• la semaine dernière
Dominique Pelicot est jugé par la cour criminelle départementale du Vaucluse pour avoir drogué sa femme, Gisele Pelicot, avant de la livrer à des inconnus. Il n'est pas seul dans le box des accusés puisque 50 hommes de tout âge, de toutes professions, comparaissent à ses côtés. Le mari de la victime proposait à des hommes de venir chez lui pour violer sa femme Gisèle, qu'il avait au préalable droguée en lui administrant des anxiolytiques et des somnifères, dans son verre d'eau ou dans son repas. Des abus particulièrement sordides filmés, auxquels participait le mari. 

Category

🗞
News
Transcription
00:00et invité exceptionnel d'affaire suivante ce samedi, Maître Béatrice Avaro, bonjour, merci beaucoup d'avoir accepté notre invitation avec Dominique, merci d'être avec nous.
00:08C'est la première fois que vous allez parler en longueur, depuis le début de ce procès, et vous attendiez, ce que vous nous disiez à l'instant, que les semaines aient avancé pour avoir des choses à nous dire.
00:17On va revenir avec vous sur la personnalité de Dominique Pellicot, sur les faits qui lui sont reprochés, sur le contexte dans lequel ce procès se déroule,
00:24mais d'abord, pour commencer, peut-être une question plus personnelle à vous, est-ce que vous vous étiez préparée à l'ampleur sociétale, presque politique, qu'allait prendre ce procès ?
00:35Absolument pas. Je ne m'y préparais pas parce que je pensais initialement que ce procès se déroulerait à huis clos,
00:41que Madame Pellicot a surpris, je pense, tout le monde en demandant la levée de ce huis clos,
00:47et que la levée de ce huis clos a fait ouvrir la porte et a permis, effectivement, toutes les incidences dont vous venez de parler, à savoir sociétales, peut-être législatives aussi, nous ne savons pas encore à ce moment-là précis,
00:59mais quoi qu'il en soit, non, je ne m'attendais pas à une telle ampleur et une telle envergure de cette affaire, tout à fait.
01:05La presse mondiale s'intéressait à ce dossier, vous nous disiez tout à l'heure, à Philippe et moi, avant d'entrer au plateau, vous étiez, racontez-nous, au téléphone tout à l'heure.
01:12En fait, tout simplement, je rentrais d'Avignon parce que nous sommes en semaine et que le week-end, je rentre à mon domicile et je rentrais vers Marseille,
01:21et puis j'ai eu un appel téléphonique de Radio Bogota et je me suis retrouvée en direct avec Bogota pendant 55 minutes, sur un tronçon d'autoroute, avec un WhatsApp à l'appareil,
01:31et il y a pu y avoir un interprète sur le plateau à Bogota, ils étaient en direct, ils ont profité de mon appel et j'ai pu discuter avec eux pendant 55 minutes, Radio Bogota.
01:41C'est quelque chose d'un peu lunaire parce que je ne m'y attendais pas et parce qu'en même temps, ça m'a permis aussi d'envisager cette ampleur et d'apprécier cet impact,
01:50effectivement, alors mondial peut-être, je ne sais pas, mais en tout cas, un impact réel et caractérisé.
01:57C'est dire la force de ce procès qu'on va essayer de commencer à décrypter, évidemment, Amie Parcours, avec vous.
02:03D'abord, avec Dominique, on se demandait assez simplement comment s'est passé votre première rencontre avec Dominique Pellicot.
02:10Très simplement, c'est-à-dire que j'ai reçu sa lettre, je suis allée le voir, il a été très spontané, très direct, très transparent sur les faits qu'il occupait.
02:22Après, c'est une question d'usage, c'est est-ce que vous voulez, est-ce que vous ne voulez pas, donc avec un temps de réflexion dont je vous avoue que je n'ai pas gardé une longueur de temps,
02:32on va dire, mais un homme qui a été transparent et spontané, voilà.
02:37J'ai eu un échange avec lui très clair, donc aussitôt qu'il m'a rencontré, aussitôt, il m'a expliqué les raisons pour lesquelles il était incarcéré et ce qui s'était passé.
02:48On se rappelle quand même qu'on est en mars 2021 et qu'à ce moment-là, on ne connaît pas encore l'ampleur du sujet parce qu'il y a une première vague d'interpellations en février 21.
02:57Mais nous ne sommes qu'au début des interpellations.
