29:37quand elles auront 45 ans.
29:38D'accord.
29:39Donc, il faut relativiser
29:40ces chiffres-là.
29:41Mais il y a une tendance.
29:42Il y a une tendance à la baisse,
29:43mais on aura des chiffres
29:44scientifiquement vraiment
29:45stables dans quelques années
29:47quand elles ne pourront plus
29:48avoir d'enfants.
29:49Et donc, ce sera
29:50une décision des filles.
29:51Ce film et cette séquence finale,
29:52Bernard Jomier,
29:53elle est aussi révélatrice de ça.
29:54Ce n'est pas que la France
29:56qui est concernée
29:57par la baisse de la...
29:58Natalité.
29:59Mais oui, c'est les autres.
30:00Regardez la Chine.
30:01La Chine perd en ce moment,
30:02je crois, 5 millions d'habitants
30:04par an, en quelque sorte.
30:05Ce n'est peut-être pas
30:06le chiffre exact,
30:07mais c'est énorme.
30:08Donc, c'est un mouvement
30:10qui est beaucoup plus vaste.
30:11Cette scène,
30:12elle montre un décalage total
30:15entre ce jeune couple
30:18et d'ailleurs un trouble
30:19au sein du couple, à mon avis,
30:20et l'entourage.
30:21L'entourage,
30:22c'est cache-ta-joie.
30:23C'est terrible.
30:24On a l'impression
30:25qu'effectivement,
30:26ils allaient annoncer
30:27qu'elle était enceinte.
30:28Elle n'est pas du tout.
30:29Et elle,
30:30qui plutôt, dans le reportage,
30:31dit qu'elle veut avoir
30:32un enfant plus tard,
30:33alors qu'elle a 39 ans,
30:34vous l'avez très justement
30:35souligné,
30:36lui, il dit,
30:37on ne va pas avoir d'enfant.
30:38Enfin, voilà,
30:39on n'a pas d'enfant.
30:40Et lui, il a 10 ans de moins.
30:41Alors, il est plus jeune,
30:42oui, oui.
30:43Vous avez bien regardé
30:44ce film.
30:45Non, je suis contracepté.
30:47C'est-à-dire que
30:48lui est fier
30:49d'annoncer
30:50un nouveau partage des tâches
30:51au sein du couple.
30:52Oui, absolument.
30:53Et l'entourage
30:54n'est pas du tout là-dessus.
30:55C'est pas,
30:56ah oui, ça c'est bien,
30:57enfin, ils le disent poliment,
30:58mais l'entourage est sûr
31:00de ce que vous soulevez,
31:01la question de
31:02est-ce qu'on va avoir
31:03des petits-enfants ?
31:04Est-ce qu'il va y avoir
31:05une génération suivante ?
31:07Et là, le décalage,
31:09alors, il est effectivement
31:10fascinant.
31:11Et on est un peu,
31:12moi, j'étais un peu pétri,
31:13quoi,
31:14devant cette scène
31:16à dire, voilà,
31:17où va-t-on ?
31:18Et où va, d'ailleurs, aussi,
31:20la question de la prise en compte
31:22de la fertilité
31:23dans nos sociétés ?
31:24C'est une discussion
31:25qu'on a eue au moment
31:26de la dernière révision
31:27de la loi de bioéthique.
31:28Finalement, le sujet
31:29n'a pas été traité,
31:30quasiment,
31:31dans la révision
31:32de la loi de bioéthique.
31:33Mais la question
31:34de la fertilité
31:35se pose
31:36dans notre pays
31:37pour des tas de raisons.
31:38Et là aussi,
31:39ça sointe.
31:40Alors, justement,
31:41et ce sera ma question
31:42de conclusion,
31:43je ferai un dernier tour de table
31:44qui sera un petit peu radical,
31:45volontairement radical.
31:46Est-ce qu'on va vers
31:47un monde sans enfants,
31:48Cécile Thomas ?
31:49Je ne pense pas.
31:50Non, non, non,
31:51on ne va pas vers
31:52un monde sans enfants.
31:53Par contre,
31:54j'espère qu'on va vers
31:55un monde où la décision
31:56d'avoir des enfants
31:57peut être prise
31:58par les deux membres
31:59du couple au sein du couple
32:00et on va vers un monde
32:01où la contraception
32:02qui permet d'avoir des enfants
32:03si on en veut
32:04et au moment où on en veut
32:05va aller vers plus de diversité
32:07et donc plus de choix
32:08à la fois de la part
32:09des femmes et des hommes.
32:10Encore une fois,
32:11ce qui est évoqué dans le film,
32:12toutes les méthodes
32:14avec une implication masculine
32:15parce que l'implication masculine
32:16ne veut pas dire
32:17que les femmes sont absentes.
32:18Bien sûr.
32:19C'est beaucoup les femmes
32:20qui trouvent ces contraceptions,
32:21qui poussent leurs partenaires,
32:22etc.
