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00:00C'est vrai qu'il y a moins de femmes dans le paysage des entrepreneurs
00:03et donc forcément c'est plus moi qui ai pris la parole.
00:06Je pense que ça aide des jeunes femmes à se dire
00:08il y a quand même plein d'autres femmes qui l'ont fait avant moi
00:11et pourquoi pas moi en réalité.
00:12Bonjour, je suis Karine Schrenzel.
00:14Je suis entrepreneur, maman de trois enfants et mariée.
00:17J'entreprends justement avec mon mari.
00:19Nous avons créé un groupe de e-commerce
00:21qui regroupe des grandes marques comme Trois Suisses et huit autres sites.
00:25J'ai commencé en école de commerce, j'ai fait le SCP.
00:27J'ai commencé en cabinet de conseil en stratégie chez McKinsey,
00:30ensuite en fonds d'investissement chez Synven qui est un gros fonds anglais.
00:33Et puis à ce moment-là, je me suis dit en fait j'ai envie de faire
00:35ce dont j'ai toujours rêvé à savoir entreprendre.
00:37Quand on est sur une voie assez royale,
00:39l'entourage est plutôt de pourquoi tirer, être lancée dans l'entreprenariat ?
00:43C'est dur, c'est long, c'est compliqué.
00:45Je dis toujours il y a une bonne moitié qui m'a dit
00:47tu es complètement folle et une autre moitié qui m'a dit
00:49tu es très courageuse.
00:50Je pense qu'il faut les deux, la folie et du courage.
00:52Je me suis lancée à 27 ans dans l'entreprenariat.
00:55Le plus dur, je pense, c'est vraiment de tout construire de zéro.
00:58Quand vous dites Karine Schrenzel, je monte une boîte que personne ne connaît
01:01et qu'on appelle, il y a une grande réticence.
01:03Et puis il faut apprendre à se prendre 5, 10, 15, 20 portes
01:06et pour autant continuer.
01:08Pour ma part, le plus dur, ça a été au départ d'avoir des premiers partenaires
01:10qui m'ont suivi.
01:11Et après en général, c'est un cercle vertueux,
01:13mais de la même façon qu'au début, c'est un cercle vicieux.
01:15Mon père était entrepreneur.
01:16Quand j'ai monté ma boîte, je lui ai dit je ne suis plus un premier jour
01:19où j'avais fait 500 euros dans la journée, j'étais très contente.
01:21Il me dit il reste combien en bas ?
01:22C'était aussi même dans l'éducation probablement.
01:24Et puis aussi dans le côté responsable d'un projet commun.
01:27J'ai grandi aux États-Unis.
01:29Ma grand-mère était tchèque et je l'ai toujours vue travailler,
01:32parler cinq langues.
01:33C'était déjà une femme très inspirante.
01:35Et c'est vrai que peut-être ce côté international
01:37et avec des modèles comme ça m'ont permis d'avoir ce goût,
01:40j'ai envie de dire, du risque, ce goût entrepreneurial.
01:43C'était très, très, très ancré en moi.
01:45J'ai lancé le premier site, c'était un site de cosmétiques pour hommes.
01:48Et j'avais donc les cosmétiques sur des étagères au-dessus du bureau
01:51Le bureau, je faisais les colis, j'amenais les colis à la poste.
01:54Je découvrais en même temps tout ce qui était e-marketing, Google Ads,
01:57je faisais mes petites campagnes à la main, mes newsletters.
01:59J'ai vraiment fait tous les métiers du e-commerce pour démarrer.
02:02Ce qui me donne aujourd'hui aussi cette connaissance
02:04et cet amour aussi du e-commerce.
02:06J'adore ce métier, tout va très vite, tout change.
02:08Les grandes étapes de la construction du groupe, elles sont nombreuses.
02:11Il y a déjà le lancement de Main Corner,
02:13le premier site où on apprend vraiment à tout faire.
02:15Et très vite, je me suis dit en fait, la cosmétique pour hommes
02:17est un petit marché qui finalement ne croit pas autant
02:20que ce qu'on attendait.
02:21Et donc, je me suis retrouvée assez capée et assez vite.
02:23Un des grands moments fondateurs, c'est de me dire,
02:25je viens de la finance, je sais racheter des sociétés.
02:28Pourquoi pas racheter d'autres sites de e-commerce
02:30et mutualiser toutes les fonctions support,
02:32donc l'IT, la logistique, le service client.
02:34Et à ce moment-là, on crée ShopInvest.
02:36Je change de business model.
02:37À ce moment-là, je m'associe avec Olivier, mon mari.
02:40Ça, c'est une autre deuxième très, très grosse étape.
