• le mois dernier
Avec Frédéric Saliba, journaliste spécialiste de l'Amérique latine, auteur de "Cartels" (Editions du Rocher)

Abonnez-vous pour plus de contenus : http://ow.ly/7FZy50G1rry
______________________________________

Retrouvez nos podcasts et articles : https://www.sudradio.fr/
______________________________________

Nous suivre sur les réseaux sociaux

▪️ Facebook : https://www.facebook.com/SudRadioOfficiel
▪️ Instagram : https://www.instagram.com/sudradioofficiel/
▪️ Twitter : https://twitter.com/SudRadio
▪️ TikTok : https://www.tiktok.com/@sudradio?lang=fr

##SUD_RADIO_VOUS_EXPLIQUE-2024-11-07##

Category

🗞
News
Transcription
00:00— Le Grand Matin Sud Radio, 7h-9h, Jean-Jacques Bourdin. — 7h40, cartel voyage au pays des Narcos, aux éditions du Rocher.
00:11Le livre de Frédéric Saliba est sorti le 4 septembre. Frédéric Saliba est avec nous ce matin. Bonjour. — Bonjour.
00:17— Merci d'être avec nous. Nous allons parler des Narcos, des cartels mexicains. Vous habitez au Mexique, Frédéric Saliba.
00:26Vous êtes journaliste, spécialiste de l'Amérique latine. Vous avez travaillé pour les plus grands journaux.
00:30Vous travaillez pour les plus grands journaux, Frédéric Saliba. Il y a le ministre de l'Intérieur français,
00:35que je recevrai tout à l'heure, qui a comparé ou qui a dit que la France était en voie de mexicanisation.
00:41Qu'est-ce que la mexicanisation au Mexique aujourd'hui ? Les cartels, les trafiquants, les narco-trafiquants ont pignon sur rue,
00:52si je puis dire. — Oui. Alors attention aux amalgames. La mexicanisation au Mexique, les chiffres sont pas du tout les mêmes qu'en France.
01:00Vous avez un peu moins de 30 000 homicides par an. En France, l'année dernière, on était autour de 400 homicides liés aux narco-trafiquants.
01:09— 30 000 homicides par an au Mexique, population de 125 millions d'habitants. — Voilà, à peu près le double de la France.
01:15Donc on n'est pas du tout dans les mêmes proportions de violence. Cela dit, il y a des similitudes. Il y a en effet des similitudes
01:24dans les pratiques des cartels de la drogue ou dans les pratiques des narcos qu'on peut retrouver en France actuellement.
01:32Et donc c'est un peu surprenant. Alors moi, je suis rentré vivre en France. Et figurez-vous qu'au moment où je rentre vivre en France,
01:36ça fait un an à peu près, j'ai découvert qu'en France, il y avait de plus en plus de jeunes qui étaient impliqués dans le narco-trafic.
01:43Au Mexique, on parle de niños sicarios, d'enfants tueurs, parce que les cartels font appel à des jeunes mineurs pour dealer,
01:51mais surtout aussi pour tuer. Et ça, c'est un phénomène que je découvre, donc, en arrivant. Et c'est pour ça que mon dernier chapitre,
01:57le chapitre de mon livre, est sur la France et l'Europe. Vous avez des armes de guerre, des kalachnikovs. Au Mexique, on parle de AK-47.
02:04Mais c'est les mêmes modèles. C'est des fusils mitrailleurs qui sont dans les mains de ces jeunes qui ne sont pas formés pour ces armes-là,
02:11ce qui fait des victimes innocentes, on l'a vu. Et puis, vous avez aussi une communication via la violence, où les gangs ou les cartels
02:23communiquent, effraient leurs adversaires, lancent un défi à l'État. Et ça, on le voit avec des incendies devant des commissariats
02:32ou des choses comme ça en France, vous voyez. Et puis aussi, un message à la population pour maintenir une certaine omerta.
02:38Et ça, c'est des indices qu'on voit en France. — Alors, comment le Mexique... Je rappelle que c'est un gouvernement de gauche au Mexique,
02:44depuis 6 ans maintenant. Comment le Mexique combat ce narcotrafic ? — Alors, il y a eu plusieurs étapes. En 2006, vous avez un président
02:53Felipe Calderón de droite, mal élu, qui manque de légitimité et qui déploie l'armée sur le territoire pour lutter contre les cartels de la drogue.
03:02— Justement. On en parle en France. De l'armée pour lutter contre la drogue, le trafic. — Ben figurez-vous que le conflit a explosé.
03:10Ça a mis le feu aux poudres. Les militaires étant armés d'armes de guerre, les narcotrafiquants se sont eux-mêmes armés.
03:18Et donc il y a eu un spike d'armes de guerre. Alors on parle de Kalachnikov, mais on parle aussi de drones bombardiers.
03:23On parle de lances-roquettes. Il y a des hélicoptères qui sont abattus. Alors on est quand même dans un conflit qui est assez impressionnant
03:31— Mais c'est un conflit armé, quoi. — Exactement. — Entre d'un côté la police et les soldats et de l'autre côté les trafiquants.
