Le délégué national Nuit police alliance William Maury revient sur l’implication des narcotrafiquants dans la mort du jeune Nicolas dans la Drôme. «Il n’y a rien qui les fait reculer maintenant. (…) On agi avec un code pénal face à des gens qui ont des millions d’euros et des kalachs. On mène une guerre, mais pas avec les mêmes armes» dit-il.
Category
🗞
NewsTranscription
00:00C'est-à-dire qu'aujourd'hui vous avez des trafiquants marseillais qui tissent une toile d'araignée
00:06et cette toile d'araignée va jusqu'à Saint-Péret en Ardèche
00:09où on a un petit jeune qui a pris une balle dans la tête, lui qui n'avait rien demandé à personne.
00:13Aujourd'hui, le narcotrafic agit un peu comme le terrorisme.
00:19Si on n'a pas les mêmes armes pour combattre le terrorisme et le narcotrafic, on n'y arrivera pas.
00:26Aujourd'hui, comment vous voulez expliquer à des parents, à des frères, des soeurs, des amis, à ce club de rugby
00:33que leur petit collègue a pris une balle dans la tête parce qu'on a des gens qui sont sans foi ni loi
00:40et qui n'ont plus aucune crainte de rien. De toute façon, il n'y a rien qui les fait reculer.
00:46Est-ce qu'aujourd'hui on se donne les moyens de stopper les trafiquants de drogue ?
00:50Ou est-ce qu'avec les armes, que ce soit les armes au sens premier du terme ou les armes juridiques actuelles,
00:57en réalité c'est un sparadrap sur une jambe de bois ?
01:01Vous savez, aujourd'hui, on nous demande toujours plus avec moins.
01:06On agit avec un code pénal et un code de procédure pénal face à des gens qui ont des millions d'euros
01:12un petit peu disséminés partout et des calaches.
01:15Comprenez bien qu'on mène une guerre mais pas avec les mêmes armes.
01:18Donc c'est extrêmement compliqué.
01:20Les différents plans d'action qui ont été énoncés par le ministre de l'Intérieur et par le garde des Sceaux,
01:27les mots c'est très très bien.
01:29Mais il y a un moment où il va falloir aussi passer aux actes très très vite
01:32parce que pendant les conférences de presse, eux, les narcotrafiquants,
01:37comme je vous l'ai dit, ils tissent une toile d'araignée et ils n'ont pas de répit.
01:41C'est-à-dire qu'ils avancent de jour en jour.
01:43On est encore en train de réfléchir où est-ce qu'on va mettre la virgule dans le texte de loi.
01:47Donc il y a un problème d'effectifs.
01:49Il y a aussi un problème de procédures trop de paperasses.
01:53Vous savez, les moyens au niveau de la procédure, c'est extrêmement compliqué.
01:57Quand vous voyez que dans la police nationale, pour mettre une personne en garde à vue, c'est toujours plus.
02:02Pour vous donner un petit exemple, au 1er juillet, il y a une réforme,
02:06ce qu'on appelle une réforme des droits de la garde à vue.
02:10On est le 13 novembre.
02:12Ce paramètre-là n'a toujours pas été rentré en base de données.
02:17C'est-à-dire que quand on rentre une personne en garde à vue, on est obligé de tout rajouter à la main.
02:22C'est-à-dire qu'au lieu qu'on ait des gens qui aient rentré des modèles directement dans les ordinateurs,
02:29c'est tellement archaïque chez nous qu'on est obligé de tout se retaper à la main.
02:33Alors imaginez-vous…
02:34Ce n'est pas possible de travailler comme ça.
02:36Vous perdez du temps.
02:37Il y a des risques d'erreurs incroyables.
02:40Regardez, par exemple, pour que tout le monde comprenne.
02:44Dans la nuit, vous arrêtez un trafiquant de stupe.
02:47Il faut faire une perquisition immédiate à domicile.
02:49Vous ne pouvez pas parce que le code de procédure pénale vous en empêche.
02:54C'est-à-dire qu'on ne travaille pas avec les mêmes moyens.
02:57Pour rentrer chez le délinquant ou chez le criminel…
03:00Il faut attendre 6 heures du matin ?
03:01Il faut appeler le procureur de la République, saisir un juge des libertés pour pouvoir avoir les autorisations.
03:05Sauf qu'en attendant, tout est vidé.
03:07C'est-à-dire que vous avez 10 kilos de coke qui peuvent passer dans les WC ou dans la douche pour faire disparaître les preuves.
03:14Voilà où on en est.
03:15Alors, vouloir mener une guerre contre le narcotrafic, c'est très bien.
03:19Je vous dis, avoir ces idées-là, c'est très très bien.
03:21Mais donnez-nous les moyens et pas les moyens dans deux ans.
03:24C'est maintenant qu'ils nous les font.
03:25Parce que des petits jeunes qui prennent des balles dans la tête alors qu'ils n'ont rien demandé à personne, c'est juste inadmissible.
03:30Sous-titrage Société Radio-Canada