Environ 400 00 personnes vivent en fauteuil roulant en France. Grâce à un exosquelette roulant, Lifebloom souhaite permettre à une partie de ces personnes de se déplacer debout. Damien Roche, fondateur et PDG de la société explique que cette technologie peut être un moyen de réduire les méfaits de la sédentarité.
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00:00L'invité de Smart Impact, c'est Damien Roche.
00:09Bonjour.
00:10Bonjour Thomas.
00:11Bienvenue, heureux de vous accueillir.
00:12Vous êtes le fondateur-président de Livebloom, ingénieur de formation.
00:16Qu'est-ce qui vous a donné l'idée, l'envie de créer Livebloom ?
00:20Alors à la base, je ne voulais pas créer Livebloom.
00:23Je voulais porter une carrière dans le secteur des énergies et en fait, c'est en parallèle
00:28de ma formation et d'un apprentissage que je menais dans un centre de recherche, que
00:33j'ai fait face à une problématique avec un proche qui malheureusement était en fauteuil
00:37roulant, a tenté de se lever et a eu un grave accident.
00:40Et ça s'est mêlé à un ami à moi qui est kinésithérapeute, qui était frustré de
00:45ne pas pouvoir mobiliser ses patients en dehors des séances.
00:49Il faut savoir que la grande majorité des personnes aujourd'hui qui sont en fauteuil
00:52roulant, c'est des personnes qui peuvent toujours bouger leurs jambes mais qui vont manquer
00:55en force ou en équilibre pour pouvoir se mettre debout et marcher en sécurité.
00:59Et donc, ils sont capables de se mobiliser en séance avec l'aide d'une ou deux personnes
01:05mais le reste du temps, ils sont confinés à leur fauteuil roulant.
01:08Et c'est cette frustration-là, la constatation qu'il n'y avait pas de solution pour les aider
01:13qui m'a amené à travailler sur une solution et qui aboutit à la création de la société
01:18avec la mise de côté de ma carrière dans les énergies pour me concentrer sur la dissémination
01:24et le développement de cette solution.
01:25Je disais dans les titres « Innovation qui réinvente le fauteuil roulant », sauf
01:29qu'en fait, c'est un objet et une thérapie, c'est ça Lifebloom ?
01:32C'est ça.
01:33En fait, l'approche initiale, ce n'est pas de se dire on va faire une aide technique
01:37de marche, un fauteuil exosquelette, c'est plutôt de se dire on va se poser à une table
01:42avec des patients, des cliniciens, ce qu'on a fait pendant plusieurs années puisque
01:46au stade embryonnaire, c'était vraiment en 2016 que j'ai commencé à réfléchir
01:50à ces sujets et comprendre en fait les besoins et les contraintes auxquelles il fallait
01:56répondre pour permettre justement de préserver cette marche seule et de maximiser la récupération
02:02d'une vie debout.
02:03Et c'est là où on nous a dit qu'il fallait pouvoir, mais il faut aussi accompagner puisqu'on
02:08n'est plus en séance.
02:09Vu qu'on n'est plus en séance de rééducation, comment est-ce qu'on maximise la motivation
02:14de l'utilisateur pour remarcher seul ? C'est pour ça qu'il y a toutes ces solutions
02:17qu'on a développées.
02:18Alors on a vu quelques photos de l'objet, il faut le décrire, c'est un peu un fauteuil
02:25roulant, un peu un exosquelette, c'est un hybride, c'est quoi cet objet ?
02:29À première vue, ça ressemble beaucoup à un fauteuil roulant lorsqu'il est en position
02:34assise.
02:35Il n'y a pas de rupture d'usage par rapport à un fauteuil roulant conventionnel qui est
02:38malheureusement la seule solution dans laquelle se trouvent les utilisateurs qu'on va pouvoir
02:44aider.
