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Tandis que nombre de migrants qui disparaissent en tentant de rejoindre l'Europe ne cesse d'augmenter, les députés de la Gauche et les écologistes continuent à dénoncer le « Pacte sur la migration et l'asile » que l'Union européenne s'apprête à mettre en application.

Pratiques inhumaines et non conformes aux règles internationales, financement des gouvernements autocratiques, aggravation des problèmes pour les pays d'accueil, renforcement de l'Europe forteresse, augmentation des délais de détention des migrants...

Pour les défenseurs d'une immigration solidaire et respectueuse des droits humains, les nouvelles règles qui vont entrer en vigueur, vont toutes dans le mauvais sens, et ne feront qu'aggraver la situation des personnes qui quittent leurs pays face à la misère et aux guerres dont l'Europe est largement responsable.

Le point complet avec le député européen Damien Carême ( La Gauche ), ancien maire de Grande Sainte, le premier élu à avoir mis en place sur sa commune un camp de réfugiés répondant aux normes humanitaires internationales.

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Transcription
00:00Bonjour et bienvenue dans cette rencontre au Parlement européen de Strasbourg, Damien Carême, bonjour.
00:05Bonjour.
00:06Je rappelle que vous êtes député européen du groupe La Gauche.
00:09On va parler ensemble d'un sujet qui a tendance, selon l'expression consacrée à l'heure actuelle,
00:14à passer un peu sous les radars de l'actualité, parce qu'effectivement, l'actualité est très chargée en Europe,
00:20et hors de l'Europe et aux portes de l'Europe en tout cas.
00:24Il s'agit de la situation des migrants en Europe dont on ne parle plus beaucoup,
00:27alors que, évidemment, l'actualité nous y ramène sans cesse.
00:30Je rappelle aussi, et c'est très important par rapport à ce dont il va être question,
00:34on va en parler d'ailleurs tout de suite, que vous avez été le maire de Grande-Synthe,
00:37dans la banlieue de Dunkerque, et que vous avez été l'un des premiers maires à mettre sur pied,
00:43en place, il y a de ça maintenant neuf ans si je ne me trompe pas,
00:46un accueil, une structure pour accueillir les réfugiés dans les conditions de descente,
00:52qui avait été confiée à l'époque, la gestion avait été confiée,
00:55aux associations locales, mais aussi à Médecins Sans Frontières,
00:57si je ne me trompe pas encore une fois, ces migrants qui effectivement,
01:01à partir de Dunkerque, c'était l'un des lieux essayés d'aller en Angleterre,
01:07à l'époque pas en embarcation d'ailleurs, ils essayaient de s'accrocher à ce qu'ils pouvaient,
01:11pour pouvoir y aller.
01:13Et donc, dans les années qui ont suivi, on sait aussi qu'il y a eu des problèmes
01:18sur ce lieu d'accueil, ce campement qui avait été installé,
01:22certains graves d'ailleurs, et l'État a souhaité petit à petit se retirer,
01:27demander à ce qu'on ferme ce lieu.
01:29J'allais dire simplement pour ce lieu qui est emblématique,
01:32non seulement pour nous en France bien entendu, mais qui est aussi emblématique en Europe,
01:36puisqu'il y a eu une tentative à cet endroit-là de faire quelque chose,
01:39avec les moyens que vous aviez.
01:41Aujourd'hui, les migrants aussi sont toujours en coin,
01:43l'Aune-Plage, etc., ils sont toujours dans le secteur.
01:47Où est-ce qu'on en est finalement ?
01:49On en est nulle part. Il y a une volonté de ce gouvernement,
01:52comme de tous les gouvernements successifs depuis l'époque,
01:54à ne rien faire sur cette côte, où il y a des ports qui mènent vers la Grande-Bretagne,
01:59dans le cadre d'accords, initialement du Touquet, puis d'un certain nombre d'accords par la suite.
02:04Donc, aucune structure d'accueil.
02:06On préfère laisser ces gens à l'abandon, sans aucun accès à un minimum de dignité,
02:12à des toilettes, à la distribution alimentaire dans des bonnes conditions.
