AVENIR - Un verre avec Bruno Fahy pour la sortie de son livre "Arrêts de jeu"
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00:00On est ici au stade du RFC Serein et on va boire un verre avec Bruno Fahy qui vient de
00:13sortir ce livre Bruno, quel chouette endroit, c'est vraiment
00:24un stade à l'ancienne C'est un stade à l'ancienne, comme je les
00:27aime, ça fait vraiment la bonne transition entre les clubs que je faisais à mon début
00:32de carrière et la première division Ton début de carrière c'était il y a 30
00:38ans, on a commencé ensemble, quelle évolution extraordinaire de passer du RFC ME à la
00:44finale mondiale de foot Oui c'est vrai, comme je le dis souvent,
00:48j'ai fait le Chérimont et j'ai fait le Maracana après
00:54Quelles émotions ça t'apporte justement de jeter un oeil sur ces 30 années de carrière
00:59et de voir une telle évolution extraordinaire Au niveau personnel, pour moi c'est quand
01:03même une grande fierté, mais j'ai l'impression d'avoir suivi le bon parcours, c'est-à-dire
01:10commencer à faire mes armes sur les terrains provincials pour en arriver là, je suis passé
01:17par tous les stades, et ce que j'ai fait au début me sert encore maintenant sur capter
01:24les émotions, capter les phases de jeu, quand parfois c'est un match un peu moyen, c'est
01:28ça qui me plaît, les conseils que toi tu m'as donnés à mes débuts, je m'en sers
01:32encore maintenant, donc voilà, et c'est pas parce qu'on est là ensemble très agréablement
01:39avec ce café, mais c'est vraiment ça, je trouve que j'ai tout connu, j'ai connu
01:47le foot, pour moi c'était un choc d'aller faire Jeudy de Vincimont, mais j'ai fait
01:52Bruges-Aston Villa hier, c'est une évolution, mais ça reste du foot en fait, et c'est ça
02:00que j'aime dans ce métier.
02:02Ce livre que tu sors aujourd'hui, qui est vraiment un livre extraordinaire, avec des
02:08photos, mais vraiment, il y en a qui disent que c'est le plus beau livre sur le football,
02:16je ne sais pas quoi dire à ça, mais je profite.
02:19Si tu n'es pas prémédité, c'est-à-dire que pendant 30 ans, tu n'as pas mis tes meilleures
02:22photos de côté, donc il y a eu un travail énorme de recherche ?
02:26Oui, disons que oui, au bout de chaque année, je mettais quand même les photos que j'aime
02:31bien de côté, mais c'est vrai que quand mon éditeur est venu me trouver en disant
02:36qu'on ferait bien un livre, il lui a fallu quand même quelques semaines pour me convaincre,
02:42parce que je me suis dit que c'est une photo faite aujourd'hui, qui est parue dans les
02:49journaux demain, et puis après, elle disparaît.
02:50Pour moi, je n'ai pas vraiment ni ce besoin d'avoir des photos qui tiennent dans le temps.
02:56Donc un bouquin, je ne voyais pas vraiment l'intérêt, et donc maintenant, c'est chose
03:01faite, avec beaucoup de sueur, pour chercher des photos, pour en retirer aussi.
03:09Je crois que c'est ça le plus compliqué en fait.
03:11Ce n'est pas d'en mettre, c'est d'en retirer quand on s'aperçoit qu'il y en a trop.
03:20En fait, c'est un petit peu mon histoire et quelques anecdotes.
03:23Les textes des joueurs, les témoignages un petit peu.
03:26Quand on fait des photos, on n'a pas des contacts vraiment privilégiés.
03:30Thomas Meunier a dit OK, quand on voit des freins signés par De Bruyne, Axel Witsel,
03:38compagnie, voilà.
03:40C'est aussi une reconnaissance pour le métier des photographes en général, et ce que toi,
03:46tu leur as rapporté aussi finalement.
03:48Oui, je ne sais pas si je leur ai rapporté, mais disons, oui, c'est une reconnaissance.
03:53Moi, ça me prouve à moi qu'ils ont vu les photos déjà, ce qui n'est déjà pas mal,
03:56et qu'ils regardent aussi les photos des autres.
03:59Voilà, c'était une joie quand les gens m'ont dit ouais, ouais, on va parler.
04:01Et quand j'ai lu leurs textes, j'étais vraiment ému.
04:04Michel Prodom notamment.
04:06Je vaux une passion à Michel Prodom depuis vraiment petit.
04:09Et d'ailleurs, je l'ai photographié bien des fois, mais j'osais à peine lui dire bonjour.
04:14Et donc, quand il a accepté de parler, vraiment des textes en plus très longs,
04:18j'étais vraiment ému quand j'ai reçu les textes.
04:28Ivan Perisic, quand il est arrivé à Bruges, Bruges, c'est un club que je suis souvent.