32:23Ça ne veut pas dire pour autant
32:24qu'il faut retirer
32:25des choses offertes.
32:26Mais moi,
32:27j'espère qu'on va vers
32:28plus de diversité
32:29à la fois au sein des couples
32:30et pour les individus
32:31en tant que telles.
32:32Stéphane Jourdain ?
32:33Moi, je vais parler des hommes.
32:34Je crois que pendant longtemps,
32:35beaucoup d'hommes,
32:36on ne va pas tous les généraliser,
32:37mais ne se posaient pas tellement
32:38la question de savoir
32:39s'ils voulaient des enfants ou pas
32:40parce que de toute façon,
32:41ce n'est pas eux
32:42qui s'en occupaient vraiment.
32:43Donc finalement,
32:44ce n'était pas très important.
32:45Aujourd'hui,
32:46ils s'en occupent beaucoup plus
32:47et heureusement,
32:48il reste encore beaucoup
32:49de travail à faire.
32:50Donc, ils réfléchissent à deux fois
32:51avant d'en faire.
32:52Et donc,
32:53je pense qu'ils vont réfléchir
32:54beaucoup plus
32:55et que donc,
32:56évidemment,
32:57plus vous réfléchissez à la question,
32:58moins vous en avez.
32:59Mais ce n'est pas forcément
33:00une mauvaise nouvelle.
33:01D'accord.
33:02Je pense que là,
33:03il faut vraiment,
33:04si on veut que
33:05les contraceptions diffusent bien,
33:06il faut vraiment
33:07des campagnes d'information publiques,
33:09régulières,
33:10etc.
33:11Et que dans la formation médicale,
33:14ces questions soient vraiment enseignées.
33:16Et ça, pour le moment,
33:18c'est encore un petit peu juste.
33:19Il faut progresser.
33:21Il faut mieux faire.
33:22Donc, ces deux points-là,
33:23diffusion vraiment massive
33:25de l'information
33:26et formation des médecins
33:29et rappeler qu'il y a des groupes d'hommes,
33:31des groupes de parole
33:32qui sont organisés
33:33à certains endroits
33:34et que les hommes peuvent,
33:36même qui se posent la question,
33:38même en dehors
33:39de vouloir strictement utiliser
33:41une méthode dite masculine,
33:44de contraception,
33:45peuvent aller y poser leurs questions
33:47et y réfléchir.
33:48Et je pense que ça,
33:49c'est effectivement un tournant.
33:52Votre mot de conclusion, Bernard Jomier ?
33:54L'évolution de la société est très rapide.
33:56Et nous, législateurs,
33:57elle nous prend au dépourvu.
33:59Parce que là,
34:00on parle de couples et de célibataires,
34:01mais les couples,
34:02ils évoluent eux-mêmes,
34:03ils se séparent,
34:04ils se recomposent, les familles.
34:05Donc, l'espèce humaine
34:06voudra toujours avoir des enfants,
34:07ça, moi, j'en suis convaincu.
34:08Il y a un natalisme qui est profond.
34:10Dans quelle proportion ?
34:12D'ailleurs, dans quelle proportion
34:13est-ce raisonnable ?
34:14On pourrait faire un débat là-dessus
34:15sur la finitude de la planète.
34:17Mais voilà, on a affaire
34:19à une société très diverse maintenant,
34:21très polymorphe,
34:22et on doit apporter des réponses
34:24qui prennent en compte cette diversité.
34:26Vous vouliez ajouter un tout petit mot ?
34:28Oui, simplement,
34:29pour ajouter à ce que disait Daniel Godré
34:31sur la question de l'éducation,
34:32j'ai trouvé la séquence
34:33avec la prof de SVT
34:34dans le documentaire
34:35très enthousiasmante.
34:37J'ai dit, mais c'est génial.
34:38Elle était très enthousiaste elle-même,
34:39d'ailleurs, on l'a vu.
34:40Merci.
34:41Merci à tous les quatre
34:42d'avoir participé à cet échange.
34:43Avant de vous quitter,
34:44un tout petit mot du T-shirt
34:45que je porte aujourd'hui,
34:46qui a pu en interpeller quelques-uns.
34:48C'est un T-shirt
34:49issu d'une collaboration
34:50entre Bach et une association
34:52qui lutte contre les violences conjugales,
34:54l'association 125 & Après.
34:56Tous les bénéfices
34:57issus de l'achat de ce T-shirt
34:59seront reversés à cette association
35:01pour lutter contre les violences conjugales,
35:03pour lutter contre les féminicides,
35:04pour venir en aide aux femmes
35:05victimes de violences conjugales
35:06en cette Journée internationale
35:07des droits des femmes.
35:08Ça m'a semblé utile.
35:09Merci de nous avoir suivis.
35:11Émissions et documentaires
35:13à retrouver en replay
35:14sur notre plateforme publicsena.fr.
35:16À très vite.
35:17Merci.

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