02:17On empêche les villes et l'État empêche les associations
02:20de pouvoir faire ces distributions alimentaires ou de vêtements.
02:23On va sans arrêt les déloger, les campements, lacérer les tentes,
02:26confisquer les effets personnels.
02:28Donc, la situation s'est même empirée,
02:30parce qu'on a eu un certain nombre de ministres de l'Intérieur,
02:32après, qui sont arrivés.
02:34Darmanin, aujourd'hui, Retailleau…
02:36– Qui connaît pourtant bien le coin.
02:38– Qui connaît le coin, mais qui ne résout rien.
02:40Et ça ne résoudra rien.
02:42Il faut arrêter de croire que d'augmenter les moyens en force de l'ordre,
02:46en drones, en vedettes, etc.
02:48Ça changera quoi que ce soit.
02:50Il n'y a jamais eu autant d'arrivées en Grande-Bretagne par ce biais-là
02:54que depuis ces dernières années, alors qu'on a multiplié les moyens.
02:57Donc, c'est illusoire.
02:59Il y a d'ailleurs un papier aujourd'hui dans un journal d'un agent de police
03:03qui dit qu'on ne peut pas surveiller 200 km de côte
03:06avec les quelques moyens qu'on a.
03:0824 heures sur 24, c'est impossible.
03:10Donc voilà, on fait croire qu'on fait quelque chose,
03:12mais en fait, on ne fait rien.
03:14Et les victimes de ça, ce sont ces exilés qui ne demandent qu'une chose,
03:19c'est de partir vers la Grande-Bretagne,
03:21rejoindre leur famille bien souvent,
03:23parce qu'il y a une grosse diaspora
03:25d'un certain nombre de nationalités qu'on retrouve sur le littoral,
03:28les Soudanais, les Érythréens et un certain nombre d'autres.
03:31– Alors, il y a eu, dès cette époque dont on parle,
03:34c'est-à-dire la grande arrivée, notamment sur Grande-Synthe où vous étiez,
03:38ça date effectivement maintenant d'une petite dizaine d'années en gros.
03:41– À Grande-Synthe, ça date de 2002,
03:44mais les quelques-uns qui sont arrivés,
03:46qui passaient vers la Grande-Bretagne à cette époque-là,
03:48le gros est arrivé à partir de 2015 avec le conflit syrien.
03:51Avec ces Syriens qui s'arrêtaient là
03:53parce qu'il y a l'autoroute qui est amenée à Calais,
03:55ils embarquaient dans des camions sur une station-service
03:57qu'il y avait sur la commune pour rejoindre la Grande-Bretagne.
04:00Donc c'est à partir de juillet 2015,
04:03là où il y a eu le conflit syrien qui a éclaté,
04:05qu'on les a vus arriver de quelques dizaines à 2500 en 4 mois.
04:10Alors depuis, effectivement, d'autres moyens ont été mis en place
04:13par les migrants et par les passeurs, nous ne nous y trompons pas non plus,
04:17pour faire passer, tenter de faire passer,
04:19faire passer les migrants sur la côte anglaise qui est proche,
04:23qui a une trentaine de kilomètres.
04:25Et on se rend compte que c'est encore plus catastrophique,
04:28les conditions dans lesquelles,
04:30les risques qui sont pris pour ce passage en mer,
04:33créent des problèmes, des catastrophes encore plus importantes
04:36qu'il y en avait à l'époque,
04:37puisque finalement, à l'époque, les migrants essayaient de passer
04:40accrochés aux camions, etc., cachés dans les camions.
04:42Et là, c'est devenu beaucoup plus dangereux.
04:45On est dans une situation qui est comparable
04:47à ce qu'on connaît dans le sud de l'Italie,
04:49où on en reparlera tout à l'heure,
04:50à ce qui se passe entre la Turquie et les îles grecques.
04:53Non mais il y a une solution à ça.
