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Bienvenue dans le quatrième épisode du podcast intitulé "Mon Père, ce macro" en 5 épisodes en collaboration avec Cyriel Mercier. Le podcast "Mon père ce macro" est né suite à une interview que nous avons faite avec Cyriel.

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Dans cet épisode, Cyriel nous ouvre les portes d’un univers clos et méconnu. Un endroit dont très peu ont la clés que beaucoup fastasment ou jugent. Elle nous raconte ce que qu'elle a observé, les réalités d’un lieu où l’on imagine beaucoup de choses, mais dont peu connaissent le quotidien. Entre les règles, les attentes des clients et les liens qui se tissent dans l’ombre, elle a découvert des aspects inattendus de ce métier. Vous verrez comment ce monde caché, tout en étant fascinant, a aussi marqué profondément la vie de son père et, en retour, la vie de Cyriel.

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Transcription
00:00Comment ça se passe au bordel ? Donc l'idée c'est d'avoir un maximum de détails
00:04pour des gens comme moi qui n'ont jamais mis un pied là-bas.
00:09Comment ça se passe ? Est-ce que tu peux nous donner des petits arguments pour faire notre curiosité ?
00:17Alors ça c'est la question.
00:19Comment ça se passe ? Je pense qu'il y a aussi une part de beaucoup de gens qui fantasment ça
00:30parce que comme ça s'appelle une maison close, tout est dit dans le nom.
00:34C'est clos. Et comme c'est clos, on a envie de savoir.
00:37Et très peu de gens ont la clé.
00:39Et les seules personnes qui ont la clé c'est soit ceux qui travaillent, soit ceux qui les fréquentent.
00:43Et le problème, enfin si t'en sais que ça fait un problème, quelque part il y a une omerta
00:52qui n'est pas voulue des gens qui ne le fréquentent pas,
00:57mais que les gens qui vont au bordel et qui travaillent au bordel se l'imposent.
01:04Parce qu'on a peur du regard de l'autre.
01:08Parce que c'est mal vu. Parce qu'il y a des clichés. Parce qu'il y a plein de préjugés.
01:13Plein.
01:15Et c'est ce que je disais un peu dans l'épisode précédent où on pense que dans un bordel tout est permis.
01:23Alors que non, pas forcément.
01:26Bien au contraire, il y a des règles.
01:28Et des règles à respecter et des choses à ne pas franchir.
01:32Et c'est pour ça que ces gens-là, et moi aussi je fais encore partie un peu de cette omerta,
01:44parce que je ne crie pas sur tous les toits, évidemment aujourd'hui j'en parle et tout ça,
01:47mais si j'ai une conversation avec quelqu'un, c'est pas la première chose que je vais dire.
01:53Parce que même si les gens, maintenant que je l'assume,
01:56et que je dis ben voilà mon père a fait ça une partie de sa vie et tout ça,
02:01il y a des gens qui vont dire ah oui ben je vois pas où est le problème.
02:03Sauf que quand vous creusez un peu, ouais mais en fait...
02:09Et c'est là qu'on voit que ça reste encore quelque chose de cliché,
02:20ça reste quelque chose de ah mais on sait pas ce qu'il s'y passe.
02:25Et en fait qu'il s'y passe plein de choses.
02:32Moi j'ai vu les coulisses et je peux parler des coulisses.
02:39Le premier bar à champagne, je les voyais faire leurs ongles etc.
02:44Après mon père a arrêté ces bars à champagne et en a ouvert d'autres.
02:48Et là c'est ceux qu'il a tenus le plus longtemps.
02:52Ce qui était différent c'est qu'ils ouvraient à 10 heures du matin
02:55et ils fermaient à 2 heures du matin.
02:57Et c'était des bars à massage plus plus plus.
02:59Celui auquel je suis le plus allée, il y avait une cuisine.
03:04A l'époque il y avait des smartphones et tout ça,
03:12mais pas comme maintenant.
