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Le ministre de l'Industrie Marc Ferracci s'attend à de nouvelles annonces de fermetures de sites industriels en France "dans les semaines et les mois qui viennent", qui affecteront des "milliers d'emplois", après les annonces de fermetures de deux sites chez Michelin cette semaine.

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Transcription
00:00Le ministre de l'Industrie, l'invité d'On n'arrête pas l'écho, bonjour et bienvenue Marc Ferracci.
00:04Bonjour.
00:05Au champ Michelin-Vancorex, certains syndicats annoncent que nous avons, devant nous, une vague de plans sociaux.
00:11Cela, vous le savez Heberti, parce qu'il a le comité interministériel de restructuration industrielle.
00:17Alors est-ce que c'est exact ? Est-ce qu'une vague de plans sociaux est devant nous ?
00:20Il est vrai qu'il y a un certain nombre de filières qui sont dans des situations préoccupantes.
00:23Vous avez passé un reportage sur la chimie, la filière automobile et en particulier les équipementiers, la métallurgie.
00:29Ces filières qui sont soumises à une très forte concurrence internationale.
00:32Cela a été dit dans votre reportage aussi, une concurrence qui n'est pas toujours très équitable,
00:35parce qu'elle est très subventionnée en Chine et aux Etats-Unis.
00:38Et face à cela, évidemment, il y a des dossiers d'entreprise en difficulté, des annonces de fermeture de sites.
00:44Il y en aura probablement dans les semaines et les mois qui viennent.
00:47Des dizaines, des dizaines, des milliers d'emplois ? Des dizaines de milliers d'emplois ?
00:50100 000 emplois, c'est ce qu'on entend ? C'est important de le savoir.
00:54Ici, je ne vais pas donner des chiffres, mais évidemment que cela va se compter en milliers d'emplois.
00:59On ne peut pas les évaluer précisément. Pourquoi on ne peut pas les évaluer précisément ?
01:02Parce que sur chaque dossier, on se bat.
01:04Sur le dossier Vancorex que vous avez évoqué, je veux dire que la position de l'État,
01:08contrairement à ce qui a été dit dans votre reportage, c'est bien d'essayer toujours de trouver des repreneurs pour le site.
01:14Suite à l'annonce d'un seul repreneur qui reprendrait 25 salariés sur 450, j'ai demandé,
01:19et c'est ce que j'ai annoncé d'ailleurs aux salariés de Vancorex ou aux représentants des salariés quand je les ai rencontrés,
01:24j'ai demandé au service de l'État de refaire le tour de toutes les entreprises,
01:27de tous les repreneurs potentiels qui se sont intéressés au dossier pour essayer d'avoir une meilleure offre.
01:32La nationalisation temporaire, il demande la nationalisation ?
01:35Non, la priorité c'est d'essayer de trouver des repreneurs privés.
01:38Et évidemment, dans l'hypothèse où il n'y aurait pas de repreneurs, mais dans cette hypothèse seulement,
01:42d'accompagner au mieux les salariés et surtout et également d'accompagner la revitalisation du site.
01:47Mais on a évidemment dossier par dossier, sur chaque filière, ce travail à faire,
01:51ce travail de trouver des repreneurs et d'accompagner les salariés le cas échéant.
01:56Puis après, on a des mesures plus structurelles, je pense qu'on va en parler.
01:58On va en parler, parlons d'abord de Michelin.
02:00Là aussi, vous êtes allé sur le site de Cholet hier, vous avez été hué, le ministre de l'Industrie a été hué.
02:07Il y a 25 ans, exactement, face à d'autres salariés Michelin qui perdaient leur emploi,
02:11Lionel Jospin a dit « on ne peut pas tout attendre de l'État ».
02:15Est-ce que c'est aussi votre sentiment, ministre ? Impuissance.
02:18Non, moi je suis allé sur le site de Cholet, d'abord pour lancer un comité de suivi avec l'ensemble des élus,
02:24les organisations syndicales de Michelin, la direction de Michelin,
02:26pour s'assurer que les engagements de Michelin sur ce dossier seront tenus.
02:29Les engagements sont très substantiels sur l'accompagnement, le reclassement,
02:33sur la réindustrialisation du site, avec un engagement de recréer au moins autant d'emplois qu'il n'en a été détruit.
02:38Puis après, je suis allé sur le site parce que je considère que mon métier de ministre de l'Industrie,
02:42c'est aussi d'aller au contact des salariés, de comprendre ce que sont leurs angoisses, leurs aspirations.
