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La censure du Premier ministre Michel Barnier "n'est pas inéluctable" s'il "accepte de négocier" avec le Rassemblement national sur les textes budgétaires, assure Marine Le Pen dans un entretien à la Tribune dimanche, où elle affirme "rester constructive".

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Transcription
00:00L'autre grand titre de l'actualité ce matin, c'est évidemment Marine Le Pen qui continue à souffler le chaud et le froid.
00:06La patronne du RN s'exprime ce matin dans la tribune.
00:09Dimanche, nous restons constructifs. Voilà ce qu'assure Marine Le Pen.
00:12La censure n'est pas inéluctable.
00:14Alors à quoi joue vraiment le RN à quelques heures ?
00:16D'appuyer ou non sur le bouton de la censure ?
00:18Décryptage et débat dans un instant.
00:20Mais d'abord, les mots choisis de Marine Le Pen avec Pierre-Henri Olderboer.
00:24Marine Le Pen pousse une nouvelle fois la porte des négociations dans les colonnes de la tribune dimanche.
00:31La censure n'est pas inéluctable.
00:33Il suffit que M. Barnier accepte de négocier.
00:36Il est issu d'une famille politique qui a 47 députés.
00:40Cela devrait pousser à la discussion.
00:42Le RN maintient la pression sur le gouvernement.
00:46La balle est entre les mains du gouvernement.
00:47Il lui reste quelques heures.
00:49Nos lignes rouges, elles prévalaient hier.
00:52Elles prévalent encore aujourd'hui.
00:54Et si le gouvernement ne veut pas bouger, alors nous voterons la censure.
00:57Mais négocier ne semble pas à l'ordre du jour,
00:59comme l'a précisé dans un entretien aux Parisiens le ministre du Budget et des Comptes publics.
01:04Le compromis n'est pas le chantage.
01:06Nous avons été responsables, à chacun maintenant de l'être.
01:09L'heure est trop grave.
01:10Censurer ce texte reviendrait à censurer un accord démocratique.
01:14Une situation étouffante pour Michel Barnier en déplacement au Téléthon.
01:18On ne peut pas nous travailler aujourd'hui.
01:20On n'est pas dans l'Assemblée.
01:22C'est plus calme.
01:23Sans majorité, le gouvernement pourrait dégainer l'article 49.3
01:28et s'exposer à une motion de censure de la gauche et du Rassemblement national.
01:32C'est plus calme, mais pas pour longtemps.
01:34On va essayer de décrypter tout ça avec nos invités.
01:36Mathieu Lefebvre, bonjour. Merci d'être avec nous.
01:38Vous êtes député ensemble pour la République du Val-de-Marne.
01:40Mélodie Maugré, bonjour.
01:41Vous êtes docteure en droit public enseignante à Sciences Po Paris.
01:44Et Christophe Barbier, bonjour Christophe.
01:45Et journaliste politique BFM TV.
01:47Si vous me permettez, commençons par vous, Christophe.
01:49Vous avez lu avec attention les mots de Marine Le Pen ce matin dans la tribune dimanche.
01:53Il y a un changement de ton.
01:55Il y a une ouverture possible sur le baromètre de l'ascension.
01:58On en est où ce matin ?
01:59Oui, il y a un chaud et froid.
02:00Elle souffle le froid depuis une quinzaine de jours
02:02parce qu'elle s'adresse au cœur, au noyau dur de ses militants
02:05qui veulent en finir avec le gouvernement Barnier.
02:07Elle doit aussi les satisfaire, ces militants.
02:09Ceux qui font partie des 11 millions qui ont voté aux législatives au premier tour
02:13pour le Rassemblement national.
02:15Mais elle pense aussi à la suite, à son avenir présidentiel,
02:18à la construction d'un parti qui se veut respectable, raisonnable, gestionnaire
02:22et d'une figure présidentielle capable d'arriver peut-être un jour aux commandes du pays.
02:26Et donc, il faut aussi rassurer.
02:28Rassurer les électeurs les plus modérés,
02:30rassurer les électeurs les plus âgés qui votent beaucoup, les retraités.
02:32Rassurer tous ceux qui se disent, oh là là, mon épargne, mon salaire, mes impôts.
02:36Qu'est-ce que ça va devenir si on renverse le gouvernement et qu'il n'y a pas de budget ?
02:39Comment contenter les uns les plus durs et rassurer les autres les plus modérés ?
02:43C'est ce qu'elle essaye de faire.
