• il y a 8 heures
Ses premiers souvenirs de Yann Barthès, sa relation avec Gérard Depardieu, son improbable interview d'Elton John ou encore ce qui le stressait au Grand Journal, Michel Denisot a refait sa télé avec Eric Dussart et Jade ce samedi 16 novembre 2024 !

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Transcription
00:00Vous faisiez des revues de presse, c'est ça ?
00:02Oui, stagiaire au début, revue de presse ensuite.
00:05Ça veut dire quoi ? Vous présentiez en fait les articles
00:08qui paraissaient au sujet de Canal+, dans la presse, pour les patrons ?
00:11Exactement. Donc le matin, j'arrivais à 5h du matin,
00:14j'avais une pile de journaux, les échos,
00:17le Monde de la Veille, tous les journaux.
00:20Je découpais tout ce qui concernait ou Canal+, ou les médias.
00:23Je faisais une espèce de journal assez épais.
00:26J'allais ensuite à 7h, je courais à l'imprimerie.
00:29On sortait genre 10 revues de presse.
00:32Je montais au 7ème étage, je la donnais à Pierre Lescure,
00:35qui était patron à l'époque.
00:38Je donnais à toute la direction, je les jetais comme ça,
00:41je les faisais rouler sous les portes.
00:44Un peu comme les laitiers aux Etats-Unis.
00:47Des fois quand c'était ouvert, j'étais pétrifié
00:50parce qu'il y avait Pierre Lescure dans un bureau
00:53à la tête de Canal+, et j'étais là moi
00:56avec ma petite revue de presse comme ça.
00:59Vous l'avez connu Michel Denizli, à l'époque où il était au service de communication.
01:02Bien sûr, mais Yann, je le voyais arriver le matin,
01:05il souhaitait qu'on ne soit pas là.
01:08Il était tellement timide et réservé,
01:11donc c'est fou la vie,
01:14qu'il frappait en pensant qu'on n'était pas là.
01:17Si on était là, il rentrait timidement et déposait sa revue de presse.
01:20Sinon, quand on n'était pas là, il l'achetait dans le bureau.
01:23C'est un milieu, à ce moment-là, de vous imaginer qu'un jour,
01:26il deviendrait la star d'antenne qu'il est devenu.
01:29Oui, oui. Après, il y a des gens, Faroudi a raconté, je crois,
01:32Dominique, au début, je lui ai dit que lui, je l'ai vu arriver,
01:35c'était pas loin d'être un peu le même schéma au début.
01:38Il bricolait sur la météo, des trucs comme ça.
01:41Et lui, j'ai pensé très vite que ça marcherait bien.
01:44Parfois on voit, parfois on sent que les gens sont habités par cette envie,
01:47par ce métier, qu'ils adorent ça, et qu'ils sont prêts à y consacrer
01:50une minute, ils y passent la journée. C'était le cas de tous ceux que j'ai cités,
01:53qui ont démarré avec moi et qui sont devenus, après, des animateurs,
01:56producteurs, etc., qui ont fait des gros parcours.
01:58Et la première fois que vous voyez Yann Barthez sur votre plateau,
02:01la première année où il apparaît à l'antenne, là, vous vous dites,
02:04dès le premier soir, il ira loin ?
02:05Oui, je pense qu'il avait cette niaque et ce goût du travail,
02:10et cette envie d'aller plus loin, oui, tout à fait.
02:13Voici Jeanne Masse, première invitée, première chanteuse sur Canal+.
02:17Mon cher Michel, je tenais à vous saluer.
02:19Je me souviens de cette première émission avec Gérard Depardieu.
02:23C'était assez impressionnant d'être en face de vous deux,
02:26moi qui démarrais juste ma carrière.
02:28Je me souviens que le studio n'était pas très grand,
02:31et il n'y avait pas d'estrade.
02:33Et donc, on me demande de me mettre dans un coin et d'interpréter ma chanson,
02:37et sur le coup, je me suis dit, oh là là, c'est comme être à la maison,
02:40faire une prestation à la maison, mais c'était très sympa,
02:43et puis on sentait vraiment votre émotion,
02:46et vous l'avez partagée, et on avait envie de faire de ce moment
02:50quelque chose de grandiose, de mémorable.
