ABONNEZ-VOUS pour plus de vidéos : http://www.dailymotion.com/Europe1fr
Dans son émission média, Thomas Isle et sa bande reçoivent chaque jour un invité. Aujourd'hui, Elisa Jadot, pour le documentaire "Emprise numérique : 5 femmes contre les Big 5" diffusion le 10/12 sur France 5.
Retrouvez "L'invité média" sur : http://www.europe1.fr/emissions/l-invite-du-grand-direct
LE DIRECT : http://www.europe1.fr/direct-video
Retrouvez-nous sur :
| Notre site : http://www.europe1.fr
| Facebook : https://www.facebook.com/Europe1
| Twitter : https://twitter.com/europe1
| Google + : https://plus.google.com/+Europe1/posts
| Pinterest : http://www.pinterest.com/europe1/
Dans son émission média, Thomas Isle et sa bande reçoivent chaque jour un invité. Aujourd'hui, Elisa Jadot, pour le documentaire "Emprise numérique : 5 femmes contre les Big 5" diffusion le 10/12 sur France 5.
Retrouvez "L'invité média" sur : http://www.europe1.fr/emissions/l-invite-du-grand-direct
LE DIRECT : http://www.europe1.fr/direct-video
Retrouvez-nous sur :
| Notre site : http://www.europe1.fr
| Facebook : https://www.facebook.com/Europe1
| Twitter : https://twitter.com/europe1
| Google + : https://plus.google.com/+Europe1/posts
| Pinterest : http://www.pinterest.com/europe1/
Category
🗞
NewsTranscription
00:00Europe 1. Vous écoutez Culture Média sur Europe 1 9h30 11h avec Thomas Hill et votre invité ce matin Thomas.
00:05Je reçois ce matin Elisa Jadot réalisatrice d'un documentaire sur l'emprise qu'exercent les réseaux
00:10sociaux sur nos enfants et j'avoue avoir été un petit peu secoué par ce doc dans lequel on réalise
00:16à quel point nos enfants, nos adolescents sont en danger. On n'a pas vraiment collectivement pris
00:22la conscience de ce qu'ils risquent en étant sur Facebook, sur TikTok ou sur Snapchat Elisa.
00:28C'est l'objet de ce film, c'est qu'il y a un sursaut à l'issue de la diffusion de ce film parce
00:32qu'en effet les parents ne peuvent pas visionner les mêmes contenus que les enfants. Ils n'ont
00:40pas accès aux mêmes contenus. Donc les parents des adolescents qui sont sur les réseaux sociaux
00:43pour la plupart n'ont pas du tout conscience de ce que leurs enfants regardent. Donc l'enquête
00:48est là pour cette enquête immersive que j'ai réalisée et là pour apporter cette prise de
00:53conscience collective que ce soit pour les parents, pour les pouvoirs publics.
00:57Et alors justement pour mieux le réaliser, pour réaliser ce qui menace les plus jeunes
01:02sur les réseaux sociaux, vous vous êtes créé vous-même un faux compte Elisa Jadot,
01:06celui de Lily 13 ans. Pourquoi cette idée ?
01:10Justement pour découvrir ce à quoi avaient accès les adolescents puisque finalement moi sur mon
01:17compte adulte j'entendais au travers de témoignages d'adolescents en mal-être ou de parents dont les
01:25ados sont malheureusement suicidés qu'ils avaient eu accès à du contenu autour de l'automutilation,
01:30de l'anorexie etc. Moi quand je vais sur mon profil adulte et que je cherche ces contenus
01:35que je tape hashtag automutilation scarification, je n'ai pas accès, je suis bloquée. Donc je me
01:39suis dit bon dans quelle mesure ces contenus peuvent être proposés et suggérés aux ados.