02:44Alors il faudra bien une issue quand même.
02:46Si l'issue sait, j'ai obtenu beaucoup, j'ai fait peur à Barnier.
02:50Il sait que son sort tient à mes mains.
02:52Est-ce qu'elle aura suffisamment contenté les premiers et rassuré les seconds ?
02:56Si elle va jusqu'à la censure, jusqu'au renversement du gouvernement,
02:59est-ce qu'elle saura trouver les mots après pour dire, écoutez, c'est pas de ma faute,
03:02c'est la faute de Michel Barnier, il s'est obstiné.
03:04Et d'ailleurs, je propose des solutions.
03:06Par exemple, soutenir Sébastien Lecornu, dont le nom circule,
03:10pour être un premier ministre de remplacement.
03:12Vous voyez, c'est pas simple pour elle.
03:14Alors on va décrypter tout ça précisément.
03:15Il y a beaucoup de ministres aussi qui parlent ce matin dans la presse.
03:18Juste une impression.
03:19Pour commencer, sur les mots de Marine Le Pen.
03:21Est-ce que vous, vous sentez une ouverture ?
03:23Est-ce que vous vous dites ce matin, peut-être a-t-on une voie pour éviter la censure ?
03:27Je pense qu'il faut aussi qu'on arrête ce chantage.
03:29Ce sont des méthodes inacceptables en démocratie.
03:32Elle fait monter les enchères chaque jour.
03:34Elle nous dit, je veux telle et telle concession.
03:36Et après, elle s'interroge pour savoir comment elles sont financées.
03:39Il faut que cela cesse.
03:41Prenez le mot de chantage.
03:43C'est le mot utilisé par Laurent Saint-Martin ce matin dans la presse,
03:46qui dit, le compromis, ce n'est pas le chantage.
03:48Vous avez le sentiment que là, il y a du chantage ?
03:50Il y a du chantage.
03:51On voit bien qu'elle fait apparaître de nouvelles lignes rouges à chaque fois.
03:53Qu'elle fait apparaître des choses qui sont totalement inacceptables,
03:56comme la baisse de la contribution française au budget de l'Union Européenne,
03:59qui signifierait, de fait, un pas en dehors de l'Union Européenne.
04:02Mais peut-être qu'elle se rend compte, Marine Le Pen,
04:04tout simplement qu'une France sans budget, c'est une France qui va moins bien.
04:07Peut-être qu'elle a entendu les cris des agriculteurs,
04:09qui se rendaient compte que si demain, les mesures sur le gazole,
04:12nos routiers n'étaient pas appliquées, ils allaient à la faillite.
04:14Peut-être entend-elle les Français qui, demain, vont payer de l'impôt sur le revenu.
04:18Peut-être entend-elle également tous ces fonctionnaires
04:20qui se demandent s'ils vont être payés dans les mois à venir.
04:23Je pense que demain, ce sera un moment de vérité.
04:25Le gouvernement a fait beaucoup de concessions.
04:27Michel Barnier a été très ouvert, pas seulement avec le Rassemblement national.
04:31Il l'a été avec toutes les formations politiques.
04:33Mais il a aussi un impératif, qui est celui de redresser les comptes.
04:36Marine Le Pen, elle ne propose pas de redresser les comptes.
04:39Elle propose de faire de la politique politicienne.
04:41Je pense que maintenant, il faut dire stop, ça suffit.
04:44Et demain, à l'Assemblée nationale, ce sera peut-être un moment de vérité.
04:46Alors, un moment de vérité.
04:47Vérité peut-être aussi sur la méthode Barnier.
04:49Est-ce qu'elle était efficace ou pas ? On va en parler.
04:51Mais d'abord, puisqu'on parle beaucoup de demain, qu'est-ce qui va se passer demain ?
04:54Place à nos éclaireurs.
04:58Fanny Veikscheider qui nous rejoint.
04:59Bonjour, Fanny.
05:00C'est le grand jour demain.
05:01Que va-t-il se passer ?
05:02Alors, ce qui est sûr déjà, c'est que ce texte va être présenté au vote des députés.
05:07Le projet de loi de financement de la sécurité sociale.
05:10Premier scénario, si tout se passe bien, ce texte est voté.
05:13Et donc, il poursuit sa navette parlementaire en allant ensuite au Sénat.
05:18Ce qui est plus probable, c'est que ce ne soit pas le cas.
