Chères lectrices, chers lecteurs,
Enregistrée le mercredi 4 décembre 2024, voici la captation de la rencontre de l'écrivaine Gaël Tchakaloff et de la torero Léa Vicens autour de La Vie à Mort, ouvrage de la première sur la vie et le destin de la seconde. Paru aux éditions Flammarion / Versilio.
Cette rencontre est animée par Marie-Madeleine Rigopoulos.
Vous souhaitant de belles lectures,
L'écume
La Quatrième :
« Lorsque les nuages assombrissent le ciel andalou, les taureaux de combat se bagarrent souvent au pré, allant parfois jusqu'à y laisser la vie. On dit alors qu'ils "ruminent le temps".
J'ai rencontré Léa Vicens sous un cumulonimbus. Une lutte sourde s'est engagée mais l'affrontement ne nous dirige pas l'une contre l'autre. C'est une bataille intérieure, sournoise, une guerre froide née de l'un de ces paradoxes de l'âme. Je soutiens difficilement la vision d'une corrida, j'aime Léa. Ce livre est une tentative de comprendre et d'embrasser son monde car il est impossible d'assouvir sa passion pour un gangster sans braquer une banque avec lui. »
Durant un an, Gaël Tchakaloff a suivi la torero vedette Léa Vicens, accompagnant les aventures quotidiennes de cette femme hors norme. De sa finca perdue au fin fond de l'Espagne, où elle vit entourée d'animaux, aux arènes dans lesquelles elle règne à cheval, la nature et le silence côtoient les vertiges d'un univers clair-obscur, très éloigné des représentations que l'on en a.
Enregistrée le mercredi 4 décembre 2024, voici la captation de la rencontre de l'écrivaine Gaël Tchakaloff et de la torero Léa Vicens autour de La Vie à Mort, ouvrage de la première sur la vie et le destin de la seconde. Paru aux éditions Flammarion / Versilio.
Cette rencontre est animée par Marie-Madeleine Rigopoulos.
Vous souhaitant de belles lectures,
L'écume
La Quatrième :
« Lorsque les nuages assombrissent le ciel andalou, les taureaux de combat se bagarrent souvent au pré, allant parfois jusqu'à y laisser la vie. On dit alors qu'ils "ruminent le temps".
J'ai rencontré Léa Vicens sous un cumulonimbus. Une lutte sourde s'est engagée mais l'affrontement ne nous dirige pas l'une contre l'autre. C'est une bataille intérieure, sournoise, une guerre froide née de l'un de ces paradoxes de l'âme. Je soutiens difficilement la vision d'une corrida, j'aime Léa. Ce livre est une tentative de comprendre et d'embrasser son monde car il est impossible d'assouvir sa passion pour un gangster sans braquer une banque avec lui. »
Durant un an, Gaël Tchakaloff a suivi la torero vedette Léa Vicens, accompagnant les aventures quotidiennes de cette femme hors norme. De sa finca perdue au fin fond de l'Espagne, où elle vit entourée d'animaux, aux arènes dans lesquelles elle règne à cheval, la nature et le silence côtoient les vertiges d'un univers clair-obscur, très éloigné des représentations que l'on en a.
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00:00C'est un plaisir d'accueillir Léa Wyssens et Gaëlle Chackaloff pour parler du livre
00:15de Gaëlle, La vie à mort, publié aux éditions Flammarion.
00:18C'est l'histoire avant tout d'une rencontre, ce livre me semble-t-il.
00:22D'abord d'une rencontre, Gaëlle, que vous avez faite, j'allais dire presque toute seule
00:28dans le sens où vous avez découvert Léa Wyssens à travers un entretien que vous avez
00:33lu dans un journal, me semble-t-il, le New York Times, pour ne pas le citer, où déjà
00:37vous avez été très très impressionnée et puis s'est passé quelque chose de presque
00:41j'allais dire mystique, assez incroyable, c'est que cette personne qui vous impressionne
00:44dans un journal, un beau jour, je tombe sur elle, vous tombez sur elle, alors commençons
00:50par le commencement déjà, parlez-moi de cette rencontre, qu'est-ce qui s'est passé,
00:54d'abord quand vous lisez cet article, que se passe-t-il, vous qui n'étiez pas tellement
01:00prédisposée à vous intéresser à l'univers de Léa ? Je ne connaissais pas du tout l'univers
01:05de la Corrida, je n'avais pas d'appréhension, je n'étais pas du tout anti-Corrida, mais j'avais
01:13en tête les mièvreries d'une détraquée citadine, mais j'étais quand même happée par la symbolique
01:22et l'artistique de la Corrida et son esthétisme, parce que j'avais lu Hemingway, Montherland,
01:27et donc la Corrida pour moi c'était la littérature, c'était la sculpture, c'était la peinture,
01:32voilà, et j'ai lu cet article, je me suis dit tiens, ils sont quand même courageux les Américains
01:38de parler d'une Torero dans leur journaux parce que c'est quand même pas tout à fait à la mode
01:44aux Etats-Unis, et j'ai été happée par son regard qui était en première de couverture et ensuite
01:50j'ai lu et je me suis dit cette fille est étincelante de singularité et d'intelligence,
01:56je ne vais pas faire trop de compliments parce qu'elle est là, en général j'ai un discours tout
01:59fait, mais pour une fois elle est là, donc je ne peux pas faire trop de compliments, et une semaine
02:04après par hasard je suis tombée sur elle au hasard d'un café, va-t-on dire, et je l'ai abordée,
02:12nous avons discuté, j'ai été bluffée encore plus que je l'avais été par l'article car j'ai compris
02:20que j'avais affaire à un modèle de femme libre qui va à l'encontre de pas mal de choses,
02:28non pas par rébellion mais par rafranchissement presque dans l'ADN, voilà, donc nous avons
02:36discuté pendant trois heures, j'ai obtenu son numéro de téléphone au hasard du rendez-vous,
02:46va-t-on dire, et ensuite pendant deux ans je lui ai envoyé des messages pour lui demander de la
02:53suivre car j'avais en tête effectivement d'écrire un roman vrai sur la vie de cette icône qui ne
03:05correspond à rien de ce que l'on peut croiser dans la société, dans le monde contemporain, et voilà,
03:11et au bout de deux ans quand elle m'a dit non je suis allée chez elle, tout naturellement,
03:15je vous parlais de harcèlement, alors on a quelque chose de pas banal aujourd'hui c'est
03:19qu'on a à la fois l'autrice et le personnage de ce qui pourrait presque être un roman même si
03:25tout est vrai, on a le personnage du livre, c'est extrêmement rare mais ça sera très intéressant
03:30justement de confronter un petit peu l'expérience, je m'amuse en disant harcèlement mais comme on n'en
03:35est pas très loin, on va savoir un petit peu ce qui s'est passé aussi de l'autre côté de la
03:39porte de la Finca parce que vous vous arrivez chez Léa, vous forcez la porte d'une certaine
03:46manière par votre présence, on finit par vous laisser rentrer, et vous m'avez dit un jour que
03:52quand vous êtes arrivée jusqu'à elle, il n'y a pas eu de commentaires ou de remarques, c'est un peu
03:58comme si vous étiez attendue pour... Non j'étais pas du tout attendue mais Léa n'est pas, est un être