04:31J'ai toujours bien aimé ce joueur-là.
04:33Et j'avais photographié.
04:35Puis après, on se serrait la main de temps en temps.
04:37Puis on a commencé à en parler parce qu'il parlait quand même pas mal le français.
04:40Et d'ailleurs, quand on a pu choisir, nous, nos vareuses de photographes pour numéroter sur le terrain,
04:47j'avais pris une 44 parce que c'était son numéro.
04:49Et donc, à chaque fois, il m'avait un petit clin d'œil où il venait me taper dans la main.
04:54Je lui donnais des photos.
04:55Et puis voilà, et quand il est parti de Bruges, il était venu me trouver dans sa voiture,
05:01des maillots à lui pour que je les garde.
05:04Et on a toujours gardé contact parce qu'il était joueur international croate après.
05:09Et même avec son maillot croate de l'équipe nationale,
05:12il est venu me saluer après Belgique-Croatie au Roi-Baudouin.
05:15Ah, c'est chouette ça.
05:17Et alors avec Thomas Meunier, c'est aussi une histoire d'amitié qui est née aussi à Bruges.
05:21Ah, qui est née à Bruges aussi.
05:22Quand il est arrivé à Bruges, transféré de Vireton à Bruges,
05:26je suis allé faire des photos du premier entraînement ou premier ou deuxième entraînement.
05:31Et je me suis dit, je vais aller me présenter parce que je suis francophone, lui aussi.
05:36Peut-être que ça lui fera plaisir d'entendre parler français ou en tout cas d'un journaliste francophone.
05:43Et depuis, on a discuté.
05:44Puis j'ai vite vu que c'était quelqu'un d'une personnalité très attachante, très agréable, très intelligente.
05:53Et puis, j'ai commencé à connaître aussi un petit peu sa vie aussi de famille.
05:59Et quand il m'a annoncé que ma femme, c'était la fille d'un ancien joueur que j'avais déjà photographié
06:07quand il jouait à Antinique.
06:10Didier Panzoku.
06:11Et donc, j'ai retrouvé des vieilles photos noires et blancs de Didier Panzoku.
06:15Et je lui avais envoyé.
06:16Donc, on a commencé aussi à parler comme ça.
06:18C'est vraiment un ami proche.
06:19C'est vraiment un ami proche.
06:20Et puis voilà, il m'avait même demandé de faire des photos de son mariage.
06:23Ce que je ne fais jamais, les photos de mariage, je n'en fais pas.
06:26Donc, il était venu avec sa future femme à l'époque me trouver à la maison pour demander.
06:31J'ai fait des photos de son mariage.
06:32Je pense qu'il en était très content.
06:34Et il y a même une photo du mariage dans le bouquin.
06:36Allez, c'est gai.
06:37Bon, on va se réchauffer un petit peu.
06:38Un petit peu, oui.
06:39Parce que là, il ne fait pas chaud.
06:40Non.
06:47Santé.
06:47Chauffe.
06:51Alors, celle qui montre un petit peu ma patte, je pense que c'est la photo de l'entraînement à Serein.
06:55Avec les joueurs qui passent sous l'indication buvette, frites.
07:01Voilà.
07:02C'est le genre de truc que j'aime bien.
07:04De un, parce que ça contextualise vraiment l'image.
07:08On la situe.
07:09C'est, je pense, des photos que les autres ne feraient pas forcément.
07:13Moi, c'est...
07:15J'aime bien rigoler.
07:16J'aime bien me marrer.
07:17C'est une photo humoristique.
07:18Oui, voilà.
07:19Et en plus, elle fait vraiment le trait d'union entre ce que j'ai fait en provincial et ce
07:24que j'ai fait après, en division 1.
07:26Je trouve ça...
07:27On est loin des centres d'entraînement hyper modernes d'Anderlecht ou de Bruges, par exemple.
07:34Ici, avec tout le respect que j'ai pour Serein, on est dans un club d'une structure très
07:40Ici, avec tout le respect que j'ai pour Serein, on est dans un club d'une structure beaucoup
07:45moins riche.
07:46On le voit.
07:47Mais c'était à leur époque de division 1, quand même.
07:50Donc, voilà.
07:51Il y avait ce côté un peu terrain local, comme ça.
07:55Et ça, je l'apprécie vraiment beaucoup.
07:57C'est pas aussi parce qu'on est dans des grandes installations qu'on fait des photos intéressantes.
08:01Une deuxième photo ?
08:02Une photo qui m'a marqué, mais presque...
08:05Parce qu'elle m'évoque des souvenirs.
08:08C'est la joie de Thiago quand il marque à la Fiorentina pour Bruges.
08:14On peut prendre cette photo-là sous plusieurs aspects.
