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L'écrivain, Nathan Devers, revient sur l'aggravation de la pauvreté en France : «Quand c'est la charité qui remplace la politique, c'est qu'il y a une véritable lacune politique qui est insupportable»

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Transcription
00:00Je suis très gêné, très très gêné, de ce que ce soit des associations
00:04qui aujourd'hui doivent prendre en charge cette question centrale en fait,
00:08dans une société qui n'est même pas, là on ne parle même pas de justice sociale,
00:12on parle de survie des précaires.
00:14Les Restos du Cœur existent, c'est un scandale,
00:17ça ne devrait plus exister depuis bien longtemps
00:19et quand les Restos du Cœur ont été fondés par Coluche,
00:22s'ils savaient que ça existait encore, je pense que c'est une telle défaite.
00:28On a voté en 2017 pour le Mozart de la finance,
00:31pour le Mozart de la finance qui promettait une sortie de l'assignation à résidence, etc.
00:36On a vu, heureusement que vous montrez ce sujet-là,
00:39qui est un sujet tellement poignant, parce que c'est insupportable en fait.
00:43En général, il faut voir que dans le débat public,
00:45ce thème, il ne surgit, Louis Dragnel le disait,
00:48que quand il y a de la révolte.
00:50Les fois où on a vu ce genre de sujet
00:53vraiment massivement dans les médias français,
00:54c'était au moment des Gilets jaunes,
00:56où on montrait des reportages, enfin, de mères de familles…
01:00– Colères de la région et de la province,
01:02– Bien sûr.
01:02– Vu le Paris qu'on n'a pas vu venir.
01:04– Exactement, et on montrait des gens qui travaillaient comme des chiens
01:07et qui étaient en train systématiquement de compter,
01:09de compter les paquets de pâtes,
01:11le 10 du mois qui était déjà complètement sous l'eau,
01:13qui croulaient, qui devaient trouver des stratagèmes pour dire à leurs enfants
01:17qu'ils n'allaient pas avoir de cadeau de Noël,
01:18qu'ils n'allaient pas pouvoir payer telle ou telle sortie, etc.
01:20C'est insupportable.
01:21Quand Emmanuel Macron récemment parlait de la société de l'abondance,
01:25qu'il fallait mettre un terme au temps de l'abondance,
01:28où est cette abondance pour des millions de Français ?
01:30C'est absolument insupportable,
01:32et je suis vraiment désolé de ce que, dans le débat public,
01:35ce sujet, si vous voulez, soit si peu présent.
01:38On a vu pendant le coronavirus, par exemple,
01:40ces images tellement choquantes d'avoir des étudiants
01:43qui faisaient des queues monumentales pour aller dans des banques alimentaires,
01:46et on voit bien que cette situation ne s'arrange pas.
01:49Et donc, je trouve que les médias ont une responsabilité,
01:52une vraie responsabilité, de décider que ce sujet
01:55n'est pas un truc anecdotique dont on vient parler,
01:58si vous voulez, uniquement quand il y a des violences
02:01sur les Champs-Élysées ou des mouvements sociaux,
02:03que c'est un sujet dont on peut parler aujourd'hui,
02:04une journée où il ne se passe rien,
02:05où il n'y a pas de colère de la part du peuple.
02:07Les médias ont une responsabilité, les politiques…
02:08– Mais notre rôle, c'est de dire attention, regardez ce qui se passe.
02:10– Exactement, et les politiques ont une responsabilité aussi.
02:14Et c'est désolant qu'on demande aux associations de gérer ce problème.
02:17On pourrait donner un dernier exemple.
02:18Quand Emmanuel Macron était candidat en 2017,
02:21comme quasiment tous les candidats depuis des décennies,
02:23il avait fait la promesse qu'il n'y aurait plus personne
02:25qui dormirait dehors dans les rues de France.
02:27On voit bien qu'il y a une explosion du nombre de SDF
02:29et que, encore une fois, ce sont des associations qui doivent faire ça.
02:32Quand c'est la charité qui remplace la politique,
02:34c'est qu'il y a une véritable lacune politique qui est insupportable.

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