02:43Et puis après, il y en a eu d'autres comme notamment le Rachat 3 Suisses,
02:46cette marque magnifique patrimoniale que je connaissais depuis ma naissance,
02:49que j'adorais et qu'on a eu la chance de pouvoir racheter en 2018.
02:53L'aventure avec mon mari, ça a été aussi un tournant.
02:55Évidemment, on y a beaucoup réfléchi.
02:56Au début, on s'est dit, si ça devait ne pas marcher,
02:59un des deux reprendrait sa vie finalement d'avance.
03:01Ça ne marche pas pour tous les couples, mais quand ça marche,
03:03cette confiance et cette connaissance l'un de l'autre est unique
03:06et nous permet vraiment de grandir, de changer, d'évoluer ensemble.
03:10Pour notre part, il y a eu un modèle assez clair dès le départ.
03:13On s'est réparti les rôles, réparti les équipes.
03:15Moi, je gère plus particulièrement toute l'offre produit,
03:18les achats, le e-marketing, la communication,
03:21et Olivier, plus particulièrement, finance, IT et logistique.
03:24C'est vrai qu'on a eu la chance et l'opportunité,
03:27on a rencontré beaucoup de banquiers au départ
03:29et on a quand même eu une banque qui nous a suivis assez tôt.
03:31Donc, il faut aussi se dire, ceux avec lesquels on démarre,
03:33d'ailleurs, c'est de la même façon pour des fournisseurs
03:35qui m'ont suivi au tout début, qui sont encore aujourd'hui mes fournisseurs,
03:38ça devient des vrais partenaires.
03:40Et puis aussi d'écouter, parce que parfois,
03:42peut-être aussi notre business plan n'est pas parfait,
03:44il faut le revoir, il faut le retravailler.
03:45Les noms, j'essaie de les voir toujours comme une façon de pouvoir s'améliorer
03:49et de pouvoir quand même être à l'écoute, se remettre en question
03:52et revenir avec quelque chose d'un peu différent
03:54qui va peut-être là permettre à une banque de nous suivre.
03:56Il y a beaucoup de difficultés dans l'entreprenariat.
03:59On est vraiment un peu pompier dès qu'il y a un problème.
04:02Il y a beaucoup de responsabilités, on mène aussi une équipe.
04:05On a eu plein de difficultés.
04:06Un jour, on a eu tout notre entrepôt qui a été inondé
04:08parce qu'il n'était pas trop loin de la Seine et qu'il y avait eu la montée des eaux.
04:10On a acheté un million d'œufs de stock à la poubelle.
04:13Dans ce temps, on se dit qu'est-ce qu'on va vendre ?
04:15Qu'est-ce qui va se passer ?
04:16Est-ce qu'on va être remboursé par l'assurance ?
04:18Ça, c'est un exemple, mais il y en a eu plein d'autres.
04:20On a parfois, en plus, quand on travaille en couple,
04:23pour peu qu'il y ait un petit souci personnel,
04:25on a le même souci et en même temps, on doit quand même être au bureau.
04:27Il n'y a pas d'arrêt quand on est entrepreneur.
04:29En fait, c'est de toujours réfléchir et de se réinventer dans ce parcours.
04:33Je crois que c'est aussi des sensations décuplées d'être entrepreneur.
04:36La veille, à chaque fois, on se dit, on a tout dealé, tout est bon.
04:38On se dit, est-ce qu'on prend bien la bonne décision juste avant de signer ?
04:41Évidemment et heureusement, il y a des doutes, des doutes au quotidien,
04:44mais aussi une excitation phénoménale de pouvoir racheter, grandir,
04:49reprendre une marque comme Trois Suisses, par exemple.
04:51D'abord, ça a été intéressant parce qu'on avait regardé pour le racheter en 2016
04:55et c'était des concurrents à nous qui avaient été retenus pour le rachat.
04:58En 2018, quand c'est revenu sur le marché,
05:01en tout cas, les prédécesseurs qui avaient racheté nous ont rappelé,
05:04en disant, vous connaissez bien le dossier,
05:05est-ce qu'il n'y aurait pas quelque chose à faire ensemble ?
05:07Finalement, on a racheté.
05:08C'est une émotion particulière parce que c'est une marque particulière qu'on a tous connue,
05:12mais aussi avec une vraie vision, justement,
05:14de comment la remettre dans le cœur des Français,
05:16de ressortir du print parce que c'est une Madeleine de Proust, ce petit catalogue.
05:20Avec toute une vision de ce qu'on voulait en faire,
05:22un trait d'union entre le passé, mais tout en remodernisant la marque.