05:20Alors, si le texte n'est pas voté, Michel Barnier a déclaré qu'il emploierait probablement
05:26le fameux article 49.3 de la Constitution qui permet de faire adopter un texte sans le vote de l'Assemblée.
05:36Et dans ce cas-là, il y aurait des conséquences puisque derrière, vous allez le voir,
05:42ce qui peut se passer, c'est que si le Premier ministre emploie le 49.3,
05:46les députés en tout cas de gauche du Nouveau Front Populaire l'ont déjà promis
05:51et le RN, on ne sait pas encore s'il le fera ou pas, il déposerait une motion de censure.
05:55Ce dépôt, il doit intervenir dans les 24 heures, c'est-à-dire soit lundi, soit mardi.
05:59Il suivra ensuite l'examen d'une motion de censure qui, elle, interviendra au plus tôt dans les 48 heures.
06:06Ça peut être donc mercredi ou jeudi.
06:09Voilà pour l'emploi de ce 49.3 et ses conséquences.
06:13Si c'est le cas, alors il y aurait d'autres conséquences cette fois-ci.
06:16Si la censure est votée, tout d'abord, le gouvernement devra démissionner
06:21même s'il est tenu d'assurer les affaires courantes, comme ça a été le cas de Gabriel Attal l'été dernier.
06:26Mais tout de même, ce gouvernement décisionnaire, démissionnaire sera effectif
06:31et libre ensuite au Président de nommer un nouveau Premier ministre
06:34ou de renouveler sa confiance à Michel Barnier.
06:36Deuxième conséquence, c'est tout simplement que le texte, le PLSS, sera rejeté.
06:41Merci beaucoup Fanny pour toutes ces explications.
06:43Mélanie Maugré, vous qui connaissez parfaitement tout ça,
06:46si on fait simple, Michel Barnier, ça peut être terminé la semaine prochaine ?
06:49Terminé, c'est-à-dire qu'il peut démissionner à cause d'un 49.3 ou d'une motion de censure spontanée.
06:56Il y a deux mécanismes. La motion de censure provoquée, elle est liée au 49.3.
07:00L'engagement de la responsabilité du gouvernement sur le texte PLFSS,
07:04dans ce cas-là, loi de financement de sécurité sociale,
07:06soit une motion de censure spontanée déposée par des députés.
07:10Et si elle est votée, là encore une fois, le gouvernement tombe.
07:13À ce moment-là, on est dans un gouvernement démissionnaire.
07:16Exactement ce qu'a expliqué votre journaliste, c'est que le gouvernement démissionnaire peut durer.
07:20On l'a vu, il n'y a rien dans la Constitution qui oblige le président de la République
07:24à nommer directement un nouveau gouvernement.
07:26En plus, c'est difficile de nommer quelqu'un.
07:28Donc, le gouvernement Barnier pourrait continuer à gérer le budget,
07:32même si normalement, un gouvernement démissionnaire n'est pas censé gérer un budget,
07:36ni de faire de projet de loi.
07:38Mais comme nous sommes dans l'urgence, le Conseil d'État, à plusieurs reprises,
07:41a dit que potentiellement, on peut gérer l'urgence.
07:45Et donc, faire un budget.
07:47Il y a, Christophe, une forme de dramatisation un peu partout ce matin.
07:50C'est-à-dire que les ministres Antoine Armand, Laurence Amartin, les ministres du gouvernement disent
07:55ça va être le chaos.
07:57Si on n'a pas de budget, ça va être le chaos.
07:59C'est une façon de mettre la pression aussi sur Marine Le Pen.
08:01Ça met la pression, ça fait porter le chapeau d'une éventuelle responsabilité
08:06par rapport aux difficultés que rencontrerait l'économie française.
08:09Il y a des choses contestables et des choses incontestables dans ce paysage du chaos.
08:13Ce qui est contestable, c'est de dire les cartes vitales ne marcheront plus,
08:16les fonctionnaires ne seront plus payés.
08:17On sait bien qu'il y aura une loi spéciale pour assurer les affaires courantes.
08:21Et puis, normalement, dès le début de 2025, si on a un gouvernement,
08:24on reprend une discussion budgétaire en cours d'année exécutive.
08:27Donc, il y a des solutions techniques, elles ne sont pas idéales.
08:30Ce qui n'est pas contestable, c'est qu'en effet, des Français vont se mettre à payer l'impôt sur le revenu
08:33parce qu'on n'aura pas recalculé les barèmes en fonction de l'inflation.