08:17Déjà, ici, ça fait très longtemps qu'un club belge n'avait pu être si loin en Coupe d'Europe.
08:22Là, on se passe quand même très, très loin dans la compétition.
08:25À la Fiorentina, en Italie.
08:27Club mythique.
08:28Stade mythique.
08:30Un temps catastrophique.
08:32J'étais rincé, mais rincé.
08:34Tout avait percé.
08:36Et je me lève quand même pour aller faire cette photo-là,
08:38parce que le joueur avait passé le leadboarding.
08:43Et il vient près de nous.
08:44Et je suis là, au grand angle.
08:46Il est à 40 ou 50 centimètres de moi.
08:50Et c'est des grands moments, parce qu'on le supportait, qu'il crie derrière.
08:53Et là, on est vraiment dans l'action.
08:55Mais il y a une belle histoire sur cette photo.
08:57C'est qu'en fait, ma fille est dans les tribunes.
09:01Elle faisait un voyage scolaire en Italie.
09:05Et elle était à Florence ce soir-là.
09:07Et elle est allée acheter des tickets pour le match.
09:09Et donc, elle m'avait appelé la journée en disant
09:12« On se voit ce soir parce que je vais au match. »
09:15Et donc, je l'ai repérée en tribune.
09:17Et j'ai négocié avec le steward, qui au départ ne voulait pas.
09:19Mais pour aller la rejoindre en tribune.
09:21Pour aller l'embrasser.
09:23Et pouvoir faire une photo.
09:25Et ça, c'est un moment pour moi unique.
09:27Parce que la famille, il n'y a rien de plus important.
09:30Et là, tout était mis ensemble.
09:33Tout était réuni pour avoir une belle histoire à raconter.
09:36Et ça, je m'en souviendrai toujours.
09:38Troisième photo.
09:40C'est une photo, on peut l'appeler mythique, iconique.
09:43Cette photo de De Bruyne et de Lukaku.
09:45Ma modestie va en prendre un coup.
09:47Mais c'est ce genre de qualificatif que j'ai beaucoup entendu.
09:52Maintenant, est-ce que c'est la photo qui est iconique ?
09:55Ou est-ce que c'est la célébration ?
09:57Je suis forcément très fier de cette photo-là.
09:59C'est ma première Coupe du Monde.
10:00C'est au Brésil, en 2014.
10:02Je ne m'attendais pas à ce que cette photo marche autant.
10:05Et qu'on soit encore là, dix ans après, à en parler.
10:08Et quand je suis parti au Brésil, on me demandait
10:10« Qu'est-ce que tu espères à la fin du tournoi ? »
10:12J'ai dit que tout se passe bien.
10:13Qu'il n'y ait pas de problème de santé.
10:14Pas de problème mécanique ou technique.
10:17Et que si j'avais une photo bien,
10:21ou qui reste un petit peu,
10:23ce serait vraiment la cerise sur le gâteau.
10:24Et là, j'avais vraiment coché toutes les cases.
10:26Une grosse cerise.
10:28Et donc, le lendemain, je ne me rends pas compte
10:30que la photo est sûrement parue quelque part.
10:34Et un journaliste, avant d'entrer dans le cas,
10:37m'a dit « Tu as fait la photo de l'année.
10:39Ce n'est pas possible autrement. Wow ! »
10:41Et en fait, en effet, après, quand j'ouvre mes emails,
10:45même à l'agence, on m'a envoyé
10:46toutes les covers que la photo faisait.
10:48Je crois que c'était 12 ou 13.
10:50Et je suis là.
10:52« Wow ! »
10:53J'ai même des amis qui m'ont envoyé des photos
10:57où ils avaient demandé à leurs gamins
11:00de refaire la scène dans le jardin.
11:02Et là, je me suis dit, ça, c'est vraiment top
11:04parce que la photo m'échappe complètement.
11:07Ce n'est plus à moi.
11:08Ça devient presque un emblème.
11:12On l'a reprise pour faire des t-shirts.
11:15Et toutes les campagnes de pub, après,
11:18c'est cette photo-là qu'on m'a prise.
11:21Même hors foot.
11:23Je pense que Cap 48 a repris l'image.
11:26En tout cas, ils ont repris la scène maintenant.
11:28OK, c'est ma photo.
11:29Mais la scène, c'est eux.
11:31Moi, j'ai eu l'occasion et la chance d'en parler
11:33avec Kevin De Bruyne parce que je suis allé chez lui
11:36pour faire un reportage pour Foot Magazine.
11:39Et là, encore une fois,
11:40« Ah, ben ouais, c'est toi qui as fait cette photo-là. »
11:43Et il ne le savait pas.
11:45Et depuis, d'ailleurs, il vient me dire bonjour,
11:48Kevin De Bruyne, depuis qu'il le sait.
11:50Et Lukaku, pareil.
