Ukraine, Proche-Orient, budget… L’interview en intégralité de Dominique de Villepin
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00:00Il est 8h32 et vous êtes bien sur RMC et BFM TV. Bonjour Dominique de Villepin, merci d'être mon invité ce matin pour répondre à mes questions.
00:07Vous êtes bien sûr ancien Premier ministre, ancien ministre des Affaires étrangères, je voudrais qu'on puisse parler de la situation en Ukraine,
00:13de la situation au Proche-Orient et de la situation en France aussi alors que le gouvernement pourrait tomber avant Noël.
00:18Mais commençons par évoquer l'écrivain Boalem Sansal, écrivain franco-algérien. Il a été interpellé le 16 novembre à l'aéroport d'Alger.
00:29Ses proches sont sans nouvelles de lui depuis cette date, que faut-il faire ?
00:33Il faut se mobiliser, nous devons défendre la liberté d'expression. Boalem Sansal a été naturalisé par le Président de la République il y a quelques mois.
00:42C'est un écrivain reconnu, salué en France. Il est donc essentiel de travailler à cette libération et à commencer par ce travail titanesque
00:55qui est celui de restaurer nos relations avec l'Algérie. Nous voyons bien que cela pèse sur beaucoup d'enjeux et beaucoup de sujets, peut-être même sur celui-ci.
01:06Et donc je pense que pour la France, nous devons faire en sorte de restaurer cette relation stratégique avec l'Algérie.
01:15Est-ce que ça veut dire qu'il est une sorte de victime collatérale peut-être de la relation avec l'Algérie ?
01:20Je ne dis pas ça. Je dis que cela pèse sans doute dans le climat général qui existe aujourd'hui entre l'Algérie et la France.
01:28On le voit à la fois dans les réactions de la presse algérienne et dans les réactions de la presse française.
01:33Il y a donc beaucoup de sujets à traiter. Il y a une relation fondamentale à revoir. Il y a des gestes à faire.
01:41De la part de la France ?
01:42De la part de la France, de la part de l'Algérie. Et il y a à remettre en ordre cette relation, je le dis bien, au service de nos deux peuples.
01:48Nous sommes deux peuples unis par l'histoire et unis par bien d'autres liens, y compris la langue et la culture. Nous devons donc travailler.
01:56Mais est-ce que ça n'est pas d'abord le signe, justement, que l'Algérie en quelque sorte se renforce dans une autocratie ?
02:04Une fois de plus, ne préjugons pas. L'objectif, c'est d'obtenir que Boilem Sansal puisse être libéré et rejoindre la France.
02:12Et mobiliser tous les moyens, et je le redis, dans la perspective d'une amélioration de cette relation.
02:19Nous devons tout faire pour que la confiance revienne entre nos deux États.
02:25Il est peut-être aussi une victime collatérale du prix Goncourt accordé à Kamel Daoud. C'est le président de l'Académie Goncourt, Philippe Claudel, qui le dit.
02:31Je ne peux pas m'empêcher de penser que l'attribution du Goncourt à Kamel Daoud pour son roman « Ouris » a joué également l'académicien Jean-Christophe Ruffin,
02:39qui souhaite faire entrer Boilem Sansal à l'Académie française via une élection d'urgence.
02:44Il est soutenu en ce point par un grand nombre d'académiciens. Est-ce que vous soutenez cette démarche ?
02:49Que les académiciens, que les écrivains, que les artistes se mobilisent, c'est une chose.
02:53Il appartient aux responsables politiques de faire aussi leur travail. Le président Macron a exprimé son inquiétude.
02:59La responsabilité des hommes politiques, c'est de penser dans ce qui est leur responsabilité.
03:06Et en l'occurrence, bien sûr, à faire en sorte que dans la relation franco-algérienne, nous créions les conditions pour que les choses se passent de la meilleure façon possible.
03:14Domingue de Villepin, la situation en Ukraine avec peut-être un tournant dans la guerre.
03:19Les États-Unis qui ont autorisé les Ukrainiens à frapper avec leurs armes de longue portée à l'intérieur du territoire russe.
03:24Et puis la question éventuelle d'un envoi de troupes au sol qui est à nouveau sur la table.
03:29D'abord sur la question des frappes sur le territoire russe avec des armes occidentales.
03:35La France, pour l'instant, s'y refusait. Est-ce qu'elle doit suivre la décision américaine ?
03:40Le ministre des Affaires étrangères l'a dit. La France est prête à emboîter le pas à la fois des Américains et des Britanniques.