03:14Donc il y avait un ordinateur où elle se disputait internet.
03:21La petite cuisine se cuisinait et après il y avait un grand salon
03:24où elle pouvait regarder la télé.
03:26Mais elle se tire parfois entre les pattes.
03:32Il faut comprendre qu'elles sont là toute la journée ensemble.
03:41Et parfois elles dorment ensemble.
03:45Donc elles sont tout le temps ensemble.
03:48Est-ce que tu peux me dire si elles dormaient dans la maison ?
03:52Et quand elles accueillaient des clients,
03:54si elles étaient toutes présentes en rond, comment ça se passait ?
03:57Ça dépendait.
04:00Pour répondre à ta première question,
04:02effectivement il y a parfois des filles qui venaient,
04:05je donne un exemple de Nice,
04:07elles ne pouvaient pas rentrer tous les soirs.
04:10Et donc du coup mon père leur donnait la possibilité de dormir.
04:15Soit il y avait une maison où elles pouvaient dormir et tout ça,
04:18soit elles dormaient là.
04:20Et d'ailleurs pour la petite anecdote,
04:22quand certains clients demandaient des prestations externes,
04:26mon père accompagnait la fille.
04:30Donc il les accompagnait tous les deux.
04:32Du coup il avait acheté une limousine
04:35et il m'appelait pendant la prestation qu'il attendait.
04:39Donc si c'était par exemple deux heures,
04:41il attendait deux heures.
04:43Et s'il voyait qu'il y avait dix ou quinze minutes de retard,
04:46il m'appelait.
04:47Il savait quand intervenir ou pas.
04:50Donc là aussi, tout ce qui était escort,
04:53c'était pas mal parce qu'elles étaient protégées.
04:55Parce qu'une escort, ça peut très bien se passer,
04:58comme ça peut ne pas bien se passer en fait.
05:04Et du coup là, elles sont là,
05:09elles attendent le client.
05:13Et parfois il y a des clients qui ont leurs habitués,
05:18qui ont toujours demandé Rosalie, Lola,
05:25je sais pas, Jasmine, Javentin.
05:28Et voilà.
05:30Et parfois c'est un nouveau client qui demande
05:34à voir un peu le genre de fille
05:37ou alors il a vraiment une idée bien précise,
05:39qui sont parfois très très glauques.
05:42Exemple, qu'elle est la plus jeune.
05:47D'ailleurs, ça mon père me l'avait raconté.
05:50La plus jeune y est allée.
05:53Et là le mec a dit, vous avez pas compris.
05:56D'accord.
05:57Je veux la plus jeune.
05:59Monsieur, pour rappel, il faut avoir 18 ans.
06:05Et c'est pas forcément les gens qu'on croit.
06:11Cette fois-là, la responsable a eu très peur
06:17que ce monsieur aille à la sortie d'une école.
06:23Et il y en a une qui s'est dévouée.
06:26Alors on peut dire ce qu'on veut sur la prostitution,
06:29sur tout ça.
06:31Mais quand j'entends des choses comme ça,
06:33je me dis, wow.
06:36Moi, ça me fait quand même des frissons dans le dos.
06:40C'est-à-dire que si cette fille-là ne s'était pas dévouée,
06:45c'était clairement un prédateur sexuel
06:51qui plus est voulait une mineure.
06:55Et après, il y en avait un autre qui venait plusieurs fois par semaine,
06:58voire par jour.
06:59Les filles, on avait marre de l'eau.
07:02C'était quelqu'un qui n'était jamais rassasié,
07:05qui avait une soif de sexe incroyable.
07:09Tu me disais tout à l'heure que certaines filles
07:11pouvaient avoir 8 ou 10 passes dans la journée.
07:15Parfois plus.
07:16Parfois plus.
07:17Alors moi, je n'ai pas vraiment envie de parler à leur place
07:21parce que je ne suis pas elle.
07:23Et je pense que chaque fille a un passé différent.