03:00Il y a aussi un épisode, enfin, il y a une sorte d'accord où on ne doit pas vraiment ébruter le sujet parce qu'il y a des interpellations à venir et les autorités policières et judiciaires ne veulent pas à juste titre que tout ceci soit perturbé.
03:14Donc, on est au tout début du processus et en tout cas, pour répondre à votre question initiale, pardon, oui, l'entretien s'est bien déroulé.
03:23Qu'est-ce qui se passe dans votre tête d'avocate et qu'est-ce qui se passe dans votre tête de femme quand il vous raconte tout ça ?
03:29Alors, je vais prendre votre question en deuxième position, c'est-à-dire que je ne suis pas une femme sur le sujet au démarrage.
03:37Je suis un avocat parce que je dis, pardonnez-moi, que je suis avocat mais pas avocate, donc ça c'est encore un autre débat.
03:43C'est très difficile pour nous les hommes de vous dire avocat, avocate parce qu'on dit l'un pour que ce soit l'autre.
03:48J'entends bien, mais quoi qu'il en soit, qu'est-ce qui se passe ?
03:52Il ne se passe rien de plus que ce qu'il peut se passer, pardon, quand vous êtes désigné dans un dossier,
03:58c'est-à-dire que l'individu vous fait confiance, il vous demande de lui faire confiance aussi
04:04et puis je lui dis très simplement que je vais voir le dossier, qu'on va en discuter, qu'on va y réfléchir.
04:11Mais qu'est-ce qu'il se passe dans ma tête ? Encore une fois, je n'ai pas, à ce moment-là, je n'ai pas la notion de ce qui va se passer après.
04:17C'est-à-dire que pour moi, ça reste Dominique Pellicot qui m'a désignée
04:20et avec qui je vais échanger régulièrement sur ce sujet, avec qui je vais préparer les interrogatoires à venir,
04:26peut-être des confrontations parce qu'on ne sait pas encore ce qui va se passer,
04:30donc on peut supposer qu'il va y avoir des confrontations.
04:33Mais voilà, je suis dans un état d'esprit de quelqu'un qui rencontre quelqu'un qui ne connaît pas
04:37et qui lui demande d'assurer sa défense.
04:39C'est votre première rencontre, il y a évidemment de nombreux échanges pour préparer le procès,
04:43il y a cette première phase du procès qui est entamée.
04:47Est-ce qu'aujourd'hui, vous sauriez nous dire qui est Dominique Pellicot ?
04:54Dominique Pellicot est, alors là, je ne trahis rien parce que les experts sont venus à la barre déposée,
04:59donc les deux experts psychiatres, le docteur Laillet et le docteur Bensoussan,
05:03qui a été missionné par le juge d'instruction pour un aspect très global de la personnalité de monsieur Pellicot
05:09et davantage aussi sur le volet sexualité puisque le docteur Bensoussan est sexologue également.
05:15Dominique Pellicot est un homme que vous pourriez rencontrer normalement,
05:20je veux dire, il n'a rien d'exceptionnel, Dominique Pellicot,
05:22sauf qu'il a une personnalité, ce que les experts vont appeler une personnalité clivante,
05:27c'est-à-dire avec un côté Dominique Pellicot que tout le monde connaît, que tout le monde apprécie,
05:32que tout le monde côtoie, à qui les gens peuvent demander des services et qu'il rendra volontiers,
05:37et un côté plus obscur que personne ne connaît,
05:40qui est celui que nous étudions depuis le 2 septembre et que nous avons étudié durant toute cette instruction.
05:46Il a une phrase durant le procès pour se définir, il dit « Je suis un violeur, on ne naît pas comme ça, on le devient ».
05:54Qu'est-ce que ça veut dire ?
05:56Ça veut dire que Dominique Pellicot estime que les traumatismes de l'enfance qu'il a subi
06:02ont pu concourir à la fabrication de sa personnalité d'adulte.
06:07C'est-à-dire, il faut se rappeler, là aussi je ne trahis rien,
06:09il faut se rappeler que c'est un homme qui, il y a 9 ans, est victime d'un viol
06:14au sein d'une structure hospitalière dans laquelle il est hospitalisé pour une blessure à la tête.
06:20C'est un homme qu'on va constater et à qui on va vouloir faire participer
06:26un viol collectif sur un chantier quand il a 14 ans.