02:53Voilà, c'est un très beau souvenir.
02:55Je vous embrasse.
02:57Oh, au fait, c'était Jeanne Masse.
02:59Le guerrier que l'on blesse se cache dans son rêve,
03:03se masque et de tout son courage,
03:06le sourcil continue le combat.
03:11Merci Michel Denison par ce petit message.
03:13Oui, je ne m'y attendais pas, merci beaucoup.
03:15Effectivement, j'ai échangé avec elle uniquement par mail
03:18pour lui demander l'autorisation d'utiliser ce titre qu'elle m'a accordé.
03:21Et donc, effectivement, le déclic de ce livre, c'est ça,
03:25c'est le début de Canal, et cette première invitée
03:28qui a chanté toute première fois, qui était une chanson prémonitoire,
03:31effectivement, et qui a donné lieu au livre aujourd'hui.
03:34Je la remercie.
03:35Elle a raison Jeanne Masse, quand elle dit que le décor était minimaliste.
03:38Elle, elle était devant une espèce de paravent.
03:40C'était rien, c'était vraiment...
03:42Mais pourquoi il n'y avait pas de décor ?
03:44On démarrait dans des conditions simples,
03:48des missions pour faire un peu de talk show et des infos,
03:51et voilà, il n'y avait pas de gros moyens,
03:54la lumière était très moyenne, j'ai revu cet archive, effectivement.
03:58Voilà, je la remercie encore plus d'avoir...
04:00Il y avait des câbles à l'oeil nu qui traînaient au sol.
04:02C'était le minimum.
04:04Gérard Depardieu, vous le connaissez bien, évidemment,
04:06depuis très longtemps, de votre jeunesse à Châteauroux.
04:08Les accusations portées contre lui, contre Gérard Depardieu,
04:11n'ont pas altéré votre amitié, Michel Denezeau ?
04:13Je pense que quand on est ami avec quelqu'un,
04:15on est ami quoi qu'il arrive, et donc dans des moments comme ça,
04:19c'est difficile.
04:21Moi, je ne suis ni avocat, ni procureur,
04:23donc je ne suis pas là pour faire la justice.
04:25Une justice médiatique qui est déjà suffisamment violente,
04:27et qui peut être juste ou pas juste,
04:29j'en sais rien, j'attends que la justice
04:31se prononce, voilà,
04:35mais il a la tête sous l'eau,
04:37je ne vais pas appuyer sur sa tête aujourd'hui,
04:39ça ne sert à rien, voilà, c'est compliqué.
04:41Vous vous parlez encore, vous avez encore des contacts aujourd'hui ?
04:43Oui, je téléphone de temps en temps, oui.
04:45Et vous avez évoqué le sujet avec lui ?
04:47Au début, puis après non,
04:49après je lui parle de la pluie et du beau temps, quoi,
04:51je pense qu'il a beaucoup moins d'appels qu'avant,
04:53et voilà,
04:55je le laisse parler, je l'écoute.
04:57Et aujourd'hui, il faut attendre que justice passe.
04:59Tout à fait.
05:01Si je vous dis Elton John, ça vous rappelle quelque chose ?
05:03Ah, Elton John, j'en ai fait plusieurs, ouais.
05:05Ah bah là, la première, 83.
05:07La première, c'était à TF1,
05:09je faisais champion le dimanche après-midi,
05:11et donc en anglais, je suis extrêmement moyen.
05:13Et donc...
05:15Alors attendez, parce qu'on va se régaler de ce moment quand même,
05:17posons les pierres les unes après les autres,
05:19avant que vous nous racontiez ce qui s'est passé
05:21au moment où vous auriez dû l'interviewer dans cette émission
05:23qui mélangeait infos sportives et variétés,
05:25on va d'abord écouter son arrivée en plateau,
05:27où c'était déjà un peu camoulox.
05:29Ouais, ouais, ouais.
05:31I don't speak English, mais vous parlez un petit peu le français ?
05:33Oui, un peu, oui.
05:35Well, what do you want me to say in French ?
05:37Ok, alors on parlera tout à l'heure
05:39avec traduction simultanée,
05:41avec tous les invités que vous connaissez, si vous voulez bien.
05:43You like champagne ?