08:36Il va y avoir un coût de la dette, un coût de l'emprunt pour la France plus élevé
08:40parce que les marchés financiers vont nous sanctionner.
08:42Il y aura des conséquences réelles.
08:43On ne pourra pas embaucher, comme c'est prévu, des policiers ou des militaires.
08:46Il y aura de véritables conséquences.
08:48Est-ce qu'elles doivent empêcher le Parlement d'exercer son droit,
08:51c'est-à-dire, notamment, de répondre à un 49-3 par une motion de censure ?
08:54Non.
08:55Là où il y a un manque de responsabilité de la part des oppositions,
08:58c'est que, normalement, elles devraient présenter une solution.
09:01Dans certains pays, c'est obligatoire.
09:02En Allemagne, au Portugal, en Slovénie, en Belgique, en Houry,
09:06si vous renversez un gouvernement, vous devez proposer un gouvernement remplaçant,
09:09avec une feuille de route.
09:10Un gouvernement ?
09:11Un gouvernement.
09:12Imaginez, là, si Marine Le Pen vote la motion de censure déposée par le NFP,
09:16parce que c'est ça qui va se passer, c'est la motion de censure de la gauche
09:19qui va, avec le RN, peut-être faire tomber le gouvernement.
09:22Ça les obligerait à se mettre d'accord pour dire, on va gouverner.
09:25Alors Sandrine Rousseau et Marine Le Pen vont gouverner ensemble
09:28avec les LFI et les socialistes.
09:30Évidemment, ça ne tient pas la route, ça retiendrait les motions de censure.
09:33La motion de censure constructive, comme on l'appelle,
09:36c'est peut-être une réforme institutionnelle pour une éventuelle 6e République.
09:40Je voudrais parler de ça dans un instant,
09:42mais est-ce que tout ça n'est pas l'échelle de notre fonctionnement ?
09:44Parce qu'effectivement, on voit bien que dans d'autres pays,
09:46on a des parfeux, on a des solutions à proposer.
09:49Chez nous, on en arrive à un moment où on a une majorité qui dit qu'il y a du chantage,
09:52on a une Marine Le Pen qui dit que c'est ligne rouge et c'est des ultimatums.
09:55C'est impossible de discuter.
09:58Ce n'est pas dans nos mentalités, en fait, on n'a pas l'habitude.
10:01On a eu pendant très longtemps un fait majoritaire fort,
10:04c'est-à-dire que l'Assemblée était de la couleur politique du gouvernement.
10:07On avait l'impression que l'Assemblée, c'était une chambre d'enregistrement
10:11et qu'ils ne faisaient pas forcément leur travail.
10:14On a redécouvert, grâce à cette séquence ou à cause de cette séquence,
10:17depuis 2022, que nous sommes dans un régime parlementaire.
10:20C'est-à-dire que l'Assemblée et, accessoirement, le Sénat,
10:23ce bicaméralisme de chambres, sont très importants pour faire les lois.
10:27Donc, moi, je n'irais pas jusqu'à une 6e République,
10:30mais la 5e République est en réalité très flexible
10:33et on voit qu'il y a différents mécanismes possibles.
10:36Il y aura un budget, on ne sait pas lequel ni comment.
10:39Est-ce que c'est une loi spéciale ? Est-ce que ce n'est pas ordonnance ?
10:42Est-ce que ce sera la loi de finances qui sera quand même votée par abstention du RN ?
10:47On ne sait pas, mais il y aura quelque chose.
10:49Donc, la 5e République permet de gérer cette situation très compliquée,
10:53mais on peut faire des ajustements comme, par exemple,
10:56le fait de ne pas laisser pendant...
10:58On pourrait laisser six mois un gouvernement démissionnaire.
11:00Donc, peut-être qu'on pourrait encadrer ce genre de choses.
11:03Le fait d'avoir une motion constructive aussi, c'est très intéressant,
11:06de devoir proposer quelque chose et pas juste de sanctionner alors qu'on n'a rien derrière.
11:11Et donc, tout ça, c'est vrai qu'on pourrait faire des modifications,
11:14mais qui sont des modifications constitutionnelles.
11:16Et vu la situation de l'Assemblée nationale, on a du mal à croire qu'on ira jusqu'au bout.
11:21Alors, revenons au trait concret.
11:22Mathieu Lefebvre, je vous posais la question autrement,
11:24mais est-ce que ce n'est pas le premier échec de Michel Barnier ?
