Pascal Praud revient pendant deux heures, sans concession, sur tous les sujets qui font l'actualité. Aujourd’hui 20/11/2024, il revient sur l'ouverture du procès de Pierre Palmade au tribunal judiciaire de Melun. Pour blessures involontaires, l'ancien humoriste encourt 14 ans de prison et 200.000 euros d'amende.
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00:00Le procès palmade a commencé à 9h ce matin. Jean-Baptiste Marti est à l'audience.
00:10Bonjour Jean-Baptiste. Est-ce que Jean-Baptiste Marti nous entend ?
00:16Je vous entends très bien. Bonjour Jean-Baptiste.
00:20Les premiers mots des uns et des autres.
00:23D'abord, comment avez-vous trouvé les victimes ? Dans quel état sont-elles ?
00:28Et puis également Pierre Palmade.
00:31C'est une ambiance assez tendue dans cette salle d'audience de Melun. C'est une toute petite salle.
00:36On a vu Pierre Palmade qui s'est présenté. Pierre Palmade, le regard souvent vide.
00:42C'est un homme fortement diminué. On sent qu'il est très attristé par la situation et d'un autre côté les victimes également.
00:50On sent un peu de colère mais également une famille détruite.
00:55Yacoult, le conducteur, le père de famille vient de prendre la parole. Il raconte son traumatisme depuis deux ans.
01:02C'est un homme qui a passé plus d'un an à l'hôpital. Il a subi de nombreuses opérations.
01:07Voilà une confrontation entre d'un côté Pierre Palmade et d'un autre côté la famille.
01:13Est-ce qu'on peut retenir déjà quelques phrases, quelques mots qui ont été dits ?
01:20J'ai lu en tout cas que l'avocat des partis civils a demandé à Pierre Palmade s'il souhaitait que ce procès soit requalifié en homicide involontaire.
01:29Et M. Palmade a dit non.
01:31C'était attendu. Il l'avait annoncé même avant le procès.
01:35L'avocat des partis civils qui pour lui c'est un homicide involontaire dans le sens où le fœtus porté qui avait six mois allait naître vivant et viable.
01:47Donc il considère que c'est un bébé qui a été tué.
01:50C'est une demande qui a été adressée à la présidence dès l'ouverture du procès et à laquelle la défense a répondu non et le président également.
01:59Et puis il y a ces trois victimes Youxel Devrim et Mila.
02:05Youxel c'est le chauffeur. Devrim il était né en 2016. C'est le jeune garçon.
02:11Et puis Mila, je sais que c'est toujours difficile de décrire un état physique et un état psychique encore plus difficile.
02:19Mais dans quel état physique ces trois personnes sont-elles apparues Jean-Baptiste Marty ?
02:25Alors il faut savoir que sur ces trois victimes, seules Mila et Yacoult sont présents.
02:31Devrim c'est l'enfant de Yacoult, le plus petit.
02:35Lui il a 8 ans. Il ne s'est pas présenté ce matin.
02:38Je pense que c'est notamment pour le préserver de ce procès et de ne pas être confronté à tout ce qui va être dit.
02:45Donc Yacoult, on l'a rappelé un peu tout à l'heure, c'est un homme très éprouvé.
02:50Il a 40 ans. Il enchaîne les rendez-vous médicaux. Il ne peut plus travailler aujourd'hui.
02:57On l'a vu, il a par exemple le bras gauche dans une écharpe.
03:00Il est obligé de se déplacer avec une béquille. À la barre, il ne pouvait pas tenir debout.
03:04Il était obligé d'être assis. Et Mila, c'est une femme assez discrète qui s'est mise dans un coin de la salle d'audience.
03:12L'avocat des parties civiles a demandé aux journalistes d'ailleurs de ne pas la filmer.
03:18Elle ne veut pas être prise en photo pour préserver son anonymat.
03:22Et là actuellement, elle est à la barre et elle est entendue.
03:27Et bien merci évidemment Jean-Baptiste Marty de toutes ces précisions.
03:30À 11h18, on va pouvoir échanger également avec Antoine Reglet et puis pourquoi pas réécouter Jean-Marie Bigard à 11h18.
03:38Mais avant cela, je voulais vous faire écouter Pierre Palmat. C'était sur Europe 1, on est en 2013.
03:42Et il parlait de lui d'une façon assez négative d'ailleurs.
03:46Je n'aime pas en fait mon homosexualité. Je suis vraiment triste.
03:51Avant j'étais en colère, maintenant je suis juste triste d'être homo parce que je me trouvais fait pour les femmes.
