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Transcription
00:00Il n'est à vous, on découvre un métier comme chaque matin ici, c'est le principe de « c'est mon boulot ».
00:04Alors des métiers parfois inconnus mais connus, puis parfois des métiers un peu oubliés aussi.
00:08C'est le cas de celui pratiqué, Mili Mendoza.
00:10Bonjour, par votre invité ce matin.
00:13Il est artisan bottier.
00:14Ça, c'est pas banal.
00:15Et on ne va pas l'oublier, il s'appelle Alexandre Portejoie.
00:18Bonjour Alexandre.
00:19Bonjour.
00:19Alors, ôtez-moi d'un doute, un artisan bottier, ça n'est pas un cordonnier ?
00:25Aussi.
00:25Si ?
00:26On dit cordonnier bottier, oui.
00:27Ah d'accord. C'est quoi la différence entre l'appellation « cordonnier » et l'appellation « artisan bottier » alors ?
00:32Aujourd'hui, le cordonnier répare plus.
00:35Et puis le bottier, cordonnier bottier, est capable de créer, designer, fabriquer entièrement, la totale.
00:45Il crée la chaussure ?
00:46Il crée la chaussure et il fait entièrement, jusqu'à la livraison.
00:50Et c'est forcément du sur-mesure ?
00:53Oui, bottier, oui. Non pas forcément, mais on peut fabriquer, c'est de la fabrication de A à Z effectivement.
00:59De la pensée, de l'image, voilà.
01:02La nuit, vous levez avec un modèle en tête et vous l'amenez jusqu'au bout.
01:06Il y a combien d'heures de travail pour fabriquer une paire de chaussures ?
01:10Difficile à répondre, on peut faire ce qu'on veut.
01:12J'ai été dans des grandes maisons, moi-même j'ai fait des chaussures entre 70 et 140 heures de travail dessus.
01:20Ah oui quand même ?
01:20Sinon globalement c'est…
01:21Là on est dans de l'ultra-luxe.
01:23Oui, c'est des pièces d'exception.
01:26Sinon c'est entre 20 et 50 heures.
01:28Des maisons de luxe avec des semelles rouges en dessous, non c'est ça ?
01:30Non, non c'est pas ça.
01:33Pas cité de nom, alors je fais des images.
01:36Qui dit sur-mesure dit voilà, un savoir-faire et beaucoup de temps passé pour créer une paire de chaussures,
01:42avec le prix qui va avec à la sortie pour compenser le temps qu'on y passe.
01:47Il y a une clientèle, c'est un métier qui existe encore, vous êtes nombreux à le pratiquer ?
01:51Non, on est très peu nombreux et de moins en moins.
01:56Comment vous faites au jour le jour ?
01:58On est obligés de se réinventer.
02:00Oui, c'est votre cas ?
02:01Oui, c'est mon cas effectivement.
02:05On entend tous les actualités, surtout au niveau de la chaussure,
02:11ça a été un des premiers secteurs avec le vêtement qu'a subi l'atelier chinois.
02:16Je suis né dans ce métier en 90, c'était déjà le cas.
02:21J'ai trouvé une petite étincelle sous un tas de cendres,
02:25je le garde avec le dessus régulièrement.
02:29Ça ne mourra pas de toute façon, je suis persuadé de ça.
02:33Les métiers artisanaux, il n'y en a aucun qui peut mourir.
02:36Je reste accroché à ça.
02:39Comment vous l'exercez vous ce métier ? Comment vous le réinventez ?
02:44J'ai fait des chaussures d'exception, entièrement à la main.
02:48Ensuite, j'ai une grosse expérience en peau d'orthésie.
02:52Donc pour les gens qui ont des pieds...
02:54Qui m'a passionné, parce que c'est hyper technique, hyper complexe, j'ai adoré.
03:00En plus, vous rajoutez du médical, donc j'ai appris la médecine,
03:03le corps humain jusqu'au bassin.
03:05Entièrement, mais principalement jusqu'au bassin.
03:08L'étude de la marche et des choses comme ça.
03:11Et puis des outils high-tech de dingue, on ne croit pas.
03:14Mais j'utilise des imprimantes 3D, un casque VR pour faire du design
03:18et faire mes formes en 3D.
03:20Des coupes laser, j'ai d'eau, ainsi de suite.
03:25Et puis, il y a l'industrie dans laquelle j'ai été aussi.
03:27On décompose, on saucissonne le bottier en une cinquantaine de métiers,
03:31voire une centaine de métiers.
03:33Et là, moi aujourd'hui, j'ai décidé de récupérer les poubelles des gens.
03:39Je vais à la source, je vais dans leur dressing
03:42et je leur demande de réfléchir, de se rappeler d'un vieux vêtement qu'ils ont.
03:47Ça peut être une jupe, une robe, un vieux cabas,
03:50quelque chose d'une jupe qui a été déchirée lors d'un concert
03:53et qu'on ne veut pas acheter parce qu'on l'a adoré,
03:55ou la veste d'un grand-père.
03:56Vous me la déposez chez mon ami Cindy, rue Courteline.
04:01L'atelier de la Cordonnière, c'est ça ?
04:03La Cordonnière, oui.
04:04Dans un sac, vous le déposez avec votre vieille Sneaker.
04:07Je démonte tout ça, je fusionne les deux matières.
04:10Je retravaille comme un bottier.
04:12Je refais l'épaisseur qu'il faut en fusionnant votre matière chérie,
04:15votre tissu adoré que vous ne voulez pas acheter.
04:18Avec votre vieille paire de baskets.
04:19Je vous donne mon manteau et vous en faites une paire de chaussures.
04:24Avec votre vieille paire de baskets.
04:26Sur ma manche, j'ai la zip, la fermeture éclair.
04:29J'aimerais bien qu'elle soit quelque part où on va se débrouiller.
04:32On va essayer de faire du design avec vos poubelles.
04:36La poubelle va être encore dessous.
04:38Quand on voit la chaussure finir, elle est partie pour 5 à 10 ans facilement.
04:41C'est génial.
04:42Plus costaud qu'à l'achat.
04:43C'est exceptionnel.
04:44Elle repasse dans les mains d'un bottier.
04:46C'est de la vraie seconde main, c'est ça ?
04:48Vous avez souffert des ateliers chinois, vous le disiez tout à l'heure.
04:51Peut-être que c'est ça le problème aussi, c'est la durabilité des produits.
04:54C'est la contraction de notre métier.
04:56Nous, on était fait à l'origine pour faire du ça dure dans le temps.
04:59Et l'atelier chinois est passé par là.
05:01Moi, je leur dis, c'est bon, je reprends vos poubelles.
05:04Je récupère un peu l'aura de vos marques.
05:06Et on vous refait quelque chose de bien.
05:09Je vous refais quelque chose qui dure plus costaud que quand vous l'avez acheté.
05:11Et qui est unique.
05:12Merci beaucoup Alexandre Portejoy.
05:14On peut vous suivre sur les réseaux sociaux.
05:16Portejoy à Bottier et à l'atelier de la Cordonnière.
05:18Chez Cyndi Rucourt-Linatour.

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