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00:0018h19 sur CNews et Europe 1, Punchline, Laurence Ferrari.
00:2018h21 de retour dans Punchline sur CNews et sur Europe 1.
00:23J'aimerais qu'on parle quand même de cette colère des agriculteurs.
00:26Il y a eu beaucoup de mobilisation aujourd'hui,
00:28il y a eu une centaine de permanences de parlementaires qui ont été dégradées,
00:31ce que condamne d'ailleurs Yael Brunepivelle, présidente de l'Assemblée Nationale.
00:34Et puis il y a eu des images qu'on n'aime pas voir,
00:37c'est-à-dire des agriculteurs qui sont face à des forces de l'ordre.
00:41Il y a eu des tensions qui ont éclaté,
00:43comme nous l'expliquent Mahem Valami, Nathan Temim et Jean-Luc Thomas.
00:49A l'intérieur d'un camion frigorifique fouillé par les agriculteurs,
00:52de la viande espagnole.
00:55La police tente de les faire descendre, mais très vite le ton monte.
01:03Manifestants et forces de l'ordre se font face,
01:06des bousculades éclatent.
01:11Une réponse incompréhensible pour Karine Duc,
01:13coprésidente de la coordination rurale du Lot-et-Garonne.
01:16On a été accueillis de la pire des façons,
01:19on a été parqués, on a été matraqués,
01:22on n'a pas pu contrôler tous les camions que l'on souhaitait.
01:26L'action se poursuit dans un supermarché.
01:29Face aux produits à l'origine non précisée,
01:31les agriculteurs laissent à nouveau éclater leur colère.
01:34Il n'y a même pas eu de traçabilité, il n'y a que dalle.
01:37Vous pouvez regarder tout le chariot, c'est soit UE, soit sans origine.
01:41Mais l'obligation de l'origine sur la viande, c'est une obligation nationale.
01:45Tomates, viande, des dizaines de barquettes sont retirées des rayons.
01:50Le gérant du magasin tente de s'expliquer.
01:53L'engagement de l'ensemble, il y est.
01:56Vous avez vu par exemple le bœuf, et vous ne me l'avez pas vidé,
02:00on est sûr du bœuf français.
02:02Ce n'est pas parce que vous avez...
02:04On n'a pas eu de référence, des axes d'amélioration, on peut en avoir,
02:07c'est évident, mais en tout cas, l'engagement, il y est.
02:10Les agriculteurs laissent finalement les produits au niveau des caisses
02:13avant de quitter la grande surface.
02:15D'autres actions sont à prévoir dans les jours à venir.
02:19Voilà, Jean-Christophe Covey,
02:21oui, les forces de l'ordre font leur métier,
02:23mais là, ce sont des agriculteurs en face.
02:25Moi, je vais être clair, je suis d'une famille d'agriculteurs aussi.
02:28Je pense que tous autour, on a des grands-parents, etc.,
02:31qui ont été dans l'agriculture.
02:33On est policiers, on doit aussi respecter les lois,
02:35et on doit respecter les uns les autres, en fait.
02:38Et en fait, au nom de...
02:40On n'est plus dans le cadre de la loi,
02:42ça veut dire que des agriculteurs vont aller fouiller tous les camions
02:46qui vont passer, déverser la marchandise,
02:48aller dans des supermarchés pour tout vider, etc.
02:53Il y a des choses qu'on ne peut pas non plus trop laisser faire.
02:55Il faut encadrer.
02:56C'est-à-dire, oui, ils ont une colère, c'est normal.
02:58Encore une fois, les policiers ne sont pas les ennemis des agriculteurs.
03:00Je pense qu'on l'a démontré dans les derniers mois.
03:02On a tous le même but, c'est de vivre heureux
03:04et d'être ensemble, justement, en coexistence.
03:08Mais il faut aussi, à un moment donné, avoir une ligne claire.
03:12Et ça, c'est un problème.
03:14En même temps, s'ils en sont là, c'est aussi qu'il y a une raison.