04:55Laissons les rocs gagner la Grande-Bretagne,
04:57les quelques milliers qui sont présents sur ce littoral-là,
04:59c'est pas non plus des millions qui arrivent,
05:01donc les quelques milliers, on les laisse passer
05:03et on anéantit les réseaux de passeurs.
05:05Sauf que plus on va mettre de barbelés,
05:07plus on va mettre de gendarmes,
05:09plus on va mettre de moyens pour contrôler
05:12ces soi-disant réseaux de passeurs,
05:14plus on va, un, générer de la difficulté à passer,
05:18plus on va faire prendre de risques aux exilés pour passer
05:21et plus on va enrichir les réseaux de passeurs.
05:22C'est ce que disent beaucoup d'études aujourd'hui.
05:24Il y a encore une, ces derniers jours,
05:26d'un anthropologue qui dit, avant qu'il y ait tous ces moyens
05:29qui sont mis à la frontière à Calais
05:31et sur le littoral du Nord-Pas-de-Calais,
05:33il n'y avait pas de réseaux de passeurs.
05:34Et les réseaux de passeurs, pendant la guerre,
05:37heureusement qu'il y a eu ces réseaux de passeurs
05:39pour permettre à ceux qui fuyaient Franco
05:41de venir rejoindre l'Espagne,
05:42à ceux qui fuyaient Mussolini de venir là
05:44et à ceux qui fuyaient l'Allemagne nazie,
05:46les juifs qui sont passés,
05:47ils ont utilisé les services de passeurs
05:48pour pouvoir passer.
05:49Donc moi, les gens qui fuient la guerre,
05:51qui fuient la misère, etc.,
05:52je leur en veux pas d'utiliser les réseaux de passeurs.
05:56Organisons-nous différemment
05:58et faisons des voies légales de passage
06:01où on va les chercher dans les pays d'origine
06:03pour les amener chez nous,
06:04tous ceux qui peuvent arriver chez nous.
06:06Et là, on va néantir les réseaux de passeurs
06:08et on va supprimer le risque.
06:10Enfin, il y a encore eu...
06:11C'est une année la plus meurtrière en Manche
06:13comme l'année la plus meurtrière en Méditerranée.
06:15C'est ce que ça génère derrière.
06:17Plus de 33 000 morts en Méditerranée depuis 2014,
06:20plus de 300 dans la Manche depuis 2014.
06:23Et depuis la fin de la crise du Covid,
06:26on voit qu'effectivement,
06:29le nombre de personnes qui passent va crescendo.
06:32C'est-à-dire qu'on n'est pas du tout
06:33dans une situation où ça diminue.
06:35Bien sûr, parce qu'en fait, ces gens, ils viennent d'où ?
06:37Le dernier naufrage qu'il y a eu, d'où viennent-ils, les gens ?
06:39Soudan, Érythrée, ce sont deux pays en guerre.
06:42Qu'est-ce qu'on va dire à ces personnes-là ?
06:44Restez chez vous !
06:45Il faut qu'on assume une part de responsabilité.
06:47Ils vont principalement, la majorité,
06:50la très grande majorité, 85 % des Érythréens,
06:52des Soudanais, vont dans les pays
06:54qui bordent leur pays,
06:55qui sont à la frontière de leur pays.
06:56Parce qu'ils n'ont qu'un espoir,
06:57c'est de pouvoir retourner dans leur pays.
06:59Donc il n'y en a qu'une partie qui arrive chez nous.
07:01C'est un peu, on a vécu la même chose avec l'Ukraine.
07:03Dans un premier temps, les Ukrainiens,
07:05quand ils ont fui la guerre chez eux,
07:06ils sont allés en Pologne, ils sont allés en Roumanie,
07:08ils sont allés dans les pays proches.
07:09Quand la guerre s'est éternisée un peu,
07:11ils sont reculés, ils sont allés beaucoup en Allemagne.
07:12Et après, ils ont rejoint les pays
07:14où il y avait des diasporas ukrainiennes.
07:15Il y a beaucoup plus d'Ukrainiens
07:17qui sont en Espagne qu'en France,
07:18ou d'Ukrainiens qui sont en Portugal qu'en France.