03:38— Voilà. Et vous avez des dizaines de morts. Vous avez des cadavres coupés en morceaux. Vous avez des corps pendus à des ponts qui sont une forme
03:46de narco-culture où il vaut mieux être le bourreau que la victime. Vous avez pas d'espace entre bourreau et victime. Et il y a une société
03:55avec un problème. Alors ça, c'est un peu ce que je défends dans mon livre, qui est une thématique où très souvent, on parle du narcotrafic
04:02sur un plan judiciaire, policier, alors qu'en fait, on s'aperçoit qu'au Mexique, il y avait un terreau fertile et il y a un terreau fertile
04:09au crime organisé, qui est la pauvreté et le manque d'ascension sociale par l'éducation, par exemple. Et ce président de gauche, donc,
04:17est arrivé Andrés Manuel López Obrador, qui depuis a eu sa dauphine Claudia Sheinbaum, qui est entrée en fonction le 1er octobre,
04:24et qui défend, en fait, le fait de faire baisser la pauvreté, qui est quand même de 43% au Mexique, pour ne pas avoir des proies faciles
04:34pour le crime organisé. — Le terreau du crime organisé, c'est la pauvreté. — Oui, la pauvreté, le manque d'ascension sociale.
04:42— Pas que, mais beaucoup. — Mais beaucoup. — Faudrait dire que, Saliba, aujourd'hui, c'est un gouvernement de gauche. Est-ce que l'armée
04:47est toujours dans la rue aujourd'hui pour combattre le narcotrafic ? — Bien sûr. — Toujours utilisée ? — Bien sûr. Alors figurez-vous
04:52que ce président Andrés Manuel López Obrador de gauche, qui avait quand même promis le retour dans leur caserne des militaires,
04:59disant que la guerre est finie, figurez-vous qu'il a multiplié par 3 le nombre de militaires. Il y en a 3 fois plus.
05:03— Est-ce qu'ils sont efficaces, les militaires, sur le terrain ? Puisqu'en France, il y a certains politiques qui nous disent
05:08« Il faut mettre l'armée pour combattre les trafiquants ». Est-ce que c'est efficace sur le terrain ?
05:13— Qu'est-ce qu'on appelle efficace ? C'est-à-dire que oui, l'armée est plus forte que les cartels de la drogue. Oui, l'État mexicain
05:19est plus fort que les cartels. Cela dit, ça crée une spirale de violence. C'est-à-dire que vous avez moins de morts chez les militaires
05:25que chez les narcotrafiquants, mais vous avez quand même énormément de morts. On parle quand même de 450 000 morts en 18 ans
05:31et 200 000 disparus quand même. — 450 000 morts à cause du narcotrafic. Et la corruption ? Parce qu'en France, on commence à parler
05:40de corruption. Et d'ailleurs, le gouvernement s'inquiète de cela. La corruption au Mexique. — Alors c'est un des éléments.
05:46On parlait de la pauvreté, mais il y a aussi donc la corruption des institutions. Alors au Mexique, il y a un cas qui est absolument
05:52emblématique, qui est le cas de Généraux García Luna, qui a été jugé aux États-Unis, qui a posé 38 ans de prison aux États-Unis
05:59très récemment, là, et qui était en fait donc le tsar anti-drogue, qui était l'architecte de la guerre contre les narcotrafiquants
06:06de Félipe Calderón de 2006 à 2012, et qui travaillait en fait pour le cartel de Sinaloa, qui était donc un narco lui-même
06:14et qui était quand même ministre de la Sécurité publique. Donc c'est quand même emblématique de la manière dont les cartels de la drogue
06:21ont gangréné les institutions mexicaines, beaucoup locales. En fait, c'est le municipal qui intéresse beaucoup les narcos.
06:27Mais on a vu aussi fédéral et même le ministre qui était chargé de cette guerre, qui est lui-même corrompu. Vous voyez ?
06:34— Cartel. Frédéric Saliba, voyage au pays des narcos. C'est aux émissions du Rocher. C'est passionnant. — Ah oui, oui, vraiment.
06:41— C'est pas à lire. Je vous le dis tout de suite. — Bravo. Merci beaucoup. — Merci beaucoup. C'est ahurissant. 450 000 morts. Bon, ahurissant.
06:48— C'est absolument ahurissant. D'ailleurs, Narcos, les séries sur Netflix, qui finalement ont popularisé les narcotrafiquants un petit peu.
06:59— Un petit peu. Vous avez raison. Et mon livre est un peu pour ça, c'est-à-dire qu'on a tendance à focaliser sur les têtes des cartels,
07:05sur les chefs, Escobar, le chapeau Guzman, etc., alors qu'en fait, c'est plutôt systémique, c'est plutôt un système. Et c'est un peu comme l'hydre.
07:12Vous coupez une tête, il y en a une autre qui pousse directement, parce qu'il y a un système mafieux. Et c'est un peu ce que j'ai découvert.
07:18Moi, j'étais pas préparé, mais j'ai découvert ce monde-là en étant au Mexique. — Merci beaucoup, Georges Saliba. Merci. — Merci. Merci à vous.

Recommandations