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Anne Fulda reçoit Djaïli Amadou Amal pour son livre «Le Harem du roi» dans #HDLivres

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Transcription
00:00Bienvenue à l'Heure des Livres, Djahili Yamadou Amal.
00:03Vous êtes l'une des auteurs francophones les plus connues.
00:06Votre précédent livre, Les Impatientes, a eu le prix Goncourt des lycéens en 2020.
00:11Il a été vendu à près de 500 000 exemplaires.
00:13Et là, vous venez de publier Le Harem du Roi.
00:16C'est aux éditions Emmanuelle Collat.
00:18Un livre dans lequel vous dénoncez, une fois encore, les coutumes ancestrales
00:22qui soumettent souvent les femmes, notamment en Afrique,
00:25mais pas seulement, au bon vouloir des hommes.
00:27Dans ce livre, on fait la connaissance d'un couple, Seini et Boussoura.
00:31A priori, vu l'extérieur, c'est un couple moderne qui vit à Yaoundé.
00:36Mais tout va basculer lorsque le mari médecin apprend qu'on lui propose de devenir l'amidou.
00:47Expliquez-nous ce que c'est qu'un l'amidou.
00:50Un l'amidou, c'est tout simplement le chef traditionnel.
00:56Il faut dire que dans cette partie de l'Afrique où il y a des chefferies traditionnelles,
01:03qui est presque comme un état dans l'état,
01:07mais surtout sur le plan traditionnel,
01:10et totalement reconnu par l'état.
01:13Et donc, le l'amidou est le garant des traditions,
01:17mais également le garant de la religion.
01:20Donc, il est comme un guide spirituel.
01:23Et évidemment, toute la population le reconnaît comme le roi.
01:29Alors, la proposition est entendue.
01:32Dans un premier temps, il finit d'hésiter, ce mari médecin.
01:37Sa femme, qui est professeure, n'est pas ravie de cette proposition.
01:43Mais bon, finalement, il accepte, parce que c'est difficile d'y déroger.
01:48Et en fait, il se rend compte que reviennent toute une série de traditions
01:54auxquelles il a du mal à résister, finalement.
01:56De traditions qui font de la femme un être plutôt asservi, finalement, c'est le mot.
02:04En tout cas, on s'attache au personnage de Seini,
02:07qui de prime abord est pétri de toutes les bonnes volontés.
02:12Il veut que dans le royaume, que tout aille bien.
02:17Il veut lutter contre l'obscurantisme, le terrorisme, etc.
02:22Il veut s'assurer que les filles vont bien à l'école.
02:25Et donc, on s'attache à ce personnage-là, qui est quand même entre guillemets,
02:30elle l'aime bien.
02:31Mais quand il devient roi et qu'il rentre dans ce palais,
02:35non seulement il est confronté dans une série de traditions
02:44qui existe depuis des siècles,
02:47mais en plus, il se rend compte qu'il est totalement pris au piège d'un système
02:54où en réalité, lui-même ne tire pas les ficelles, même s'il est le roi tout-puissant.
03:00Et ce qui inquiétait le plus pour Soura,
03:03ce n'est pas le fait que son époux sera roi, l'ami d'eau,
03:08ou même s'il sera un bon dirigeant ou pas.
03:11Ce qui l'inquiète, c'est juste une chose,
03:13l'inquiétude de toutes les femmes qui savent que leur mari,
03:17en devenant roi, a droit à un harem.
03:21Et donc, c'est le harem et les concubines qui y vivent qui dérangent Boussoura.
03:25Et Séuny lui dira une phrase qui fera sursauter n'importe quelle femme.
03:34En fait, ce ne sont pas mes épouses, c'est juste des concubines.
03:37Et Boussoura posera juste une question,
03:39c'est quoi la différence entre une autre épouse, des maîtresses ou des concubines ?
03:43C'est juste une autre femme dans le lieu de mon époux.
03:46Ce qui est intéressant, c'est que vous vous placez du point de vue,
03:49vous faites parler Boussoura, l'épouse,
03:52mais aussi les fameuses concubines, entre guillemets,
03:56qui elles aussi ressentent de la colère,
03:58parce que ce n'est pas évident non plus d'être dans un harem contemporain.
04:03Et ce qui est intéressant, c'est qu'en fait,
04:05vous abordez une fois de plus le thème du mariage forcé,
04:10de la condition des femmes en Afrique.
04:14Est-ce que la littérature, c'est le meilleur moyen d'en parler
04:17et le moyen le plus efficace ?
04:19Pour moi, oui.
04:21Je dirais certainement parce que par le biais de la littérature,
04:25on mène quand même le plaidoyer beaucoup plus loin.
04:28Peut-être chez des personnes qui peuvent véritablement changer les choses.
04:32Beaucoup de personnes m'ont posé la question.
04:35Les victimes ne sont pas forcément lettrées,
04:38n'ont pas forcément accès aux livres.
04:40Mais ce n'est pas aux victimes que je m'adresse.
04:43Moi, c'est à toutes les autres personnes
04:46qui peuvent faire en sorte que les choses changent pour les victimes.
04:49Et donc, j'ai choisi la littérature comme arme de combat
04:53et je pense que c'est une arme de combat.
04:56Et vous avez choisi la littérature, mais aussi vous avez créé une association
04:59qui s'appelle Femmes du Sahel et vous êtes ambassadrice de l'UNICEF.
05:03Alors, est-ce que vous êtes optimiste ?
05:05Est-ce que les choses bougent quand même un peu ?
05:08On n'a pas forcément des mesures là pour dire
05:13oui, depuis que je publie, les choses ont changé.
05:16Les choses, inévitablement, vont changer de toutes les manières.
05:20Mais ce qui est sûr, c'est qu'on a quand même le mérite aujourd'hui
05:25de passer des sujets tabous dont on ne parlait pas dans notre société
05:29à même pratiquement des manuels scolaires,
05:32puisque mes livres sont aujourd'hui dans notre programme scolaire au Cameroun,
05:36mais également en France pour les impatientes,
05:39pour la plupart des lycéens en première.
05:42Et donc, voilà, c'était des sujets dont on ne parlait pas
05:46et aujourd'hui, les jeunes peuvent en discuter avec leurs professeurs,
05:50peuvent se faire une opinion et c'est ça, le plus important.
05:54En tout cas, c'est à lire.
05:56Ça s'appelle Le harem du roi.
05:58C'est paru aux éditions Emmanuelle Collat.
06:00Merci beaucoup, Jaili Ahmedgou Amal.
06:02Merci beaucoup à vous.

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