06:29Et c'est un homme qui va être le témoin involontaire de scènes de violences sexuelles
06:36parce qu'il n'y a rien de glamour dans ce qu'il va voir entre son père et sa mère.
06:40C'est-à-dire une mère avec des mains attachées dans le dos,
06:43avec un père qui force la mère à agir, à faire des choses,
06:46tout ça sous les yeux d'un gamin qui est complètement ahuri de voir ce qu'il voit.
06:53Et son frère lui dit à l'audience « Tu mens quand tu racontes ça,
06:56quand tu racontes notre enfance, cette enfance-là, notre mère attachée, tu mens,
07:01tu ne dis pas la vérité ». Alors qui dit vrai ? Lui ou son frère ?
07:04Je pense que celui qui dit vrai c'est celui qui l'a vu
07:06parce que Joël Pellicot n'était pas sur place quand ça s'est passé,
07:10ça c'est la première chose.
07:11La deuxième c'est qu'on a un enquêteur de personnalité qui vient à la barre
07:14et qui rappelle quand même que Joël Pellicot va avoir le réflexe de toujours casser
07:24ce que Dominique Pellicot a pu entreprendre.
07:27Je lui fais remarquer d'ailleurs qu'à chaque fois qu'elle explique
07:30ce qu'a pu faire Dominique Pellicot, ce qu'il a pu envisager,
07:33Joël Pellicot vient casser cet élan.
07:35Et on sent vraiment qu'aujourd'hui je pense que Joël Pellicot n'apprécie pas son frère,
07:41ça c'est une chose, mais qu'il ne veut pas être associé à ce frère.
07:45Et donc il a pour tendance à vouloir tout le temps casser le personnage.
07:54Après, vous n'étiez pas à l'audience mais je peux vous le dire,
07:57c'est qu'à l'issue du témoignage de Joël Pellicot,
08:01Dominique Pellicot a pris la parole
08:03et a expliqué à Joël Pellicot que c'était lui qui mentait,
08:06qu'il avait une mémoire très sélective
08:08et qu'il y avait certaines choses qu'il avait largement oubliées
08:10ou qu'il se plaisait d'oublier.
08:12Je ne pense pas, pour répondre à vos questions,
08:14que celui qui ment n'est pas celui que je défends.
08:17Il y a l'histoire de Dominique Pellicot, que vous venez de nous rappeler,
08:20et puis il y a les faits.
08:21Les faits terribles, impardonnables,
08:24difficilement qualifiables, commis par Dominique Pellicot.
08:29Là encore, basons-nous sur ce qu'il raconte lui-même durant ce procès.
08:33Le 18 octobre dernier, il est auditionné
08:35par le juge sur la manière dont il drogue Gisèle Pellicot
08:40pour ensuite la soumettre à des hommes.
08:42Et il raconte que c'était des doses,
08:44il parle de temesta, préparées à l'avance,
08:46en fonction du rendez-vous.
08:48Le temesta était stocké dans des pipettes,
08:51il préparait le dîner,
08:53il glissait ce temesta dans la nourriture
08:55qu'il allait porter à sa femme.
08:59On a du mal, à ce moment-là,
09:00à entendre cette personnalité cliver.
09:02C'est-à-dire qu'à ce moment-là,
09:04il y a une préparation de l'acte,
09:05il y a un empoisonnement de Gisèle Pellicot,
09:07il y a ensuite ces hommes qu'il va accueillir.
09:09Tout cela est très préparé.
09:11Oui, mais ça rentre dans le processus.
09:13Alors, pour revenir sur ce que vous veniez d'indiquer,
09:15ce ne sont pas des doses préparées à l'avance
09:17en fonction, pour reprendre vos propos,
09:19entre guillemets, en fonction du rendez-vous.
09:21Fermez les guillemets.
09:22Ce sont des doses préparées à l'avance
09:23qui sont toujours les mêmes.
09:25Dominique Pellicot a toujours dit
09:27qu'il n'avait jamais dépassé la dose de 3 temesta
09:29à 2 mg 5, ce qui est déjà énorme en soi.
09:31Il avait pris renseignement auprès d'un infirmier,
09:33de quelqu'un qui se faisait passer pour infirmier
09:35sur les réseaux sociaux,
09:38pour évaluer la bonne dose, pour que Gisèle Pellicot ne se réveille pas.