03:17Et ce n'est pas la police qui en est la raison.
03:19Donc il faut aussi qu'on se parle.
03:21Mais ce que je veux dire, c'est que la vraie raison,
03:23c'est aussi les politiques qui, à un moment donné, ont laissé faire,
03:25ont donné des bonnes paroles.
03:26Et c'est normal qu'il y ait aussi cette colère.
03:28Mais une colère doit s'exprimer, mais attention.
03:30Encore une fois, dans les règles de la loi,
03:32et ne pas déborder des lignes rouges.
03:34Moi, ce sont des images qui me font de la peine.
03:35Ça me fait penser, vous savez, à l'époque des gilets jaunes,
03:37quand on voyait des policiers et des gilets jaunes
03:39qui gagnaient à peu près la même chose,
03:40qui avaient à peu près les mêmes problèmes,
03:42qui avaient à peu près la même manque de considération
03:44de la part du politique, qui s'affrontaient,
03:46parce que c'est ce qui s'est passé,
03:47parce que le politique ne savait pas répondre à cette colère.
03:49J'ai l'impression d'en revivre la même chose.
03:51Comment dire ?
03:52Ça, c'est la première chose que ça m'inspire.
03:54Et j'aimerais bien que ça n'existe pas.
03:56Et en même temps, comment ne pas le renvouloir ?
03:58Jean-Christophe a raison de dire que les vrais responsables de tout ça
04:00sont les politiques.
04:01Là, par exemple, en ce moment,
04:02Herschel Havonderleyen, qui est allé signer le Mercosur,
04:05alors que c'était quand même leur revendication première
04:08au moment où ils sont descendus, il y a un an,
04:10sur les ronds-points et sur les routes.
04:12L'objet de leur colère devrait être à ce niveau-là.
04:15Et vis-à-vis de tous ceux qui ont fermé les yeux
04:17ou qui ont fait semblant de ne pas savoir qu'elles le feraient,
04:19parce qu'en vérité, c'était prévisible.
04:21Et la deuxième chose que ça m'inspire,
04:23c'est, vous savez, on parlait en tout début,
04:24de première heure de l'émission,
04:25avant d'arriver sur Europe 1,
04:27de ce régime politique finissant, agonisant, etc.
04:30La quatrième République dont on parlait
04:32a été balayée par la guerre d'Algérie.
04:34Je ne sais pas quelle sera la raison
04:36qui fera vaciller notre régime actuel,
04:38mais les agriculteurs pourraient, par exemple,
04:39être ce détonateur, parce que, pour le coup,
04:41ce n'est pas une petite colère catégorielle et ponctuelle,
04:45c'est vraiment quelque chose de très profond
04:47qui nous remet en question largement.
04:49Qui vient des profondeurs du pays.
04:50Thomas Brunet, il y a la question du Mercosur aussi,
04:52qui les inquiète énormément.
04:53La France a beau dire qu'elle va s'opposer
04:55à la ratification du Mercosur,
04:56en l'instant, on n'a pas rallié assez le pays
04:58pour s'opposer à la ratification.
05:01Non, c'est l'illustration d'une perte de souveraineté
05:03de la France sur ces questions-là.
05:04On a mis notre destin entre les mains
05:06de la Commission européenne,
05:07et elle est en mesure de ratifier
05:08des traités de libre-échange,
05:09malgré l'opposition de la France.
05:11Ce qui est intéressant aussi dans ces images,
05:13c'est que vous voyez, ils visent l'origine
05:15des produits qui ne sont pas que d'Amérique du Sud,
05:18qui sont aussi de l'Europe.
05:19Et c'est un sujet qu'on évoque assez peu,
05:20mais la concurrence, elle est aussi,
05:22et peut-être même surtout,
05:23au sein de l'Union européenne.
05:25Et la question, c'est évidemment
05:26les marges de la grande distribution,
05:28les centrales d'achat,
05:29c'est là aussi qu'il faut interroger.
05:31Une loi avait été prévue,
05:32la loi Egalim.
05:33On voit que ça n'a pas du tout réglé.
