Marine Le Pen pourra-t-elle être candidate à l'élection présidentielle de 2027? La question se pose ce jeudi 14 novembre, au lendemain des réquisitions du parquet dans le procès des assistants parlementaires du Rassemblement national. Les procureurs ont réclamé une peine d'inéligibilité à l'encontre de la députée d'extrême droite, trois fois candidate à la fonction suprême et accusée d'avoir détourné des fonds du Parlement européen au profit de son parti.
Category
🗞
NewsTranscription
00:00Mathieu Croissando, le parquet a donc requis hier soir 5 ans de prison dont 3 avec sursis, 300 000 euros d'amende et 5 ans d'inéligibilité
00:08à l'encontre de Marine Le Pen dans le procès des assistants parlementaires du Front National au Parlement européen.
00:15C'est une peine requise, sévère ?
00:18Ce n'est pas le maximum que proposait la loi. Marine Le Pen est encourée sur le papier jusqu'à 10 ans de prison.
00:25Les procureurs n'en ont demandé que la moitié.
00:27Idem pour la sanction financière qui aurait pu se monter selon les textes à 1 million d'euros, les procureurs n'en ont demandé que le tiers.
00:34C'est à la hauteur des détournements, ont assuré les procureurs, qui ont souligné le caractère à la fois inédit des faits, par leur ampleur,
00:42on parle de 4,5 millions d'euros d'argent détourné, par leur durée, ça a duré pendant plus de 10 ans, et par le caractère organisé.
00:51On n'est pas dans des dérives personnelles, des dérapages de tel ou tel, mais dans quelque chose de systémique et systématique,
00:57ont insisté les procureurs, qui ont parlé d'une véritable machine de guerre de la part du Front National de l'époque,
01:02qui considérait le Parlement européen comme une « vache à lait ».
01:05Les procureurs ont également requis une peine de 5 ans d'inéligibilité, c'est automatique,
01:10en cas de condamnation pour détournement de fonds publics depuis 2016, le vote d'une loi qu'on appelle la loi Sapin 2.
01:16Ils ont par ailleurs réclamé que cette peine soit assortie d'une exécution provisoire,
01:21ça veut dire qu'elle s'applique immédiatement, y compris si Marine Le Pen fait appel.
01:25Oui, ce n'est pas suspensif, ça veut dire qu'elle ne pourrait pas se présenter à la présidentielle qui est dans 3 ans ?
01:29Alors d'abord, Marine Le Pen n'est pas condamnée, on l'a dit, ce ne sont que des réquisitions.
01:32Ensuite, si elle l'était, elle ne manquerait pas de faire appel, et le cas échéant de ce pouvoir en cassation,
01:38ce qui retarderait une éventuelle condamnation définitive.
01:41En attendant, une condamnation à l'inéligibilité avec exécution provisoire,
01:48ça ne lui ferait pas perdre son mandat de député, parce que le Conseil constitutionnel a toujours refusé de déchoir de leur mandat à des parlementaires.
01:54Il le fait pour les élus locaux, mais pas pour des parlementaires quand le mandat est en cours.
01:58Ensuite, il reste une question, c'est vrai, comment le Conseil constitutionnel qui est chargé d'enregistrer les candidatures à la présidentielle
02:04accueillerait-il celle d'une candidate qui est sous le coup d'une peine d'inéligibilité en cours ?
02:10Ça, personne n'a la réponse, parce que ça ne s'est jamais présenté.
02:13Marine Le Pen et ses soutiens parlent de procès politiques, on va d'abord écouter Marine Le Pen.
02:18La seule chose qui intéresse le parquet, c'est Marine Le Pen.
02:21Marine Le Pen, pour pouvoir demander encore une fois son exclusion de la vie politique avec exécution provisoire,
02:29et puis le rassemblement national pour pouvoir ruiner le parti.
02:34Vous savez à quoi ça me fait penser ?
02:35C'est exactement la même stratégie de victimisation que celle qu'employait Donald Trump dans tous ses démêlés judiciaires.
02:41On cherche à éliminer Donald Trump, il parlait lui aussi à la troisième personne,
02:45on cherche à m'empêcher de concourir à la présidentielle.
02:48Et ça me paraît à la fois hypocrite et dangereux.
02:50Hypocrite parce que de la part d'une formation qui ne cesse de dénoncer le laxisme judiciaire, c'est quand même gonflé.
02:56En 2022, la même Marine Le Pen plaidait pour une certitude de la peine avec un passage obligatoire derrière les barreaux,
03:01quelle que soit la sentence prononcée.
03:03En fait, c'est toujours la même chose.
03:04La justice n'est jamais assez dure avec les alinquants, mais toujours trop dure quand il s'agit de politique.
03:09Il n'y a pas d'acharnement ni de vengeance, comme le dit Jordan Bardella.
03:12Il y a eu un procès qui a duré un mois et demi, il y a des procureurs qui ont fait leur travail.
03:17Ce n'est pas un procès politique, mais le procès d'une formation politique.
03:20Et de ses représentants, personne n'est au-dessus des lois, ni Marine Le Pen, ni personne.
03:26Ensuite, c'est dangereux car cela sape l'institution judiciaire.
03:29L'ancien ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, s'est fendu d'un tweet étonnant hier soir,
03:33où il estime que Marine Le Pen doit être combattue dans les urnes,
03:36et non par un tribunal, sans l'expression du peuple, dit-il.
03:40Or, ce sont les élus du peuple, il faut le rappeler, qui votent les lois.
03:43Les juges, ils les appliquent et ils rendent la justice au nom du peuple français.
03:47Comment voulez-vous, quand vous êtes un responsable politique,
03:49appeler les gens à respecter la justice ?
03:51Et Dieu sait que tous ces gens-là le font, y compris et surtout vis-à-vis de la jeunesse,
03:56quand eux-mêmes se dédouanent de ces décisions.
03:58On rappelle encore une fois qu'on n'est pas dans une décision,
04:00vu que Marine Le Pen n'est pas condamnée, que ce sont des réquisitions.
04:02Mais enfin, ce discours, il est dangereux.
04:05Et c'est Sébastien Chenu, le vice-président du RN,
04:07qui est l'invité du face-à-face avec Apolline de Malherbe tout à l'heure,
04:108h30 sur BFM et RMC.
04:11Tout de suite, culturez-vous, Lorraine.