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Antoine Armand, ministre de l’Économie, des Finances et de l’Industrie, répond aux questions de Sonia Mabrouk au sujet du Budget 2025, des prévisions du déficit public, du temps de travail et de la détermination de Bruno Retailleau.
Retrouvez "La Grande interview Europe 1 - CNews de Sonia Mabrouk" sur : http://www.europe1.fr/emissions/linterview-politique-de-8h20
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Antoine Armand, ministre de l’Économie, des Finances et de l’Industrie, répond aux questions de Sonia Mabrouk au sujet du Budget 2025, des prévisions du déficit public, du temps de travail et de la détermination de Bruno Retailleau.
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NewsTranscription
00:007h-9h, Europe 1 Matin.
00:04Bonjour Antoine Armand.
00:06Bonjour Sonia Mabrouk.
00:07Et bienvenue à la grande interview sur CNews et Europe 1.
00:09Merci de votre présence, monsieur le ministre.
00:11Vous êtes le ministre de l'Economie, des Finances et de l'Industrie.
00:14Beaucoup de questions à vous poser.
00:16Et tout d'abord, votre objectif dans l'immédiat, bien sûr, comme celui du Premier ministre,
00:19c'est de faire adopter le budget.
00:21Le texte revient demain à l'Assemblée dans un contexte social qui se tend,
00:25avec des appels à la mobilisation, notamment dans la fonction publique hospitalière.
00:29Est-ce que, Antoine Armand, vous pouvez tenir ainsi ?
00:31Ou est-ce que le 49-3 est inévitable pour sortir de l'ornière sociale ?
00:35On est en plein débat démocratique.
00:37Débat parlementaire à l'Assemblée, bientôt au Sénat.
00:40Et j'entends que ça interroge.
00:42Mais je me rappelle aussi qu'il y a un an, on disait comment ?
00:45On ne va pas laisser vivre le débat ?
00:47Il ne va pas y avoir pleinement un débat à l'Assemblée nationale ?
00:49Je crois que c'est vital, démocratiquement, que le débat ait lieu.
00:52Pourquoi ? Parce qu'on a une Assemblée qui est à l'image de ce qu'ont souhaité les Français.
00:56Une Assemblée diverse.
00:57Qui débat ?
00:58Ensuite, est-ce que ce gouvernement, en tant que ministre des Finances,
01:02j'accepterais, à la fin, un budget irresponsable
01:05qui conduit au matraquage fiscal ?
01:07Jamais.
01:08Et je le dis ici sans suspens, sans volonté d'effet de manche.
01:11Les Français, les entreprises, les gens qui travaillent,
01:14ceux qui font tourner le pays, ils attendent de nous de la responsabilité.
01:17Et si, après l'ensemble du débat parlementaire,
01:20le matraquage fiscal est au rendez-vous,
01:22nous serons aussi au rendez-vous de nos responsabilités pour l'éviter.
01:24Qu'est-ce que vous appelez débat démocratique ?
01:27Amendements à foison, guerre de tranchées budgétaires,
01:29il reste encore 1500 amendements et on a déjà 40 milliards d'impôts en plus.
01:34Est-ce que c'est ça la démocratie ou c'est la bordélisation de l'Assemblée ?
01:38Je suis ministre de la République, je n'ai pas à critiquer ou à parler
01:42de la manière dont les débats se font à l'Assemblée nationale.
01:45Ce que je constate, c'est qu'il y aura aussi un débat dans quelques jours au Sénat.
01:48Et j'espère que ce débat se tiendra dans des conditions
01:51qui sont plus proches de ce que vivent les entreprises.
01:53Parce que quand en quelques jours, mais que dis-je en quelques jours ?
01:57En quelques heures, vous avez des milliards ou des dizaines de milliards d'impôts
02:01qui sont votés sur les entreprises.
02:02Mais qui fait monter les enchères à l'Assemblée ?
02:04Visiblement, c'est une alliance entre le Nouveau Front populaire
02:07et le Rassemblement national.
02:09Et là, je crois qu'il y a un changement assez...
02:10Les deux ?
02:11C'est quand vous regardez les votes, notamment en commission des finances,
02:13sur les impôts sur les entreprises, ce sont des dizaines de milliards
02:16d'impôts qui sont votés.
02:17Et ça, c'est quelque chose d'assez nouveau,
02:19parce que le Rassemblement national se disait plutôt libéral.
02:22On constate que sur les sujets économiques et d'impôts des entreprises,
02:25le Rassemblement national rejoint l'extrême gauche.