11:26Est-ce qu'il n'a pas réussi à créer le consensus,
11:28qui était quand même sa feuille de route,
11:30qui était la mission pour laquelle il avait été nommé ?
11:32Michel Barnier fait face à des contraintes qui sont parfois insurmontables.
11:35Quand vous voyez ce que demande Marine Le Pen, encore une fois, c'est tout et son contraire.
11:39Quand elle propose une nouvelle fois de réduire le budget de la France à l'Union européenne,
11:42elle sait très bien que Michel Barnier ne le fera pas.
11:45Quand elle propose, en remplacement des mesures qu'elle propose de supprimer,
11:49simplement de supprimer l'aide médicale d'État
11:52et d'augmenter la taxe sur les transactions financières,
11:54chacun sait bien que tout cela ne tient pas la route.
11:56Et de la même manière, je pense qu'à gauche, Michel Barnier a très rapidement compris.
12:00D'ailleurs, le premier jour de sa nomination, à la gauche a dit « uni », elle allait le censurer.
12:05Donc il fait face à des lignes rouges dans tous les sens qui sont compliquées.
12:08Moi, je regrette qu'aujourd'hui, les agendas personnels priment sur l'intérêt collectif.
12:12On assiste à quoi ? On assiste à un bal des ambitions et des égaux
12:17qui visent à empêcher toute forme de compromis au service de la France,
12:20qui sont bien éloignés, moi, je trouve, des préoccupations des Français.
12:23Mais est-ce que la mission était impossible
12:25ou est-ce que Michel Barnier s'y est mal pris, Christophe ?
12:27Les deux, mon capitaine.
12:29La mission était très compliquée, on le sait depuis le début.
12:31On voit bien que ce rendez-vous budgétaire, c'était l'épreuve du feu,
12:33quel que soit le Premier ministre qui ait pu être choisi cet été.
12:37C'était aussi une mission quasi impossible vu les délais impartis.
12:40Il a eu quelques semaines pour faire un budget,
12:42dans une situation économique et financière française extrêmement compliquée.
12:45Ça accumulait toutes les difficultés.
12:47Mais je pense qu'il s'y est mal pris,
12:49puisque peut-être en reproduisant les techniques du Brexit,
12:52il s'est dit « en gagnant du temps, en laissant les choses aller le plus loin possible,
12:56au premier mur dans le dernier quart d'heure,
12:58là, j'aurai la main et ils vont être obligés de céder ».
13:01C'était peut-être pas la même méthode.
13:03À la fois, il y a eu à l'Assemblée l'impression en octobre
13:05que la majorité, le socle commun,
13:07laissait filer les amendements de gauche qui passaient les uns après les autres.
13:10Ah tiens, on allait vers un budget NFP.
13:12Et puis, dans le vote final, on a tout balayé.
13:14On a reconstruit quelque chose au Sénat et avec la commission mixte paritaire.
13:17Et puis aujourd'hui, on se retrouve avec un budget
13:19qui ne satisfait aucune des oppositions.
13:21Donc ce jeu-là, peut-être, va-t-il se retourner contre Michel Barnier.
13:25Je parle dans un instant, mais c'est vrai qu'on a laissé croire
13:28qu'on allait discuter de ce budget en sachant très bien
13:30que tous ces amendements votés par la France insoumise
13:33ne seraient jamais retenus et qu'au final, on parlait dans le vide.
13:36Mais ils n'ont pas été votés que par la France insoumise.
13:39Ils ont été votés par une alliance des contraires
13:41entre le Rassemblement national et la France insoumise
13:43qui a transformé ce projet de budget en feuille d'impôt.
13:47Voilà ce qui s'est passé à l'Assemblée nationale.
13:49Et dans le fond, l'Assemblée nationale s'était un peu décrédibilisée
13:51et s'est montrée assez éloignée des préoccupations des Français
13:54et notamment de ses entrepreneurs.
13:56Et moi, je regrette qu'on soit une démocratie suffisamment immature
13:59pour ne pas parvenir à des consensus,
14:01pour ne pas parvenir à mettre de côté des désaccords
14:04qui sont des désaccords parfois profonds,
14:06mais au moins pour nous accorder sur l'essentiel
14:08qui est d'assurer un budget à la France
14:09et d'assurer un peu de stabilité au pays.
14:11À mon avis, les Français demandent cela
14:13et ils ont bien raison de le demander.
14:15Juste pour aller dans votre sens,
14:17quand on regarde ce qui s'est passé en Commission des finances pour le PLF,
14:20l'URN a voté beaucoup d'amendements du NFP.
