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En salles le 4 décembre
Transcription
00:00Peut-être que vous faites partie des plus de 4 millions de spectateurs qui ont déjà vu L'Amour Ouf,
00:04et bah peut-être qu'il est temps de passer à L'Amour Pas Ouf.
00:06On s'emmerde.
00:09Tu veux pas qu'on aille à la plage des cunus ?
00:11À la base, nous, on était venus pour voir des filles de Topless, hein.
00:16Pardon.
00:20Qu'est-ce que t'as fait avec les motos ?
00:22Quand on est sortis, la moto était plus là.
00:24Je suis mort, putain !
00:31On va les retrouver, sinon cette famille est foutue.
00:36C'est bien sûr l'adaptation du Prix Goncourt 2018 signé Nicolas Mathieu.
00:40Soit, à l'origine, un roman choral qui se passait à Eyanges, une ville fictive de Moselle.
00:47On s'accrochait à une famille de prolos, avec un ado de 14 ans, Anthony,
00:53et puis aussi à sa némésie, à son ennemi juré, Assine.
00:57Le père est alcoolo, il est joué par Gilles Lelouch.
01:00La mère est fanée avant l'âge, elle est jouée par Ludivine Sagné.
01:03Et voilà, en quelques étés, ce pauvre Anthony, il passe de vilain garçon à amoureux et perdu.
01:11Pourquoi ? Parce qu'il est tombé raide dingue de Stéphanie.
01:16Elle est trop mignonne, elle est un peu bourgeoise, elle est assez dégourdie,
01:20et elle est un petit peu plus âgée que lui.
01:22Et il va, d'été en été, continuer d'espérer.
01:25C'est assez troublant de voir leurs enfants après eux,
01:28un mois et demi à peine après avoir découvert l'Amourouf.
01:31C'est d'autant plus troublant que ce sont les mêmes producteurs,
01:33c'est quand même assez fou, Alain Attal et Hugo Célignac.
01:36Il y a Gilles Lelouch qui réalisait l'un et qui joue un rôle important,
01:39et il le joue très bien dans le deuxième.
01:42Il y a un rôle très important de la musique aussi dans les deux films,
01:45où il y a vraiment, c'est une musique qui marque l'époque,
01:47alors 13 années 80 dans l'Amourouf,
01:49plus fin des années 80, début des années 90 dans leurs enfants après eux.
01:53On ne peut pas ne pas comparer les deux films,
01:55mais il faut bien reconnaître que la comparaison est très cruelle
01:58pour Gilles Lelouch, réalisateur.
02:00Tout ce qu'on n'arrivait pas à faire, Gilles Lelouch dans l'Amourouf,
02:02les frères Boukerma le réussissent magnifiquement dans leurs enfants après eux.
02:06Notamment la dimension sociale du film.
02:08Dans l'Amourouf, c'est les dockers qui sont en grève
02:11parce qu'ils vont perdre leur boulot, mais c'est juste un décor.
02:14Là non, bien au contraire, la ville est au fourneau,
02:17rouillée parce qu'il ne fonctionne plus depuis des années.
02:20La déliquescence sociale que ça implique, c'est au cœur du film en permanence.
02:23La tension sociale de l'époque est bien là,
02:25et magnifiquement rendue par les frères Boukerma.
02:44Ce qui relie aussi les deux films, c'est une certaine vision de la violence.
02:49La violence sociale, c'est-à-dire celle que subissent les personnages,
02:52c'est vraiment une ronde d'humiliation et de honte.
02:55C'est très très marqué chez tous les personnages.
02:58Et puis la violence tout court, l'ultra-violence même.
03:00Les pères sont violents, et toute la question,
03:02c'est de savoir si leurs enfants le seront après eux.
03:04J'ai un regret, je trouve que le personnage de Hassine est un personnage un peu sacrifié.
03:10Tous les curseurs ont été poussés,
03:12et donc ce qui était une dérouillée que lui mettait son père
03:16devient un acte quasiment de barbarie.
03:19Lui, en fait, n'a plus de voix intérieure.
03:22Évidemment, dans le roman, il y avait ce narrateur omniscient
03:27qui donnait une voix à chacun des personnages,
03:30qui a disparu ici, et on s'est tellement resserré sur Antonie
03:33qu'Hassine devient une espèce d'ange noir comme ça,
03:38qui aurait sa violence et son humiliation pour seul moteur.
03:43Heureusement, il est merveilleusement interprété par Saïd El Halami,
03:47qui lui donne vraiment un côté poignant.
03:50Ce garçon qui vit une sorte de martyr,
03:54qui finalement est un corps supplicié du film, est assez renversant.
04:00Je trouve que tous les jeunes acteurs sont extraordinaires.
04:04Il y a vraiment une dimension sociale qui est très forte dans le film,
04:06et c'est très, très bien rendu.
04:08Et moi, ce que j'aime beaucoup, c'est que ça n'oublie jamais le romanesque.
04:10Les frères Brouckermat n'oublient pas qu'ils proviennent d'un roman
04:14qui était quand même très bien écrit, assez prenant.
04:17C'est pareil, il y a vraiment des rebondissements en permanence,
04:19tout en maintenant ces petits moments de digression
04:21qui sont vraiment très, très beaux,
04:23parfois inattendus et toujours bien servis par la musique.
04:26C'est quand même un des points forts du film.
04:27Ça a dû leur coûter les yeux de la tête.
04:29En tout cas, ça en valait la peine.
04:31Il y a les tubes, je pense qu'a adoré,
04:32qu'a écouté Nicolas Mathieu quand il était jeune.
04:34Mais il y a aussi de la chanson plus variétoche,
04:36plus populaire et qui fonctionne très, très bien.
04:38Un des plus beaux balles des 14 juillet que j'ai vus au cinéma,
04:41avec un slow sur du Francis Cabrel.
04:43Moi, je n'aime pas beaucoup Francis Cabrel.
04:45Et là, la scène, elle est super belle.
04:47Dans les chansons, parfois, qu'on peut ne pas aimer,
04:49il y a quand même une espèce de vérité des sentiments,
04:51une espèce de communion universelle
04:53qui peut passer par cette chanson
04:54et qui est très, très communicative dans cette séquence-là.
04:56Et puis, un film qui se termine sur le générique final
04:59par Born to Run de Springsteen en intégralité,
05:02c'est forcément un bon film.
05:03Leurs enfants après eux, ils feront mieux que les pères.
05:06C'est très bien.
05:06Leurs enfants après eux était un grand roman.
05:08C'est devenu un grand film.
05:10Verdict, très bien.

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