05:45Eddy Mitchell qui, avec les Pompom Girls,
05:47vous offre un verre de champagne,
05:49c'est le verre de contact d'Elton John
05:51qui est tombé dans la coupe de champagne.
05:53C'est un gars qui...
05:55Je vais me lancer.
05:57You want to sing ?
05:59C'est parfait, c'est parfait.
06:01Elton John, I'm singing standing.
06:03Very beautiful English.
06:05On dirait un sketch de Robin Desbois.
06:07Eddy Mitchell avec les Pompom Girls,
06:09vous avez mis le champagne,
06:11il y a son verre de contact qui est tombé dedans.
06:13C'était ma première émission.
06:15Ah bah vous étiez servi, là.
06:17J'avais jamais fait ça.
06:19J'avais jamais fait d'émission comme ça.
06:21C'était quand même un gros show l'après-midi en public et tout.
06:23Au studio, je ne sais plus combien.
06:25Et arrive ce phénomène quand même.
06:27Et après,
06:29pour faire l'interview,
06:31j'avais une oreillette traduction simultanée,
06:33mais c'était une autre époque,
06:35l'oreillette était avec un fil.
06:37Et donc pour aller le rejoindre au piano,
06:39le fil n'est pas assez long.
06:41Donc, il n'y a jamais eu d'interview.
06:43J'ai dû faire deux secondes,
06:45j'ai dû faire deux secondes,
06:47on se retrouvera tout à l'heure.
06:51J'ai démarré très très fort.
06:53Lui, il a dû rester interdit face à cette situation.
06:59Il s'est amusé de tout,
07:01il a bien joué.
07:03De toute façon, il lui manquait la vision sur un oeil.
07:05Il avait la lentille au fond du champagne.
07:07Lui-même était en grande forme ce jour-là.
07:09L'autre option, c'était donc le foot.
07:11Votre grande passion,
07:13dont il est évidemment question dans le livre,
07:15avec notamment ces pages très émouvantes,
07:17où vous nous racontez vos années de complicité
07:19avec celui qui a été directeur des sports de Canal+,
07:21Charles Biettry, qui souffre de la maladie de Charcot.
07:23Est-ce que vous arrivez encore à communiquer
07:25avec Charles Biettry aujourd'hui ?
07:27Oui, je suis allé le voir il n'y a pas très longtemps,
07:29il y a quelques semaines,
07:31avec Jean-Claude Darmon et Kim Pembé,
07:33le joueur du PSG.
07:35On a passé un moment avec lui.
07:37J'échange avec lui,
07:39Charles ne peut plus parler,
07:41par SMS.
07:43On continue pour le distraire,
07:45comme le sport est sa passion,
07:47et comme je le dis,
07:49c'est même sa religion.
07:51On échange toujours avant les matchs,
07:53on fait des pronostics.
07:55On n'est pas très bon, mais on fait des pronostics à chaque fois.
07:57On parle de sport essentiellement.
07:59Vous lui avez lu ses lignes ?
08:01Oui, il a validé mon texte.
08:03Il l'a dit,
08:05c'est lui qui sifflerait à la fin du match.
08:07Il a décidé qu'il partirait en Suisse,
08:09c'est ce qu'il a vraiment voulu,
08:11pour en finir avec les souffrances,
08:13avec cette belle phrase,
08:15j'ai réussi à bien vivre, je ne veux pas mal mourir.
08:17Il vous a parlé de ce choix ?
08:19Non, non, non.
08:21Quand on parle avec Charles,
08:23on ne se parle pas,
08:25on échange par texto,
08:27c'est lui qui pilote la conversation.
08:29Je ne vais pas, tous les jours,
08:31lui demander comment ça va.
08:33C'est lui qui me dit comment ça va.
08:35Vous vous efforcez d'être dans une forme de légèreté
08:37pour ce qu'elle peut lui apporter.
08:39Nulle part ailleurs orchestré de main de maître,
08:41le regretté Philippe Gildas,
08:43vous avez rencontré Maryse,
08:45pour ce livre, Maryse Gildas,
08:47qui me dit combien il était attaché à cette émission,
08:49même jusqu'à la fin de ses jours,
08:51quand il était en soins palliatifs,
08:53le simple fait d'évoquer ses années nulle part ailleurs
08:55faisait pétiller son regard ?
