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Dans son édito du 03/11/2024, Jules Torres revient sur la confrontation entre Bruno Retailleau et Didier Migaud dans le gouvernement Barnier.

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Transcription
00:00Vous savez Anthony, entre Beauvau et la place Vendôme, ça n'a jamais été simple, les relations n'ont jamais été fluides.
00:06Rachida Dati, Brice Hortefeux, Christiane Taubira, Manuel Valls.
00:11Dans l'exemple récent, on peut prendre Éric Dupond-Moretti et Gérald Darmanin.
00:15Mais entre Bruno Rotailleau et Didier Migaud, on semble avoir franchi un cap.
00:18C'est évidemment une montée d'un cran.
00:20Parce que d'un côté, on a Bruno Rotailleau, ministre de l'Intérieur, prêt à rétablir l'autorité de l'État sans aucune concession.
00:26De l'autre, on a Didier Migaud, ministre de la Justice, qui mise sur une justice humaniste.
00:31Ce qui aurait pu être un mariage de raison a très vite tourné au vinaigre.
00:35À peine les ministres avaient-ils pris leur fonction que la rivalité a éclaté en public.
00:39Pas besoin d'attendre que de la déclaration de politique générale de Michel Barnier.
00:42Bruno Rotailleau et Didier Migaud se sont écharpés dans les médias relançant le débat,
00:47notamment sur l'exécution des OQTF et l'exécution des peines, notamment lors du cas du meurtre de Philippine.
00:54Voilà, Bruno Rotailleau sur TF1 qui dénonce le droit à l'inexécution des peines, pointant les failles de la justice.
01:01Didier Migaud, lui, contre-attaque sur France 2 en rappelant l'indépendance de la justice.
01:05En gros, il demande à Bruno Rotailleau de rester dans son couloir.
01:08Et en plus, il en rajoute une couche.
01:10Le laxisme de la justice, ça n'existe pas.
01:13Et selon vous, est-ce que Bruno Rotailleau en fait trop ou est-ce qu'il est simplement le porte-voix de l'inquiétude des Français aujourd'hui ?
01:18En tout cas, Bruno Rotailleau, il sait où il met les pieds.
01:21C'est-à-dire qu'il prend l'opinion publique à témoin.
01:23Ses propositions, elles résonnent chez 70 à 80 % des Français, d'après les sondages.
01:27Et à Beauvau, le message est clair.
01:29Pas question de laisser la place Vendôme dicter sa ligne.
01:32En privé, lui, le ministre de la Justice, il dénonce ce qu'il appelle une communication populiste
01:37qui, selon lui, risque d'attiser les frustrations si les promesses ne suivent pas.
01:41Mais à Beauvau, on ne se laisse pas compter.
01:43Là où Didier Migaud voit une dérive populiste, Bruno Rotailleau voit une exigence de justice
01:48et l'urgence de restaurer la confiance des Français dans l'État.
01:51Bruno Rotailleau, il incarne une vision de l'ordre et de la sécurité qui fait écho aux angoisses des Français.
01:56Il sait que dans le climat actuel, les mots comptent autant que les actes
01:59et que les citoyens ne supportent plus un discours trop édulcoré face à l'insécurité qui mine le quotidien.
02:05Voilà pourquoi il parle de point de bascule.
02:08Voilà pourquoi il parle de mexicanisation.
02:10Voilà pourquoi il parle de narco-racaille.
02:13Et voilà pourquoi il parle de narco-enclave.
02:16Et que disent aujourd'hui ceux qui disent que le ministre de l'Intérieur est excessif
02:20alors qu'il a fait un déplacement à Rennes, où il a en effet utilisé ces mots-là.
02:25Mais que dire aujourd'hui, au lendemain de sa visite,
02:28alors qu'à Rennes, en seulement quelques heures, un homme a été tué de plusieurs coups de couteau
02:33et un autre homme, sur une affaire complètement différente, a été retrouvé avec cinq coups de couteau dans le thorax.
02:39Voilà le prix de la tempérance.
02:41Est-ce qu'on peut véritablement réconcilier ces deux visions de l'ordre et de la justice ?
02:46C'est une question qui est très difficile, mais malgré leurs divergences criantes, Bruno Rotaillot et Didier Migaud,
02:51ils affichent pour l'instant une entente cordiale.
02:53D'après une ministre qui est proche des deux, leur rapport reste fluide et courtois,
02:57même si elle admet que c'est Michel Barnier qui tranche en dernier recours.
03:00Et d'ailleurs, ce rôle d'arbitre, ça convient très bien à Bruno Rotaillot,
03:03qui tire sa légitimité, on l'a dit, de l'opinion publique,
03:06mais aussi de la confiance que lui accorde le Premier ministre.
03:09Alors, on en a parlé tout à l'heure, le 8 novembre prochain,
03:12les deux ministres vont devoir montrer une unité de façade, en tout cas,
03:15lors d'un déplacement à Marseille, au sommet, au moment où l'insécurité explose,
03:19avec des règlements de comptes sanglants partout en France et pas seulement à Marseille.
03:23Mais comment espérer une réponse cohérente ?
03:27Quand d'un côté, on a un ministre de l'Intérieur qui veut frapper vite et fort,
03:31et que de l'autre, on a un ministre de la Justice qui craint que cette répression ne fasse qu'aggraver la situation.
03:37Face à l'ampleur du trafic de drogue avec un certain nombre de règlements de comptes,
03:41la France n'a pas de temps à perdre avec des querelles entre l'Intérieur et la Justice.
03:45Les Français, eux, attendent des résultats et ils les attendent maintenant.
03:48Alors, messieurs, au boulot !

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