07:30Pour celles que j'ai rencontrées, en tout cas,
07:34ce n'était pas du tout une vocation.
07:36Elles ne se sont pas dit, moi, putain, je ferais ça.
07:40Je pense que les filles que j'ai rencontrées
07:44se sont retrouvées un jour face à quelque chose
07:47où elles se sont dit, c'est ma seule issue.
07:50Je pense que, et inévitablement, c'est vrai, c'est rémunérateur.
07:56Et il y a quelque part, quelque chose de,
08:00je me retrouve un peu dans un cercle vicieux
08:03parce que pour faire ça, je gagne ça.
08:07En revanche, quand on dit, c'est de l'argent facile,
08:11je ne pense pas que ce soit si facile que ça.
08:15Ce n'est pas si facile de donner son argent.
08:18Ce n'est pas si facile de donner son corps.
08:20Ce n'est pas si facile de...
08:23Après, je pense, je ne suis pas ces filles-là
08:28et je n'ai pas envie de parler pour elles.
08:30Ce n'est pas mon rôle.
08:33Moi, je parle juste de mon expérience de fille, ado,
08:37puis maintenant qui est devenue femme, qui voit ça.
08:41Moi, en tout cas, les filles qui m'ont parlé n'ont pas eu...
08:45Je pense qu'effectivement, elles ont eu des affinités avec certains clients
08:49qui étaient fidèles et à qui elles se sont un peu plus confiées
08:54ou qui, eux, se confiaient et qu'il y a une relation qui naît.
08:59Mais de là à avoir un plaisir
09:03comme si vous étiez casé avec votre mec, non, je ne pense pas.
09:07Si on devait faire le process de l'entrée dans le bordel jusqu'à la sortie,
09:13j'imagine que la notion de confidentialité est très importante.
09:18Qu'est-ce qui se passe quand tu rentres ?
09:20Qu'est-ce qui est fait en sorte que ces gens-là
09:24n'aient pas à croiser le rongas d'autres potentiels clients ?
09:27Les rideaux.
09:28Donc, c'est des rideaux.
09:29En tout cas, chez mon père, c'était des rideaux.
09:31Tu as toujours l'impression d'être seule au final quand tu rentres.
09:34Oui, parce que si vous y allez et que vous croisez votre beau-frère,
09:38ça la fout mal quand même.
09:41Mais après, il y a du tout.
09:44Il y a le père qui vient avec son fils de 18 ans.
09:47C'est son cadeau de 18 ans.
09:49Non, mais il y a des phénomènes.
09:53Donc, on rentre, il y a ces rideaux qui nous amènent au bar.
09:57Oui, il y a des rideaux qui amènent au bar.
09:59Puis, s'il y a un autre client, on se dit,
10:01on ferme le rideau et ça crée des petites pièces dans des grandes pièces.
10:05Qui était chargé de tirer ces rideaux ?
10:07La responsable.
10:08La responsable.
10:09Et puis après, il y a tout un jeu.
10:13En fait, je monte et quand la presta est finie,
10:16la responsable va toquer à la porte.
10:18Il y a une douche dans chaque chambre.
10:22Et dans chaque chambre, évidemment, il y a des miroirs.
10:25Donc, au tout début, le premier bar,
10:28c'était que des thèmes couleurs.
10:30La chambre rouge, la chambre bleue, etc.
10:33Après, mon père s'est un peu plus aventuré.
10:35La chambre safari, la chambre moulin rouge,
10:38le lit en lévitation qui montait et qui descendait.
10:43Il y a eu un peu plus d'excentricité.
10:46Il y avait un institut qui était un peu plus basique,
10:51un second où il y avait une piscine.
10:53Donc là, les clients pouvaient prendre l'après-midi.
11:00Oui, ça existe, des gens qui veulent une après-midi
11:03avec une, deux filles.
11:05Ça dépend.
11:07Et qui vient parfois une fois par semaine.
11:09Comment ça se passait quand, par exemple,
11:11il était en sous-effectif ?