05:35Elle a été votée.
05:36Il devait y avoir un deuxième volet,
05:38qui lui n'a pas prévu.
05:39L'entrée de l'Ukraine dans le Nord.
05:40Et l'entrée de l'Ukraine,
05:41et le fait que les produits,
05:42déjà ukrainiens,
05:43arrivent sur le marché français.
05:44Plus le fait qu'ils ont délocalisé
05:45à l'intérieur de l'Europe
05:46les centrales d'achat.
05:47Donc la loi Egalim a été contournée.
05:50Il faut rappeler quand même,
05:51le Mercosur s'est négocié depuis 1999.
05:54Ça nous a pas échappé.
05:55Par ailleurs, il y a un an,
05:58la revendication, c'était déjà le Mercosur.
06:00Donc pour réveiller trois semaines
06:02avant la signature du traité,
06:04en disant on est contre,
06:05ça paraît incroyablement hypocrite.
06:07De même qu'expliquer que c'est
06:08de la faute de la motion de censure.
06:10C'est intéressant,
06:111999, c'est l'année où Michel Barnier
06:14est commissaire européen
06:15pour la première fois.
06:16Il le sera plusieurs fois ensuite.
06:18Il sera même ministre de l'Agriculture.
06:19Donc s'il avait voulu s'y opposer,
06:21il aurait pu le faire.
06:22Est-ce que je peux vous faire rêver ?
06:23Je vous amène du rêve de Suisse.
06:25C'est que la Suisse a signé
06:27les accords du Mercosur.
06:28Et qui a signé ?
06:29C'est un conseiller fédéral
06:30paysan au Vigneron.
06:31Et maintenant,
06:32le premier parti du pays,
06:33qui est une partie de droite dure,
06:35dirigé par un paysan aussi,
06:37a engagé des négociations
06:40pour un accord de libre-échange
06:41avec les États-Unis.
06:42Et pourquoi ?
06:43Tout ça dans le meilleur des mondes.
06:45En Suisse, effectivement,
06:46les paysans ne râlent pas
06:47parce qu'on leur donne
06:48beaucoup de sous et du pouvoir.
06:49C'est exactement comme les syndicats.
06:50Ils font partie.
06:51Je viens de dire qu'on a
06:52un conseiller fédéral vice-président
06:54de la Confédération qui est paysan.
06:57Le premier parti du pays
06:59est tenu par des paysans.
07:01Mais la Suisse a négocié directement
07:04avec le Mercosur.
07:05Oui, mais ça ne change rien.
07:06Ah non, mais si, ça change.
07:08Le Mercosur,
07:09ce n'est pas le centre du problème.
07:11Le centre du problème,
07:12c'est le traitement.
07:13Effectivement,
07:14nous, on a des paiements directs
07:16pour les paysans.
07:17On a aussi des investissements énormes.
07:19Si vous construisez une serre
07:20de 10 millions,
07:215 millions sont pris en charge
07:22par la Confédération.
07:23Et ça calme tout de suite
07:24tout le monde.
07:25Je peux vous dire.
07:26Comme pour les syndicats,
07:27les syndicats en Suisse
07:28sont associés au pouvoir.
07:29Ça donne une responsabilité.
07:30Encore une fois,
07:31l'année passée,
07:32il y a des paysans
07:33qui ont commencé à manifester,
07:35à râler.
07:36Et le parti du pays,
07:37parce qu'ils sont dirigés
07:38par des paysans,
07:39on dit maintenant stop,
07:40vous arrêtez,
07:41parce qu'on vous donne déjà
07:42assez de subventions, etc.
07:43Donc, on se calme.
07:44Donc, la participation au pouvoir
07:45est la deuxième clé
07:46avec l'argent et avec les intérêts.
07:47Et je rappelle, Laëtitia,
07:48que la Suisse,
07:49il y a 42 ans,
07:50travaille par semaine,
07:51retraite à 65 ans,
07:524 semaines de congés.
