La joaillerie française se met au goût du jour avec des bijoux souvenirs. Aurore Jeunot, fondatrice de la Maison Valois Varden, redynamise le savoir-faire français dans ce secteur.
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00:00Générique
00:06Smart Ideas, notre rubrique consacrée aux start-up éco-responsables avec Aurore Jeuneault.
00:11Bonjour.
00:11Bonjour Thomas Hugues.
00:12Bienvenue.
00:12Vous êtes la fondatrice de la Maison Valois Varden, toute jeune entreprise qui a été lancée à la fin de l'année dernière
00:19mais qui est en activité depuis quelques mois seulement.
00:21Pourquoi vous l'avez créée ? C'est quoi ?
00:22Alors, Maison Valois Varden, c'est une maison de hautes bijoux très émotionnelle
00:26qui est dédiée à encapsuler vos plus belles émotions, vos plus beaux souvenirs à l'intérieur du bijou.
00:31Oui.
00:32A l'origine, en fait, moi j'ai perdu ma grand-mère et donc la seule chose que j'ai voulu garder d'elle,
00:36c'est un tout petit médaillon que j'ai retrouvé dans son bric-à-brac, j'ai rien voulu d'autre.
00:40Et c'est de là qu'est venue l'idée, en fait, de pouvoir relancer la dynamique du bijou souvenir,
00:45du bijou mémoriel qui avait été très en vogue au XIXe siècle et qui a complètement disparu.
00:49Alors qu'on a tous chez nous une petite mèche de cheveux d'un nouveau-né.
00:52Oui, c'est vrai.
00:53Voilà un petit peu de sable de la plage où vous êtes mariée.
00:56Et pour pouvoir le garder au plus proche de soi, eh bien l'objectif, c'est de vous créer le plus beau des écrins pour l'avoir.
01:02Et c'est ainsi que j'ai réinterprété celui de ma grand-mère.
01:04Qu'est-ce qu'il y avait dans le médaillon de votre grand-mère ?
01:05C'était un petit médaillon flacon qui était dédié à mettre du parfum,
01:09quelque chose qui avait été fait sur mesure dans les années folles en argent.
01:11Ça n'a aucune valeur. Et moi, je l'ai trouvé formidable et fantastique.
01:15Et je me suis dit qu'on pouvait s'en servir pour faire autre chose et apporter cette dynamique du parfum,
01:20mais aussi redynamiser la dynamique du bijou, du souvenir, du bijou d'émotion plus globalement.
01:25Bijou du souvenir, bijou d'émotion. Où et comment sont-ils fabriqués, vos bijoux ?
01:30Alors nous, on a une vraie logique de durabilité sur deux volets.
01:33La première, c'est qu'on fabrique tout en France.
01:35Donc déjà, on a une vraie dynamique locale par rapport à ça.
01:39Et on travaille avec des artisans d'art aussi pour essayer de sortir de la bijouterie classique.
01:42Et surtout, toute notre production est labellisée.
01:45On a des labels comme COC et RJC qui sont éthiques,
01:49donc qui veulent dire que la chaîne d'approvisionnement est durable,
01:53faite avec des matériaux et des métaux recyclés,
01:55et dans un vrai respect des conditions humaines et des conditions de travail des gens.
01:59Oui, d'accord. Et alors, l'artisanat d'art, c'est quoi ?
02:04C'est une tradition française ? Donc c'est facile de trouver des artisans d'art qui savent faire des beaux bijoux ?
02:09Ou alors, ce n'est pas si simple que ça ?
02:10Ce n'est pas si simple que ça, surtout qu'en fait, les artisans d'art d'exception,
02:14malheureusement, disparaissent un peu parce que les savoir-faire ne se transmettent pas forcément.
02:18Pour faire un bijou comme celui-ci, vous avez 4 à 5 corps de métier qui interviennent dessus.
02:23Et l'objectif, nous, c'est de dédier toute notre direction artistique aussi
02:26à pouvoir aller sur le souvenir plus global,
02:28et donc d'inclure des artisans qui ne travaillent pas normalement dans ce domaine de la bijouterie,
02:33pour travailler sur le souvenir et aussi sur une dynamique mémorielle
02:35en lien notamment avec les urnes funéraires.