07:20Et c'est comme ça que ça fonctionne,
07:22le parcours migratoire.
07:24On est dans le pays d'à côté,
07:26et quand ça s'éternise, qu'on ne peut pas,
07:28on essaie de chercher quelque chose.
07:29Et du coup, on va rejoindre la famille,
07:30des amis, des cousins, peu importe,
07:32qui se sont dispersés à travers le monde.
07:35On parle de l'échelle européenne, là, bien entendu.
07:37On parlait tout à l'heure de ce qui se passe
07:38entre la côte turque et les îles grecques, effectivement.
07:41Il y a eu encore hier, je crois,
07:43neuf personnes qui ont disparu,
07:45donc deux femmes et des enfants.
07:47Pareil, sur ce petit parcours
07:50où les risques continuent à être pris,
07:52comme au départ, comme il y a 15 ans.
07:54On voit aujourd'hui la même chose se produire sous nos yeux.
07:57Donc on se pose un problème en tant qu'Européens.
07:59Il y a effectivement aussi le sud de l'Italie,
08:01qui est un des lieux, Lampedusa, etc.,
08:04qui est un lieu problématique,
08:06avec de nouvelles problématiques qui sont apparues,
08:08notamment en Afrique,
08:09où maintenant, les migrants venus des pays d'Afrique noire
08:12disparaissent dans les déserts,
08:14meurent dans les déserts,
08:15parce qu'il y a un phénomène nouveau.
08:17C'est-à-dire que tout va mal.
08:19Tout va dans le mauvais sens.
08:20Oui, tout va dans le mauvais sens.
08:21Mais on a une obsession.
08:23L'Union européenne,
08:25ça a été pendant les quatre années de discussion
08:27du pacte asile-migration lors du précédent mandat,
08:29et là, l'ensemble des gouvernements demandent
08:32sa mise en œuvre plus rapidement que prévu,
08:34puisqu'il devait être mis en œuvre qu'en juin 2026.
08:37Ils demandent à accélérer sa mise en œuvre.
08:39Ça ne va rien régler.
08:41D'abord, ce pacte contient plein de textes
08:44qui sont à l'encontre de la Convention internationale de Genève,
08:47la Convention de 51,
08:49qui sont aussi en opposition à la Convention des droits de l'enfant,
08:53qui sont en opposition à la Charte européenne des droits humains.
08:56Enfin bref, il y a beaucoup de choses dans ce texte
08:58qui sont problématiques.
09:00Et l'obsession du Conseil au moment des trilogues
09:04comme de la Commission européenne,
09:06c'était d'externaliser les frontières européennes
09:08dans les pays africains.
09:10Et on voit aujourd'hui ce que ça donne en Libye,
09:12on voit ce que ça donne aujourd'hui en Tunisie.
09:14En Libye, l'ONU fait un rapport,
09:16le rapporteur spécial de l'ONU y va,
09:18et accuse l'Europe de complicité, de crime contre l'humanité,
09:21en finançant ce qui se passe en Libye.
09:23Quand est-ce qu'on va arrêter ces politiques meurtrières,
09:27ces politiques complices de régimes totalitaires
09:29dans ces pays africains ?
09:30Tout ça pour ne pas les voir arriver chez nous.
09:32Ils sont quelques dizaines de milliers,
09:34quelques centaines de milliers.
09:36Franchement, est-ce que ce sont eux qui ont mis,
09:38je reprends l'exemple de la France,
09:40mais on pourrait regarder dans toute l'Europe aujourd'hui,
09:42notre industrie dans l'état où elle est aujourd'hui,
09:45et qui est en train de mettre sur la paille de nombreux salariés ?
09:48Est-ce que ce sont eux qui, en France, ont tué,
09:50ou presque tué, l'hôpital public ?
09:52Est-ce que ce sont eux qui ont tué l'éducation nationale ?
09:54Non, ce n'est pas l'immigrant.
09:56Sauf qu'on n'agit pas sur ces trucs-là.
09:58On ne parle qu'immigration.