09:40Lequel infirmier lui avait bien dit
09:42qu'il ne fallait pas dépasser 8 mg,
09:44c'est-à-dire, en dosage,
09:46ça fait 2000 g 5 par comprimé,
09:48ce qui fait 7000 g 5,
09:50mais pas au-delà.
09:52Donc, ce n'est pas une préparation
09:54en fonction du rendez-vous.
09:56En revanche, pour rejoindre ce que vous veniez de m'indiquer,
09:58à savoir que ça reste de la préparation,
10:00oui, ça reste de la préparation,
10:02nous sommes d'accord,
10:04mais ça reste aussi dans le processus de cet homme
10:06et dans la face obscure de cet homme.
10:08C'est-à-dire que vous avez encore une fois
10:10un Dominique Pellicot qui
10:12va commencer à faire ce...
10:14à entamer ce processus
10:16criminel
10:18à un moment particulier
10:20de la journée,
10:22parce qu'il va y avoir des rendez-vous pris,
10:24mais
10:26il n'y a pas de...
10:28ça reste malgré tout
10:30dans la dépendance du clivage.
10:32C'est parce que le Dominique
10:34que Mme Pellicot connaît n'est pas
10:36le Dominique qui agit comme ça la nuit.
10:38Donc, nous sommes encore une fois sur deux
10:40personnalités bien distinctes.
10:42Comment est-ce qu'il recrutait
10:44les violeurs, ses complices ?
10:46Et puis, il filmait,
10:48il participait parfois
10:50au viol. Comment est-ce qu'il
10:52vous explique ces actes ?
10:54Alors, déjà, il ne recrute
10:56pas les violeurs, parce qu'il y a eu un grand débat
10:58à la cour et je souhaite le respecter.
11:00Il a été question,
11:02il a été question de ne pas appeler ces gens-là les violeurs.
11:04Rappelons-nous quand même que sur les 50 personnes
11:06hors Dominique Pellicot,
11:08sur les 50 co-accusées,
11:1035 contestent la qualification,
11:1215 l'acceptent.
11:14Donc, je resterai sur les 15,
11:16et sur les 35,
11:18nous avons considéré qu'il valait mieux parler
11:20des contacts et non des violeurs.
11:22Ça se passait
11:24par le site Coco,
11:26coco.fr, qui est devenu ensuite
11:28CocoLand, avec une annonce
11:30qu'il faisait paraître,
11:32avec un pseudo qui interpellait.
11:34Il était contacté, il donnait son annonce
11:36et une fois l'annonce
11:38comment dire ?
11:40Annoncer, ce n'est pas le terme,
11:42c'est un pléonasme, mais une fois l'annonce
11:44édictée,
11:46un échange avait lieu et un rendez-vous
11:48était pris.
11:50Quel rôle jouait-il avec ces personnes ?
11:52C'est aussi clé
11:54dans ce procès.
11:56Il y a eu un expert psychiatre
11:58qui a parlé,
12:00François Amick, qui a été entendu.
12:02Il a entendu 10 des 50
12:04co-accusés, et il dit que ces gens
12:06qui étaient recrutés par Dominique Pellicot
12:08étaient sous l'emprise
12:10de Dominique Pellicot.
12:12Il les mettait en scène, il les choisissait
12:14notamment parce que c'était des
12:16bons dupes, je reprends le terme qu'il a utilisé.
12:18C'est un manipulateur,
12:20Dominique Pellicot, c'est quelqu'un qui a
12:22exercé une emprise sur ces personnes.
12:24Alors,
12:26vous touchez du doigt
12:28un point très sensible de cette affaire
12:30parce que quand le docteur Amick est venu
12:32à la barre, je lui ai simplement posé
12:34la question de savoir s'il aurait aimé expertiser
12:36Dominique Pellicot. Le fait est, c'est qu'il n'a
12:38pas expertisé Dominique Pellicot.
12:40Donc, à juste titre,
12:42j'ai considéré que toutes les hypothèses
12:44et toutes les conclusions qu'il pouvait tirer sur
12:46Dominique Pellicot n'étaient pas forcément
12:48à bon escient, dans le sens où il n'avait pas rencontré
12:50Dominique Pellicot. Mais peut-être que le récit
12:52des co-accusés peut suffire pour un expert
12:54à comprendre le mécanisme d'emprise.
12:56C'est justement, monsieur. C'est-à-dire que
12:58les conclusions du docteur
13:00Amick sont prises sous le prisme
13:02des dires
13:04des accusés qu'il a rencontrés.