04:04comme vous allez peut-être le voir, qui est économe de mots, donc elle ne s'éparpille pas en
04:09commentaire et il se trouve que quand je suis arrivée, elle était avec ses chevaux, elle était
04:13en train de ferrer un cheval et puis ensuite de soigner un autre cheval et elle m'a juste montré
04:19l'endroit où je pouvais poser mes affaires et je suis restée cinq jours au terme desquels elle
04:23m'a annoncé qu'elle acceptait que je la suive. Alors là il va falloir parler Léa, parce que moi je
04:28voudrais savoir ce qui se passe dans votre tête quand vous voyez arriver cette tornade qui vous
04:32court après depuis deux ans et qui tout d'un coup débarque chez vous, à quoi vous pensez à ce
04:37moment-là ? Alors, bonsoir, c'est-à-dire qu'elle est plutôt sympathique et bienveillante je pense,
04:46et le fait d'avoir quelqu'un que l'on retrouve parce qu'on s'était rencontré à Paris, qui par
04:54hasard débarque comme une extraterrestre chez vous, finalement ça m'a fait plaisir, ça m'a pas
05:01choquée et puis on est quand même bien élevés, donc on accueille des gens même s'ils ouvrent les
05:05portails fermés, on les accueille quand même les bras ouverts surtout quand ils sont bien élevés,
05:12donc merci d'avoir fait le forcing pour arriver à la mienne. Voilà, tout le livre a été comme ça
05:19parce que ce livre est en réalité un exercice de tolérance. Moi je me suis évanouie à la
05:24première corrida qui n'était pas une corrida dans laquelle Léa officiait, mais juste avant de
05:29la voir à cheval, je suis allée voir un autre toré où je me suis évanouie, je lui ai dit que je
05:33m'étais évanouie et elle m'a quand même laissé la suivre, donc dans les deux sens en fait elle
05:41m'a appris à connaître et à aimer ce monde et à m'interroger sur ce monde qui laisse entrer en
05:50son sein, je sais que c'est un monde particulier, la planète des taureaux c'est un monde qui n'a
05:55rien à voir avec le nôtre, qui est mystérieux et qui est d'une grande spiritualité y compris pour
06:00les gens qui sont athées et qui vivent dans ce monde. Donc c'était, vous voyez elle dit merci
06:07alors que j'avais forcé sa porte, tout a été comme ça pendant 18 mois. Elle était d'une
06:15bienveillance, d'une attention incroyable, y compris quand elle était en train de toréer et qu'elle
06:19voyait que je tournais de l'œil, mais je faisais semblant de ne pas tourner de l'œil, j'étais au bord
06:23du cahiron qui est la contre-piste, je me tenais et quand je voyais que je me sentais mal, je faisais
06:28semblant d'écrire sur mon carnet et quelqu'un qui travaillait avec elle venait me voir en me disant,
06:32elle était à cheval face aux taureaux, venait me voir en me disant Léa pense que tu ne te sens pas
06:36bien, est-ce que ça va ? Donc c'est pour vous rendre compte, elle est en train de toréer devant 30 000
06:40personnes, 25 000 personnes et elle voit en même temps que je suis plus ou moins émue par la scène
06:47qui se déroule sous mes yeux. Je vous rassure maintenant je suis accro à la corrida, je préfère le
06:50dire. Avant d'arriver jusque dans l'arène, il y a un premier constat que vous faites, que vous racontez
06:57dans ce livre, c'est le rapport de Léa avec les animaux en général, parce que être taureau, ce que
07:03je comprends moi en lisant le livre de Gaël, c'est que ça ne consiste pas simplement à un rapport
07:08avec le taureau et avec le cheval, mais avec un rapport, en tout cas c'est peut-être votre
07:12particularité, peut-être celle de tous les taureaux, vous nous direz, un rapport plus large et
07:18presque transcendantale avec le règne animal. Est-ce que vous vous rendez compte de ça en y allant ?
07:25Et vous Léa, est-ce que vous avez le sentiment de vivre à la fois avec nous, on le voit très bien,
07:31vous êtes tout à fait en communion avec le monde moderne, urbain etc, mais en même temps
07:38il y a, me semble-t-il, une autre vie, presque dans ce qui pourrait être un monde parallèle pour
07:45un citadin ?
07:48Alors, moi mon sentiment, est-ce que je peux parler ?
07:52Excusez-moi mais je ne me sens plus libre sans micro.
07:55J'ai l'impression que le monde parallèle c'est celui-ci, et que le vrai monde c'est le mien.
08:00C'est le monde pur, transparent, des choses vraies qui n'existent plus vraiment aujourd'hui,
08:08et ce qui m'a charmée dans la rencontre avec Gaël, c'est justement la prise de risque,
08:13la prise de risque de réaliser un écrit sur un thème compliqué, un thème polémique,
08:18un thème interdit, et donc voilà, c'est mon quotidien de prendre des risques,
08:24non seulement dans l'arène, mais aussi par des décisions, à la campagne,
08:28dans mon métier quotidien, donc voilà, c'est un petit parallélisme qui fait que je pense
08:34que je n'ai pas été déçue du résultat, puisqu'elle a pris le risque d'écrire ce livre,
08:39et finalement le résultat, je pense, est assez réussi, très réussi.
08:43Mais pour rebondir sur ce que vous venez de dire,
08:46ça serait bien que vous avanciez, parce qu'il y a beaucoup de places de livres,
08:50je vois notamment Simon Cazas qui est au fond, ça serait bien qu'il vienne un peu devant,
08:53mais les autres...
08:54Vous devriez l'écouter, parce que si elle a archi pendant deux ans de la Vicennes,
08:56elle ne vous lâchera pas, donc venez !
09:00Je pense que le fondement du livre, c'est l'ambivalence.
09:04Les plus grands héros romanesques, y compris et d'abord fictionnels,
09:09sont des héros de l'ambivalence et du mystère, c'est-à-dire que,
09:13pour citer au hasard des auteurs de littérature classique comme Stendhal ou Flaubert,
09:19leurs héros, on le sait, ils ne sont jamais binaires, ils ne sont jamais blancs ou noirs,
09:24et quand on referme le livre, il reste aussi mystérieux que quand on ouvre le livre.
09:29Et quand j'ai saisi assez rapidement l'ambivalence de Léa,
09:33puisque le premier soir où je suis arrivée à la Finca,
09:36elle avait des taureaux de combat dans un choral attenant à sa Finca,
09:44et ces taureaux se sont battus entre eux,
09:50et elle est allée soigner le taureau qui avait été blessé,
09:54après beaucoup de complications, parce qu'il fallait qu'elle l'isole, etc.
09:58Et je me suis dit, voilà, une femme taureau qui tue plusieurs taureaux par semaine
10:04en saison de temporada, qui par ailleurs va soigner un taureau toute une nuit,
10:10qui par ailleurs vit avec 103 animaux, qui a 6 chiens,
10:14qui a un cochon ibérique merveilleux qui s'appelle Peggy,
10:17enfin, comment vous dire, au-delà de son amour,
10:20et d'ailleurs pour dépasser le côté oui-oui les petits oiseaux,
10:25au-delà de son amour pour les animaux, la question est la compréhension
10:28et la fusion avec l'animal.