11:51Lukaku, il n'y a pas tellement longtemps
11:52qu'il sait que c'est moi qui fais la photo.
11:54Et on a parlé une fois.
11:56On se croisait à Tubize après ou avant l'entraînement.
11:59Je ne sais plus très bien.
12:00Et on a parlé.
12:01Il m'avait dit « Ouais, c'est une photo
12:02qui est vraiment comptée pour moi. »
12:04Au point que dix ans plus tard,
12:05ils ont refait la scène juste devant toi.
12:08Oui, je ne pense pas que ce soit pour moi.
12:11Mais oui, là, encore une fois, coup de chance.
12:15Déjà en 2014, c'est un coup de chance.
12:17Parce que ce n'est pas une place
12:19qui m'a attribué et où je ne peux pas bouger.
12:22Donc, s'ils font ça de l'autre côté,
12:24je suis trop loin.
12:26Et si je fais de l'autre côté,
12:27le bouquin n'existe pas.
12:29Donc, voilà, ils ont refait ça.
12:33Donc, on boucle la boucle.
12:35Et je trouvais ça bien aussi de terminer avec ça.
12:38C'est la photo de ta carrière ?
12:41La photo de ma carrière,
12:42c'est celle que j'espère faire demain.
12:44Wow, joli.
12:45C'est quoi justement le match
12:46qui t'a fait le plus vibrer ?
12:47Il y a une photo dans le bouquin
12:49où Bruyne s'est qualifié pour la phase finale.
12:51Alors qu'ils sont deuxièmes du championnat,
12:52ils doivent passer par les tours préliminaires.
12:54Et je me souviens,
12:55quand Van Aken marque ce but-là,
12:57je suis dos aux supporters de Bruges.
13:00Et tu sens.
13:02Oui, on sent.
13:04C'est presque devenu chaud physiquement.
13:07Et Van Aken, justement,
13:09il marque hier contre Aston Villa.
13:12J'ai vu tes photos.
13:13Tu es super bien placé.
13:14Tu as le geste de Van Aken
13:16juste après son pénalty.
13:18Tu savais qu'il allait faire ça.
13:19Sa famille est au-dessus de la droite.
13:21Sa famille est derrière toi en fait.
13:23D'accord.
13:24Donc je sais que Van Aken,
13:26s'il marque, il vient là.
13:28Et d'ailleurs,
13:29quand on regarde les images,
13:31il marque le but
13:32et puis d'abord, il part par le côté
13:33et puis il fait tout de suite demi-tour.
13:35Il fait le signe de la main et voilà.
13:37Après, c'est un côté qu'on aime bien
13:39parce que c'est aussi le côté des bancs.
13:40Donc là, je sais aussi.
13:42C'est des places les plus chères.
13:45Et c'est souvent cette place-là
13:47que je prends au point de corner
13:48parce qu'on a les coachs.
13:50Et voilà.
13:51Maintenant, il y a la chance aussi.
13:53S'il va séguébrer de l'autre côté.
13:55Mais tu savais que la famille était là.
13:57Oui, oui, oui.
13:58On a justement une
13:59dont tu me parlais dans le livre.
14:00C'est la faute de main de Wormer.
14:02Mais c'est un document en fait.
14:04Oui, c'est un document
14:06parce que ça aussi,
14:07on en parle encore aujourd'hui.
14:08Je pense que pour les supporters du Standard,
14:10ils perdent le championnat là
14:11alors qu'ils reviennent.
14:13C'est une phase qui fait encore débat maintenant.
14:15Il y a un jour, quelqu'un
14:17ma modestie, il va en prendre un coup
14:19mais qui m'avait dit en salle de presse
14:21« Ah mais s'il y a Brunaféi,
14:22il n'y a plus besoin du VAR ».
14:26Oui, c'est des photos comme ça
14:28mais qui alimentent la presse.
14:29Je veux dire, ce n'est pas une photo
14:31dont les arbitres ne vont pas se servir de mes photos.
14:32Parfois, il y a des joueurs ou des arbitres,
14:34des coachs
14:36qui viennent parfois voir nos photos
14:37en disant « Ah mais oui, il y a faute là ».
14:39Tu espères quand même encore faire
14:411, 2, 3 mondiaux et autant d'euros ?
14:43Les USA en 2026,
14:46c'est un objectif.
14:48Faire des stats complètement démesurées
14:50même si on a déjà eu un aspect au Qatar
14:52de ce que c'était la démesure.
14:54Oui, c'est l'objectif.
14:55Et puis l'euro après, oui.
14:56Le plus possible.
14:58On peut tout à l'heure imaginer un mondial sans Brunaféi.
15:02Le sang et les nasales à la rigueur
15:04sans Brunaféi.
15:08Bruno, merci beaucoup
15:09et bravo pour ce super bouquin.
15:10Merci beaucoup.