03:48Nous avons vu une escalade au cours des dernières semaines du côté russe avec l'arrivée de soldats nord-coréens,
03:55avec une évolution de la doctrine nucléaire russe avec l'envoi d'un missile.
04:00Un missile intermédiaire capable d'emport de charges nucléaires. Ce sont des signaux extrêmement forts.
04:06Il est normal que nous réagissions. Il est normal que l'Ukraine puisse avoir les moyens de se défendre à la veille de l'arrivée de Donald Trump
04:14et de ce qui, vraisemblablement, sera une négociation.
04:18Vous dites donc ce matin, Dominique de Villepin, que des armes françaises envoyées en Ukraine pourraient être utilisées pour attaquer à l'intérieur même du territoire russe.
04:27Mais c'est déjà le cas...
04:28Oui, alors ce n'est pas complètement officiel. Si on regarde exactement les mots...
04:31Non, je ne dis pas pour la France. Je dis que c'est déjà le cas pour les attaques MS.
04:36Tout ceci dans un cadre qui est extrêmement précis et limité. Il s'agit uniquement de cibles militaires dans des régions particulières.
04:45Ce n'est pas de la co-bénigérance ?
04:47Non, pas du tout. C'est au contraire totalement une réponse à l'escalade russe.
04:56À l'escalade russe et la question de l'envoi des troupes au sol.
05:00Le journal Le Monde croit savoir ce matin que les Européens se sont réunis et commencent à réfléchir ensemble à la question de l'envoi de troupes au sol et même peut-être de sociétés privées de défense.
05:14Est-ce que c'est normal ? Est-ce que c'est nécessaire ? Est-ce que c'est souhaitable ?
05:17Nous sommes là dans des réflexions qui sont hypothétiques, une fois de plus, dans la perspective de la négociation qui va se nouer.
05:23Dans cette négociation, nous ne devons pas être des spectateurs regardant Donald Trump discuter avec Vladimir Poutine au risque d'imposer une paix que les Ukrainiens ne souhaitent pas.
05:37Et donc on voit bien qu'il y a au moins trois scénarios.
05:39Le scénario de la paix imposée où l'Ukraine serait amenée à lâcher 20% de son territoire, à renier sa souveraineté juridique, c'est-à-dire à devoir accepter un statut de neutralité sans pouvoir contracter.
05:52Elle-même, des alliances comme son entrée dans l'OTAN.
05:56Il y a une paix qui serait idéale et c'est de là qu'il faut partir.
06:03C'est du respect des principes.
06:05Il y a eu une agression russe.
06:06Eh bien, il faut respecter le droit international, c'est-à-dire que c'est à la Russie de quitter le territoire ukrainien et c'est à l'Ukraine de pouvoir disposer de sa pleine souveraineté.
06:19Nous savons malheureusement que cette solution idéale est peu vraisemblable.
06:23Reste la solution du gel de la situation en Ukraine.
06:28Et c'est davantage sur celle-ci que travaillent aujourd'hui les Américains, c'est-à-dire d'incesser le feu sur le terrain avec des garanties qui sont indispensables.
06:39Jusqu'où, et c'est là un enjeu important, peuvent aller ces garanties ?
06:42Est-ce qu'à partir de là, l'Ukraine peut rentrer dans l'OTAN ?
06:45Est-ce que nous pouvons apporter à l'Ukraine, par exemple, une zone de non-survol qui garantirait ce cessez-le-feu en évitant au quotidien le risque d'un retour du conflit et des souffrances pour les Ukrainiens ?
06:59Il y a là des choix.
07:00Il y a par ailleurs, derrière, on ne l'évoque pas souvent, un enjeu géopolitique majeur.
07:05Est-ce que les Américains veulent régler le problème du champ de bataille ?
07:09On ne veut plus entendre parler de la guerre.
07:11On ne veut plus payer pour les Européens.
07:13Que les Européens se débrouillent et que le gel de la situation se fasse.
07:16Ou est-ce que les Américains sont plus ambitieux et veulent détacher la Russie de la Chine,
07:22en essayant d'avoir la proposition la plus attrayante, peut-être d'ailleurs payée par les Ukrainiens eux-mêmes ?
07:29Donc, nous ne connaissons pas aujourd'hui le cadre de la négociation.
07:32Quel serait, à vos yeux, le plus souhaitable ?
07:34C'est-à-dire que quand on vous écoute, on a l'impression que finalement, vous dites que l'arrivée de Donald Trump apporte peut-être quand même une solution.