09:59Vous avez dit en introduction qu'on en parlait moins ces jours-ci.
10:01On a quand même beaucoup parlé en France avec la loi immigration.
10:03On a parlé beaucoup en Europe avec le pacte asiatique de migration.
10:05Non, je parlais de la période immédiate, là.
10:07Et on va en reparler, parce que
10:09Retailleau nous prépare une autre loi
10:11pour début 2025, donc on va en reparler.
10:15Et ils fuient leur pays, bien souvent,
10:17à cause de nous.
10:19On voit arriver beaucoup de Sénégalais.
10:21Mais pourquoi les Sénégalais, et notamment les pêcheurs sénégalais,
10:23quittent le Sénégal ? Parce que l'Union Européenne
10:25passe un accord de pêche avec le Sénégal.
10:27On va piller, avec nos gros navires,
10:29toute la ressource halieutique du Sénégal.
10:31Ils se retrouvent avec plus de poissons dans leur filet.
10:33Ils quittent pour aller essayer
10:35de faire leur métier ailleurs. C'est normal.
10:37Donc, remettons en cause nos politiques
10:39néocoloniales, j'ose l'affirmer aujourd'hui,
10:41parce que c'est l'accord de pêche, là,
10:43c'est l'accord aussi sur les énergies renouvelables
10:45avec la Namibie, où on assète
10:47toute l'énergie renouvelable de la Namibie
10:49pour satisfaire nos critères à nous,
10:51européens, sauf que 48% de la population
10:53namibienne n'a pas accès à l'énergie.
10:55Et quand on n'a pas accès à l'énergie, on sait qu'on n'a pas accès
10:57au savoir, on sait qu'on n'a pas accès à un certain nombre
10:59de choses, à la culture ou à d'autres,
11:01qui permettent à une population de se développer
11:03normalement. Donc, voilà,
11:05c'est nos politiques européennes qui, bien souvent,
11:07mettent sur la route ces personnes-là. Et on ne veut pas assumer
11:09ces conséquences
11:11de l'accueil de quelques dizaines de milliers de personnes par an.
11:13C'est bien ça, la question. Ce nouveau pacte,
11:15donc, Asile-Migration,
11:17que vous avez, avec d'autres de vos collègues,
11:19appelé le pacte de la honte, va
11:21entrer en fonction, là, le plus
11:23rapidement possible, comme on dit.
11:25Est-ce qu'on peut essayer d'évaluer,
11:27compte tenu des informations qu'on a sur la situation
11:29actuelle, quelles vont en être les conséquences ?
11:31Vous en avez déjà parlé un peu,
11:33mais qu'est-ce que ça va donner au bout du compte,
11:35finalement ? C'est clair que ce qui va arriver,
11:37c'est plus de morts
11:39et plus de richesses dans les réseaux de passeurs.
11:41Parce que ça deviendra plus compliqué,
11:43donc les prix vont augmenter, et les risques vont être
11:45plus importants, et donc, on va y aller.
11:47Et puis, c'est donner le pouvoir, aussi, à un certain nombre
11:49de ces dictatures, justement. Qu'est-ce qui s'est passé
11:51à Lampedusa ? On prend cet exemple. Il y a, je ne sais plus
11:53combien de mois, quelques mois, vous savez, sur un week-end,
11:55il y a 12 000 personnes qui sont arrivées à Lampedusa.
11:57Mais qu'est-ce qui s'était passé ? C'était
11:59dans l'accord avec le président
12:01tunisien. Von der Leyen s'était engagé
12:03à donner l'argent. Et elle n'a pas
12:05versé l'argent, parce qu'il y a une condition qui n'était pas réduite.
12:07Il dit, ah bon, vous ne me versez pas l'argent ? Eh bien, on envoie toutes les personnes
12:09vers le... Donc, ils
12:11instrumentalisent les migrants. Et nous, on fait
12:13des textes contre l'instrumentalisation,
12:15mais on donne des armes pour instrumentaliser
12:17la migration contre l'Union européenne.