08:57Oui, c'est ça, c'est ce qu'elle raconte,
08:59quand Antoine de Côte venait lui rendre visite,
09:01et qu'il était à la fin de sa vie,
09:03il redémarrait comme un nulle part ailleurs,
09:05en un second.
09:07C'est fou.
09:09Et vous, est-ce que vous êtes parfois nostalgique
09:11de ces années grand journal ou pas ?
09:13Non, franchement non, je suis content de retrouver
09:15tout le monde comme ça,
09:17de façon éphémère,
09:19mais bon, après,
09:21c'est un passage de ma vie,
09:23c'est 9 ans de ma vie,
09:25mais j'ai fait beaucoup d'autres choses avant,
09:27j'ai fait d'autres trucs après,
09:29je suis curieux de tout, j'aimerais tellement faire d'autres choses,
09:31mais pas ça,
09:33j'ai envie de faire autre chose,
09:35je ne suis pas,
09:37je n'ai pas creusé le même sillon
09:39toute ma vie.
09:41Vous avez envie de faire quoi aujourd'hui ?
09:43J'ai envie de faire
09:45deux autres bouquins,
09:47j'ai envie de faire des documentaires,
09:49j'ai des projets de documentaires.
09:51Moi ce que je préférais quand il y avait des vannes de cet acabit,
09:53avec les humoristes dans le grand journal,
09:55c'était votre tête, votre réaction,
09:57ou plutôt votre absence de réaction.
09:59La plupart du temps, vous étiez là, impassible.
10:01Oui, on avait répété tout ça,
10:03donc je faisais toujours semblant
10:05de découvrir les choses.
10:07C'était un jeu, ça m'amusait.
10:09Et c'est un jeu d'équilibriste,
10:11parce qu'il s'agit d'être solidaire de ses équipes,
10:13sans se mettre en porte-à-faux
10:15non plus avec l'invité.
10:17Parfois je faisais semblant de ne pas rire,
10:19alors qu'ils savaient très bien que je trouvais ça drôle.
10:21Ils le savaient, eux.
10:23Louise Bourgoin explique dans le livre que pour elle,
10:25c'était un stress inouï d'aller tous les soirs à l'antenne.
10:27Ça ne l'a jamais quitté.
10:29Elle était terriblement stressée.
10:31C'était la même chose pour vous ?
10:33Il y avait cette montée d'adrénaline ?
10:35Louise m'a expliqué, après avoir lu le livre,
10:37qu'elle ne se rendait pas compte que c'était pour tout le monde pareil.
10:39Stressée, non.
10:41J'étais stressé au dernier moment,
10:43je me disais que je n'avais pas assez travaillé.
10:45C'était ça qui me stressait.
10:47Vers quelle heure ?
10:49Au moment de l'antenne, je commençais une interview,
10:51et je voyais la personne en face.
10:53C'était souvent des gens d'une certaine importance.
10:55Quand j'avais bien bossé,
10:57ça allait, ça roule, ça va.
10:59J'étais équipé, même si en général,
11:01on n'utilise que 10% de son travail quand on fait une interview.
11:05Parfois, je me disais,
11:07au dernier moment, ça m'est arrivé quelques fois,
11:09je n'ai pas assez travaillé.
11:11Mais je n'avais pas forcément besoin,
11:13parce qu'il y a des gens qui font des grandes phrases,
11:15qui font long, et il y en a qui font court.
11:17Pendant l'interview, je me voulais ne pas avoir assez travaillé,
11:19même si ça finit toujours par se passer.
11:21Il n'y a pas de...
11:23Ou je donnais la parole aux autres.
11:25C'était ça qui me stressait.
11:2711h30, 12h30,
11:29on refait la télé sur RTL.
11:31Les improbables
11:33d'Eva Cruyffert.
11:35Bonjour Eva. Bonjour tout le monde,
11:37bonjour Michel, bonjour Eva.
11:39Vous aviez quel âge quand Canal Plus est né ?
11:41Moins 15 ans.
11:43Fil d'antagence.
11:45Voici donc,
11:47vos infos improbables sur Michel Denisot.
11:49Vous avez des bons souvenirs.
11:51Elle a adoré le lancement de la chaîne.
11:53Elle a adoré votre toute première fois à la télé.