13:06Ces accusés contestent
13:08parfois les faits, certains n'en contestent
13:10pas et d'autres les contestent.
13:12Pour venir parler de Dominique Pellicot,
13:14encore fallait-il le rencontrer.
13:16En revanche, le docteur Amick a bien
13:18dit, pour ne pas tirer des conclusions
13:20hâtives, qu'il voulait absolument rectifier
13:22le tir et dire bien que
13:24les conclusions qu'il énonçait à la barre étaient
13:26encore une fois les dires des dix
13:28personnes qu'il avait examinées et n'étaient pas
13:30un état général de la situation.
13:32Quand Dominique Pellicot, c'est ce que raconte
13:34ses co-accusés, leur dit
13:36il est 13h15,
13:38tu ne bandes pas assez, vas-y plus fort. Qui le joue ?
13:40Les coachs sportifs, c'est l'expression
13:42utilisée, ou les coachs sexuels.
13:44Il a un rôle.
13:46C'est ce que je disais au docteur Amick.
13:48Je disais, pour être un coach sexuel
13:50encore faut-il avoir un disciple
13:52et en général, le disciple est consentant.
13:54Donc, on se retrouve dans deux situations
13:56qui sont quelque peu
13:58ambivalentes, si je puis dire. C'est-à-dire que
14:00ce que vous dites
14:02à juste titre, puisque c'est le docteur
14:04Amick qui le dit et qu'il ne fait
14:06que répéter ce qu'on a pu lui dire,
14:08mais est-ce vraiment la réalité ?
14:10Est-ce vraiment ça ? Est-ce que ce sont
14:12des propos qui ont vraiment été tenus par Dominique Pellicot ?
14:14Est-il
14:16arrivé à mettre que des hommes fassent
14:18demi-tour ?
14:20Que des hommes fassent demi-tour ?
14:22Il y a dans cette révention
14:24deux hommes qui ont eu
14:26un contact avec Dominique Pellicot,
14:28qui ont échangé avec Dominique Pellicot
14:30et qui ont été placés sous le
14:32statut de témoins assistés parce que
14:34quand ils ont compris
14:36l'annonce qui était faite
14:38et l'enjeu de la situation, ils ont
14:40considéré que c'était un viol et ils ont
14:42dit qu'ils ne devaient pas y aller. Et ils se sont
14:44dit qu'ils ne devaient pas y aller. Donc, ils ne sont pas venus.
14:46Et ils ont été placés sous le statut de témoins
14:48assistés. Donc, ils n'ont pas été mis en
14:50examen par le juge d'instruction.
14:52Ils sont venus témoigner en tant que témoins
14:54à la barre. Ils ont juste fait un contact
14:56téléphonique, c'est ça ? Oui, un contact téléphonique,
14:58un contact sur Coco,
15:00un contact téléphonique et un échange avec
15:02Dominique Pellicot. Et cet échange leur a montré,
15:04leur a fait dire que ce qu'ils
15:06proposaient n'était pas adéquat. Pourquoi
15:08sont-ils témoins assistés ? Parce qu'ils peuvent dire non,
15:10voilà. Pourquoi ils ont été témoins assistés ?
15:12Ils ne sont pas du tout dans l'histoire. Alors, pourquoi ils ont été témoins assistés ?
15:14Parce qu'en fait, Dominique Pellicot,
15:16sur ces deux cas, a créé le dossier à l'avance.
15:18C'est-à-dire que vous savez que Dominique Pellicot
15:20avait répertorié ses contacts.
15:22Donc, en répertoriant ses contacts, il y avait
15:24ces deux individus qui étaient
15:26désignés par le pseudo qui avait été donné
15:28avec la date de leur potentiel venu.
15:30Ils ne sont pas venus et pour
15:32cause, le dossier était vide.
15:34Si bien qu'ils ont été placés
15:36sous le statut de témoins assistés,
15:38parce qu'à un moment donné, il fallait peut-être vérifier
15:40si oui ou non, le fait que le dossier
15:42soit vide soit vraiment l'expression de la réalité
15:44ou si ça soit la conclusion
15:46d'une manipulation quelconque qui aurait pu vider
15:48le dossier et qu'il soit vraiment venu. Mais le fait est
15:50qu'ils ne sont pas venus et qu'ils ont considéré
15:52que la proposition n'était pas
15:54du tout adaptée à une relation sexuelle
15:56classique ou libertine.
