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Dans son émission média, Thomas Isle et sa bande reçoivent chaque jour un invité. Aujourd'hui, Mélissa Theuriau, journaliste et productrice de documentaire, pour son documentaire "Bébés Placés, la vie devant eux" le 15 novembre sur France 2 à 22.55 dans Infrarouge.

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Transcription
00:00 -Bébés placés, la vie devant eux, c'est le titre de ce documentaire que vous avez
00:12 produit, Mélissa Thériault, qui sera diffusé ce soir sur France 2 dans la case infrarouge.
00:17 Une plongée en famille d'accueil et dans une pouponnière spécialisée pour comprendre
00:22 ce que vivent les bébés confiés à l'aide sociale à l'enfance.
00:25 Aujourd'hui, en France, ils sont 10 000 à connaître ce destin et on ne parle pratiquement
00:30 jamais d'eux.
00:31 Jamais.
00:32 -Oui, par définition, les bébés sont à la fois invisibles et inaudibles, donc on ne
00:36 sait pas vraiment de quelle façon ils sont confiés et traités.
00:40 Vous parliez d'émotion dans le film que Karine Dufour réalise et en même temps, je le trouve
00:46 très inspirant puisqu'on est réellement dans une pouponnière qui a un protocole de
00:51 bientraitance et d'accompagnement des bébés qui réconforte, qui nous donne aussi beaucoup
00:55 d'espoir sur la façon dont ce lien affectif est créé et dont tous les bébés ont besoin.
01:02 Ce n'est pas du tout le cas sur l'ensemble du territoire où on manque beaucoup de places
01:07 et beaucoup de bébés restent en milieu familial malgré une mesure de placement alors qu'ils
01:11 devraient trouver une place pour être sécurisés.
01:13 -Alors déjà, il faut expliquer comment ces bébés arrivent dans cette pouponnière.
01:17 En fait, il y a deux types de chemins.
01:18 Il y a d'abord les enfants, on ne dit plus nés sous i, qui sont nés sous le secret,
01:24 qui sont placés là et puis ceux qui sont placés là par un juge parce que les parents
01:30 ne peuvent pas s'en occuper correctement.
01:31 -Ils sont plus nombreux, beaucoup plus nombreux.
01:33 -C'est ça les deux filières possibles.
01:35 Et ce que vous nous dites, c'est que parfois, même si un juge décide de dire qu'il faut
01:41 qu'ils aillent dans une famille d'accueil, malgré tout, on les laisse dans leur famille
01:46 parce qu'il n'y a pas de place.
01:47 -Faute de place.
01:48 En fait, les conséquences de cette politique de prévention qui est formidable, dont on
01:52 peut tous se réjouir, j'ai l'impression qu'on n'a pas prévu finalement l'ampleur
01:57 de la prévention et aujourd'hui, on se retrouve avec beaucoup de mesures de protection, de
02:02 placement et avec des enfants qui ne peuvent trouver de place.
02:04 Il y a des départements qui n'ont pas de pouponnière, il y a des pouponnières qui
02:07 n'ont pas assez de puéricultrices, d'assistantes et d'éducatrices.
02:11 Il n'y a pas assez de lits non plus.
02:12 Donc ça, c'est une alarme et c'est un vrai souci.
02:17 On a souhaité aussi valoriser ces métiers parce qu'ils sont très précieux et qu'elles
02:21 font un travail formidable et incroyable dont on ne les connaît pas du tout.
02:27 On connaît un peu les éducateurs en foyer, on connaît aussi le manque d'éducateurs
02:31 formés, mais on ne connaît pas ces protocoles très formés, très suivis.
02:34 Il y a des normes et des taux en France pour les enfants de zéro à trois ans et je crois
02:38 qu'à Suisse, elles font un travail absolument fabuleux.
02:41 -Comment vous avez pu obtenir d'ailleurs les autorisations avec la réalisatrice qu'on
02:45 a citée, Karine Dufour, parce que ce sont des lieux qui ne sont pas du tout ouverts
02:49 aux caméras normalement ?
02:50 -Ça a été très long, très compliqué.
02:52 Donc on s'est armé de patience.
02:53 On a fait les choses petit à petit par une députée.
02:58 Isabelle Santiago nous a aidé.
02:59 Elle était très, très investie, évidemment, dans son département du Val-de-Marne, puis
03:02 ensuite la direction de la protection de l'enfance.
03:04 Donc ça a été très long.
03:05 Ce qui est exceptionnel et assez inédit également, c'est d'assister à un conseil
03:09 de famille.
03:10 Vous savez, on le voit souvent en fiction, mais on ne l'a jamais vu, finalement, réellement
03:14 en documentaire.
03:15 Et de voir comment on parle aux parents et de redire que l'intérêt de l'enfant doit
03:18 primer.
