• il y a 6 mois
Pierre Allorant politologue Orléanais et doyen de la factulté de droit

Category

🗞
News
Transcription
00:00 Et pour le moment à 8h20, Lydie Lahaye, on accueille en direct notre invitée en studio ce matin,
00:04 c'est Pierre Alloran, le politologue orléanais et doyen de la Faculté de droit d'Orléans.
00:08 Bonjour Pierre Alloran.
00:09 Bonjour Lydie.
00:09 Emmanuel Macron a donc décidé de dissoudre l'Assemblée Nationale après les résultats cinglants contre lui et sa politique.
00:15 Il annonce des législatives anticipées les 30 juin et 7 juillet.
00:20 Est-ce que c'est logique vu l'ampleur de la défaite ?
00:22 Non, il avait tout à fait d'autres possibilités.
00:25 D'ailleurs, ce n'est pas moi qui le dis, c'est la présidente de l'Assemblée Nationale, Madame Bonne-Pivet.
00:29 Un président de la République face à une situation pareille, il peut en prendre acte et rediriger sa politique,
00:36 il peut faire un référendum, il peut nommer un nouveau Premier ministre.
00:39 Mais il est vrai qu'Emmanuel Macron avait déjà grillé cette cartouche il y a 6 mois en nommant M. Attal,
00:46 et puis il pouvait démissionner, puisque finalement c'est un désaveu cinglant de sa politique.
00:50 Il préfère la dissolution, c'est un très grand risque qu'il prend avec la démocratie parlementaire.
00:56 On le dit, on l'entend ce matin, coup de tonnerre évidemment cette annonce, et coup de poker véritablement.
01:01 On en est là ce matin ?
01:03 Oui tout à fait, alors ce n'est pas très surprenant avec Emmanuel Macron,
01:06 puisqu'on se souvient qu'en 2016, quand il a avancé sa candidature, c'était finalement déjà un coup de poker.
01:12 Il n'était pas du tout favori, tout le monde voyait M. Fillon à l'Élysée.
01:17 Il avait réussi ce pari, il l'a confirmé en 2022 de manière plus difficile.
01:22 Là véritablement le risque est énorme, parce que vous l'avez dit, les délais sont très courts,
01:27 moins de 3 semaines, donc il n'y aura pas de campagne électorale.
01:30 Et donc quand il y a une dynamique électorale comme celle qui est apparue hier,
01:34 on voit mal comment il peut retourner la situation.
01:37 La France depuis sa réélection en 2022 était devenue ingouvernable quand il dit
01:42 "il y a nécessité de clarifier le débat public". Là il est audible ou pas ?
01:47 Il est audible, mais est-ce qu'il se donne le bon levier, les bons moyens, je ne suis pas sûr.
01:53 Le plus logique, puisque vous avez utilisé cette expression, c'était probablement une coalition avec les LR.
01:59 Puisqu'on voit bien que la réforme des retraites et toute la politique d'Emmanuel Macron
02:03 n'est plus dans l'œil en même temps, mais une politique de centre-droit.
02:06 Mais les LR refusent, donc il y a une impasse politique.
02:09 Pierre, est-ce que les résultats d'hier soir, on peut les transposer en l'état à ce qu'on aura le 7 juillet prochain ?
02:15 Non, à l'évidence, parce que d'abord c'était une élection à un tour hier et à la proportionnelle.
02:21 Donc effectivement, quand on a plus de 31% des voix, on arrive très largement en tête.
02:26 Parlions tout à l'heure d'Orléans par exemple, où le Rassemblement National arrive en tête, mais avec 18%.
02:31 Donc on ne gagne pas une législative avec 18%.
02:33 Avec 19 voix d'avance sur le processus.
02:36 Et puis donc, une élection législative, c'est une élection uninominale,
02:40 donc on vote pour une personne qui peut être très implantée localement et à deux tours.
02:45 Et il est très probable, vu la situation que nous avons aujourd'hui, qu'il y aura beaucoup de triangulaires.
02:51 Donc avec trois candidats au second tour, un candidat, disons Rassemblement National,
02:56 un candidat peut-être de la majorité actuelle, majorité relative,
02:59 et puis grosse hypothèse et point d'interrogation, est-ce que la gauche va s'unir ?
03:05 Mais effectivement, c'est triangulaire, on sait bien que ça se joue à très peu,
03:08 et donc c'est une situation très instable.
03:10 Alors si on analyse aussi les résultats d'hier, on parlait d'Orléans,
03:12 à l'échelle du Loiret, le Rassemblement National est à 35% ce matin.
03:17 Oui, alors le Loiret, depuis longtemps un bastion de l'extrême droite,
03:22 en particulier dans le nord et l'est du Loiret.
03:26 Ce qui est plus nouveau, vous avez raison, c'est que ça pénètre maintenant la métropole orléanaise,
03:30 y compris beaucoup de communes de gauche, comme Saran ou Fleury-les-Aubray,
03:35 où le Rassemblement National est effectivement en tête aujourd'hui.
03:38 Donc pour les députés sortants, c'est évidemment une menace très importante.
03:41 Alors aussi au Parlement de Strasbourg, deux nouveaux eurodéputés pour notre région,
03:45 Alexander Nikolic, qu'on entendait ce matin sur France Bleu Orléans, et également Guillaume Pelletier.
03:50 Oui, espérons qu'ils seront très présents au Parlement européen.
03:55 Si on revient sur la campagne qui nous attend, qui va durer, on le disait, trois semaines,
04:00 on rappelle que dans le Loiret actuellement, il y a quatre députés renaissance du camp présidentiel,
04:06 deux députés Rassemblement National, comment vous voyez ?
04:09 C'est très difficile aujourd'hui, mais je vais quand même vous répondre.
04:11 Entre ceux qui vont partir, ceux qui ne vont pas y retourner.
04:13 Oui, tout à fait. On entendait tout à l'heure sur votre antenne que M. Bross, pour le Pitivray,
04:18 hésite à repartir. Il est vrai qu'il avait gagné finalement à trois voix d'écart en 2022.
04:24 Donc aujourd'hui, sa situation est très, très délicate.
04:27 Et puis on sait qu'il a des vues sur les municipales à Pitivier.
04:30 Et puis probablement les autres vont repartir. Mais ça va être très difficile.
04:37 Peut-être une exception sur la circonscription de Stéphane Iriste,
04:41 puisqu'on a vu qu'Olivet, par exemple, résistait, vu sa composition sociologique.
04:46 Donc des catégories plus favorisées, plus diplômées à la poussée du RN.
04:51 Mais ça va être dur pour tout le monde.
04:53 Pierre Alloran, merci. Juste en quelques mots,
04:56 la dernière fois qu'un président a dissout l'Assemblée Nationale, un petit peu d'histoire.
04:59 C'était Jacques Chirac en 1997 et ça s'est terminé par une cohabitation.
05:04 Ici, il y a effectivement deux hypothèses possibles de cohabitation.
05:07 Pour un Emmanuel Macron, soit avec une majorité RN, et donc M. Bardella à Matignon,
05:12 soit avec une gauche qui réussirait à s'unir.
05:15 Ça n'est pas gagné.
05:16 Merci beaucoup Pierre Alloran, politologue ici à Orléans, doyen de la Faculté de Droit.

Recommandations