11:13Ce qui se passait parfois, c'était que soit
11:16elles n'avaient jamais essayé ça,
11:18soit elles avaient déjà un peu cessé.
11:21Elles rencontraient quelqu'un qui disait,
11:24tu sais, dans tel institut, ça se passe très bien.
11:28Le mec qui gère ça, il gère ça très bien.
11:32T'es bien traité, etc.
11:34Et elles y allaient.
11:36Et c'est là qu'elles découvraient
11:39si ça allait ou pas.
11:42Et je pense que c'était un peu comme ça.
11:45Elles découvraient si ça allait ou pas.
11:50Et généralement, elles restaient très longtemps.
11:52Et du coup, mon père les recevait.
11:57Et elles avaient à s'occuper de rien.
12:01Et alors, c'est là que tout commence.
12:03C'est là qu'elles se tirent parfois dans les pattes.
12:05Parce qu'une qui est là depuis un mois
12:08gagne moins que celle qui vient d'arriver.
12:13Les clients préfèrent les nouvelles aux anciennes.
12:18Parce que si c'est un client habitué
12:21qui vient une fois toutes les semaines,
12:24et qu'il n'y a pas de nouvelles filles, etc.
12:29Les nouvelles, en général,
12:31marquent toujours un peu plus que les anciennes.
12:35Et elles gagnent plus dans un premier temps.
12:38Parfois, comme elles n'ont pas eu
12:42d'autres issues, qu'elles ne voyaient que faire ça.
12:46Parce qu'elles ne trouvaient pas d'autres moyens de s'en sortir.
12:50Je parle de celles qui avaient besoin de finance.
12:56Quand vous avez vraiment faim,
12:59parfois vous avez tendance à...
13:01Elles se font des petits coups.
13:04Pas cool.
13:06Après, attention, ça ne se passe pas toujours comme ça.
13:10Et mon père faisait très attention à ça.
13:13Et aimait bien qu'il y ait de l'ordre.
13:15Et mon père, pour le coup,
13:17si on me dit qu'il y avait quoi comme fille,
13:20on a peut-être toujours tendance à croire
13:22qu'il n'y a qu'un certain type de fille, etc.
13:25Mon père disait qu'il en fallait pour tous les goûts.
13:27Donc il prenait tout le monde.
13:29Enfin, il prenait tout le monde d'un point de vue physique.
13:32Après, si vous voyez,
13:35mon père, dans les secondes bars qu'il a eues,
13:39donc les bars à massage qui étaient ouverts de 10h à 2h du matin,
13:42ne voulait en aucun cas qu'il y ait de la drogue.
13:45Donc s'il voyait qu'une fille prenait quelque chose,
13:52en général, la porte de sortie n'était pas lourde.
13:56En fait, je pense que c'est vraiment comme dans n'importe quel travail,
14:00il y a des affinités qui se font.
14:04Il y a des affinités qui se font.
14:08Après, elles ne vont jamais dire entre elles leur vrai prénom.
14:12Par exemple, si au bordel, tu t'appelles Rosalie
14:18et que dans la vie, tu t'appelles Julie,
14:20au bordel, c'est Rosalie.
14:22Mais elle va se présenter en tant que Rosalie, toujours.
14:26Parce qu'on ne sait jamais.
14:28Il y a dû y avoir des événements
14:31où le mec a manqué de respect,
14:34ou des choses comme ça.
14:36Il ne faut jamais oublier que les prostituées,
14:38avant tout, c'est des grandes psychologues.
14:42On pense que c'est l'homme qui maîtrise,
14:46mais en fait, c'est elles.
14:49Elles arrivent généralement à très bien les remettre en place.
14:56Peut-être qu'il y a des fois où le mec n'a pas été sympa,
15:03mais je n'ai jamais entendu un truc violent.
15:10Il y en a un, une fois,
15:12mon père était là et il a été foutu dehors.