03:55Je trouvais que j'étais fait pour faire rire, protéger, ouvrir des portes.
03:59Tout ce qu'on voit dans les films et dans les Walt Disney.
04:02C'est intéressant d'ailleurs, à l'aune de ce qui s'est passé, d'entendre cette déclaration.
04:09Parce qu'on peut aussi considérer que lorsqu'on s'abîme comme ça, c'est toujours un mystère d'ailleurs, lorsqu'on a du talent et qu'on s'abîme à ce point.
04:16Il y a quelque chose d'autodestructeur, de suicidaire qui interroge forcément parce qu'on n'a jamais été dans un autre cerveau.
04:24C'est ça le mystère de la traversée de la vie humaine.
04:30Donc on voit de l'extérieur un garçon qui a du talent, Pierre Palmade, qui est doué pour écrire, qui a une vie à priori celle qu'il avait voulu.
04:39Et qui s'abîme avec la drogue, avec l'alcool et qui s'abîme au point d'y perdre sa vie.
04:47Et en plus de mettre en danger celle des autres.
04:50En 2019 sur France 2, écoutez ce qu'il disait.
04:53Tout le monde me dit, Pierre, il va t'arriver une merde.
04:55C'est l'alerte supplémentaire.
04:56Tu ramènes des inconnus, t'es imprudente.
04:59On est minable, voilà.
05:01De toute façon, j'ai honte de toutes les consommations de drogue que j'ai faites.
05:05Il faut que je fasse attention, que je ne quitte pas d'un pouce mes thérapeutes.
05:09Je peux ne plus jamais en prendre de ma vie si je me démerde pas trop mal.
05:12Mais là aussi, ce mélange d'extrême lucidité et de ne pouvoir intervenir dessus,
05:22forcément ça nous interroge.
05:24Alors il y a deux solutions dans ces cas-là.
05:26On peut être dans le jugement et condamné.
05:29La société de toute façon doit condamner puisque ces trois jeunes gens n'avaient rien demandé.
05:33Quand je dis ces trois jeunes gens, ces trois personnes n'avaient rien demandé.
05:36Et elles ont pris une voiture qui a bouleversé leur vie.
05:39Une voiture frontalement qui les a mis en souffrance pour le reste de leur vie.
05:44Donc la société doit condamner.
05:47Et puis après, c'est un mystère comme je le disais.
05:52Chacun en son fort intérieur a le rapport qu'il souhaite avec ce type de personnes.
06:01Soit il dit que ce sont des malades, soit ils n'y peuvent rien, soit c'est autodestructeur, que sais-je.
06:08On est avec Maître Antoine Reglet, je pense qu'il est avocat spécialiste en droit routier.
06:13Bonjour Monsieur Reglet.
06:14Bonjour Pascal, bonjour à tous.
06:16Merci d'être avec nous.
06:18J'ai le sentiment qu'on n'est pas assez sévère sur parfois ce type...
06:23Alors ce n'est pas un homicide ici, mais parfois ça peut être un homicide involontaire.
06:28Moi j'ai le sentiment aujourd'hui que quelqu'un qui prend son volant avec alcool ou sous stupéfiants,
06:37il prend une telle responsabilité d'un accident qu'il doit être sanctionné et condamné fortement.
06:44Oui, la question de la sévérité se pose toujours et c'est vrai qu'il est normal que la société s'interroge
06:50sur des jugements que certains disent ne pas être suffisants.
06:56Moi je note que les réquisitions dans le procès Yannick Allénaud, c'est quand même 8 ans d'emprisonnement.
07:01Alors c'est insuffisant pour beaucoup, mais moi ce sont des réquisitions que je n'ai jamais eues en 14 ans de carrière,
07:08que je sois pour ou contre.
07:09Il y a un mouvement sociétal pour plus de répression,
07:13mais une fois qu'on a dit cela et qu'on a évacué nos propres passions, nos propres pulsions de vengeance,
07:19je ne suis pas certain que cette sévérité voulue apporte grand chose aux victimes
07:24qui tendent à mon avis d'avoir un peu plus de considération et plus de droits,
07:28davantage qu'une sévérité plus grande qu'elles réclament, mais ce n'est pas le centre du problème.
07:32J'entends ce que vous dites, que ça ne satisfasse pas les victimes, j'ai envie de dire,
07:39ce n'est pas seulement le problème, il me semble que ça peut être dissuasif.
07:45Si chacun sait que lorsqu'il prend le volant, il prend le risque de terminer en prison,
07:52s'il est arrêté, même s'il n'y a pas d'accident, je pense que ça peut changer les choses.