03:19 Donc, ce n'est pas votre chagrin, votre peine ou votre quête d'enfant à laquelle nous
03:23 devons répondre, mais c'est plutôt trouver des bons parents pour sécuriser et aimer
03:27 et assurer l'avenir de ce bébé.
03:30 -Un documentaire très réussi diffusé ce soir.
03:32 On va continuer à en parler juste après la session de rattrapage de Jean-Luc Lemoyne.
03:37 A tout de suite sur Europe 1.
03:38 -Culture Média sur Europe 1.
03:40 Thomas Hill avec Mélissa Torrio.
03:42 Pour ce documentaire, bébés placés, la vie devant eux à voir ce soir en deuxième
03:46 partie de soirée sur France 2 dans la case infrarouge.
03:49 -Oui, à 22h55 précisément et dans ce documentaire, on va suivre notamment le parcours d'Annelise
03:55 qui a un an.
03:56 Un juge a ordonné le placement provisoire d'Annelise parce qu'il estime qu'elle est
03:59 en danger dans sa famille.
04:00 Et vous enregistrez le moment particulièrement difficile où la maman vient déposer sa fille
04:06 à la pouponnière.
04:07 -Je ne peux pas la laisser.
04:08 -Mais ça, c'est le juge qui en a décidé.
04:12 Autrement...
04:13 -C'est difficile.
04:14 -C'est difficile.
04:15 Et maman, elle revient te voir en visite.
04:18 -Je t'aime, ma bébé.
04:19 Je t'aime, ma fille.
04:20 -C'est important ce qu'elle te dit, maman, hein ?
04:23 Allez.
04:24 Hop.
04:25 Allez, madame.
04:26 C'est important pour elle aussi.
04:27 -Je ne peux pas la laisser là.
04:28 -Ouais.
04:29 Elle est prête, madame.
04:30 Elle est prête.
04:31 -Mais je ne peux pas la laisser là.
04:32 -Non, mais vous l'abandonnez.
04:33 -Je ne peux pas la laisser là.
04:34 -Vous l'abandonnez.
04:35 -Vous l'abandonnez.
04:36 -Non, mais vous l'abandonnez pas.
04:39 -Allez, viens.
04:40 Allez, tu vas dans les bras de ta née.
04:43 Voilà.
04:44 -C'est évidemment un moment très dur de ce documentaire poignant,
04:48 mais en même temps, on voit que six mois plus tard,
04:51 la petite Annelise, elle ira rejoindre son frère en famille d'accueil
04:54 et que finalement, la vie continue pour elle,
04:58 même si ça reste compliqué parce que tant qu'on n'a pas prononcé un délaissement,
05:05 tant que les parents n'ont pas accepté finalement de délaisser leur enfant,
05:09 ils peuvent rester des années et des années en famille d'accueil.
05:11 -Oui, et puis aucun parent ne le souhaite vraiment,
05:14 en tout cas dans les placements et les mesures.
05:16 Quand on veut retirer un enfant,
05:19 c'est toujours très compliqué pour l'un des deux parents.
05:21 Et la justice a encore du mal,
05:23 même si on doit oeuvrer dans l'intérêt supérieur de l'enfant.
05:26 On est encore dans une société assez centrée sur les adultes et le droit des parents.
05:31 Et donc, le droit des parents, il prévaut souvent.
05:34 Et c'est vrai que c'est très compliqué pour ces enfants
05:36 qui grandissent en foyer, en famille d'accueil, en rupture de foyer,
05:40 parce qu'il y a toujours peut-être un retour possible en famille biologique
05:44 avec des failles, avec des défaillances, avec des carences.
05:48 Et on voit aussi que ce sont des enfants qui se développent moins vite
05:52 ou qui développent moins de confiance en l'adulte
05:54 ou les relations sociales, c'est plus compliqué.
05:56 On le voit dans le film, notamment avec le parcours de la petite Annelise sur les quelques mois.
06:01 -On va suivre aussi le parcours de Basile,
06:03 qui lui, alors lui, il est né sous le secret.
06:06 On découvre son parcours.
06:08 Pendant deux mois, il va vivre en famille d'accueil,
06:10 le temps de s'assurer que les parents ne réclament pas leur enfant.
06:13 C'est comme ça que ça se passe.
06:14 Et puis, à partir de trois, quatre mois, il est adoptable.
06:16 Et là, il va avoir lieu un conseil de famille.
06:19 Et je crois que c'est la première fois que ce moment du conseil de famille est montré à la télévision.
06:24 Vous avez réussi à obtenir ça.
06:26 -Karine Dufour et moi, nous sommes battues.
06:28 Elle a réussi réellement à avoir leur confiance.
