Hugues Saury , sénateur LR du Loiret.
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00:00Ici Matin, sur France Bleu Orléans.
00:03Merci de nous avoir choisi pour commencer ce mercredi matin sur France Bleu Orléans.
00:07Il est 8h15, Lydie Lahaie nous accueillons avec vous notre invitée ce matin.
00:11C'est le sénateur LR du Loiret, Uxori.
00:14Bonjour Uxori.
00:15Bonjour.
00:16Vous êtes très en colère contre Bruno Le Maire, le ministre démissionnaire de l'économie
00:19qui a mis en cause avant-hier, alors qu'il était auditionné devant la commission des finances de l'Assemblée Nationale,
00:24la responsabilité des collectivités locales dans le dérapage budgétaire de la France.
00:30La hausse des dépenses des collectivités pourrait dégrader à elle seule 16 milliards d'euros les comptes de la nation.
00:36Voilà ce qu'il a soutenu.
00:38Vous dites que ce sont des propos délétères et malvenus, des accusations sans fondement.
00:42Oui, c'est une rigolade quand on connaît un peu les chiffres.
00:46Je pense que Bruno Le Maire est à l'heure du bilan.
00:49Il est là depuis 2017.
00:52Quand on regarde l'état des finances de la France et les responsabilités des uns et des autres,
00:56on ne peut pas considérer que les collectivités territoriales, les communes, les départements, les régions,
01:01sont responsables du déficit qui est énorme en France puisqu'il est d'environ 3 100 milliards d'euros.
01:08Il devrait atteindre 5,6% du PIB en 2024.
01:13C'était 5,1 qui était prévu.
01:15Et si rien ne change, ce serait 6% en 2025.
01:18Oui, il y a une dégradation permanente des comptes publics.
01:22Mais l'état en est largement responsable.
01:25A la fois pour des raisons politiques mais aussi des raisons techniques.
01:28Dans les communes, il y a ce qu'on appelle la règle d'or.
01:31C'est-à-dire que les communes ne peuvent pas dépenser plus que ce qu'elles obtiennent comme recettes.
01:36Et donc elles ne peuvent pas, par exemple, emprunter pour leurs dépenses de fonctionnement.
01:41Votre budget doit être à l'équilibre dans la colonne fonctionnement.
01:44Absolument. Il doit être non seulement à l'équilibre,
01:46mais ils ne peuvent pas emprunter pour payer, par exemple, les agents municipaux.
01:50Alors qu'on sait que l'état emprunte dès le mois de juillet, je crois,
01:54pour financer les différentes charges liées aux administrations et au paiement des fonctionnaires.
02:01Donc vous dites, ça suffit de prendre les élus locaux, les communes, les départements pour des boucs émissaires ?
02:07Exactement. C'est une petite musique qu'on entend depuis longtemps.
02:10Je pense que c'est particulièrement injuste
02:12parce qu'il est demandé en plus beaucoup aux communes et aux élus.
02:16Et donc d'où le coup de colère que Pauline Martin et moi-même avons lancé.
02:21Pauline Martin, autre sénatrice LR du Loiret.
02:23Vous avez des retours aussi, d'ores et déjà, de maires du département, de communes rurales ou pas.
02:28Ils ont été choqués par les propositions ?
02:30Oui, les maires sont écoeurés.
02:32D'abord parce qu'ils font beaucoup d'efforts
02:35et qu'il y a quand même beaucoup de communes qui sont à l'os aujourd'hui en termes d'économie.
02:39Il y a eu des efforts très importants qui ont été réalisés.
02:42Et ils se demandent ce qu'ils vont pouvoir faire maintenant.
02:44Parce que c'est évident que compte tenu justement du déficit de l'État,
02:48il va être demandé à tous de faire un effort.
02:50Et je pense que les maires sont des gens qui sont particulièrement responsables
02:52et qui savent qu'ils sont partie prenante de l'effort général.
02:57Et il va falloir faire un effort, Pierre Moscovici, le premier président de la Cour des comptes,
03:00le disait aussi, lui, homme de gauche.
03:03C'est un effort collectif, tout le monde va participer.
03:06Les collectivités territoriales ne sont pas les seules responsables.
03:10Mais, n'empêche, tout le monde doit se retrousser les manches.
03:13À commencer par l'État qui doit se réformer de façon forte.
03:17Je pense qu'il y a des dépenses qui sont...