07:57Il n'y a pas besoin d'avoir un accident, c'est-à-dire que si vous dites aux français
08:02attention au-delà de 0,20g, moi je suis pour 0, mais je comprends qu'à Paris c'est plus facile que dans la ruralité.
08:10La ruralité, c'est vrai qu'il n'y a pas les métros, il n'y a pas les transports en commun, etc.
08:16Mais on ne prend pas le volant, me semble-t-il, lorsqu'on a bu.
08:20Donc à partir du moment où, s'il y a peine planchée, vous serez arrêté,
08:24ça sera huit jours de prison, quoi qu'il arrive.
08:27Quoi qu'il arrive, vous entendez ce que je vous dis, même s'il n'y a pas d'accident.
08:30Peine courte, je peux vous dire qu'il y a beaucoup de gens qui ne sont pas habitués à forcément passer par la casse-prison.
08:38Si vous leur dites qu'ils passent par la casse-prison quand ils sont à 0,40g,
08:43je pense que ça peut faire évoluer les mentalités et les actes.
08:47C'est une proposition que je formule dans mon livre avec les victimes avec lequel j'ai écrit ce livre.
08:54Des courtes peines de prison maintenant, vous appelez le retour des peines planchées.
08:58Permettez-moi deux observations.
09:00La première, c'est que sous Sarkozy, les peines planchées n'ont pas marché, mais peut-être que ça pourrait marcher demain.
09:05Ça a marché, pardonnez-moi, Nicolas Sarkozy n'est pas d'accord avec vous là-dessus.
09:09Il trouve que ça a marché, et ça a marché parce que parfois, ce n'était pas appliqué.
09:13Alors évidemment, comme les juges ne voulaient pas l'appliquer...
09:16Mais la peine planchée, elle existe en contravention.
09:20Quand je me garde mal, il y a une peine planchée, c'est 135 euros.
09:22Tout le monde a la même.
09:23Non, c'est une peine forfaitaire, ce n'est pas une peine planchée, c'est une peine forfaitaire.
09:26Alors quelle est la différence ?
09:28En fait, vous êtes généralement beaucoup plus pragmatique.
09:32Vous êtes maintenant extrêmement philosophe, et là, vous êtes dans la théorie.
09:36Vous qui connaissez parfaitement les Français qui vous appellent chaque jour,
09:39avec l'expérience qui est la vôtre.
09:41Le pragmatisme doit vous conduire à une double observation.
09:44La première, c'est quoi ?
09:45Effectivement, les juges n'aiment pas appliquer les peines planchées,
09:48et pardon, les peines planchées où on imposerait au juge une peine,
09:52c'est impossible sur le plan constitutionnel,
09:54puisqu'il faut que le juge puisse, malgré la peine planchée,
09:58motiver d'une manière exceptionnelle pourquoi, dans telles circonstances, il l'écarterait.
10:03C'est le principe d'individualisation des peines.
10:05Donc l'automaticité que vous réclamez, elle est impossible sur le plan constitutionnel,
10:09c'est la première observation.
10:10La deuxième observation...
10:11Je vous répète qu'elle est automatique pour les radars,
10:13elle est automatique pour plein de peines en France.
10:15Pardonnez-moi quand je...
10:16Oui, pour les contraventions, oui.
10:18C'est automatique, donc c'est possible dans un cas,
10:21je ne vois pas pourquoi ça ne serait pas possible dans un autre.
10:24Ça s'appelle le principe de l'égalité des délits et des peines.
10:27C'est possible pour les contraventions,
10:28parce que ce sont des comportements faiblement graves,
10:33d'une gravité plus faible.
10:34Pour les délits et les crimes, il faut individualiser la peine,
10:37c'est jugé, archi-jugé.
10:38Encore une fois, présentez-vous à la députation...
10:41Non, je ne vais pas me présenter à la députation parce qu'il est 11h26,
10:43mais on marque une pause et vous restez avec nous,
10:45parce qu'autrement on va en retard.
10:47Ça, c'est un peu facile comme argument.
10:49Je ne sais pas, je n'ai pas envie de...
10:50Moi, je suis journaliste, je ne suis pas député,
10:52je ne suis pas homme politique.
10:53Mais on débat, on débat dans la croisie.
10:56Vous ne voulez pas être député ?
10:57Non, et puis quoi encore ?
10:59D'abord, pourquoi voulez-vous que les gens votent pour moi ?
11:02Il est 11h26 !