02:27Donc matraquage fiscal de LFI et du RN, dites-vous.
02:30Sur les grandes entreprises, visiblement, c'est ça qui est le cas.
02:33Mais il faut rappeler que nous, on demande une contribution aux entreprises
02:36et que les grandes entreprises, elles sont volontaires.
02:39Mais elles sont volontaires jusqu'à un certain niveau.
02:41L'asphyxie, ça mène à quoi ?
02:43Ça mène au chômage, ça mène au départ des entreprises.
02:45Alors parlons-en, parce qu'Antoine Armand, vous avez eu une phrase importante
02:48ce matin dans les échos.
02:49Vous dites qu'il faut travailler plus d'heures.
02:52Plus d'heures dans l'année, il faut travailler plus
02:54pour financer notre modèle social.
02:56Est-ce que vous pouvez nous dire clairement, ce matin,
02:58sur ces News Europa, quel est le risque ?
03:00Sinon, c'en est fini, notre modèle social ?
03:03C'est exactement ça.
03:05On a aujourd'hui un modèle social auquel vous, moi, tenons énormément.
03:08Alors bien sûr, on a des désaccords, on a des discussions sur les retraites,
03:11mais au fond, à chaque fois qu'on en discute, qu'est-ce qu'on dit ?
03:14Qu'on veut garder notre sécurité sociale,
03:16qu'on veut garder les retraites par répartition,
03:18qu'on veut garder une protection quand il y a un problème.
03:21Le système social le plus coûteux.
03:23Ce que je dis aujourd'hui, c'est que la quantité d'heures
03:25qui est travaillée dans ce pays,
03:27la quantité de travail qu'il y a en France,
03:29ne suffit plus aujourd'hui à financer notre modèle social.
03:32Et que si on veut le conserver, il faudra travailler davantage.
03:36C'est un constat.
03:38Et c'est aussi une conviction politique.
03:40Et donc, ce que je dis, c'est que dans la situation
03:42dans laquelle on se trouve, où on risque un décrochage
03:44par rapport aux États-Unis, par rapport à l'Asie,
03:46qui ont des taux de croissance trois fois, cinq fois supérieurs
03:49à ceux de l'Europe, il faut qu'on se réveille
03:52et il faut qu'on travaille davantage collectivement.
03:54Sinon, c'est la faillite de notre système social.
03:57Sinon, c'est un risque. Sinon, c'est les déficits qui filent.
04:00Et quand les déficits filent, et c'est ce qui se passe,
04:04c'est ce qui s'est passé ces dernières années,
04:06on est moins fort. La France est plus vulnérable.
04:08Et quand je dis travailler davantage,
04:10je ne veux pas mettre une catégorie de population
04:12plutôt qu'une autre, au pylori.
04:14Je dis simplement qu'il faut qu'on fasse cet effort ensemble.
04:16Vous nous direz si vous visez, par exemple, les fonctionnaires.
04:18Mais tout d'abord, et avant de rentrer dans le détail,
04:20Antoine Armand, expliquez-nous.
04:22Vous voulez donc augmenter le taux d'emploi.
04:24En réalité, pourquoi alors votre budget pénalise
04:27les entreprises ? C'est quelque chose qu'on ne comprend pas
04:29entre la nécessité d'augmenter les heures travaillées
04:32et en même temps d'alourdir le coût du travail.
04:35Ce qui pénalise le plus les entreprises,
04:38c'est la situation des finances publiques.
04:40Parce qu'une économie en bonne santé,
04:42ce n'est pas une économie qui a 6 % de déficit.
04:45Donc, réduire le coût de financement de la dette,
04:47avoir des finances publiques qui fonctionnent,
04:49c'est le premier service qu'un État doit rendre aux entreprises.
04:51C'est le tout premier.
04:53Et pour y arriver, on demande un effort aux entreprises.
04:55Je note que les grandes entreprises se sont dites prêtes
04:57sur la surtaxe, sur l'impôt sur la société à participer.
05:00Il y a la question du coût du travail.
05:02J'appartiens à une sensibilité politique
05:04qui a baissé le coût du travail. Pourquoi ?
05:06Parce que, je le dis à vos téléspectateurs,
05:08à vos auditeurs, on veut que la différence
05:10entre ce que ça coûte à l'employeur et ce que touche le salarié
05:12à la fin du mois, cette différence, elle se réduise.
05:14Pour ça, on fait des réformes et on baisse le coût du travail.