12:19C'est complètement fou, ce qui est en train
12:21de se passer. On marche sur la tête,
12:23c'est des opérations de communication, ce pacte
12:25asie de migration, mais il ne résoudra
12:27rien. On me dit, oui, mais c'est la première
12:29fois qu'il y a une solidarité européenne.
12:31Tu parles, c'est une solidarité sur base volontaire.
12:33Volontaire, donc ça ne sera
12:35jamais mis en oeuvre. On l'a vu,
12:37ici, on a eu le
12:39ministre de l'Intérieur grec, il y a quelques
12:41années, 3 ou 4 ans, qui est venu dire, on a
12:433000 mineurs non accompagnés en Grèce,
12:45on ne peut pas s'en sortir. On a fait appel
12:47à la solidarité européenne pour que chaque pays
12:49en accueille quelques-uns chez eux, pour pouvoir
12:51bien s'en occuper. Un seul pays a répondu
12:53favorablement, c'est le Portugal.
12:55Tous les autres ont refusé de prendre
12:57de ces mineurs isolés. 3450
12:59millions d'habitants, 26
13:01autres États membres que les
13:0327 si on retire la Grèce.
13:05Franchement, il n'y a aucune solidarité
13:07entre les États européens sur cette thématique-là.
13:09Donc quand on me dit que le pacte va résoudre le problème
13:11parce qu'il va y avoir une solidarité
13:13qui est mise en oeuvre, non, il n'y a pas de solidarité
13:15mise en oeuvre.
13:17Justement, à partir de cette situation
13:19que vous êtes en train de décrire là,
13:21et de ce qu'on peut imaginer
13:23de ce qui va se passer demain,
13:25qu'est-ce que vous, député européen,
13:27vous pouvez faire ici ? Vous en parlez aussi
13:29de ces questions-là, y compris
13:31hors de votre groupe, dans d'autres groupes.
13:33Alors, le pacte a été voté
13:35par le Parlement européen.
13:37Quelle est l'ambiance ? Comment on
13:39pense finalement, entre députés,
13:41quand on en parle, d'une situation comme celle
13:43de l'immigration aujourd'hui en Europe ?
13:45Ce pacte a été adopté de manière
13:47précipitée, d'abord, en décembre,
13:49même si officiellement
13:51on l'a adopté en avril
13:532024, la dernière session plénière,
13:55mais le trilogue était bouclé en décembre.
13:57Il a été adopté en décembre parce qu'il s'était
13:59mis cette deadline, parce qu'il allait y avoir les élections,
14:01et qu'on avait peur de monter l'extrême droite.
14:03Est-ce qu'on a empêché la montée de l'extrême droite ? Non.
14:05Est-ce que ça va résoudre quelque chose ?
14:07Non, je vous le dis, moi, ça ne résoudra rien.
14:09Ce n'est pas en faisant les vieilles
14:11recettes qui ne marchent pas depuis 30 ans
14:13qu'on va changer les solutions.
14:15Donc ça ne marchera pas.
14:17Donc travaillons à faire en sorte que
14:19on ne génère plus de conflits dans ces
14:21pays-là, qu'on ne contribue pas avec
14:23des dictatures ou des machins,
14:25des États qui ne respectent
14:27pas les droits humains pour que les gens
14:29puissent vivre chez eux, en arrêtant
14:31de déstabiliser ces pays-là,
14:33pour des raisons commerciales, pour des raisons
14:35géopolitiques, etc.
14:37Et une fois... Parce qu'en fait,
14:39ils veulent tous rester chez eux. Il n'y en a aucun
14:41qui fait ce parcours-là par plaisir.
14:43Ils souhaitent rester chez eux. Ils souhaitent vivre
14:45dans leur pays, avec leurs amis,
14:47dans leur repère, etc. Comme vous,
14:49comme moi. Voilà.
14:51Et nous, on a la chance de pouvoir partir dans je ne sais plus
14:53quel pays, sans avoir de visa, etc.
14:55Eux, ce n'est pas le cas. Ils ne sont pas là.
14:57Donc c'est très compliqué. Ça leur coûte très cher.