10:31Tu me diras si je me trompe, mais j'ai le sentiment que,
10:36je ne connais rien à la corrida, donc je vais vous dire quelque chose,
10:38elle va peut-être passer après en disant, la pauvre elle dit n'importe quoi,
10:40j'ai le sentiment que ce métier qu'elle exerce
10:44est un métier de compréhension de l'animal,
10:46c'est-à-dire dans l'arène, je la vois et je vois ses comparses
10:52et j'ai regardé la bête qui arrive, la détailler pour comprendre
10:55à qui ils ont affaire, et au fond Léa, j'ai vu que les taureaux,
10:59évidemment elle le fait dans l'arène, mais qu'elle le fait avec tous ces animaux,
11:02et il lui rend bien, dans le livre je fais un parallèle avec Artémis,
11:06car je me suis aperçue lors du premier suivi de Léa qui était à Valencia,
11:12qui est une plaça importante, que les chiens, un chien,
11:17puis deux chiens, puis trois chiens, puis quatre chiens, puis six chiens,
11:20un jaune en Espagne qui sont en liberté, la suivaient dans la rue,
11:23et ça nous est arrivé plusieurs fois, si bien que j'ai compris
11:27que les animaux voyaient en elles quelqu'un qui la comprenne,
11:33et donc il y a une forme d'interrogation qui consiste à se dire,
11:39oui, elle comprend les animaux et donc elle a le droit de vie et de mort sur eux.
11:43Je crois que...
11:45Au-delà de la compréhension de l'animal, je pense que c'est la compréhension
11:50de la sincérité humaine, animale et du vivant en général,
11:54et de la nature et de tout ce qui englobe tout ça,
11:57finalement ce n'est pas forcément l'animal,
12:00c'est parler droit à l'animal et à tout ce qui nous entoure.
12:05C'est être dans une forme d'intégrité par rapport aux vivants,
12:08c'est ça que vous voulez dire ?
12:09Oui absolument, parce qu'aujourd'hui on se cache la mort,
12:12on se cache la vérité de ce qui est la consommation,
12:15on se cache le monde dans lequel on vit qui est artificiel,
12:19qui est un grand mensonge, et moi ce que j'aime dans ma vie,
12:23et ce qui me manque, et là ça fait trois jours que je suis à Paris
12:26et je rentre les heures pour rentrer demain là où je suis,
12:29c'est justement cette pureté que je n'ai pas ailleurs.
12:33Oui parce que, je vais rebondir sur ce qu'elle vient de dire,
12:37pour ceux qui n'ont pas lu le livre,
12:40Léa a comme beaucoup de Torero,
12:44mais notamment les grandes figuras dont elle fait partie,
12:48elle a un mode de vie dissocié entre ombre et lumière,
12:52c'est-à-dire cette espèce de course folle dans les arènes
12:58avec ses costumes de lumière, tous ces gens qui viennent la voir
13:01et qui sont transcendés par elle,
13:03et par la danse et l'esthétisme qui se déroule dans l'arène,
13:06et puis il y a la vie qu'elle a choisie,
13:10qu'elle a construite, elle a construit un domaine
13:14qui est au sud de l'Andalousie,
13:17qui est un jardin d'Éden, qui est Zootopia,
13:21on a le sentiment, alors là vous la voyez très chic,
13:25très bien s'exprimer, très urbaine,
13:27moi la première fois que je l'ai vue je me suis dit
13:29c'est Calamity Jane, elle est à cheval,
13:32elle est à cheval dans cette fine cas avec 70 hectares,
13:36tous ces taureaux, ces chevaux et les autres animaux
13:39que je vous ai cités précédemment sont en liberté et ensemble,
13:42dans sa cuisine il y a une grande vitre transparente
13:46à côté du réfrigérateur derrière laquelle viennent la voir
13:50les chevaux et lèchent la vitre,
13:52elle vit en communion avec la nature dans une absence
13:55de consumérisme et de matérialisme absolu,
13:59donc c'est pour ça que je pense qu'elle vient vous dire ça
14:02parce qu'elle sait se déployer en mode citadine
14:08mais elle a construit un rêve qui est en rupture totale
14:13avec notre époque, qui est un rêve voltairien ou rousseauiste.
14:18Alors justement cette question de cette dichotomie
14:21et ce passage de l'ombre à la lumière,
14:23j'aimerais qu'on en parle parce qu'avant d'entrer dans l'arène
14:26il y a un moment très important dont vous parlez
14:28dans le livre Gaël, c'est l'habillage,
14:30c'est le moment où justement vous vous glissez,
14:33moi c'est comme ça que je le comprends,
14:35dans la peau de l'autre vous-même,
14:39de celle qui va passer dans l'arène et donc dans un autre monde
14:44et j'aimerais qu'on parle un petit peu de ce moment
14:47qui vous a tellement impressionné Gaël,
14:49tel qu'on vous lit dans le livre parce que vous y assistez,
14:51il y a quelque chose, me semble-t-il presque de la prière,
14:54est-ce que je me trompe ?
14:56Tu commences à répondre ?
14:58C'est un peu difficile de parler de ce moment
15:00parce qu'on m'intériorise tellement
15:02que c'est difficile de le décrire,
15:04c'est uniquement basé sur des sentiments et de la profondeur,
15:07mais par contre l'objectivité de Gaël
15:09est plus efficace pour le décrire
15:12que moi mon petit monde secret.
15:17Je pense que c'est la même personne,
15:19Léa hors des arènes et Léa dans les arènes,
15:21il n'y a pas de rupture de personnalité,
15:23il y a une continuité de la personnalité,
15:25je crois que c'est quelqu'un d'extrêmement
15:31sauvage et farouche au bon sens du terme,
15:35c'est-à-dire qu'elle ne dit pas ce qu'elle ne pense pas,
15:38elle ne se dilue pas dans les mots,
15:41et la concentration qui précède la corrida
15:45fait qu'il y a encore moins de mots,
15:47donc il y a une forme de pesanteur
15:52qui n'est pas installée par Léa,
15:55il y a la même chez la quadrille,
15:57elle m'a permis d'assister à la viage de la quadrille aussi,
16:00des banderilleros,
16:02mais effectivement on ne dit pas un mot,
16:04encore pire bien sûr,
16:06il y a le côté religieux qui n'est pas chez Léa,
16:09mais la quadrille, il y a une chapelle.
16:12La quadrille c'est les toréros qui mettent,
16:18qui sont sous mes ordres,
16:20mais qui ne sont pas protagonistes dans l'arène,
16:23mais qui sont quand même en habile lumière,
16:25et qui sont là au cas où pour esquiver la charge du taureau
16:28s'il y a un accident et pour le placer, etc.
16:30Ça s'appelle la quadrille.
16:32Donc ils voyagent tout le temps avec moi,
16:34ils ont une chambre à part,
16:36et Gaëlle a eu l'opportunité de les voir s'habiller.
16:40Ils ont une chapelle,
16:42ils se signent plusieurs fois,
16:44ils fument cigarette sur cigarette,
16:46il y a un sac de fumée dans la chambre,
16:48et quand ils allaient assister à leur habillage,
16:51on était, je ne sais plus où, dans la brousse.
16:54Je les suivis dans des grandes villes,
16:56et puis dans des villes plus petites,
16:58dans la campagne,
17:00et sur la porte de leur chambre,
17:03il y avait le numéro 9,
17:05et apparemment pour eux, le 9 porte bonheur,
17:07et je ne savais pas,
17:09et donc je les ai vus se mettre à embrasser la porte,
17:11et le chambrant,
17:13et je me suis dit, ces gens sont quand même étranges,
17:15pourquoi est-ce qu'ils embrassent la porte ?