03:20Par exemple, je crois qu'en France, il y a plus de 1000 agences publiques
03:26qui à chaque fois ont du personnel.
03:29Et puis je pense qu'il faut faire du ménage dans tout cela.
03:33Et les dépenses de l'État d'une façon générale, c'est vaste.
03:35A y pointer du doigt aussi les dépenses sociales de l'État.
03:38Oui, bien sûr. Il y a une forme d'État-providence.
03:42Alors là, ce n'est pas lié à Emmanuel Macron.
03:45C'est beaucoup plus ancien que ça.
03:48Aujourd'hui, nous sommes à l'heure où il va falloir faire des réformes.
03:51L'exécutif va devoir présenter dans les prochaines semaines
03:55le projet de loi de finances au Parlement.
03:58Là aussi, c'est un sacré casse-tête pour le nouveau Premier ministre Michel Marny.
04:04Alors ça va être un casse-tête, ça va être des casse-têtes.
04:07Parce que ça fait trois mois maintenant, juin, juillet, août, trois bons mois,
04:11que le Parlement est à l'arrêt.
04:14Il y a beaucoup de lois qui sont en suspens ou qui ont été abandonnées,
04:18qu'il va falloir reprendre.
04:19Et puis bien sûr, il y a le vote du budget.
04:21Et donc effectivement, ça va être très compliqué.
04:23On sait que, compte tenu des équilibres politiques,
04:26on sait que le Premier ministre est un peu sur un fil.
04:30Un équilibriste sur un fil, avec le vide en dessous de lui.
04:33Il y a une émotion de censure au-dessus de la tête.
04:35Michel Barnier-Matignon, c'est un bon choix ?
04:38Je pense que c'est un bon choix, oui.
04:40Au-delà de l'aspect politique.
04:41Pour une famille politique comme la vôtre,
04:43qui a 47 députés seulement à l'Assemblée nationale.
04:45Mais au-delà de ça, c'est quelqu'un qui est expérimenté,
04:47c'est quelqu'un qui connaît l'Europe parfaitement,
04:52qui a eu des fonctions imminentes,
04:55qui est un négociateur hors pair.
04:57Il l'a démontré avec le Brexit.
04:59Et puis c'est quelqu'un qui a une certaine élégance.
05:00Et je trouve que de retrouver un peu d'élégance et de mesure
05:03dans le débat public, je pense que ça nous fera du bien.
05:06Vous appelez les LR à entrer dans ce gouvernement ?
05:09Moi j'appelais les LR à rentrer au gouvernement
05:11avant même qu'on connaisse le nom de Michel Barnier
05:14en tant que Premier ministre.
05:15Je pense qu'on ne peut pas se dire parti du gouvernement.
05:19Ça fait 12 ans maintenant que la droite n'est plus au pouvoir.
05:22Et donc on ne peut pas se dire parti du gouvernement
05:24et refuser l'obstacle.
05:28Et donc oui, je pense qu'il faut participer au gouvernement.
05:30Qui ?
05:31Pas dans n'importe quelle condition.
05:33Vous savez qu'il y a un pacte législatif de 13 mesures
05:37et c'est l'occasion d'essayer de mettre en place ces mesures.
05:41Est-ce qu'on peut imaginer dans la région,
05:43quelqu'un comme Olivier Marlex, député d'Oréloire,
05:45quelqu'un comme Serge Brouard, le maire d'Orléans,
05:47entrer dans ce gouvernement ?
05:48Écoutez, je l'espère.
05:49Ceux que vous avez cités ont tout à fait la capacité.
05:56Après, on ne peut pas savoir.
05:58Il y a tout un ensemble de bruits qui circulent.
06:01C'est comme tous les bruits.
06:02Certains seront vérifiés, d'autres pas.
06:04Pour l'instant, je ne suis pas dans la confidence.
06:06Mais l'alliance avec les macronistes et la gauche républicaine,
06:10elle est nécessaire aujourd'hui ?
06:12Probablement.
06:13En tout cas, pour trouver des majorités.
06:15Et ça sera probablement même insuffisant.
06:17Il faudra aller plus loin et c'est ça qui sera compliqué.
06:19Merci beaucoup Huxori d'être venu ce matin.
06:21Merci à vous.
06:22Le sénateur LR Duloir.
06:23Bonne journée.
06:24Merci à vous deux.