15:15Il y en a un qui est rentré et qui a dit
15:17« C'est laquelle qui baisse son capote ? »
15:19Je crois que mon père était allé le mettre dehors de lui-même.
15:25Et il y en a un qui voulait faire ça avec un ange.
15:29Avec un ange ?
15:30Oui, de Pomperse.
15:32Un ange Pomperse ?
15:34Vous savez, des trucs pour bébés.
15:36D'accord, ok.
15:37Quels sont leurs moyens de communication ?
15:39Je ne sais pas si ça part en live ou durant la prestation.
15:43Au début, il y avait une caméra.
15:45Dans chaque chambre ?
15:46Non, parce que sinon on voit...
15:48Non, il y a une caméra à l'entrée
15:51et la responsable passe dans les couloirs.
15:58Je pense que c'était ça.
16:00Elle passe dans les couloirs et puis,
16:02si on sait que la prestation durait 30 minutes,
16:04au bout de 30 minutes, elle toquait.
16:06Est-ce que pour toi, la maison close,
16:08telle qu'elle est présentée dans ce podcast,
16:10est-ce qu'elle est en décalage total avec la promotion
16:12qu'on veut faire du féminisme ?
16:14Ou est-ce que pour toi, au contraire,
16:15elle est symbole de liberté pour ces femmes
16:17qui veulent s'adonner à vendre leur corps, tout simplement ?
16:22Quel est ton point de vue là-dessus ?
16:24C'est une très, très grande question.
16:27Au-delà d'émettre en premier temps mon point de vue,
16:33c'est une question politique.
16:35En Belgique, mais pas que,
16:38en Allemagne, en Suisse et dans d'autres pays,
16:43c'est aux Pays-Bas, c'est légal,
16:47toléré pour certains.
16:50En France, en l'occurrence, ça ne l'est pas.
16:55En fait, moi, je me pose toujours la question.
16:57Qu'est-ce qui est pire ?
16:59Fermer les yeux, mais savoir que c'est là ?
17:02Ou légaliser ?
17:05Je n'ai pas la réponse.
17:08Mais en revanche,
17:11j'habite dans un quartier à Paris,
17:14peut-être que la boucle est bouclée,
17:16mais où il y a beaucoup de prostituées.
17:18Et c'est un réseau.
17:20Derrière, il y a des prostituées françaises,
17:25voilà, de la vieille, de la vieille,
17:28mais là où je vois le plus souvent,
17:31on a des Bulgares et des femmes asiatiques.
17:37Et les flics passent.
17:40Il ne faut pas avoir fait 20 ans d'études
17:42et il ne faut pas être flic depuis 30 ans
17:44pour savoir que les dames, là, sont sur le trottoir
17:47et qu'elles ne vendent pas des pop-corn.
17:50Pareil pour le bois de boulogne.
17:53Donc, qu'est-ce qui est mieux, en fait ?
17:56Je ne pense pas que la rue, ce soit.
17:58Moi, une fois, vraiment, j'étais devant un fast-food.
18:04J'ai été habillée en jean, etc.
18:06Et je regarde et j'attendais un pote
18:08qui devait sortir du métro.
18:11Et je vois ce trafic.
18:14Les hommes qui vont les voir.
18:17Et là, je vois un homme qui va voir une femme
18:20et il parte.
18:22Et je regarde.
18:24Je me sens proche de ce milieu,
18:27donc je ne me sens pas gênée à regarder ça.
18:31Je connais, je sais comment ça se passe.
18:33Elle lui avait dit combien la presse taille et tout.
18:36Mais il revient.
18:37Je me dis, tiens, il n'a pas dû être content.
18:40Mais il revient trois minutes après.
18:42Il y a eu un truc qui n'a pas dû marcher.
18:45Et il est venu me voir.
18:47Et vous, madame, c'est combien ?
18:50Et là, j'avais l'air trop con.
18:51Je dis, madame, mais moi, en fait,
18:53j'attends mon pote.
18:57Donc, qu'est-ce qui est mieux ?