17:17Il y a effectivement quelque chose de tout à fait spirituel,
17:23au sens premier du terme,
17:25religieux évidemment chez les bandérioses,
17:27mais spirituel quand on voit Léa s'habiller,
17:30parce qu'elle est à l'intérieur d'elle-même,
17:32nécessairement,
17:34je ne sais pas ce qui se passe dans sa tête à ce moment-là,
17:37mais elle est à l'intérieur d'elle-même,
17:39et va de pair avec cela,
17:42toute la symbolique,
17:44toute la place qui est donnée
17:46aux signaux de la vie,
17:48et j'ai adoré cela en les suivant,
17:50aux signaux de la vie,
17:52dans la tauromachie,
17:54et pour les tauréros,
17:56puisque chaque petite chose de la vie,
17:59peut être un bon signe ou un mauvais signe,
18:02et cela,
18:04il se trouve que je l'ai expérimenté avec elle,
18:07il y a eu des moments où elle m'a dit,
18:10ce n'est pas bon signe, par exemple,
18:12quand les bandérios n'étaient pas dans la voiture au bon moment,
18:14dans la fourgonnette au bon moment,
18:16et je pensais qu'il y avait une forme de lubie,
18:19un peu fantasmatique,
18:21de voir des signaux partout,
18:23mais il se trouve que quand elle disait que c'était un mauvais signal,
18:25elle ne s'est jamais trompée,
18:27le jour où elle a vu trois mauvais signaux,
18:29elle a été encore née.
18:30Est-ce que ce ne serait pas quelque chose de l'ordre de la synchronisation,
18:33c'est-à-dire, j'entends,
18:35il n'était pas dans la voiture au bon moment,
18:37mais que du coup, comme un effet domino,
18:39une mauvaise synchronicité pourrait impacter jusqu'à la corrida ?
18:44Tout ça, c'est dû à la peur.
18:47Et lorsqu'on a peur,
18:49on se raccroche à des éléments
18:51complètement irrationnels,
18:55et le hasard d'une chose
18:57fait que finalement, on se réfugie
18:59dans une espèce de confort
19:01où on se dit, parce que j'ai vu trois fois
19:05un truc bleu, il ne va rien se passer,
19:07c'est idiot, c'est irrationnel,
19:09mais on n'arrive pas à passer au-delà de ça,
19:11c'est pour ça que
19:14la religion, à un autre niveau,
19:16existe aussi.
19:18Nous, ce n'est pas une religion,
19:20mais c'est une petite superstition comme ça.
19:22Qui sert de colonne vertébrale.
19:24Mais finalement,
19:26ça ne rime à rien, mais on en a tous.
19:28Mais, puisqu'on est dans les rituels,
19:30la question de l'habillage,
19:32au-delà, encore une fois,
19:34d'un moment de concentration, de communion
19:36à tous les sens du terme,
19:38c'est aussi une forme
19:40d'armure au sens intellectuel du terme,
19:42c'est-à-dire que mettre des vêtements,
19:44ce n'est peut-être pas
19:46devenir une autre, mais donner à son corps
19:48j'imagine,
19:50une tension,
19:52une existence différente.
19:54Tout à fait.
19:56C'est exactement ça.
19:58On est Torero dans l'âme,
20:00c'est une philosophie de vie,
20:02on est Torero ici, demain,
20:04on est tout le temps Torero,
20:06parce qu'on vit Torero,
20:08mais le fait de mettre ce costume,
20:10on se sent
20:12magique,
20:14puissant, on se sent invincible,
20:16on se sent fort, courageux, honnête,
20:18on se sent...
20:20on ne peut pas le décrire.
20:22Il faut expérimenter ça, parce que si on Toré
20:24des Toro sans habille,
20:28il manque quelque chose.
20:32On a parlé des Toro, mais j'aimerais qu'on s'arrête sur
20:34le cheval, parce que
20:36en l'occurrence, vous Toré à cheval,
20:38et que là, on est vraiment dans un rapport
20:40très particulier.
20:42J'ai l'image d'un centaure,
20:44à vous lire,
20:46c'est-à-dire que la fusion entre
20:48l'humain et l'animal me semble
20:50telle, en lisant
20:52cette histoire, que j'ai l'impression que
20:54on n'avait presque plus besoin
20:56de donner des ordres.
20:58Comment fonctionne ce rapport
21:00avec le cheval, et quelle est son importance
21:02dans l'acte de Toré ?
21:04Le cheval,
21:06c'est une prolongation de votre
21:08mentalité et de vos désirs.
21:12Dans l'arène, c'est vrai qu'on ne peut pas
21:14penser à la technique
21:16d'équitation, il faut simplement penser à
21:18ce qu'on veut faire, et automatiquement,
21:20nos codes gestuels,
21:22notre langage, qui a été au préalable
21:24assimilé par le cheval,
21:26de part des heures et des heures d'entraînement
21:28pendant des années, va être mis
21:30en pratique dans l'arène, donc on va penser à aller
21:32faire quelque chose,
21:34et le cheval va le faire, non pas par télépathie,
21:36mais par une subtilité
21:38mécanique.
21:40Dans l'intention
21:42que vous allez mettre ?
21:44Pas que dans l'intention, en fait,
21:46tout le monde n'est pas cavalier
21:48comme les uns, je fais une petite parenthèse.
21:50Si vous parlez à
21:52un grand guitariste ou
21:54un grand musicien
21:56qui mette son cheval sur cette sensibilité,
21:58vous n'allez pas lui demander
22:00comment vous faites pour faire le « là ».
22:04Il pense à ce qu'il veut faire
22:06et les doigts jouent tout seuls,
22:08à cheval, c'est pareil.
22:10Gaëlle, vous dites que Léa
22:12danse avec le cheval.
22:14Léa,
22:16moi, je monte
22:18un petit peu à cheval, mais évidemment
22:20comme une figue,
22:22mais
22:24Léa, je monte suffisamment à cheval
22:26pour voir
22:28quels sont les signes
22:30d'un très grand cavalier.
22:32Il se trouve que Léa est suivie
22:34dans ses corridas par les plus grands cavaliers du monde
22:36qui disent eux-mêmes
22:38que c'est la plus grande cavalière du monde,
22:40donc bouge-toi les oreilles,
22:42mais il se trouve que j'ai suivi l'une de ses corridas
22:44à côté de Pierre Durand qui est un cavalier olympique
22:46qui a gagné les Jeux à Séoul
22:48et qui m'a dit, regarde,
22:50on ne voit aucune de ses aides,
22:52les aides à cheval, les jambes,
22:54les mains, on ne voit rien.
22:56On ne voit pas un centimètre
22:58bouger
23:00et on ne voit effectivement aucune de ses aides
23:02parce qu'elle a ce qu'on appelle
23:04la touche magique, c'est-à-dire qu'elle est
23:06en telle osmose avec son animal
23:08que
23:10je ne sais pas, ça doit passer par la colonne vertébrale
23:12le rapport qu'elle a.
23:14La différence, c'est que l'excitation,
23:16c'est du sport et la théorie au magie à cheval,
23:18c'est de l'art. Donc nous,
23:20on cherche le sentiment et les autres
23:22cherchent une performance.
23:24Donc elle danse à cheval
23:26parce que tout est, en fait,
23:28pour quelqu'un qui ne connaît pas la tauromachie
23:30comme moi, quand on découvre,
23:32moi, évidemment, je suis devenue folle de tauromachie
23:34en voyant Léa dans l'arène,
23:36parce que quand on voit Léa dans l'arène,
23:38tout est courbe.
23:40Il y a, d'ailleurs, dans cette salle,
23:42il y a quelqu'un qui n'aime pas les angles
23:44et tout
23:46est courbe, tout est rond, je ne sais pas
23:48comment elle fait,
23:50son cheval est courbe,
23:52son taureau devient courbe
23:54et elle-même a le corps qui s'incurve.
23:56C'est pour ça que
23:58on est plus chez Biancali
24:00qu'aux Jeux Olympiques
24:02de CSO, ça c'est sûr,
24:04c'est un art.
24:06Tu viens de décrire une pâte de tauromachie,
24:08une courbe.