02:47J'ai eu l'occasion de discuter avec certains salariés, j'ai été hué,
02:50je m'attendais évidemment à ce qu'il y ait ce type de réaction parce que les salariés sont bouleversés,
02:56les salariés sont en colère, et on peut le comprendre aussi parce que la manière dont a été faite l'annonce
03:01à destination des salariés n'était pas une manière digne, et ça je dois le dire aussi.
03:05C'est-à-dire ? Qu'est-ce qui ne vous a pas été ?
03:08Ce qui a été remonté, c'est que les salariés ont été prévenus très tard,
03:11que la direction de Michelin ne s'est pas déplacée elle-même pour leur faire l'annonce en direct,
03:15et les yeux dans les yeux, ça je pense que c'est regrettable.
03:17Mais au-delà de cela, je dois dire que j'ai eu aussi un contact avec des élus qui sont très constructifs,
03:23avec des organisations syndicales qui sont constructives,
03:26et aujourd'hui, notre engagement, notre objectif, c'est aussi l'engagement de Michelin,
03:30c'est que personne ne soit laissé sans solution dans ce dossier extrêmement difficile.
03:35Quand je vous entends, Michelin promet un accompagnement sur mesure,
03:37une revitalisation des territoires, 330 millions d'euros provisionnés,
03:41je vous ai entendu dire, c'est très substantiel, ça vous paraît suffisant ?
03:45Écoutez, ça, je pense que c'est la négociation du plan de sauvegarde de l'emploi qui le déterminera,
03:50et les organisations syndicales négocieront avec la direction,
03:53mais nous, nous avons souhaité créer les conditions pour que la négociation soit favorable aux salariés,
03:58et en particulier qu'ils puissent trouver des reclassements sur le territoire.
04:01Parce que vous savez, quand vous êtes obligé de changer de territoire,
04:03on avait hier une discussion avec un salarié qui avait déjà été pris dans le plan social de la Roche-sur-Yon de Michelin,
04:09qui avait été amené à travailler sur le site de Cholet,
04:12et qui s'inquiétait, de manière très légitime, de devoir changer à nouveau de territoire.
04:16Donc moi, j'ai donné cette instruction à Michelin et à l'ensemble des services de l'État,
04:20d'essayer de trouver des solutions sur le territoire.
04:22Marc Ferracci, il y a de la colère, parce qu'il y a aussi de l'incompréhension,
04:24Michelin, c'est le numéro 1 mondial du pneu, 28 milliards de chiffre d'affaires,
04:28l'année dernière, 3,6 milliards de résultats, c'était un record,
04:32il y a un plan de rachat d'actions, jusqu'à 1 milliard d'euros dans les mois qui viennent,
04:37ça pose la question des aides publiques, est-ce qu'il faut conditionner les aides publiques au maintien de l'emploi ?
04:41Alors, d'abord, dire que les décisions industrielles des entreprises privées
04:45sont les décisions industrielles des entreprises privées.
04:48Moi, je suis, en tant que ministre de l'Industrie, chargé d'encadrer cela,
04:52mais aussi de laisser les investisseurs, les entreprises, prendre leurs décisions.
04:56Maintenant, vous posez la question des aides publiques,
04:58c'est vrai qu'il y a des aides publiques qui sont versées à un certain nombre d'entreprises,
05:00notamment à Michelin, il y a le crédit d'impôt recherche, par exemple,
05:03il faut quand même le dire, les aides qui sont versées le sont toujours en contrepartie,
05:07en contrepartie d'une dépense de recherche et développement pour le crédit d'impôt recherche,
05:11en contrepartie d'un investissement, en contrepartie d'une embauche, quand on a une aide à l'embauche.
05:15Donc, il y a en face des actions qui sont réalisées.
05:18Maintenant, je pense qu'il faut quand même qu'on ait une approche globale
05:20et qu'on regarde sur chacun des dispositifs s'ils atteignent effectivement leurs objectifs.
05:26Et sinon ?
05:26Et sinon, je pense que si les aides ne sont pas efficaces de manière globale,
05:32c'est-à-dire pour toutes les entreprises qui sont bénéficiaires de ces aides,
05:35et puis il faut arrêter les aides.
05:36Je pense que l'évaluation des politiques publiques, ça doit mener à des décisions claires, radicales.
05:41Quand un dispositif ne marche pas, quand les aides n'aboutissent pas aux objectifs
05:44qu'elles sont censées poursuivre, je pense que de façon générale,
05:48on doit avoir cette démarche d'évaluation systématique.
05:50Vous avez annoncé un plan d'urgence pour la filière automobile avec des mesures,
05:54avez-vous dit, de soutien à la demande et à l'investissement ?