15:58Comment Dominique Pellicot qualifie
16:00aujourd'hui les actes qu'il a commis ?
16:02A dit monde ?
16:04Je veux dire,
16:06oui, Dominique Pellicot,
16:08il a aujourd'hui le recul nécessaire de se dire
16:10que ce qu'il a fait est immonde,
16:12mais ce n'est pas l'effet du 2 septembre
16:14et l'effet mondial
16:16qui fait que Dominique Pellicot parle comme ça.
16:18Dès le départ, dès qu'on a
16:20été auditionné, interrogé,
16:22quand on se voyait, j'en suis à peu près à une centaine
16:24de visites avec Dominique Pellicot,
16:26c'est un homme qui
16:28regrette et qui sait que ce qu'il a fait
16:30est impardonnable et que c'est...
16:32Pardonnez-moi, nous sommes à l'antenne, mais qu'il est dégueulasse.
16:34Bien sûr, il le sait, tout à fait.
16:36Il y a un fait sur lequel Dominique Pellicot
16:38n'a pour l'instant
16:40peut-être pas tout dit,
16:42ou en tout cas c'est ce que disent ses proches,
16:44et notamment sa fille, c'est sur les
16:46photographies trouvées de sa fille
16:48qui
16:50pense qu'elle a peut-être été abusée
16:52par son père, qu'elle a peut-être au moins
16:54à minima été photographiée, manipulée,
16:56et sur ce point-là,
16:58Dominique Pellicot ne lâche pas.
17:00Non, il lâche pas parce que
17:02d'abord, Dominique Pellicot
17:04n'est pas renvoyée devant la juridiction pour des faits
17:06d'administration de substances
17:08et de violences sexuelles à l'encontre de sa fille.
17:10Il est renvoyé pour Caroline
17:12Pellicot pour
17:14des faits de captation
17:16d'images impudiques, d'accord.
17:18Donc l'instruction n'a pas démontré que
17:20Dominique Pellicot a pu être l'auteur de quoi que ce soit
17:22à l'égard de sa fille. Les photos en soi sont déjà
17:24suffisantes.
17:26Bien sûr, nous sommes d'accord.
17:28Pourquoi pas plus sur ce point-là ?
17:30On a bien compris que sa fille en avait besoin.
17:32Tout à fait, c'est ce que j'ai expliqué,
17:34c'est ce que j'ai essayé de lui dire à la barre
17:36en disant qu'à partir du moment où il avait
17:38reconnu les faits
17:40à l'encontre de son épouse,
17:42c'est pas deux photos de Caroline qui allaient
17:44faire basculer les choses.
17:46Mais pour autant, quand on en a parlé
17:48et quand je l'ai re-questionné à la barre,
17:50il m'a dit qu'il n'était
17:52pas l'auteur de ces photos.
17:54Donc il est
17:56dans une position, et je peux vous assurer
17:58que nous avons beaucoup parlé de Caroline,
18:00il est dans une situation
18:02où, pour l'heure, il me dit qu'il n'a
18:04pas commis quoi que ce soit à l'égard de Caroline.
18:06On se demandait, tous les deux,
18:08vous êtes à l'audience avec lui,
18:10tous les jours, on suit BFM TV,
18:12Alexandre Gonzalès-Balabam et Lali Bertrand
18:14qui sont nos journalistes
18:16qui partent sur place.
18:18Pendant les interruptions
18:20d'audience, est-ce que vous
18:22passez avec lui ?
18:24Est-ce qu'il va dans un couloir ? De quoi parlez-vous ?
18:26Est-ce que vous allez le voir ?
18:28Quand il repart le soir, où est-ce qu'il va dormir ?
18:30Est-ce que vous le voyez
18:32en dehors des audiences ?
18:34Et si oui,
18:36dans ces moments-là, de quoi vous parle-t-il ?
18:38Vous refaites le point sur ce qui vient
18:40de se passer, l'heure d'audience
18:42qui s'est écoulée ?
18:44Pour nous emmener dans un peu d'intimité
18:46avec lui et
18:48voir ce personnage ?
18:50Le matin, en général, j'arrive
18:52au tribunal et j'ai
18:54à peu près un quart d'heure, vingt minutes d'avance
18:56qui me permet de pouvoir aller le rencontrer dans les geôles.
