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Dans son émission média, Thomas Isle et sa bande reçoivent chaque jour un invité. Aujourd'hui, Fred Garson et Jean-Louis Pérez pour leur série documentaire «Kerviel, un trader, 50 milliards».
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Transcription
00:00Vous écoutez Culture Média sur Europe 1 9h30 11h avec Thomas Hill et vos invités ce matin Thomas.
00:05Je reçois ce matin le réalisateur Fred Garçon et le producteur Jean-Louis Pérez de la série
00:09documentaire qui sort aujourd'hui consacrée à Jérôme Kerviel, un trader 50 milliards.
00:15On nous a annoncé la nouvelle comme quoi il y avait un problème avec un trader.
00:18Je ne connaissais pas Jérôme Kerviel, je ne lui ai jamais parlé en direct auparavant.
00:23Dès que j'allumais mon écran la seule chose que j'avais envie de faire c'était de reprendre
00:25des positions et de faire de l'argent encore plus.
00:27Et je finis le 31 décembre avec un gain pour le compte de la banque de 1,4 milliard d'euros.
00:31J'étais accro à la performance, accro à faire plus d'argent, accro à gagner.
00:36Il a pris 50 milliards de positions, 50 milliards d'euros, 50 milliards, 50 milliards.
00:45Tout d'un coup on réalise qu'on va tomber et quand on vend on fera tomber les autres
00:49banques, on fera tomber tout le système.
00:50Il y en a qui crient, qui pleurent.
00:52Mon patron ferme à l'aise dans les toilettes.
00:54On est dans une crise financière totale.
00:57On a dans les mains une bombe qui va tout faire péter.
01:02Cette série documentaire s'ouvre sur le 24 janvier 2008 où face à la presse du monde
01:07entier, le patron de la Société Générale, Daniel Bouton, annonce que la banque a perdu
01:11près de 5 milliards d'euros à cause de ce qu'il appelle, lui, un fraudeur, un escroc,
01:16un terroriste.
01:17A l'époque, il ne donne pas encore le nom de Jérôme Kerviel, mais tous les médias
01:21du monde cherchent immédiatement à débusquer cet homme, Jean-Louis Perret.
01:26Ils veulent le trouver.
01:27Ils veulent avoir son nom.
01:29Oui, parce qu'un homme seul qui a déjoué un système comme celui de la Société Générale,
01:37une banque aussi puissante que la Société Générale, c'est incroyable, ça paraît
01:40incroyable.
01:41Et d'ailleurs, dans les premières minutes de votre documentaire, Fred Garçon, Jérôme
01:44Kerviel n'apparaît pas.
01:45Vous le faites arriver seulement quand son nom, finalement, est révélé au monde.
01:50Est-ce qu'il a été tout de suite partant, lui, pour participer à ce documentaire ou
01:54est-ce qu'il a été compliqué à convaincre ?
01:56Il était un peu comme le documentaire le montre, c'est-à-dire qu'il avait très
02:01envie de parler, une première rencontre s'est faite avec Jean-Louis Perret, mon producteur,
02:06et on s'est rencontrés ensuite et moi j'avais très envie de raconter l'histoire par un
02:12biais différent de celle qu'on avait entendu pendant 15 ans, qui était le biais de l'humain,
02:17et donc du coup, le faire apparaître tardivement et ensuite lui donner la parole était un
02:25petit peu, imagait les paradoxes que j'avais ressentis en le rencontrant.
02:31Moi, j'ai appris énormément de choses dans ce doc, en fait, je me suis rendu compte que
02:34l'affaire, on la connaît finalement assez peu, en tout cas, on n'en connaît que l'écume
02:39et c'est vraiment passionnant de plonger à l'intérieur de cette histoire.
02:42Alors, il y a le témoignage de Jérôme Kervier, il y a aussi celui de ses avocats, ses communicants,
02:46mais il y a aussi ceux de la partie adverse, les dirigeants de la Société Générale.
02:50Ce dossier, il est évidemment d'une grande complexité et vous avez su le rendre compréhensible
02:55dans ce doc et j'imagine que ce n'était pas une mince affaire, mais j'imagine aussi
02:58que vous n'êtes pas un spécialiste du trading, Fred Garçon ?
03:01Pas du tout, moi je viens de la fiction, je fais des films, des séries avec des acteurs,
03:05des actrices, du romanesque, Jean-Louis Pérez a une grande formation de journaliste, de
03:12producteur de journaliste et c'est un appareillage qui était très complémentaire en fait.
03:15On a bâti comme une rédaction entre atelier d'écriture et rédaction journalistique et
03:22moi, mon rôle était de raconter.
03:25La mise en image ?
03:26Non, raconter comment, par quel point, comment, pourquoi il arriverait plus tard, qu'est-ce
03:31qu'est l'épisode 1, pouvoir saisir comment le métronome de nos avis pendant 15 ans,
03:41à la lecture de la presse, à la lecture de cette affaire, a pu vaciller et comment faire
03:46ressentir ça à nouveau et mettre en exergue ces paradoxes.
03:50Est-ce que vous n'aviez pas peur, malgré vos connaissances, de vous faire un peu balader
03:55par une partie ou l'autre et même de vous faire manipuler par une partie ou l'autre ?
03:59Pas tellement.
04:00L'idée...
04:01Alors déjà on avait une équipe, comme vient de le dire Fred, de journalistes qui travaillaient
04:04beaucoup, qui ont lu, épluché tout le dossier judiciaire, on a fait beaucoup d'interviews,
04:11on a recoupé, recoupé, recoupé.