01:45Donc je me suis dit bon la meilleure façon de le faire c'est de me mettre dans la peau d'un
01:49adolescent et donc de créer ce profil. Vous créez un faux avatar de Lily avec une photo de vous
01:54rajeunie pour avoir 13 ans et en quelques minutes vous constatez que l'algorithme de TikTok notamment
02:00vous propose déjà des contenus violents, c'est très très rapide. C'est extrêmement rapide, j'ai été
02:05moi-même, j'avais un peu conscience de ce que j'allais voir mais je ne m'attendais pas du tout
02:11à ce que ce soit aussi rapide. En moins de cinq minutes j'ai été confrontée sans effectuer aucune
02:16recherche. Je le précise vraiment parce que c'est important d'être honnête dans ce genre d'enquête
02:20et donc de ne pas biaiser l'algorithme en disant bon je commence à chercher de la fitness, comment
02:26manger mieux etc. qui pourrait montrer à l'algorithme que je suis en recherche de ce type
02:30de contenu, que je suis mal dans ma peau et qui peut me suggérer des contenus autour de la santé
02:34mentale. J'ai vraiment effectué aucune recherche et c'est l'algorithme seul qui m'a proposé des
02:38contenus autour des tentatives de suicide, de l'automutilation. Vous vous retrouvez à un moment face à un
02:44tuto comment faire un noeud pour se pendre. J'ai tout appris, j'ai tout appris. En quelques
02:49minutes j'ai tout appris sur les réseaux sociaux, comment me scarifier et me scarifier, avec
02:54quelle technique, la lame du taille crayon, le stylobic, parfois aussi le petit
02:59morceau de métal qu'il y avait dans les masques, comment les enfants peuvent le sortir et pouvoir
03:03se scarifier. Les glaçons aussi, j'ai appris comment me pendre dans ma chambre, j'ai appris
03:08en effet des tas de techniques pour tenter de me suicider. Au bout de quelques jours vous êtes même
03:12carrément la cible de prédateurs sexuels ? Oui très rapidement, très rapidement. En fait à partir du
03:18moment où j'ai commencé à mettre des photos de cet avatar de moi, petite fille, j'ai été contactée
03:26principalement par des hommes et non pas par des enfants de mon âge comme on aurait pu l'imaginer
03:30mais par des hommes. En fait ce qui s'est passé c'est que les algorithmes malheureusement sont
03:36conçus aussi pour mettre en relation des personnes entre elles, ça s'appelle la suggestion d'amis. Et
03:43donc des hommes qui recherchent régulièrement des profils d'enfants vont recevoir par l'algorithme
03:49les suggestions de nouveaux profils d'enfants qui viennent de s'inscrire. Donc mon profil a été très
03:53rapidement proposé à des hommes qui ont l'habitude de chercher des profils comme le mien. Et alors
03:59votre doc Élisa Jadot il s'intitule « En prise numérique cinq femmes contre les big five » puisque
04:03vous suivez en fait cinq femmes qui ont décidé d'attaquer les plus grands médias sociaux et
04:08votre doc il s'ouvre sur l'audition des patrons de ces géants du numérique. Donc le 31 janvier
04:13dernier c'était devant le sénat américain, une audition publique à laquelle vous avez pu assister,
04:17une audition assez violente où ces patrons se font bousculer, se font même engueuler par les
04:23sénateurs on peut le dire comme ça. Alors c'était pas vraiment public, il y avait quelques familles
04:30qui étaient effectivement invitées et quelques médias qui ont eu accès. Mais oui ça a été
04:34particulièrement surprenant de voir à quel point les sénateurs ont essayé de montrer et de prouver
04:44la responsabilité de ces plateformes et de les remuer pour qu'enfin elles prennent la parole et
04:48elles s'expliquent. Après ça a été très surprenant de voir aussi à quel point ils ont parfois fait
04:54preuve de mauvaise foi et d'une certaine forme d'hypocrisie. D'ailleurs on le voit dans le montage
04:57du documentaire, l'idée était de montrer à travers le combat de ces femmes que les arguments de ces
05:05CEO des grandes plateformes étaient parfois fallacieux et qu'ils
05:12effectivement mentaient parfois très ouvertement aux yeux de tous et devant les sénateurs.
05:17Et qu'ils n'ont pas de réelle volonté de changement finalement parce qu'en fait les mineurs ça
05:21représente une large part de leurs revenus publicitaires. Les mineurs c'est parfois la
05:25moitié de leurs revenus. Donc comment voulez-vous un moment donné qu'ils se disent oui on va modérer,
05:30oui on va censurer, oui on va créer des profils où les mineurs n'auront pas accès à certains
05:35contenus donc ils passeront moins de temps sur la plateforme donc on va perdre de l'argent donc
05:39on va perdre la moitié de nos revenus. Enfin si vous voulez à partir du moment où ils réfléchissent
05:44entre sécurité et profit malheureusement systématiquement ils se retrouvent coincés
05:49et ils font le choix du profit. Mais alors les choses bougent quand même dans de nombreux pays,
05:54vous en faites la longue liste en fin de doc, on l'a vu encore il y a quelques jours là que
05:59l'Australie interdisait l'accès des réseaux sociaux aux moins de 16 ans. Est-ce qu'en
06:03France ça commence à bouger ? Pas vraiment en fait. Il y a des pistes de réflexion,
06:12on a eu la majorité numérique aussi à 15 ans mais malheureusement elle a du mal à s'appliquer,
06:18il n'y a pas de contrôle lorsqu'on ouvre un réseau social, il y a zéro contrôle. On peut dire qu'on
06:23a 13 ans alors qu'on en a 5 ou 6 d'ailleurs un tiers des 5-7 ans a déjà un réseau social. Donc
06:30il n'y a aucun justificatif qui n'est demandé, aucune validation des parents donc j'ai pas la
06:39sensation moi en tout cas que des réglementations vont être mises en place. Maintenant j'espère que
06:45ce film sera un coup de pied dans la porte et qu'il mènera à une réflexion plus intense.