05:17Et j'ai entendu ce qui a été dit, notamment,
05:19par beaucoup d'entreprises, par des chefs d'entreprise,
05:21notamment de TPE-PME, par le groupe Ensemble pour la République.
05:24Nous allons réfléchir à moduler cette mesure
05:29à ce que les hausses de cotisations soient moins importantes,
05:32notamment pour les bas salaires.
05:34Mais à nouveau, je le dis ici...
05:36Vous allez réfléchir. Vous ne pouvez pas ce matin...
05:38Vous avez une proposition en tête.
05:40C'est une promesse, monsieur le ministre ?
05:42Parce que, vraiment, la colère est importante.
05:44Je dis que nous sommes en train de regarder comment faire.
05:46Pourquoi c'est délicat ? Parce que, je vous l'ai dit à l'instant,
05:48on est dans une situation de finances publiques
05:50extrêmement préoccupante.
05:52Donc, comme ministre des Finances,
05:54si je mets sur la table une mesure
05:56qui coûte de l'argent, je dois avoir
05:58une mesure qui permet de créer de l'activité,
06:00de créer de l'emploi, de créer du travail en France,
06:02parce qu'on en a besoin.
06:04Alors, Antoine Armand, dans l'objectif d'augmenter la fameuse
06:06durée du travail, vous dites être favorable
06:08à l'ouverture du débat sur l'abandon d'un jour
06:10férié supplémentaire que vous appelez
06:12deuxième journée de solidarité.
06:14Qu'est-ce que vous répondez à ceux qui vous disent
06:16un pot déguisé, en réalité ?
06:18Ce que je dis, c'est que
06:20chaque année, les Français
06:22travaillent globalement moins que nos voisins.
06:24C'est-à-dire ? Sur la durée...
06:26Sur la durée annuelle du travail.
06:28C'est un maquis statistique, sur ce temps-là.
06:30Une manière très simple de le dire,
06:32c'est qu'en moyenne, un Français travaille
06:34nettement moins que ses voisins.
06:36Sur une année. Et qu'est-ce que ça a comme conséquence ?
06:38Ça a comme conséquence moins de cotisations,
06:40donc moins de financement de notre modèle social,
06:42moins de recettes, aussi,
06:44et puis, évidemment, moins d'emplois,
06:46moins de travail, moins de croissance.
06:48Or, c'est cette croissance qui crée de la richesse.
06:50Je veux le dire ici, parce que vous savez,
06:52quand vous discutez avec certains, notamment dans des oppositions
06:54d'extrême-gauche, vous avez le sentiment que
06:56tout est gratuit. Mais les cotisations,
06:58le modèle social qu'on a, c'est parce qu'il y a des gens
07:00qui, tous les jours, travaillent en France.
07:02Et donc, travailler un petit peu plus
07:04collectivement, en commençant par s'assurer
07:06que chacun respecte la durée
07:08de travail qui est fixée, évidemment,
07:10dans tous les secteurs, c'est indispensable.
07:12Mais, monsieur le ministre, est-ce que c'est
07:14tant cette durée du travail
07:16ou le fait qu'il n'y a pas assez de Français
07:18qui travaillent ? Ce sont souvent les deux extrêmes,
07:20d'âge. Moins de 25 ans
07:22et les fameux seniors.
07:24Vous avez tout à fait raison de différencier les deux sujets.
07:26La première chose, c'est le taux d'emploi.
07:28Comment est-ce qu'on fait pour que plus de personnes
07:30de la société française soient au travail ?
07:32C'est le principe de la réforme des retraites,
07:34c'est le principe de l'apprentissage, les jeunes,
07:36et c'est le principe de la réforme du RSA,
07:38accompagner les gens qui sont au RSA
07:40pour s'assurer qu'ils retrouvent un emploi.
07:42C'est le principe de la réforme de l'assurance chômage ?
07:44Non, non, elle n'est pas enterrée.
07:46Elle est, en ce moment, en train d'être examinée
07:48par les partenaires sociaux, et d'ici la fin de l'année,
07:50d'ici la fin de l'année, dans les toutes prochaines semaines,
07:52les partenaires sociaux feront une proposition
07:54et s'ils ne se mettent pas d'accord,
07:56l'État, comme c'est le cas dans les négociations, reprendra la main.
07:58Pourquoi ? Parce que je ne peux pas vous dire,
08:00en début d'interview, il faut travailler davantage,
08:02et ensuite vous dire,
08:04les prestations, les personnes qui touchent
08:06une allocation quand elles ne travaillent pas,
08:08on n'y touche pas. Il faut de la justice.