19:01Moi, pour moi, j'aurais quand même tendance
19:03à dire que les maisons closes,
19:09c'est une meilleure sécurité.
19:12Après, encore faut-il savoir
19:15si la personne qui tient cette maison close
19:18vous met vraiment en sécurité.
19:20Moi, ce qui me gêne dans tout ça,
19:23c'est que moi, je me dis,
19:25encore une fois, je ne suis pas là
19:28pour prendre leur parole.
19:30Mais moi, je me dis que si quelqu'un est consentant,
19:33quel que soit son motif premier
19:36à faire cette profession
19:38et qu'elle le fait...
19:41En son âme et conscience.
19:43En son âme et conscience.
19:45Après, effectivement, il doit sans doute y avoir des...
19:49Et je sais qu'il y en a des dommages collatéraux
19:55sur soi-même.
19:57Mais je pense que ça doit être difficile, après,
20:01la relation parfois avec certaines autres personnes,
20:05tout ça.
20:06Mais si cette personne-là veut faire ça,
20:10quel que soit ses motifs premiers,
20:12pour un temps défini ou pas,
20:16ce n'est pas à nous de dire
20:19c'est bien ou c'est pas bien.
20:21Ce n'est pas à nous.
20:23Moi, je trouve que non,
20:25ce n'est pas à nous de juger ça.
20:27Un réseau de prostitution, ça n'a rien à voir
20:29avec un bordel, justement.
20:31Et c'est peut-être là-dessus qu'au final,
20:34qu'il y a un honneur, justement, à mettre à ces gens
20:36qui offrent ces safe places,
20:39en tout cas pour ces travailleuses et ces travailleurs du sexe,
20:42pour qu'ils puissent exercer leur profession
20:46sans les dérives de ces réseaux-là.
20:49Alors, il y a un peu un problème que j'ai rencontré
20:51ces derniers temps, quand j'ai parlé à certaines personnes, etc.
20:54J'ai souvent entendu parler d'apologie de la prostitution.
20:57Non.
20:58Il faut bien...
21:00Selon moi, ça me semble clair.
21:02Il n'y a pas d'apologie.
21:05Il n'y a pas d'apologie.
21:07Il faut juste être conscient
21:09que des clients, il y en a,
21:11même s'ils ne disent pas.
21:13Et d'ailleurs, ça m'amuserait énormément un jour
21:15de faire un micro-trottoir
21:17et de demander qui va au bordel ou pas.
21:20Je pense que sur 10 personnes,
21:24il n'y en a pas un qui va dire la vérité.
21:26Et celui qui le dit, il a beaucoup de courage.
21:28Donc, l'hypocrisie, déjà, elle naît de là.
21:31Elle naît, je pense, des clients.
21:35Parce qu'on est dans une société
21:37où la sexualité est quelque chose
21:40où, voilà, tu ne tromperas point.
21:44Ça dit bien ce que ça veut dire, quoi.
21:46Et ça reste quand même quelque chose de très tabou
21:49de donner son corps contre aux rémunérations.
21:53Encore une fois,
21:55si les deux parties sont consentantes,
21:57moi, je n'y vois pas le problème.
21:59Je pense que l'hypocrisie naît d'abord du client.
22:02Parce qu'elles, on sait très bien où les trouver.
22:04Elles sont soit dans une maison close,
22:06soit sur la route.
22:07Même si je préfère qu'elles soient
22:09encadrées et dans une maison.
22:11En revanche, quand on en parle et qu'on dit
22:13« Ben voilà, moi, je trouve que les maisons,
22:15c'est beaucoup plus confortable,
22:16c'est beaucoup plus ceci, c'est beaucoup plus cela.
22:18Les cis se sentent bien.
22:20On a tendance à entendre.
22:22Oui, mais on fait l'apologie de la prostitution.
22:26Pas du tout.
22:27On ne demande pas plus de filles
22:31et qui travaillent, d'hommes,
22:33de TDS, on va généraliser.