06:32 Je remercie vraiment tous les professionnels de la protection de l'enfance,
06:35 et notamment de la Pouponnière de Suisse,
06:38 parce que c'est assez exceptionnel d'écouter aussi aujourd'hui
06:41 la façon dont on peut adopter un enfant
06:44 et quels sont les mots prononcés aussi dans l'intérêt des bébés.
06:48 -Et moi, je ne savais pas que ça se passait sous forme de vote, en fait, ce conseil de famille.
06:52 Je ne sais pas qui sont d'ailleurs ces personnes qui votent.
06:56 Il n'y a que des femmes.
06:58 Je ne sais pas si c'est un hasard.
06:59 -Oui, il y a une minorité d'hommes.
07:01 Mais il y a majoritairement des femmes, en effet.
07:04 -C'est ça. Et donc, ils sont des personnes qui peuvent venir de partout.
07:07 -Des professionnels.
07:08 -Des professionnels, d'accord.
07:09 Et qui sont amenées à se prononcer sur différents dossiers qu'on leur propose,
07:12 des dossiers de famille qui souhaitent adopter des enfants.
07:15 -C'est ça.
07:15 -Et donc, ils votent les uns après les autres en faisant un classement,
07:18 en disant "moi, je vais placer cette famille en 1, celle-ci plutôt en 2".
07:22 Et c'est comme ça que ça se détermine.
07:23 -Oui, il y a souvent une unanimité
07:26 qui leur fait penser qu'il y a une bonne décision, en effet,
07:30 de placer Basile dans la bonne famille, chez le bon couple.
07:32 -Et puis là, effectivement, ils sont tous d'accord.
07:34 Et donc, l'annonce, ensuite, est faite au tout petit Basile.
07:38 Écoutez.
07:39 -Je viens de te parler de ton papa et ta maman.
07:44 Le conseil de famille a choisi pour toi un papa, une maman.
07:51 -Oui !
07:52 -Eh ouais !
07:52 -Oui, c'est chouette !
07:55 -C'est une famille que je connais de pas mal de temps.
07:57 Parce qu'on a beaucoup préparé ton arrivée avec eux.
08:01 Je les connais bien.
08:03 Et puis, depuis quelques années,
08:06 on parle de petits enfants qui vont arriver chez eux.
08:09 Et c'est toi.
08:11 -Et c'est vraiment l'une des choses marquantes dans ce doc,
08:14 c'est à quel point on parle à ces bébés en permanence.
08:17 -On leur dit tout.
08:18 -Tout. Avec des mots simples, mais on leur dit tout.
08:20 -Oui.
08:21 -Même les puéricultrices, enfin, tout le monde autour,
08:23 on leur parle en permanence.
08:25 Il y a beaucoup de monologues, en fait, dans ce documentaire.
08:27 -Bien sûr.
08:28 Mais qui n'en est pas, en fait.
08:29 On a aussi fait beaucoup de progrès,
08:31 notamment les professionnels de l'enfance,
08:33 grâce aux neurosciences.
08:34 Et on sait aujourd'hui que ce lien affectif qu'il faut tisser,
08:38 en plus de sa sécurité, où l'enfant doit dormir,
08:40 doit manger à sa faim,
08:41 mais il faut absolument créer ce lien affectif.
08:44 Vous voyez, ce syndrome d'hospitalisme qu'on connaissait après-guerre,
08:47 mais qui revient aussi dans certains départements
08:49 où les bébés ne sont pas placés.
08:51 C'est-à-dire que si vous ne développez pas ce lien d'affection,
08:55 c'est un bébé qui va développer, qui va devenir vraiment apathique,
08:58 qui ne va plus regarder l'adulte,
09:00 qui ne va même plus le réclamer.
09:02 Et c'est des parcours de vie qui sont déjà condamnés, en fait,
09:05 dans votre croissance.
09:07 -Et on voit même qu'ils essaient de chercher
09:08 juste le regard de l'enfant.
09:10 Et ça, c'est une étape déjà, juste qu'ils me regardent.
09:13 Même ça, c'est compliqué parfois.
09:14 -Vous remarquez qu'Anne-Lise, qui vient du coup d'une famille
09:16 où elle a sans doute manqué,
09:18 où il y a eu des carences,
09:19 elle met beaucoup de temps à regarder Catherine,
09:21 la puricultrice qui fait pourtant un travail avec chacun,
09:24 vraiment très précieux.
09:25 Mais c'est une enfant qui déjà a perdu confiance en l'adulte
09:28 pendant un temps, en tout cas.
09:30 -Un très beau documentaire à voir ce soir sur France 2 à 22h55.
09:34 Ça s'appelle "Bébés, placez la vie devant eux"
09:38 parce qu'ils vont avoir une autre vie.
09:40 Et c'est ce qu'on découvre.
09:42 -Oui, merci.
09:43 Mélissa Thoreau, restez avec nous dans un instant sur Europe 1.
09:45 C'est le journal des médias de Julien Pichenay.

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