• il y a 7 mois
Dans le cadre de la commission d'enquête sénatoriale sur le narcotrafic, le procureur de la République de Marseille est revenu sur les stratégies mises en place par les narcotrafiquants. Pour asseoir leur trafic, les narcotrafiquants se livrent à « une stratégie d’intimidation et de terreur ». Selon lui, il est désormais possible de parler de « narco-homicides » voire de « narcoterrorisme » face à une « dépersonnalisation des victimes », qui sont de 4 ordres : les personnes ancrées dans la criminalité (pas la majorité) ; les petites mains (majorité) que sont les « charbonneurs », « ravitailleurs » ou « guetteurs », particulièrement jeunes ; les narcoterroristes, en d’autres termes les personnes qui sans être directement dans le trafic résident dans la cité ; enfin, les victimes collatérales, « de plus en plus nombreuses », symbolisées par l’émoi suscité de la mort des jeunes Fayed à Nîmes et Sokayna à Marseille.

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Transcription
00:00 Par rapport au règlement de compte du milieu traditionnel, on est dans une stratégie d'intimidation et de terreur.
00:07 En réalité, c'est pour ça que le terme employé par Mme Laurence, précédente procureure de Marseille,
00:12 de ne plus parler de règlement de compte mais de narcomycide, ça me paraît particulièrement intéressant.
00:17 Et même si on veut aller plus loin, on peut parfois parler de narcoterrorisme,
00:21 puisqu'on a une dépersonnalisation des victimes qui sont ciblées, ce n'est plus les têtes de gondole.
00:28 On a quatre catégories de victimes dans ces guerres du narcotrafic.
00:33 Traditionnellement, on en a encore les personnes qui sont ancrées dans la criminalité,
00:38 mais ce n'est plus la majorité des victimes.
00:41 Nous avons surtout des petites mains du trafic, charbonneurs, ravitailleurs, chauffeurs, particulièrement jeunes,
00:49 et qui sont dans une logique de terreur quand on veut prendre en main un point de deal,
00:54 vont recevoir une rafale de kalachnikov.
00:57 Narcoterrorisme, troisième point, personne dans la cité qui, sans être directement dans le trafic,
01:03 y réside dans cette logique de terreur.
01:06 Et l'aspect peut-être le plus délétère, une multiplication de victimes collatérales,
01:12 de victimes qui n'ont absolument aucun lien au trafic.
01:16 Il y a deux affaires qui ont déféré la chronique, le jeune Fayet d'âge de 10 ans,
01:21 cet été anime que nous avons récupéré dans le cadre de la GIRS,
01:25 ou la jeune Sokaïna, la cité Sintis, dans les quartiers sud-est de Marseille.
01:31 Deuxième caractéristique, et ce qui inquiétait le président,
01:34 effectivement, par rapport au manque de maturité, au risque que peuvent courir les magistrats instructeurs,
01:40 c'est des auteurs et des victimes toujours plus jeunes.
01:43 Six mineurs ont été victimes, quatre mineurs sont mis en examen,
01:47 et la majorité des auteurs, plus de 50%, ont entre 16 et 21 ans.
01:53 On a également un phénomène très inquiétant qui démontre là aussi une dérive mafieuse,
01:59 une féminisation.
02:01 Jusqu'à présent, les femmes étaient, on va dire, cantonnées à des rôles de nourrices,
02:07 de drogue ou d'argent ou d'armes.
02:12 Désormais, on constate que, alors on n'a pas encore eu de femmes dont on a la preuve qu'elles sont montées directement,
02:19 mais qui ont commandité, qui ont recruté des équipes, qui ont donné le go.
02:24 Et là, ça me fait penser un petit peu à la dérive qu'avait connue la Camorra napolitaine dans les années 2005,
02:29 c'est-à-dire quand les hommes sont en prison, un certain nombre de femmes,
02:33 et elles sont parfois plus dures que les hommes.
02:36 Donc cette féminisation nous inquiète également.
02:39 Et enfin, le troisième point qui est le plus difficile pour porter des coups vraiment importants,
02:44 c'est des têtes de réseau qui gèrent leur trafic depuis l'étranger
02:50 ou derrière les murs de leur prison.
02:55 Ils désignent des cibles, ils organisent la logistique,
02:59 ils continuent à poursuivre ce trafic et l'incarcération ne remet pas en cause leur capacité opérationnelle.
03:05 [Musique]

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