07:41L'arrivée de Donald Trump accélère un processus de négociation.
07:47Encore plus utile que ce ne soit pas au détriment de la souveraineté de l'Ukraine.
07:51Qu'est-ce qu'on peut faire, nous, dans cette situation ?
07:54C'est la partie centrale. Nous devons, nous, nous mobiliser entre Européens.
07:58Je pense qu'il y a un dialogue important qui doit se nouer avec l'Ukraine,
08:01pour fixer dans l'intérêt de l'Ukraine les lignes rouges, les bases de ce que serait la négociation qui va s'enclencher avec la Russie.
08:11Je pense que la souveraineté de l'Ukraine ne peut pas être niée en cause. Pourquoi ?
08:14Si nous cédons sur le respect du droit international, nous voyons bien que c'est tout un monde qui s'effondre.
08:22Mais il y a 20% à peu près du territoire ukrainien qui est aujourd'hui sous contrôle russe.
08:26Pensez-vous que les Russes vont partir ?
08:28Mais je ne le pense pas aujourd'hui.
08:30C'est pour cela qu'un gel aurait au moins l'avantage, si nous fixons une durée, 5 ans, 10 ans, 15 ans, de préserver l'avenir,
08:38de ne pas enteriner le fait accompli de la force.
08:41J'essaie de tirer le fil de votre scénario jusqu'au bout.
08:43Est-ce que ça veut dire dans ce cas-là, et je reviens à cette histoire de troupe au sol,
08:47au fond, est-ce que ce n'est pas dans ce cadre-là que vous imagineriez éventuellement des troupes européennes
08:51qui permettent de sanctuariser ce gel ?
08:54Est-ce que c'est là que l'Europe doit jouer son rôle ?
08:56Nous avons un choix difficile à faire.
08:58Est-ce que c'est dans la voie des troupes au sol ?
09:01Ce qui nous engage alors très directement, et je crois que ce ne serait pas une bonne chose,
09:06le risque d'escalade serait à peu près mécanique.
09:08En vrai, vous ne le souhaitez pas, l'envoi des troupes au sol ?
09:10Je ne crois pas que ce soit la meilleure solution.
09:12Mais je réfléchis à ce que serait la meilleure garantie,
09:14parce que je crois qu'il faut garantir le cessez-le-feu ou le traité de paix.
09:19Dans les deux cas, il faut une garantie.
09:21Je pense que la meilleure garantie alors serait sans doute de mettre en place un système défensif,
09:25comme par exemple la zone de survol que nous avions voulu mettre en place en Libye,
09:30et malheureusement nous avons outrepassé cette zone de survol,
09:33sans ignorer qu'il y a là aussi des risques de dérapage.
09:36Donc faut-il le faire dans le cadre d'une zone de survol qui serait garantie avec des avions ukrainiens,
09:40mais avec un soutien massif de la part des Européens, voire des Américains, une fois de plus ?
09:46Ce que je dis, c'est que les Européens et les Ukrainiens réfléchissent ensemble
09:51à la meilleure façon de garantir ce processus,
09:54et n'oublions pas que la parole finale doit revenir aux Ukrainiens,
09:58c'est les Ukrainiens qui meurent, c'est les Ukrainiens qui souffrent,
10:01et nous, nous n'avons pas intérêt à céder sur le droit international, je le répète,
10:06parce que nous sommes avec l'arrivée de Donald Trump dans une situation extrêmement dangereuse pour le monde,
10:12qui est qu'il s'agit de savoir si nous resterons dans un monde dominé par le droit,
10:17ou si nous serons dans un monde dominé par la seule puissance, voire par la seule force militaire,
10:22ce qui vaut pour l'Ukraine vaut aussi pour le prochain.
10:25On va y revenir, mais j'ai quand même du mal à imaginer les Ukrainiens,
10:28vous avez l'air de dire qu'il faudrait qu'on se mette d'accord,
10:30j'ai du mal à imaginer les Ukrainiens accepter de geler en quelque sorte cette ligne de front
10:36qui les prive de 20% de leur territoire.
10:41Est-ce qu'il faut qu'ils se résolent ?
10:44Le gel ne les prive pas de ces 20%, non, le gel marque un cessez-le-feu.
10:49Mais qu'est-ce qui se passera dans ces 20% ?
10:52Dans ces 20%, la situation restera ce qu'elle est aujourd'hui, mais l'avenir sera préservé.