05:25On a la chance, en plus, de travailler sur une marque patrimoniale française.
05:29Quand on a racheté, c'est vrai qu'on s'est dit, il faut aussi reproduire en France.
05:32Ça faisait des années que c'était uniquement de l'Asie.
05:35Ça a toujours été une marque très audacieuse.
05:36C'est-à-dire que c'était à la fois habiller la femme qui doit se faire plaisir,
05:39mais toujours à prix abordable parce que fabriquer en France aujourd'hui,
05:42c'est facile quand on fait un jean à 400 euros.
05:44Mais de rester sur des prix abordables avec une fabrication française,
05:47c'est un vrai challenge qu'on a décidé de relever et on en est ravis.
05:51C'est vrai que les équipes aussi adhèrent à l'histoire de la marque.
05:53Dès la création même de Shop Invest, on a levé des fonds,
05:56mais on a dit c'est pour racheter des sociétés,
05:58non pas pour combler des pertes opérationnelles.
06:00Donc, c'est vrai qu'on a toujours réfléchi rentabilité.
06:03C'est aussi la liberté et l'indépendance à mon sens.
06:05Mais de façon plus générale, oui, on est toujours à l'écoute d'opportunités,
06:09mais on n'est pas obligé non plus, contrairement à un fonds qui doit investir.
06:12Il faut qu'on croit au projet, qu'on ait envie de le développer au sein du groupe.
06:15Mais oui, on reste ambitieux et toujours à l'écoute des opportunités,
06:19de ce qui se passe dans l'e-commerce.
06:21C'est vrai que d'entreprendre avec mon mari, ça nous a permis d'être toujours deux
06:24et de décider en binôme.
06:26Ça peut être de parler dans des cercles d'entrepreneurs,
06:29mais en tout cas, c'est important de s'entourer,
06:31parce que c'est quand même énormément de décisions au quotidien.
06:34Et je trouve que sinon, on est trop seul, en effet.
06:36Il faut faire quelque chose qu'on aime, parce qu'on ne le voit pas comme un poids.
06:39Moi, je sais que j'adore ce que je fais.
06:41Et ça crée quand même déjà un alignement dans mon quotidien,
06:44de se dire, je vais faire quelque chose qui me plaît,
06:47que je me lève le matin, que je suis contente de faire.
06:49Après, garder du temps pour les enfants, pour soi et pour son mari,
06:52c'est aussi tout un challenge, il ne faut pas se mentir.
06:55C'est vraiment une question d'organisation.
06:57Ce que je veux transmettre à des jeunes qui se posent la question,
07:00c'est de se lancer, parce que la réalité,
07:02c'est qu'il y a toujours une bonne raison de ne pas se lancer,
07:04de ne pas oser, de ne pas être soi-même,
07:06de ne pas faire ce qu'on a vraiment envie de faire.
07:08Le business model, il changera probablement dix fois
07:11entre la première idée et la fin de l'histoire.
07:13Donc moi, j'ai envie de dire, il faut oser.
07:15Pour recruter les futurs collaborateurs,
07:17il faut que les gens aient envie, justement, de participer à ce projet.
07:20La deuxième chose que j'aime, c'est plutôt des gens qui aiment apprendre.
07:23Je pense que c'est finalement ça qui fait qu'un poste reste intéressant
07:26et que les gens restent motivés, c'est de pouvoir tous les jours évoluer.
07:29Je pense que la qualité première de l'entrepreneur,
07:32c'est vraiment l'énergie et la persévérance.
07:35Il y a beaucoup de challenges au quotidien pour l'entreprise.
07:38On est en pleine vague d'IA.
07:39Il faut toujours prendre ces vagues-là, ne pas en avoir peur
07:41et au contraire les épouser dès le début,
07:43parce que de toute façon, on y vient, il vaut mieux l'accompagner
07:45que d'y être forcé.
07:46Il n'y a vraiment pas une solution pour moi, pour le leadership.
07:49D'abord, c'est de faire confiance et d'expliquer le projet
07:52vers lequel on veut aller.
07:53Une fois qu'il est bien expliqué,
07:55c'est de pouvoir adhérer.
07:56C'est déjà de communiquer sa propre énergie,
07:58sa volonté, son envie,
07:59d'apprendre aux autres à avancer, à progresser.
08:02Je dis toujours, l'entreprise grandit
08:04et on grandit avec le projet en lui-même.
08:06Et là-dedans, il y a encore l'entrepreneuriat
08:08et l'entrepreneur qui est le leadership,
08:09mais avec en plus une dose de risque
08:11qui vient rajouter un ingrédient supplémentaire.

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