06:51Justement puisqu'on parle de la France, Elisa Jadot, je sais pas si vous l'avez vu mais dans
06:56l'actualité il y a une jeune fille qui fait la une, elle a 13 ans, elle a disparu dans les
06:59côtes d'Armor. Visiblement elle était très accro aux réseaux sociaux, il y aurait peut-être une
07:04histoire de scarification aussi, elle n'allait pas bien sur ces dernières consultations de pages
07:09de réseaux sociaux. Il y avait ces pages dont vous parlez au début du doc, est-ce que ce fait
07:13divers vous, il vous a interpellé ces derniers jours ? En fait il est dans la continuité de ce
07:18que je montre dans le film, c'est-à-dire que c'est le problème de cette emprise numérique qu'ont ces
07:23jeunes. Alors là c'est je crois un papa qui a retiré le téléphone de sa fille et puis elle est
07:27partie parce qu'elle ne supportait pas cette décision prise par son père. Mais il faut aussi
07:32rappeler que les parents sont démunis, ils ne savent plus quoi faire, ils ont besoin d'aide,
07:36ils sont seuls avec une pression sociale énorme. On leur dit il faut acheter un téléphone portable
07:41à son enfant parce que sinon l'enfant va être mis à l'écart. Face à ça le parent, malgré le
07:47contrôle parental, parfois les enfants ont plusieurs comptes et donc dissimulent ce qu'ils
07:50voient. Visiblement c'était le cas de la petite Morgane qui avait visiblement plusieurs comptes
07:55sur les réseaux sociaux. Parce qu'on les appelle les Finsta, les fake Instagram et en fait c'est
07:58quelque chose de très très répandu chez les jeunes, ils ont leur compte officiel et puis
08:00ensuite ils ont un autre compte avec un autre nom sur lesquels ils peuvent regarder un peu tout ce
08:04qu'ils veulent. Ou les parents ne voient rien. Et donc ces parents sont complètement démunis,
08:09ils ne savent plus quoi faire avec leurs enfants. Quel conseil on peut leur donner aux parents qui
08:12nous écoutent là ce matin ? De communiquer avec leurs enfants, de partager le film, d'essayer de
08:17se renseigner. Je crois qu'à travers ce film et à travers le combat de ces femmes que je montre
08:22dans le documentaire, ils peuvent se renseigner sur les dommages, les réelles conséquences de
08:29ces réseaux sociaux pour les enfants. Donc maintenant on a des moyens d'avoir conscience
08:34de ce qui se passe, il faut regarder, communiquer avec son enfant, montrer le documentaire. Pourquoi
08:39pas montrer le combat de ces femmes, le suivre et essayer de faire en sorte que la pression sociale
08:42s'inverse. Et qu'au contraire on soit peut-être tous à acheter moins de téléphones à nos enfants
08:48et que l'enfant peut-être qui soit un peu différent soit celui qui a un téléphone portable peut-être.
08:52On pourrait l'entrer au collège ce film, ça serait bien aussi. Comme le dit l'une des intervenantes dans votre documentaire, il y a quelques années on disait
08:58fumer tue, on a réalisé ça assez tard, il serait temps de réaliser aussi que les réseaux sociaux
09:02peuvent tuer. C'est ce qu'on voit dans votre documentaire qui est passionnant. On vous le
09:07recommande en prise numérique 5 femmes contre les big five, c'est à voir mardi prochain à 21h05
09:13sur France 5. On réalise aussi qu'hors écran, le monde est infini. C'est comme ça que vous
09:18concluez ce documentaire. Elisa Jadot, restez avec nous pour suivre l'actu des médias dans un instant.