02:45On va pouvoir s'installer dedans de la même façon, simplement une fois qu'on est installé
02:50et qu'on est mis en sécurité, on va bénéficier de l'assistance en force et en équilibre
02:55qui nous manque pour pouvoir se mettre debout seul.
02:57C'est là où la fonction exosquelette se déploie et va nous assister à chaque pas
03:02avec un allègement du poids du corps et une assistance aussi pour avancer nos jambes tout
03:07en nous sécurisant.
03:08C'est-à-dire que l'autre point essentiel, c'est qu'on ne peut pas tomber.
03:12Si nos jambes nous lâchent, si on tombe en avant ou en arrière, qu'est-ce qui se
03:17passe ? On se rassoie.
03:18Je crois que l'entreprise, vous l'avez créée en 2019, on est en 2024, presque 2025, vous
03:25en êtes où ? Il y a eu des tests à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière, c'est ça ?
03:29Il y a eu des tests.
03:30Depuis 2019, on a testé nos solutions et on a développé de manière itérative, c'est-à-dire
03:35auprès des utilisateurs, les cliniciens et les patients.
03:39Il y a plus de 150 personnes en Europe qui ont remarché avec nos solutions lors de ces
03:43tests et en complément de ces tests, on a effectivement une étude clinique efficacité
03:48qui a été menée à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière par le professeur Eleonore Bayen auprès
03:53de patients qui ont subi un AVC et qui ne pouvaient pas marcher seuls, qui étaient
03:58en chambre, en fauteuil roulant tout le temps, en faisant quelques pas en séance.
04:00Dès qu'on a amené notre solution, dès qu'on leur a prescrit la thérapie, ils n'avaient
04:04plus de fauteuil roulant dans leur chambre et en une semaine, ils ont récupéré leur
04:08marche autonome et ils ont multiplié par plus de 6 leur temps quotidien passé debout
04:13et de marche, ce qui est exceptionnel, il n'y a pas de technologie aujourd'hui qui
04:16permet ça dans le monde à part ce qu'on a prouvé cliniquement.
04:19Alors vous en avez toutes votre développement, je crois qu'il y a une levée de fonds qui
04:23est prévue, vous cherchez à industrialiser la solution aujourd'hui ?
04:28C'est ça, aujourd'hui on peut déjà équiper les établissements de santé, on va équiper
04:33les 10 premiers établissements de santé dès l'année prochaine, donc ils peuvent
04:36nous contacter pour qu'on puisse leur faire une proposition d'installation d'une unité
04:41de la marche, ce qui va permettre de prescrire la thérapie live le moine à chaque patient
04:45qui en a besoin de leur établissement, que le placement au fauteuil roulant ne soit plus
04:48le standard de soins, que ce soit la prescription de cette thérapie et la préservation de
04:52la marche.
04:53Donc ça c'est un certain nombre de fauteuils qui seraient dans chaque hôpital proposés
04:57en roulement aux patients ?
04:58C'est ça, c'est dimensionné à la taille de l'hôpital, il y a les fauteuils, leurs
05:01capteurs et la plateforme d'accompagnement pour l'interface avec les soignants et aussi
05:05l'interface des patients avec sa tablette, avec des objectifs personnalisés et du contenu
05:09d'autoréducation.
05:10Et à côté, les particuliers peuvent déjà tester la technologie dans nos locaux à Lille,
05:14bientôt à Paris et ils peuvent, via le site internet, rejoindre la liste d'attente puisque
05:20l'ambition c'est de l'amener au grand public à horizon 2026 et donc pour ça, on lève
05:24des fonds pour industrialiser et pour rendre accessible cette technologie à tous ceux
05:28qu'on en besoin puisqu'on est convaincu de pouvoir créer 3 fois plus de valeur que
05:32son coût et donc en définitive, ça puisse être prise en charge pour que même des
05:37personnes qui n'ont pas forcément les moyens puissent l'avoir en EHPAD ou à domicile.