11:55C'est le premier sujet dont on va parler.
11:57Oui, c'était il y a 55 ans,
11:59en 1969, sur l'ORTF Limoges.
12:01Vous aviez à peine 25 ans,
12:03quand vous vous êtes retrouvé à la présentation du journal local.
12:05L'histoire complètement improbable là-dedans,
12:07c'est que vous êtes arrivé à l'antenne
12:09parce que le titulaire, ce jour-là,
12:11avait un rendez-vous galant qu'il ne voulait pas louper.
12:13Il vous avait donc demandé de le remplacer.
12:15C'est bien ça ?
12:17Oui, vous êtes bien informé,
12:19parce que c'était l'été,
12:21je crois, j'étais à la station de Limoges,
12:23j'étais à la radio, et la télé c'était
12:25à côté, mais j'y étais pas.
12:27Et le présentateur avait un rendez-vous galant,
12:29et la direction était en vacances,
12:31et il m'a demandé si je voulais le remplacer,
12:33évidemment que j'ai dit oui.
12:35Et le lendemain, on s'est fait
12:37engueuler tous les deux, mais j'ai continué.
12:39Quand je dis que les concours de circonstances,
12:41dans nos métiers, il y en a, ça a commencé comme ça.
12:43Michel, on a retrouvé l'un de vos premiers JT
12:45sur l'ORTF Limoges.
12:47On adore le générique.
12:51C'est de la réforme régionale
12:53que traitait ensuite M. Jacques Chirac,
12:55le secrétaire d'Etat à l'économie et aux finances,
12:57soulignait que l'un des objectifs
12:59majeurs de la réforme était
13:01de donner à la région une partie
13:03des compétences de l'Etat.
13:05Il était super funky, Michel Denisot, à 25 ans.
13:07Jacques Chirac était en Corrèze,
13:09donc on couvrait la Corrèze aussi,
13:11donc il était très présent dans le journal régional.
13:13Non mais votre ton, attendez...
13:15Ça rigolait pas. Pas du tout.
13:17Quand on n'est pas sûr de soi, faut parler fort.
13:21Alors, Eva, vous allez maintenant nous parler
13:23d'une interview qui a marqué,
13:25Michel Denisot.
13:26Entretien dans un cadre des plus improbables,
13:28une salle de boxe complètement
13:30défraîchée à Phoenix, aux Etats-Unis,
13:32où vous aviez interviewé Mike Tyson.
13:34Le lieu était si vétus que dans un premier temps,
13:36vous pensiez qu'il ne viendrait pas.
13:38Et pourtant, le boxeur avait fini par arriver dans une énorme voiture.
13:41Et vous aviez pu l'interviewer dans une ambiance
13:43un petit peu tendue quand même, parce qu'il paraît
13:45qu'il ne supportait pas que vous baissiez la tête
13:47pour regarder vos fiches.
13:49Effectivement. On avait rendez-vous à New York.
13:51Il n'y était pas. Après, on nous a dit qu'il fallait aller à Phoenix.
13:53On est parti à Phoenix.
13:55C'était après sa sortie de prison.
13:57Donc, il se remettait dans une ambiance
13:59de boxe de base.
14:01C'était dans une salle assez
14:03glauque.
14:05Tout était fermé.
14:07Et il y avait un type qui tenait la salle de boxe
14:09comme dans les films de série B,
14:11qui n'avait plus de dents, qui avait un vieux mégot, etc.
14:13Et puis, à un moment donné, sont arrivés
14:15trois vents noirs dans la poussière.
14:17Ils sont descendus, toute son équipe,
14:19dont un type qui était avec lui,
14:21qui faisait un peu le bouffon
14:23autour de lui, qui s'appelait Crocodile.
14:25Et lui est arrivé.
14:27Puis, c'est entraîné de façon très intense.
14:29Ils ont mis du chauffage très très fort
14:31pour qu'il élimine
14:33ce qu'il avait éliminé. Du rap à fond la caisse.
14:35Les vitres tremblaient.
14:37Et puis, à la fin, il est descendu du ring. Donc, j'avais rendez-vous avec lui
14:39normalement. Et j'ai fait l'interview à ce moment-là.
14:41Vous deviez être tellement à l'aise dans cet environnement,
14:43Michel Denis.
