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00:00Ici Matin, sur France Bleu, Saint-Etienne-Loire.
00:047h46 sur France Bleu, 91 jours à Matignon.
00:07Et puis 120, Michel Barnier dépose sa démission ce matin.
00:09Son gouvernement a été censuré par les députés hier.
00:12On en parle avec votre invité, David Valleur.
00:14Notre invité n'a pas voté la motion de censure.
00:16Bonjour Jean-Pierre Tête.
00:17Bonjour à tous.
00:18Député Les Républicains du Forêt, la quatrième circonscription.
00:20La France se réveille-t-elle, Jean-Pierre Tête, aujourd'hui, plus faible qu'hier matin ?
00:25Oui, je pense qu'elle se relève plus faible qu'hier matin.
00:29Et surtout, je pense que les Français sont assez désappointés, comme je le suis aussi, sans rien vous cacher.
00:34Voilà, on a assisté à un moment historique malheureux.
00:39À voir la complicité des extrêmes qui, entre Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon,
00:46se mettent d'accord pour faire tomber le Premier Ministre, Michel Barnier.
00:50C'est les Français qui vont être pénalisés de tout ça,
00:53pour des intérêts particuliers et personnels,
00:56notamment le procès qu'on connaît à Marine Le Pen.
00:58Elle a fait ce choix-là, je trouve que c'est navrant pour la France.
01:00Pierre Courbon, député socialiste, qui était à votre place mardi matin,
01:03disait « pas d'inquiétude, pas de catastrophisme, la France va quand même continuer de tourner ».
01:07Est-ce que c'est vrai ? Est-ce que vous usiez du catastrophisme pour ne pas perdre le pouvoir ?
01:11Non, je pense.
01:12Vous savez, hier, j'ai eu beaucoup d'agriculteurs de ma circonscription,
01:15la sixième circonscription de la Loire-du-Forêt, qui m'ont appelé,
01:19qui m'ont dit « Écoute, on avait beaucoup travaillé avec Michel Barnier, avec Annie Gennevard.
01:24Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen viennent de mettre un coup de poignard aux agriculteurs et à la ruralité.
01:31Ils avaient obtenu la revalorisation des retraites sur les 25 dernières années,
01:35le GNR, l'arrêt du Mercosur concernant les problèmes d'importation de viande.
01:40Beaucoup de choses avaient été obtenues.
01:42Malheureusement, tout tombe à l'eau.
01:44J'ai beaucoup de respect pour Pierrick, je n'ai aucun souci avec ça.
01:47Mais je pense quand même que c'est un vrai coup de poignard à l'avancée de notre pays,
01:50qui est en difficulté aujourd'hui.
01:51Est-ce que vous êtes vraiment surpris ? Est-ce que ça ne devait pas se terminer comme ça, finalement,
01:55quand on a un gouvernement de droite et du centre face à d'autres parties
01:59qui sont plus représentées que vous à l'Assemblée nationale ?
02:01Vous savez, je pense que les Français sont intelligents.
02:03Vous avez aujourd'hui 30% d'extrême droite à l'Assemblée nationale,
02:0730% d'un bloc de la droite et du centre et 30% de gauche et d'extrême gauche,
02:11donc il n'y a pas de majorité.
02:12Donc quand il n'y a pas de majorité, il faut une intelligence collective,
02:15ce qui était fait depuis deux mois en travaillant ensemble.
02:18Je suis le témoin que Michel Barnier consultait, qui consultait Marine Le Pen,
02:22qui consultait la droite, qui consultait la gauche,
02:24qui avait des avancées.
02:25Rien n'était parfait, mais rien n'est jamais parfait.
02:27Mais les choses avançaient et un budget pouvait être proposé.
02:30Donc là, on est vraiment sur un choix personnel, sur des destins personnels,
02:34celui de Le Pen et de Mélenchon qui pensent à eux avant de penser à la France.
02:37Vous savez, j'ai reçu, pendant qu'on buvait un café ensemble,
02:40j'ai reçu un message ce matin de quelqu'un qui me dit,
02:43vous savez M. Tête, j'ai voté RN aux dernières élections,
02:48mais c'est fini pour moi.
02:49Voir le RN, main dans la main avec Jean-Luc Mélenchon, plus jamais.
02:54Et je pense qu'on a beaucoup de témoignages dans ce sens.
02:57Dans la vie politique, vous devez avoir des convictions.
03:00On les porte.
03:01Il faut du respect pour les élus qui ne pensent pas comme vous.
03:03Mais il ne faut pas être une jourouette.