18:58Je discute avec lui
19:00de la journée à venir et je discute avec lui
19:02de la veille. Entre les suspensions,
19:04je ne le rencontre pas forcément
19:06parce que lui doit descendre dans les geôles.
19:08Moi, j'ai
19:10des petits moments d'audience, des petits moments
19:12de suspension, donc c'est un peu compliqué de se rencontrer
19:14pour pouvoir se poser.
19:16J'essaie de le revoir à 14h, avant l'audience
19:18de 14h, mais après,
19:20je dois aller le voir au centre de détention
19:22pour vraiment avoir un échange
19:24posé, tranquille,
19:26à l'abri de ce
19:28brouhaha de l'audience.
19:30Mais nous avons un contact
19:32très régulier, oui, bien sûr.
19:34Elle nous amène
19:36à un point essentiel que vous commenciez
19:38à aborder en parlant de Caroline. C'est votre rôle
19:40dans ce procès.
19:42Sur Caroline,
19:44comme sur le reste, est-ce que
19:46vous concevez votre rôle
19:48comme quelqu'un qui doit le pousser,
19:50l'accompagner, ce sera probablement plus juste,
19:52dans la vérité,
19:54l'accompagner à parler, l'accompagner à tout dire.
19:56Est-ce que c'est ça votre rôle, ou c'est le défendre ?
19:58C'est les deux.
20:00C'est-à-dire que
20:02on a d'un côté,
20:04d'abord, on n'est pas dans une défense
20:06de rupture, vous l'aurez compris,
20:08donc on est sur un accompagnement.
20:10J'ai dit à M. Pellicot
20:12quand on a démarré cette audience,
20:14je lui ai dit deux choses. La première, c'est que
20:16vous et moi contre le monde entier,
20:18parce que je savais que je serais très seul,
20:20et la deuxième, c'est que
20:22je souhaite qu'on parte de cette audience
20:24avec une Mme Pellicot apaisée,
20:26peut-être une Caroline Pellicot
20:28apaisée également,
20:30et lui qui aura dévoilé
20:32les raisons de ce passage à l'acte.
20:34Je voudrais que toute la lumière soit faite
20:36sur ce dossier, sur cette affaire,
20:38et que nous puissions
20:40partir de là tous apaisés.
20:42Je pense que c'est le terme adéquat.
20:44C'est-à-dire qu'à un moment donné, je n'ai pas
20:46envie qu'il reste des zones d'ombre
20:48de l'affaire Dominique Pellicot
20:50et d'Amazon.
20:52Pour répondre à votre question,
20:54c'est les deux. L'accompagner vers
20:56la vérité qu'il doit à tout le monde
20:58et à la cour en premier, à ses juges,
21:00et le défendre.
21:02Le défendre de quoi ? Le défendre peut-être
21:04de ce que les uns et les autres peuvent dire de lui,
21:06qu'il serait un menteur ou un manipulateur.
21:08Voir un monstre.
21:10On est d'accord.
21:12Ce sont des mots qui sont utilisés.
21:14Il doit y réagir. Il doit l'entendre
21:16qu'on le qualifie de monstre.
21:18Bien sûr qu'il l'entend.
21:20Il ne peut pas le contester en soi.
21:22Mais ce que je veux dire, c'est que je veux essayer
21:24de lui faire redonner
21:26un peu de dignité
21:28humaine dans tout
21:30ce marasme. C'est-à-dire
21:32qu'à un moment donné, on a
21:34un individu qui a fait ce qu'il a fait
21:36mais de l'autre, on a
21:38un individu que les gens connaissent
21:40et que les gens apprécient.
21:42Pourquoi l'un et pourquoi l'autre ?
21:44Je veux arriver à faire en sorte que
21:461. qu'on soit apaisé
21:48et 2. que la vérité, l'entière vérité,
21:50soit faite là-dessus.
21:51Maitre, sur l'atmosphère du procès,
21:53il y a des images terribles
21:55qui sont diffusées.
21:57Je reparle encore de nos envoyés spécials
21:59mais elles sont vraiment
22:01meurtries comme tous ceux
22:03qui voient ces images. Comment ça se passe ?
22:07Le dossier en lui-même, le procès en lui-même...
22:09Quand vous voyez ces images,
22:11quand lui les voit, quand les gens
22:13dans la salle les voient...