05:56On va être concret, est-ce que par exemple, ça veut dire que dans le budget,
05:59l'enveloppe dédiée au bonus pour l'achat de véhicules électriques doit être divisée par deux ?
06:04Vous considérez que c'est peut-être une coupe trop forte,
06:06et que si on veut soutenir, il va falloir remonter le niveau du bonus électrique ?
06:10Avec le ministre Antoine Armand, le ministre de l'Économie,
06:12nous avons parlé de ce plan d'urgence à l'échelle européenne.
06:15Nous sommes aujourd'hui en train de construire des propositions
06:17que nous allons porter devant la Commission de Bruxelles,
06:20et que nous allons porter auprès de nos partenaires européens
06:22pour avoir une approche de soutien à l'industrie automobile européenne.
06:26C'est très important parce qu'on doit avoir une approche européenne.
06:29Les chaînes de valeurs sont complètement intégrées.
06:30Qu'est-ce que ça veut dire ?
06:31Ça veut dire concrètement que vous avez des fournisseurs qui sont en Allemagne
06:34pour des constructeurs qui sont en France.
06:35Vous avez des fournisseurs qui sont en France pour des constructeurs qui sont en Allemagne.
06:39Ça veut dire que la protection commerciale, notamment vis-à-vis des véhicules chinois,
06:42elle doit se concevoir au niveau européen.
06:44Ce que nous proposons et ce que nous allons mettre sur la table en mesures techniques,
06:47c'est effectivement des mesures de soutien à la demande.
06:49Nous sommes en train de réfléchir à un bonus écologique à l'échelle européenne, par exemple.
06:54Ça peut être une piste.
06:55Nous sommes en train de réfléchir à des mécanismes de soutien.
06:58Vous avez parlé du rapport Draghi qui réclame de lourds investissements
07:00dans l'industrie en général, mais aussi dans l'industrie automobile.
07:03Et donc, à ce moment-là, il faudra qu'on se pose des questions comme
07:06la question d'un emprunt commun européen.
07:08Tous les pays n'y sont pas forcément opposés.
07:10Là, on parle de quelque chose de très lointain.
07:11Les entreprises, elles sont en train de baisser le rideau tout de suite.
07:14Ça n'est pas lointain parce que dès le premier semestre 2025,
07:19la Commission européenne a dit qu'elle allait mettre en priorité un Clean Industrial Act,
07:23c'est-à-dire une législation européenne sur l'industrie propre
07:27dans laquelle nous pourrons mettre en place un certain nombre de mesures.
07:29Donc, ça n'est pas lointain.
07:31Je pense qu'il faut qu'on agisse vite.
07:32Et dans le budget français, nous faisons nos meilleurs efforts.
07:35D'abord, pour sanctuariser les investissements qui bénéficient à nos filières industrielles
07:39et notamment à l'automobile.
07:40Le bonus pour l'achat de l'électrique, il doit être divisé.
07:45Ce matin encore, dans le Figaro, le patron de la plateforme automobile,
07:48Luc Châtel, pointe l'idée que voilà, au moment où ça ne va pas bien,
07:52on est en train de diviser le montant de l'enveloppe du bonus électrique.
07:56Vous le savez, nous sommes dans un contexte budgétaire qui est difficile.
07:59Nous avons fait nos meilleurs efforts pour maintenir le bonus,
08:02non pas à son niveau précédent, effectivement, il baisse un peu.
08:05Mais j'attire votre attention sur le fait que d'autres pays
08:07ont purement et simplement supprimé ce genre de dispositifs.
08:10C'est le cas de l'Allemagne.
08:11Et donc, nous, dans le contexte budgétaire qui est le nôtre,
08:15nous essayons de trouver le meilleur équilibre.
08:16Le bonus va bénéficier d'une enveloppe globale qui sera aux alentours d'un milliard d'euros.
08:21Ces temps baissent, mais je pense que c'est suffisant.
08:23Et surtout, nous devons trouver d'autres leviers pour soutenir la demande.
08:26Verdir les flottes professionnelles, les flottes d'entreprises,
08:28faire en sorte qu'elles achètent plus de véhicules électriques.
08:30Un véhicule sur deux aujourd'hui qui se vend est acheté par des entreprises.
08:33Nous avons défendu un amendement et soutenu un amendement
08:36qui vise à verdir ces flottes professionnelles avec plus de contraintes.
08:38Il faut trouver d'autres leviers quand on a moins de moyens budgétaires.
08:40Une question plus politique, Marc Ferratti, sur le budget.