03:05Et là, j'ai un peu de mal à comprendre l'attitude de ces deux personnes politiques
03:09qui seront pour moi jamais des hommes ou des femmes d'État
03:12avec un comportement comme ça.
03:13Si Emmanuel Macron devait nommer un Premier ministre
03:16issu de la gauche dans les heures, dans les jours qui viennent,
03:19est-ce que l'intelligence collective dont vous parlez,
03:22vous serez capable de l'appliquer et vous aussi de faire des compromis
03:25et de ne pas voter la censure directement ?
03:27Évidemment, vous savez, moi j'ai du respect.
03:29Je l'ai dit par exemple pour quelqu'un comme Bernard Cazeneuve
03:31qui avait d'ailleurs inauguré la gendarmerie à Fort quand j'étais maire.
03:35C'est quelqu'un qui a des convictions qui ne sont pas les miennes.
03:38Je ne les partage pas toutes.
03:39Je pense à un certain nombre de choses comme lui, mais d'autres non.
03:43Mais je respecte l'homme.
03:44Il n'y aurait pas un arrot sur le gouvernement si c'était lui qui était nommé ?
03:47En tout cas, pour ma part, non.
03:48Parce que c'est une idiotie de mettre un arrot sur quelqu'un
03:52par rapport à ses convictions.
03:53Michel Barnier l'a démontré dans sa vie politique,
03:56avec le Brexit, avec tout son parcours.
03:58C'était un homme de consensus et d'écoute.
04:00Bernard Cazeneuve en est un.
04:02Vous pouvez très naïvement et bêtement faire ce qu'a fait Mélenchon et Le Pen hier,
04:07censurer à tort et à travers.
04:08À ce moment-là, la France va s'écrouler.
04:10Il nous reste encore trois ans de mandature du président Macron.
04:15Je pense qu'il faut qu'on travaille ensemble pour les Français,
04:17pas pour nous, pour les Français tout simplement.
04:19Est-ce qu'on attendra vraiment trois ans avant de changer de président ?
04:21Il y a des appels à la démission.
04:22Qu'est-ce que vous dites vous aujourd'hui ce matin ?
04:24Je suis quelqu'un qui respecte les institutions.
04:26Vous le savez, je ne suis pas un macroniste.
04:28J'avais d'ailleurs un adversaire d'Emmanuel Macron
04:31sur la circonscription aux dernières législatives.
04:33Mais je respecte le président de la République.
04:35Je respecte la fonction.
04:37Et je pense qu'il ne faut pas bousculer les institutions.
04:40Je pense que notre pays aujourd'hui vit d'ailleurs grâce à ces institutions.
04:45Et qu'on vient hier d'y mettre un coup de canif très fort
04:48en cassant un gouvernement.
04:51Ce qui n'était pas arrivé depuis 60 ans, un peu plus de 60 ans je crois.
04:55D'ailleurs 1962 si je ne m'abuse.
04:57Et je pense que c'est dramatique pour les Français et la France.
05:03Je ne suis pas pour une élection présidentielle anticipée.
05:06Je suis pour faire fonctionner les institutions.
05:08Et il faut pour ça que les politiques soient intelligents.
05:10Vous savez, moi je suis un élu de terrain.
05:12Je ne suis pas un professionnel de la politique.
05:14Sur le terrain on s'entend, on le fait dans les communautés de communes,
05:16dans les communautés d'agglos, dans nos communes.
05:18Il faut qu'on soit capable de le faire en tant que député.
05:20En tout cas, moi c'est ce que je vais faire.
05:22Et je respecterai le prochain Premier ministre
05:24qu'il soit de droite ou de gauche.
05:26On a bien compris que vous alliez dans le sens de cette alliance
05:28qui irait d'un bloc central LR jusqu'au PS.
05:31Je vais surtout dans le sens de faire fonctionner mon pays
05:34pour les agriculteurs, pour le monde rural,
05:36pour les commerçants, pour les artisans.
05:38On a besoin de sécurité, on a besoin d'avancer dans l'éducation,
05:41on a besoin de pouvoir d'achat.
05:43Donc il faut travailler ensemble et ne pas avoir des attitudes politiciennes
05:46comme l'ont eu Le Pen et Mélenchon hier.
05:48Et vous serez attentif comme nous à la prise de parole du Président de la République
05:51forcément ce soir dans les journaux télévisés de 20h.
05:54Jean-Pierre Tête, député de la 6ème circonscription de la Loire
05:57était avec nous sur France Blesse.
05:59Et heureux d'être ici en Alpes.