08:10Il faut de l'équité. Je l'entends,
08:12je pense que vous l'entendez aussi, tous les jours,
08:14je suis élu en Haute-Savoie, les gens nous disent,
08:16il faut plus de justice, il faut aider ceux qui travaillent
08:18et que le travail paie mieux.
08:20Plus de justice, justement. Comment ne pas donner le sentiment
08:22quand même aux Français, Antoine Armand,
08:24qu'il y a une augmentation collective, car mis à part les augmentations
08:26d'impôts, il y a aussi l'augmentation du délai de carence
08:28qui passerait à trois jours
08:30pour le remboursement des arrêts maladie chez les fonctionnaires.
08:32Est-ce que vous êtes, vous-même,
08:34qui venez de la sphère de la gauche,
08:36à l'aise avec ça ?
08:40Est-ce que
08:42aligner le secteur public sur le secteur privé,
08:44c'est autre chose qu'une mesure de justice ?
08:46Je crois pas. Je crois que ce que nous faisons,
08:48ce que fait Guillaume Kasbarian, avec beaucoup de courage,
08:50parce que vous entendez régulièrement,
08:52il en faut beaucoup.
08:54Vous voyez que Guillaume Kasbarian est l'objet
08:56d'attaques, alors que les Français sont
08:58majoritairement pour. Pourquoi ?
09:00Parce que l'idée, c'est que lorsque vous avez
09:02des jours de carence dans le secteur privé,
09:04il n'y a aucune raison qu'il n'y ait pas le même nombre de jours
09:06dans la fonction publique. J'entends,
09:08les conditions de travail ne sont pas les mêmes,
09:10le statut ne sont pas les mêmes, les conditions
09:12de travail non plus. Donc, je dis
09:14attention, essayons de voir les choses pour ce qu'elles sont.
09:16Quand il y a un déséquilibre entre le secteur
09:18public et le secteur privé, on le corrige
09:20précisément pour ce que vous avez dit,
09:22parce qu'il n'est pas question
09:24de laisser
09:26des déséquilibres d'un autre âge
09:28prospérer dans un monde où on a besoin
09:30tous de travailler plus. Mais bien sûr.
09:32Qu'est-ce que vous répondez à ceux qui disent,
09:34en particulier à la leader de la CGT, vous faites
09:36justement du bashing fonctionnaire ?
09:40Quand il y a une différence factuelle
09:42entre deux situations, ce n'est pas du bashing.
09:44Je n'ai pas inventé la différence
09:46de deux jours de carence entre les deux.
09:48Alors, soit on se met dans une posture
09:50de responsabilité et on cherche à travailler
09:52sur les conditions de travail des fonctionnaires,
09:54sur l'attractivité des métiers, soit,
09:56dès qu'on fait une mesure de justice, on vous dit
09:58pas du tout, laissez tomber.
10:00Vous savez, cette extrême gauche
10:02qui s'éloigne de la réalité du travail,
10:04de la réalité des entreprises,
10:06elle ne fait pas du bien aux salariés.
10:08Ça fait trois fois que vous dites, Antoine Armand, depuis le début
10:10de l'entretien, l'extrême gauche. On se souvient,
10:12vous avez commencé en étant
10:14à Bercy, en fustigeant plutôt
10:16l'Assemblée nationale. Aujourd'hui, le véritable
10:18danger pour vous, c'est l'extrême gauche ?
10:20Je ne vais pas rentrer dans ce
10:22feuilleton. J'ai dit ce que je pensais, j'ai dit mes valeurs,
10:24mes convictions. Ce que j'observe,
10:26et c'est le cas de ce que vous indiquiez
10:28tout à l'heure, c'est quand on défend
10:30aujourd'hui l'économie française, quand on défend
10:32les entreprises, on doit voir la réalité telle qu'elle est.
10:34Et je crois qu'il y a beaucoup de
10:36responsables syndicaux qui peuvent nous accompagner
10:38dans cette démarche, de faire le constat.
10:40Est-ce qu'on sera d'accord sur tout ? Bien sûr que non.
10:42Mais est-ce qu'on pourrait, avec les
10:44partenaires sociaux, travailler sur la question
10:46de la durée du travail, des aides
10:48aux entreprises ? Moi, je le crois, je suis
10:50déterminé à ce qu'on avance ensemble parce que c'est le pays.