22:14C'est très très lourd.
22:16Bien sûr que c'est lourd et que c'est pesant.
22:18Alors, moi, les images, je les avais déjà vues.
22:20Il y a tous ceux qui les découvrent à l'audience
22:22pour cause, qui ne les connaissaient pas.
22:24Moi, je les connaissais
22:26de par la préparation de ce dossier
22:28et de l'instruction que nous avons vécue avec M. Pellicot.
22:30Mais bien sûr
22:32que l'ambiance est pesante. Bien sûr
22:34que l'ambiance est lourde.
22:36Ce sont des vidéos qui choquent.
22:38On ne peut pas dire le contraire. Ce sont des vidéos qui sont...
22:40...
22:42Ce sont des scènes
22:44sexuelles
22:46en dépit du bon sens.
22:48Vous avez une femme qui est totalement inanimée
22:50et vous avez un homme qui est sur
22:52cette femme à faire ses affaires.
22:54Pardonnez-moi l'expression, mais entre guillemets
22:56à faire ses affaires. Bien sûr que ça choque.
22:58Bien sûr que c'est choquant et que c'est pesant.
23:00Vous avez d'ailleurs, il y a eu tout un débat sur la diffusion
23:02des vidéos qui a
23:04monopolisé un grand temps
23:06la cour criminelle.
23:08Je ne peux pas répondre
23:10à votre question plus simplement que de vous dire que c'est très
23:12très pesant, bien évidemment.
23:14Vous disiez, on va en finir par là,
23:16je lui ai dit
23:18c'est moi et lui contre le reste du monde.
23:20C'est effectivement un peu le cas.
23:22Comment ça se traduit pour vous ?
23:24Est-ce que vous rencontrez des difficultés
23:26au quotidien ? Est-ce que vos proches,
23:28est-ce qu'on vous retrouve
23:30dans la rue ? Est-ce qu'on vous dit des choses ? Est-ce qu'on vous fait des reproches ?
23:32Des menaces ?
23:34Non. Alors,
23:36d'abord, j'ai la chance d'être accompagnée par mon
23:38conjoint, donc je ne suis pas seule.
23:40On l'a vu, il est barraqué.
23:42Si il vous entend, je ne sais pas ce qu'il va dire.
23:44Mais bon, quoi qu'il en soit,
23:46je ne suis déjà pas seule.
23:48Je débriefe beaucoup avec lui.
23:50C'est assez important parce qu'au moins,
23:52on peut réfléchir.
23:54Et puis, il a un point de vue totalement extérieur,
23:56donc il me donne son point de vue à la fin de chaque audience.
23:58Après, des menaces,
24:00j'ai eu des petits appels au cabinet
24:02que ma secrétaire a réceptionné
24:04et elle a raccroché immédiatement
24:06en comprenant que c'était des insultes à venir.
24:08Après, des menaces
24:10proprement dites, non. J'ai des gens qui m'ont laissé
24:12des messages en me disant, on ne comprend pas pourquoi
24:14vous agissez comme ça. Il y en a un maman qui m'a dit
24:16qu'il soit défendu,
24:18c'est une chose, mais avec une telle ténacité,
24:20ça dépasse l'entendement.
24:22Des petites choses comme ça. Physiquement, non.
24:24Je n'ai pas eu de
24:26problème particulier, mais j'ai eu des mots.
24:28J'ai eu des mots, j'ai eu des écrits, j'ai eu des appels
24:30téléphoniques, oui. Mais ce n'est pas dérangeant, ça.
24:32Ça, c'est l'expression
24:34je n'ai pas de réseau,
24:36je ne fréquente pas les réseaux,
24:38mais je sais que, parce qu'on me le dit
24:40fatalement, que dans les commentaires, il y a de tout.
24:42Il y a des gens qui apprécient ce que je fais,
24:44il y a des gens qui contestent totalement
24:46ce que je fais. Ça fait partie
24:48du jeu, si je puis dire. Donc ça ne m'effraie pas.
24:50Vous ne regrettez pas ? Rien du tout.
24:52Absolument pas.
24:54Non, je ne peux pas regretter. Je fais mon
24:56métier, j'essaie de le faire comme je le fais, mais
24:58je ne peux pas regretter ce que je fais, bien évidemment.
25:00Au contraire. Merci beaucoup Maître.
25:02Merci d'être notre bateau d'affaires suivante.

Recommandations