14:45Je suis heureux d'être là, parce que c'est des moments
14:47privilégiés, des moments fantastiques, comme on aime
14:49dans notre métier. Je ne savais pas après ce qui allait se passer.
14:51Mais c'est ce que j'aime aussi, de ne pas savoir ce qui va se passer.
14:53Et donc, l'interview, après, s'est bien passée.
14:55Mais effectivement, à chaque fois, je regardais ma fiche.
14:57De temps en temps, j'avais fait une interview d'une heure.
14:59Donc, de temps en temps, je regardais ma fiche, comme tout le monde.
15:01Et il me disait « look at me, look at me ». Il me tapait sur le genou.
15:03Je disais « ok ».
15:05Déjà, quand il tape sur le genou, c'est trois semaines de kiné.
15:07Donc, on n'a pas envie d'aller plus loin.
15:15Oui.
15:17C'est celle de Fabrice Luchini, dans
15:19« Télé Dimanche », votre émission consacrée aux
15:21médias dans les années 90 sur Canal+.
15:23Dans cette émission, Luchini vous avait
15:25expliqué sa passion pour une célèbre
15:27sitcom de l'époque.
15:29Vous regardez assez régulièrement, vous m'avez dit, « Hélène et les garçons ».
15:31Maintenant, Libé, dans la
15:33plume de Scoretti, dit « c'est du romer ».
15:35C'est-à-dire, elle se
15:37parle de rendez-vous.
15:39Tout est absolument émasculé.
15:41Tout est arrivé au point degré
15:43de l'inintéressant.
15:45Et ce degré, zéro
15:47de l'inintéressant, fait style.
15:49C'est-à-dire, oui,
15:51romer n'est pas loin.
15:53C'est fou quand même, quand on entend tout ça,
15:55comme les invités se lâchaient à l'époque à la télévision.
15:57Aujourd'hui, ils font souvent de la langue de bois.
15:59C'est un robinet d'eau tiède, les interviews.
16:01Vous l'avez senti, cette évolution, au fil
16:03des années grand journal, particulièrement ?
16:05Non, pas trop. C'est vrai qu'aujourd'hui,
16:07tout est formaté.
16:09Il y a des responsables, des communicants
16:11autour de ce qu'il faut dire.
16:13Les fameux éléments de langage,
16:15une expression que je déteste.
16:17Et puis, quand vous faites des photos,
16:19quand j'ai dirigé Vanity Fair, après, vous faites une photo
16:21d'un grand acteur, d'une grande actrice.
16:23Alors, c'est oui. Mais on passe plus par
16:25les marques avec lesquelles ils sont sous
16:27contraint pour les avoir. Évidemment,
16:29la photo, c'est toujours, quand c'est un mec,
16:31c'est toujours la main sur la joue pour qu'on voit la montre.
16:33Vous remarquerez ça. Que ça soit un footballeur.
16:35Donc, c'est différent.
16:37Ça ne vous manque pas, cet exercice de l'interview télé ?
16:39Non, franchement, j'ai été bien servi.
16:41J'ai travaillé longtemps. Je suis à jour de cotisation.
16:43J'ai fait des choses qui m'amusent
16:45aujourd'hui, qui m'intéressent, comme
16:47le livre pour lequel vous m'avez invité.
16:49Et donc, ça, ça me plaît.
16:51C'est épisodique. Après, je fais autre chose.
16:53On dit souvent que c'est une drogue, l'antenne.
16:55Non, non. Ça a pu l'être.
16:57Oui, ça l'a été. Mais maintenant, ça va. Franchement, je me sentirais
16:59plus tellement à ma place, sauf
17:01un événement exceptionnel, peut-être.
17:03Mais c'est tout, quoi. Mais au début, quand vous avez
17:05décroché, vous avez ressenti comme un manque, justement,
17:07par rapport à cette journalisme ?
17:09Non, parce que j'ai continué à faire des émissions
17:11par quotidienne, mais des émissions,
17:13je sais plus, c'était hebdomes, mensuelles, etc.,
17:15petit à petit. C'est mieux si on
17:17décroche doucement que brutalement.
17:19Oui, c'est un peu comme avec les patchs, en fait.
17:21C'est progressif. Vous verrez, vous verrez.