10:52J'ai parlé tout à l'heure du climat social,
10:54il y a aussi un climat économique, vous l'avez rappelé,
10:56M. le ministre de l'Economie, c'est un véritable
10:58refroidissement de l'économie
11:00que l'on vit. Les agences de notation qui évaluent
11:02et notent la dette de la France, commencent
11:04à avoir des perspectives négatives,
11:06ce qui va faire automatiquement augmenter
11:08nos taux d'intérêt. Vous gouvernez
11:10aussi en regardant ce tableau de bord
11:12avec des voyants rouges qui s'allument aujourd'hui ?
11:14On ne gouverne jamais pour une agence
11:16de notation, mais ne pas écouter et regarder
11:18ce que disent les analyses, ce serait
11:20complètement déconnecté.
11:22Moody, en l'occurrence, cette agence, elle dit
11:24deux choses très importantes. La première,
11:26la France a mené des réformes depuis dix ans
11:28et elle doit continuer.
11:30Vous voyez, ce n'est pas moi qui le dis, ce n'est pas un ministre qui
11:32se flatte du bilan de ses prédécesseurs, c'est une
11:34agence de notation indépendante. Et la deuxième
11:36chose qu'elle dit, et c'est ce que je dis
11:38sur ce plateau ce matin,
11:40c'est qu'il y a un risque de dérapage.
11:42Si aujourd'hui, on ne contrôle
11:44pas nos finances publiques, demain, après-demain,
11:46il y a un risque de dérapage, et c'est pour cela
11:48qu'on fait un budget, que les gens disent
11:50difficile, et je vais vous dire,
11:52je n'ai pas peur d'utiliser ce mot, c'est un budget
11:54difficile, c'est un budget qui demande des efforts.
11:56Pourquoi ? Parce que revenir sous les 5%
11:58en 2025, ce n'est pas une lubie de ministre,
12:00c'est une nécessité pour nos concubines.
12:02La question, c'est à qui il demande des efforts ? Ce n'est pas forcément
12:04toujours au même, vous nous le direz,
12:06mais est-ce que vous pouvez faire la promesse, si je puis
12:08dire, apporter la garantie ce matin, Antoine Armand,
12:10qu'il n'y aura pas
12:12la même situation qu'il y a eu il y a quelque temps,
12:14puisqu'il y a une commission
12:16d'enquête, donc c'est la commission des
12:18finances qui va évaluer ce qui s'est passé
12:20pour ce dérapage énorme
12:22du budget, est-ce que vous pouvez dire ce matin
12:24ça ne se reproduira plus ?
12:26C'est une question de crédibilité.
12:28Ce que je peux vous dire, c'est que c'est effectivement une question
12:30de crédibilité, et que depuis le jour
12:32de ma nomination, je fais tout ce qu'il est
12:34en mon pouvoir pour que ça ne se reproduise plus.
12:36Deux mots. Le premier, c'est que c'est arrivé à nos voisins.
12:38Les Allemands ont eu plus de 30 milliards...
12:40C'est pas quand on se compare qu'on se console.
12:42Donc ils ont menti aussi, ou ils ont été amateurs ?
12:44Quand nous sommes dans des situations de crise,
12:46il peut y avoir des écarts de prévision très importants.
12:48Ça, c'est la première chose. Aussi important que ça,
12:50M. Mélenchon ? Pardon, mais l'Allemagne avait prévu 1,6%
12:52de croissance, ils sont à moins 0,2%.
12:54J'interromps le ministre de l'économie français.
12:56Je le dis parce qu'on est dans un contexte.
12:58On n'est pas isolés dans le monde.
13:00Et la deuxième chose, vous avez raison, c'est que c'est une question
13:02de crédibilité et de transparence.
13:04J'ai lancé le jour de ma nomination un plan d'action
13:06pour, un, comprendre ce qui s'est passé.
13:08J'ai annoncé un comité scientifique pour que,
13:10indépendamment, les personnes puissent regarder
13:12le travail, par ailleurs excellent,
13:14des agents de Bercy, je vous le dis ici, qui n'est pas en cause.
13:16Je parlais d'un refroidissement
13:18de l'économie.
13:20Possiblement, dans quelques jours, il pourrait y avoir
13:22deux usines Michelin qui pourraient fermer,
13:24l'une à Vannes et l'autre à Cholet.
13:26Ça concernerait plus d'un millier
13:28de salariés. Qu'est-ce que vous pouvez dire
13:30à ce sujet, ce matin ?