08:43Bruno Le Maire, ministre de l'Économie pendant sept ans
08:45et Gabriel Attal ont été auditionnés sur le dérapage.
08:48Hier, l'ancien Premier ministre a estimé que le gouvernement Barnier
08:51a choisi de ne pas prendre toutes les mesures disponibles
08:55pour freiner la sortie de route.
08:56Donc on en serait là, 6% de déficit l'an prochain,
09:00à cause du Premier ministre Michel Barnier.
09:02Est-ce que Gabriel Attal a raison ?
09:03Non, moi je ne vais pas commencer à commenter les déclarations des uns et des autres.
09:09C'est la coalition quand même, c'était l'ancien Premier ministre.
09:12Moi ce que je veux dire c'est que Gabriel Attal, Michel Barnier,
09:15moi-même, l'ensemble du gouvernement et Bruno Le Maire,
09:18nous poursuivons un objectif qui est de redresser nos comptes publics désormais.
09:22C'est d'avoir une stratégie qui nous amène à moins de 3% de déficit en 2029.
09:26Et pour cela, nous avons besoin d'une stratégie qui soit intelligente,
09:30c'est-à-dire qui ne casse pas la croissance.
09:32Et c'est pour ça que vous l'évoquiez,
09:34des dépenses qui sont aujourd'hui utiles à la réindustrialisation,
09:37je pense qu'il faut au maximum les préserver.
09:39Il faut être très précautionneux et supprimer un certain nombre de dépenses
09:42qui, elles, ne sont pas efficaces.
09:43Mais encore une fois, je pense qu'il n'y a pas de divergence profonde sur l'objectif
09:47qui est de retrouver une trajectoire de déficit et des comptes publics plus sains
09:52sans casser la croissance.
09:54Tout le monde anticipe, cette nuit, il y a eu la fin des débats à l'Assemblée sur la partie recette.
09:58Justement, beaucoup de nouvelles taxes adoptées par l'opposition.
10:02Tout le monde anticipe que ça va se terminer en 49-3.
10:04Certains députés, LR, Renaissance, demandent à Michel Barnier de siffler la fin de la récré.
10:08D'abord, moi, je veux dire que ce qui s'est passé dans les débats budgétaires
10:11sur la partie recette, la fiscalité du PLF,
10:14c'est assez regrettable et même très regrettable.
10:18On a assisté à un véritable cirque fiscal
10:22avec des augmentations d'impôts à hauteur de 35 milliards d'euros,
10:25avec des suppressions de dépenses comme notre contribution à l'Union européenne,
10:30avec des mesures qui sont en contradiction et en contravention totale avec les conventions internationales.
10:35Concrètement, on a un budget, là, qui nous amène à sortir de l'Europe.
10:39Il faut être très clair pour le dire, la contribution à l'Union européenne.
10:42Donc, moi, je ne pré-empte pas ce que sera l'issue du vote,
10:46puisque mardi prochain, l'Assemblée nationale aura à se prononcer sur cette première partie
10:50et je ne vais pas dire ce que sera le vote du Parlement.
10:53Mais moi, je pense que c'est évidemment très difficile de soutenir un tel budget.
10:58Il faut siffler la fin de la récré ?
11:00Ensuite, le budget ira au Sénat.
11:04Le budget ira au Sénat, donc je pense que dans le cadre des débats parlementaires au Sénat,
11:08d'autres équilibres peuvent être trouvés ou retrouvés.
11:11Moi, j'attends également que les choses évoluent à ce moment-là.
11:14Dernière question, Donald Trump, vous êtes ministre de l'Industrie, les droits de douane.
11:18A quoi vous préparez-vous ?
11:20Êtes-vous déjà en train de monter des modèles économiques ?
11:25Bien sûr, on est en train de s'y préparer.
11:27Il faut savoir que la politique commerciale américaine s'est durcie dans les dernières années.
11:30Ils n'ont pas attendu Donald Trump, mais son option, c'est effectivement
11:34d'avoir une politique encore plus agressive avec des droits de douane plus hauts.
11:38Un certain nombre de nos filières, on ne sait pas encore lesquelles, vont être en difficulté.
11:41Face à ça, il faut réagir en européen.
11:43C'est pour ça qu'avec le ministre de l'Economie, nous allons faire des propositions
11:46dans le cadre d'un plan global pour l'industrie qui comportera notamment des propositions
11:50de protection commerciale.
11:51Il faut sortir de la naïveté.
11:53Marc Ferracci, le ministre de l'Industrie, merci d'avoir accepté l'invitation.
11:56N'en arrête pas l'écho.

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