« Le sable et les roues, ça ne fait pas bon ménage », résume Myriam Cabon, quelques jours après avoir terminé le premier Handi marathon des sables, une épreuve de 50 km en trois étapes à travers les dunes du désert marocain. « Avec un fauteuil roulant, on s'enfonce très vite », ajoute son mari Pierre, devenu paraplégique après avoir été blessé par balle lors de l'attentat du Bataclan, le 13 novembre 2015. Elle, valide, lui, en situation de handicap, ils parcourent le monde à la recherche de nombreux défis sportifs. « Un bon moyen de reconstruction », avouent Myriam et Pierre, qui ont déjà gravi le Kilimandjaro (5 891 mètres) et traversé la Nouvelle-Zélande en vélo tandem. Mais sur le marathon des sables, une météo inédite depuis 15 ans a amplifié la difficulté de l'épreuve. « On ne s'attendait pas à recevoir des torrents de pluie dans la tronche », rigole a posteriori Myriam. « On s'est mis à patauger dans la boue, c'était lunaire ».
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00:00Attention, attention, attention !
00:02Attention à la caissière !
00:06Pour la première édition du Andi Marathon des Sables,
00:08sur trois étapes, on a fait 50 km dans le désert marocain.
00:10C'est-à-dire que ça fait 15 ans qu'il n'y avait pas plus
00:12mais des torrents d'eau,
00:14mais vraiment des cascades dans la tronche.
00:20Sabler les roues, en général, ça ne fait pas bon ménage.
00:22Ça dérape !
00:23Doucement, doucement !
00:24Molleux quand même, les gars !
00:26Donc le prochain marathon qu'on fait est à Hambourg
00:28parce qu'il est là.
00:42Quand Pierre a été blessé,
00:44il y a eu un sentiment un peu de privation de liberté au début
00:48en se disant qu'on ne va plus pouvoir accéder à la nature,
00:50aux grands espaces, etc.
00:51Nous, on n'était pas très sportifs à l'époque.
00:54On était très sportifs à la base dans nos vies d'avant
00:56et on se rend compte quand même que quand on est en fauteuil,
00:58si on veut vraiment partir à l'aventure
01:00et être le plus autonome possible et aller le plus loin possible,
01:02il faut être un peu fort physiquement,
01:04il faut réussir à donner de l'énergie
01:06et avoir les muscles qu'il faut pour affronter des terrains difficiles, etc.
01:09Et en fait, c'est un peu comme ça que ça nous est venu.
01:11À chaque nouveau défi, on a eu un peu plus envie de faire du sport.
01:15Pour nous, ça a vraiment été un gros moteur de reconstruction
01:19et d'apprentissage de cette nouvelle vie.
01:22On a eu le temps de faire la traversée de la Nouvelle-Zélande en tandem.
01:28L'ascension du Kilimanjaro.
01:33On était les premiers finisheurs en fauteuil du Marathon des Sables.
01:36À la base, le Marathon des Sables, c'est une course d'ultra sport.
01:39C'est une course d'extrême sport.
01:41On est en plein cœur du désert du Sahara.
01:43On vit en bivouac.
01:44On est en autonomie au niveau de l'alimentation.
01:46Donc, il faut amener du glyophilisé pour les quatre jours de course.
01:52C'est vraiment une course qui est hyper exigeante.
01:55Déjà, pour un valide, aller sur une plage avec un vélo, c'est compliqué.
01:58Et en fait, avec un fauteuil roulant, tu t'enfonces très vite.
02:00Il y a un fauteuil qui va avoir trois roues, des gros pneus à l'arrière
02:03pour essayer de moins s'enfoncer.
02:05C'est un peu comme ça qu'on s'enfonce.
02:07Il y a un fauteuil qui va avoir trois roues, des gros pneus à l'arrière
02:10pour essayer de moins s'enfoncer, avec une largeur un peu plus conséquente
02:13qu'un fauteuil de ville classique.
02:15Derrière, il y a une personne qui va pouvoir pousser,
02:17parce qu'il y a un guidon, il y a des freins, etc.
02:19pour mieux orienter le fauteuil.
02:20Il va y avoir une personne à l'avant, équipée d'un harnais d'expédition polaire,
02:23des cordes pour tirer le fauteuil dans les moments compliqués.
02:26Attention, là, il y a des gros cailloux à gauche et à droite.
02:31Et comme ça, on est trois à fournir cet effort
02:33et à vraiment pouvoir un peu repousser chacun ses limites.
02:37Et donc là, on se retrouve au milieu des dunes, avec du vent.
02:41Sur cette édition, on a eu de la pluie, c'était complètement lunaire.
02:48Et en fait, ce qui est énorme, c'est que la deuxième étape,
02:51le lendemain, elle est supposée se passer 80% du temps sur un lac asséché.
02:55En fait, il a fallu changer d'étape,
02:57parce que le lac n'était plus du tout asséché, c'était juste un lac.
03:04Non, non, à droite, à droite, à droite, à droite.
03:05On est en coupe.
03:06Doucement, doucement.
03:08Ça va, Pierre ?
03:09Ouais, pas à gauche.
03:10On fait des aventures, on a besoin de se parler et de se comprendre.
03:13C'est pas toujours hyper simple, c'est pas toujours hyper fluide.
03:15Un peu chaud, parfois.
03:16Plus à gauche, peut-être.
03:18Ah bon ?
03:19Je sais pas.
03:20On a réussi maintenant à trouver un moyen de presque pas se parler
03:24et de savoir quand est-ce que l'autre a besoin d'aide, etc.
03:26Passer une racine, un caillou qui est trop compliqué pour lui seul,
03:29et éviter justement un peu la bouillasse de sable mou qui va être juste à côté
03:34ou les épines d'acacia pour éviter de crever.
03:36Je pense que notre coéquipière Sylvie, ma sœur, qui était avec nous sur le marathon de Sade,
03:40dira qu'on n'est pas encore 100% nickel sur les engueulades,
03:43mais que globalement, ça se passe plutôt bien.
03:46Bravo, bravo à toutes et à tous,
03:48les équipages endivalides qui arrivent sur cette deuxième ligne d'arrivée,
03:54deuxième étape.
03:56Bravo les gars, bravo, bravo les filles.
03:58Vous êtes incroyables.
04:00En soi, en France, c'est possible de faire du handisport,
04:03mais aujourd'hui, on m'avait refusé la participation à une course
04:06parce que j'étais en fauteuil de ville et pas en fauteuil d'athlétisme.
04:09Tout le monde peut aller courir avec une paire de baskets.
04:11Alors certes, les baskets, il y en a qui coûtent un peu cher,
04:13mais globalement, ça va.
04:14Mais en fait, quand on te force à courir avec un fauteuil d'athlétisme,
04:17on t'explique que t'es obligé de dépenser au moins 3000 euros
04:19pour pouvoir aller faire ta course.
04:21C'est-à-dire que quelqu'un qui a envie de courir avec son propre fauteuil,
04:23ça lui évite aussi d'acheter le fauteuil de sport qui coûte une fortune.
04:26Et du coup, il n'y a pas de raison qu'on lui interdise de le faire
04:29parce qu'en réalité, il n'y a personne qui va le pousser.
04:31Lui, il ne va pas rouler sur les gens.
04:33Ça, ça n'arrive pas.
04:34Ça, c'est dans la tête des organisateurs.
04:36Quand je vois qu'on a réussi à rouler sur personne pour le marathon des sables,
04:39dans le sable, avec des fauteuils qui sont beaucoup plus larges que le tien,
04:42je pense qu'on peut se sentir.