24:10Une courbe avec une charge,
24:12la courbe de l'agressivité
24:14qui est transformée en douceur
24:16et tout est onctueux
24:18et tout est basé
24:20sur l'harmonie et sur l'équilibre.
24:22Tu viens de le définir avec tes mots,
24:24mais c'est bien, on s'est compris.
24:28On parle de cheval et je me demandais
24:30Léa, vous avez
24:32choisi, si tant est que ce soit
24:34un choix à proprement parler,
24:36est-ce que vous avez choisi
24:38ce métier, cette vocation
24:40pour le cheval, pour le taureau
24:42ou pour autre chose ?
24:44Peut-être parce que
24:46je suis un peu folle.
24:50Vous allez vous en tirer comme ça.
24:56C'est-à-dire que c'est pour moi aussi un mystère.
24:58Pourquoi j'ai fait ça ?
25:00Comment j'y suis arrivée ?
25:02Parce que c'est sincèrement quelque chose
25:04de pratiquement impossible.
25:06Je ne sais pas si je serais capable de refaire
25:08ce que j'ai fait aujourd'hui.
25:10Toute seule, je suis partie de rien,
25:12je n'avais rien
25:14et j'ai créé
25:16tout ce que vous pouvez voir aujourd'hui
25:19mais voilà,
25:21c'est l'amour des chevaux, l'amour de la nature,
25:23l'amour des taureaux, l'amour de l'art
25:25et puis
25:27surtout
25:29la quête d'un rêve
25:31aller jusqu'au bout des choses
25:33se proposer
25:35une finalité, se proposer
25:37un défi et y arriver
25:39ne pas laisser tomber un corps de route
25:41ce qui n'existe pas
25:43plus trop aujourd'hui.
25:45Je ne rencontre pas beaucoup de personnes qui se disent
25:47ça et qui arrivent parce que
25:49c'est trop difficile,
25:51parce que c'est trop long, parce que c'est trop loin
25:53mais moi c'était loin, c'était long
25:55et c'était difficile et je me suis dit
25:57j'y arriverai.
25:59Peut-être raconter un peu comment est-ce qu'elle est arrivée là ?
26:01Oui, oui, oui.
26:03Tout le parcours.
26:05Ben oui,
26:07peut-être
26:09Ben non mais Gaëlle, justement
26:11le parcours qui est effectivement
26:13fou, qui va passer par
26:15de la vénégation, par un travail acharné
26:17par des rencontres aussi
26:19parce que vous avez rencontré aussi
26:21les personnes qui à un moment ont été convaincues
26:23par votre volonté
26:25de réussir dans ce métier. Son talent ?
26:27Oui, d'abord la volonté
26:29parce que ça intrigue et j'imagine ensuite
26:31le constat d'un talent hors du commun
26:33mais est-ce que
26:35il y a eu aussi là
26:37à travers la rencontre un moment qui
26:39une sorte d'autorisation
26:41j'allais dire à poursuivre votre rêve ?
26:45Il y a des rencontres
26:47qu'il ne faut pas laisser passer.
26:49Voilà.
26:53Il est aveu qu'on lise son livre Gaëlle.
26:55Oui, oui. Vous verrez
26:57dans le livre les années
26:59qu'elle a passées chez un
27:01dieu de la tauromachie qui est par ailleurs un homme de lettres
27:03et un poète qui a disparu qui s'appelle André
27:05El Peralta mais c'est effectivement toute une partie
27:07du livre où on la suit
27:09elle raconte pas à pas
27:11elle raconte très peu en fait, c'est les gens autour d'elle qui ont
27:13raconté
27:15les gens qui l'entourent ont raconté
27:17et ceux qui ont été témoins de cette période
27:19ont raconté ces combien ?
27:2112 années, 13 années ?
27:23Chez André El Peralta où elle était ouvrière
27:25agricole et où pas à pas elle a décidé
27:27d'apprendre seule à devenir
27:29torero.
27:31En le décidant
27:33seule parce qu'en fait personne ne l'y a aidé.
27:35Voilà donc tout ça
27:37est dans le livre et c'est assez mystérieux
27:39effectivement comment une femme qui
27:41qui a
27:43le cheval dans la peau
27:45qui est vraisemblablement déjà une
27:47très très bonne cavalière
27:49est choisie par cet homme qui est
27:51un mythe sur pied de la
27:53toromachie à cheval
27:55et comment elle va réussir à
27:57traverser un milieu
27:59qui ne veut pas d'elle à tout point de vue
28:01parce qu'elle est française, parce qu'elle est jeune
28:03parce que c'est une femme sans doute
28:05aussi mais alors elle le dit jamais
28:07elle fait un métier d'homme
28:09qui est exercé à
28:1199,9% par des hommes
28:13mais on n'entend jamais Léa
28:15et ça fait partie d'ailleurs de ses affranchissements
28:17on n'entendra jamais Léa
28:19parler de
28:21de la difficulté d'être dans un
28:23milieu d'homme ou de néo-féminisme
28:25c'est quelqu'un qui est affranchi de ce genre
28:27de code aussi. D'ailleurs on dit torero et pas
28:29torera c'est ça ? Alors pourquoi ?
28:31On dit ce qu'on veut. Mais pourquoi tu dis
28:33torero ?
28:35C'est à dire qu'il y a des mots
28:37qui moi me choquent au niveau de la langue
28:39française quand ils sont néo-féminin
28:41et c'est simplement
28:43qu'on a toujours dit torero
28:45Oui, tu m'avais dit
28:47le taureau ne fait pas la différence entre un homme et une femme
28:49C'est ça
28:51le taureau
28:53ne voit pas qui il a en face
28:55Est-ce que vous avez été
28:57surprise à la lecture du livre de
28:59Gaëlle ? Qu'est-ce que
29:01ça a provoqué chez vous
29:03de lire le regard de Gaëlle
29:05sur vous ? Et puis d'autres personnes
29:07parce qu'elle a aussi interrogé des gens de votre entourage
29:09Alors
29:11très sincère au début
29:13je me suis fâchée Gaëlle
29:15parce que
29:17c'est tellement difficile de lire sur soi
29:19c'est tellement
29:21rien qu'un article
29:23sur soi c'est traumatisant
29:25alors un livre de
29:27je sais pas combien de pages
29:29Oui et puis au plus près de votre intimité
29:31Au début je me suis
29:33fâchée parce que je me fâche pas avec les gens
29:35mais j'étais très sévère, trop sévère avec elle même
29:37et je l'ai appelée en disant
29:39c'est pas possible que tu appuies
29:41ça sur moi
29:43Elle m'a dit il y a 280 pages sur moi
29:45bah oui c'était un peu le sujet en fait
29:47Comme elle est
29:49très pudique elle trouvait que l'exercice était assez impudique
29:51c'est l'héroïne du livre
29:53en fait
29:55Je l'ai relu avec
29:57beaucoup plus
29:59d'objectivité en pensant que c'était pas moi
30:01et ça ça m'a plu
30:03et alors je lui ai demandé pardon
30:05et on s'est réconcilié
30:07et maintenant je suis très fière de ce livre
30:09Et vous Gaëlle est-ce que vous avez
30:11le sentiment d'avoir changé
30:13après à la fois ce partage
30:15et cette vie
30:17en immersion dans l'univers de Léa
30:19et puis aussi l'écriture de ce livre qui est encore
30:21peut-être un autre temps
30:23de réflexion sur tout ce que vous avez vécu
30:25à moins que vous ayez écrit vraiment en parallèle du vécu
30:27C'est un livre qui m'a profondément
30:29modifié
30:31c'est pas l'écriture du livre qui m'a modifié
30:33c'est le suivi de Léa pendant 18 mois qui m'a modifié
30:35c'est-à-dire que j'ai eu
30:37le sentiment de
30:39rencontrer une pluie diluvienne
30:41dans le désert
30:43à partir du moment où
30:45je me suis rapprochée de Léa, où je l'ai suivie
30:47où j'ai commencé à discuter et à échanger avec elle
30:49j'ai eu le sentiment
30:51que tout était réalisable
30:53dans ma vie, que tout était à portée de main
30:55c'est la première chose