10:57Ce qu'elle est aujourd'hui, c'est qu'elle a été conquise en quelque sorte par les Russes ?
11:00Non, non, ça c'est un traité de paix, c'est ce que veut la Russie,
11:04et peut-être même certains Américains qui prendraient hâte...
11:07Ce ne serait pas le mot paix, ce ne serait pas fait, ce serait juste une sorte de statu quo.
11:11Ce serait une sorte d'armistice ou un cessez-le-feu où on gèle en quelque sorte la situation
11:16et où on ne revient pas sur la souveraineté de l'Ukraine.
11:20J'essaie de comprendre ce que vivraient ceux qui sont dans ces 20% de terres
11:24initialement ukrainiennes, aujourd'hui revendiquées par la Russie,
11:27ils se retrouveraient au fond dans une sorte de no man's land.
11:30Non, ils se retrouveraient dans la situation qui a été celle d'avant 2014
11:35ou celle depuis 2014, celle qui a voulu traiter les accords de Mines,
11:40qui malheureusement n'ont pas été suivis suffisamment d'effets.
11:44Le Proche-Orient, Dominique de Villepin, comment on sort de ce conflit ?
11:48Alors, la première chose, comme pour l'Ukraine, faire respecter les principes.
11:53Principes du droit humanitaire.
11:55Aujourd'hui, Israël continue de bombarder à Gaza, continue de bombarder au Liban,
12:01sans que nous connaissions les objectifs réels d'Israël.
12:05Le Hamas a été très largement éradiqué.
12:08Les autorités militaires et du renseignement israélien disent
12:12que le Hamas ne constitue plus une menace existentielle pour Israël.
12:17Quels sont donc les objectifs ? Pourquoi bombarder ?
12:20Pourquoi continuer à bombarder la zone nord ?
12:22Est-ce que l'ambition, c'est d'annexer, d'occuper, de coloniser le territoire de Gaza ?
12:27Mais cette interrogation que vous émettez aujourd'hui,
12:31est-ce qu'elle repose sur des déclarations de Benyamin Netanyahou lui-même ?
12:35Non, elle repose sur des déclarations de Yoav Galante,
12:38de toute une série de responsables, de services de renseignement.
12:42Est-ce que vous pensez qu'il y a une volonté d'annexion, de colonisation des Gaza ?
12:47Je pense qu'il y a de nombreuses déclarations qui vont en ce sens,
12:50et je pense malheureusement que les actes vont en ce sens.
12:53Quand vous avez le corridor de Philadelphie, la revendication d'un corridor médian de nectarine,
12:58quand vous avez une zone tampon autour de Gaza,
13:02quand vous avez le nord de Gaza qui est aujourd'hui occupé par l'armée israélienne et bombardé,
13:06vous vous dites, que veulent-ils ?
13:09Et là, je crois qu'il s'agit de rappeler les principes du droit international.
13:14Donc la première chose, c'est véritablement faire respecter le droit humanitaire, le cesser le feu.
13:18La deuxième chose, c'est de faire respecter le droit international.
13:21Et là, ça dépasse le cadre de Gaza.
13:23C'est Gaza, c'est la Cisjordanie,
13:25où l'on voit depuis plusieurs mois des bombardements massifs de certaines villes.
13:29Je pense à Génine, je pense au nord de la Cisjordanie,
13:32et où l'on voit véritablement les choses se dégrader rapidement.
13:35Et c'est la question de Jérusalem-Est.
13:37Je pense que cette question de la Palestine, il faut désormais la poser dans son entièreté,
13:42et qu'il faut avancer dans la voie de la reconnaissance d'un État palestinien.
13:50Un certain nombre de pays européens l'ont fait.
13:52L'Espagne, l'Irlande, des pays du nord, la Chypre et d'autres.
13:56Mais vous parlez de Jérusalem, c'est-à-dire ?
13:58Ça fait partie de ces territoires.
14:00Vous en feriez quoi ?
14:01Jérusalem-Est, ça fait partie de ces territoires qui doivent former l'État palestinien.
14:07Donc à partir de là, que la France prenne l'initiative,
14:12avec l'ensemble des pays européens si possible,
14:16de marquer la reconnaissance d'un État palestinien,
14:18c'est-à-dire qu'on fait l'inverse des accords de flot,
14:20on commence par la reconnaissance et on règle en marchant l'ensemble des problèmes,
14:24déjà on a un principe de justice et un respect du droit international qui s'applique.