05:40Alors c'était la question que j'allais vous poser sur le coût d'un fauteuil comme le
05:45vôtre, la prise en charge par la Sécu, enfin voilà, moi je suis à 100% par temps pour
05:51que ça soit évidemment utilisé par le plus de personnes possible, je crois qu'il y a
05:54près de 400 000 personnes en France qui utilisent des fauteuils manuels.
05:57Plus même, il y en a à peu près 400 000 qui pourraient vivre debout chaque jour avec
06:03notre thérapie.
06:04Ok, c'est vraiment un chiffre important.
06:06Et si on parle de coût en fait, ce qui coûte extrêmement cher aujourd'hui, c'est la vie
06:10assise en fauteuil roulant.
06:12A la société vous voulez dire.
06:13A la société, en fait prise en charge de la dépendance, ça c'est des dizaines d'heures
06:17d'aide-soignants qui vont accompagner la personne mais c'est aussi une vie assise avec une santé
06:21qui se dégrade, on parle de frais de ville beaucoup plus important mais aussi des journées
06:25d'hospitalisation en plus liées à cette inactivité, cette sédentarité sans parler du coût de
06:29la qualité de vie directe pour les utilisateurs.
06:32Donc face à ça, il y a une énorme création de valeur possible qu'on est capable d'apporter.
06:36Est-ce que ça veut dire que votre fauteuil, vous continuez de le modifier, de l'améliorer
06:42aujourd'hui ?
06:43Oui, toute la thérapie se modifie, il y a une amélioration continue qui est apportée
06:47avec des nouvelles fonctionnalités qu'on développe aussi en fonction des retours que nous font
06:51les utilisateurs, que ce soit des patients et des cliniciens et qu'on continuera à avoir
06:57au fur et à mesure qu'on équipe les personnes.
06:58Un dernier mot sur le temps de recherche et développement.
07:02Pourquoi ça a été aussi long ? Est-ce que l'écosystème français de la MedTech, il
07:06est suffisamment dynamique ? Peut-être que c'était simplement compliqué à mettre en
07:11place, comment vous pouvez expliquer ça ?
07:13Alors, je pense qu'il y a la notion de progrès thérapeutique qu'on apporte qui est à peine
07:20tout l'impact qu'on apporte est à peine palpable encore aujourd'hui, il y a un champ
07:24des possibles sur l'efficacité sur plein de pathologies qu'on ne fait qu'encore
07:29explorer.
07:30Il y a des approches d'exosquelettes robotisées pour remplacer les jambes, notre approche
07:35spécifique d'assistance partielle pour permettre ensuite aux patients de marcher seuls, elle
07:39est assez unique et c'est ce qui a nécessité ce développement itératif pour être prêt
07:43en fait pour ouvrir un nouveau chapitre qui est aujourd'hui le déploiement, pas avoir
07:47à freiner parce que la solution ne serait pas prête.
07:50Aujourd'hui, on est prêt, on a démontré l'efficacité clinique, on est marqué CE,
07:54donc on peut venir équiper les patients et les établissements de santé en Europe.
07:57Et dernier petit mot, la collaboration entre une start-up et les équipes médicales, vous
08:03l'avez mis en œuvre à l'appliqué, mais ça fonctionne bien ça ?
08:06Ça fonctionne bien parce que les soignants, c'est des gens passionnés en fait, qui voient
08:11l'apport qu'on souhaite avoir et la bienveillance qu'on a dans nos développements et le développement
08:16d'une technologie qui répond à leurs enjeux, à leurs besoins.
08:19A partir du moment où on les intègre dans le développement, comme le professeur François
08:23Puiseieux, dès le début de nos développements, qui est gériatre au CHU de Lille, c'est très
08:29fluide en fait.
08:30Merci beaucoup Damien Roche, bon vent à Livebloom, on passe à notre débat, l'électrification
08:35des flottes de véhicules d'entreprise.