30:57parce qu'elle donne des ailes
30:59c'est quelqu'un de très joyeux
31:01en plus au quotidien
31:03on peut pas imaginer qu'un Torero
31:05aime autant la vie
31:07elle est extrêmement joyeuse
31:09donc c'est très agréable
31:11et le fait de côtoyer un modèle de femme libre comme ça
31:13donne beaucoup de force
31:15ensuite ça m'a fait réfléchir
31:17au mode de vie
31:19que j'ai
31:21parce que quand on rencontre quelqu'un
31:23qui depuis un grain de poussière
31:25a construit son monde
31:27et son rêve entièrement comme elle l'a fait
31:31ça fait réfléchir sur
31:33ce que l'on veut faire de sa vie
31:35qu'est-ce qu'on fait de ce laps de temps très court
31:37qui est le nôtre sur terre
31:39c'est idiot, c'est café de commerce
31:41ce que je vous dis
31:43mais ça m'a interrogée
31:45sur ce que je faisais de ma vie
31:47et puis
31:49Léa et son entourage
31:51et je dois dire plus largement
31:54le Mundio
31:56c'est-à-dire ces gens
31:58ces professionnels de la tauromachie
32:00ont beaucoup changé
32:02mon rapport aux autres
32:04parce que ce sont des gens à part
32:06ce sont des gens
32:08j'ai beaucoup discuté
32:10avec les gens
32:12qu'elles me présentaient
32:14donc par moment c'était des apodérados
32:16par moment c'était du directeur d'arène
32:18par moment c'était ses bandes de héros
32:20toutes sortes de gens de ce milieu
32:22des éleveurs, des voyeurs
32:24on parlera peut-être après
32:26de ce qu'est un voyeur
32:28mais ce sont des gens
32:30d'une attention aux autres
32:32totale
32:34d'une bienveillance totale
32:36si bien qu'un jour j'ai demandé à Léa
32:38si la malveillance
32:40de l'homme n'était pas entièrement
32:42laissée dans l'arène
32:44pour que ce monde ne fabrique que des gens
32:46profonds, purs
32:48et généreux
32:50de passer pour les rendre comme ça
32:52Alors que se passe-t-il
32:54dans l'arène
32:56que laisse-t-on dans l'arène
32:58est-ce qu'on laisse quelque chose justement
33:00pour pouvoir vivre la vie que décrit
33:02Gaël
33:04dans cette joie
33:06dans cette communion avec la vie
33:08dans cette joie pleine
33:10L'arène
33:12c'est une scène où on ne peut pas mentir
33:14et là
33:16ça résume beaucoup de choses dans la vie
33:18on peut tromper, on trompe le taureau
33:20avec un leurre, avec une cape
33:22mais on ne peut pas lui mentir, on ne peut pas se mentir à nous-mêmes
33:24et donc je pense
33:26que c'est pareil dans la vie
33:28finalement
33:30donc on a un mode de vie qui est
33:32similaire à celui
33:34de la scène de l'arène
33:36Oui parce qu'il y a une mythologie
33:38et une mythification
33:40très forte en tauromachie
33:42et je pense que c'est en partie
33:44lié au mythe
33:46au mythe du héros chevaleresque
33:48c'est-à-dire que les tauréros
33:50tirent une partie ou une grande partie de leur légitimité
33:52de leur confrontation à la mort
33:56comme les chevaliers le faisaient en leur temps
33:58donc
34:00il y a un mystère de l'arène
34:02est-ce qu'il purifie le coeur
34:04moi je fais partie de ceux
34:06qui le pensent
34:08parce que ce n'est pas possible que dans un univers
34:10il y ait 99% de gens
34:12absolument merveilleux
34:14vous demandez à un comédien
34:16si tous les gens du cinéma sont merveilleux
34:18à une écrivaine
34:20ou philosophe
34:22si tous les philosophes ou tous les écrivains
34:24sont merveilleux
34:26c'est très rare de rencontrer un univers qui est fait
34:28à presque à 100%
34:30de gens purs
34:32donc
34:34excuse-moi
34:36c'est simplement que la formation pour arriver
34:38à être tauréro
34:40à un niveau important
34:42est extrêmement difficile
34:44au niveau des valeurs
34:46la formation d'un jeune tauréro enseigne
34:48les valeurs de la vie
34:50et donc
34:52de manière naturelle
34:54ceux qui n'en ont pas sont éliminés sur le passage
34:56ah voilà
34:58tout simplement
35:00tout simplement
35:02celui qui ne sacrifie pas sa jeunesse
35:04pour réaliser son rêve
35:06celui qui est fourbe
35:08celui qui
35:10n'est pas dans les normes
35:12de ce que représente la tauromachie
35:14est éliminé tout simplement
35:16le taureau l'élimine
35:18il n'est pas encore né mais le monde du taureau l'élimine
35:20d'accord
35:22donc c'est la formation
35:24c'est pour ça que nous
35:26une petite parenthèse
35:28c'est notre argument le plus important
35:30quand par exemple la loi
35:32pour interdire les mineurs aux arènes
35:34on dit mais c'est hyper formateur
35:36pour un gamin
35:38on peut aller dans les écoles taurines
35:40parce qu'on prend en sorte les vraies valeurs de la vie
35:46Gaëlle
35:48maintenant que vous ne vous évanouissez plus
35:50non plus du tout
35:54qu'est ce que au delà
35:56de la chorégraphie
35:58de la danse de l'air avec le taureau
36:00qu'est ce que vous y voyez au delà
36:02des premières apparences
36:04j'y vois d'abord
36:06émotionnellement
36:08l'émotion la plus forte
36:10que j'ai ressenti
36:12dans un art
36:14plus forte que le théâtre
36:16que le cinéma
36:18que la musique, que la sculpture, que la peinture
36:20j'ai jamais ressenti
36:22avec un autre art ce que je ressens
36:24dans une arène
36:26pas avec tout le monde, pas dans toutes les arènes
36:28mais quand c'est beau
36:30c'est très très beau
36:32comme on peut rater un tableau
36:34mais quand c'est beau, c'est très très beau
36:36et c'est émotionnellement si fort
36:38moi j'ai même du mal à marcher
36:40en sortant d'une très très belle corrida
36:42en sortant des corridas de l'IA
36:44j'ai toujours un peu de mal à me mouvoir
36:46tellement j'ai été secouée
36:48intérieurement
36:50donc c'est d'abord une émotion artistique
36:52pour moi la corrida c'est d'abord une émotion artistique
36:54ensuite c'est évidemment
36:56une interrogation
36:58sur soi même
37:00parce que comme le disait Léa tout à l'heure
37:02c'est le seul endroit
37:04qui permette
37:06d'approcher la mort et qui fasse spectacle de la mort
37:08dans nos sociétés
37:10où on n'approche plus la mort
37:12où on la coffie aux soignants, aux thanatopracteurs
37:14on ne veille plus les morts
37:16c'est le seul endroit
37:18où on peut voir la mort
37:20l'approcher, la sentir
37:22et en plus
37:24on en fait spectacle
37:26parce que la corrida est autant un spectacle de la vie
37:29que c'est un spectacle de la mort
37:31donc il y a évidemment une interrogation
37:33philosophique fondamentale
37:35et métaphysique fondamentale
37:37et ensuite il y a
37:39pour moi qui suis écrivaine
37:41et artiste
37:43il y a toute la
37:45il y a des grands marchands d'art ici ce soir
37:47il y a aussi toute la mythologie
37:51que charrie la corrida
37:53qui est la dramaturgie
37:55qui est la mythologie grecque
37:57et ce rapport entre l'homme et l'animal
37:59et ce croisement
38:01entre l'homme et l'animal
38:03parce que ce qu'on voit dans l'arène
38:05en particulier dans la corrida à cheval
38:07c'est un croisement entre l'homme et l'animal
38:09la particularité de Léa
38:11c'est que contrairement à ce monde
38:13qui est un monde