14:29À partir de là, je pense qu'il y a un changement complet qui s'instaure
14:34et nous réglons l'un des premiers problèmes auxquels se heurte Israël,
14:38qui est la question notamment du retour dans la zone nord d'Israël,
14:43puisque c'est une des grandes revendications du Hezbollah.
14:46De la même façon, deuxième pièce du dossier...
14:48Le Hezbollah se retirerait, vous pensez, un peu comme par magie ?
14:51Mais il faut que... Nous sommes actuellement en discussion avec les Américains,
14:55avec les Européens, pour un plan de paix, un plan de paix en 13 points,
14:59pour appliquer la résolution 1701 des Nations Unies,
15:02dans lequel il y aurait à la fois un retrait des Israéliens et un retrait du Hezbollah.
15:06Et la zone contestée dans le sud serait occupée par l'armée libanaise et par la Finul,
15:13avec un comité du suivi qui serait chargé de la bonne application de ces accords.
15:18Qu'est-ce que vous faites des otages, Dominique de Villepin ?
15:20Eh bien, les otages, justement.
15:22Ça doit revenir, le grand enjeu, avec le cessez-le-feu humanitaire à Gaza.
15:27À partir du moment où nous avons un cessez-le-feu humanitaire,
15:30dans le cadre de ce cessez-le-feu, bien évidemment, il faut obtenir...
15:34Mais pour vous, tout naturellement, les otages seraient récupérés ensuite ?
15:37Mais c'est la négociation qui doit être engagée dans le cadre du cessez-le-feu.
15:41À plusieurs reprises, ces négociations...
15:43Vous avez dit plusieurs fois, je vous ai entendu, pour les otages, on sait ce qu'il faut faire.
15:47À plusieurs reprises, les négociations ont échoué dans le passé.
15:51Benjamin Netanyahou est aujourd'hui, et son entourage, victime d'accusations
15:57par les tribunaux israéliens pour avoir empêché cette libération d'otages,
16:03pour avoir manipulé par ailleurs les documents liés au 7 octobre.
16:07Il faut faire en sorte de créer les conditions que cette libération d'otages soit rapidement possible.
16:11Donc je l'ai dit.
16:12Donc pour vous, la responsabilité, c'est Benjamin Netanyahou qui aurait pu les libérer, mais qui ne l'a pas fait ?
16:16Nous avons tous la responsabilité, qui est celle du Hamas, dans les actes odieux du 7 octobre.
16:21Donc il ne s'agit pas là, je ne suis pas là pour dire c'est les uns ou les autres.
16:25Il est clair que le Hamas a engagé, a enclenché un cycle de représailles.
16:29Mais il y a un troisième dossier qu'il faut traiter, le dossier du Liban.
16:34Un deuxième dossier, donc, le Liban.
16:36Il faut éviter d'aller vers la rupture du Liban.
16:39Il y a une très bonne tribune ce matin dans Le Monde de Dominique Aydé
16:43qui souligne le risque d'effacement complet et d'effarement qui se propage dans cette région.
16:49Le Liban, nous devons maintenir son unité.
16:51Nous devons éviter, ce qui peut être peut-être la tentation chez certains dirigeants d'Israël aujourd'hui,
16:56d'aller vers la guerre civile pour régler le problème du Hezbollah
17:00et casser le lien qui existe entre ce groupe et l'Iran.
17:06Il faut donc s'atteler à...
17:08Mais il faut casser ce lien.
17:09Mais bien évidemment.
17:10Et nous devons faire entendre raison à l'Iran à la fois sur son programme nucléaire
17:14et à la fois sur le rôle d'estabilisateur qu'il a sur l'ensemble de la région.
17:19Est-ce qu'il faut, Dominique de Villepin, que la France applique et arrête potentiellement Benjamin Netanyahou s'il venait sur son sol ?
17:26On sait que l'Allemagne a dit expressément qu'elle n'appliquerait pas cette décision,
17:30c'est-à-dire qu'elle n'arrêterait pas Benjamin Netanyahou s'il venait sur son sol.
17:33L'Espagne, à l'inverse, a dit qu'elle le ferait.
17:35La France a, d'une manière un peu ambiguë, dit on respecte le droit international,
17:38mais n'a pas répondu exactement sur cette question.
17:40Je termine, et je réponds à votre question, je termine sur la troisième clé.
17:42La clé libanaise, maintenir l'unité.
17:44La clé iranienne, c'est un pays affaibli.