04:13Donc il y a eu un très gros travail journalistique qui a été fait en amont et puis après,
04:18il s'agissait d'écouter les gens, qui étaient aussi, c'était la volonté de Fred, des témoignages
04:26humains, c'est-à-dire qu'ils parlaient de leurs ressentis.
04:28Voilà, c'est ça la série, parce que les faits avaient été exposés, il y a des choses
04:33qui n'avaient pas été dites et qu'on a évidemment, il y a des nouveautés dans cette
04:37série, mais c'était aussi des témoignages humains, c'est-à-dire comment ils ont vécu
04:41quand on est patron de la salle des marchés avec 1300 traders et qu'on découvre ce qui
04:48se passe.
04:49C'est intéressant de voir la réaction qu'a cette personne.
04:52Et de l'autre côté, Jérôme Kerviel, qui avait raconté son affaire, il l'a raconté
04:56dans la longueur, avec beaucoup plus de détails, et puis il y a aussi l'aspect humain de son
05:01témoignage.
05:02Et ça, c'est la grande force, à mon avis, de cette série, c'est que tous les personnages,
05:07on les comprend, puis on ne les comprend plus, puis on les recomprend, et donc ça, c'est
05:11la narration qu'a mis en place Fred pour avancer sur les quatre épisodes.
05:15Mais moi, j'ai quand même eu l'impression, je ne sais pas si c'est votre cas aussi, Anissa,
05:18en regardant la série, que votre cœur balançait un petit peu du côté de Kerviel, qui a un
05:23côté très séduisant, qui a quelque chose de romanesque, en fait.
05:27En fait, c'est amusant ce que vous dénonciez, le fait que je venais d'ailleurs, que ce
05:32que je fais, d'ailleurs, ma prochaine série sera une série de fiction, c'est qu'il a
05:36ses affaires, ses pans de vie sont tellement extrêmes, qu'effectivement, l'individu se
05:46change à travers ses épreuves, et il devient d'autant plus charismatique, et intriguant,
05:52et attachant aussi, mais ils le sont un peu tous, c'est-à-dire qu'on s'est rendu compte
05:58très vite que cette affaire avait balayé des vies, explosé des vies, alors la plus
06:02compétente.
06:03Y compris celle du patron de la Société Générale, qui finit par être attachant à la fin.
06:07Je suis ravi que vous disiez ça, parce qu'ils et elles le sont tous, l'idée c'était de
06:11pouvoir les comprendre, et qu'ils puissent nous raconter le même récit, mais avec un
06:16projecteur, un point de vue différent, et de mettre en relation, en écho, en confrontation
06:22en fait, ces impressions, pour organiser un vrai thriller.
06:26On arrive à se mettre à la place de tout le monde dans ce documentaire, on arrive à
06:29se mettre à la place du patron de la Société Générale, et à la place de Jérôme Carviel,
06:33mais il reste toujours cette question, et c'est un peu comme dans les grandes affaires,
06:37c'est est-ce qu'il a été seul, ou est-ce qu'il a été accompagné, on savait, les
06:41gens savaient, il reste ce grand questionnement, et je pense qu'on se fait tous un avis à
06:45la fin de ce documentaire.
06:46Il y a des réponses quand même.
06:47Oui, vous donnez des réponses.
06:49Ce qui est assez fou au début du doc, c'est de constater qu'en fait, Carviel, au départ,
06:53il explique qu'en arrivant dans cette banque, il n'imaginait même pas devenir trader, il
06:56n'imaginait même pas devenir assistant d'un trader, il ne connaissait pas grand-chose
07:01en fait.
07:02Alors il a fait des études de finance, mais c'est vrai que dans ces salles de trading,
07:09ce que les spécialistes appellent les desks, les gens ont fait de très hautes études,
07:16mais il n'empêche que, force de travail, le petit gars de Bretagne, il y est parvenu
07:22à se faire une place dans ce desk.
07:24Il y est parvenu, ça a marché, ça a monté très vite, il a gagné beaucoup d'argent,
07:29et puis à un moment, il est allé trop loin, comme un joueur de casino qui est complètement
07:32addict au jeu.
07:33Lui, pas tant que ça, à titre personnel, parce que c'est Charminuté, ses bonus n'étaient
07:39pas des bonus en millions.
07:41Ses gains à lui, ce n'était pas Charminuté.
07:44Les gains pour la Société Générale étaient énormes, c'était un très bon trader pendant
07:48quelques temps, et puis à un moment, ce très bon trader, il a dérapé, c'est le moins
07:52qu'on puisse dire, en plaçant énormément d'argent, et beaucoup plus que ce qu'on lui
07:57autorisait.
07:58On va voir ensuite, on va suivre son parcours judiciaire tout au long de ces quatre épisodes.
08:03On va y revenir dans un instant, parce que c'est fascinant cette histoire, comment Jérôme
08:08Kerviel aussi devient rapidement la coqueluche des médias, et arrive à retourner l'opinion
08:12publique en sa faveur, mais je vous propose qu'on en parle après le journal des médias
08:16de Julien Pichonnet.
08:17Oui, le journal des médias qui arrive dans un instant, et nous allons parler, ce matin
08:21avec Julien, du casting de la prochaine saison de Danse avec les Stars.
08:24Et ça y est, on a un premier nom, et c'est un très grand sportif qui va fouler le parquet
08:30de Danse avec les Stars.
08:31Mais qui ?
08:32Beau gosse.
08:33Qui ? Et très beau gosse.
08:34Ah oui.
08:35A tout de suite sur En Repense.

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