38:15quand même assez machiste
38:17où on voit les toréros qui sont très beaux
38:19mais qui marchent comme ça dans l'arène
38:21Léa elle fait se rencontrer le taureau
38:23et le cheval
38:25on voit qu'elle essaie de disparaître
38:27c'est impossible
38:29dans cette rencontre entre deux animaux
38:31et ce que l'on retient
38:33c'est que le croisement entre l'homme et l'animal
38:37aboutit à une forme de déification
38:39comme chez les grecs
38:41les surhommes
38:43c'était
38:45des hommes croisés avec des animaux
38:47donc il y a évidemment toute une partie culturelle
38:49qui est extrêmement forte
38:51moi je me suis mise à lire
38:53j'ai jamais lu auparavant
38:55à lire trois livres par jour
38:57et à annuler tous mes rendez-vous
38:59professionnels ou personnels
39:01pour lire, non pas sur la tauromachie
39:03mais pour lire sur la mythologie
39:05pour lire sur la philosophie
39:07Dans un instant on va prendre des questions
39:09je vais me tourner vers le public
39:11mais vous parliez de lecture
39:13et tout à l'heure Léa
39:15avant qu'on commence cet entretien
39:17vous disiez que vous adoriez venir dans cette librairie
39:19j'en conclus que vous êtes une lectrice
39:21à quel point vous lisez
39:23et à quel point ça joue ou pas
39:25un rôle aussi dans votre métier que la lecture
39:27bien sûr que ça joue
39:29dans mon métier et dans tous les métiers
39:31ça joue à être
39:33moins bête
39:35être plus épanouie
39:37plus intelligente
39:39à savoir réfléchir
39:41à savoir parler, à être inscrite, à être cultivée
39:43et à s'y joindre
39:45donc je lis
39:47c'est étonnant mais je lis beaucoup en voyage
39:49on fait des voyages uniquement
39:51en fourgonnette
39:53avec le camion des chevaux
39:55qui la précède
39:57on voyage en fourgonnette
39:59on voyage jamais en avion
40:01pour ne pas rater les dates
40:03vous avez des auteurs de prédilection
40:05ou vous lisez de tout
40:07je lise surtout les théâtres français
40:09j'arrive bien
40:11j'habite depuis 20 ans en Espagne
40:13mais je préfère lire en français
40:15j'ai plus de délicatesse
40:17j'ai plus de délicatesse à lire
40:19et à apprécier les mots français
40:21que ça donne
40:23alors on va prendre des questions dans la salle
40:25si vous en êtes d'accord
40:27oui monsieur
40:31avant ma question
40:33qui est une question
40:35d'un spectateur à tout le monde
40:37je voudrais donner deux citations
40:39Cocteau a dit
40:41qu'une corrida c'est une pièce de théâtre
40:43où il se passe vraiment quelque chose
40:45la guérinière
40:47le plus grand éculier de tous les temps
40:49un éculier qui était un artiste
40:51qui pratiquait l'écoutation académique
40:53et pas sauter des bars
40:55a dit
40:57la grâce est l'ornement de l'art
40:59je crois que ça va bien aller
41:01je voudrais vous demander
41:03maestra ce que vous pensez
41:05de l'idée suivant laquelle
41:07ça a été dit dernièrement
41:09dans un livre de Madère
41:11les toréros à cheval
41:13devraient reprendre une tradition
41:15ancienne suivant laquelle
41:17au moment de la mise à mort
41:19ils redeviendraient des toréros à pied
41:21vendraient la muletta et l'épée de mort
41:23et iraient
41:25confronter
41:27moi je dis souvent que le toréro à pied
41:29lit sa propre mort
41:31les dieux du taureau qui l'a tué
41:33ce que un toréro à cheval
41:35ne peut pas faire
41:37en plus c'est beaucoup plus difficile de tuer à cheval
41:39alors c'est une très bonne question
41:41je ne sais pas si j'aurai assez de courage pour ça
41:43pardon
41:45merci d'avoir posé cette question
41:47qui est fort intelligente et fort intéressante
41:49mais on est dans la
41:51pratique exclusive
41:53de l'équitation
41:55tauromachique
41:57je ne sais pas si je serai assez courageuse
41:59sincèrement pour descendre
42:01et me mettre dans la situation
42:03d'un toréro à pied qui tue le taureau
42:05de face à face
42:07vous avez de la verté
42:09je descends évidemment pour tuer le taureau à pied
42:11mais je n'ai jamais tué un taureau
42:13avec l'épée à pied
42:15voilà
42:17il faudrait
42:1910 ans
42:21d'entraînement pour commencer à le faire
42:23aujourd'hui
42:25c'est une idée à donner à un nouveau
42:27régénérateur
42:29on a une question ici
42:31j'espère que ma question
42:33ne sera pas
42:35en opposition par rapport à ce que vous avez dit
42:37avant
42:39je m'en exclue
42:41dans les années 30
42:43le surréalisme
42:45s'est beaucoup intéressé
42:47à la corrida
42:49Michel Leiris a écrit un livre
42:51merveilleux qui s'appelle le miroir de la tauromachie
42:53Georges Bataille
42:55a écrit
42:57un très beau livre
42:59la question aussi
43:01de la tauromachie
43:03Picasso
43:05le surréaliste
43:07avait une fascination
43:09pour la corrida
43:11je voudrais savoir
43:13si
43:15vous avez connaissance
43:17de ce texte là
43:19et la même question
43:21s'adresse aussi à Gaël
43:23bien sûr pour ma part
43:25évidemment c'est la bible de tous les taureaux
43:27je pense qu'on connait tous les oeuvres
43:29des plus grands artistes que vous venez de nommer
43:31évidemment
43:34et d'ailleurs
43:36quand je suis arrivée chez Léa
43:38elle a commencé par m'offrir un cadeau
43:40parce qu'elle a fait beaucoup de cadeaux
43:42et au bout des 5 premiers jours
43:44que j'ai passé chez elle
43:46elle m'a offert une vingtaine de livres
43:48dont ceux que vous venez de citer
43:50voilà
43:52le miroir de l'oeil de Georges Bataille
43:56donc elle m'a
43:58offert tous ces livres au moment où
44:00je commençais le suivi
44:02merci à vous
44:04une autre question ? oui monsieur
44:06bonjour
44:08on a parlé de Léa l'artiste
44:10on a parlé de Léa éleveur
44:12on a parlé de cette communion
44:14est-ce que vous pouvez nous parler
44:16de Léa anthropologie
44:18suffit de vous voir arriver quelque part
44:20c'est une grécatrice
44:22personne ne vous fait travailler
44:24l'organisation
44:26je suppose que vous n'avez pas des fonds de pouvoir
44:28que ce soit commercialement
44:30en termes de développement, en termes d'organisation
44:32combien de temps
44:34ça prend dans votre vie
44:36comment vous faites
44:38et que vous étudierons du chef d'entreprise
44:40également
44:42c'est un peu moins poétique
44:44c'est vrai
44:46mais oui effectivement
44:48en tournée
44:50on est 15 personnes à peu près
44:52il n'y a pas d'effet pyramidal
44:54donc c'est un peu compliqué
44:56il faut tout gérer
44:58on ne peut pas déléguer
45:00on ne peut pas trop déléguer
45:02donc effectivement il faut tout gérer
45:04c'est aussi pour ça qu'il y avait
45:06des Vallée des Pays, des Ayoudas
45:08et des gens un petit peu compétents
45:10pour organiser
45:12mais c'est assez difficile
45:14en plus de ça j'ai un thème parallèle
45:16qui est en termes de tourisme
45:18et l'oliverie
45:20mais j'aime bien
45:22elle produit de l'huile d'olive
45:24ça me convient aussi
45:28une autre question
45:30oui
45:32vous semblez avoir réalisé votre rêve
45:34oui
45:36à quoi vous rêvez maintenant ?
