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00:00Bonjour ! Dans cette vidéo, nous allons découvrir que les documentaires peuvent
00:09comporter une grande part de création. Quand on réalise un documentaire, on crée des images
00:14avec les outils et les moyens du cinéma. Une caméra, des micros, des logiciels de montage et
00:19de mixage. Les images du réel ne sont pas le réel, elles en sont une interprétation. Tout comme
00:25un peintre ne cherche pas à faire la copie exacte de son modèle, le réalisateur imprime son style
00:30à ce qu'il filme. Filmer comporte une dimension artistique, un sens de l'esthétique. Regardons
00:36un extrait. Quels sont les choix de réalisation du documentariste ? Sont-ils originaux ? Inventifs ?
00:42Observez bien ce qui va suivre. Ce documentaire prend place dans un lycée où des élèves travaillent
00:48sur le roman de Madame de Lafayette, La princesse de Clèves. Rêtez particulièrement attention à la
00:53façon dont se répondent l'image et le son.
01:06Vous avez demandé la première chose, c'était de me retrouver la structure du texte. Est-ce que vous
01:11avez trouvé une structure pour ce texte, Albert ? Et moi je voulais vous faire voir que par cette
01:18construction concentrique, elle est enfermée. Elle est enfermée là-dedans. Elle est enfermée et
01:24elle est donc destinée à quoi forcément ? Étant si belle, étant si riche, étant si noble. Oui,
01:32elle est destinée à se marier. La magnificence et la granterie n'ont jamais paru en France
01:42avec tant d'éclats que dans les dernières années du règne d'Henri II.
01:48Et dès qu'elle va épouser son mari, on saura déjà qu'elle n'aime pas. Donc elle va forcément
01:52être malheureuse. Donc il y a un côté tragique dans cette construction, avec au centre cette
01:59obligation d'aimer son mari qui ne va pas être satisfaite.
02:06Jamais court n'a eu tant de belles personnes et d'hommes admirablement bienfaits. Et il semblait
02:11que la nature eut pris plaisir à placer ce qu'elle donne de plus beau dans les plus grandes
02:16princesses et dans les plus grands princes. Ensuite la cour c'est un cadre, un cadre pour
02:22l'action. Et ce cadre, c'est un cadre dangereux parce qu'on est dans une cour qui est dominée
02:29par la galanterie, c'est-à-dire par les histoires d'amour. Et quel est le personnage qui donne le
02:36ton ? Le Duc de Nemours, mais avant même le Duc de Nemours. Henri II, le roi lui-même qui a une
02:43femme et une maîtresse et qui ne s'en cache pas. Donc c'est le royaume de la galanterie, première
02:47chose à retenir, c'est une cour qui est dominée par les histoires d'amour. Ensuite c'est une cour
02:52qui est aussi dominée par la dissimulation parce qu'on ne peut pas, on est obligé de cacher à la
02:57fois ses sentiments mais aussi ses ambitions. Et troisième chose, c'est le lieu des intrigues,
03:02en particulier des intrigues politiques.
03:13L'action est une beauté parfaite, puisqu'elle donna de l'admiration dans un lieu où l'on était si
03:18accoutumé à voir de belles personnes.
03:24Décrivons ce que nous avons vu et entendu. Le lieu, l'action prend place dans un lycée avec ses espaces
03:32communs et une salle de classe. Les personnages, des élèves sont filmés en groupe, d'autres sont
03:38montrés face caméra devant un tableau. Et il y a aussi une professeure de français. Le son, on
03:45entend le brouhaha des élèves, la voix de la professeure qui fait cours, des extraits de la
03:49princesse de clèves lus par des élèves. Et il y a aussi de la musique baroque.
03:55Observons le montage de ces différents éléments. Il y a des décalages entre ce qu'on voit et ce
04:03qu'on entend. Par exemple, on entend la professeure décrire la cour du roi alors qu'on voit
04:08des élèves s'observer les uns les autres dans un grand préau. Le réalisateur s'amuse avec nous,
04:13il nous pousse à réfléchir à ce décalage. Notre esprit n'aime pas ce qui n'a pas de sens, il va
04:20toujours tenter de créer un lien logique entre ce qu'il voit et ce qu'il entend. Le lycée est filmé
04:26comme s'il s'agissait d'une cour et les élèves peuvent être vus comme des courtisanes ou des
04:30courtisans. C'est peut-être ça le propos du film. Grâce à ce montage inventif, le réalisateur nous
04:37invite à regarder la réalité à travers ce que raconte la princesse de Clèves.
04:43Dès qu'elle va épouser son mari, on saura déjà qu'elle n'aime pas. Elle va forcément être malheureuse.
04:48Il y a un côté tragique dans cette construction, avec au centre cette obligation d'aimer son mari
04:55qui ne va pas être satisfaite. Jamais court n'a eu tant de belles personnes et d'hommes
05:03admirablement bien faits. Et il semblait que la nature eut pris plaisir à placer ce qu'elle
05:08donne de plus beau dans les plus grandes princesses et dans les plus grands princes.
05:12Contrairement à ce qu'on pourrait penser, les documentaires peuvent être très créatifs. On
05:20parle d'ailleurs de documentaires de création. Quand vous réaliserez vos documentaires, rappelez-vous
05:26de ce que disait la réalisatrice Agnès Varda. Il faut avoir les yeux curieux pour inventer de
05:31nouvelles façons de raconter le réel.