07:54Et que quand on leur a demandé
07:55de voter pour passer de 4
07:56à 6 semaines de congés,
07:57nos amis suisses,
07:58on votait non.
07:59Elles bichonnent des paysans
08:00qui sont extrêmement logisés.
08:01C'est ce que vous voulez que je dise.
08:02Vous voulez plus travailler,
08:03vous voulez avoir moins de...
08:04C'est déjanté.
08:05Je voudrais juste rebondir
08:06sur ce qu'il vient de dire,
08:08justement, Laëtitia.
08:09Le problème,
08:10c'est qu'on a déjà
08:11un marché européen
08:12qui amène une concurrence déloyale
08:15envers nos paysans.
08:17Déjà ça.
08:18Il y a une transposition des normes.
08:20Est-ce que vous imaginez
08:21ce qui est injuste ?
08:22Je pense que les écolos
08:23sont passés par là.
08:24Donc, on va être plus royalistes
08:25que le roi,
08:26même au sein de l'Europe.
08:27Donc, même ce marché européen,
08:29il est injuste envers nos paysans.
08:32Et quand vous voyez
08:33tous ces produits
08:35qui viennent de notre pays
08:36à qui on n'applique pas,
08:38justement, les...
08:40Comment dirais-je ?
08:41Les normes phytosanitaires,
08:43c'est injuste.
08:44C'est pas possible.
08:45Comment un pays peut laisser
08:47aussi son paysan dans cette escroix ?
08:48On n'accepte pas n'importe quelle viande,
08:49n'importe quel produit.
08:52Il y a des normes qui sont respectées.
08:54Prenez, par exemple,
08:55la volaille qui vient d'Ukraine.
08:57Mais même eux le disent.
08:59Même eux le disent,
09:00nos paysans le disent.
09:01Pour ce qui est du mercosur,
09:02il y a des normes.
09:04Ce qu'ils disent,
09:05c'est qu'on n'arrive pas
09:06à tout contrôler
09:07et que vous avez énormément
09:08de produits qui rentrent
09:09alors qu'on n'applique pas les normes.
09:11Et puis, ensuite,
09:12c'est la surtransposition.
09:13C'est ce qu'ils disent.
09:14À partir du moment
09:15où ici, en France,
09:16on dit
09:17qu'il faut en faire encore plus,
09:19du coup, vous créez
09:20une concurrence déloyale.
09:21Très bien.
09:23On a fait l'Europe du fric
09:25et de l'économie
09:26avant de faire l'Europe des hommes.
09:27Et on voit aujourd'hui
09:28cette problématique,
09:29justement,
09:30c'est-à-dire que
09:31je discute souvent
09:32avec des paysans
09:33qui me disent, par exemple,
09:34en ce moment,
09:35il y a eu beaucoup d'eau
09:36qui est tombée.
09:37On ne peut même pas récupérer
09:38de l'eau pour la mettre
09:39dans les méga-bassines.
09:40Excusez-moi,
09:41je dis un gros mot.
09:42Ils en auraient besoin
09:43alors qu'en fait,
09:44ça déborde de partout.
09:45En Vendée, par exemple,
09:46il y a des marécages
09:47qui sont pleins
09:49Il y a un arrêté,
09:50il faut s'y tenir.
09:51Donc, en fait,
09:52on est bouffé par les normes.
09:53On est trop cadré,
09:54effectivement,
09:55par rapport à d'autres pays
09:56qui ont un peu plus de liberté
09:57et qui savent gérer.
09:58Et je vois la Suisse,
09:59effectivement,
10:00ils ont cette autonomie
10:01entre eux
10:02de pouvoir changer
10:03les choses très rapidement.
10:04C'est de la tactique, en fait.
10:05Et nous, on ne peut pas
10:06parce qu'à chaque fois,
10:07on est très normé.
10:08Encore une fois,
10:09on est gigantesque.
10:10Mais on ne pourra jamais être
10:11un État fédéral
10:12comme les États-Unis,
10:13comme certains veulent nous emmener.
10:14Ce n'est pas possible.