45:38c'est une très bonne question
45:40elle est philosophe
45:42j'adore cette question
45:44peut-être que c'est trop personnel
45:46pour le raconter en plus
45:48mais ça veut dire
45:50qu'il y en a un
45:52de rêve
45:54il y a le rêve du bonheur et du bien-être
45:56vous l'avez peut-être
45:58déjà trouvé non ?
46:00oui mais c'est bien qu'il continue
46:04je crois qu'il y a une autre question ici
46:06devant
46:08sur moi personnelle
46:10je voulais savoir
46:12comment vous sélectionnez vos chevaux
46:14quand vous vous en préparez
46:16j'imagine que tous vont pas s'adouire
46:18je voulais savoir
46:20vous étiez des courtissimes
46:22c'est dans le livre, une partie du livre
46:24c'est beaucoup génétique
46:26sur les familles
46:28c'est la part de la génétique
46:30c'est très important
46:32c'est pratiquement fondamental
46:34si on n'a pas de génétique
46:36ça ne marchera pratiquement pas
46:38un traitement égal de 0 à 5%
46:40de succès
46:42sur une bonne génétique
46:44ça peut aller jusqu'à 50-60%
46:46de succès
46:48et après il y a l'harmonie
46:50la mécanique en général
46:52d'ailleurs un ami
46:54est là dans la salle aujourd'hui
46:56qui a acheté un cheval qui n'était pas
46:58un cheval de dette
47:00je crois qu'ils ne servent pas pour torer
47:02pour quoi que ce soit
47:04ils sont vendus pour le loisir
47:06et c'est une partie du livre
47:08dans lequel Léa explique
47:10comment est-ce qu'elle transforme
47:12l'herbivore en prédateur
47:14et qu'effectivement
47:16elle raconte que la première réaction
47:18d'un cheval face à un taureau
47:20c'est la première réaction
47:22et comment est-ce qu'elle transforme
47:24cet animal
47:26en danseur
47:28et en combattant
47:30je ne sais pas
47:32c'est quasi exclusivement
47:34un saut de famille
47:36pareil que les chevaux de saut d'obstacle
47:38qui vont avoir des péridrées pour sauter
47:40les chevaux de saut qui vont avoir
47:42des péridrées de course
47:44c'est pareil pour les chiens
47:46les chiens de chasse
47:48c'est pareil pour les chevaux de traîneau
47:50à neige
47:52un teckel ne va pas aller
47:54chercher le débris
47:56Léa connait aussi très bien les chiens
47:58c'est comme les chiens
48:00ils ont chacun
48:02leur discipline
48:04il y a une base génétique
48:06mais après ça demande
48:08un gros travail
48:10que de leur apprendre
48:12sur un cheval avec une génétique sélectionnée
48:14qui vient de rien du tout
48:16il y a 0% et 60%
48:18c'est tellement important
48:20que maintenant on sélectionne pratiquement tout sur les papiers
48:22c'est combien d'années de travail ?
48:244 ans
48:26pour mettre un cheval dans une arène
48:28ça veut dire que vous les familiarisez
48:30avec les taureaux
48:32qu'ils vivent en harmonie avec
48:34avant d'arriver dans une arène
48:36chez elles
48:38les chevaux vivent avec les taureaux en liberté
48:40mais par moment
48:42je t'ai vu aller essayer des chevaux
48:44chez les gitans
48:46ça c'est des chevaux qui sont destinés à l'arène ou pas ?
48:48ça c'est ce qu'il ne faut pas dire
48:50mais c'est dans le livre
48:52c'est Gaël
48:56il ne faut pas le dire
48:58non alors pas du tout
49:00c'est parfois fou
49:02c'est un coup de foudre
49:04avec les chevaux
49:06quand il y en a un qui me plaît
49:08il faut absolument que je l'aie
49:10c'est un coup de foudre
49:12c'est une rencontre
49:14oui tout à fait
49:16c'est vrai que les gitans en Espagne sont des grands amateurs de bons chevaux
49:18et il y a souvent des loots
49:20des animaux
49:22elle échange les chevaux
49:24elle leur donne un camion
49:26elle change
49:28c'est absolument merveilleux
49:30une autre question
49:32non
49:34c'est pas possible
49:36hein
49:38on a des apparitions
49:41comme ça c'est Émilie
49:47Gaël
49:49oui
49:51c'est moi
49:53vous y retournez souvent maintenant
49:55dans les corridors vous l'avez dit
49:57oui et là ça me manque parce que je ne suis pas allée depuis deux mois
49:59donc je suis complètement en manque
50:01non mais c'est vrai
50:03mais vous allez uniquement voir Léa
50:05non pas seulement
50:07mais je vais principalement voir Léa
50:09j'ai deux plaisirs
50:11je retrouve une amie fondamentale
50:13et en même temps je la vois se déployer dans l'arène
50:15mais j'ai grand plaisir aussi à aller voir des toréros à pied
50:17je suis vraiment accro
50:19quand je vous dis que je suis accro
50:21je suis plus accro
50:23à quoi que ce soit d'autre dans ma vie
50:25à part mes enfants
50:27et Léa est-ce que vous allez voir d'autres
50:29toréros ?
50:31non je n'y vais pas trop
50:33parce que
50:35c'est quand même quelque chose qui a plein de temps
50:37on se nourrit de ça
50:39toute la journée
50:41toute la nuit
50:43on vit toréros
50:45si en plus il y a peu de moments de détente
50:47que j'y vais
50:49et puis j'imagine que vous avez votre propre musique intérieure
50:51votre propre rythme intérieur
50:53qui ne doit peut-être pas être aussi
50:55enrayé par
50:57d'autres chorégraphies
50:59absolument
51:01bien que lorsque je torais
51:03il y a toujours des férias
51:05j'ai aimé de se croiser
51:07et d'aller voir des spectacles
51:09mais je vais prendre
51:11un petit peu moins de plaisir à y aller
51:13Mesdames
51:15un immense merci pour ce partage
51:17La vie à mort
51:19c'est un très très beau livre
51:21il n'y a pas besoin d'aimer la Corrida
51:23pour aimer rencontrer Léa Vicens
51:25dans le regard de Gaëlle Chacaloff
51:27donc je ne saurais trop vous inviter à le lire
51:29merci beaucoup
51:31vous pouvez les retrouver en dédicace