13:32Je laisserai l'entreprise, évidemment, d'abord s'exprimer
13:34vis-à-vis des salariés.
13:36Dire que mon ministère suit l'ensemble
13:38des dossiers industriels.
13:40Dire aussi que la solution de moyen terme,
13:42c'est la compétitivité du pays.
13:44C'est la compétitivité du pays et c'est en
13:46accompagnant les entreprises, en continuant à les soutenir,
13:48en les aidant à innover,
13:50qu'on les fera, qu'on les rendra plus fortes demain
13:52et que, bien sûr, chaque emploi compte.
13:54Chaque emploi compte que c'est le travail de mon ministère
13:56avec celui du travail de suivre
13:58ces dossiers.
14:00Je laisserai l'entreprise
14:02communiquer dans un premier temps, vous le comprendrez.
14:04Vous avez le dossier sur votre bureau.
14:06Un séminaire gouvernemental est prévu aujourd'hui pour un plan
14:08en moyen terme. Dit Michel Barnier,
14:10vous serez réuni avec vos collègues, notamment
14:12de l'Intérieur, Bruno Rotailleau.
14:14Antoine Armand qui fait beaucoup parler de lui.
14:16Il incarne, selon beaucoup,
14:18une ligne d'autorité et de fermeté.
14:20Est-ce que vous partagez dans les mots et dans les actes
14:22ce que dit, ce que fait Bruno Rotailleau ?
14:24Il ne vous a pas échappé qu'avec
14:26d'autres membres du gouvernement,
14:28nous avons une sensibilité qui est différente.
14:30C'est la première fois sous la Ve République qu'il y a une coalition.
14:32C'est-à-dire des partis qui ne sont
14:34pas ensemble partis aux élections
14:36et qui se retrouvent à gouverner ensemble. Donc, c'est nouveau
14:38et on apprend. Il y a quelque chose que je voudrais noter
14:40dans ce que vous dites qui est très important et qu'on peut partager
14:42quelle que soit notre sensibilité politique,
14:44c'est le besoin d'autorité.
14:46À l'école, dans la rue,
14:48vis-à-vis de nos compatriotes... Dans les finances publiques.
14:50Y compris dans la crédibilité de l'État.
14:52Mais les mots sont importants. Par exemple, Bruno Rotailleau
14:54dit mexicanisation. Le ministre
14:56d'Aragon dit l'étranger qui assassine dehors.
14:58Vous êtes à l'aise avec tout cela ?
15:00Je suis ministre des Finances d'un pays qui a
15:023 000 milliards de dettes, plus de 6 %
15:04de déficit. Croyez bien que je suis concentré
15:06sur cette tâche et je crois que
15:08les Français demandent aux ministres des Finances de s'occuper des finances
15:10du pays d'abord. Et il est à l'aise avec les
15:12propos du ministre de l'Intérieur et
15:14autres ? Je ne passe pas mes journées à regarder
15:16ce que disent les uns et les autres. Je suis
15:18au travail sur cette question
15:20centrale et je le dis ici aussi
15:22parce que la première chose, c'est de partager
15:24ce diagnostic. Est-ce qu'on travaille assez en France ?
15:26Non. Les chiffres le montrent.
15:28Est-ce qu'il faut faire un effort collectif qui ne sera pas
15:30facile ? Oui. Mais pourquoi ? Pas pour rien.
15:32Pour avoir de l'industrie en France. J'entends.
15:34Pour que la France redevienne un pays fort.
15:36Arrêtez-moi de reposer l'action parce qu'il y a une solidarité
15:38gouvernementale qui s'impose. Quand on parle
15:40d'un pays au bord de la mexicanisation, on parle de
15:42narcotrafic, on parle aussi de moyens
15:44parfois plus forts que ceux de l'État. C'est un ancien ministre
15:46de l'Économie qui le dit. Donc est-ce que nous sommes
15:48au bord de la rupture, comme l'a dit le ministre de l'Intérieur ?
15:50Je suis élu d'une ville
15:52qui est Annecy et je constate
15:54qu'y compris dans des villes où il n'y avait
15:56hier pas d'immenses difficultés
15:58de sécurité, de trafic, de drogue,
16:00ça augmente. Il faut le voir et il faut,
16:02vous savez, la phrase de Clemenceau, il faut dire ce que
16:04l'on voit d'abord pour ensuite agir
16:06correctement. Et ça vaut pour les finances publiques
16:08et l'économie. Merci Antoine Armand.
16:10Merci d'avoir été notre invité. Bonne journée et à bientôt.