17:46Nous devons faire pression pour que les négociations puissent reprendre,
17:50pour bloquer le programme nucléaire iranien.
17:52Pour cela, il faut pouvoir parler avec chacun.
17:54Est-ce qu'on pourra continuer à parler avec Benjamin Netanyahou si on lui dit
17:57« si vous venez en France, vous arrêtez, ce qu'on ne peut plus faire » ?
17:59Nous faisons en sorte que l'Iran renonce à son prosélytisme dans la région.
18:03Est-ce qu'il faut le faire en bombardant comme le souhaite Benjamin Netanyahou ?
18:08Quel est le soutien que les Américains pourront lui apporter ?
18:11Je pense que la solution politique est la meilleure.
18:13Vient la question du traitement d'Israël.
18:16Là, nous avons toute une gamme d'actions possibles pour faire pression sur Israël.
18:21Il est évident que la justice internationale s'applique pour tous.
18:26On ne peut pas vouloir l'appliquer pour les chefs d'État africains,
18:29l'appliquer pour Vladimir Poutine et ne pas l'appliquer pour Benjamin Netanyahou.
18:33Donc, tous les Européens et la Commission européenne l'a clairement dit,
18:38le commissaire concerné, la justice internationale doit s'appliquer.
18:42Elle ne se divise pas.
18:44Et donc, s'il vient en France, ce mandat d'arrêt doit s'appliquer.
18:47Ce qui ne veut pas dire que nous ne pouvons pas continuer à travailler
18:50avec le gouvernement qu'Israël a choisi.
18:52Cela veut dire que téléphoner,
18:54cela veut dire qu'éventuellement des rencontres en Israël sont possibles
18:59dans un cadre qui doit être défini par les Européens.
19:03Mais il est clair que la pression doit s'exercer pour que le droit international,
19:09pour que le droit humanitaire s'applique et que pour le principe de justice s'applique.
19:13Nous avons d'autres leviers, je l'ai dit.
19:15Et pourquoi l'Allemagne ne le fait pas ?
19:16Parce que l'Allemagne a une histoire et un sentiment de culpabilité
19:21qui aujourd'hui constitue le cœur de sa diplomatie,
19:25en tout cas vis-à-vis de cette région.
19:27Dominique de Villepin, vous êtes l'homme de la dissolution de 1995.
19:30Là, on est dans les conséquences très claires.
19:32Vous n'avez pas lu les mémoires de Jacques Chirac.
19:35Si, j'ai lu, mais on voit bien que vous avez en tout cas eu un rôle.
19:38J'étais secrétaire général de l'Elysée et je ne le renie pas
19:40et j'assume toutes mes responsabilités.
19:42Dominique de Villepin, l'une des conséquences de la dissolution de l'été,
19:45c'est qu'on se retrouve avec un gouvernement qui est sous la menace d'une censure
19:52qui pourrait ne pas passer l'hiver.
19:54Est-ce qu'il faudrait à un moment ou à un autre,
19:57si ce gouvernement saute, qu'Emmanuel Macron envisage de démissionner ?
20:00C'est le jeu d'un certain nombre de partis politiques.
20:03On voit bien que le RN ne le cache pas.
20:05Sous le coup de la menace judiciaire,
20:08il peut y avoir un intérêt à accélérer le calendrier.
20:11Je ne pense pas que l'intérêt des Français...
20:13C'est ce qu'a exprimé Jean-Luc Mélenchon.
20:14Je ne pense pas que l'intérêt des Français
20:17doit être sacrifié sur l'autel de jeux politiciens.
20:22Mon sentiment, c'est qu'aujourd'hui,
20:24l'impératif, c'est de voter un budget.
20:26Un pays comme la France ne peut pas se retrouver bloqué, arrêté, empêtré.
20:31Donc, c'est la mission du gouvernement Barnier
20:33et c'est pour ça qu'il a été nommé.
20:34Faire voter un budget.
20:36Et je compte sur l'esprit de responsabilité de nos parlementaires
20:40pour faire en sorte que les conditions soient créées
20:43de façon responsable pour que ce budget puisse être adopté.
20:46Il y a des rencontres qui vont avoir lieu politiques cette semaine.
20:50Souhaitons que l'esprit de responsabilité
20:53et que le bon sens puissent l'emporter.
20:55Merci Dominique de Villepin.
20:56Ça t'appelle à la responsabilité des différents partis.
20:59Ancien Premier ministre, ancien ministre des Affaires étrangères, bien sûr.
21:01Il est 8h53 sur CBFM TV.