14:24Et les filles, NFP, c'est-à-dire qu'il y a le PS,
14:27il y a d'autres groupes, ils sont alliés.
14:30Et quand ils sont arrivés sur le vote final,
14:32ils ont fini par voter contre,
14:34ce qui était surprenant puisqu'ils ont quand même voté
14:36une grosse partie des amendements.
14:37Donc on ne comprend pas forcément toute la stratégie
14:40parce que si l'URN avait voté avec le NFP,
14:43en tout cas, ça ne compte pas vraiment la Commission au niveau...
14:46Mais ça aurait été symbolique.
14:48Ça n'a pas été le cas et pareil à nouveau dans l'hémicycle.
14:51Un autre détail, on débat dans notre pays des recettes
14:54avant de parler des dépenses.
14:55Si on faisait l'inverse, si on avait commencé par les dépenses,
14:58où est-ce qu'on peut faire des économies ?
14:59Peut-être qu'on aurait mis un peu de raison dans ce débat budgétaire
15:02avant tout ce qui était un peu démagogique.
15:04Mathieu Lefebvre, s'il y a censure,
15:06si le gouvernement n'est plus en fin de semaine,
15:08ou ne gère que les affaires courantes,
15:10Sébastien Lecornu, il y a du monde qui sera présenté.
15:14Qu'est-ce qu'on devient ? Qu'est-ce qu'on fait ?
15:16Je ne me place pas dans cette position et dans cette perspective
15:19parce que je crois que la négociation est encore possible,
15:22qu'elle est souhaitable
15:23et que l'esprit de responsabilité va prévaloir.
15:25Si je commençais à vous dire
15:26« il y aura demain un nouveau Premier ministre
15:28et c'est telle et telle personnalité qui est souhaitable
15:30pour le socle commun »,
15:31je ne serais pas responsable.
15:32La responsabilité, c'est de soutenir Michel Barnier,
15:34de soutenir ce projet de budget.
15:36D'ailleurs, nous, nous l'avons beaucoup critiqué,
15:38ce projet de budget,
15:39mais nous avons adopté les conclusions
15:41de la commission mixte paritaire.
15:42On a mis un mouchoir sur notre nez
15:43au nom de la responsabilité avec Gabriel Attal
15:45parce que nous savons que l'intérêt du pays,
15:47c'est d'avoir un budget
15:48plutôt que de ne pas avoir de budget du tout.
15:50Encore une fois,
15:51une France sans budget,
15:52ce serait une catastrophe pour le pays.
15:54Demain, au-delà des arguments qui ont été évoqués,
15:56mais le coût de l'investissement
15:58renchérirait,
15:59les propriétaires investiraient plus cher,
16:01les entrepreneurs investiraient plus cher.
16:03Voilà ce qui se passerait à la fin du mois.
16:05Donc, ce projet de budget n'est pas parfait,
16:07nous l'avons dit et redit,
16:08et moi, je ne me place pas dans la perspective
16:10d'une censure du gouvernement.
16:11Est-ce que la clé, c'est pas de céder sur les retraités ?
16:13Allez, qu'au 1er janvier,
16:14tous les retraités,
16:15quel que soit leur niveau,
16:17on réévalue en fonction de l'inflation.
16:19Personne ne descendra dans la rue
16:20pour protester contre ça.
16:21Moi, vous savez,
16:22j'avais fait campagne pour indexer
16:23les pensions des retraités,
16:24donc j'y serais très favorable,
16:25mais ça coûte 4 milliards d'euros.
16:26Oui, on les prendra dans les dépenses.
16:27Oui, mais il faut dire comment.
16:29C'est trop facile.
16:30Le Sénat débat demain des dépenses.
16:32Oui, faisons-le si c'est le cas.
16:33Ça peut être une porte de sortie.
16:35Les retraites, tout le monde l'avait demandé.
16:37Mais de grâce,
16:38ne commençons pas à céder sur des économies
16:40sans dire ce que l'on fait derrière.
16:41Parce que sinon,
16:42on aura à la fois le déshonneur
16:44et en même temps le déséquilibre budgétaire.
16:46Et Michel Barnier est un homme raisonnable
16:48qui a pris des risques politiques aussi
16:49pour présenter un budget
16:50qui demande des efforts aux Français.
16:52On ne peut pas dire tout et son contraire.
16:54Il faut faire des efforts.

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