14:59Ils s'endettent à vie, parfois, pour faire ce parcours
15:01migratoire. Et ils prennent énormément
15:03de risques. Et pourtant, on a eu aussi cette étude
15:05du PNUD,
15:07le Programme des Nations Unies pour le Développement,
15:09il y a quelques années. Ici, il y a une restitution d'une étude
15:11qui disait qu'ils ont interrogé 2000
15:13exilés qui avaient fait la traversée par la Libye
15:15et la traversée de la Méditerranée. Ils leur ont
15:17demandé, et si vous aviez su que c'était aussi
15:19compliqué, et si vous alliez vivre, est-ce que vous auriez
15:21tenté ? 82% disent oui.
15:23C'est dire
15:25combien ils sont attachés à partir de chez eux,
15:27qu'ils n'ont pas le choix que de partir de chez eux.
15:29– Ça pose le problème du rapport entre
15:31les deux continents, européens et
15:33effectivement, spécialement le Moyen-Orient
15:35et le continent africain,
15:37ce qui pose un énorme problème global,
15:39général. C'est là que se passe quelque chose
15:41sur cette question-là. – Bien sûr, bien sûr.
15:43– Une dernière question,
15:45Damien Carême.
15:47Bon, là, c'est la flèche du parte, comme on dit,
15:49on n'a pas un rapport direct avec la question
15:51des migrants dont on aura, bien sûr, l'occasion de reparler.
15:53Vous êtes aussi
15:55dans votre combat politique
15:57très engagé, dans la lutte contre
15:59l'échauffement climatique, les énergies fossiles, etc.
16:01Je vous pose obligatoirement la question,
16:03la COP 29 vient de se terminer à Bakou,
16:05qu'est-ce que vous en pensez ? – Échec total.
16:07Encore une fois, la Suisse a un lien avec la migration.
16:09– Oui, oui, c'est ce que j'allais dire. – François Gemmet,
16:11qui est un chercheur de migration et changement climatique,
16:13il dit aujourd'hui que 40% des migrants
16:15sont des migrants climatiques.
16:17Si on considère comme un migrant économique,
16:19parce que l'agriculteur en Afrique,
16:21à cause du changement climatique,
16:23ne peut pas vivre de son travail,
16:25il migre pour aller faire son travail ailleurs.
16:27C'est pour nous, on considère en Europe
16:29que c'est un migrant économique, parce qu'il vient faire des charges
16:31et du travail, mais en fait c'est un migrant climatique,
16:33pareil, qui préférait rester chez lui.
16:35Donc cette conférence qui se termine avec une obole
16:37qui est donnée au pays en voie de développement,
16:39qui ne sont pour rien dans le changement climatique,
16:41qui ne font qu'assumer les conséquences,
16:43et on n'est pas capable, la solidarité internationale,
16:45de trouver les moyens qu'il faut
16:47pour éviter ce qui va
16:49s'advenir dramatiquement aujourd'hui.
16:51Les 1,5 degré,
16:53c'est déjà dépassé depuis longtemps.
16:55Donc non, cet accord,
16:57ça pose d'ailleurs
16:59la question de l'avenir
17:01de ces conférences pour le climat,
17:03parce que quand on voit ce à quoi ça aboutit,
17:05on montre plus les divisions du monde
17:07que la volonté des chefs de gouvernement
17:09d'aller sur la même voie.
17:11Je crois que tout le monde a été rattrapé
17:13par le business juve jaule
17:15et le capital derrière
17:17qui ne veut plus qu'on l'empêche de tourner en rond.
17:19Merci Damien Carême,
17:21et puis à la prochaine fois sur le plateau de l'humanité.
17:23On va continuer bien sûr
17:25suivre ces questions extrêmement centrales
17:27et qui vont continuer à être
17:29des questions centrales évidemment dans les années qui viennent.
17:31Questions humaines.
17:33Questions humaines, fondamentalement humaines.
17:35Merci à vous, et puis merci à vous qui nous avez suivis.
17:37A bientôt et au revoir.

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