02:38On a vraiment envie de travailler sur la dynamique de la mémoire de façon générale.
02:41Le marché du funéraire, on va y revenir si vous voulez bien,
02:44mais vous dites 4 ou 5 corps de métier différents, lesquels ?
02:47Quand vous fabriquez un bijou comme celui-ci, tout en France, comme je l'ai déjà dit,
02:52vous avez le fondeur qui travaille la matière,
02:55vous avez le polisseur, vous avez le graveur et vous avez le maître bijoutier.
02:59Et ces différents acteurs vont intervenir à différentes phases du bijou
03:02et parfois ils reviennent deux fois dessus.
03:04C'est pour ça que sur des métiers comme ceux-ci, parfois il faut savoir transmettre.
03:08Et la chance aujourd'hui qu'on a quand même, c'est que les métiers manuels reviennent en avant
03:12et que du coup tout ce qui est dynamique de certissage, de haut de bijouterie,
03:15ait vraiment une valeur sûre française et un vrai savoir-faire d'exception là-dessus.
03:19Et c'est là-dessus qu'on capitalise.
03:20Et donc ce marché du funéraire, c'était votre idée de départ ?
03:24Vous vous êtes dit là il y a un espace aussi, pourquoi vous y êtes venue ?
03:27Parce que, étant donné que le projet d'origine était tourné autour de la mémoire de quelqu'un que j'avais aimé,
03:32bien sûr on peut enfermer à l'intérieur tous les grands moments de vie.
03:36L'objectif c'est d'avoir un souvenir heureux des personnes même qui ne sont plus là.
03:40Celles qui sont toujours là bien sûr, mais on n'est pas sur le souvenir
03:43ou qui est terminé vraiment sur un gardien de l'émotion.
03:46Et donc le domaine du funéraire permet aujourd'hui aussi de pouvoir aller chercher
03:51une dynamique d'exception là où il n'y en avait pas forcément encore aujourd'hui.
03:54Les métiers d'art ont été un peu oubliés dans la dynamique bijoutière sur ce domaine-là.
03:59C'est-à-dire que quand on veut partir ou qu'un défunt parte avec un bijou,
04:04c'était des bijoux qui étaient un peu manufacturés, c'est ça ?
04:08Dans lesquels les artisans d'art intervenaient peu ?
04:10Aujourd'hui, on va dire que la dynamique des grands métiers d'art qu'on peut voir dans la mode,
04:15qu'on peut voir dans l'art, ils n'étaient pas forcément présents sur la dynamique notamment de l'urne funéraire.
04:20Il y a beaucoup de travail qui a été fait sur tout ce qui est cercueil.
04:25Et du coup l'objectif c'est d'aller chercher des métiers d'art d'exception
04:28pour créer des objets un petit peu extraordinaires.
04:30Moi je travaille avec un artisan qui fait de la porcelaine de Limoges
04:33et qui maîtrise des techniques comme la lithophanie,
04:35qui ne se font quasiment plus sur des biscuits en porcelaine
04:38et qui maîtrise également la troisième cuisson à l'or.
04:41Donc nos urnes funéraires, elles sont constituées de porcelaine de Limoges,
04:45d'une dynamique contemporaine avec des savoir-faire extraordinaires et de l'or recyclé.
04:50Et l'objectif c'est d'aller chercher des métiers comme plumacière,
04:53comme des tourneurs sur bois, comme des doreurs botanistes.
04:56Et ça existe, croyez-moi, il y en a très peu en France,
04:58mais qui dorent sur des fleurs ou sur des feuilles mortes, des plantes mortes
05:02et qui du coup vont amener leur savoir-faire pour créer des pièces absolument extraordinaires
05:05et leur donner des débouchés qu'ils n'avaient absolument pas avant.
05:08Merci beaucoup Aurore Genot et bon vent à la maison Valois-Varden.
05:12Voilà c'est la fin de ce numéro de Smart Impact.
05:14Je voudrais remercier Alexis Mathieu, Marie Billa à la programmation et à la production,
05:18Théo Boccard le réalisateur, Thibaut Gouré la fond, l'ingénieur du son. Salut !