22:35Moi, je parle plus de filles parce que
22:39dans les maisons close de mon père,
22:41il n'y avait que des filles.
22:42Je remarque qu'on a tendance à parler
22:45de cette apologie de la prostitution
22:48et je ne suis pas tant d'accord.
22:50C'est juste qu'il faut être conscient
22:54que ça existe, même si ça nous dérange,
22:57même si on aimerait ne pas y croire.
23:00Malheureusement ou heureusement, ça existe.
23:03Je dis heureusement ou malheureusement
23:05parce qu'il y a des gens qui trouvent
23:06que c'est malheureux et il y a des gens
23:07qui trouvent que c'est très bien.
23:08Et ça existe depuis la nuit des temps.
23:09Et ça existe depuis la nuit des temps.
23:11C'est le plus vieux métier du monde.
23:12Est-ce que ça sera un métier anéanti plus tard ?
23:15On ne sait pas.
23:16On ne sait pas.
23:17Mais en tout cas, c'est pas près de l'être.
23:18Ça a toujours existé,
23:19donc il serait peut-être temps de se dire
23:21que ça continue.
23:23Il y a certaines personnes qui disent
23:24que comme ça a toujours existé,
23:25c'est peut-être temps de le combattre.
23:27Mais je n'ai pas la réponse à tout ça.
23:29Oui, d'accord.
23:30Ce n'est pas le but.
23:31En même temps, on n'est pas là pour ça.
23:32Nous, on veut juste savoir
23:33comment ça fonctionne.
23:34Et à l'intérieur, c'est un truc
23:37que j'ai remarqué que tu m'as dit,
23:38tu as souvent dit.
23:39Est-ce que tu t'associes ?
23:43Est-ce que tu assumes aujourd'hui ?
23:44C'est le cas parce qu'on dirait que tu es là.
23:46Est-ce que tu assumes cette activité
23:47de ton père ?
23:48Et c'est une question que je te pose là.
23:51Si tu avais eu l'opportunité
23:52de reprendre ces bordels,
23:53est-ce que tu l'aurais fait ?
23:55Inévitablement, non.
23:57Un jour, on me l'a dit.
23:59On m'a dit, pourquoi tu n'as pas repris
24:00ces bordels ?
24:02Déjà, mon père en était hors de question.
24:05Mon père me l'avait dit.
24:07Il ne voulait pas que je...
24:08Parce qu'il ne faut pas croire.
24:10Là, je raconte comme ça, etc.
24:11Mais la prostitution, ça l'a usé.
24:15Ça l'a usé.
24:17Mon père, il a pris 30 ans
24:19dans la tronche en 10 ans.
24:21C'est usant.
24:23C'est usant.
24:25Déjà, au début, parce que c'est la nuit.
24:27Donc, la nuit, vous avez l'alcool,
24:29vous avez la drogue, vous avez tout ça.
24:33C'est stressant.
24:34Ce n'est pas juste,
24:35ah, j'ouvre à 10h et je ferme à 2h.
24:38C'est tous les gens qui vous entourent.
24:40Il y a les flics qui débarquent.
24:42C'est toujours...
24:43C'est des petites choses,
24:44mais c'est des choses stressantes.
24:46C'est des gens qui ne vous veulent pas forcément du bien.
24:50On touche quand même à...
24:53C'est pas à quoi faire du con, quoi.
24:55Si tu devais revivre cette fameuse journée
24:58où tu es dans la Jaguar décapotable
25:00et que ton père te dit,
25:01plus, plus, tu peux ouvrir un bordel.
25:06Si tu avais cette occasion de revenir dans le passé,
25:09un petit peu avec la déliriale, etc.
25:12Qu'est-ce que tu lui dirais ?
25:14Je sais ce que je répondrais.
25:15Je lui dirais,
25:17t'es sûr ?
25:18Parce que ça va te tuer.
25:23Voilà.
25:24Je crois que je lui dirais ça.