17:23C'est l'antenne les dimanches que Marc-Olivier
17:25Faugé a fait. C'est début à l'antenne, à vos côtés.
17:27Il donnait les infos médias de la semaine.
17:29Il n'était pas encore la bête d'antenne qu'il est
17:31devenu par la suite. C'était même laborieux.
17:33C'est lui-même qui le dit dans le livre.
17:35Je crois qu'il dit aussi qu'il souhaitait même
17:37arrêter.
17:39Oui, il a travaillé avec moi
17:41comme bras droit, disons,
17:43et donc je sentais qu'il avait envie
17:45de faire de l'antenne, il faisait des brèves,
17:47et j'étais pas sûr que ce soit son
17:49chemin.
17:51Mais il a une telle volonté,
17:53etc., qu'il en a fait. Il a décidé
17:55que c'était son chemin, et il l'a fait. Il m'a remplacé,
17:57lui aussi. Il m'a remplacé un jour, c'était un concours
17:59de circonstances. J'étais à l'époque président
18:01du PSG, et puis j'avais fait, on faisait
18:03des matchs, quand on jouait en
18:05Coupe d'Europe, on faisait des matchs le matin contre la presse
18:07et les dirigeants, etc., donc c'était à Milan,
18:09et je me suis cassé la clavicule.
18:11Enfin, j'ai pris un choc
18:13avec un mec qui jouait pas bien en face.
18:15Et donc, je me suis cassé la clavicule,
18:17donc je pouvais plus faire l'émission. Il m'a remplacé,
18:19et du coup ça lui a mis le pied à l'étrier, comme moi
18:21je me suis remplacé à Limoges. En tant que présentateur
18:23du Grand Journal, vous étiez évidemment le guichet
18:25des plaintes pour tous ceux qui étaient
18:27la cible de vos humoristes, n'est-ce pas, Eva ?
18:29Oui, improbable mais vrai, vous avez dû
18:31faire face au mécontentement de plusieurs
18:33personnalités qui n'aimaient pas leur caricature
18:35au guignol de l'info. Valéry Giscard d'Estaing
18:37vous a ainsi alpagué une fois dans une
18:39télécabine à Avoriaz,
18:41et Jacques Chirac, lui, c'était aux toilettes à la mi-temps
18:43d'un match au Parc des Princes en 1995.
18:45Qu'est-ce qu'il vous avait dit, Jacques Chirac ?
18:47Jacques Chirac, ouais, c'était
18:49à la mi-temps d'un match, j'étais avec Pierre Lescure,
18:51et on va aux toilettes
18:54faire pipi, et puis
18:56je sais plus de la phrase exacte,
18:58mais Giscard, en revanche, je m'en souviens très bien,
19:00il était très astucieux,
19:02je faisais du ski avec ma femme à Avoriaz,
19:04et on se retrouve, alors incroyable,
19:06à monter dans la même cabine
19:08avec Valéry Giscard d'Estaing et sa femme.
19:10A noter que Valéry Giscard d'Estaing
19:12faisait porter ses skis par sa femme.
19:14Donc, première anecdote.
19:16Deuxième anecdote,
19:18on monte dans la cabine, et c'était à l'époque des guignols
19:20où il faisait passer
19:22Giscard pour quelqu'un de vieux,
19:24et il était grabataire même,
19:26on n'entendait rien, etc.
19:28J'aime faire 5 minutes avec Giscard en tête à tête,
19:30on était vraiment à mettre l'un de l'autre,
19:32et qu'est-ce qu'on dit ?
19:34Et à un moment donné, il a
19:36switché le truc, il m'a dit
19:38« ça ne vous pose pas trop de problèmes les guignols ? »
19:42Tout était dans l'hypertexte !
19:44Et bien, vous nous avez gardé
19:46le meilleur pour la fin,
19:48le plus improbable,
19:50au sujet de Michel Denisot.
19:52Vous avez joué dans des sketchs des Robin Desbois,
19:54le meilleur rôle restera pour nous
19:56la fois où vous aviez incarné un chanteur de mariage
19:58habillé en Dick Rivers.
20:00« Et je vais vous interpréter
20:02Twist à Saint-Tropez. Twist
20:04à Saint-Tropez.
20:06Ça fait partie de l'ambiance
20:08de Saint-Tropez. »
20:10Eh ben, je crois que Michel Denisot a un peu honte, ça.
20:12Oui, c'est bien vous.
20:14C'est vous, c'est vous.
20:16Vous avez de la chance, c'est que de la radio,
20:18on n'a pas l'image.
20:20Heureusement qu'il n'y a pas l'image.
20:22La voix des Robin Desbois raconte une anecdote
20:24que j'ai peine à croire. Elle dit qu'Alain Degreff
20:26les a signés pour nulle part ailleurs,
20:28au festival de Cannes, avec en guise de contrat
20:30une signature sur une serviette en papier.
20:32Oui, elle a gardé la serviette en papier.
20:34Elle l'a toujours d'ailleurs.
20:36C'était comme ça, effectivement.
20:38Moi, je n'ai jamais vraiment signé de contrat pendant des années
20:40à Canal. Ah bon ? Vous allez pouvoir les attaquer, alors.
20:42C'est une bonne nouvelle.
20:44Ça se passait comme ça, on ne discutait pas.
20:46C'est vrai ? C'était vraiment... Oui, on n'avait pas d'agent,
20:48on n'avait pas de...
20:50Moi, je n'ai jamais eu d'agent, sauf une fois,
20:52pour le cinéma.
20:54Mais sinon, j'ai toujours fait des choses tout seul,
20:56sans avocat, sans rien.
20:58Ce festival de Cannes, très évoqué, évidemment,
21:00dans ce livre, toute première fois,
21:02avec cette anecdote très drôle de Frédéric Beigbeder,
21:04qui dit que vous lui avez remonté les bretelles pour une histoire de lunettes noires.
21:06Oui, je pense toujours que
21:08porter des lunettes de soleil quand il pleut,
21:10c'est un peu grotesque.
21:12Et que c'est une façon de mettre les gens
21:14à distance, qui est un peu
21:16prétentieuse et suffisante.
21:18Le côté, vous n'allez pas me reconnaître que je mets
21:20des lunettes de soleil, c'est une hypocrisie totale,
21:22parce que ça fait l'inverse. Il l'entend, ce message,
21:24quand vous lui dites... Il n'en porte plus, oui.
21:26Même quand il fait beau, maintenant, il a très mal aux yeux.
21:28En revanche, grand, grand soin
21:30à porter aux chaussures, Michel Denison.
21:32Ouh là là là là !
21:34Les chaussures... J'ai un petit fils qui est comme moi,
21:36qui regarde les chaussures des gens en premier.
21:38Il faut qu'elles soient comment, ces chaussures, pour vous plaire ?
21:40Si c'est vraiment des chaussures, ce qu'il y a de moins en moins,
21:42les gens portent autour de lui des chaussures de sport.
21:44Mais les vraies chaussures,
21:46il faut qu'elles soient bien serrées, bien propres,
21:48impeccables, etc. Et je regarde souvent
21:50en premier les chaussures, et
21:52c'est toujours bien, en opening,
21:54en ouvrant une conversation,
21:56de faire un compliment. Et souvent,
21:58les chaussures, c'est un bon sujet.
22:00Ça n'engage pas, on ne dit pas...
22:02Ah, vous avez des belles chaussures.
22:04Et les gens disent, ah, vous trouvez.
22:06Et ça démarre bien, et après, on peut entamer la conversation.
22:08Mais vous le dites, même quand vous ne le pensez pas.
22:10Bien sûr.
22:12Surtout, ça permet d'engager la discussion.
22:14N'empêche que vous,
22:16les chaussures, c'était si important
22:18que vous les regardiez avec attention,
22:20alors même que vous saviez qu'à l'antenne, on ne les verrait pas.
22:22Oui, j'aimais bien
22:24soigner ce qu'on ne voit pas.
22:26Et les chaussures, oui,
22:28j'avais toujours des chaussures nickels.
22:30J'ai fait attention à ça.
22:32Merci beaucoup, Eva Krüger, pour toutes ces infos.
22:34Avec plaisir, à la semaine prochaine.
22:36Improbable aussi, la question
22:38qui arrive. La question fromage ou dessert ?
22:42Allez, reviens dans un instant sur RTL.
22:44Ne bougez pas.

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