25:26Et il m'aurait dit,
25:27ah, j'en ai fait d'autres.
25:29J'ai frôlé la mort plus une fois.
25:32Mais,
25:33il était fatigué.
25:37Il était fatigué.
25:38Ça a été son dernier métier.
25:39D'accord.
25:40Oui, il a voulu refaire de la cascade.
25:41Il voulait refaire un record du monde.
25:43Il voulait faire,
25:44que j'ai failli faire.
25:45Oui.
25:46C'était le mur de feu.
25:48Donc, le mur de feu,
25:49c'est une voie.
25:50Vous avez un tunnel de paille.
25:52On met le feu à la paille
25:54et on roule plus vite que le feu.
25:57Et je lui avais dit,
25:58moi, je veux le faire avec toi.
26:00Et là, il voulait que je devienne cascadeuse.
26:02Mais comme je suis devenue épileptique,
26:04ça ne pouvait pas.
26:07Il voulait que je fasse la femme canon.
26:10Il était parti dans son délire.
26:12Encore une fois,
26:13il était parti dans son délire.
26:14Il avait dit, allez, vas-y, viens.
26:15On va faire des cascades.
26:16Si je peux être ton coach.
26:18Et comme mon père a été bon cascadeur.
26:22Enfin, je veux dire,
26:23c'est vrai que mon père,
26:25quand vous étiez en voiture avec lui,
26:27la voiture, elle tenait la route.
26:29Mais encore une fois,
26:31jusqu'au jour où...
26:33Il a frôlé la mort,
26:34mais des tas de fois,
26:36avec ses cascades.
26:37Parfois, ça passait à ça.
26:39Et là, il voulait refaire ce mur de feu.
26:41Il voulait refaire ce record du monde.
26:44Il voulait se détacher
26:45au fur et à mesure de la prostitution
26:47parce qu'il savait que ça l'épuisait.
26:48Il savait.
26:50Il le savait, il le savait.
26:51Puis pour finir,
26:52il recommençait les cascades.
26:53Mais quelque part,
26:54il recommençait les cascades,
26:55mais ces cascades étaient toujours calculées.
26:57C'était plus que calculé.
26:59Et d'ailleurs,
27:00il s'amusait toujours à dire,
27:02un bon cascadeur,
27:03c'est quelqu'un qui ne prend pas de risques.
27:05Il prend un risque, oui,
27:06mais c'est un risque qui est calculé.
27:07Et résultat,
27:08je crois que ce métier,
27:09il l'a usé,
27:10il l'a tué.
27:12Il l'a tué.
27:14Dans le sens figuré du terme.
27:17J'ai connu un père
27:18qui, à la fin de sa vie,
27:19était,
27:21je crois qu'il était triste.
27:23Triste parce que
27:25quand vous êtes dans votre voiture,
27:27que vous avez un taser,
27:29au cas où vous rentrez chez vous,
27:32il y a une grille,
27:33dès qu'il y a quelque chose
27:34qui bouge dans le jardin,
27:35ça s'allume.
27:37Que non,
27:40je ne pouvais pas inviter
27:41des copines trop à la maison
27:43parce que de peur
27:44qu'on dise où il habite.
27:48On est sur écoute.
27:51Juste parfois comme ça.
27:53Parce que les flics,
27:55parfois, ont besoin d'infos.
27:57Alors lui, ça l'amusait
27:58parce qu'il disait,
27:59là, je crois qu'on est sur écoute.
28:01Bonjour les flics,
28:02comment ça va ?
28:03Il avait de l'humour quand même
28:04dans son genre.
28:05Mais ça l'a fatigué.
28:08Parce que même si lui,
28:09il voyait ça d'une façon,
28:11qu'il voulait vraiment faire ça
28:12de façon très clean.
28:15Ce n'est pas parce que vous,
28:16vous faites ça qu'à côté,
28:17il n'y a pas des gens
28:19qui vous veulent forcément du bien.

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